REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES PFNL EN RDC - CIFOR
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Establishment of Forestry Research Network<br />
for ACP Countries (FOR<strong>EN</strong>ET)<br />
Revue Nationale sur les Produits Forestiers non Ligneux (<strong>PFNL</strong>).<br />
Cas de la République Démocratique du Congo<br />
Prof Shango Mutambwe<br />
Juin 2010<br />
1
TABLE <strong>DE</strong>S MATIERES<br />
Liste des tableaux 04<br />
Liste des figures 05<br />
Liste des photos 06<br />
Acronymes 07<br />
Avant propos 08<br />
Remerciements 09<br />
I.- Introduction 10<br />
II.- Généralités 12<br />
1.- Approche méthodologique 12<br />
2.- Définitions 12<br />
3.- Classification des <strong>PFNL</strong> 13<br />
4. Importance des <strong>PFNL</strong> 15<br />
5.- Facteurs encourageant la mise en valeur des <strong>PFNL</strong> 16<br />
6.- Effets négatifs de l’exploitation des forêts face aux <strong>PFNL</strong> 16<br />
III.- Etat des lieux des <strong>PFNL</strong> 18<br />
1. <strong>PFNL</strong> d’origine végétale 18<br />
1.1. <strong>PFNL</strong> végétaux comestibles 18<br />
1.2. <strong>PFNL</strong> végétaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle 22<br />
1.3.- <strong>PFNL</strong> végétaux utilisés comme usage artisanal 25<br />
1.4.- <strong>PFNL</strong> végétaux utilisés comme vins 29<br />
2.- <strong>PFNL</strong> d’origine animale 30<br />
2.1.- Gibier 30<br />
2.2.- Oiseaux 34<br />
2.3.- Poissons 34<br />
2.4.- Reptiles 36<br />
2.5.- Insectes 36<br />
2.6.- Autres petits animaux 38<br />
2.7.- Produits dérivés des <strong>PFNL</strong> d’origine animale 38<br />
2.8.- Miel 38<br />
3.- <strong>PFNL</strong> fongiques 39<br />
IV.- Mode d’exploitation des <strong>PFNL</strong> et leurs impacts sur les écosystèmes 41<br />
forestiers<br />
1.- Mode de collecte des <strong>PFNL</strong> végétaux 41<br />
2.- Exploitation des <strong>PFNL</strong> d’origine animale 41<br />
2.1.- Méthode des captures des gibiers 41<br />
2.2.- Méthode des captures des poissons 42<br />
V.- Cadre juridique relatif aux <strong>PFNL</strong> 43<br />
1.- Lois, règlements et les mesures relatifs aux <strong>PFNL</strong> 43<br />
2.- Règles et modes traditionnelles de régulation des <strong>PFNL</strong> 43<br />
2
3.- Conditions légales de l’exploitation des <strong>PFNL</strong> 43<br />
3.1.- Exploitation (récolte ou cueillettes) des <strong>PFNL</strong> végétaux 44<br />
3.2.- Exploitation des <strong>PFNL</strong> fauniques 45<br />
3.3.- Taxation et fiscalité relatives aux <strong>PFNL</strong> 46<br />
VI.- Cadre institutionnel de gestion des <strong>PFNL</strong> 47<br />
VII.- Consommation des <strong>PFNL</strong> 48<br />
VIII.- Organisation du marché des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong> 49<br />
1.- Marché extérieur 49<br />
2.- Marché extérieur 50<br />
IX.- Commercialisation 52<br />
X.- Rôle socio-économique des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong> 54<br />
1. Au niveau des ménages 54<br />
2.- Au niveau national et international 58<br />
XI.- Valeurs bromatologiques des <strong>PFNL</strong> 59<br />
XII.- Contraintes 62<br />
XIII.- Conclusion 64<br />
XIV.- Bibliographie 67<br />
15.- Annexes 72<br />
3
LISTE <strong>DE</strong>S TABLEAUX<br />
Tableau 1 : Prix unitaire moyen de principaux <strong>PFNL</strong> comestibles 21<br />
Tableau 2 : Prix unitaire moyen de principales plantes médecinales 25<br />
Tableau 3 : Prix unitaire moyen de quelques produits végétaux<br />
artisanaux<br />
28<br />
Tableau 4 : Prix unitaire moyen ($/l) des vins forestiers à travers les<br />
villes visitées par Toirambe (2005)<br />
30<br />
Tableau 5 : Prix unitaire moyen des gibiers rencontrés dans les villes<br />
visitées par Toirambe (2005)<br />
32<br />
Tableau 6 : Prix des poissons relevés dans les villes visitées par<br />
Toirambe (2005)<br />
35<br />
Tableau 7 : Valeur marchande de quelques reptiles vendus au Katanga 36<br />
Tableau 8 : Prix unitaire moyen du miel dans les villes visitées par<br />
Toirambe (2005)<br />
39<br />
Tableau 9 : Prix moyen de quelques variétés des champignons<br />
consommés à Lubumbashi<br />
40<br />
Tableau 10 : <strong>PFNL</strong> dans les marchés kinois 53<br />
Tableau 11 : Valeur nutritionnelle des <strong>PFNL</strong> au Kwango 59<br />
