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Physiopathologie de l'ischémie cérébrale - Psychologie - M. Fouchey

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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-045-A-80<br />

<strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong><br />

D Deplanque<br />

Introduction<br />

Résumé. – Les travaux <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années ont permis <strong>de</strong> véritables avancées dans le domaine <strong>de</strong> la<br />

physiopathologie <strong>de</strong>s infarctus cérébraux. Les mécanismes vasculaires à l’origine <strong>de</strong> l’occlusion artérielle sont<br />

mieux connus, <strong>de</strong> même que les mécanismes cellulaires et moléculaires. Ces <strong>de</strong>rniers, variables au cours du<br />

temps et dans leur localisation, mettent en jeu <strong>de</strong> manière intriquée <strong>de</strong>s mécanismes précoces tels que<br />

l’excitotoxicité et les dépolarisations péri-infarctus, et <strong>de</strong>s mécanismes plus tardifs tels que l’inflammation<br />

post-ischémique et l’apoptose. La reperfusion, bien que souhaitable dans certaines conditions, apparaît elle<br />

aussi comme un mécanisme susceptible <strong>de</strong> majorer les lésions ischémiques <strong>cérébrale</strong>s par l’intermédiaire <strong>de</strong> la<br />

majoration du stress oxydant, <strong>de</strong>s processus inflammatoires ou encore via le développement d’anomalies<br />

fonctionnelles vasculaires. L’extrême complexité <strong>de</strong> ces mécanismes et les limites <strong>de</strong>s différents modèles<br />

expérimentaux utilisés permettent <strong>de</strong> rendre compte en partie <strong>de</strong>s difficultés à mettre au point <strong>de</strong>s traitements<br />

efficaces. Néanmoins, <strong>de</strong> nombreuses cibles pharmacologiques <strong>de</strong>meurent à explorer, rendant nécessaires la<br />

poursuite <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherche sur l’animal ainsi que le développement d’outils pour une meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong> la physiopathologie <strong>de</strong>s infarctus cérébraux chez l’homme.<br />

© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.<br />

Mots-clés : infarctus cérébral, physiopathologie, excitotoxicité, dépolarisation péri-infarctus, stress oxydant,<br />

inflammation, apoptose, reperfusion, modèles animaux, neuroprotection.<br />

Les acci<strong>de</strong>nts vasculaires cérébraux constituent l’un <strong>de</strong>s principaux<br />

problèmes <strong>de</strong> santé publique dans les pays industrialisés. Ils y<br />

représentent la troisième cause <strong>de</strong> mortalité après les maladies<br />

coronariennes et les cancers et sont par ailleurs la première cause <strong>de</strong><br />

handicap chez l’adulte [11] . Cette pathologie, dont l’inci<strong>de</strong>nce en<br />

France est estimée entre 2 et 3 pour 1 000 habitants et par an (100 000<br />

à 150 000 nouveaux cas chaque année), est dans près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s<br />

cas consécutive à une ischémie [36] . À la différence <strong>de</strong> l’ischémie<br />

myocardique où l’athérome représente la principale, voire l’unique<br />

cause, la pathologie ischémique <strong>cérébrale</strong>, beaucoup plus<br />

hétérogène, résulte <strong>de</strong> mécanismes vasculaires variés. Comme nous<br />

le discutons dans cette revue, la physiopathologie <strong>de</strong> l’ischémie<br />

<strong>cérébrale</strong> ne peut se résumer à la simple occlusion d’une artère et à<br />

la seule diminution du débit sanguin cérébral. Les travaux <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rnières années ont en effet permis <strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r<br />

l’extrême diversité <strong>de</strong>s mécanismes cellulaires et moléculaires mis<br />

en jeu au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. Comme nous le détaillons,<br />

l’intrication importante <strong>de</strong>s mécanismes tels que l’excitotoxicité,<br />

l’inflammation post-ischémique ou encore l’apoptose permet en<br />

partie <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong>s difficultés à mettre au point <strong>de</strong>s agents<br />

pharmacologiques à même <strong>de</strong> limiter la sévérité <strong>de</strong>s lésions<br />

<strong>cérébrale</strong>s ischémiques. L’échec <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> neuroprotection<br />

telles qu’évaluées jusqu’à présent en clinique ne doit cependant pas<br />

pour autant mener à l’interruption <strong>de</strong>s travaux dans ce domaine. La<br />

meilleure connaissance <strong>de</strong>s mécanismes sous-tendant la mort<br />

Dominique Deplanque : Maître <strong>de</strong> conférences <strong>de</strong>s Universités, praticien hospitalier, laboratoire <strong>de</strong><br />

pharmacologie, faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, 1, place <strong>de</strong> Verdun, 59045 Lille ce<strong>de</strong>x, France, service <strong>de</strong> neurologie et<br />

pathologies neurovasculaires, hôpital Roger Salengro, centre hospitalier régional universitaire <strong>de</strong> Lille,<br />

59037 Lille ce<strong>de</strong>x, France.<br />

cellulaire au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> <strong>de</strong>meure en effet une<br />

étape indispensable à l’élaboration <strong>de</strong> nouvelles stratégies<br />

thérapeutiques.<br />

Du vaisseau aux mécanismes<br />

cellulaires <strong>de</strong> l’ischémie<br />

17-045-A-80<br />

PHYSIOLOGIE DE LA CIRCULATION CÉRÉBRALE<br />

Vascularisation <strong>cérébrale</strong><br />

La vascularisation <strong>cérébrale</strong> est assurée par les artères caroti<strong>de</strong>s et le<br />

système vertébrobasilaire. On décrit, sous le terme <strong>de</strong> polygone<br />

artériel <strong>de</strong> Willis (fig 1), un réseau anastomotique plus ou moins<br />

développé selon les individus. Dans sa forme normale et complète,<br />

retrouvée chez près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s sujets, ce réseau est constitué en<br />

avant par la réunion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux artères <strong>cérébrale</strong>s antérieures via<br />

l’artère communicante antérieure et en arrière, par la réunion entre<br />

système carotidien et système vertébrobasilaire via les artères<br />

communicantes postérieures (fig 1) [55] . D’autres réseaux<br />

anastomotiques sont décrits, en particulier à la partie la plus distale<br />

<strong>de</strong>s territoires artériels ainsi qu’entre les artères caroti<strong>de</strong>s et<br />

vertébrales et les nombreuses collatérales <strong>de</strong> la caroti<strong>de</strong> externe. Par<br />

ailleurs, <strong>de</strong> nombreuses branches pénétrantes ou perforantes<br />

permettent la vascularisation <strong>de</strong>s territoires cérébraux profonds [55] .<br />

Cette organisation en réseaux <strong>de</strong>s artères <strong>cérébrale</strong>s contribue, dans<br />

une certaine mesure, à la protection du cerveau au cours <strong>de</strong>s<br />

épiso<strong>de</strong>s d’ischémie.<br />

Débit sanguin cérébral<br />

Le cerveau, dépourvu <strong>de</strong> réserves d’oxygène et <strong>de</strong> glucose, est<br />

fortement dépendant <strong>de</strong>s apports extérieurs en substrats<br />

Toute référence à cet article doit porter la mention : Deplanque D. <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous roits réservés), Neurologie, 17-045-A-80,<br />

2003, 10 p.


17-045-A-80 <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> Neurologie<br />

3<br />

2<br />

4<br />

1<br />

1 Représentation schématique du polygone artériel <strong>de</strong> Willis. 1. Artère communicante<br />

antérieure ; 2. artère sylvienne ; 3. artère caroti<strong>de</strong> interne ; 4. artère <strong>cérébrale</strong> postérieure<br />

; 5. artère vertébrale ; 6. tronc basilaire ; 7. artère communicante postérieure ;<br />

8. artère <strong>cérébrale</strong> antérieure.<br />

50<br />

DSC (mL/min/100 g)<br />

Conditions physiologiques<br />

Ischémie <strong>cérébrale</strong><br />

50<br />

énergétiques et par conséquent fortement dépendant du débit<br />

sanguin. Le débit sanguin cérébral se définit par le rapport entre la<br />

pression <strong>de</strong> perfusion <strong>cérébrale</strong> (PPC) et la résistance vasculaire<br />

<strong>cérébrale</strong> (RVC). La PPC est la différence entre la pression artérielle<br />

à l’entrée et la pression veineuse <strong>cérébrale</strong>, celle-ci étant négligeable<br />

dans les conditions physiologiques, la PPC peut être assimilée à la<br />

pression artérielle. La RVC résulte, quant à elle, <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

forces qui s’opposent au passage du flot sanguin dans les vaisseaux<br />

(pression intracrânienne, viscosité du sang, état du lit vasculaire,<br />

tonus vasculaire). Dans les conditions physiologiques, la RVC<br />

dépend principalement du calibre <strong>de</strong>s artères et artérioles<br />

<strong>cérébrale</strong>s [14] . Chez l’adulte, le débit sanguin cérébral normal est en<br />

moyenne <strong>de</strong> 50 mL/min/100 g <strong>de</strong> tissu cérébral. Le terme<br />

d’autorégulation désigne la possibilité <strong>de</strong> maintenir constant le débit<br />

sanguin cérébral en dépit <strong>de</strong> variations <strong>de</strong> la pression <strong>de</strong> perfusion<br />

et ce pour <strong>de</strong>s valeurs situées entre 50 et 150 mmHg (fig 2) [73] .En<br />

<strong>de</strong>çà ou au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces valeurs ou dans une situation d’ischémie, le<br />

débit sanguin cérébral est directement proportionnel à la pression<br />

<strong>de</strong> perfusion (fig 2). La régulation du débit sanguin cérébral est ainsi<br />

dépendante <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> vasodilatation et <strong>de</strong> vasoconstriction<br />

