Physiopathologie de l'ischémie cérébrale - Psychologie - M. Fouchey
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Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />
Tableau I. – Systèmes enzymatiques impliqués dans le stress oxydant au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>.<br />
Enzyme Agents oxydants Activation Ca 2+ Expression Cellules<br />
NO synthase neuronale (NOS I) NO . + Constitutive N<br />
NO synthase inductible (NOS II) NO . - Inductible L, M, A, E<br />
NO synthase endothéliale (NOS III) NO . + Constitutive E<br />
Xanthine déhydrogénase/xanthine<br />
oxydase (XDH/XO)<br />
.- O2 + Constitutive E<br />
Cyclo-oxygénase-1 (COX-1) .- O2 - Constitutive N, A, M, E<br />
Cyclo-oxygénase-2 (COX-2) .- O2 - Inductible N, A, M, E<br />
NADPH oxydase (NADPHO) .- O2 - Constitutive L<br />
Myéloperoxydase HOCl - Constitutive M<br />
Monoamine oxydase H2O2 - Constitutive N, A, E<br />
NO .: radical oxy<strong>de</strong> nitrique ; O 2 .- : anion superoxy<strong>de</strong> ; HOCl : aci<strong>de</strong> hypochlorique ; H2O 2:hydrogène peroxy<strong>de</strong> ; + : activation Ca 2+ -dépendant ; - : activation Ca 2+ -indépendant ; N : neurone ; L : leucocyte ; M : microglie/macrophage ; A :<br />
astrocyte ; E : endothélium.<br />
l’espace synaptique va contribuer à l’augmentation <strong>de</strong> la<br />
concentration intracellulaire en calcium. Parmi les récepteurs du<br />
glutamate, on décrit <strong>de</strong>s récepteurs ionotropiques ou récepteurs<br />
canaux qui sont perméables aux ions Na +, K + et/ou Ca 2+ [68, 85] . Ces<br />
récepteurs sont aussi caractérisés par leur réponse à d’autres agents<br />
pharmacologiques comme le NMDA, l’ a-amino-3-hydroxy-5méthyl-4-isoxazole<br />
propionate (AMPA) ou le kaïnate [27, 85] . Il est par<br />
ailleurs décrit plusieurs récepteurs métabotropiques qui, par<br />
définition, sont couplés à une protéine G et à différents systèmes <strong>de</strong><br />
signalisation intracellulaire, en particulier à la phospholipase C et à<br />
la protéine kinase C [85] . Les données récentes <strong>de</strong> la littérature<br />
montrent que l’activation <strong>de</strong>s récepteurs métabotropiques <strong>de</strong>s<br />
groupes II et III, <strong>de</strong> localisation présynaptique préférentielle,<br />
permettrait d’induire une neuroprotection alors que l’activation <strong>de</strong>s<br />
récepteurs du groupe I, plutôt <strong>de</strong> localisation postsynaptique,<br />
contribuerait à l’aggravation <strong>de</strong>s lésions [27, 85] . La majoration <strong>de</strong>s<br />
lésions <strong>cérébrale</strong>s résulte en partie, dans ce contexte, <strong>de</strong> la libération<br />
massive du Ca 2+ contenu dans le réticulum endoplasmique via<br />
l’activation d’un récepteur spécifique <strong>de</strong> l’inositol triphosphate<br />
(fig 5, 6) [68] .<br />
ŒDÈME ET DÉPOLARISATION PÉRI-INFARCTUS<br />
La dépolarisation membranaire et la mise en jeu <strong>de</strong>s récepteurs<br />
ionotropiques sensibles au glutamate vont s’accompagner d’une<br />
entrée massive d’ions Na + dans les cellules et <strong>de</strong> la sortie d’ions K +<br />
(fig 6). L’entrée d’ions Na + va être associée à un afflux <strong>de</strong> molécules<br />
d’eau responsable d’un œdème cellulaire cytotoxique [1] . La<br />
dépolarisation membranaire contribue par ailleurs à l’activation <strong>de</strong>s<br />
canaux Ca2+ voltage-dépendants (fig 6) et donc à la libération <strong>de</strong><br />
glutamate, concourant ainsi à l’entretien <strong>de</strong>s phénomènes décrits<br />
dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt. La dépolarisation péri-infarctus<br />
correspond quant à elle à la propagation, dans le tissu cérébral, <strong>de</strong><br />
dépolarisations membranaires répétées [46] . Ces dépolarisations périinfarctus<br />
consécutives à la libération <strong>de</strong> glutamate et d’ions K +,<br />
d’abord décrites sur <strong>de</strong>s modèles d’ischémie <strong>cérébrale</strong> expérimentale<br />
chez la souris, le rat et le chat, semblent pouvoir se répéter plusieurs<br />
fois par heure et ce <strong>de</strong> manière prolongée [27] . Il semble que ces<br />
épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dépolarisations puissent avoir un effet délétère sur le<br />
parenchyme cérébral dans la mesure où, chez l’animal, le nombre<br />
<strong>de</strong> ces dépolarisations est corrélé à l’importance <strong>de</strong>s lésions<br />
<strong>cérébrale</strong>s [66] . La contribution réelle <strong>de</strong>s dépolarisations périinfarctus<br />
à la physiopathologie <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> chez l’homme<br />
