22.06.2013 Views

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

généralement, comme le souligne très justement Ege (1993), l’approche évolutionniste à la suite de<br />

Nelson <strong>et</strong> Winter a favorisé une approche Darwinienne (basée sur le mécanisme de “sélection naturelle”)<br />

qui se focalise sur le développement économique phylogénétique <strong>et</strong> a relégué les dimensions<br />

ontogénétiques au second plan, ainsi que la relation entre les deux niveaux d’analyse. L’approche<br />

évolutionniste néo-Schump<strong>et</strong>erienne ne perm<strong>et</strong> pas ainsi d’offrir une véritable théorie dynamique du<br />

changement expliquant la relation entre les forces économiques centrifuges (déséquilibrantes) <strong>et</strong><br />

centripètes (équilibrantes), autrement dit, d’expliquer comment des micro-comportements chaotiques<br />

peuvent générer des modèles socio-économiques ordonnés (ce qu’ils font effectivement) :<br />

Une théorie qui suppose la soumission passive de l’individu à une loi toute-puissante – la sélection naturelle –, une<br />

problématique qui refuse toute pertinence théorique à la question de l’origine <strong>et</strong> du mode de production des<br />

variations, ne peuvent rendre compte que de la surface des phénomènes de changement technique <strong>et</strong><br />

d’innovation. (Ege, 1993, p. 484).<br />

Mais si les travaux néo-Schump<strong>et</strong>eriens récents privilégient les mécanismes Darwiniens, Zuscovitch<br />

(1993) souligne l’importance pour l’économie des notions développées par Lamarck <strong>et</strong> affirme que<br />

l’hypothèse Lamarckienne est pertinente pour comprendre les liens entre l’évolution <strong>et</strong> l’apprentissage.<br />

L’argument de Zuscovitch repose sur l’idée que les modifications des caractéristiques biologiques des<br />

espèces résultent aussi d’une sorte d’apprentissage, parce que contrairement à la biologie darwinienne<br />

où les mutations sont ‘aveugles’, Lamarck considère que l’intensité de l’utilisation implique des<br />

changements (p. 465).<br />

Van Parijs (1990) nous offre une clé de lecture pertinente pour comprendre la dichotomie évolution<br />

Darwinienne/évolution Lamarckienne. Il distingue en eff<strong>et</strong> deux explications des phénomènes sociaux (p.<br />

145) : (i) la téléonomie, c’est-à-dire les processus guidés par la sélection naturelle ; <strong>et</strong> (ii) la téléologie,<br />

c’est-à-dire les processus guidés par un but conscient. A c<strong>et</strong>te distinction correspond une dichotomie entre<br />

deux types d’explications évolutionnaires (p. 163-164) : (i) Les explications SN-évolutionnaires reposant<br />

sur un mécanisme de sélection naturelle (SN), définie comme la sélection de caractéristiques au travers<br />

de la sélection des entités qu’elles caractérisent ; <strong>et</strong> (ii) Les explications R-évolutionnaires reposant sur un<br />

mécanisme de renforcement (R) défini comme la sélection directe de caractéristiques au sein de l’entité<br />

qu’elles caractérisent.<br />

La sélection naturelle sélectionne des caractéristiques (règles, coutumes, institutions, <strong>et</strong>c.) en fonction de<br />

leurs conséquences effectives à travers la survie différentielle des systèmes sociaux (sociétés, firmes, <strong>et</strong>c.)<br />

qui les possèdent. Ce qui importe pour la sélection naturelle, ce sont les conséquences différentielles en<br />

terme de succès reproductif. A l’inverse, le renforcement sélectionne ces caractéristiques en fonction de<br />

leurs conséquences effectives au sein même des systèmes sociaux qui les possèdent. Le mécanisme de<br />

renforcement est combiné à la transmission par imitation (Van Parijs, 1990, p. 21). Trois points peuvent à<br />

ce niveau être soulignés :<br />

(i) Au lieu des chances de reproduction, le renforcement implique l’action d’un critère de “choix<br />

interne” à l’entité, ses chances de satisfaction.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!