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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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intérêts, des croyances <strong>et</strong> des anticipations individuelles au sein de la firme en vue de remplir certains<br />

objectifs communs (à l’organisation <strong>et</strong> à ses membres) de performance <strong>et</strong> de croissance. Ce sens commun,<br />

ce répertoire cognitif commun, c<strong>et</strong>te base commune de compétences ne sont pas statiques, mais animés<br />

d’une dynamique endogène d’apprentissage 99 , maintenue loin de toute forme d’équilibre du fait de la<br />

nécessité quasi-permanente de générer de nouvelles compétences <strong>et</strong> de détruire celles devenues obsolètes.<br />

Dès lors, les critères d’optimalité apparaissent peu susceptibles de rendre compte de c<strong>et</strong>te dynamique que<br />

seuls des critères évolutionnistes de search <strong>et</strong> de satisficing peuvent expliquer.<br />

Nous avons représenté la firme dans ce travail comme un pool mémétique où des mèmes spécifiques sont<br />

sélectionnés <strong>et</strong> énactés au dépend d’autres. La culture d’entreprise reflète les combinaisons des mèmes<br />

particuliers énactés au sein de la firme. Les mèmes éncatés se subdivisent en mèmes fondamentaux <strong>et</strong><br />

secondaires. Les mèmes fondamentaux au sein d’une firme correspondent aux hypothèses de base chez<br />

Schein (1992), c’est-à-dire que la firme possède des hypothèses de base sur l’environnement, le temps <strong>et</strong><br />

l’espace <strong>et</strong> les agents. Quand ces hypothèses sont largement partagées dans une culture, elles ont tendance<br />

à être prises pour allant de soi <strong>et</strong> passent par conséquent inaperçues. Elles structurent, de façon spontanée,<br />

à la manière de l’habitus chez Bourdieu, la manière dont les membres pensent les compétences de base de<br />

la firme, sa mission <strong>et</strong> ses objectifs.<br />

La “culture d’entreprise” correspond dans c<strong>et</strong>te vision à c<strong>et</strong>te grammaire commune qui perm<strong>et</strong> aux agents<br />

de donner du sens au monde, de coder l’histoire <strong>et</strong> les expériences passées <strong>et</strong> d’y développer leurs actions.<br />

Elle résulte d’un processus de co-construction de sens au sein de la firme pour constituer à la fois la<br />

vision globale de l’organisation <strong>et</strong> de ses objectifs <strong>et</strong> sa voie typique de se comporter. L’individu n’agit<br />

pas seulement au nom de l’organisation (au sens de Kreps, 1990), mais aussi <strong>et</strong> surtout comme<br />

l’organisation dont il incarne les valeurs, croyances <strong>et</strong> objectifs.<br />

Nous avons vu que beaucoup reste à faire en matière d’analyse évolutionniste micro-économique. Un des<br />

principaux problèmes posés est celui d’expliquer le rapport entre l’individu <strong>et</strong> l’ordre, <strong>et</strong> en particulier,<br />

d’expliquer le rôle des interventions conscientes <strong>et</strong> créatrices de la part des individus dans la génération<br />

de l’ordre. Les tendances actuelles des travaux évolutionnistes en économie opèrent à des niveaux<br />

d’agrégation différents : la tradition néo-Schumpétérienne chez <strong>et</strong> à la suite de Nelson <strong>et</strong> Winter<br />

s’intéresse aux changements au niveau de l’industrie (explication SN-évolutionnaire), tandis que<br />

l’évolutionnisme culturel Hayekien se focalise sur le niveau individuel de la coordination (explication Révolutionnaire).<br />

Le choix du niveau d’analyse se révèle dès lors un élément crucial dans le débat des<br />

théories de la firme sur la rationalité en situation complexe d’imperfection de l’information <strong>et</strong><br />

d’incertitude. L’explication SN-évolutionnaire, à la suite d’Alchian (1950), explique l’évolution par la<br />

sélection des survivants par les forces de l’environnement. C’est “le marché qui sélectionne”. C<strong>et</strong>te<br />

explication, reprise par Friedman (1953) <strong>et</strong> partiellement par Nelson <strong>et</strong> Winter (1982), soutient que la<br />

concurrence constitue un processus Darwinien qui produit exactement les mêmes résultats que si tous les<br />

99 C<strong>et</strong> apprentissage de la coordination spontanée peut être rapproché de l’apprentissage adaptatif chez Cyert <strong>et</strong> March : les<br />

agents (<strong>et</strong> les firmes) apprennent des grilles de lectures abstraites pour interpréter leur environnement, c’est-à-dire, pour<br />

focaliser leur attention sur certaines points de l’environnement <strong>et</strong> en négliger d’autres.

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