est cependant beaucoup plus difficile à établir et ce principalement<br />
en raison <strong>de</strong>s difficultés à les détecter tant par les métho<strong>de</strong>s<br />
électrophysiologiques qu’en imagerie fonctionnelle.<br />
NO et ischémie <strong>cérébrale</strong><br />
Le NO, à l’instar du calcium, est un médiateur ubiquitaire impliqué<br />
dans <strong>de</strong> nombreux processus physiologiques ou pathologiques tels<br />
que la vasorelaxation dépendant <strong>de</strong> l’endothélium, la neuro-<br />
transmission au sein <strong>de</strong>s systèmes nerveux central et périphérique<br />
ainsi que l’inflammation et les réponses immunitaires non<br />
spécifiques [13, 47] . Au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, le NO semble<br />
être une cible pharmacologique aux perspectives intéressantes bien<br />
que difficile à mettre en œuvre dans la mesure où le NO peut être,<br />
successivement voire simultanément, le médiateur <strong>de</strong> mécanismes<br />
délétères et protecteurs [47] .<br />
QUELQUES ÉLÉMENTS DE LA PHYSIOLOGIE DU NO<br />
Le NO est synthétisé par oxydation <strong>de</strong> la L-arginine via une enzyme,<br />
la NO synthase (NOS) en présence <strong>de</strong> nombreux cofacteurs tels le<br />
nicotinami<strong>de</strong>-adénine-dinucléoti<strong>de</strong> phosphatase (NADPH) et la<br />
tétrahydrobioptérine [13] . Il existe trois isoformes <strong>de</strong> la NOS dont les<br />
modalités d’activation et <strong>de</strong> localisation sont variables (tableau I). On<br />
décrit <strong>de</strong>ux isoformes dites constitutives, la NOS <strong>de</strong> type I et la NOS<br />
<strong>de</strong> type III, <strong>de</strong> localisation respective neuronale et endothéliale d’où<br />
parfois leur dénomination <strong>de</strong> NOS neuronale et <strong>de</strong> NOS<br />
endothéliale (tableau I). Ces isoformes <strong>de</strong> la NOS ont pour principale<br />
caractéristique d’être activées <strong>de</strong> manière calcium-dépendante [13, 15] .<br />
À l’inverse, l’activation <strong>de</strong> la NOS <strong>de</strong> type II ou NOS inductible est<br />
indépendante du calcium. Cette isoforme <strong>de</strong> la NOS est induite<br />
principalement par les médiateurs <strong>de</strong> l’inflammation telles certaines<br />
cytokines et endotoxines. Cette isoforme est retrouvée dans <strong>de</strong><br />
nombreuses cellules tels les leucocytes, les macrophages, les cellules<br />
gliales, les astrocytes ou encore l’endothélium vasculaire<br />
(tableau I) [13, 15] . Dans les conditions physiologiques, outre son rôle<br />
<strong>de</strong> comédiateur au sein du système nerveux, le NO est impliqué<br />
dans la régulation du débit sanguin cérébral. En effet, le NO produit<br />
par l’endothélium permet une vasodilatation artérielle par relaxation<br />
<strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires après activation <strong>de</strong> la<br />
guanylate cyclase [47] .<br />
DUALITÉ DES EFFETS DU NO<br />
AU COURS DE L’ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />
Effets délétères du NO<br />
Dans les minutes qui suivent le début <strong>de</strong> l’ischémie, la NOS <strong>de</strong> type<br />
I ou NOS neuronale est activée sous l’effet <strong>de</strong> l’augmentation du<br />
calcium intracellulaire (fig 6) [47] . Le NO ainsi produit participe à la<br />
formation <strong>de</strong> radicaux libres (tableau I), en particulier <strong>de</strong><br />
peroxynitrites par combinaison avec l’anion superoxy<strong>de</strong> [6] . Au sein<br />
<strong>de</strong>s cellules neuronales mais aussi endothéliales, ces radicaux libres<br />
sont responsables <strong>de</strong> la peroxydation <strong>de</strong>s lipi<strong>de</strong>s membranaires et<br />
<strong>de</strong> l’oxydation <strong>de</strong>s protéines, contribuant ainsi à la mort cellulaire<br />
(fig 8). Le NO induit par ailleurs une fuite <strong>de</strong> fer du milieu<br />
intracellulaire, fer qui est alors disponible pour la formation <strong>de</strong><br />
nouveaux radicaux libres permettant ainsi l’exacerbation <strong>de</strong> la<br />
peroxydation lipidique [39] . Après quelques heures, c’est la NOS <strong>de</strong><br />
type II qui se trouve induite sous l’effet <strong>de</strong>s médiateurs <strong>de</strong><br />
l’inflammation [13, 47] . L’augmentation <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> cette NOS<br />
inductible, en particulier dans les cellules astrocytaires et gliales,<br />
l’endothélium vasculaire et les macrophages, conduit là encore à la<br />
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