Une histoire racontée à Sophie - La Flute
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deux semestres d’adaptation. A moi d’organiser le comblement de<br />
mes lacunes en fréquentant les cours qui conviennent. Tout se passe<br />
bien et me voil<strong>à</strong>, en 1951, titulaire du diplôme fédéral de médecine<br />
me conférant la qualité curieusement anachronique de «médecinchirurgien».<br />
Genève est alors une ville charmante et gaie! Peu<br />
de voitures, la bicyclette y est vraiment «la petite reine». L’été,<br />
<strong>à</strong> midi, une vraie fourmilière <strong>à</strong> vélos se déverse dans des rues et sur<br />
les quais, en direction des Pâquis pour ceux qui vont pique-niquer<br />
et se baigner avant de retourner au travail.<br />
Peu après mon arrivée <strong>à</strong> Genève en vue des examens finaux<br />
suisse, je fais la connaissance de quelques étudiants genevois. Ils<br />
sont relativement peu nombreux, un peu noyés sous le nombre<br />
d’étudiants américains (la Suisse a encore la cote…). Ce sont surtout<br />
René Victor et Olivier Flournoy. Ce dernier est fils et petit fils de<br />
psychanalystes réputés. Nullement sectaire, Olivier est un ami<br />
charmant. Il fait la preuve d’une grande ouverture d’esprit, mais veut<br />
lui aussi se consacrer <strong>à</strong> la psychanalyse. Discuter avec lui est agréable.<br />
Ses parents m’invitent parfois <strong>à</strong> déjeuner… Quant <strong>à</strong> René Victor<br />
que tout le monde appelle Totor, il me devient très proche par sa<br />
simplicité chaleureuse qui cache en fait beaucoup d’intelligence et de<br />
sensibilité. Il est sociable, invite souvent des amis et leur fait la cuisine.<br />
Il en raffole et mitonne toujours quelque plat hors du commun.<br />
Maman en a gardé la recette du fameux cake anglais de Noël!<br />
Totor m’entraîne un jour en montagne. Partis en train en fin de<br />
matinée, cette course dans les Alpes savoyardes s’avérera mémorable.<br />
Le but <strong>à</strong> atteindre est la Mer de Glace. Au préalable il faut passer la<br />
nuit dans je sais plus quelle cabane. Totor qui connaît bien la région,<br />
décide de prendre un raccourci… Ce raccourci n’en finit pas, il dure,<br />
dure… on n’en voit pas le bout. A la nuit tombante, désorientés,<br />
fatigués, on se réfugie dans une anfractuosité de rocher… On n’a<br />
pas très chaud et l’on somnole… jusqu’<strong>à</strong> l’aurore. <strong>Une</strong> fois repartis,<br />
pas très frais mais rafraîchis, nous tombons sur un incroyable champ<br />
de myrtilles. On s’en gave… Ces myrtilles nous servent de petit<br />
déjeuner. Finalement, au milieu de la journée, on atteint le glacier<br />
convoité, la Mer de Glace. Un piton rocheux en forme de tour de<br />
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