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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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organisationnelle <strong>et</strong> sociale de la connaissance productive dispersée <strong>et</strong> des actions situées des agents<br />

économiques.<br />

Nous discuterons de c<strong>et</strong>te logique évolutionniste en économie dans un chapitre introductif. Mais au-delà de c<strong>et</strong>te<br />

discussion préliminaire, la question majeure qui nous interrogera tout au long de ce travail de thèse a trait au rôle<br />

de la culture, <strong>et</strong> plus précisément de la culture d’entreprise, dans l’analyse économique de l’organisation de la<br />

firme. Il s’agit indéniablement d’une problématique complexe qui se doit de répondre à deux questions centrales :<br />

(i) comment les firmes se constituent-elles ? <strong>et</strong>, (ii) comment évoluent-elles dans le temps ? Ces deux niveaux<br />

d’analyse, qui ne sont pas indépendants, supposent qu’on puisse être capables d’expliquer tous les éléments<br />

culturels dans l’organisation : idées, croyances, représentations, savoirs-faire, <strong>et</strong>c. ; leur expression dans des<br />

langages, des artefacts <strong>et</strong> des modèles de comportement ; ainsi que leur évolution. La complexité de l’analyse<br />

culturelle de la firme s’accroît davantage lorsqu’on veut l’étendre à l’environnement institutionnel <strong>et</strong> social de la<br />

firme. Celle-ci n’est effectivement pas un îlot de hiérarchie déconnecté de l’océan du marché (au sens de Coase,<br />

1937). Elle est au contraire immergée dans c<strong>et</strong> ordre social <strong>et</strong> dans le cadre institutionnel qui le supporte, ce qui<br />

influe largement sur la nature de la naissance <strong>et</strong> du développement des nouvelles idées, des nouveaux langages,<br />

des nouvelles manières de penser <strong>et</strong> de se comporter dans la firme. Sans mésestimer c<strong>et</strong>te dimension<br />

institutionnelle <strong>et</strong> sociale, nous nous focalisons dans ce travail sur les dimensions culturelles d’apprentissage <strong>et</strong> de<br />

coordination intra-organisationnels dans la visée de caractériser les processus d’énaction de mèmes (Cf. infra) au<br />

sein de la firme <strong>et</strong> d’émergence de croyances collectives <strong>et</strong> de cultures d’entreprise. Mais avant de discuter de la<br />

nature <strong>et</strong> des mécanismes de c<strong>et</strong>te énaction culturelle mémétique au sein de la firme, il convient, le suj<strong>et</strong> étant fort<br />

complexe, de définir au préalable ce que nous entendons par le concept “culture”.<br />

La culture, ensemble des connaissances acquises qui perm<strong>et</strong>tent de développer le sens critique, le goût, le<br />

jugement (Le P<strong>et</strong>it Robert), désigne généralement toute représentation cognitive ou tout savoir-faire qui<br />

dépassent l’instinct. Deux comportements simples perm<strong>et</strong>tent d’illustrer c<strong>et</strong>te définition : le réflexe de<br />

r<strong>et</strong>irer sa main d’une surface brûlante est un instinct correspondant à une capacité cognitive désignée par<br />

le programme génétique de l’individu, alors que le fait de céder sa place dans un transport public n’est pas<br />

une capacité innée <strong>et</strong> instinctive. La culture, au sens large, désigne donc tout ce qui est acquis par<br />

l’individu <strong>et</strong> transmis historiquement d’une façon régulière au sein d’un groupe. C’est une description de<br />

l’organisation symbolique d’un groupe, de la transmission de c<strong>et</strong>te organisation <strong>et</strong> de l’ensemble des<br />

valeurs étayant la représentation que le groupe se fait de lui-même, de ses rapports avec les autres groupes<br />

<strong>et</strong> de ses rapports avec la multitude des ordres sociaux. Une des définitions les plus éminentes de la<br />

culture – que nous adoptons analytiquement dans ce travail – est celle que propose l’<strong>et</strong>hnographe Clifford<br />

Geertz :<br />

[<strong>Culture</strong> is a] historically transmitted pattern of meanings embodied in symbols, a system of inherited conceptions expressed in<br />

symbolic form by means of which men communicate, perp<strong>et</strong>uate and develop their knowledge about and attitudes towards life.<br />

(Geertz, 1973, p. 89).<br />

Par culture, nous entendons donc les toiles de significations sous-jacentes au mode de vie appris,<br />

développé <strong>et</strong> transmis par un groupe humain aux générations suivantes, consciemment ou non. C<strong>et</strong>te<br />

culture est constituée de formes de comportement appris <strong>et</strong>/ou déterminées par l’histoire du groupe. Plus<br />

précisément, des idées, des habitudes, coutumes ou traditions sont acceptées <strong>et</strong> développées<br />

collectivement <strong>et</strong> symbolisent un sentiment d’appartenance.

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