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Une histoire racontée à Sophie - La Flute

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<strong>La</strong> drôle de guerre. Orléans 1939-40. L’«exode»<br />

Début 1940, la crainte qui plane sur Paris: bombardements,<br />

gaz, invasion, etc… débouche pour Guy et pour moi, ainsi que pour<br />

Claude, l’enfant adoptif de nos amis Stussi, sur la décision de nous<br />

«évacuer» <strong>à</strong> Sandillon, aux bons soins de Céline, la bonne, dont la<br />

petite fille a l’âge de Guy.<br />

Sandillon est un petit village des bords de la Loire, <strong>à</strong> 11 km d’Orléans<br />

dont le lycée m’accueillera pour une petite année scolaire… Cette<br />

année s’avèrera calamiteuse! En effet, l’autocar chargé de la liaison<br />

avec Orléans appartient <strong>à</strong> la compagnie SOAR, «Société Orléanaise<br />

des Autocars Rapides» (sic)… Ils sont tellement rapides qu’on ne les<br />

voit guère passer, ou pas du tout; au mieux avec un retard sidéral.<br />

Cet hiver, dans le bistrot de la place du village en guise d’abri, j’attends<br />

des demi-heures… Les ouvriers défilent au rythme obsédant de leurs<br />

commandes: «un café un marc». Je n’arrive pas <strong>à</strong> me concentrer<br />

sur mon Malet et Isaac (livre d’<strong>histoire</strong> longtemps resté classique).<br />

Inutile de dire qu’au lycée d’Orléans, je passe pour le dernier des<br />

fumistes, et de plus parisiens!... Les punitions pleuvent, jusqu’au<br />

jour où, après enquêtes et vérifications tatillonnes, on voudra bien<br />

prendre au sérieux les petits papiers que je prends la précaution de<br />

faire signer <strong>à</strong> ceux parmi les chauffeurs de car qui le veulent bien.<br />

Ces bouts de papier sont destinés <strong>à</strong> établir la véracité de mes dires.<br />

Ils finiront par être pris au sérieux par la direction, mais après des<br />

semaines, sans enquête sérieuse semble-t-il!<br />

Le cadre de vie <strong>à</strong> Sandillon? <strong>Une</strong> usine désaffectée,<br />

complètement délabrée, séparée de sa modeste «maison de maître»<br />

par une grande cour de béton qui se prête admirablement <strong>à</strong> de<br />

vertigineuses prouesses cyclistes.<br />

Avant la guerre, ladite maison de maître était en fin de semaine le<br />

rendez-vous de chasse des Stussi. Ils ont acquis l’ensemble après avoir<br />

quitté leur petite maison de Jargeau jugée trop exiguë.<br />

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