22.06.2013 Views

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ase de la culture, les mèmes, est une sélection culturelle. Dans le système de Dawkins, les deux<br />

sélections sont imbriquées <strong>et</strong> assimilées l’une à l’autre.<br />

Nous avons déjà discuté des différences fondamentales entre l’évolution culturelle <strong>et</strong> l’évolution<br />

biologique chez Durham (1991). Nous avons notamment souligné que si l’évolution biologique implique<br />

des parents uniques, l’évolution culturelle implique des parents multiples (tradition sociale au sens de<br />

Hayek). La vitesse d’évolution culturelle est par ailleurs beaucoup plus rapide que celle de l’évolution<br />

biologique. Avec les Technologies de l’Information <strong>et</strong> de la Communication (TIC), la vitesse de la<br />

transmission culturelle est pratiquement à la vitesse de la lumière. La vitesse de propagation des mèmes<br />

n’a donc rien à voir avec celle des gènes. L’évolution culturelle est ainsi un phénomène social associé aux<br />

changements dans le système culturel <strong>et</strong> donc distinct de l’évolution biologique. Durham (1991, p. 192)<br />

résume c<strong>et</strong>te distinction en deux différences majeures entre l’évolution culturelle <strong>et</strong> la reproduction<br />

biologique : (i) premièrement, l’évolution culturelle diffère de l’évolution génétique parce que le<br />

mécanisme causal implique la transmission sociale différentielle des allomèmes suivant des choix <strong>et</strong> des<br />

impositions. Quand les individus adoptent, soutiennent <strong>et</strong> transm<strong>et</strong>tent des variantes d’idées, cela va<br />

influencer <strong>et</strong> peut-être changer la distribution des allomèmes <strong>et</strong> les traits comportementaux qui lui sont<br />

associés. (ii) deuxièmement, comme les allomèmes sont transmis socialement, ils peuvent être adoptés <strong>et</strong><br />

rej<strong>et</strong>és selon les décisions collectives. Une organisation peut, par exemple à travers une réunion du<br />

conseil d’administration, choisir d’adopter le principe “gestion scientifique”, “contrôle de qualité”,<br />

“meilleures pratiques” ou “orientation vers le client”.<br />

Le prochain pas est de définir la nature de la sélection culturelle (ou sélection mémétique). Durham<br />

(1991) définit la sélection du mème comme le changement graduel <strong>et</strong> lent dans la distribution des<br />

allomèmes causé par leur transmission sociale différentielle. En suivant l’hypothèse que la culture peut<br />

être subdivisée dans des allomèmes influençant les traits comportementaux de leur porteur, l’évolution<br />

peut se produire suivant la sélection des mèmes ou suivant un changement des allomèmes rapide mais<br />

large. Finalement, une mesure pour l’adaptation culturelle peut être définie sur la base du succès relatif de<br />

la transmission suggéré par la définition de Durham (1991) de la sélection du mème. Du fait de la<br />

possibilité que le porteur du code culturel (allomème) puisse le changer, la perspective évolutionniste<br />

Darwinienne est sévèrement compromise. Seule la perspective Lamarckienne semble alors soutenable.<br />

Comme nous avons vu dans le premier chapitre, contrairement à l’approche Darwinienne qui privilégie la<br />

mutation <strong>et</strong> donc le hasard, l’approche Lamarckienne privilégie la nécessité : la pression sélective induit<br />

la nécessité de la recombinaison des mèmes pour laisser place à de nouvelles variantes dont certaines se<br />

révèlent mieux adaptées pour augmenter la fitness des organismes ou groupes qui en deviennent les<br />

porteurs. Blackmore (1999, p. 61 <strong>et</strong> suivantes) souligne que le caractère Lamarckien ou non de la<br />

mémétique relève de la définition que nous voulons donner aux mèmes :<br />

– La définition des mèmes comme des instructions : copier un produit apporte dans ce cas la<br />

possibilité d’hérédité des caractères acquis.<br />

– La définition des mèmes comme un comportement : copier les instructions n’apporte pas c<strong>et</strong>te<br />

possibilité.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!