Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise
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La tradition néo-Schump<strong>et</strong>erienne connaît aujourd’hui un essor exceptionnel que l’on doit essentiellement<br />
à la synthèse de Nelson <strong>et</strong> Winter dans An Evolutionary Theory of Economic Change (1982), qui<br />
constitua un aboutissement d’une série de critiques consécutives des déficiences orthodoxes <strong>et</strong> un<br />
programme de recherche alternatif au paradigme standard, mais qui reste, aujourd’hui encore, comme en<br />
témoignent Nelson <strong>et</strong> Winter (2002), encore à la marge :<br />
In recent years, evolutionary arguments have begun to come back into economics, at least around the fringes of the field. This<br />
change is partly the result of a growing awareness that standard neoclassical theory cannot deal adequately with the<br />
disequilibrium dynamics involved in the kind of comp<strong>et</strong>ition one observes in industries like computers or pharmaceuticals or,<br />
more broadly, with the processes of economic growth driven by technological change. (Nelson <strong>et</strong> Winter, 2002, p. 24).<br />
Plutôt que la piste Coasienne empruntée par les théories contractuelles dans les années 1970,<br />
l’évolutionnisme néo-Schump<strong>et</strong>erien – qui émergea dans la même époque – va emprunter d’autres pistes,<br />
celles de Schump<strong>et</strong>er <strong>et</strong> de Simon en particulier.<br />
1.2.2.1 La synthèse de Richard Nelson & Sydney Winter<br />
La synthèse que vont réaliser Nelson <strong>et</strong> Winter (1982) va marquer un renouveau exceptionnel de<br />
l’économie évolutionniste. Cela tient principalement à l’intégration que Nelson <strong>et</strong> Winter vont réaliser de<br />
critiques hétérogènes des déficiences orthodoxes : les travaux de Simon sur le comportement basé sur les<br />
règles ; les travaux de Nelson <strong>et</strong> autres travaux Schump<strong>et</strong>eriens sur l’invention <strong>et</strong> l’innovation ; les<br />
travaux d’Alchian <strong>et</strong> Winter sur la sélection naturelle ; les travaux de Cyert <strong>et</strong> March sur l’apprentissage<br />
organisationnel <strong>et</strong> ceux de Polanyi sur la connaissance tacite. En apportant un cadre conceptuel global<br />
réunissant les processus évolutionnistes de transmission, de génération de la variété <strong>et</strong> de sélection,<br />
Nelson <strong>et</strong> Winter vont ainsi marquer le début du renouveau de l’économie évolutionniste. Les<br />
développements néo-Schump<strong>et</strong>eriens ultérieurs vont principalement se focaliser les analyses microéconomiques<br />
<strong>et</strong> développer une théorie de la firme évolutionniste qu’ils vont définir par ses compétences<br />
de base que Teece (1988) identifie comme étant les compétences technologiques spécifiques à<br />
l’entreprise, les actifs secondaires <strong>et</strong> les routines qui sont à la base de l’avantage concurrentiel de la firme.<br />
Par conséquent, c’est la dimension cognitive de la firme, <strong>et</strong> notamment l’analyse du concept-clé de<br />
“routine” qui va focaliser (<strong>et</strong> qui continue à focaliser) l’attention du programme de recherche néo-<br />
Schump<strong>et</strong>erien. Nous allons revenir dans le chapitre 2 sur c<strong>et</strong>te contribution séminale de Nelson <strong>et</strong> Winter<br />
(1982) <strong>et</strong> sur les nombreux développements auxquels elle a donné naissance depuis deux décennies. A<br />
présent, nous allons nous arrêter sur leurs principales sources d’inspiration. Si ses auteurs revendiquent la<br />
filiation Schump<strong>et</strong>erienne, c<strong>et</strong>te contribution séminale a d’autres affluents hétérogènes : nous pouvons y<br />
déceler des filiations d’Alchian, de Simon, de Cyert <strong>et</strong> March mais aussi de Polanyi.