Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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22.06.2013 Views

Friedrich Hayek. Chez Hayek, nous avons vu qu’une règle “concrète” spécifie un comportement individuel dans toutes les circonstances où il peut intervenir, et réduit de la sorte la possibilité de variations individuelles dont se nourrit la sélection. Une règle “abstraite” est par contre imprégnée par un certain degré d’abstraction ou d’opacité qui fait que chacun la réalise d’une façon plus ou moins différente, créant ainsi une variation culturelle. L’opacité des règles abstraites n’est donc pas un problème, mais la solution. Le recensement exhaustif de toutes les contingences est généralement impossible. Les règles abstraites encapsulent donc un pouvoir d’adaptation qui permet aux agents de s’adapter aux contingences imprévues. Adaptation que ne permettent pas les règles concrètes rigides. Les conventions, comme règles abstraites, permettent de séparer le « comment » et le « pourquoi » et de faire primer la première dimension, plus synthétique et plus utile. 3.6 CONCLUSION En quoi l’analyse en terme de culture d’entreprise permet-elle d’enrichir l’analyse économique de la coordination ? En quoi permet-elle d’enrichir la théorie évolutionniste de la firme ? L’évolutionnisme culturel Hayekien peut-il intégrer la dimension de coordination organisationnelle ? A la lumière de ce que nous avons pu dégager dans ce chapitre, chez Hayek comme dans les travaux de l’économie des conventions, les règles abstraites et les conventions, de par leur caractère abstrait et opaque, encapsulent un pouvoir d’adaptation qui permet aux agents de s’adapter aux contingences imprévues. Adaptation que ne permettent pas les règles concrètes rigides. Nous pouvons donc penser que, face à un besoin croissant d’adaptabilité qu’imposent les fluctuations et les incertitudes persistantes de l’environnement économique, les règles hiérarchiques rigides rencontrent de plus en plus de difficultés à faire face à ces contingences et les firmes éprouvent de plus en plus le besoin de disposer de systèmes de régulation internes, dotés de pouvoirs d’adaptation qui permettent de répondre aux déficiences du mode de coordination par la hiérarchie. C’est dans ce sens que la raison d’être de la culture d’entreprise peut s’expliquer. Nous retenons également de l’analyse Hayekienne l’idée de la co-évolution de l’environnement et des sous-systèmes le constituant et pouvant conduire à l’émergence spontanée d’un ordre social cohérent. Le système auto-organisé produit une succession de transformations structurelles en réponse aux changements généralisés des conditions externes couplées aux fluctuations microscopiques internes. En termes évolutionnaires, l’idée de la co-évolution permet de relier les deux niveaux (ontogénétique et phylogénétique) de l’évolution économique. Nous allons nous baser dans ce travail sur cette compréhension des règles abstraites auxquelles nous assimilerons la culture d’entreprise au niveau intraorganisationnel. Hayek accentue également à plusieurs reprises l’importance du mimétisme dans les processus d’évolution culturelle. Processus qui concernent les deux niveaux de sélection discutés précédemment, mais qui sont

fortement imbriqués dans son analyse. La transmission sous-jacente à ces deux processus de sélection, c’est-à-dire le mimétisme, n’est cependant pas explicitée dans l’analyse Hayekienne. C’est ce que nous discuterons dans le chapitre 5. Nous allons à présent préciser notre définition de la culture d’entreprise en proposant une matrice de coordination distinguant les formes de coordination délibérées et spontanées appliquées aux deux niveaux de coordination distingués supra. Nous allons à cet effet partir de la lecture de Langlois (1997) de l’analyse Hayekienne de la coordination spontanée et des règles de comportement des marchés et des organisations. C’est ce que nous allons discuter dans le chapitre 4 après avoir discerné les niveaux de coordination (micro-coordination et méta-coordination) chez Daniel Klein et les origines de la coordination (organique et pragmatique) chez Karl Menger.

Friedrich Hayek. Chez Hayek, nous avons vu qu’une règle “concrète” spécifie un comportement<br />

individuel dans toutes les circonstances où il peut intervenir, <strong>et</strong> réduit de la sorte la possibilité de<br />

variations individuelles dont se nourrit la sélection. Une règle “abstraite” est par contre imprégnée par un<br />

certain degré d’abstraction ou d’opacité qui fait que chacun la réalise d’une façon plus ou moins<br />

différente, créant ainsi une variation culturelle. L’opacité des règles abstraites n’est donc pas un<br />

problème, mais la solution. Le recensement exhaustif de toutes les contingences est généralement<br />

impossible. Les règles abstraites encapsulent donc un pouvoir d’adaptation qui perm<strong>et</strong> aux agents de<br />

s’adapter aux contingences imprévues. Adaptation que ne perm<strong>et</strong>tent pas les règles concrètes rigides.<br />

Les conventions, comme règles abstraites, perm<strong>et</strong>tent de séparer le « comment » <strong>et</strong> le « pourquoi » <strong>et</strong> de<br />

faire primer la première dimension, plus synthétique <strong>et</strong> plus utile.<br />

3.6 CONCLUSION<br />

En quoi l’analyse en terme de culture d’entreprise perm<strong>et</strong>-elle d’enrichir l’analyse économique de la<br />

coordination ? En quoi perm<strong>et</strong>-elle d’enrichir la théorie évolutionniste de la firme ? L’évolutionnisme<br />

culturel Hayekien peut-il intégrer la dimension de coordination organisationnelle ? A la lumière de ce que<br />

nous avons pu dégager dans ce chapitre, chez Hayek comme dans les travaux de l’économie des<br />

conventions, les règles abstraites <strong>et</strong> les conventions, de par leur caractère abstrait <strong>et</strong> opaque, encapsulent<br />

un pouvoir d’adaptation qui perm<strong>et</strong> aux agents de s’adapter aux contingences imprévues. Adaptation que<br />

ne perm<strong>et</strong>tent pas les règles concrètes rigides. Nous pouvons donc penser que, face à un besoin croissant<br />

d’adaptabilité qu’imposent les fluctuations <strong>et</strong> les incertitudes persistantes de l’environnement<br />

économique, les règles hiérarchiques rigides rencontrent de plus en plus de difficultés à faire face à ces<br />

contingences <strong>et</strong> les firmes éprouvent de plus en plus le besoin de disposer de systèmes de régulation<br />

internes, dotés de pouvoirs d’adaptation qui perm<strong>et</strong>tent de répondre aux déficiences du mode de<br />

coordination par la hiérarchie. C’est dans ce sens que la raison d’être de la culture d’entreprise peut<br />

s’expliquer.<br />

Nous r<strong>et</strong>enons également de l’analyse Hayekienne l’idée de la co-évolution de l’environnement <strong>et</strong> des<br />

sous-systèmes le constituant <strong>et</strong> pouvant conduire à l’émergence spontanée d’un ordre social cohérent. Le<br />

système auto-organisé produit une succession de transformations structurelles en réponse aux<br />

changements généralisés des conditions externes couplées aux fluctuations microscopiques internes. En<br />

termes évolutionnaires, l’idée de la co-évolution perm<strong>et</strong> de relier les deux niveaux (ontogénétique <strong>et</strong><br />

phylogénétique) de l’évolution économique. Nous allons nous baser dans ce travail sur c<strong>et</strong>te<br />

compréhension des règles abstraites auxquelles nous assimilerons la culture d’entreprise au niveau intraorganisationnel.<br />

Hayek accentue également à plusieurs reprises l’importance du mimétisme dans les processus d’évolution<br />

culturelle. Processus qui concernent les deux niveaux de sélection discutés précédemment, mais qui sont

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