<strong>de</strong>s artères <strong>cérébrale</strong>s. De nombreux mécanismes peuvent être mis<br />

en jeu tels que la libération <strong>de</strong> molécules vasodilatatrices comme le<br />

monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO), vasoconstrictrices comme l’endothéline ou<br />

encore l’activation <strong>de</strong> canaux potassiques situés au sein <strong>de</strong>s cellules<br />

musculaires lisses vasculaires [12] . Il convient <strong>de</strong> citer par ailleurs les<br />

effets <strong>de</strong> la variation du pH, <strong>de</strong> la pression partielle en CO 2 et en O 2<br />

ainsi que le rôle <strong>de</strong> l’innervation sympathique et parasympathique<br />

[12] . L’ensemble <strong>de</strong> ces facteurs qui concourent à la variation <strong>de</strong>s<br />

6<br />

8<br />

5<br />

7<br />

PPC<br />

(mmHg)<br />

2 Variations du débit sanguin cérébral (DSC) dans les conditions physiologiques et<br />

au cours <strong>de</strong> l’ischémie. PPC : pression <strong>de</strong> perfusion <strong>cérébrale</strong>.<br />

2<br />

150<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

DSC mL/min/100g<br />

Pénombre<br />

Tissu normal<br />

Mort neuronale<br />

Temps<br />

3 Évolution au cours du temps <strong>de</strong> la pénombre ischémique. DSC : débit sanguin cérébral.<br />

résistances vasculaires permet <strong>de</strong> constituer une véritable réserve<br />

sanguine rapi<strong>de</strong>ment disponible. Le cerveau possè<strong>de</strong> aussi la<br />

capacité d’améliorer l’extraction <strong>de</strong> l’oxygène du sang qui, à l’état<br />

basal, n’est pas maximale. Cette capacité d’extraction <strong>de</strong> l’oxygène<br />

peut ainsi être rapi<strong>de</strong>ment portée à 100 %, permettant <strong>de</strong> compenser,<br />

au moins dans un premier temps, la diminution pathologique du<br />

débit sanguin cérébral [81] .<br />

INFARCTUS CÉRÉBRAL ET PÉNOMBRE ISCHÉMIQUE<br />

L’infarctus cérébral est la résultante d’une diminution puis <strong>de</strong> l’arrêt<br />

<strong>de</strong> la perfusion du tissu cérébral ainsi que du dépassement <strong>de</strong>s<br />

capacités <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> suppléance. À l’échelon individuel, la<br />

gravité <strong>de</strong> l’expression clinique d’une occlusion artérielle est donc<br />

fortement dépendante d’une part <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s réseaux<br />

anastomotiques et d’autre part <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> régulation du débit<br />

sanguin cérébral. En dépit <strong>de</strong> la mise en jeu <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong><br />

protection préalablement décrits, une altération fonctionnelle du<br />

métabolisme cellulaire apparaît dès que le débit sanguin cérébral est<br />

inférieur à 22 mL/min/100 g <strong>de</strong> cerveau [45] . En cas d’occlusion<br />

artérielle, on distingue un centre d’ischémie <strong>de</strong>nse au sein duquel le<br />

débit sanguin est inférieur à 10 mL/min/100 g et au pourtour, une<br />

zone <strong>de</strong> tissu avec un débit intermédiaire entre 18 et<br />

10 mL/min/100 g. Cette zone, désignée sous le terme <strong>de</strong> pénombre<br />

ischémique, correspond à la partie du tissu cérébral ischémié où le<br />

débit sanguin est insuffisant pour maintenir un fonctionnement<br />

cellulaire normal, la survie cellulaire y <strong>de</strong>meurant cependant assurée<br />

dans un premier temps (fig 3) [2] . À l’électroencéphalogramme (EEG)<br />

et sur les potentiels évoqués corticaux, on note un silence électrique<br />

complet, réversible à condition que le flux artériel soit rétabli [45] .En<br />

imagerie par résonance magnétique (IRM), les données récentes <strong>de</strong><br />

la littérature suggèrent que la différence entre les anomalies en<br />

imagerie <strong>de</strong> perfusion et celles en imagerie <strong>de</strong> diffusion puisse être<br />

représentative <strong>de</strong> cette zone <strong>de</strong> pénombre, constituant peut-être un<br />

marqueur <strong>de</strong> choix pour la sélection <strong>de</strong>s patients les plus à même<br />

<strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> traitement comme la fibrinolyse [67] . En <strong>de</strong>çà <strong>de</strong><br />

10 mL/min/100 g <strong>de</strong> cerveau, la zone d’oligémie maximale tolérable<br />

est atteinte. Si cet état d’oligémie se prolonge plus <strong>de</strong> quelques<br />

dizaines <strong>de</strong> minutes, le tissu cérébral évolue vers un état <strong>de</strong> mort<br />

cellulaire (fig 3) [42] . De même, la mort cellulaire survient lorsque le<br />

débit sanguin cérébral est maintenu plus <strong>de</strong> 3 minutes à moins <strong>de</strong><br />

10 mL/min/100 g <strong>de</strong> cerveau [2] . L’IRM <strong>de</strong> diffusion pourrait<br />

s’avérer là encore un outil remarquable pour évaluer précocement<br />

la mort neuronale [67] .<br />

DIVERSITÉ DES MÉCANISMES VASCULAIRES<br />

À L’ORIGINE D’UN INFARCTUS CÉRÉBRAL<br />

La diminution du débit sanguin cérébral à l’origine du<br />

développement <strong>de</strong> lésions ischémiques, voire d’un infarctus cérébral,<br />

peut résulter <strong>de</strong> causes et <strong>de</strong> mécanismes divers. Trois mécanismes<br />

principaux sont à retenir : le mécanisme embolique artérioartériel<br />

ou d’origine cardiaque, le mécanisme hémodynamique et l’atteinte<br />

<strong>de</strong>s artères perforantes.


Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />

Mécanisme embolique<br />

Le mécanisme embolique, surtout évoqué par l’apparition brutale<br />

du déficit neurologique, semble être le plus souvent impliqué dans<br />

la pathogénie <strong>de</strong>s infarctus cérébraux [74] . Il peut s’agir d’une embolie<br />

fibrinoplaquettaire à partir d’un thrombus blanc résultant <strong>de</strong><br />

l’adhésion <strong>de</strong>s plaquettes sur la plaque d’athérosclérose, d’une<br />

embolie fibrinocruorique provenant <strong>de</strong> la fragmentation d’un<br />

thrombus mural à partir d’une plaque d’athérosclérose ulcérée, d’un<br />

thrombus formé dans une cavité cardiaque ou encore, ce qui est plus<br />

rare, <strong>de</strong> la migration à travers un foramen ovale perméable d’un<br />

thrombus veineux profond [8] . Il peut s’agir aussi d’une embolie <strong>de</strong><br />

cholestérol provenant du contenu athéromateux <strong>de</strong> la plaque,<br />

migrant dans la circulation à l’occasion <strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong> celle-ci,<br />

d’une exceptionnelle embolie calcaire à partir d’un rétrécissement<br />

aortique calcifié ou encore <strong>de</strong> l’embolie <strong>de</strong> matériel septique dans le<br />

cadre d’une endocardite infectieuse. Enfin, il faut signaler la<br />

possibilité là encore exceptionnelle d’embolie artérielle <strong>de</strong> cellules<br />

néoplasiques à partir d’un néoplasme profond ou d’une tumeur<br />

intracardiaque tel un myxome. En imagerie, il est habituel <strong>de</strong><br />

considérer que les infarctus cérébraux consécutifs à un mécanisme<br />

embolique sont plus volontiers <strong>de</strong>s infarctus touchant le territoire<br />

<strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s grosses artères intracrâniennes (sylvienne, <strong>cérébrale</strong><br />

antérieure, <strong>cérébrale</strong> postérieure...) [77] . Ceci n’a cependant aucun<br />

caractère exclusif, il faut en effet gar<strong>de</strong>r à l’esprit que le diagnostic<br />

du mécanisme, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’imagerie, reste basé sur un faisceau<br />

d’arguments cliniques ainsi que sur les résultats <strong>de</strong>s explorations<br />

vasculaires.<br />

Mécanisme hémodynamique<br />

L’acci<strong>de</strong>nt hémodynamique est lui surtout évoqué lorsque la<br />

symptomatologie neurologique déficitaire est fluctuante, en<br />

particulier lorsque cette fluctuation clinique est corrélée aux<br />

changements <strong>de</strong> position (lever brusque, passage en station assise)<br />

ou si elle est associée à une diminution <strong>de</strong> la pression artérielle, et<br />

ce, quelle qu’en soit la cause. Ce type <strong>de</strong> mécanisme s’observe<br />

parfois en cas <strong>de</strong> rétrécissement sévère d’une grosse artère à <strong>de</strong>stinée<br />

<strong>cérébrale</strong>, que ce rétrécissement soit d’origine athéromateuse ou non<br />

comme c’est le cas lors <strong>de</strong> certaines dissections artérielles [9, 62] .Ilest<br />

par ailleurs possible que ce type <strong>de</strong> mécanisme soit mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

lors d’infarctus en rapport avec un hémodétournement tel par<br />

exemple un vol sous-clavier ou encore à l’occasion d’un choc<br />

cardiogénique [86] . En <strong>de</strong>hors d’infarctus siégeant dans le territoire<br />

<strong>de</strong>s gros vaisseaux, ce type <strong>de</strong> mécanisme serait plutôt responsable<br />

du développement d’infarctus jonctionnels, à savoir <strong>de</strong>s infarctus<br />

touchant <strong>de</strong> manière préférentielle la jonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux territoires<br />

artériels (jonction du territoire antérieur <strong>de</strong> l’artère sylvienne et celui<br />

