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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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fonctionnement communautaire. Il peut exister une forme hiérarchique au sein d’une communauté (un<br />

noyau de créateurs avec des périphériques, des “browsers”, des intermédiaires), une forme de contrôle <strong>et</strong><br />

d’exclusion de la communauté (par ostracisme). Il peut exister des mécanismes d’incitation individuels au<br />

sein de la communauté, en particulier comme l’ont montré Lerner <strong>et</strong> Tirole (2001), la recherche de<br />

réputation qui est un mécanisme interne aux communautés perm<strong>et</strong>tant, entre autres, la reconnaissance<br />

individuelle d’un membre par d’autres communautés. C’est la raison pour laquelle, la coordination par les<br />

communautés, ne peut être envisagée qu’en étroite complémentarité avec les autres mécanismes<br />

classiques de coordination. La compréhension du fonctionnement des modes d’arbitrage entre divers<br />

mécanismes de coordination <strong>et</strong> la définition des modes de gouvernance appropriés supposent une analyse<br />

approfondie des interactions entre communautés.<br />

9.4 INTERACTIONS COMMUNAUTAIRES ET EMERGENCE D’UNE<br />

CULTURE D’ENTREPRISE<br />

La représentation de la firme comme une communauté de communautés pose un redoutable problème de<br />

cohérence, car rien ne garantit, a priori, la concordance systématique des intérêts <strong>et</strong> des objectifs des<br />

différentes communautés en place. Les communautés constitutives de l’organisation ne sont pas<br />

forcément toutes homogènes, ni convergentes vers un objectif commun. Les risques de conflits intercommunautaires,<br />

d’autisme ou de cloisonnement paroissial, sont latents. Une explication globale du<br />

fonctionnement de l’organisation conçue comme un assemblage cohérent de communautés est donc<br />

nécessaire. La représentation de la firme sous la forme de communautés hétérogènes imbriquées pose le<br />

problème crucial de l’analyse de l’émergence spontanée ou intentionnelle des systèmes référentiels<br />

structurant les croyances individuelles <strong>et</strong> collectives construites dans le processus de décision 98 . En<br />

considérant ainsi, dans un contexte d’économie fondée sur la connaissance, une firme constituée de<br />

communautés hétérogènes interagissantes, nous proposons d’analyser la manière dont se réalisent les<br />

interactions entre communautés à partir des deux mécanismes principaux :<br />

– La répétitivité (critère quantitatif) des interactions entre communautés.<br />

– La nature de la communication (critère qualitatif) entre communautés.<br />

L’idée sous-jacente est que toute forme de coordination entre agents mobilise à la fois des échanges<br />

informationnels <strong>et</strong> la construction d’une architecture cognitive commune. Les deux phénomènes ont<br />

naturellement des points communs, mais il nous semble essentiel de bien les distinguer. Certaines<br />

communautés peuvent se rencontrer très fréquemment (les ouvriers peuvent déjeuner <strong>et</strong> prendre le café<br />

97 Le sens construit correspond de ce fait à une rationalité fortement située dans la mesure où le contexte influence la<br />

sélection des signaux <strong>et</strong> leur interprétation (Cyert <strong>et</strong> March, 1963 ; Daft <strong>et</strong> Weick, 1984).<br />

98 Une telle représentation se heurte par ailleurs à une difficulté majeure si l’on raisonne en termes dynamiques : les<br />

communautés peuvent en eff<strong>et</strong> profondément évoluer dans le temps, certaines émergent, d’autres disparaissent, d’autres se<br />

transforment ou s’institutionnalisent. Dans le cadre de ce travail, pour ne pas multiplier les angles d’analyse, on supposera que<br />

les communautés constitutives de l’organisation sont données (leurs normes de références, leurs principaux processus<br />

d’apprentissage, leurs mécanismes de recrutement, <strong>et</strong>c., sont ainsi supposés constants), pour se focaliser sur les mécanismes de<br />

cohérence inter-communautaire. C<strong>et</strong>te hypothèse revient à supposer que la vitesse d’évolution de chacune des communautés<br />

constitutives de l’organisation est lente comparée à la vitesse avec laquelle les différentes communautés interfèrent. Elle<br />

suppose également que la communauté devient de fait l’unité d’analyse.

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