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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Bourdieu résume ici de manière sublime comment le facteur Lamarckien d’adaptation volontaire perm<strong>et</strong><br />

d’aller au-delà des explications stochastiques Darwiniennes en transformant le hasard en nécessité.<br />

L’adaptation volontaire face à l’accident <strong>et</strong> à la contingence peut être consciente ou inconsciente. Dans<br />

notre perspective en terme d’analyse du rôle de la culture d’entreprise dans la coordination économique,<br />

nous avons mis l’accent sur les dimensions d’émergence <strong>et</strong> de spontanéité qui résultent pour une grande<br />

part de l’adaptation inconsciente des agents économiques (suivre des règles sans en comprendre la<br />

signification au sens de Hayek <strong>et</strong> Polanyi). La considération des dimensions de spontanéité <strong>et</strong><br />

d’improvisation organisationnelles, vient corroborer l’idée développée supra qu’aucun système<br />

évolutionnaire ne peut être optimal. Les solutions adoptées par l’évolution ne sont pas celles que<br />

l’ingénieur jugerait optimales mais constituent, au sens de Lévi-Strauss ou François Jacob, une forme de<br />

bricolage : l’évolution fait ce qu’elle peut avec les moyens du bord. Les assertions SN-évolutionnaires<br />

d’optimalité ne peuvent donc être acceptées :<br />

[N]ous ne pouvons imaginer un choix permanent <strong>et</strong> immédiat opéré sur l’ensemble des techniques à chaque « tour ». Certaines<br />

formes de savoir seront éliminées dans le processus <strong>et</strong> le choix des techniques se fera sans elles (irréversibilité fondamentale).<br />

Par conséquent, rien ne garantit l’optimalité du choix final… (Zuscovitch, 1990, p. 109).<br />

L’idée de l’irréversibilité est essentielle pour réfuter l’assertion d’optimisation. Les règles de décision <strong>et</strong><br />

les modèles de comportement qu’elles induisent ne sont en eff<strong>et</strong> pas optimaux : ils sont adaptés à des<br />

situations déterminées, <strong>et</strong> sont sélectionnés sur la base de leur adaptabilité (fitness), une adaptabilité<br />

strictement contextuelle. Les règles de comportement <strong>et</strong> les modèles de comportement éliminés au tour de<br />

sélection sont irréversiblement perdus : le fleuve héraclitéen de l’évolution va dans un seul sens. Aucun<br />

r<strong>et</strong>our vers l’arrière n’est possible.<br />

Finalement, les processus culturels que nous avons considéré dans c<strong>et</strong>te partie demeurent intimement liés<br />

à la nature de la communication dans la firme qui est à son tour liée à la nature de l’autorité. Ce qui nous<br />

amène à la discussion des régularités de construction des cultures d’entreprise <strong>et</strong> de l’évolution culturelle<br />

de la firme. Nous allons désigner ces régularités en termes de régimes culturels qui feront l’obj<strong>et</strong> de la<br />

partie 3.

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