<strong>de</strong> l’artère <strong>cérébrale</strong> antérieure par exemple) [9] . Les infarctus<br />

consécutifs à un choc cardiogénique sont, quant à eux, plus<br />

volontiers <strong>de</strong>s infarctus bilatéraux, parfois <strong>de</strong> type jonctionnel ou<br />

encore touchant préférentiellement les noyaux gris centraux [28] .<br />

Atteinte <strong>de</strong>s artères perforantes<br />

L’atteinte <strong>de</strong>s artères perforantes est le plus souvent consécutive à<br />

une pathologie <strong>de</strong> la paroi artérielle sous la forme d’une<br />

lipohyalinose dans le contexte d’une hypertension artérielle ou d’un<br />

diabète [94] . La pathologie <strong>de</strong> ces petites artères se traduit<br />

cliniquement par le développement <strong>de</strong> lésions ischémiques dites<br />

lacunaires (infarctus cérébraux <strong>de</strong> petite taille) ou par la survenue<br />

d’hémorragies profon<strong>de</strong>s. Il semblerait que l’infarctus soit déterminé<br />

par l’obturation <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s branches perforantes profon<strong>de</strong>s mais<br />

le mécanisme précis <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> tels infarctus <strong>de</strong>meure<br />

encore discuté [44] . Le diagnostic peut cependant être orienté par la<br />

symptomatologie clinique où <strong>de</strong> nombreux syndromes plus ou<br />

moins spécifiques ont été décris [32] . Chez certains patients, ces<br />

lésions lacunaires peuvent être multiples. Dans ce contexte, la<br />

survenue d’une nouvelle lésion est parfois <strong>de</strong> diagnostic difficile, les<br />

séquences d’IRM <strong>de</strong> diffusion permettraient là encore d’en faciliter<br />

le dépistage [82] .<br />

Cœur Pénombre<br />

Dépolarisation<br />

Excitotoxicité<br />

Autres mécanismes<br />

Inflammation post-ischémique<br />

Minutes Heures Jours<br />

Apoptose<br />

Temps<br />

4 Évolution dans l’espace et au cours du temps <strong>de</strong>s mécanismes impliqués dans l’ischémie<br />

<strong>cérébrale</strong>.<br />

Parmi les mécanismes évoqués lors <strong>de</strong> la survenue d’un infarctus<br />

cérébral, <strong>de</strong>ux autres doivent encore être discutés. D’une part, le<br />

spasme artériel, qui complique fréquemment les hémorragies<br />

méningées, est une cause d’infarctus cérébral chez les patients ayant<br />

présenté une rupture <strong>de</strong> malformation vasculaire <strong>cérébrale</strong>. Dans ce<br />

contexte, la mise en jeu <strong>de</strong> vasoconstricteurs puissants comme<br />

l’endothéline a été évoquée [21] . Enfin, un état d’hyperviscosité<br />

sanguine, secondaire par exemple à un syndrome polyglobulique<br />

ou à la présence d’une protéine monoclonale anormale en gran<strong>de</strong><br />

quantité dans le sang peut constituer un facteur favorisant ou<br />

aggravant parfois discuté [34] . Si le mécanisme responsable <strong>de</strong><br />

l’infarctus cérébral va gui<strong>de</strong>r la conduite à tenir thérapeutique, en<br />

particulier la mise en place <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> prévention<br />

secondaire, le développement <strong>de</strong> traitements neuroprotecteurs,<br />

éventuellement utilisables à la phase aiguë <strong>de</strong> l’infarctus cérébral,<br />

reste actuellement conditionné par la nature <strong>de</strong>s lésions à l’échelon<br />

cellulaire et moléculaire [27, 68] .<br />

PRINCIPAUX MÉCANISMES CELLULAIRES MIS EN JEU<br />

AU COURS DE L’ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />

Les travaux réalisés ces <strong>de</strong>rnières années ont permis <strong>de</strong> montrer que<br />

les lésions du tissu cérébral consécutives à l’ischémie étaient la<br />

résultante <strong>de</strong> nombreux mécanismes intriqués et évolutifs dans le<br />

temps ainsi que dans leur localisation (fig 4). En effet, le cœur <strong>de</strong><br />

l’ischémie, c’est-à-dire la zone <strong>de</strong> tissu cérébral où la diminution du<br />

débit sanguin et la privation énergétique sont les plus précoces et le<br />

plus sévère, est le siège d’une nécrose tissulaire. Cette forme<br />

particulière <strong>de</strong> mort cellulaire, aux caractéristiques<br />

anatomopathologiques spécifiques (gonflement <strong>de</strong>s organites<br />

intracellulaires et du cytoplasme, lyse osmotique, extrusion du<br />

contenu cellulaire dans l’espace extracellulaire) [63] , se développe<br />

rapi<strong>de</strong>ment au décours <strong>de</strong> l’ischémie et met en jeu <strong>de</strong>s processus<br />

pathologiques au sein du cytoplasme cellulaire. Parmi ces <strong>de</strong>rniers,<br />

il convient <strong>de</strong> citer l’excitotoxicité médiée par le calcium et le<br />

glutamate ainsi que les phénomènes <strong>de</strong> dépolarisation péri-infarctus<br />

(fig 4) [46, 53] . Au sein <strong>de</strong> la zone dite <strong>de</strong> pénombre, celle où persiste<br />

un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfusion du tissu cérébral, la mort cellulaire<br />

résulte principalement d’un processus particulier, l’apoptose (fig 4).<br />

Ce type <strong>de</strong> mort cellulaire se différencie <strong>de</strong> la nécrose par ses aspects<br />

anatomopathologiques (con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> la chromatine,<br />

fragmentation <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique (ADN), convolution<br />

<strong>de</strong>s membranes cytoplasmique et nucléaire, rétraction cellulaire)<br />

ainsi que par son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement [38] . L’apoptose est un<br />

mécanisme <strong>de</strong> mort cellulaire qui s’est développé avec la naissance<br />

<strong>de</strong>s organismes multicellulaires et constitue, en quelque sorte, un<br />

suici<strong>de</strong> qui permet la construction d’un système multicellulaire.<br />

Dans cette <strong>de</strong>scription initiale, l’apoptose est un phénomène<br />

physiologique que l’on retrouve à travers toute la phylogénie. Cette<br />

forme particulière <strong>de</strong> mort cellulaire programmée résulte en fait <strong>de</strong><br />

la modulation permanente <strong>de</strong> nombreux gènes codant pour <strong>de</strong>s<br />

3


17-045-A-80 <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> Neurologie<br />

protéines pro- ou antiapoptotiques [38] . Dans certaines conditions<br />

pathologiques telle l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, la balance entre ces<br />

protéines pro- et antiapoptotiques est en faveur <strong>de</strong>s premières et<br />

conduit inéluctablement vers la mort cellulaire [38] . Enfin, l’ischémie,<br />

le déficit énergétique et l’accroissement <strong>de</strong>s concentrations<br />

intracytoplasmiques en calcium vont contribuer à la mise en jeu <strong>de</strong><br />

nombreux processus délétères tels que la production <strong>de</strong> substances<br />

oxydantes et l’activation <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> l’inflammation dont les effets<br />

différés dans le temps contribuent là encore à majorer les lésions<br />

tissulaires <strong>cérébrale</strong>s (fig 4) [5, 15, 68] . Bien que souhaitable dans<br />

certaines conditions, la reperfusion du tissu ischémié peut, elle aussi,<br />

avoir <strong>de</strong>s conséquences défavorables [41] . Les lésions tissulaires<br />

<strong>cérébrale</strong>s peuvent en effet être majorées dans ce contexte en raison<br />

<strong>de</strong> l’exacerbation <strong>de</strong>s processus oxydatifs et inflammatoires [41] ou<br />

encore, comme nous l’abor<strong>de</strong>rons plus en détail ultérieurement, par<br />

le biais du développement d’anomalies fonctionnelles au sein <strong>de</strong>s<br />

vaisseaux cérébraux [4, 19, 64] .<br />

Mécanismes délétères précoces<br />

HOMÉOSTASIE ET TOXICITÉ DU CALCIUM<br />

AU SEIN DU TISSU NEURONAL<br />

Le calcium constitue l’un <strong>de</strong>s principaux seconds messagers au sein<br />

<strong>de</strong>s cellules neuronales. Il est impliqué dans les mécanismes <strong>de</strong><br />

libération <strong>de</strong>s neurotransmetteurs, dans l’excitabilité membranaire<br />

et dans la modulation <strong>de</strong> nombreux processus métaboliques [53] .En<br />

l’absence <strong>de</strong> tout processus actif, le calcium aurait spontanément<br />

tendance à passer du milieu extracellulaire au milieu intracellulaire<br />

en raison d’un important gradient <strong>de</strong> concentration<br />

transmembranaire. En effet, la concentration en calcium du milieu<br />

extracellulaire est environ 10 000 fois plus importante que celle du<br />

milieu intracellulaire (fig 5) [53] . Si le calcium peut pénétrer la cellule<br />

par l’intermédiaire <strong>de</strong> canaux calciques voltage-dépendants ou via<br />

les récepteurs <strong>de</strong>s canaux N-méthyl-D-aspartate (NMDA), le<br />

maintien d’une faible concentration intracellulaire en calcium<br />

s’effectue, dans les conditions physiologiques, par la mise en jeu <strong>de</strong><br />

différents systèmes dont le fonctionnement est coûteux en énergie.<br />

D’une part, le calcium intracellulaire peut être stocké au sein <strong>de</strong>s<br />

protéines cytoplasmiques, du réticulum endoplasmique ou encore<br />

dans les mitochondries où un état d’équilibre parfois précaire est<br />

maintenu par les échangeurs Na + /Ca2+ et H + /Ca2+ (fig 5). D’autre<br />

part, une partie du calcium peut être extériorisée par mise en jeu <strong>de</strong><br />

la Na + /K + adénosine triphosphatase (ATPase), <strong>de</strong> l’échangeur Na +<br />

/Ca2+ et <strong>de</strong> la Ca2+ ATPase au sein <strong>de</strong> la membrane plasmique<br />

(fig 5) [53, 68] . Le fonctionnement <strong>de</strong> ces systèmes requiert une<br />

importante consommation d’énergie, la déplétion énergétique<br />

induite par l’ischémie va donc brusquement interrompre la<br />

régulation <strong>de</strong>s flux calciques, ce qui implique la saturation rapi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s différents systèmes <strong>de</strong> stockage et l’augmentation <strong>de</strong>s<br />

concentrations intracellulaires en calcium. Cette élévation du<br />

calcium intracellulaire, largement facilitée par ailleurs par la<br />

libération du glutamate (fig 6), va initier une casca<strong>de</strong> d’événements<br />

délétères pour le tissu cérébral parmi lesquels un dysfonctionnement<br />

<strong>de</strong>s mitochondries (déficit énergétique et synthèse <strong>de</strong> radicaux libres<br />

toxiques), la mise en jeu <strong>de</strong> systèmes enzymatiques capables <strong>de</strong><br />

dégra<strong>de</strong>r différentes structures <strong>de</strong> la cellule (lipase, endonucléases<br />

et protéases) ou encore l’activation <strong>de</strong> la NO synthase <strong>de</strong> type I<br />

