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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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pour sa réputation échouer avec les conventions que réussir contre elles. » Les analyses que Galbraith a consacrées à la crise de<br />

1929 illustrent c<strong>et</strong>te forte pression sociale au conformisme. (Orléan, 2001a, p. 127).<br />

Mais s’il est important de distinguer les trois mimétismes aux propriétés si spécifiques, dans la réalité le<br />

plus souvent ils coexistent :<br />

C<strong>et</strong>te coexistence est même un trait essentiel qui perm<strong>et</strong> d’expliquer le rôle considérable qu’y joue la contagion financière. Les<br />

trois motifs d’imitation se conjuguent <strong>et</strong> se renforcent l’un l’autre sans qu’il soit aisé d’en déterminer les poids relatifs. (Orléan,<br />

2001a, p. 128).<br />

La dynamique mimétique décrite par Orléan n’est qu’une de ses formes, les plus visibles <strong>et</strong> les plus<br />

évidentes, dans la sphère économique. Le mimétisme ne se limite donc pas à l’explication des<br />

phénomènes d’aveuglement, de comportements moutonniers ou de croyances en cascades. Nous<br />

considérons ici plutôt que le mimétisme est le substrat de tout comportement économique, <strong>et</strong> dans un sens<br />

plus large, de toute l’évolution culturelle. C’est ce que nous allons essayer de m<strong>et</strong>tre en évidence dans le<br />

reste du chapitre.<br />

En rattachant notre travail à ces traditions économiques sur le mimétisme, nous nous inscrivons dans la<br />

lignée d’une perspective évolutionniste récente, dite mémétique, qui nous paraît susceptible de servir de<br />

substrat à une véritable théorie de l’évolution économique, <strong>et</strong> par extension, à une théorie de l’évolution<br />

culturelle.<br />

5.3.2 La perspective évolutionnaire mémétique : une brève histoire du “mème des<br />

mèmes”<br />

Durant les années 1970, la sociobiologie a défendu l’idée que la notion d’évolution peut être mieux<br />

comprise en se focalisant non pas sur les espèces, ni même les organismes, mais sur les réplicateurs<br />

comme base de la sélection évolutionniste. C’est notamment Dawkins (1976, 1982) qui symbolisa ce<br />

courant. Dans The selfish gene (1976), il présente l’idée que la compétition Darwinienne ne s’exerce pas<br />

au niveau des espèces ou des phénotypes (individus) qui les représentent, mais au niveau des réplicateurs<br />

primaires que sont les molécules d’ARN <strong>et</strong> d’ADN constitutives des gènes. Autrement dit, la sélection<br />

opère uniquement sur les gènes : ceux qui sont efficaces s’étendent <strong>et</strong> ceux qui ne le sont pas dépérissent.<br />

Le reste est entièrement conséquence de ce fait. Dans The Extended Phenotype (1982), Dawkins étend<br />

son approche de l’organisme (phénotype) développée dans The selfish gene (1976) à de nombreuses<br />

autres structures qui résultent de l’action des gènes <strong>et</strong> contribuent à leur reproduction. Il évoque la<br />

famille, le groupe social plus large, <strong>et</strong> toutes les superstructures. C’est là où il introduit le concept<br />

“mème” pour désigner ce nouveau réplicateur :<br />

We need a name for the new replicator, a noun that conveys the idea of a unit of cultural transmission, or a unit of imitation.<br />

‘Mimeme’ comes from a suitable Greek root, but I want a monosyllable that sounds a bit like ‘gene’. I hope my classicist

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