Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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22.06.2013 Views

etween the need to make knowledge more explicit and the need to avoid excessive technicalities and local jargon.” (Ibid. p. 27). – D’autre part une situation de relations stabilisées, où l’existence de codes partagés et de langages communs permet aux différentes communautés de partager leurs connaissances respectives sur un domaine de création particulier, et d’interagir par des feed-backs incessants pour améliorer les principes créatifs. Le degré d’incertitude est alors très réduit, les agents individuels vont se servir de leur expérience passée pour agir. « Les configurations stabilisées sont celles qui correspondent à un monde socio-économique mis en forme et prévisible… » (Callon, 1999, p. 49). Lorsque les interactions entre communautés sont stabilisées, les comportements des agents sont donc conditionnés par l’histoire et les expériences passées. Le comportement individuel va ainsi converger vers un comportement de plus en plus substantif : à travers un ensemble d’éléments tacites ou informels traduisant les schémas simplifiés qu’on développe pour interpréter nos expériences (routines, conventions, heuristiques, etc.), l’environnement devient stabilisé et la rationalité peut être substantive car il n’est plus besoin de connaître tous les états du monde qui sont compensés par ces éléments d’histoire. La stabilisation des interactions entre communautés joue ainsi un rôle important dans la stabilisation des croyances collectives des agents et la construction de sens. Dans une communauté et une organisation (conçue comme une communauté de communautés) stabilisées, la cristallisation et le codage de l’histoire dans des routines, des conventions et une culture d’entreprise permettent d’évacuer l’incertitude inhérente aux agents économiques et leur permet de focaliser leur attention sur un objectif unique et d’adopter de se fait un comportement substantiel. Le fonctionnement simultané des deux mécanismes principaux de construction de sens et de croyances collectives au sein de l’organisation (répétitivité des interactions et nature de la communication entre communautés), détaillés ci-dessus, aboutit à la notion-clé de culture d’entreprise. Pour clarifier le problème du choix complexe des structures de gouvernance associant mécanismes hiérarchiques et fonctionnement des communautés, nous proposons d’établir une typologie des contextes de firmes. Nous pouvons distinguer tout un spectre de cultures d’entreprise différentes qui émergent selon que l’on considère les deux dimensions : (i) intensité de la répétitivité des interactions entre communautés ; (ii) qualité de la communication entre communautés. A partir de cette typologie, nous développons ci-dessous l’idée que la nature de la gouvernance appropriée de la firme, dépend de la nature de la culture d’entreprise de la firme. Intensité faible de communication entre communautés Répétitivité faible des interactions entre communautés 1. Culture faible Niveau très bas des interactions entre communautés. Prédominance de la coordination hiérarchique. Répétitivité élevée des interactions entre communautés 2. Culture (tacite) forte Niveau élevé des interactions quantitatives entre communautés.

Intensité élevée de communication entre communautés 3. Culture (codifiée) forte Niveau élevé des interactions qualitatives entre communautés. Architecture organisationnelle modulaire. 4. Culture forte Tableau 9.2. Interactions communautaires et configurations organisationnelles. Niveau très élevé des interactions entre communautés. Prédominance de la coordination par les communautés. Les configurations organisationnelles qui résultent des interactions entre communautés et les spécificités de chaque contexte vont déterminer les processus de sélection mémétique et la gouvernance d’entreprise qui en résulte. 9.5 PROBLEMES DE SELECTION MEMETIQUE : SELECTION ENTREPRENEURIALE VERSUS SELECTION DE GROUPE Dans une optique mémétique, la raison d’être de la firme dans le régime culturel post-Taylorien est comprise comme étant l’intégration des mèmes dans le sens de l’ancrage de “règles abstraites”, de “routines”, d’une “culture d’entreprise” particulières adaptées aux pressions sélectives de l’environnement. Les différents processus de sélection mémétique qui sont à la base des différentes combinaisons de mèmes qui en résultent vont déterminer les différents types de cultures d’entreprises. Mais même dans ce régime, le rôle de l’entrepreneur dans la sélection mémétique est toujours aussi capital, quoique de nature différente. Ce dernier possède la connaissance tacite décisive au sens de Penrose, qui agit comme une clé de lecture de toutes les connaissances dispersées dans l’organisation et qui lui permet d’énacter les efforts des agents (individuels ou collectifs) et de sélectionner (assembler) ex post les alternatives les plus probantes. Dans la mesure où l’environnement n’est pas objectif mais subjectif et dépend largement de cette connaissance tacite de l’entrepreneur, cette connaissance tacite est la vraie richesse de l’entrepreneur (Foss, 2002a, p. 63). En entretenant des contacts étroits avec son environnement, l’entrepreneur y agit physiquement, en connaît certains aspects, en ignore d’autres, discute avec des personnes de ce qu’il y voit et fait. Il en résulte un tissu de liens et l’ensemble des variables environnementales lui paraît davantage ordonné. Cet ordre correspond à une carte mentale que l’entrepreneur construit pour écarter l’équivoque. Ceci est un exemple d’énaction. Les informations que l’entrepreneur obtient de cet environnement tendent à lui confirmer ou infirmer ce qu’il croit vrai. Ainsi, une des capacités essentielles d’un entrepreneur est de savoir utiliser les images qu’il a de l’organisation qu’il initie (organisation qui originellement n’existe pas) par une projection de celle-ci dans des situations n’existant pas (encore). Cela