(production <strong>de</strong> NO cytotoxique), autant d’éléments à même <strong>de</strong><br />

contribuer directement ou indirectement à la mort neuronale<br />

(fig 7) [27] .<br />

GLUTAMATE ET EXCITOTOXICITÉ<br />

La déplétion énergétique secondaire à l’ischémie favorise la<br />

dépolarisation neuronale et gliale. Dans ces conditions, les canaux<br />

calciques voltage-dépendants se trouvent activés, facilitant ainsi la<br />

libération <strong>de</strong> glutamate dans l’espace extracellulaire (fig 6) [50] .<br />

L’élévation <strong>de</strong> la concentration du glutamate est d’autre part<br />

4<br />

[Ca 2+ ] e ~ 1-2 mmol/L<br />

[Ca2+ ] i ~ 10-4 mmol/L<br />

Ca2+ Na +<br />

H +<br />

Canal Ca 2+<br />

Voltagedépendant<br />

Échangeur<br />

Na + /Ca +<br />

Échangeur<br />

H + /Ca +<br />

Na + /Ca2+ /K + Na + /K +<br />

Ca<br />

Mitochondrie<br />

2+<br />

Ca2+ Ca2+ NMDA-R AMPA-R<br />

KA-R<br />

Transporteur<br />

Ca 2+<br />

RYR<br />

consécutive à l’altération <strong>de</strong> sa recapture présynaptique, elle aussi<br />

dépendante <strong>de</strong> mécanismes consommateurs d’énergie [27] . Par<br />

l’activation <strong>de</strong> différents récepteurs, le glutamate présent au sein <strong>de</strong><br />

Ca 2+<br />

K + Na +<br />

Na + Ca 2+ Ca 2+<br />

Na + /K +<br />

ATPase<br />

Échangeur<br />

Na + /Ca 2+<br />

Ca 2+<br />

ATPase<br />

Ca<br />

Réticulum endoplasmique<br />

2+<br />

IP3R Ca 2+<br />

ATPase<br />

5 Principaux intervenants dans l’homéostasie neuronale du calcium. [Ca 2+ ]e/i :<br />

concentration calcique extra- et intracellulaire ; NMDA-R : récepteur N-méthyl-Daspartate<br />

; AMPA-R : récepteur -amino-3-hydroxy-5-méthyl-4-isoxazole propionate ;<br />

KA-R : récepteur kaïnate ; RYR : récepteur ryanodine ; IP 3R : récepteur <strong>de</strong> l’inositol<br />

triphosphate.<br />

Dépolarisation<br />

péri-infarctus<br />

Récepteurs ionotropiques<br />

(NMDA, AMPA, kaïnate)<br />

Canal Ca 2+<br />

Voltage-dépendant<br />

Ca 2+<br />

Ischémie<br />

Défaillance énergétique<br />

K +<br />

Na +<br />

Ca2+ [Ca 2+ ]<br />

Dépolarisation<br />

Œdème<br />

Glutamate<br />

Récepteur métabotropique<br />

Prot G<br />

PLC<br />

IP 3<br />

[Ca 2+ ]<br />

Réticulum endoplasmique<br />

6 Excitotoxicité et dépolarisation péri-infarctus. PLC : phospholipase C ; DAG : diacylglycérol<br />

; NMDA : N-méthyl-D-aspartate ; AMPA : -amino-3-hydroxy-5-méthyl-<br />

4-isoxazole propionate ; IP 3 : inositol triphosphate.<br />

Gènes d'expression<br />

Immédiate (p53…)<br />

Apoptose<br />

Ischémie<br />

Glutamate Augmentation du [Ca 2+ ]<br />

NF-κB<br />

Cytokines (TNF-α, IL 1 -β)<br />

NOS <strong>de</strong> type II Protéines d'adhésion<br />

ICAM-1, VCAM-1<br />

P-sélectine<br />

E-sélectine<br />

Radicaux libres<br />

Infiltration leucocytaire<br />

du foyer ischémique<br />

Mort cellulaire<br />

DAG<br />

NOS <strong>de</strong> type I<br />

Lipolyse membranaire<br />

Lésions <strong>de</strong>s mitochondries<br />

Radicaux libres<br />

7 Rôle initiateur du calcium sur les principaux mécanismes cellulaires mis en jeu au<br />

cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. IL : interleukine ; TNF : tumor necrosis factor ; NOS :<br />

monoxy<strong>de</strong> d’azote synthase ; ICAM : intercellular adhesion molecule; VCAM : vascular<br />

cell adhesion molecule.


Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />

Tableau I. – Systèmes enzymatiques impliqués dans le stress oxydant au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>.<br />

Enzyme Agents oxydants Activation Ca 2+ Expression Cellules<br />

NO synthase neuronale (NOS I) NO . + Constitutive N<br />

NO synthase inductible (NOS II) NO . - Inductible L, M, A, E<br />

NO synthase endothéliale (NOS III) NO . + Constitutive E<br />

Xanthine déhydrogénase/xanthine<br />

oxydase (XDH/XO)<br />

.- O2 + Constitutive E<br />

Cyclo-oxygénase-1 (COX-1) .- O2 - Constitutive N, A, M, E<br />

Cyclo-oxygénase-2 (COX-2) .- O2 - Inductible N, A, M, E<br />

NADPH oxydase (NADPHO) .- O2 - Constitutive L<br />

Myéloperoxydase HOCl - Constitutive M<br />

Monoamine oxydase H2O2 - Constitutive N, A, E<br />

NO .: radical oxy<strong>de</strong> nitrique ; O 2 .- : anion superoxy<strong>de</strong> ; HOCl : aci<strong>de</strong> hypochlorique ; H2O 2:hydrogène peroxy<strong>de</strong> ; + : activation Ca 2+ -dépendant ; - : activation Ca 2+ -indépendant ; N : neurone ; L : leucocyte ; M : microglie/macrophage ; A :<br />

astrocyte ; E : endothélium.<br />

l’espace synaptique va contribuer à l’augmentation <strong>de</strong> la<br />

concentration intracellulaire en calcium. Parmi les récepteurs du<br />

glutamate, on décrit <strong>de</strong>s récepteurs ionotropiques ou récepteurs<br />

canaux qui sont perméables aux ions Na +, K + et/ou Ca 2+ [68, 85] . Ces<br />

récepteurs sont aussi caractérisés par leur réponse à d’autres agents<br />

pharmacologiques comme le NMDA, l’ a-amino-3-hydroxy-5méthyl-4-isoxazole<br />

propionate (AMPA) ou le kaïnate [27, 85] . Il est par<br />

ailleurs décrit plusieurs récepteurs métabotropiques qui, par<br />

définition, sont couplés à une protéine G et à différents systèmes <strong>de</strong><br />

signalisation intracellulaire, en particulier à la phospholipase C et à<br />

la protéine kinase C [85] . Les données récentes <strong>de</strong> la littérature<br />

montrent que l’activation <strong>de</strong>s récepteurs métabotropiques <strong>de</strong>s<br />

groupes II et III, <strong>de</strong> localisation présynaptique préférentielle,<br />

permettrait d’induire une neuroprotection alors que l’activation <strong>de</strong>s<br />

récepteurs du groupe I, plutôt <strong>de</strong> localisation postsynaptique,<br />

contribuerait à l’aggravation <strong>de</strong>s lésions [27, 85] . La majoration <strong>de</strong>s<br />

lésions <strong>cérébrale</strong>s résulte en partie, dans ce contexte, <strong>de</strong> la libération<br />

massive du Ca 2+ contenu dans le réticulum endoplasmique via<br />

l’activation d’un récepteur spécifique <strong>de</strong> l’inositol triphosphate<br />

(fig 5, 6) [68] .<br />

ŒDÈME ET DÉPOLARISATION PÉRI-INFARCTUS<br />

La dépolarisation membranaire et la mise en jeu <strong>de</strong>s récepteurs<br />

ionotropiques sensibles au glutamate vont s’accompagner d’une<br />

entrée massive d’ions Na + dans les cellules et <strong>de</strong> la sortie d’ions K +<br />

(fig 6). L’entrée d’ions Na + va être associée à un afflux <strong>de</strong> molécules<br />

d’eau responsable d’un œdème cellulaire cytotoxique [1] . La<br />

dépolarisation membranaire contribue par ailleurs à l’activation <strong>de</strong>s<br />

canaux Ca2+ voltage-dépendants (fig 6) et donc à la libération <strong>de</strong><br />

glutamate, concourant ainsi à l’entretien <strong>de</strong>s phénomènes décrits<br />

dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt. La dépolarisation péri-infarctus<br />

correspond quant à elle à la propagation, dans le tissu cérébral, <strong>de</strong><br />

dépolarisations membranaires répétées [46] . Ces dépolarisations périinfarctus<br />

consécutives à la libération <strong>de</strong> glutamate et d’ions K +,<br />

d’abord décrites sur <strong>de</strong>s modèles d’ischémie <strong>cérébrale</strong> expérimentale<br />

chez la souris, le rat et le chat, semblent pouvoir se répéter plusieurs<br />

fois par heure et ce <strong>de</strong> manière prolongée [27] . Il semble que ces<br />

épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dépolarisations puissent avoir un effet délétère sur le<br />

parenchyme cérébral dans la mesure où, chez l’animal, le nombre<br />

<strong>de</strong> ces dépolarisations est corrélé à l’importance <strong>de</strong>s lésions<br />

<strong>cérébrale</strong>s [66] . La contribution réelle <strong>de</strong>s dépolarisations périinfarctus<br />

