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Une histoire racontée à Sophie - La Flute

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C’est l’occasion d’un retour en arrière, c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>à</strong> l’avantguerre.<br />

Les Stussi, propriétaires <strong>à</strong> Jargeau puis <strong>à</strong> Sandillon, habitent<br />

la banlieue de Paris, au Parc-Saint-Maur, au-del<strong>à</strong> de Vincennes, dans<br />

l’anse de la Marne. Leur maison, située dans un grand jardin, comporte<br />

au sous-sol une immense salle de bain embaumant outrageusement la<br />

lavande… Dieu sait pourquoi cet «outrage» m’a poursuivi, l’ayant<br />

toujours aimé... D’ailleurs j’en utilise encore, celle de la droguerie<br />

Schneiter de Neuchâtel. Les Stussi, amis de mes parents, sont aussi<br />

les amis des Schobinger dont les enfants, Mady et Henri, ont mon<br />

âge. Nous sommes entre «Suisses de l’étranger», entre Glaronnais<br />

même… Monsieur René Stussi est un homme corpulent, sanguin, par<br />

moments colérique, directeur des usines Ovomaltine <strong>à</strong> Champigny<br />

(on ne manquera pas de ce produit pendant toute la guerre).<br />

Sans enfants, les Stussi ont recueilli Claude, devenu leur filleul,<br />

un enfant provenant d’un milieu nécessiteux.<br />

Grand amateur de chasse, Monsieur Stussi pratique ce sport<br />

en fin de semaine en compagnie de Mademoiselle Antoinette, une<br />

grande demoiselle en effet au pif bourbonien, chasseresse forcenée,<br />

affligée de plus d’un «tic» agaçant, se faire craquer les jointures<br />

des doigts tout en parlant… cric-crac… très gentille au demeurant.<br />

Quant <strong>à</strong> Mme Stussi, elle ne chasse pas, mais prépare le retour des<br />

héros. J’ai horreur de la chasse.<br />

Durant la drôle de guerre, plus question de chasse <strong>à</strong> Sandillon.<br />

Céline et sa petite fille, Guy, Claude, et moi y sommes donc confinés,<br />

loin de Paris, «en sécurité». <strong>La</strong> garde des trois chiens de chasse<br />

m’incombe. En cage, ils font pitié, mais où les mettre ailleurs? Je m’en<br />

occupe. Ils me prennent en affection… Je leur apporte leurs gamelles<br />

remplies de la nourriture préparée par Céline. Je les promène aussi,<br />

surtout l’hiver sur le glacis des champs qui mènent aux bords de la<br />

Loire. Ils sont heureux ces chiens et s’ébattent, libres. Curieusement<br />

ces chiens «de chasse», ne chassent pas! Peut-être se doutent-ils que<br />

je n’apprécierais guère. Jamais je n’ai eu d’<strong>histoire</strong>s avec eux. Pour<br />

moi ils compensent un peu la cruelle absence de Boby resté <strong>à</strong> Paris.<br />

Au moment de l’«exode» en effet, Boby s’est vu confié au zoo<br />

du Jardin d’Acclimatation grâce <strong>à</strong> Monsieur Hertel qui en était le<br />

directeur. Avant la guerre déj<strong>à</strong>, certains dimanches, nous fréquentions

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