Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise
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de la forte dimension d’apprentissage social <strong>et</strong> de spontanéité que possède ce concept, mieux comprendre<br />
c<strong>et</strong>te intériorisation de l’extériorité sur la base de laquelle nous avons définie la culture d’entreprise <strong>et</strong><br />
comment celle-ci perm<strong>et</strong> de coordonner les agents en guidant leurs comportements de manière spontanée.<br />
Dans une troisième section (§6.4), nous discuterons du problème du changement culturel. Nous allons<br />
conjecturer que ce sont principalement des structures minimales <strong>et</strong> des systèmes de spontanéité organisée<br />
qui perm<strong>et</strong>tent qui répondre le mieux à c<strong>et</strong> impératif de changement. Nous caractériserons la spontanéité<br />
dirigée à travers les fortes dimensions d’improvisation <strong>et</strong> de bricolage (au sens de Levi-Strauss) qu’elle<br />
incorpore.<br />
6.2 POURQUOI LA CULTURE D’ENTREPRISE ?<br />
Nous avons soulevé dans les chapitres 3 <strong>et</strong> 4 les questions de coordination organisationnelle <strong>et</strong> nous avons<br />
vu que la plupart de ces questions sont passées sous silence dans la théorie néo-Schump<strong>et</strong>erienne de la<br />
firme alors que, même si elles ne sont pas explicitement développées dans l’économie Hayekienne, c<strong>et</strong>te<br />
perspective apporte des éclairages pouvant perm<strong>et</strong>tre de mieux comprendre c<strong>et</strong>te dimension de<br />
coordination économique. Nous allons nous appuyer à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> sur des travaux (néo-Autrichiens) récents<br />
qui ont discuté de la question de l’organisation de la firme (Langlois, 1993, 1997 ; Klein, 1997 ; Saut<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />
Foss, 1999 ; Saut<strong>et</strong>, 2002 ; Foss, 2002a,b). Sur la base des conclusions de la partie I, nous allons discuter<br />
ici de comment la prise en compte du concept de culture d’entreprise perm<strong>et</strong> d’apporter une nouvelle<br />
compréhension de la nature de la coordination intra-organisationnelle.<br />
Nous avons déjà souligné que le terme “règle” a au moins deux significations (qui sont imbriquées dans<br />
la conception Hayekienne) : (i) un sens contraignant le comportement (aussi bien qu’il le motive) ; (ii)<br />
dans le second sens, la règle est comprise plutôt qu’une contrainte, comme une habitude, une coutume ou<br />
une routine. L’agent, aussi bien que l’organisation, du fait de la rationalité limitée <strong>et</strong> de la complexité <strong>et</strong><br />
l’incertitude structurelle de l’environnement, doivent développer des règles ou heuristiques de<br />
comportement plutôt que de procéder délibérément au réglage cas-par-cas. D’un autre côté, les firmes<br />
sont confrontées à des transformations de plus en plus fréquentes, discontinues <strong>et</strong> violentes de leur<br />
environnement technologique, économique, commercial <strong>et</strong> social. Elles doivent donc augmenter leur<br />
adaptabilité, c’est-à-dire la flexibilité de leurs structures <strong>et</strong> de leur fonctionnement. Elles ont alors à<br />
m<strong>et</strong>tre en place des organisations adaptables qui doivent aussi favoriser la créativité <strong>et</strong> l’innovation. Une<br />
idée principale que nous avons pu dégager est que, si l’origine (la naissance) des firmes ne peut être<br />
comprise qu’en termes principalement pragmatiques, l’évolution de la firme implique une dynamique<br />
beaucoup plus organique. Langlois (1997, p. 66) défend même que la raison d’être de la firme tend à<br />
devenir de plus en plus l’existence d’une constitution, c’est-à-dire d’un système de règles abstraites qui<br />
détourne les membres de l’organisation de la quête de rentes improductives <strong>et</strong> dirige leurs énergies vers la<br />
quête de rentes productives. C<strong>et</strong>te constitution de l’organisation au sens de Langlois est ce que nous<br />
avons désigné comme une “culture d’entreprise” qui correspond à un véritable mode de coordination<br />
complémentaire au contrat.