Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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munie d’un drapeau blanc, permet de sillonner le quartier…<br />
Les tirs crépitent. On n’est pas loin de l’Hôtel Meurice, grand quartier<br />
général allemand. D’autres hôtels des alentours sont également<br />
occupés par les Allemands. À tout moment, il faut se mettre <strong>à</strong> l’abri<br />
des balles perdues sous les porches des entrées d’immeubles. On<br />
ramasse des blessés, aussi bien français qu’allemands. Ces derniers<br />
ne sont plus tout jeunes généralement. Sachant la guerre perdue,<br />
ils sont résignés, sortent des grands hôtels qu’ils occupent et se<br />
rendent sans façon. En fait, ils sont terrorisés. Quelques officiers plus<br />
jeunes cherchent <strong>à</strong> livrer un ultime et inutile combat. Beaucoup se<br />
font descendre. Deux meurent d’hémorragie interne <strong>à</strong> l’infirmerie.<br />
Mais on n’a pas le temps d’être stressé, on repart…<br />
Plus tard, on apprendra que, sur ordre de Hitler, Paris aurait<br />
dû être détruit (ordre de «brûler Paris», a-t-on dit). Le Général<br />
Von Choltitz, commandant du «Gross Paris», renonce <strong>à</strong> obéir<br />
<strong>à</strong> cet ordre imbécile <strong>à</strong> la suite, dit-on, d’un ultimatum que lui<br />
adresse l’Etat Major du Général de Gaulle par l’intermédiaire du<br />
consul de Suède. C’est le prélude <strong>à</strong> l’assaut de l’Hôtel Meurice.<br />
Choltitz se rend et signe l’acte de reddition.<br />
Des liesses incroyables suivent. Je vois encore le Général de Gaulle<br />
descendre les Champs Elysées… Il est comme un périscope émergeant<br />
du flot humain, on ne peut voir que lui! <strong>La</strong> foule est innombrable.<br />
Malencontreusement, du haut des toits, des coups de feu éclatent.<br />
Des Allemands irréductibles? Ou peut-être les miliciens français<br />
de Doriot, <strong>à</strong> la solde des nazis? On se jette <strong>à</strong> terre, il y a des blessés.<br />
L’enthousiasme n’en est pas altéré pour autant. Les chars de Leclerc<br />
parquent dans le jardin des Tuileries, c’est l’occasion d’un chaleureux<br />
tumulte d’échanges… Les bouteilles de derrière les fagots circulent.<br />
Neuf mois plus tard bien entendu, des naissances…<br />
Au bout de peu de temps, bien que soulagés, on déchante…<br />
De sordides règlements de compte surviennent, souvent entre<br />
voisins. Des procès sommaires sont traités par de soi-disant tribunaux<br />
populaires hideux. Un livre circule intitulé «Liste des suspects et des<br />
douteux», ça donne le ton! À la vindicte publique s’ajoute la vanité de