Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise
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Chapitre 8 Economie basée sur la connaissance et avènement d’un régime culturel post-Taylorien ... the movement to a knowledge economy necessitates a rethink of economic fundamentals. Joseph E. Stiglitz (1999). Public Policy for a Knowledge Economy, Speech delivered in Department for Trade and Industry and Center for Economic Policy Research. London, U.K. January 27. p. 37. 8.1 INTRODUCTION Sous l’effet conjugué d’une large diffusion des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), d’une montée du niveau général des connaissances et de leur intégration dans des logiques productives de plus en plus soumises à un régime de concurrence fondé sur l’innovation, les frontières de la firme, la nature de la coordination, les repères saillants pour l’action organisationnelle se trouvent fortement affectés. La part de valeur ajoutée dans les produits devient de plus en plus grande et la connaissance devient de plus en plus distribuée dans l’ordre social mais également au niveau des firmes elles-mêmes (Foss, 2002a) qui tendent vers des formes décrites par Fransman (1994) comme des processors of knowledge ou des knowledge-creating companies au sens de Nonaka et Takeuchi (1995). L’accent est mis sur le travail en réseau et la mise en commun des compétences, la réduction des niveaux hiérarchiques, une organisation par projet plutôt que par fonction, etc. De plus en plus, ce type d’organisation déborde les frontières de la firme. Il englobe des coopérations qui relient plusieurs firmes et prend la forme de réseaux. Le travail en réseau fait apparaître entre les participants à un projet un nouveau mode d’interaction, qui ne correspond ni à des relations purement marchandes ni à des relations purement hiérarchiques, ni même à des formes hybrides. Il s’agit incontestablement de nouveaux modes autonomes de coordination. Autrement dit, nous sommes en train de passer d’une logique Taylorienne d’efficience relativement statique, où l’enjeu était de rechercher la meilleure combinaison possible des facteurs de production dans un environnement stable, à une logique d’efficience dynamique, où l’avantage compétitif devient fonction des capacités d’absorption, d’apprentissage et d’adaptation des firmes à un environnement dynamique. Les activités productives deviennent de plus en plus interdépendantes et donc inséparables ou indivisibles (Langlois et Robertson, 1993). En plus, la connaissance au sujet de telles activités productives n’est pas
facilement appropriable, imitable ou transférable, c’est-à-dire qu’elle représente une ressource idiosyncrasiquement synergistique. Une principale implication de cette métamorphose des ressources organisationnelles et la manière par laquelle elles sont combinées, aussi bien que des pressions sélectives par le marché, est que la coordination planifiée en terme d’allocation de ressources rares marque de plus en plus de limites face à cette nouvelle dynamique. Pour résumer, deux principales raisons expliquent cette inadéquation croissante (Foss, 2001b) : (i) l’accroissement de l’incertitude et l’ambiguïté vis-à-vis des objectifs des organisations et de leurs membres ; (ii) les limites de l’autorité pour faire face à l’allocation et/ou création de ressources. La sélection culturelle dans la firme présente certaines régularités que nous avons traduites en terme de régimes culturels. Dans ce chapitre, nous interprétons l’avènement d’une économie basée sur la connaissance comme étant synonyme d’un nouveau régime culturel que nous caractérisons comme un régime culturel post-Taylorien. 8.2 ECONOMIE BASEE SUR LA CONNAISSANCE ET METAMORPHOSES DE L’ORGANISATION DE LA FIRME L’intérêt porté à la connaissance en économie n’est pas récent et l’idée selon laquelle la connaissance joue un rôle central dans l’économie n’est évidemment pas nouvelle, la connaissance ayant depuis toujours joué un rôle central. Ce rôle s’est tout simplement intensifié avec l’avènement d’une économie basée sur les biens intangibles, sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et où les composantes de l’économie à forte intensité de connaissance et de haute technologie deviennent désormais les plus dynamiques pour ce qui est de la croissance, de la production et de l’emploi. C’est particulièrement Hayek, dans son œuvre séminale The Use of Knowledge in Society (1945), qui avait le plus souligné que le besoin croissant pour une connaissance variée et spécialisée dans la production implique que la connaissance pertinente devient de plus en plus distribuée ou dispersée. Cette connaissance distribuée n’est pas possédée par un cerveau unique, et devient donc une possession privée, éphémère, tacite et subjective. De plus, la connaissance n’est pas seulement dispersée, elle est également spécialisée et inarticulée, c’est-à-dire, particulièrement difficile à communiquer. Cette caractéristique du genre de connaissance pertinent pour l’activité économique montre pourquoi, au sens de Hayek, le mécanisme compétitif est plus efficace que d’autres possibles procédures d’échange. Les poches de connaissance personnelles et idiosyncrasiques ne peuvent être transmissibles à aucun opérateur central et ne pourraient être utilisées que par les agents individuels eux-mêmes 84 . Ce qui ressort des travaux récents de l’économie de la connaissance est que cette dernière est une ressource de plus en plus contextuelle et spécifique aux conditions originales de son accumulation, 84 Jensen et Meckling (1992) font cependant remarquer que la dynamique sous-jacente à ce processus n’a pas été explicitée par Hayek. Hayek (1945) considère en effet la distribution de la connaissance dans l’économie comme étant donnée et ne mentionne donc jamais le coût de transfert ou de production des nouvelles connaissances.
