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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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gènes, créer des groupes de mèmes d’entraide mutuelle. S’ils sont égoïstes, ils le sont donc<br />

collectivement. Et comme les gènes, les mèmes proviennent d’un très lointain passé. Si beaucoup de<br />

gènes se révèlent aujourd’hui inadaptés ou inutiles à la survie des organismes dans le monde moderne, la<br />

plupart des mèmes présentent des inconvénients identiques. Ils convenaient bien à la survie des groupes<br />

de chasseurs-cueilleurs ou d’agriculteurs néolithiques (domination d’un chef, attachement au territoire,<br />

volonté de fonder des familles nombreuses), mais se révèlent nuisibles face aux besoins d’adaptation<br />

d’une économie basée sur la connaissance ou du développement durable. Gènes <strong>et</strong> mèmes se ressemblent<br />

dans la mesure où ils sont des réplicateurs affrontant la sélection pour accéder à des ressources finies, ou à<br />

des véhicules en nombre limité. La ressource nécessaire à la réplication des mèmes est l’attention des<br />

agents. Nous pouvons ainsi très bien comprendre pourquoi Simon disait que l’attention est la ressource<br />

économique rare, qu’il faut économiser. Mais si le moteur de la réplication des gènes est la division<br />

cellulaire, celui de la réplication des mèmes est beaucoup plus diffus. Il se trouve essentiellement dans la<br />

prédisposition au mimétisme, ce que Tarde appelait l’instinct de mimétisme. Par ailleurs leur typologie est<br />

radicalement différente. Même si les gènes sont nombreux, au sein de milliards d’espèces vivantes, leur<br />

nombre <strong>et</strong> surtout leurs caractéristiques ne sont en rien comparables au nombre quasiment infini<br />

potentiellement <strong>et</strong> aux formes adoptées par les mèmes – qu’il s’agisse de concepts, de langages, de<br />

théories, de croyances, <strong>et</strong>c. De même, il est plus facile de modéliser l’évolution des gènes, ou d’intervenir<br />

sur elle. C’est l’obj<strong>et</strong> de la génétique <strong>et</strong>, plus récemment, du génie génétique.<br />

Durham (1991, p. 189) a subdivisé les mèmes en deux catégories : les “holomèmes” <strong>et</strong> les “allomèmes”.<br />

Les holomèmes représentent le répertoire culturel de variation entier pour un mème donné (incluant toute<br />

forme inexprimée latente). Les allomèmes sont définis comme le sous-ensemble d’holomèmes qui sont<br />

réellement utilisés pour guider le comportement d’au moins quelques membres d’une population dans au<br />

moins quelques circonstances (Ibid.). Dans la perspective de Durham (1991), le potentiel d’un allomème<br />

est exprimé comme un trait comportemental, c’est-à-dire, une régularité spécifique dans le<br />

comportement. Il est donc supposé que les modèles de changement historique dans la distribution de traits<br />

comportementaux sont complètement (ou au moins partiellement) causés par la transformation<br />

séquentielle dans le temps dans le code réplicant, l’allomème. Comprendre l’évolution culturelle, alors,<br />

exige une compréhension des sources de réplication différentielle responsable du changement séquentiel<br />

dans la fréquence des allomèmes. Une telle fréquence peut se produire sans une transmission sociale des<br />

allomèmes ou à cause de la transmission sociale qui implique des choix ou des impositions (Durham,<br />

1991).<br />

Les mèmes se propagent par simple réplication d’un individu à un autre. Réplication qui n’est pas parfaite<br />

<strong>et</strong> qui génère ainsi une variation. Les mèmes font l’obj<strong>et</strong> d’une pression sélective à l’issue de laquelle ne<br />

survivent que ceux présentant un quelconque intérêt. C<strong>et</strong>te approche nous perm<strong>et</strong> de comprendre les faits<br />

culturels comme concentration d’une population de mèmes semblables. La sélection mémétique obéit à<br />

des mécanismes similaires à ceux de la sélection naturelle. Or, ici repose l’erreur fatale de Dawkins : si la<br />

sélection des unités de base de la nature, les gènes, est une sélection naturelle, la sélection des unités de<br />

Un processus de sélection est important puisqu’il « choisit » d’une certaine manière, parmi les règles de comportement, celles<br />

qui sont les plus viables. »

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