Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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De plus, il faut participer aux examens radiologiques (artériographies,<br />
encéphalographies gazeuses…) Un résumé préopératoire sur une<br />
feuille de papier rose (dite «Rote Zusammenfassung») doit être prêt<br />
obligatoirement la veille de l’opération. De même, faut-il assister les<br />
opérateurs certains matins, <strong>à</strong> tour de rôle, dès 7 heures. Les hernies<br />
discales sont légions: c’est le pain quotidien du neurochirurgien.<br />
Les tumeurs cérébrales, les anévrysmes et autres affections<br />
susceptibles d’être opérées sont bien entendu moins fréquents,<br />
mais quasi-quotidiens puisque tout est concentré sur Zürich.<br />
Il m’est donné aussi d’assister aux premiers pas des opérations<br />
stéréotaxiques, notamment pour la maladie de Parkinson, les<br />
médicaments modernes spécifiques n’existant pas encore.<br />
Hugo Kräyenbuhl et ses trois adjoints opèrent… Les assister n’est<br />
pas une sinécure, notamment pas avec HK! Car nous, les assistants<br />
(les petits, les obscurs, les sans grades) préposés aux écarteurs et au<br />
«strom» (cautérisation), on éponge, on écarte, on stromise!… Le tout<br />
sous l’avalanche de prises <strong>à</strong> partie contre l’un ou contre l’autre! On<br />
est des moins que rien… J’admire l’impassibilité des instrumentistes<br />
et des anesthésistes. Je comprends vite qu’il faut «se blinder» et<br />
ne pas prendre pour soi ces «coups de gueule», même si l’on s’en<br />
trouve momentanément la cible, car elles sont surtout émotionnelles,<br />
c’est «le ciel pris <strong>à</strong> partie!». Il faut dire que la plupart des opérations<br />
sont lourdes en charge émotionnelle (surtout les anévrysmes qui<br />
saignent beaucoup). Or Kräyenbuhl est un être sensible et réagissant,<br />
il est d’ailleurs d’une morphologie toute en rondeur. Au demeurant,<br />
le meilleur des hommes, très humain aussi. Je me souviens de ce<br />
que j’appelle «l’effet-HK-du-samedi-matin». Le samedi (jour<br />
annonciateur du repos dominical) est lourd des foudres potentielles<br />
de Zeus-HK… On est l<strong>à</strong> au grand complet, sur le qui-vive, dossiers en<br />
main, prêts <strong>à</strong> répondre. C’est alors que, de lit en lit, s’opère «l’effet<br />
HK», c’est-<strong>à</strong>-dire une approche cordiale et sécurisante pour chaque<br />
malade, ce dernier bénéficiant d’une information personnalisée, d’un<br />
encouragement ponctué souvent d’un bon mot (rien <strong>à</strong> voir avec cette<br />
sorte de gentillesse vide qui sert souvent de masque et de refuge au<br />
médecin devant le malade). L’atmosphère se détend… À l’égard de<br />
ses collaborateurs, HK sait mettre le doigt sur une lacune sans pour