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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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(3) C<strong>et</strong>te croyance que les autres se conforment à R donne à chacun une bonne <strong>et</strong> décisive raison de<br />

se conformer lui-même à R.<br />

(4) Tous préfèrent une conformité générale à R plutôt qu’une conformité légèrement moindre que<br />

générale – <strong>et</strong> en particulier, plutôt qu’une conformité de tous sauf un.<br />

(5) R n’est pas la seule régularité possible à satisfaire les deux dernières conditions, une autre au<br />

moins, R’, les eût également respectées.<br />

(6) Les conditions (1) à (5) sont connaissance commune.<br />

Le point central pour Lewis est l’anticipation commune d’un certain modèle de comportement. La notion<br />

de convention de Lewis repose donc directement sur celle de “connaissance commune”<br />

(Aumann, 1976) 50 . Reposant sur un système d’anticipations croisées convergentes, la convention est la<br />

solution que chacun adopte en pensant que l’autre va l’adopter. L’originalité de c<strong>et</strong>te théorie est de faire<br />

de la convention un moyen de coordination arbitraire nécessaire à des individus rationnels ayant des<br />

intérêts communs, un conformisme rationnel.<br />

L’école française des conventions va se développer à la fin des années 1980, reprenant à son compte les<br />

développements de Lewis <strong>et</strong> Schelling pour fonder un véritable courant de recherche hétérodoxe sur les<br />

conventions. Le numéro spécial de la Revue Economique en 1989 représente à la fois un aboutissement <strong>et</strong><br />

une synthèse d’un grand nombre de travaux antérieurs <strong>et</strong> un point de départ pour ce courant de recherche.<br />

L’école des conventions ne va cependant pas s’accorder sur une définition unique de la “convention” qu’elle définit<br />

aussi bien comme un “sens commun” (Dupuy, 1989), comme un “système de connaissances” (Salais, 1989) ou un<br />

“dispositif cognitif collectif” (Favereau, 1989). Pour Dupuy (1989), une convention est la solution d’un problème de<br />

coordination qui, ayant réussi à concentrer sur elle l’imagination des agents, tend à se reproduire avec régularité.<br />

Pour Orléan (1989), la convention désigne l’organisation sociale au travers de laquelle la communauté se dote<br />

d’une référence commune, produit d’une représentation collective extériorisée qui fonde les anticipations<br />

individuelles. Pour Gomez (1994), une convention est une structure de coordination des comportements offrant<br />

une procédure de résolution récurrente de problèmes en délivrant une information plus ou moins complexe sur les<br />

comportements mimétiques de telle manière que l’interprétation de c<strong>et</strong>te information par les adopteurs ne rem<strong>et</strong>te<br />

pas en cause la procédure collective. La convention apparaît ainsi comme un cadre commun qui perm<strong>et</strong> l’action <strong>et</strong><br />

l’interaction, qui organise la mise en cohérence de la diversité des comportements. Elle est ainsi principalement<br />

invoquée en tant que facilitateur de coordination des comportements individuels.<br />

Ce que nous enseigne ce courant de recherche est que les conventions ne sont pas nécessairement<br />

délibérément construites. Un individu qui est partie prenante à une convention se conforme à c<strong>et</strong>te<br />

régularité parce qu’il a un intérêt à se conformer à ce que les autres font <strong>et</strong> parce qu’il croit justement que<br />

50 La notion de connaissance commune est différente de la connaissance mutuelle qui signifie que tous les joueurs<br />

connaissent l’état E mais sans savoir si les autres joueurs le savent aussi. La connaissance commune, en plus d’être partagée<br />

par chacun des agents, est publique. “An event or fact is common knowledge among a group of people if everyone knows it,<br />

everyone knows that everyone knows it, everyone knows that everyone knows that everyone knows it, and so on” (Chwe, 2001,<br />

p. 13). La connaissance commune peut donc être comprise comme un jeu de miroirs à l’infini. Or, nous avons vu que chez<br />

Hayek c’est la connaissance non-commune (uncommon knowledge) plutôt que la connaissance commune qui représente la<br />

vraie condition de l’évolution économique. C’est ce que souligne ici Loasby (2000b). “In the Smith-Marshall-Young-Penrose<br />

conception of economic development, every firm is a differentiated cluster of internally differentiated knowledge, which<br />

includes both ‘knowledge that’ and ‘knowledge how’, the latter comprising the skills necessary to perform a range of<br />

activities. What is treated in equilibrium theory as asymm<strong>et</strong>ric information is therefore a necessary characteristic of every<br />

firm, and a necessary feature of economic progress through the division of labour.” (Loasby, 2000b, p. 715).

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