Tableau 11 : Valeur nutritionnelle des champignons au Kwango 59<br />
Tableau 12 : Valeur nutritionnelle des champignons 59<br />
Tableau 13 : Valeur nutritionnelle des fruits consommés au Kwango 60<br />
Tableau 11 : Valeur nutritionnelles de quelques <strong>PFNL</strong> d’origine animale<br />
consommé au Kwango<br />
61<br />
4
LISTE <strong>DE</strong>S FIGURES<br />
Figure 1. Classification des produits des forêts et des arbres (FAO, 1999) 14<br />
Figure 2. Proportion d’organes végétaux comestibles utilisés par la 19<br />
population congolaise<br />
Figure 3. Proportion des organes végétaux utilisés dans la préparation 24<br />
des remèdes<br />
Figure 4.- Cadre institutionnel de gestion des <strong>PFNL</strong> 47<br />
Figure 4.- Organisation du marché des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong> 49<br />
Figure 6.- Contribution des activités économiques exercées en milieu<br />
forestier chez les ménages du landscape Salonga-Lukenie-<br />
Sankuru<br />
5<br />
58
LISTE <strong>DE</strong>S PHOTOS<br />
Photos 1 et 2 : Viande boucanée d’antilope et de sanglier 31<br />
Photo 3: Quelques espèces de poissons vendues au marché de Kinshasa 34<br />
Photo 4: Larves de Rhynchophorus phoenicis. (Photo à gauche) et de<br />
d’Oryctes sp (Photo à droite)<br />
37<br />
Photo 5: Macrotermes falciger 37<br />
Photo 6 : Echantillon de miel vendu au marché de Kingabwa (Kinshasa) 39<br />
Photo 7 : Etalonnage des champignons comestibles dans le marché 40<br />
Gambela (Kinshasa)<br />
Photo 8 : Marché de rotins à Kinshasa 55<br />
Photo 9 : Marché des <strong>PFNL</strong> utilisés dans la pharmacopée traditionnelle à 6<br />
Kinshasa<br />
6
ACP: Afrique, Caraïbes, Pacifique<br />
ACRONYMES<br />
CARPE : Central Africa Regional Program for Environment<br />
COMIFAC : Commission des Forêts d’Afrique Centrale<br />
FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations<br />
FOR<strong>EN</strong>ET : Establishment of Forestry Research Network for ACP Countries<br />
IRET : Institut de Recherches Ecologiques Tropicales<br />
<strong>RDC</strong> : République Démocratique du Congo<br />
7
AVANT-PROPOS<br />
La République Démocratique du Congo (<strong>RDC</strong>), est de loin le pays<br />
d’Afrique doté de la biodiversité la plus élevée. Elle possède le plus grand<br />
nombre d’espèces pour pratiquement tous les groupes et héberge des espèces<br />
endémiques spectaculaires comme l’okapi, le rhinocéros blanc, le bonobo, le<br />
paon congolais, ...<br />
Ce pays aux potentialités forestières immenses, est aussi une source non<br />
négligeable de produits forestiers non-ligneux (<strong>PFNL</strong>) qui sont d’une importance<br />
socio-économique pour les populations tant rurales qu’urbaines lorsqu’on sait<br />
qu’ils interviennent dans l’alimentation, l’artisanat et les soins de santé des<br />
populations locales et constituent également une source potentielle de<br />
revenus. Malheureusement cette importance conduit à une surexploitation des<br />
ressources et menace l’équilibre dynamique des différents écosystèmes<br />
exploités. Les gestionnaires des forêts n’accordent non plus suffisamment<br />
d’intérêt à cette ressource.<br />
L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture<br />
(FAO) donne un appui technique aux pays membres de la Commission des<br />
Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) par le biais du projet régional GCP / RAF /<br />
398 / GER intitulé « Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique<br />
Centrale à travers la gestion et l’utilisation durable des produits forestiers non<br />
ligneux (<strong>PFNL</strong>). L’objectif global de ce projet est d’améliorer la sécurité<br />
alimentaire dans les six pays d’Afrique Centrale (Gabon, Cameroun, <strong>RDC</strong>,<br />
République Centrafricaine, République du Congo, Guinée Equatoriale) à travers<br />
l’utilisation durable des aliments forestiers et des arbres hors forêt. Ses<br />
objectifs immédiats sont : (1) le renforcement de la prise de conscience et la<br />
connaissance du rôle des <strong>PFNL</strong> pour la sécurité alimentaire, et (2)<br />
l’établissement des bases du rôle des <strong>PFNL</strong> pour une meilleure intégration<br />
systématique sur les aliments forestiers dans les programmes et politiques<br />
