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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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pensait que l’économie n’était pas, mais devrait être, une science évolutionniste. L’institutionnalisme de<br />

Thorstein Veblen fut taxé d’évolutionniste dans la mesure où on pensait que l’étude des institutions (qui<br />

évoluent dans le temps) implique inévitablement l’étude de leur évolution. Il s’agit cependant d’une<br />

dimension secondaire dans la pensée de Veblen, quand il souligne par exemple que l’évolution des<br />

institutions se produit parce que les habitudes de pensée ne coïncident pas avec les exigences de<br />

l’industrie :<br />

In the general body of knowledge in modern times the facts are apprehended in terms of causal sequence. This is especially<br />

true of that knowledge of brute facts which is shaped by the exigencies of the modern mechanical industry. (Veblen, 1898).<br />

Pendant un certain temps donc, l’économie évolutionniste devint synonyme de l’économie institutionnelle<br />

dans la tradition de Veblen, même si ses travaux font rarement référence explicitement à l’évolution des<br />

institutions. Plus que Marshall cependant, Veblen coula son travail explicitement dans un moule<br />

Darwinien. Il opta pour un évolutionnisme génétique (au lieu d’être taxonomique) qui étudie le processus<br />

de la vie économique de la race ou de la communauté :<br />

[I]t is necessarily the aim of such an economics to trace the cumulative working out of the economic interest in the cultural<br />

sequence. It must be a theory of the economic life process of the race or the community. (Veblen, 1898).<br />

En voulant relier l’anthropologie à l’économie dans une posture Darwinienne, Veblen traita alors les<br />

intérêts humains à un niveau purement animal, en les assimilant à l’expression d’une lutte immorale pour<br />

la domination <strong>et</strong> la démonstration. Il pencha en faveur d’un Darwinisme social aveugle <strong>et</strong> non<br />

téléologique <strong>et</strong> adopta une posture anthropologique à travers laquelle il aborde l’analyse des institutions<br />

(qu’il assimile à des habitudes de pensée) comme un jeu d’instincts humains : instincts d’adhésion,<br />

instincts de domination, instincts de prédation.<br />

Quel peut donc être le degré de pérennité de Veblen de l’évolutionnisme économique contemporain ? Si<br />

Nelson <strong>et</strong> Winter (1982) ne font aucune mention dans leur ouvrage à la filiation institutionnaliste, Winter<br />

(1990) reconnaîtra explicitement non pas la pérennité mais la similitude des deux courants de pensée dans<br />

l’étude de la question de la transformation des pratiques <strong>et</strong> du changement :<br />

Veblen mission statement does not however, enjoin us to describe m<strong>et</strong>hods of doings things, but to understand change in<br />

m<strong>et</strong>hods of doing things. (Winter, 1990, p. 276).<br />

Plusieurs tentatives actuelles tentent de combiner les traditions institutionnalistes <strong>et</strong> néo-Schump<strong>et</strong>erienne<br />

dans un courant unifié de recherche. Geoffrey Hodgson fait figure de chef de fil de ces tentatives.<br />

Nous allons à présent nous intéresser aux deux traditions (néo-Schump<strong>et</strong>erienne <strong>et</strong> Hayekienne) sur<br />

lesquelles repose ce travail.<br />

1.2.2 Les sources de l’évolutionnisme néo-Schump<strong>et</strong>erien

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