Physiopathologie de l'ischémie cérébrale - Psychologie - M. Fouchey
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Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />
Mécanisme embolique<br />
Le mécanisme embolique, surtout évoqué par l’apparition brutale<br />
du déficit neurologique, semble être le plus souvent impliqué dans<br />
la pathogénie <strong>de</strong>s infarctus cérébraux [74] . Il peut s’agir d’une embolie<br />
fibrinoplaquettaire à partir d’un thrombus blanc résultant <strong>de</strong><br />
l’adhésion <strong>de</strong>s plaquettes sur la plaque d’athérosclérose, d’une<br />
embolie fibrinocruorique provenant <strong>de</strong> la fragmentation d’un<br />
thrombus mural à partir d’une plaque d’athérosclérose ulcérée, d’un<br />
thrombus formé dans une cavité cardiaque ou encore, ce qui est plus<br />
rare, <strong>de</strong> la migration à travers un foramen ovale perméable d’un<br />
thrombus veineux profond [8] . Il peut s’agir aussi d’une embolie <strong>de</strong><br />
cholestérol provenant du contenu athéromateux <strong>de</strong> la plaque,<br />
migrant dans la circulation à l’occasion <strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong> celle-ci,<br />
d’une exceptionnelle embolie calcaire à partir d’un rétrécissement<br />
aortique calcifié ou encore <strong>de</strong> l’embolie <strong>de</strong> matériel septique dans le<br />
cadre d’une endocardite infectieuse. Enfin, il faut signaler la<br />
possibilité là encore exceptionnelle d’embolie artérielle <strong>de</strong> cellules<br />
néoplasiques à partir d’un néoplasme profond ou d’une tumeur<br />
intracardiaque tel un myxome. En imagerie, il est habituel <strong>de</strong><br />
considérer que les infarctus cérébraux consécutifs à un mécanisme<br />
embolique sont plus volontiers <strong>de</strong>s infarctus touchant le territoire<br />
<strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s grosses artères intracrâniennes (sylvienne, <strong>cérébrale</strong><br />
antérieure, <strong>cérébrale</strong> postérieure...) [77] . Ceci n’a cependant aucun<br />
caractère exclusif, il faut en effet gar<strong>de</strong>r à l’esprit que le diagnostic<br />
du mécanisme, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’imagerie, reste basé sur un faisceau<br />
d’arguments cliniques ainsi que sur les résultats <strong>de</strong>s explorations<br />
vasculaires.<br />
Mécanisme hémodynamique<br />
L’acci<strong>de</strong>nt hémodynamique est lui surtout évoqué lorsque la<br />
symptomatologie neurologique déficitaire est fluctuante, en<br />
particulier lorsque cette fluctuation clinique est corrélée aux<br />
changements <strong>de</strong> position (lever brusque, passage en station assise)<br />
ou si elle est associée à une diminution <strong>de</strong> la pression artérielle, et<br />
ce, quelle qu’en soit la cause. Ce type <strong>de</strong> mécanisme s’observe<br />
parfois en cas <strong>de</strong> rétrécissement sévère d’une grosse artère à <strong>de</strong>stinée<br />
<strong>cérébrale</strong>, que ce rétrécissement soit d’origine athéromateuse ou non<br />
comme c’est le cas lors <strong>de</strong> certaines dissections artérielles [9, 62] .Ilest<br />
par ailleurs possible que ce type <strong>de</strong> mécanisme soit mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
lors d’infarctus en rapport avec un hémodétournement tel par<br />
exemple un vol sous-clavier ou encore à l’occasion d’un choc<br />
cardiogénique [86] . En <strong>de</strong>hors d’infarctus siégeant dans le territoire<br />
<strong>de</strong>s gros vaisseaux, ce type <strong>de</strong> mécanisme serait plutôt responsable<br />
du développement d’infarctus jonctionnels, à savoir <strong>de</strong>s infarctus<br />
touchant <strong>de</strong> manière préférentielle la jonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux territoires<br />
artériels (jonction du territoire antérieur <strong>de</strong> l’artère sylvienne et celui<br />
<strong>de</strong> l’artère <strong>cérébrale</strong> antérieure par exemple) [9] . Les infarctus<br />
consécutifs à un choc cardiogénique sont, quant à eux, plus<br />
volontiers <strong>de</strong>s infarctus bilatéraux, parfois <strong>de</strong> type jonctionnel ou<br />
encore touchant préférentiellement les noyaux gris centraux [28] .<br />
Atteinte <strong>de</strong>s artères perforantes<br />
L’atteinte <strong>de</strong>s artères perforantes est le plus souvent consécutive à<br />
une pathologie <strong>de</strong> la paroi artérielle sous la forme d’une<br />
lipohyalinose dans le contexte d’une hypertension artérielle ou d’un<br />
diabète [94] . La pathologie <strong>de</strong> ces petites artères se traduit<br />
cliniquement par le développement <strong>de</strong> lésions ischémiques dites<br />
lacunaires (infarctus cérébraux <strong>de</strong> petite taille) ou par la survenue<br />
d’hémorragies profon<strong>de</strong>s. Il semblerait que l’infarctus soit déterminé<br />
par l’obturation <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s branches perforantes profon<strong>de</strong>s mais<br />
