Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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toute l’Europe. Mais voil<strong>à</strong>, l’ère des centralisations a sonné en faveur<br />
du regroupement de toutes les institutions publiques de soins sous<br />
le même bonnet, la Croix-Rouge Suisse. Quelques années se passent<br />
en séances de discussions fastidieuses avec des gens qui multiplient<br />
les séances comme pour vous avoir <strong>à</strong> l’usure (Ces technocrates, on le<br />
sait encore mieux de nos jours, n’ont que ça <strong>à</strong> faire, alors que les gens<br />
de métiers ont d’autres chats <strong>à</strong> fouetter). Il n’est pas exclu non plus<br />
qu’aux yeux de la CRS, les psychiatres n’en font que trop <strong>à</strong> leur tête,<br />
échappant ainsi <strong>à</strong> son pouvoir. Pourtant ces négociations finissent par<br />
aboutir positivement. Il faut dire que nous avons joué le jeu, d’abord<br />
pour ne pas envenimer la situation, ensuite dans l’idée qu’en fin de<br />
compte, surgirait un vrai «progrès».<br />
De manière concomitante, et comme par hasard, existait alors<br />
un fort mouvement politisé, dont le but était l’émancipation de<br />
la corporation infirmière, hors des griffes de ces vilains médecins,<br />
«arrogants et tyranniques». Bien sûr, des modifications étaient<br />
justifiées, mais pas forcément liées <strong>à</strong> «l’arrogance» des médecins.<br />
Il était de bon ton cependant de distiller cet argument de manière<br />
répétitive.<br />
Les soins infirmiers deviennent, en effet, de plus en plus<br />
sophistiqués et nécessitent une formation spécifique. Exemple: les<br />
injections et prélèvements par voie veineuse, geste courant pour<br />
les infirmières d’aujourd’hui, étaient autrefois réservés aux seuls<br />
médecins. Ces mêmes médecins apprenaient aux futures infirmières <strong>à</strong><br />
faire des pansements! Aujourd’hui, ce serait plutôt l’inverse!<br />
C’est comme cela, je crois, qu’il faut comprendre le besoin<br />
légitime des infirmières de sortir de leur rôle d’auxiliaire pour se<br />
constituer enfin en un corps de métier, celui que nous connaissons<br />
aujourd’hui. De leur côté, les médecins, absorbés par l’essor rapide<br />
des connaissances, des investigations et des traitements, n’ont sans<br />
doute pas été assez attentifs <strong>à</strong> ces courants d’idées.<br />
<strong>La</strong> CRS exige que la direction des écoles en soins soit confiée <strong>à</strong><br />
une infirmière ou <strong>à</strong> un infirmier. Exigence légitime et généralement<br />
bien comprise. Malheureusement du moins pour ce qui concerne<br />
Neuchâtel pas moyen de trouver un soignant chevronné dans<br />
l’immédiat et désireux d’assumer la fonction. C’est alors que Michel<br />
Guggisberg propose de reprendre cette tâche provisoirement.