Faut-il prescrire les anti-inflammatoires non stéroïdiens à visée ...

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22.06.2013 Views

diminue. Pour cela, il me semble indispensable que les solutions buvables pédiatriques d'ibuprofène soient retirées de la vente libre ou restreintes à l'indication antalgique. Cela permettrait de donner un message fort aux parents et aux médecins rappelant qu'il ne s'agit pas d'un traitement anodin, cela diminuerait son utilisation en automédication. Malheureusement, depuis les recommandations de prudence de l'AFSSAPS de 2005 concernant la prise d'AINS pendant la varicelle, les choses ne semblent pas avancer d'avantage dans le sens d'un retrait ou d'une restriction d'usage. Il faudrait également reformuler les recommandations de bonne pratique concernant la prise en charge de la fièvre : • ne pas donner de traitement antipyrétique médicamenteux systématique, • ne pas alterner systématiquement paracétamol et ibuprofène, • associer les mesures physiques, • privilégier le paracétamol si un traitement médicamenteux est nécessaire, en montant dans les cas graves à 80 mg/kg/jour en 5 prises régulièrement espacées, • proposer ponctuellement au cas par cas l'administration d'un second antipyrétique entre deux doses de paracétamol seulement si les mesures physiques sont déjà utilisés et insuffisantes et en fonction de l'étiologie, • réhabiliter l'Aspirine dans ce cas en respectant les restrictions d'utilisation (varicelle) car à une posologie de 15 mg/kg par prise trois fois par jour maximum, elle est moins anti-inflammatoire que l'ibuprofène, • réévaluer l'enfant régulièrement si la fièvre persiste et renforcer les stratégies diagnostiques devant un syndrome fébrile persistant chez un enfant d'autant plus qu'il a reçu des AINS (examen clinique, NF, CRP, Radio thorax, ECBU, voire hémoculture et PL selon les cas), • diffuser ces conseils auprès des professionnels de santé, de la petite 96

enfance et des parents, • déclarer en pharmacovigilance les cas d'infections bactériennes sévères survenant après un traitement par AINS, en détaillant la chronologie de l'infection, des prises médicamenteuses et les caractéristiques bactériologiques de l'infection. La deuxième interrogation concernant l’ibuprofène est de savoir si son utilisation dans des processus infectieux non bactériens ou inflammatoires non encore diagnostiqués est licite. Les effets secondaires graves possibles justifient l’abstention dans une pathologie bénigne, le risque par exemple de donner de l’ibuprofène dans une fièvre due à la varicelle avant l’éruption caractéristique avec le risque de favoriser la survenue d'une fasciite nécrosante, comme cela a été le cas encore récemment dans le service de Pédiatrie de l'hôpital d'Orsay, invite aussi à la prudence. Il n’y a donc aucune raison d’employer l’ibuprofène comme antipyrétique sauf dans des cas exceptionnels et justifiés, il faut le remplacer par les moyens de refroidissement externe quand la posologie du paracétamol est à dose maximale en s’aidant au besoin de l’acide acétylsalicylique en l'absence de contre-indications (varicelle). En dehors de tout contexte infectieux, l'ibuprofène reste un bon médicament antalgique et anti-inflammatoire qui peut être prescrit en particulier dans les migraines de l'enfant ou en traumatologie, en prenant en compte ses effets indésirables peu fréquents (gastrite, allergies,...). « Avoir, dans les maladies, deux choses en vue : être utile ou du moins ne pas nuire ». Primum non nocere. Traité des Épidémies (I, 5) Hippocrate, 410 av. J.-C. 97

enfance et des parents,<br />

• déclarer en pharmacovig<strong>il</strong>ance <strong>les</strong> cas d'infections bactériennes sévères<br />

survenant après un traitement par AINS, en déta<strong>il</strong>lant la chronologie de<br />

l'infection, des prises médicamenteuses et <strong>les</strong> caractéristiques<br />

bactériologiques de l'infection.<br />

La deuxième interrogation concernant l’ibuprofène est de savoir si son<br />

ut<strong>il</strong>isation dans des processus infectieux <strong>non</strong> bactériens ou <strong>inflammatoires</strong> <strong>non</strong><br />

encore diagnostiqués est licite. Les effets secondaires graves possib<strong>les</strong> justifient<br />

l’abstention dans une pathologie bénigne, le risque par exemple de donner de<br />

l’ibuprofène dans une fièvre due <strong>à</strong> la varicelle avant l’éruption caractéristique<br />

avec le risque de favoriser la survenue d'une fasciite nécrosante, comme cela a<br />

été le cas encore récemment dans le service de Pédiatrie de l'hôpital d'Orsay,<br />

invite aussi <strong>à</strong> la prudence.<br />

Il n’y a donc aucune raison d’employer l’ibuprofène comme <strong>anti</strong>pyrétique<br />

sauf dans des cas exceptionnels et justifiés, <strong>il</strong> faut le remplacer par <strong>les</strong> moyens<br />

de refroidissement externe quand la posologie du paracétamol est <strong>à</strong> dose<br />

maximale en s’aidant au besoin de l’acide acétylsalicylique en l'absence de<br />

contre-indications (varicelle). En dehors de tout contexte infectieux, l'ibuprofène<br />

reste un bon médicament antalgique et <strong>anti</strong>-inflammatoire qui peut être prescrit<br />

en particulier dans <strong>les</strong> migraines de l'enfant ou en traumatologie, en prenant en<br />

compte ses effets indésirab<strong>les</strong> peu fréquents (gastrite, allergies,...).<br />

« Avoir, dans <strong>les</strong> maladies, deux choses en vue : être ut<strong>il</strong>e ou du moins ne pas<br />

nuire ». Primum <strong>non</strong> nocere.<br />

Traité des Épidémies (I, 5) Hippocrate, 410 av. J.-C.<br />

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