Intensité élevée de<br />

communication entre<br />

communautés<br />

3. <strong>Culture</strong> (codifiée) forte<br />

Niveau élevé des interactions<br />

qualitatives entre communautés.<br />

Architecture organisationnelle<br />

modulaire.<br />

4. <strong>Culture</strong> forte<br />

Tableau 9.2. Interactions communautaires <strong>et</strong> configurations organisationnelles.<br />

Niveau très élevé des interactions<br />

entre communautés. Prédominance<br />

de la coordination par les<br />

communautés.<br />

Les configurations organisationnelles qui résultent des interactions entre communautés <strong>et</strong> les spécificités<br />

de chaque contexte vont déterminer les processus de sélection mémétique <strong>et</strong> la gouvernance d’entreprise<br />

qui en résulte.<br />

9.5 PROBLEMES DE SELECTION MEMETIQUE : SELECTION<br />

ENTREPRENEURIALE VERSUS SELECTION DE GROUPE<br />

Dans une optique mémétique, la raison d’être de la firme dans le régime culturel post-Taylorien est<br />

comprise comme étant l’intégration des mèmes dans le sens de l’ancrage de “règles abstraites”, de<br />

“routines”, d’une “culture d’entreprise” particulières adaptées aux pressions sélectives de<br />

l’environnement. Les différents processus de sélection mémétique qui sont à la base des différentes<br />

combinaisons de mèmes qui en résultent vont déterminer les différents types de cultures d’entreprises.<br />

Mais même dans ce régime, le rôle de l’entrepreneur dans la sélection mémétique est toujours aussi<br />

capital, quoique de nature différente. Ce dernier possède la connaissance tacite décisive au sens de<br />

Penrose, qui agit comme une clé de lecture de toutes les connaissances dispersées dans l’organisation <strong>et</strong><br />

qui lui perm<strong>et</strong> d’énacter les efforts des agents (individuels ou collectifs) <strong>et</strong> de sélectionner (assembler) ex<br />

post les alternatives les plus probantes.<br />

Dans la mesure où l’environnement n’est pas objectif mais subjectif <strong>et</strong> dépend largement de c<strong>et</strong>te<br />

connaissance tacite de l’entrepreneur, c<strong>et</strong>te connaissance tacite est la vraie richesse de l’entrepreneur<br />

(Foss, 2002a, p. 63). En entr<strong>et</strong>enant des contacts étroits avec son environnement, l’entrepreneur y agit<br />

physiquement, en connaît certains aspects, en ignore d’autres, discute avec des personnes de ce qu’il y<br />

voit <strong>et</strong> fait. Il en résulte un tissu de liens <strong>et</strong> l’ensemble des variables environnementales lui paraît<br />

davantage ordonné. C<strong>et</strong> ordre correspond à une carte mentale que l’entrepreneur construit pour écarter<br />

l’équivoque. Ceci est un exemple d’énaction. Les informations que l’entrepreneur obtient de c<strong>et</strong><br />

environnement tendent à lui confirmer ou infirmer ce qu’il croit vrai. Ainsi, une des capacités essentielles<br />

d’un entrepreneur est de savoir utiliser les images qu’il a de l’organisation qu’il initie (organisation qui<br />

originellement n’existe pas) par une projection de celle-ci dans des situations n’existant pas (encore). Cela

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