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Physiopathologie de l'ischémie cérébrale - Psychologie - M. Fouchey

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Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />

déjà abordé les effets délétères dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt (fig 9) [35,<br />

47] . Outre la NOS <strong>de</strong> type II, les neurones situés au sein <strong>de</strong> la zone<br />

ischémiée et les polynucléaires activés expriment la cyclooxygénase-2<br />

(COX-2), une enzyme impliquée dans la synthèse <strong>de</strong><br />

radicaux superoxy<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> prostanoï<strong>de</strong>s cytotoxiques (fig 9) [70] . Les<br />

processus inflammatoires post-ischémiques vont ainsi contribuer à<br />

majorer le stress oxydant au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. Ces<br />

réactions inflammatoires pourraient constituer par ailleurs l’une <strong>de</strong>s<br />

voies facilitant le développement <strong>de</strong> l’apoptose, <strong>de</strong>s travaux récents<br />

ayant démontré que l’utilisation d’anticorps antimolécules<br />

d’adhésion permet <strong>de</strong> réduire la mort cellulaire par apoptose au sein<br />

du tissu ischémié [17] . Enfin, il ne faut pas négliger la participation<br />

<strong>de</strong>s cellules inflammatoires au remo<strong>de</strong>lage tissulaire et aux<br />

processus <strong>de</strong> réparation qui se mettent en place dans les jours ou les<br />

semaines suivant l’ischémie. Par la production d’ostéopontine, il<br />

semblerait en effet que les macrophages et les cellules gliales activées<br />

jouent un rôle dans les processus <strong>de</strong> réparation. Cette protéine<br />

favoriserait la migration <strong>de</strong>s astrocytes et <strong>de</strong>s cellules gliales au sein<br />

<strong>de</strong>s tissus ischémiés et en permettrait ainsi la réorganisation [29] . Cet<br />

aspect <strong>de</strong> l’inflammation post-ischémique encore peu exploré<br />

pourrait lui aussi receler d’intéressantes perspectives thérapeutiques.<br />

APOPTOSE ET ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />

L’évolution vers la nécrose ou l’apoptose dépend en partie <strong>de</strong> la<br />

nature et <strong>de</strong> l’intensité du stimulus (activation <strong>de</strong>s récepteurs du<br />

glutamate, surcharge en calcium, radicaux libres, NO, lésions <strong>de</strong> la<br />

mitochondrie, inflammation…) mais aussi du type cellulaire<br />

concerné ainsi que <strong>de</strong> son état <strong>de</strong> développement [57] . Comme nous<br />

l’avons déjà abordé en détail, la nécrose est le mécanisme<br />

prédominant à la phase initiale <strong>de</strong> l’ischémie, alors que l’apoptose<br />

apparaît plus tardivement et siège <strong>de</strong> manière préférentielle au sein<br />

<strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> pénombre [38, 57] . Le développement <strong>de</strong> cette modalité<br />

particulière <strong>de</strong> mort cellulaire est sous la dépendance <strong>de</strong> différents<br />

mécanismes que l’on pourrait classer en mécanismes initiateurs et<br />

effecteurs. L’initiation <strong>de</strong> l’apoptose résulte <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong> gènes<br />

d’expression immédiate dont p53 [38] . L’activation <strong>de</strong> ces gènes sous<br />

l’influence <strong>de</strong> l’hypoxie, <strong>de</strong> la surcharge en calcium, du NO permet<br />

<strong>de</strong> moduler l’expression <strong>de</strong> nombreuses protéines impliquées dans<br />

le développement <strong>de</strong> l’apoptose (fig 10) [13, 38, 83] . On distingue ainsi<br />

<strong>de</strong>s protéines dont l’expression va favoriser le développement <strong>de</strong><br />

l’apoptose (protéines proapoptotiques : Bax, Bid …) et <strong>de</strong>s protéines<br />

qui, au contraire, limitent le développement <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> mort<br />

cellulaire (protéines antiapoptotiques : Bcl-2, Bcl-xL…) [38] . La phase<br />

effectrice <strong>de</strong> l’apoptose est en partie modulée au niveau <strong>de</strong>s<br />

mitochondries et met en jeu <strong>de</strong>ux voies différentes, l’une indirecte<br />

dépendant <strong>de</strong>s caspases (cysteinyl aspartate specific proteinase), l’autre<br />

permettant une fragmentation plus directe <strong>de</strong> l’ADN cellulaire<br />

(fig 10) [83] . L’activation <strong>de</strong> la voie dépendante <strong>de</strong>s caspases nécessite<br />

la libération <strong>de</strong> cytochrome C et l’activation d’un complexe<br />

proapoptotique. Celui-ci associe un facteur activateur <strong>de</strong> l’apoptose<br />

(APAF-1) et la caspase 9. Ce complexe proapoptotique permet le<br />

développement <strong>de</strong> la phase finale <strong>de</strong> l’apoptose par activation <strong>de</strong> la<br />

caspase 3 et d’une ADNase caspase-dépendante (fig 10) [38, 83] . L’autre<br />

voie, plus directe, met en jeu le facteur inducteur <strong>de</strong> l’apoptose (AIF)<br />

libéré par la mitochondrie et capable d’induire la fragmentation <strong>de</strong><br />

l’ADN cellulaire indépendamment <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> toute autre<br />

ADNase (fig 10) [83] . Cette <strong>de</strong>scription simplifiée <strong>de</strong>s processus<br />

concourant au développement <strong>de</strong> l’apoptose ne laisse peut-être pas<br />

apparaître l’extrême complexité <strong>de</strong>s mécanismes mis en jeu au cours<br />

