Une histoire racontée à Sophie - La Flute
Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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<strong>La</strong> discrétion d’autrefois, cette «réserve» voire même cette sorte<br />
de «loi du silence» qu’<strong>à</strong> juste titre aujourd’hui on dénonce n’est-elle<br />
pas en passe de se transformer en un autre culte, celui de l’indiscrétion<br />
obligatoire, celui de la transparence <strong>à</strong> tout prix?... <strong>La</strong> «glasnost», ce<br />
mot qui a fait fortune et dont le sens s’est étendu de la vie politique, <strong>à</strong><br />
la vie publique puis <strong>à</strong> la vie personnelle. <strong>La</strong> loi du «tout sur la table»<br />
ne risque-t-elle pas de se transformer en étalage, en un droit de tout<br />
savoir sur tout le monde? Marie-Hélène Miauton, dans Le Temps,<br />
dénonce cette «tyrannie de la transparence» selon laquelle tout est<br />
bon <strong>à</strong> dire, que le public a le droit de tout savoir sur tout et sur tous<br />
(…). À force d’être montrée, la violence devient banale; <strong>à</strong> force d’être<br />
étalée, la nudité n’éveille plus l’attention (…). Le vice s’apparente<br />
désormais au spectacle, le jeu pervers des médias n’y étant pas<br />
étranger. Ce genre de transparence qu’on prétend salvatrice nuit plus<br />
qu’elle ne sert… Les scandales finissent par paraître ordinaires… Les<br />
consciences s’émoussent…». Serait-ce donc pure hypocrisie de nos<br />
jours que de répéter que «toute vérité n’est pas bonne <strong>à</strong> dire»?<br />
Retour <strong>à</strong> nos moutons. Les Winteler aboutissent finalement<br />
<strong>à</strong> Mollis (Glaris), leur commune d’origine. Bien démunis, tes<br />
arrières grands-parents y sont recueillis… Leurs quatre grands<br />
fils ton grand-père et ses trois demi-frères, Edgar, Emile et Willy<br />
doivent se débrouiller par la force des choses… Ici se glisse une<br />
pensée admirative pour l’ancien système suisse de la «bourgeoisie»<br />
qui fait que l’on reste pour toujours «bourgeois» de sa commune,<br />
même après des décennies d’absence. De nos jours, ce n’est plus<br />
le cas que virtuellement, en raison de la mobilité accrue des gens<br />
et de la disparition du sentiment d’appartenance. De plus, l’évolution<br />
de la société a voulu que les assistés d’aujourd’hui soient pris en<br />
charge par leur commune de domicile, l<strong>à</strong> où ils ont payé leurs impôts.<br />
De Mollis me revient un bien lointain souvenir, celui d’une<br />
rencontre familiale particulièrement animée… L’oncle Edgar<br />
s’en donne <strong>à</strong> cœur joie, il mime et chante une fête villageoise russe<br />
où l’on danse… Il y est question d’une affreuse Jojotte, la petite Sonia<br />
qui doit être rappelée <strong>à</strong> l’ordre: «Sonjka, Sonjka nye smarkaysié<br />
v’zanavieski, ras-dva-tri, ras-dva-tri…» (Petite <strong>Sophie</strong>, petite <strong>Sophie</strong>,<br />
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