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Une histoire racontée à Sophie - La Flute

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le couple Hertel, pour le thé. Mr. Hertel, robuste alsacien très<br />

germanique, un tantinet germanophile, avait pour femme une<br />

petite maigrichonne qui m’impressionnait par ses cheveux tressés<br />

en forme de coquilles recouvrant ses oreilles de part et d’autre.<br />

Lorsque invités chez eux, leur fils et moi jouions dans le parc du zoo.<br />

Boby restera au zoo jusqu’<strong>à</strong> notre retour de l’exode en juillet 40,<br />

grande fête!... Il ne nous dira rien de ces vacances forcées et je n’aurai<br />

pas le mauvais goût de trop le questionner.<br />

Pour en revenir au lycée d’Orléans, je passe pudiquement sur<br />

le ratage quasi intégral de cette année scolaire. À midi, en ville<br />

d’Orléans, Claude et moi allons manger chez les Martin. Madame<br />

Martin est la sœur de Madame Stussi. Son mari est officier de l’armée<br />

de l’air. Toujours en uniforme impeccable, ce sympathique grattepapier<br />

du ministère de l’air est un petit moustachu, toujours affable,<br />

mais bourré de principes éculés. Le couple a deux enfants, Henri qui<br />

a mon âge et sa jeune sœur Michelle. Le soir parfois, il est trop tard<br />

pour rentrer… Il n’y a d’ailleurs plus de SOAR. De plus, il n’est pas<br />

rare, qu’au son des sirènes, on ait affaire <strong>à</strong> des alertes, fausses le plus<br />

souvent. Pas question de rentrer <strong>à</strong> Sandillon. On couche par terre<br />

une fois les devoirs terminés… Je me souviens d’une dissertation,<br />

oeuvre nocturne faute de pouvoir dormir, qui me vaut, <strong>à</strong> moi l’élève<br />

peccamineux, la seule note prestigieuse de l’année. C’est Monsieur<br />

Leprince, grammairien forcené, professeur de français-latin-grec, un<br />

peu la terreur du lycée, qui me l’a octroyée. Allez comprendre!<br />

L’été ou au printemps, selon le temps, c’est <strong>à</strong> vélo que je me rends<br />

<strong>à</strong> Orléans et que j’en rentre de même. Mais au retour parfois, au<br />

bout de quelques km (et il y en a 11), me voil<strong>à</strong> affamé, en proie <strong>à</strong> des<br />

hallucinations olfactives, celles notamment de salamis divins suscités<br />

par la faim. Et puis le vent de la Loire, toujours dans le mauvais sens!<br />

sauf l’aubaine exceptionnelle d’un vent dans les voiles!<br />

C’est <strong>à</strong> Orléans également qu’aura lieu ma confirmation sous<br />

la houlette d’un pasteur bien sympathique dont j’ai oublié le nom.<br />

On est au printemps, c’est bien avant la débâcle. Tout paraît<br />

calme… Pour l’occasion Sandillon devient un lieu de rendez-vous,<br />

celui de tes grands-parents, des Stussi et des Schobinger.<br />

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