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Une histoire racontée à Sophie - La Flute

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On est un petit groupe (Bonhomme, Dijon, Minkowski,<br />

Corone…) qui hantons, après le cours, le laboratoire d’anatomie<br />

du professeur Ollivier. Ce dernier partage la chaire avec le célèbre<br />

Rouvière dont les livres d’anatomie restent de grands classiques.<br />

Ollivier nous explique mille choses. Désabusé, il déplore s’être<br />

échiné toute sa vie <strong>à</strong> décrire tel détail de l’oreille interne face <strong>à</strong> des<br />

étudiants qui de toute façon n’en retiennent rien! C’est l<strong>à</strong> le type<br />

de souvenir que l’on retient, dieu sait pourquoi!... Dijon, plus âgé<br />

que nous, est un barbichu bedonnant <strong>à</strong> la voix de tête; un original,<br />

très communicatif… Fortuné, il passe sa vie <strong>à</strong> étudier, il est docteur ès<br />

sciences, ingénieur agronome, docteur en droit, docteur es lettres…<br />

Il a des propriétés en province et passe ses nuits <strong>à</strong> rédiger d’excellentes<br />

critiques de littérature. Par ailleurs, en tant que juriste, il fait<br />

gagner des procès <strong>à</strong> des malheureux injustement éconduits par la<br />

«Sécu». Il a le don admirable d’aller <strong>à</strong> l’essentiel. On restera lié.<br />

Plus tard il viendra nous rendre visite <strong>à</strong> Perreux. Pas seulement<br />

pour nous voir, mais aussi pour planquer de l’argent. Diabétique<br />

grave se soignant lui-même, il mourra tragiquement d’un coma<br />

hypoglycémique, ce que nous apprendra plus tard Jacques Bonhomme.<br />

Jean Richard ne fait pas partie de ce groupe. En fils unique, il vit <strong>à</strong><br />

Auvers-sur-Oise (village où Van Gogh a vécu), entouré de sa mère, de<br />

sa grand-mère et de sa tante. Cette dernière est receveuse postale, c’est<strong>à</strong>-dire<br />

directrice de la poste du lieu. C’est une «maîtresse femme».<br />

Elle restera sa seule «mère» après le décès de sa grand-mère puis de sa<br />

mère. Jean m’invite parfois <strong>à</strong> déjeuner et pour l’après-midi. Lorsque<br />

Jean vient chez nous <strong>à</strong> Boulogne, nous jouons un moment au tennis<br />

dans les environs. Un jour, Jean fait la connaissance d’un étudiant<br />

vietnamien, une curiosité pour l’époque, Yang (pas Tchang) et de<br />

ses deux sœurs. Leur français est approximatif. Yang, certainement<br />

fortuné, nous invite un jour <strong>à</strong> dîner <strong>à</strong> la Tour Eiffel, rien que ça!... en<br />

compagnie de ses enchanteresses de sœurs.<br />

Quelque temps après, j’apprends que Yang a coupé les ponts!<br />

Un lamentable malentendu. Ne s’est-il pas imaginé que Jean l’avait<br />

traité de «chinetoque! Ce qui bien entendu est totalement faux.<br />

Mais il n’est plus possible de revenir en arrière, Yang s’est enferré<br />

définitivement dans cette interprétation proprement délirante.

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