Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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tous les sens et faisant rapport sur rapport aux officiers postés dans<br />
un coin. Voil<strong>à</strong> pour le décor. Pour commencer les activités, se faire<br />
tondre par un coiffeur militaire <strong>à</strong> raz le crâne n’est pas une mince<br />
affaire, narcissiquement parlant… Ah, la bobine qu’on a!...<br />
(Le style crâne boule de billard actuel n’est pas encore de rigueur).<br />
Puis l’uniforme gris vert ajusté bizarrement par des tailleurs non<br />
moins militaires parachève l’élégance de «l’uniforme». Le gris-vert<br />
me rappelle singulièrement quelque chose, avec en moins les bottes.<br />
En lieu et place, deux paires de «chaussettes-<strong>à</strong>-clous» offertes<br />
par la Confédération; elles seront définitivement notre propriété.<br />
<strong>La</strong> première est «de plaine», la seconde est «de montagne» avec<br />
des tricounis. Elles font l’objet d’une sorte de culte. Les instructions<br />
du livret de service se terminent d’ailleurs sur l’hymne <strong>à</strong> la gloire<br />
des chaussures du soldat suisse, «le mieux chaussé du monde!»,<br />
ok. Il est vrai qu’elles feront leurs preuves! Je les garderai des années.<br />
Le même livret de service nous apprend que pour éviter<br />
les cloques aux pieds, il faut impérativement se les saupoudrer<br />
<strong>à</strong> la poudre Arfol. De plus, afin d’éviter les ongles incarnés,<br />
il est tout aussi impérativement recommandé de se les couper carrés<br />
et non arrondis. Me voil<strong>à</strong> averti.<br />
Mais dans l’immédiat, il faut s’y faire <strong>à</strong> l’«atmosphère»!<br />
Tout est gueulé, tout doit se faire au pas de course. On doit<br />
s’annoncer pour tout et pour rien («mon lieutenant, soldat<br />
sanitaire Tartempion!). Il est indispensable d’avoir toujours l’air<br />
affairé. Mais l’important n’est pas vraiment l<strong>à</strong>. Il se trouve parmi<br />
mes nouveaux camarades: beaucoup d’étudiants en médecine, en<br />
pharmacie, en dentisterie ou en théologie… Ils viennent également<br />
y passer leurs vacances… Ils sont de par leur formation en cours les<br />
plus aptes <strong>à</strong> devenir les traditionnels «sanigonfles», terme plein de<br />
condescendance d’usage chez les soldats munis d’une arme.<br />
Notre arme <strong>à</strong> nous, c’est le demi brancard, engin anachronique<br />
très 14-18, en fait 8 kg de bois et de «doile zolide»... Plié, il se porte<br />
comme un fusil et agrémente un paquetage encore très napoléonien:<br />
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