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Chapitre 8<br />
Economie basée sur la connaissance <strong>et</strong> avènement<br />
d’un régime culturel post-Taylorien<br />
... the movement to a knowledge economy necessitates a r<strong>et</strong>hink of economic fundamentals.<br />
Joseph E. Stiglitz (1999). Public Policy for a Knowledge Economy, Speech delivered in Department for Trade<br />
and Industry and Center for Economic Policy Research. London, U.K. January 27. p. 37.<br />
8.1 INTRODUCTION<br />
Sous l’eff<strong>et</strong> conjugué d’une large diffusion des Technologies de l’Information <strong>et</strong> de la Communication<br />
(TIC), d’une montée du niveau général des connaissances <strong>et</strong> de leur intégration dans des logiques<br />
productives de plus en plus soumises à un régime de concurrence fondé sur l’innovation, les frontières de<br />
la firme, la nature de la coordination, les repères saillants pour l’action organisationnelle se trouvent<br />
fortement affectés.<br />
La part de valeur ajoutée dans les produits devient de plus en plus grande <strong>et</strong> la connaissance devient de<br />
plus en plus distribuée dans l’ordre social mais également au niveau des firmes elles-mêmes (Foss,<br />
2002a) qui tendent vers des formes décrites par Fransman (1994) comme des processors of knowledge ou<br />
des knowledge-creating companies au sens de Nonaka <strong>et</strong> Takeuchi (1995). L’accent est mis sur le travail<br />
en réseau <strong>et</strong> la mise en commun des compétences, la réduction des niveaux hiérarchiques, une<br />
organisation par proj<strong>et</strong> plutôt que par fonction, <strong>et</strong>c. De plus en plus, ce type d’organisation déborde les<br />
frontières de la firme. Il englobe des coopérations qui relient plusieurs firmes <strong>et</strong> prend la forme de<br />
réseaux. Le travail en réseau fait apparaître entre les participants à un proj<strong>et</strong> un nouveau mode<br />
d’interaction, qui ne correspond ni à des relations purement marchandes ni à des relations purement<br />
hiérarchiques, ni même à des formes hybrides. Il s’agit incontestablement de nouveaux modes autonomes<br />
de coordination.<br />
Autrement dit, nous sommes en train de passer d’une logique Taylorienne d’efficience relativement<br />
statique, où l’enjeu était de rechercher la meilleure combinaison possible des facteurs de production dans<br />
un environnement stable, à une logique d’efficience dynamique, où l’avantage compétitif devient fonction<br />
des capacités d’absorption, d’apprentissage <strong>et</strong> d’adaptation des firmes à un environnement dynamique.<br />
Les activités productives deviennent de plus en plus interdépendantes <strong>et</strong> donc inséparables ou indivisibles<br />
(Langlois <strong>et</strong> Robertson, 1993). En plus, la connaissance au suj<strong>et</strong> de telles activités productives n’est pas