à la physiopathologie <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> chez l’homme<br />

est cependant beaucoup plus difficile à établir et ce principalement<br />

en raison <strong>de</strong>s difficultés à les détecter tant par les métho<strong>de</strong>s<br />

électrophysiologiques qu’en imagerie fonctionnelle.<br />

NO et ischémie <strong>cérébrale</strong><br />

Le NO, à l’instar du calcium, est un médiateur ubiquitaire impliqué<br />

dans <strong>de</strong> nombreux processus physiologiques ou pathologiques tels<br />

que la vasorelaxation dépendant <strong>de</strong> l’endothélium, la neuro-<br />

transmission au sein <strong>de</strong>s systèmes nerveux central et périphérique<br />

ainsi que l’inflammation et les réponses immunitaires non<br />

spécifiques [13, 47] . Au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, le NO semble<br />

être une cible pharmacologique aux perspectives intéressantes bien<br />

que difficile à mettre en œuvre dans la mesure où le NO peut être,<br />

successivement voire simultanément, le médiateur <strong>de</strong> mécanismes<br />

délétères et protecteurs [47] .<br />

QUELQUES ÉLÉMENTS DE LA PHYSIOLOGIE DU NO<br />

Le NO est synthétisé par oxydation <strong>de</strong> la L-arginine via une enzyme,<br />

la NO synthase (NOS) en présence <strong>de</strong> nombreux cofacteurs tels le<br />

nicotinami<strong>de</strong>-adénine-dinucléoti<strong>de</strong> phosphatase (NADPH) et la<br />

tétrahydrobioptérine [13] . Il existe trois isoformes <strong>de</strong> la NOS dont les<br />

modalités d’activation et <strong>de</strong> localisation sont variables (tableau I). On<br />

décrit <strong>de</strong>ux isoformes dites constitutives, la NOS <strong>de</strong> type I et la NOS<br />

<strong>de</strong> type III, <strong>de</strong> localisation respective neuronale et endothéliale d’où<br />

parfois leur dénomination <strong>de</strong> NOS neuronale et <strong>de</strong> NOS<br />

endothéliale (tableau I). Ces isoformes <strong>de</strong> la NOS ont pour principale<br />

caractéristique d’être activées <strong>de</strong> manière calcium-dépendante [13, 15] .<br />

À l’inverse, l’activation <strong>de</strong> la NOS <strong>de</strong> type II ou NOS inductible est<br />

indépendante du calcium. Cette isoforme <strong>de</strong> la NOS est induite<br />

principalement par les médiateurs <strong>de</strong> l’inflammation telles certaines<br />

cytokines et endotoxines. Cette isoforme est retrouvée dans <strong>de</strong><br />

nombreuses cellules tels les leucocytes, les macrophages, les cellules<br />

gliales, les astrocytes ou encore l’endothélium vasculaire<br />

(tableau I) [13, 15] . Dans les conditions physiologiques, outre son rôle<br />

<strong>de</strong> comédiateur au sein du système nerveux, le NO est impliqué<br />

dans la régulation du débit sanguin cérébral. En effet, le NO produit<br />

par l’endothélium permet une vasodilatation artérielle par relaxation<br />

<strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires après activation <strong>de</strong> la<br />

guanylate cyclase [47] .<br />

DUALITÉ DES EFFETS DU NO<br />

AU COURS DE L’ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />

Effets délétères du NO<br />

Dans les minutes qui suivent le début <strong>de</strong> l’ischémie, la NOS <strong>de</strong> type<br />

I ou NOS neuronale est activée sous l’effet <strong>de</strong> l’augmentation du<br />

calcium intracellulaire (fig 6) [47] . Le NO ainsi produit participe à la<br />

formation <strong>de</strong> radicaux libres (tableau I), en particulier <strong>de</strong><br />

peroxynitrites par combinaison avec l’anion superoxy<strong>de</strong> [6] . Au sein<br />

<strong>de</strong>s cellules neuronales mais aussi endothéliales, ces radicaux libres<br />

sont responsables <strong>de</strong> la peroxydation <strong>de</strong>s lipi<strong>de</strong>s membranaires et<br />

<strong>de</strong> l’oxydation <strong>de</strong>s protéines, contribuant ainsi à la mort cellulaire<br />

(fig 8). Le NO induit par ailleurs une fuite <strong>de</strong> fer du milieu<br />

intracellulaire, fer qui est alors disponible pour la formation <strong>de</strong><br />

nouveaux radicaux libres permettant ainsi l’exacerbation <strong>de</strong> la<br />

peroxydation lipidique [39] . Après quelques heures, c’est la NOS <strong>de</strong><br />

type II qui se trouve induite sous l’effet <strong>de</strong>s médiateurs <strong>de</strong><br />

l’inflammation [13, 47] . L’augmentation <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> cette NOS<br />

inductible, en particulier dans les cellules astrocytaires et gliales,<br />

l’endothélium vasculaire et les macrophages, conduit là encore à la<br />

5


17-045-A-80 <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> Neurologie<br />

Vaisseau cérébral<br />

Tissu cérébral<br />

Polynucléaire<br />

activé<br />

NOS II<br />

NO<br />

Astrocytes et cellules gliales<br />

Plaquettes<br />

Effets antiagrégant,<br />

antiadhésion leucocytaire<br />

et fibrinolytique<br />

Endothélium<br />

NOS II<br />

Neurone<br />

Aggravation du déficit énergétique<br />

Majoration <strong>de</strong> l'excitotoxicité<br />

Contribution à l'apoptose<br />

majoration <strong>de</strong>s lésions ischémiques <strong>cérébrale</strong>s (fig 8). D’autre part,<br />

le NO est à même d’aggraver le déficit énergétique cellulaire par<br />

l’intermédiaire <strong>de</strong> plusieurs mécanismes : inhibition <strong>de</strong> l’enzyme<br />

glycolytique glycéraldéhy<strong>de</strong>-3-phosphate déhydrogénase (GAPDH),<br />

inhibition <strong>de</strong>s enzymes mitochondriales (aconitase, complexes I<br />

et II) [39] , limitation <strong>de</strong> la formation d’ATP par inhibition <strong>de</strong> la<br />

créatine kinase [40] et activation <strong>de</strong> la polyadénosine diphosphate<br />

(ADP)-ribose synthétase (PARS) [96] . Enfin, la production conjointe<br />

<strong>de</strong> NO par les NOS <strong>de</strong> type II et <strong>de</strong> type I contribue à la mort<br />

cellulaire par la majoration <strong>de</strong> l’excitotoxicité induite par le<br />

glutamate via la sensibilisation <strong>de</strong>s récepteurs N-méthyl-D-aspartate,<br />

par l’induction <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong> l’ADN via l’inhibition <strong>de</strong> la<br />

ribonucléoti<strong>de</strong> réductase, par l’activation <strong>de</strong> la PARS ainsi que par<br />

la participation aux processus inflammatoires et aux mécanismes<br />

déclencheurs <strong>de</strong> l’apoptose [10, 47] .<br />

Effets potentiellement bénéfiques du NO<br />

Modulation du débit sanguin<br />

Protection endothéliale<br />

NOS II<br />

NOS I<br />

NO + O - 2<br />

NOS III<br />

ONOO -<br />

Nécrose<br />

cellulaire<br />

8 Implication du monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO) dans les mécanismes cellulaires au cours<br />

<strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. NOS : monoxy<strong>de</strong> d’azote synthase.<br />

En balance <strong>de</strong> ces effets délétères, le NO pourrait aussi avoir <strong>de</strong>s<br />

effets favorables au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> [47] . De nombreux<br />

travaux réalisés ces <strong>de</strong>rnières années ont permis d’entrevoir ce rôle<br />

favorable du NO qui semble s’exercer via l’activation <strong>de</strong> la NOS <strong>de</strong><br />

type III [47, 80] . Cet effet bénéfique pourrait en partie résulter <strong>de</strong><br />

l’amélioration du débit sanguin cérébral via la vasorelaxation induite<br />

par le NO endothélial [80] . Le NO pourrait aussi améliorer la<br />

microcirculation par ses effets fibrinolytiques, antiagrégant<br />

plaquettaire et antiadhésion leucocytaire [47] . Ces effets favorables<br />

résulteraient <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong> la guanylate cyclase, <strong>de</strong> l’inhibition<br />

<strong>de</strong> la lipoxygénase, d’interactions avec le complexe CD11-CD18 ou<br />

encore <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s molécules d’adhésion [23,<br />

47] . Par ailleurs, il a été évoqué le fait que le NO puisse altérer le<br />

fonctionnement du récepteur NMDA [31, 56] ainsi qu’il serait à même,<br />

dans certaines conditions, <strong>de</strong> contrer les processus oxydatifs, se<br />

comportant alors comme un piégeur <strong>de</strong> radicaux libres [92] .<br />

Cependant, les conditions dans lesquelles pourraient se développer<br />

ces effets favorables <strong>de</strong>meurent encore difficiles à établir. Si les<br />

expériences réalisées avec <strong>de</strong>s souris déficientes pour le gène <strong>de</strong> la<br />

NOS <strong>de</strong> type III démontrent que celle-ci joue un rôle important dans<br />

le développement <strong>de</strong> mécanismes protecteurs au cours <strong>de</strong> l’ischémie,<br />

la modulation pharmacologique <strong>de</strong> la voie du NO au décours<br />

immédiat <strong>de</strong> l’ischémie n’est pas aisée [80] . En revanche,<br />

l’augmentation <strong>de</strong> l’expression et/ou <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> la NOS <strong>de</strong> type<br />

III, préalablement à la survenue <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, serait peutêtre<br />

plus facile à mettre en œuvre et permettrait le développement<br />

d’une neuroprotection [30] . De nombreux travaux apportent ainsi <strong>de</strong>s<br />

arguments en faveur <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> développer une<br />

neuroprotection préventive, ce qui pourrait constituer une approche<br />

nouvelle du traitement <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> [16, 25, 33] .<br />