le mécanisme précis <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> tels infarctus <strong>de</strong>meure<br />
encore discuté [44] . Le diagnostic peut cependant être orienté par la<br />
symptomatologie clinique où <strong>de</strong> nombreux syndromes plus ou<br />
moins spécifiques ont été décris [32] . Chez certains patients, ces<br />
lésions lacunaires peuvent être multiples. Dans ce contexte, la<br />
survenue d’une nouvelle lésion est parfois <strong>de</strong> diagnostic difficile, les<br />
séquences d’IRM <strong>de</strong> diffusion permettraient là encore d’en faciliter<br />
le dépistage [82] .<br />
Cœur Pénombre<br />
Dépolarisation<br />
Excitotoxicité<br />
Autres mécanismes<br />
Inflammation post-ischémique<br />
Minutes Heures Jours<br />
Apoptose<br />
Temps<br />
4 Évolution dans l’espace et au cours du temps <strong>de</strong>s mécanismes impliqués dans l’ischémie<br />
<strong>cérébrale</strong>.<br />
Parmi les mécanismes évoqués lors <strong>de</strong> la survenue d’un infarctus<br />
cérébral, <strong>de</strong>ux autres doivent encore être discutés. D’une part, le<br />
spasme artériel, qui complique fréquemment les hémorragies<br />
méningées, est une cause d’infarctus cérébral chez les patients ayant<br />
présenté une rupture <strong>de</strong> malformation vasculaire <strong>cérébrale</strong>. Dans ce<br />
contexte, la mise en jeu <strong>de</strong> vasoconstricteurs puissants comme<br />
l’endothéline a été évoquée [21] . Enfin, un état d’hyperviscosité<br />
sanguine, secondaire par exemple à un syndrome polyglobulique<br />
ou à la présence d’une protéine monoclonale anormale en gran<strong>de</strong><br />
quantité dans le sang peut constituer un facteur favorisant ou<br />
aggravant parfois discuté [34] . Si le mécanisme responsable <strong>de</strong><br />
l’infarctus cérébral va gui<strong>de</strong>r la conduite à tenir thérapeutique, en<br />
particulier la mise en place <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> prévention<br />
secondaire, le développement <strong>de</strong> traitements neuroprotecteurs,<br />
éventuellement utilisables à la phase aiguë <strong>de</strong> l’infarctus cérébral,<br />
reste actuellement conditionné par la nature <strong>de</strong>s lésions à l’échelon<br />
cellulaire et moléculaire [27, 68] .<br />
PRINCIPAUX MÉCANISMES CELLULAIRES MIS EN JEU<br />
AU COURS DE L’ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />
Les travaux réalisés ces <strong>de</strong>rnières années ont permis <strong>de</strong> montrer que<br />
les lésions du tissu cérébral consécutives à l’ischémie étaient la<br />
résultante <strong>de</strong> nombreux mécanismes intriqués et évolutifs dans le<br />
temps ainsi que dans leur localisation (fig 4). En effet, le cœur <strong>de</strong><br />
l’ischémie, c’est-à-dire la zone <strong>de</strong> tissu cérébral où la diminution du<br />
débit sanguin et la privation énergétique sont les plus précoces et le<br />
plus sévère, est le siège d’une nécrose tissulaire. Cette forme<br />
particulière <strong>de</strong> mort cellulaire, aux caractéristiques<br />
anatomopathologiques spécifiques (gonflement <strong>de</strong>s organites<br />
intracellulaires et du cytoplasme, lyse osmotique, extrusion du<br />
contenu cellulaire dans l’espace extracellulaire) [63] , se développe<br />
rapi<strong>de</strong>ment au décours <strong>de</strong> l’ischémie et met en jeu <strong>de</strong>s processus<br />
pathologiques au sein du cytoplasme cellulaire. Parmi ces <strong>de</strong>rniers,<br />
il convient <strong>de</strong> citer l’excitotoxicité médiée par le calcium et le<br />
glutamate ainsi que les phénomènes <strong>de</strong> dépolarisation péri-infarctus<br />
(fig 4) [46, 53] . Au sein <strong>de</strong> la zone dite <strong>de</strong> pénombre, celle où persiste<br />
un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfusion du tissu cérébral, la mort cellulaire<br />
résulte principalement d’un processus particulier, l’apoptose (fig 4).<br />
Ce type <strong>de</strong> mort cellulaire se différencie <strong>de</strong> la nécrose par ses aspects<br />
anatomopathologiques (con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> la chromatine,<br />
fragmentation <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique (ADN), convolution<br />
<strong>de</strong>s membranes cytoplasmique et nucléaire, rétraction cellulaire)<br />
ainsi que par son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement [38] . L’apoptose est un<br />
mécanisme <strong>de</strong> mort cellulaire qui s’est développé avec la naissance<br />
<strong>de</strong>s organismes multicellulaires et constitue, en quelque sorte, un<br />
suici<strong>de</strong> qui permet la construction d’un système multicellulaire.<br />
Dans cette <strong>de</strong>scription initiale, l’apoptose est un phénomène<br />
physiologique que l’on retrouve à travers toute la phylogénie. Cette<br />
forme particulière <strong>de</strong> mort cellulaire programmée résulte en fait <strong>de</strong><br />
la modulation permanente <strong>de</strong> nombreux gènes codant pour <strong>de</strong>s<br />
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