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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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our learning in books, magn<strong>et</strong>ic tapes and other media. The main question here is to what extent cognitive capabilities affect<br />

conscious learning and evolution thereafter. The ability to imagine is a very important component of cognition because it<br />

enables us to envisage worlds that are different from the present one. Conscious learning may appear as a kind or arbitrage<br />

b<strong>et</strong>ween existing situations and the artificial worlds that represent our perception of a different future. (Zuscovitch, 1997, p.<br />

85).<br />

C’est ce même processus d’apprentissage interne que Simon cherchait à expliquer. En arguant de<br />

l’impossibilité d’une maximisation en situation de complexité <strong>et</strong> d’incertitude structurelle, en raison de<br />

coût exorbitant du calcul, en supposant toute l’information pertinente donnée (comme c’est le cas dans un<br />

jeu d’échecs), ou plus généralement, en raison de l’impossibilité du calcul, du fait des capacités<br />

cognitives limitées des agents, Simon développe l’idée de l’apprentissage interne des agents individuels<br />

comme étant celui par lequel s’affirment les bonnes règles de décision. C’est l’équivalent en économie<br />

des variations dans la fréquence des gènes en biologie (Zuscovitch, 1990, p. 129-130). C<strong>et</strong> apprentissage<br />

prend la forme d’une diffusion rapide de ces règles (Ibid.). C<strong>et</strong>te diffusion s’effectue, par le jeu du<br />

mécanisme central de mimétisme, d’abord au niveau des individus eux-mêmes (Cf. notre discussion de<br />

l’évolutionnisme culturel Hayekien dans le chapitre 3), ensuite au niveau des groupes ayant réussi, <strong>et</strong><br />

enfin au niveau des firmes <strong>et</strong> de l’industrie. L’apprentissage interne consiste à supposer que les agents<br />

individuels adoptent une certaine routine dans les procédures de prise de décision (Simon, 1982 ;<br />

Zuscovitch, 1990). La sélection mémétique ne peut dès lors être “naturelle” dans le sens où le processus<br />

différentiel d’élimination ou de rétention n’est pas exogène aux agents économiques sur le marché mais<br />

résulte de la compétition endogène entre des options rivales. 102<br />

Les processus d’apprentissage adaptatif (ou interne) sont donc la base de l’évolution de la firme.<br />

L’adaptation est réalisée à travers la comparaison de la performance de la firme <strong>et</strong> de son niveau<br />

d’aspiration (Cyert <strong>et</strong> March, 1963). La firme fixe un ensemble d’objectifs <strong>et</strong> anticipe certains résultats<br />

particuliers. S’il y a un hiatus entre les résultats <strong>et</strong> l’ensemble d’objectifs fixé, la firme entame un<br />

processus de search visant à améliorer (ou changer) ses routines <strong>et</strong> pratiques. Un tel processus génère des<br />

variations qui sont suj<strong>et</strong>tes à un processus interne de sélection <strong>et</strong> se poursuit jusqu’à ce que la firme<br />

atteigne un certain niveau de satisfaction. Mais surtout, un tel processus, qui trouve son essence dans le<br />

besoin d’interpréter <strong>et</strong> d’énacter l’environnement économique, génère, à travers les mécanismes de<br />

sensemaking <strong>et</strong> d’énaction mémétique que nous avons discutés supra, une “culture d’entreprise”, c’est-àdire,<br />

un cadre commun de référence <strong>et</strong> une vision du monde suffisamment partagés par les groupes <strong>et</strong> les<br />

agents individuels au sein de la firme de façon à perm<strong>et</strong>tre, de manière de plus en plus décentralisée <strong>et</strong><br />

spontanée, l’action organisationnelle d’exploitation <strong>et</strong> d’exploration.<br />

102 Dans c<strong>et</strong>te vision, les mécanismes de sélection mémétique au sein de la firme sont basés sur la compétition intraorganisationnelle.<br />

La compétition est un élément central dans la mesure où les ressources organisationnelles sont limitées. Ces<br />

ressources peuvent être du travail qualifié, des ressources financières aussi bien que des actifs physiques (Warglien, 1995). Les<br />

individus <strong>et</strong> les départements au sein des organisations sont en concurrence pour ces ressources afin de réaliser leurs propres<br />

stratégies. Les anticipations de profits jouent un rôle central dans l’arbitrage entre ces options rivales (Willinger <strong>et</strong> Zuscovitch,<br />

1993).

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