Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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Franck Bridel, célèbre journaliste suisse, ancien correspondant<br />
de presse <strong>à</strong> Paris et <strong>à</strong> Berne, signe dans Le Temps du 19 juin 2007<br />
un article qui m’a captivé car significatif d’une époque. Rappelons<br />
que Franck Bridel a été un temps rédacteur en chef de la Gazette<br />
de <strong>La</strong>usanne. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier<br />
«Le grand chambardement ou les soixante années qui ont changé<br />
la vie» (Slatkine, 2004). Ce livre traite des mutations touchant les<br />
mœurs, les relations humaines, les rapports <strong>à</strong> la cité, le mondialisme<br />
culturel, le triomphe de l’émotionnel… En somme, la vision<br />
d’un monde en proie <strong>à</strong> de rapides et profondes transformations.<br />
Inutile de dire qu’en lisant cet article je me suis senti profondément<br />
concerné puisque l’auteur, né en 1924, est mon strict «contemporain».<br />
Il a vécu les mêmes évènements dans le contexte qui était le sien,<br />
exactement comme de mon côté, je les ai vécus dans le mien: même<br />
perception des évènements touchant <strong>à</strong> la fois la proche avant-guerre,<br />
la guerre et l’après-guerre… Un livre tel qu’on aimerait être capable<br />
d’en écrire un.<br />
Pour en revenir <strong>à</strong> cet article et en le résumant, F.M. Bridel<br />
retrace le cas exceptionnel du jeune Serge Colette, né en 1926,<br />
issu d’une famille nombreuse d’industriels (Citroën notamment),<br />
enfant particulièrement précoce, intelligent et débrouillard, livré<br />
seul <strong>à</strong> la cohue de l’ «exode», monté sur sa drôle de machine, une<br />
«Monoto», sorte de tricycle <strong>à</strong> moteur, biplace, pouvant atteindre 30<br />
km/h! Devant la progression des armées allemandes, la décision de<br />
lui faire quitter Paris avait été prise par sa mère, le père étant mobilisé.<br />
Faisant confiance <strong>à</strong> Serge, mais ignorant totalement la rapidité<br />
extrême de l’invasion (personne ne l’imaginait d’ailleurs), elle lui<br />
confie la responsabilité de rejoindre la famille dans leur propriété des<br />
côtes atlantiques. Dans un premier temps la famille devait rejoindre<br />
Chartres où le grand-père les aurait attendu <strong>à</strong> la descente du train.<br />
Le reste du voyage aurait dû se faire en voiture. <strong>La</strong> raison de la mère<br />
de Serge de lui faire quitter Paris tout seul sur sa Monoto était que la<br />
voiture du grand-père ne pouvait contenir tout le monde et tous les<br />
bagages!... mais aussi sans doute parce qu’on n’avait aucune idée de ce<br />
qui allait suivre (autrefois les armées n’avançaient que lentement au<br />
gré des territoires conquis, perdus, puis reconquis…). C’est ainsi que<br />
Serge, très fier de la confiance qui lui est accordée, part avec son tas de<br />
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