6<br />

NO<br />

Mécanismes délétères développés<br />

<strong>de</strong> manière différée<br />

INFLAMMATION POSTISCHÉMIQUE<br />

Mise en œuvre <strong>de</strong> la réponse inflammatoire<br />

L’élévation du calcium intracellulaire, la production <strong>de</strong> radicaux<br />

libres et l’hypoxie permettent la synthèse <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> transcription<br />

pro-inflammatoire comme le facteur nucléaire NF-jB [71] , le facteur<br />

induit par l’hypoxie HIF-1 [79] , le facteur régulateur <strong>de</strong>s interférons<br />

IRF-1 [48] et le facteur <strong>de</strong> transcription STAT-3 [76] . L’activation <strong>de</strong> ces<br />

facteurs <strong>de</strong> transcription permet l’expression <strong>de</strong> nombreux<br />

médiateurs <strong>de</strong> l’inflammation tels que le facteur d’activation<br />

plaquettaire (PAF) ou les cytokines tumor necrosis factor (TNF)-a et<br />

interleukine (IL) 1-b [59, 84, 99] . Dans un <strong>de</strong>uxième temps, ces médiateurs<br />

permettent l’expression <strong>de</strong> molécules d’adhésion à la surface <strong>de</strong><br />

l’endothélium (fig 7, 9), en particulier d’intercellular adhesion molecule<br />

(ICAM)-1, vascular cell adhesion molecule (VCAM)-1, <strong>de</strong>s P-sélectines<br />

et E-sélectines [58, 97] . Ces molécules d’adhésion interagissent avec <strong>de</strong>s<br />

récepteurs situés à la surface <strong>de</strong>s polynucléaires neutrophiles afin<br />

d’en favoriser l’adhésion à l’endothélium puis la migration au sein<br />

du parenchyme cérébral où 5à7jours après le début <strong>de</strong> l’ischémie,<br />

ces cellules sont prédominantes (fig 9) [47] . Les cellules gliales et les<br />

astrocytes participent aussi à ces processus inflammatoires, en<br />

particulier au sein <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> pénombre [84] . Dans ce contexte, la<br />

modulation <strong>de</strong> la réponse inflammatoire sur <strong>de</strong>s modèles<br />

expérimentaux d’ischémie <strong>cérébrale</strong> permet <strong>de</strong> générer une<br />

neuroprotection. Les lésions ischémiques <strong>cérébrale</strong>s sont ainsi moins<br />

sévères lorsque l’infiltration leucocytaire est prévenue par<br />

l’induction d’une neutropénie systémique [3] , lorsque les molécules<br />

d’adhésion ou leurs récepteurs sont bloqués par <strong>de</strong>s anticorps<br />

neutralisants ou lorsque l’ischémie est réalisée chez <strong>de</strong>s souris<br />

déficientes en ICAM-1 [20] , <strong>de</strong> même lorsque l’action <strong>de</strong>s médiateurs<br />

inflammatoires IL 1-b et TNF-a est bloquée [60, 93] .<br />

Processus cytotoxiques consécutifs à la réponse<br />

inflammatoire<br />

L’inflammation post-ischémique peut contribuer aux lésions<br />

<strong>cérébrale</strong>s par plusieurs mécanismes. Si l’obstruction <strong>de</strong>s<br />

microvaisseaux par les polynucléaires peut majorer les lésions<br />

ischémiques [24] , la production <strong>de</strong> médiateurs toxiques par les cellules<br />

inflammatoires activées est aussi un élément déterminant (fig 9). En<br />

effet, dans les modèles d’ischémie <strong>cérébrale</strong> chez le rongeur ainsi<br />

que chez les patients ayant présenté un infarctus cérébral, les<br />

polynucléaires peuvent induire la NOS <strong>de</strong> type II dont nous avons<br />

Vaisseau cérébral<br />

Tissu cérébral<br />

COX-2<br />

Prostanoï<strong>de</strong>s cytotoxiques<br />

Radicaux libres<br />

Protéines d'adhésion<br />

NOS II<br />

Polynucléaires<br />

activés<br />

Cytokines<br />

(TNF-α, IL 1 -β)<br />

NO<br />

cytotoxique<br />

Infiltration du<br />

parenchyme cérébral<br />

NOS II<br />

Endothélium<br />

Astrocytes et cellules gliales<br />

9 Principaux processus mis en jeu au cours <strong>de</strong> l’inflammation post-ischémique.<br />

NO : monoxy<strong>de</strong> d’azote ; NOS : monoxy<strong>de</strong> d’azote synthase ; TNF : « tumor necrosis<br />

factor » ; IL : interleukine.


Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />

déjà abordé les effets délétères dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt (fig 9) [35,<br />

47] . Outre la NOS <strong>de</strong> type II, les neurones situés au sein <strong>de</strong> la zone<br />

ischémiée et les polynucléaires activés expriment la cyclooxygénase-2<br />

(COX-2), une enzyme impliquée dans la synthèse <strong>de</strong><br />

radicaux superoxy<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> prostanoï<strong>de</strong>s cytotoxiques (fig 9) [70] . Les<br />

processus inflammatoires post-ischémiques vont ainsi contribuer à<br />

majorer le stress oxydant au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. Ces<br />

réactions inflammatoires pourraient constituer par ailleurs l’une <strong>de</strong>s<br />

voies facilitant le développement <strong>de</strong> l’apoptose, <strong>de</strong>s travaux récents<br />

ayant démontré que l’utilisation d’anticorps antimolécules<br />

d’adhésion permet <strong>de</strong> réduire la mort cellulaire par apoptose au sein<br />

du tissu ischémié [17] . Enfin, il ne faut pas négliger la participation<br />

<strong>de</strong>s cellules inflammatoires au remo<strong>de</strong>lage tissulaire et aux<br />

processus <strong>de</strong> réparation qui se mettent en place dans les jours ou les<br />

semaines suivant l’ischémie. Par la production d’ostéopontine, il<br />

semblerait en effet que les macrophages et les cellules gliales activées<br />

jouent un rôle dans les processus <strong>de</strong> réparation. Cette protéine<br />

favoriserait la migration <strong>de</strong>s astrocytes et <strong>de</strong>s cellules gliales au sein<br />

<strong>de</strong>s tissus ischémiés et en permettrait ainsi la réorganisation [29] . Cet<br />

aspect <strong>de</strong> l’inflammation post-ischémique encore peu exploré<br />

pourrait lui aussi receler d’intéressantes perspectives thérapeutiques.<br />

APOPTOSE ET ISCHÉMIE CÉRÉBRALE<br />

L’évolution vers la nécrose ou l’apoptose dépend en partie <strong>de</strong> la<br />

nature et <strong>de</strong> l’intensité du stimulus (activation <strong>de</strong>s récepteurs du<br />

glutamate, surcharge en calcium, radicaux libres, NO, lésions <strong>de</strong> la<br />

mitochondrie, inflammation…) mais aussi du type cellulaire<br />

concerné ainsi que <strong>de</strong> son état <strong>de</strong> développement [57] . Comme nous<br />

l’avons déjà abordé en détail, la nécrose est le mécanisme<br />

prédominant à la phase initiale <strong>de</strong> l’ischémie, alors que l’apoptose<br />

apparaît plus tardivement et siège <strong>de</strong> manière préférentielle au sein<br />

<strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> pénombre [38, 57] . Le développement <strong>de</strong> cette modalité<br />

particulière <strong>de</strong> mort cellulaire est sous la dépendance <strong>de</strong> différents<br />

mécanismes que l’on pourrait classer en mécanismes initiateurs et<br />

effecteurs. L’initiation <strong>de</strong> l’apoptose résulte <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong> gènes<br />

d’expression immédiate dont p53 [38] . L’activation <strong>de</strong> ces gènes sous<br />

l’influence <strong>de</strong> l’hypoxie, <strong>de</strong> la surcharge en calcium, du NO permet<br />

<strong>de</strong> moduler l’expression <strong>de</strong> nombreuses protéines impliquées dans<br />

le développement <strong>de</strong> l’apoptose (fig 10) [13, 38, 83] . On distingue ainsi<br />

<strong>de</strong>s protéines dont l’expression va favoriser le développement <strong>de</strong><br />

l’apoptose (protéines proapoptotiques : Bax, Bid …) et <strong>de</strong>s protéines<br />

qui, au contraire, limitent le développement <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> mort<br />

cellulaire (protéines antiapoptotiques : Bcl-2, Bcl-xL…) [38] . La phase<br />

effectrice <strong>de</strong> l’apoptose est en partie modulée au niveau <strong>de</strong>s<br />

mitochondries et met en jeu <strong>de</strong>ux voies différentes, l’une indirecte<br />

dépendant <strong>de</strong>s caspases (cysteinyl aspartate specific proteinase), l’autre<br />

permettant une fragmentation plus directe <strong>de</strong> l’ADN cellulaire<br />

(fig 10) [83] . L’activation <strong>de</strong> la voie dépendante <strong>de</strong>s caspases nécessite<br />

la libération <strong>de</strong> cytochrome C et l’activation d’un complexe<br />

proapoptotique. Celui-ci associe un facteur activateur <strong>de</strong> l’apoptose<br />

(APAF-1) et la caspase 9. Ce complexe proapoptotique permet le<br />

développement <strong>de</strong> la phase finale <strong>de</strong> l’apoptose par activation <strong>de</strong> la<br />

caspase 3 et d’une ADNase caspase-dépendante (fig 10) [38, 83] . L’autre<br />

voie, plus directe, met en jeu le facteur inducteur <strong>de</strong> l’apoptose (AIF)<br />

libéré par la mitochondrie et capable d’induire la fragmentation <strong>de</strong><br />

l’ADN cellulaire indépendamment <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> toute autre<br />

ADNase (fig 10) [83] . Cette <strong>de</strong>scription simplifiée <strong>de</strong>s processus<br />

concourant au développement <strong>de</strong> l’apoptose ne laisse peut-être pas<br />

apparaître l’extrême complexité <strong>de</strong>s mécanismes mis en jeu au cours<br />

<strong>de</strong> celle-ci. D’une part, il existe <strong>de</strong>s arguments pour une activation<br />

très précoce <strong>de</strong> l’apoptose au cœur <strong>de</strong> l’ischémie par <strong>de</strong>s voies<br />

indépendantes <strong>de</strong> la mitochondrie et <strong>de</strong> la caspase 9 [7] . D’autre part,<br />

plus <strong>de</strong> 12 caspases sont en fait impliquées dans le développement<br />

