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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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La culture (au sens large) est indéniablement un élément central du processus d’évolution économique. Et<br />

dans la mesure où la firme joue un rôle de plus en plus central dans ce processus d’évolution, la culture<br />

d’entreprise tend à revêtir c<strong>et</strong>te même centralité pour devenir un facteur déterminant des capacités<br />

d’apprentissage, de coordination <strong>et</strong> de performance des firmes. Beaucoup de travaux ont ainsi clairement<br />

montré l’influence de la culture sur les performances économiques des firmes <strong>et</strong> relevé, par exemple, des<br />

comportements internes différents entre des firmes américaines <strong>et</strong> japonaises appartenant au même<br />

secteur (Okuno-Fujiwara, 1994 ; Morita, 1998), l’influence de la culture nationale sur la performance des<br />

firmes (Hofstede <strong>et</strong> al., 1990), les variations régionales dans les normes culturelles entre les différentes<br />

régions américaines (Vandello <strong>et</strong> Cohen, 1999), <strong>et</strong>c. Des firmes comme Toyota, IBM ou HP (The HP<br />

way) illustrent des cultures d’entreprise très fortes.<br />

Pour analyser c<strong>et</strong>te dimension culturelle, nous adoptons dans ce travail une vision interprétative de la<br />

firme où les interprétations individuelles, interindividuelles <strong>et</strong> organisationnelles sont considérées comme<br />

un substrat des processus d’apprentissage organisationnel <strong>et</strong> de coordination, la manière par laquelle les<br />

agents économiques <strong>et</strong> les organisations interprètent leur environnement étant une donnée cruciale des<br />

enchaînements économiques 2 . La firme constitue, dans c<strong>et</strong>te vision, une réponse aux limites de la<br />

cognition humaine qui structure <strong>et</strong> coordonne les connaissances <strong>et</strong> les capacités des agents sur la base<br />

d’un support contractuel mais également d’un cadre commun de référence (Loasby, 2000a) qu’elle<br />

fournit à ses membres. Ce système de référence, propre à la firme, est construit à partir d’une vision<br />

entrepreneuriale initiale <strong>et</strong> développé à travers un processus de sensemaking <strong>et</strong> d’énaction mémétique (Cf.<br />

chapitre 5 <strong>et</strong> suivants) face aux contingences diverses que rencontre la firme. Ce système de référence<br />

aide à prendre des décisions <strong>et</strong> à orienter les comportements des agents dans un environnement constitué<br />

de contrats incompl<strong>et</strong>s <strong>et</strong> d’incertitude structurelle.<br />

Sur c<strong>et</strong>te base, nous définissons la culture d’entreprise comme un système émergent de croyances<br />

collectives intériorisées par les agents, perm<strong>et</strong>tant une convergence des comportements <strong>et</strong> jouant un rôle<br />

central dans l’apprentissage <strong>et</strong> la coordination intra-organisationnels. Deux dimensions principales de la<br />

culture d’entreprise sont ici mises en avant : l’émergence <strong>et</strong> la spontanéité.<br />

Néanmoins, malgré c<strong>et</strong>te centralité avérée de la culture dans le processus d’évolution de la firme,<br />

d’aucuns pourront objecter que les théories économiques de la firme ne disent rien sur la culture. Ce qui<br />

est pour une partie amplement vrai. Dans leur analyse des firmes <strong>et</strong> des organisations, les économistes ont<br />

(presque) complètement relégué au second plan, si ce n’est ignoré, entre autres, la question de la culture.<br />

Une omission qui ne se limite pas au cadre standard, mais qui concerne également l’économie<br />

évolutionniste. L’analyse de la culture <strong>et</strong> de la dimension de coordination dans la théorie évolutionniste<br />

de la firme est restée en eff<strong>et</strong> jusqu’à présent très secondaire. Toute la focalisation est sur la dimension<br />

cognitive de la firme. Ce qui s’explique en partie par l’introduction dans le travail fondateur de Nelson <strong>et</strong><br />

Winter (1982) d’une hypothèse forte : le mécanisme de trêve encapsulé dans les routines activées. Plus<br />

2 Ce qu’illustrent remarquablement les marchés financiers où nous pouvons facilement voir, par exemple, comment une<br />

même hausse du taux d’intérêt peut conduire à deux réactions opposées des marchés boursiers ou des marchés de changes<br />

selon que les opérateurs y voient un signe d’une faiblesse ou une promesse d’une plus grande rentabilité.

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