Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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de presse en est le stéréotype). Et puis il y a la Ligne Maginot... On y<br />
croit bien que la guerre des tranchées soit depuis longtemps dépassée!<br />
De l’autre côté du Rhin et en miroir, la «Ligne Siegfried». En<br />
fait deux «lignes» sont tout aussi bidon l’une que l’autre, mais pour<br />
des raisons différentes! Côté français, une illusion chantée: «nous<br />
irons pendre notre linge sur la Ligne Siegfried». Côté allemand, un<br />
leurre voulu, un attrape-nigaud… Ils nous réservent beaucoup mieux!<br />
Malgré l’optimisme joufflu que traduisent bien d’autres<br />
chansons en vogue, telle que le «Tape ta gamelle et vive Gamelin»<br />
(chanson stupide <strong>à</strong> la gloire du Général Gamelin, chef de l’armée<br />
française), une panique rampante s’installe… On parle de possibles<br />
bombardements sur Paris… On parle aussi de gaz, de l’Ypérite<br />
notamment. Obligatoirement, chacun dans la rue promène son<br />
masque <strong>à</strong> gaz en bandoulière et doit apprendre <strong>à</strong> s’en servir. <strong>Une</strong><br />
atmosphère de méfiance se répand: «Méfiez vous, taisez vous, les<br />
murs et les portes ont des oreilles», disent les affiches. Manière<br />
d’encourager les gens <strong>à</strong> être discret, par crainte d’espionnage certes,<br />
mais aussi par crainte d’actions délétères occultes fomentées par<br />
l’hypothétique «cinquième colonne», une sorte de cheval de Troie<br />
protéiforme qui serait chargé, dit la rumeur, de désorganiser le pays.<br />
D’autres affiches clament «Nous vaincrons parce que nous sommes<br />
les plus forts», prophétie qui s’avérera exacte, mais au bout de cinq<br />
ans seulement, après de terribles épreuves. «Du sang et des larmes<br />
mais la victoire au bout», promet Churchill.<br />
Qu’en est-il de la «cinquième colonne»? <strong>Une</strong> obsession.<br />
Les rumeurs courent. <strong>La</strong> dernière en date laisse entendre qu’il faut<br />
quitter la capitale. Réelle ou fictive, le public s’en saisit. <strong>La</strong> presse<br />
fait caisse de résonance. Ces rumeurs contribueront <strong>à</strong> précipiter la<br />
population sur les routes en juin 40, dans la plus totale des pagaïes.<br />
C’est la «guerre psychologique» de Herr Doktor Goebbels.<br />
Réussite totale puisque au printemps 40, ce sera la «débâcle», celle<br />
de l’armée française, celle du gouvernement en fuite vers Bordeaux<br />
et surtout, «l’exode» des civils livrés pêle-mêle aux bombardements<br />
des Stukas dans le chaos indescriptible des routes!