<strong>de</strong> l’apoptose au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> et ce, tant lors <strong>de</strong><br />

l’initiation <strong>de</strong> celle-ci qu’au moment <strong>de</strong> la mise en jeu <strong>de</strong>s<br />

mécanismes effecteurs [38] . Le développement et la mise au point<br />

d’inhibiteurs <strong>de</strong>s caspases pourraient ouvrir, dans ce contexte,<br />

d’importantes perspectives thérapeutiques.<br />

Caspase-9<br />

Hypoxie - [Ca 2+ ] - NO<br />

Gènes d'expression immédiate (IEG)<br />

p 53, Fas, Jun …<br />

Facteurs proapoptotiques<br />

Bax, Bid …<br />

Procaspase-3 Caspase-3<br />

+ -<br />

Autres éléments à prendre<br />

en considération<br />

Facteurs antiapoptotiques<br />

Bcl-2, Bcl-x L …<br />

Cyt c AIF<br />

APAF-1<br />

Activation <strong>de</strong> l'ADNase<br />

caspase-dépendante<br />

Fragmentation<br />

<strong>de</strong> l'ADN<br />

10 Implication <strong>de</strong> la mitochondrie dans le développement <strong>de</strong> l’apoptose au cours <strong>de</strong><br />

l’ischémie <strong>cérébrale</strong>. NO : monoxy<strong>de</strong> d’azote ; Cyt c : cytochrome c ; APAF-1 : « apoptosis<br />

activating factor-1 » ; AIF : « apoptosis inducing factor » ; ADN : aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique.<br />

EFFETS DE LA REPERFUSION ET PROBLÈME<br />

PARTICULIER DU « TISSUE PLASMINOGEN<br />

ACTIVATOR » (t-PA)<br />

Si l’on considère l’ischémie <strong>cérébrale</strong> sous l’angle purement<br />

vasculaire, il apparaît évi<strong>de</strong>nt que la reperfusion est un élément<br />

important dans la perspective <strong>de</strong> la limitation <strong>de</strong>s lésions<br />

neurologiques. Les essais <strong>de</strong> fibrinolyse ont été menés dans cet<br />

esprit, menant à une indication restrictive du recombinant-tissue-type<br />

plasminogen activator (rt-PA) aux États-Unis et au Canada et à la<br />

récente autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché <strong>de</strong> ce produit en<br />

Europe [54] . En dépit <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> ce traitement, la reperfusion ne<br />

semble cependant pas avoir que <strong>de</strong>s effets favorables. En raison <strong>de</strong><br />

la correction parfois brutale <strong>de</strong> l’hypoxie secondaire à l’ischémie, la<br />

reperfusion va s’accompagner d’une majoration <strong>de</strong>s processus<br />

oxydatifs. L’ensemble <strong>de</strong>s voies du stress oxydant (tableau I) mises<br />

en jeu au cours <strong>de</strong> l’ischémie vont être ainsi exacerbées, concourant<br />

à la possible aggravation <strong>de</strong>s lésions <strong>cérébrale</strong>s [41] . D’autre part,<br />

l’afflux d’éléments figurés du sang, en particulier <strong>de</strong> leucocytes, va<br />

contribuer au développement <strong>de</strong>s processus inflammatoires et par<br />

conséquent à majorer les lésions du tissu cérébral [78] . Moins connu<br />

est le développement d’anomalies fonctionnelles au sein <strong>de</strong><br />

l’endothélium et <strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires. La<br />

reperfusion peut en effet générer une altération <strong>de</strong> la réactivité<br />

vasculaire au sein <strong>de</strong>s vaisseaux cérébraux, en particulier la perte<br />

du tonus vasculaire, la diminution <strong>de</strong> leurs capacités <strong>de</strong> contraction<br />

à la sérotonine ou encore l’abolition <strong>de</strong> la vasorelaxation<br />

endothélium-dépendante, autant d’éléments à même <strong>de</strong> limiter les<br />

possibilités d’adaptation du débit sanguin cérébral [19] . D’autre part,<br />

la reperfusion <strong>de</strong>s vaisseaux cérébraux va modifier le<br />

fonctionnement d’un canal potassique, le canal Kir 2.1 [4, 64] . Ce canal,<br />

situé au sein <strong>de</strong>s cellules musculaires lisses vasculaires, joue un rôle<br />

essentiel dans les capacités <strong>de</strong> vasodilatation <strong>de</strong>s artères<br />

<strong>cérébrale</strong>s [49, 95] . En <strong>de</strong>hors du problème purement hémodynamique,<br />

l’altération fonctionnelle <strong>de</strong> ce canal ionique lors <strong>de</strong> la reperfusion<br />

est corrélée à l’aggravation <strong>de</strong>s lésions du tissu cérébral,<br />

argumentant ainsi pour l’existence d’une interaction entre la fonction<br />

du vaisseau cérébral et le développement <strong>de</strong>s lésions du<br />

parenchyme au décours <strong>de</strong> l’ischémie [4, 25] . Si ces données<br />

expérimentales éclairent d’un jour nouveau la physiopathologie <strong>de</strong><br />

l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, la répercussion <strong>de</strong> ces anomalies en clinique<br />

humaine <strong>de</strong>meure encore peu explorée. Néanmoins, certaines<br />

publications argumentent pour un rôle possible <strong>de</strong>s anomalies<br />

fonctionnelles <strong>de</strong> la réactivité vasculaire <strong>cérébrale</strong> dans la survenue<br />

7


17-045-A-80 <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> Neurologie<br />

Tableau II. – Quelques cibles pharmacologiques explorées en neuroprotection aiguë chez l’homme.<br />

Classification Nom <strong>de</strong> la molécule Mécanisme d’action État <strong>de</strong>s essais cliniques<br />

Antagonistes du récepteur NMDA Selfotel Antagoniste NMDA compétitif Pas d’efficacité<br />

Aptiganel Antagoniste NMDA non compétitif Pas d’efficacité<br />

Dextrorphan/<strong>de</strong>xtromethorphan Bloqueur du canal NMDA Abandonnés en phase II<br />

Magnésium Bloqueur du canal NMDA Phase III en cours<br />

Remacemi<strong>de</strong> Bloqueur du canal NMDA ± canal Na + Phase III en cours<br />

GV 150526 Antagonistes NMDA (site glycine) Pas d’efficacité<br />

Eliprodil Antagoniste NMDA (site polyamine) Pas d’efficacité<br />

Antagonistes <strong>de</strong>s canaux calciques Nimodipine (Nimotopt) Antagoniste canal Ca2+ - voltage-dépendant Pas d’efficacité<br />

Flunarizine (Sibéliumt) Antagoniste canal Ca2+ - voltage-dépendant Pas d’efficacité<br />

Isradipine Antagoniste canal Ca2+ - voltage-dépendant Pas d’efficacité<br />

Inhibiteurs <strong>de</strong> la libération présynaptique du<br />

glutamate<br />

Autres modulateurs <strong>de</strong> canaux ioniques ou <strong>de</strong><br />

récepteurs du système nerveux central<br />

<strong>de</strong> certains sous-types d’infarctus cérébraux [22, 88] . Les conséquences<br />

<strong>de</strong> la reperfusion obtenue par l’utilisation d’agents<br />

pharmacologiques tel le rt-PA semblent aussi constituer un élément<br />

important <strong>de</strong> discussion. Il existe en effet, <strong>de</strong>puis quelques années,<br />

<strong>de</strong>s arguments expérimentaux en faveur d’une possible toxicité du<br />

t-PA sur le système nerveux [87, 90] , en particulier via la majoration <strong>de</strong><br />

l’excitotoxicité par sensibilisation <strong>de</strong>s récepteurs NMDA au<br />

glutamate [69] . Si ces données <strong>de</strong>meurent controversées [51, 52] , l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s effets du t-PA au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> doit être<br />

poursuivie dans le but <strong>de</strong> préciser les facteurs biologiques favorisant<br />

les hémorragies <strong>cérébrale</strong>s lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> ce traitement. Dans<br />

ce domaine, <strong>de</strong> nombreuses pistes sont en cours d’exploration telles<br />

que le rôle <strong>de</strong> la surexpression du t-PA endogène au décours <strong>de</strong><br />

l’ischémie [75] , celui <strong>de</strong> l’aggravation <strong>de</strong> la dysfonction endothéliale<br />

postreperfusion [18] , <strong>de</strong> la synthèse accrue <strong>de</strong> métalloprotéinases [89]<br />

ou encore <strong>de</strong> la modulation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s protéines<br />

d’adhésion [98] . L’interaction entre t-PA et protéines d’adhésion<br />

semble d’ailleurs être un problème particulièrement intéressant à<br />

considérer. En effet, un traitement précoce par t-PA au décours <strong>de</strong><br />

l’ischémie permettrait <strong>de</strong> limiter l’expression d’ICAM-1 alors qu’un<br />

traitement plus tardif aurait l’effet inverse [98] . En bonne concordance<br />

avec la notion d’évolutivité <strong>de</strong>s processus physiopathologiques au<br />

cours du temps, les effets d’un même traitement pourraient ainsi<br />

être totalement différents selon le délai séparant le début du<br />

phénomène pathologique et la prescription. Ce type <strong>de</strong> constatation<br />

permet d’appréhen<strong>de</strong>r plus facilement le problème <strong>de</strong>s discordances<br />

constatées entre les données expérimentales obtenues chez l’animal<br />

et les résultats <strong>de</strong>s essais thérapeutiques.<br />

INADÉQUATION ENTRE DONNÉES EXPÉRIMENTALES<br />

ET ESSAIS THÉRAPEUTIQUES<br />

Le développement <strong>de</strong> traitements neuroprotecteurs à partir <strong>de</strong>s<br />

connaissances accumulées ces <strong>de</strong>rnières années sur la<br />

physiopathologie <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> laissait présager, au vu <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s réalisées chez l’animal, <strong>de</strong> bons résultats. Cependant, force<br />

est <strong>de</strong> constater que l’ensemble <strong>de</strong>s voies explorées en clinique<br />

sont restées infructueuses, la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s s’avérant<br />

