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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Les approches en terme d’énaction trouvent leur origine principalement dans les développements de la<br />

biologie évolutionnaire <strong>et</strong> la théorie de la complexité (Maturana <strong>et</strong> Varela, 1994 ; Varela <strong>et</strong> al., 1993). En<br />

termes organisationnels, les travaux de Weick (1979, 1995) sont les plus saillants.<br />

5.2.1 La théorie de l’énaction chez Francisco Varela<br />

La théorie de l’énaction chez Varela considère que ce ne sont pas les représentations de l’environnement<br />

(comme une réalité extérieure <strong>et</strong> indépendante des individus, connaissable par une démarche de<br />

modélisation) qui sont à l’origine de la cognition humaine mais plutôt l’énaction de l’environnement :<br />

[C]<strong>et</strong>te approche se compose de deux points : (1) la perception consiste en une action guidée par la perception ; (2) les<br />

structures cognitives émergent des schèmes sensori-moteurs récurrents qui perm<strong>et</strong>tent à l’action d’être guidée par la<br />

perception. (Varela <strong>et</strong> al., 1993, p. 234-235).<br />

La plus importante faculté de toute cognition vivante est de poser les questions pertinentes qui surgissent à chaque moment de<br />

notre vie. Elles ne sont pas prédéfinies mais enactées, on les fait-émerger sur un arrière plan, <strong>et</strong> les critères de pertinence sont<br />

dictés par notre sens commun, d’une manière toujours contextuelle. (Varela, 1996, p. 91).<br />

Les connaissances <strong>et</strong> les croyances sont ainsi des constructions dynamiques qui découlent des processus<br />

de sensemaking au-delà <strong>et</strong> par-delà toute action-interaction avec l’environnement, au-delà <strong>et</strong> par-delà<br />

toute intentionnalité consciente ou inconsciente :<br />

[L]e point de départ de l’approche propre à l’énaction est l’étude de la manière dont le suj<strong>et</strong> percevant parvient à guider ses<br />

actions dans sa situation locale. Dans la mesure où ces situations locales se transforment constamment à la suite de l’activité<br />

même du suj<strong>et</strong> percevant, le point de référence nécessaire pour comprendre la perception n’est plus un monde prédonné,<br />

indépendant du suj<strong>et</strong> de la perception, mais la structure sensori-motrice du suj<strong>et</strong> (la manière dont le système nerveux relie les<br />

surfaces sensorielles <strong>et</strong> motrices). C’est c<strong>et</strong>te structure – la façon dont le suj<strong>et</strong> percevant est inscrit dans un corps –, plutôt<br />

qu’un monde préétabli, qui détermine comment le suj<strong>et</strong> peut agir <strong>et</strong> être modulé par les événements de l’environnement.<br />

(Varela <strong>et</strong> al., 1993, p. 235).<br />

L’énaction apparaît alors comme ce qui fait émerger un ensemble de significations propre au système<br />

représentatif. C<strong>et</strong> ensemble de significations se déploie dans un monde spécifique au suj<strong>et</strong>. Il s’agit donc d’une<br />

émergence de sens dans l’action/interaction. 58<br />

58 La théorie de l’énaction en biologie évolutionnaire peut être illustrée par l’expérience de deux chercheurs américains,<br />

Held <strong>et</strong> Hein (1958) (cités par Varela <strong>et</strong> al., 1993, p. 236-237). Les deux chercheurs ont élevé des chatons dans l’obscurité <strong>et</strong><br />

ne les ont exposés à la lumière que dans des conditions contrôlées. Les chatons furent répartis en deux groupes. Le premier<br />

pouvait se déplacer normalement, mais il était attelé à un chariot où le second groupe était installé. Les deux groupes<br />

partageaient donc la même expérience visuelle, mais le second était entièrement passif. Lorsque les animaux furent libérés<br />

après quelques semaines de ce traitement, les chatons du premier groupe se comportèrent normalement, mais ceux qui avaient<br />

été transportés se comportèrent comme s’ils étaient aveugles, se heurtaient <strong>et</strong> tombaient. C<strong>et</strong>te expérience accrédite la thèse<br />

selon laquelle la perception visuelle ne se fait pas grâce à l’extraction d’informations dans le monde extérieur, mais grâce au<br />

guidage visuel de l’action.

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