<strong>de</strong> celle-ci. D’une part, il existe <strong>de</strong>s arguments pour une activation<br />

très précoce <strong>de</strong> l’apoptose au cœur <strong>de</strong> l’ischémie par <strong>de</strong>s voies<br />

indépendantes <strong>de</strong> la mitochondrie et <strong>de</strong> la caspase 9 [7] . D’autre part,<br />

plus <strong>de</strong> 12 caspases sont en fait impliquées dans le développement<br />

<strong>de</strong> l’apoptose au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> et ce, tant lors <strong>de</strong><br />

l’initiation <strong>de</strong> celle-ci qu’au moment <strong>de</strong> la mise en jeu <strong>de</strong>s<br />

mécanismes effecteurs [38] . Le développement et la mise au point<br />

d’inhibiteurs <strong>de</strong>s caspases pourraient ouvrir, dans ce contexte,<br />

d’importantes perspectives thérapeutiques.<br />

Caspase-9<br />

Hypoxie - [Ca 2+ ] - NO<br />

Gènes d'expression immédiate (IEG)<br />

p 53, Fas, Jun …<br />

Facteurs proapoptotiques<br />

Bax, Bid …<br />

Procaspase-3 Caspase-3<br />

+ -<br />

Autres éléments à prendre<br />

en considération<br />

Facteurs antiapoptotiques<br />

Bcl-2, Bcl-x L …<br />

Cyt c AIF<br />

APAF-1<br />

Activation <strong>de</strong> l'ADNase<br />

caspase-dépendante<br />

Fragmentation<br />

<strong>de</strong> l'ADN<br />

10 Implication <strong>de</strong> la mitochondrie dans le développement <strong>de</strong> l’apoptose au cours <strong>de</strong><br />

l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. NO : monoxy<strong>de</strong> d’azote ; Cyt c : cytochrome c ; APAF-1 : « apoptosis<br />

activating factor-1 » ; AIF : « apoptosis inducing factor » ; ADN : aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique.<br />

EFFETS DE LA REPERFUSION ET PROBLÈME<br />

PARTICULIER DU « TISSUE PLASMINOGEN<br />

ACTIVATOR » (t-PA)<br />

Si l’on considère l’ischémie <strong>cérébrale</strong> sous l’angle purement<br />

vasculaire, il apparaît évi<strong>de</strong>nt que la reperfusion est un élément<br />

important dans la perspective <strong>de</strong> la limitation <strong>de</strong>s lésions<br />

neurologiques. Les essais <strong>de</strong> fibrinolyse ont été menés dans cet<br />

esprit, menant à une indication restrictive du recombinant-tissue-type<br />

plasminogen activator (rt-PA) aux États-Unis et au Canada et à la<br />

récente autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché <strong>de</strong> ce produit en<br />

Europe [54] . En dépit <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> ce traitement, la reperfusion ne<br />

semble cependant pas avoir que <strong>de</strong>s effets favorables. En raison <strong>de</strong><br />

la correction parfois brutale <strong>de</strong> l’hypoxie secondaire à l’ischémie, la<br />

reperfusion va s’accompagner d’une majoration <strong>de</strong>s processus<br />

oxydatifs. L’ensemble <strong>de</strong>s voies du stress oxydant (tableau I) mises<br />

en jeu au cours <strong>de</strong> l’ischémie vont être ainsi exacerbées, concourant<br />

à la possible aggravation <strong>de</strong>s lésions <strong>cérébrale</strong>s [41] . D’autre part,<br />

l’afflux d’éléments figurés du sang, en particulier <strong>de</strong> leucocytes, va<br />

contribuer au développement <strong>de</strong>s processus inflammatoires et par<br />

conséquent à majorer les lésions du tissu cérébral [78] . Moins connu<br />

est le développement d’anomalies fonctionnelles au sein <strong>de</strong><br />

l’endothélium et <strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires. La<br />

reperfusion peut en effet générer une altération <strong>de</strong> la réactivité<br />

vasculaire au sein <strong>de</strong>s vaisseaux cérébraux, en particulier la perte<br />

du tonus vasculaire, la diminution <strong>de</strong> leurs capacités <strong>de</strong> contraction<br />

à la sérotonine ou encore l’abolition <strong>de</strong> la vasorelaxation<br />

endothélium-dépendante, autant d’éléments à même <strong>de</strong> limiter les<br />

possibilités d’adaptation du débit sanguin cérébral [19] . D’autre part,<br />

la reperfusion <strong>de</strong>s vaisseaux cérébraux va modifier le<br />

fonctionnement d’un canal potassique, le canal Kir 2.1 [4, 64] . Ce canal,<br />

situé au sein <strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires, joue un rôle<br />

essentiel dans les capacités <strong>de</strong> vasodilatation <strong>de</strong>s artères<br />

<strong>cérébrale</strong>s [49, 95] . En <strong>de</strong>hors du problème purement hémodynamique,<br />

l’altération fonctionnelle <strong>de</strong> ce canal ionique lors <strong>de</strong> la reperfusion<br />

est corrélée à l’aggravation <strong>de</strong>s lésions du tissu cérébral,<br />

argumentant ainsi pour l’existence d’une interaction entre la fonction<br />

du vaisseau cérébral et le développement <strong>de</strong>s lésions du<br />

parenchyme au décours <strong>de</strong> l’ischémie [4, 25] . Si ces données<br />

expérimentales éclairent d’un jour nouveau la physiopathologie <strong>de</strong><br />

l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, la répercussion <strong>de</strong> ces anomalies en clinique<br />

humaine <strong>de</strong>meure encore peu explorée. Néanmoins, certaines<br />

publications argumentent pour un rôle possible <strong>de</strong>s anomalies<br />

fonctionnelles <strong>de</strong> la réactivité vasculaire <strong>cérébrale</strong> dans la survenue<br />

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