Lubéluzole Antagoniste canal Na 2+ ± modulation NOS Pas d’efficacité<br />

Fosphénytoïne (Prodilantint) Modulation <strong>de</strong>s canaux Na + Pas d’efficacité<br />

Propentophylline Inhibition du transport <strong>de</strong> l’adénosine Abandonné en phase III<br />

Clométhiazole Antagoniste GABA Pas d’efficacité<br />

NBQX Antagoniste AMPA Abandonné en phase I<br />

Bay x 3702 (Répinotant) Agoniste 5-HT 1A Phase III en cours<br />

Nalmefene Antagoniste opiacé j Pas d’efficacité<br />

BMS-204352 Agonistes <strong>de</strong>s canaux K + - voltage-dépendants Phase III en cours<br />

BW 619C89 Antagonistes <strong>de</strong>s canaux Na + Abandonné en phase II<br />

Antioxydants ou apparentés Tirilazad mésylate Inhibition <strong>de</strong> la peroxydation lipidique Abandonné en phase III<br />

Ebselen Effet analogue à la glutathion-peroxydase Efficacité limite<br />

Médicaments atifs sur la phase tardive <strong>de</strong><br />

l’ischémie <strong>cérébrale</strong><br />

Citicoline (Rexortt) Effet stabilisant <strong>de</strong> membrane (phosphatidylcholine) Pas d’efficacité<br />

Enlimomab Anticorps anti-ICAM Pas d’efficacité et délétère<br />

Hu23F2G Anticorps anti-CD11/CD18 Pas d’efficacité<br />

bFGF Facteur <strong>de</strong> croissance (inhibition NMDA et apoptose) Abandonné en phase II/III<br />

NMDA : N-méthyl-D-aspartate ; NOS : monoxy<strong>de</strong> d’azote synthase ; GABA : aci<strong>de</strong> gamma-amino-butyrique ; AMPA : a-amino-3-hydroxy-5-méthyl-4-isoxazole propionate ; ICAM : inter cellular adhesion molecule.<br />

8<br />

malheureusement négatives (tableau II) [61, 65] . Cette inadéquation<br />

entre résultats expérimentaux et cliniques pose tout d’abord la<br />

question <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong>s modèles [26] . Les modèles<br />

expérimentaux sont le plus souvent développés chez <strong>de</strong> jeunes<br />

animaux sans pathologies associées, ce qui est loin d’être le cas <strong>de</strong>s<br />

patients présentant un infarctus cérébral. En effet, ces <strong>de</strong>rniers sont<br />

habituellement âgés et porteurs <strong>de</strong> plusieurs pathologies. Les<br />

modifications neuronales ou vasculaires liées au vieillissement<br />

pourraient par ailleurs modifier l’effet pharmacologique <strong>de</strong><br />

substances potentiellement actives. L’efficacité <strong>de</strong> tels agents <strong>de</strong>vrait<br />

donc être évaluée sur <strong>de</strong>s populations d’animaux âgés ou<br />

pathologiques (hypertension, diabète), chez lesquels la susceptibilité<br />

à l’ischémie est augmentée. D’autre part, l’inadéquation entre<br />

l’homogénéité <strong>de</strong>s groupes expérimentaux, rendue nécessaire pour<br />

<strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> rigueur scientifique, et l’hétérogénéité <strong>de</strong>s<br />

populations <strong>de</strong> patients pourrait également rendre compte <strong>de</strong> la<br />

discordance entre résultats expérimentaux et cliniques [26] . Le<br />

problème <strong>de</strong> la fenêtre thérapeutique apparaît également capital. Il<br />

est difficile <strong>de</strong> pouvoir extrapoler les effets bénéfiques d’un agent<br />

protecteur administré au début d’une procédure expérimentale chez<br />

l’animal alors que ce même agent ne sera prescrit chez le patient<br />

qu’après plusieurs heures d’évolution <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>.<br />

Comme nous l’avons déjà évoqué, le caractère évolutif <strong>de</strong>s processus<br />

physiopathologiques rend plus crucial encore cette notion et ce<br />

problème <strong>de</strong> fenêtre thérapeutique. Dans ce contexte, si les<br />

mécanismes précoces mis en jeu au cours <strong>de</strong> l’ischémie, en<br />

particulier l’excitotoxicité, ont fait l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux<br />

(tableau II), les mécanismes tardifs tels que l’inflammation ou<br />

l’apoptose ont encore été peu explorés alors même qu’ils<br />

apparaissent prometteurs, en particulier du fait <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong><br />

délais plus importants pour leur prescription [37] . Enfin,<br />

l’inadéquation <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> jugement est également un élément à<br />

prendre en considération. Chez l’animal, la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ne<br />

prennent en compte que la mesure <strong>de</strong>s volumes d’infarctus<br />

cérébraux sans intégrer <strong>de</strong> critères d’évaluation fonctionnelle, en<br />

particulier à long terme, alors que ces <strong>de</strong>rniers constituent les<br />

principaux critères <strong>de</strong> jugement <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s traitements lors<br />

<strong>de</strong>s essais menés chez l’homme [26, 37] .


Neurologie <strong>Physiopathologie</strong> <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> 17-045-A-80<br />

Conclusion<br />

D’importants progrès ont été réalisés dans le domaine <strong>de</strong> la<br />

physiopathologie <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong>, en particulier à partir <strong>de</strong>s<br />

données expérimentales. Les mécanismes cellulaires et moléculaires<br />

mis en jeu sont ainsi mieux connus. Les travaux <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières<br />

années ont confirmé la multiplicité <strong>de</strong> ces mécanismes, leur intrication<br />

ainsi que leur caractère évolutif. Face à cette complexité, l’échec <strong>de</strong>s<br />

traitements neuroprotecteurs lors <strong>de</strong>s essais thérapeutiques est plus<br />

facilement compréhensible. Les perspectives thérapeutiques <strong>de</strong>meurent<br />

cependant importantes dans la mesure où <strong>de</strong> nombreuses voies n’ont<br />

pas encore ou très peu été explorées. Parmi celles-ci, les mécanismes<br />

impliqués dans la régénérescence <strong>de</strong>s tissus nerveux et vasculaires<br />

cérébraux tels que le recrutement <strong>de</strong> progéniteurs cellulaires au sein <strong>de</strong><br />

la moelle osseuse [43, 100] [72, 91]<br />

ou l’implication <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> croissance<br />

pourraient ouvrir d’intéressantes perspectives. De même, la mise au<br />

point d’agents pharmacologiques capables d’induire le développement<br />

[16, 25,<br />

d’une neuroprotection préventive chez <strong>de</strong>s patients à haut risque<br />

33] pourrait s’avérer particulièrement intéressante dans la perspective<br />

<strong>de</strong> limiter la sévérité et donc le handicap consécutif à un infarctus<br />

cérébral qui surviendrait en dépit <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> prévention<br />

habituels. La mise au point <strong>de</strong> nouveaux agents thérapeutiques dans le<br />

domaine <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> nécessite <strong>de</strong> revoir complètement les<br />

notions classiques <strong>de</strong> neuroprotection ainsi que les modalités et les<br />

délais d’administration <strong>de</strong>s traitements. Afin <strong>de</strong> faciliter la mise au<br />

point <strong>de</strong> ces nouveaux traitements et d’éviter l’écueil <strong>de</strong>s résultats<br />

négatifs <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s cliniques, il conviendrait enfin <strong>de</strong> parfaire les<br />

connaissances <strong>de</strong> la physiopathologie <strong>de</strong>s infarctus cérébraux en<br />

pathologie humaine. Gageons que le développement <strong>de</strong>s techniques<br />

d’imagerie comme l’IRM <strong>de</strong> diffusion et la spectroscopie IRM<br />

permettra <strong>de</strong> telles avancées [67] .<br />

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Que retenir ?<br />

Le cerveau est protégé <strong>de</strong> l’hypoperfusion jusqu’à un certain point<br />

par un réseau anastomotique complexe et la possibilité d’une<br />

autorégulation du débit sanguin cérébral.<br />

L’occlusion artérielle à l’origine <strong>de</strong> l’infarctus peut résulter <strong>de</strong><br />

causes diverses mettant en jeu <strong>de</strong>s mécanismes emboliques,<br />

hémodynamiques, l’atteinte sélective <strong>de</strong>s petites artères<br />

perforantes ou le vasospasme.<br />

Bien que plus constants, les mécanismes cellulaires et moléculaires<br />

développés au cours <strong>de</strong> l’ischémie <strong>cérébrale</strong> sont, quant à eux,<br />

variables dans le temps et leur localisation.<br />

La nécrose cellulaire, qui survient au cœur <strong>de</strong> la zone ischémiée,<br />

apparaît précocement et résulte <strong>de</strong> la toxicité du calcium, du<br />

glutamate et <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> dépolarisation.<br />

Les mécanismes délétères tardifs résultent <strong>de</strong> la modulation <strong>de</strong> la<br />

transcription <strong>de</strong> nombreux gènes, principalement au sein <strong>de</strong> la<br />

zone <strong>de</strong> pénombre, avec pour conséquence le développement <strong>de</strong><br />

processus inflammatoires et <strong>de</strong> l’apoptose.<br />

Dans certaines conditions, la reperfusion peut avoir plus d’effets<br />

délétères que favorables.<br />

L’échec <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> neuroprotection peut s’expliquer en<br />

partie par l’inadéquation <strong>de</strong>s modèles et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

d’évaluation développés chez l’animal ainsi que par la mise en jeu<br />

séparée <strong>de</strong>s voies moléculaires impliquées dans les lésions<br />

neuronales.<br />

Une meilleure connaissance <strong>de</strong>s mécanismes, en particulier chez<br />

l’homme, et la prise en compte <strong>de</strong>s mécanismes cellulaires tardifs<br />

pourraient permettre le développement <strong>de</strong> thérapeutiques plus<br />

efficaces.<br />

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