pertinents.<br />
Le présent projet « Revue Nationale sur les Produits forestiers non<br />
ligneux (<strong>PFNL</strong>) Cas de la <strong>RDC</strong>, mis en œuvre par le Establishment of Forestry<br />
Research Network for ACP Countries (FOR<strong>EN</strong>ET), s’inscrit dans le cadre de la<br />
mise en œuvre du Projet ACP-FOR<strong>EN</strong>ET en Afrique.<br />
8
REMERCIEM<strong>EN</strong>TS<br />
Nous remercions ACP-FOR<strong>EN</strong>ET, RFPO Afrique Centrale, les responsables<br />
de l’Institut de Recherches Ecologiques Tropicales pour avoir financé ce projet<br />
et pour la confiance qu’ils nous ont faite.<br />
Nous remercions Messieurs MAYELE David et TSHIOMBE Van Emery de la<br />
Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Kinshasa pour la<br />
collaboration qu’ils ont apportée à la réalisation de ce travail pour le compte<br />
de la RD Congo.<br />
9
I. INTRODUCTION<br />
Situé au cœur de l’Afrique sur un territoire de 2.344.860 km 2 , la<br />
République Démocratique du Congo est le troisième grand pays d’Afrique en<br />
terme d’étendue après le Soudan et l’Algérie. Elle se place au second rang<br />
mondial de superficie des forêts denses humides derrière le Brésil et au<br />
cinquième rang mondial pour les superficies forestières après la Russie, le<br />
Canada, les Etats-Unis et le Brésil. Ce massif forestier couvre une superficie<br />
estimée à 155,5 millions d’hectares (dont 99 millions de forêts denses<br />
humides), soit 67% du territoire national. Elle représente près de la moitié des<br />
forêts tropicales humides (Eba’a Atyi et Bayol, 2009) et 10% du potentiel<br />
forestier mondial (FAO, 2004).<br />
Ces forêts regorgent des espèces emblématiques, rares et/ou menacées<br />
dont les grands mammifères: Okapi (Okapia johnstoni), rhinocéros blanc<br />
(Ceratotherium simum cottoni), Bonobo (Pan paniscus), le Paon congolais<br />
(Afropavo congensis), gorille des montagnes (Gorilla gorilla beringei), le gorille<br />
des plaines orientales (Gorilla gorilla graueri). On y a dénombré également<br />
11000 espèces de plantes vasculaires dont 3200 endémiques appartenant à près<br />
de 2196 genres et 377 familles (FAO, 2002), plus de 400 espèces de<br />
mammifères (Tchatat, 1999), 1100 espèces d’oiseaux, plus de 1500 espèces de<br />
poisson, 350 espèces de reptiles, 20 espèces de caméléons, 105 espèces de<br />
mollusques aquatiques.<br />
Actuellement, l’accès et l’utilisation de ces ressources sont multiples et<br />
varient d’une pression de récolte très faible à l’exploitation commerciale<br />
d’intensité variable en passant par les produits forestiers non ligneux. Ils sont<br />
dans la plupart de cas, fonction d’une articulation singulière mais qui<br />
fonctionne entre les acteurs de la société civile et les agents de l’État qui tous<br />
cherchent leur subsistance dans un contexte économique délétère sans se<br />
soucier de la durabilité des ressources exploitées.<br />
Ces ressources ont constitué, depuis les temps immémoriaux, la source<br />
des revenus économiques du pays à la fois dans les secteur formel (exploitation<br />
industriel du bois, des minerais, …) et informel (produits forestiers non<br />
ligneux). Pour une partie importante de la population, pauvre, elles constituent<br />
aussi une bouée de secours sans laquelle elle tomberait en deçà du seuil de<br />
survie. Ces forêts jouent encore un rôle important au niveau des grands<br />
équilibres écologiques mais sa contribution au PIB est très modeste (à peine 1%)<br />
comparativement à d’autres secteurs productifs tels que les mines,<br />
l’agriculture, …<br />
D’après les estimations du Système de nations Unies (UNPP, 2006), la<br />
population de la <strong>RDC</strong> s’élevait à 58.741.000 d’habitants en 2005 et devrait<br />
dépasser 69 millions d’habitats en 2010 (soit 25 habitants au km²) pour<br />
atteindre plus de 93 millions en 2020.<br />
10
La croissance démographique élevée à 2,4 % par an et la faiblesse de<br />
l’appui à une modernisation de l’agriculture vivrière font craindre à l’avenir<br />
une accélération de la déforestation. Ainsi, la principale cause de la<br />
déforestation, mais aussi la principale menace en <strong>RDC</strong>, est l’agriculture vivrière<br />
(Eba’a Atyi et Bayol, 2009).<br />
Aujourd’hui, au regard des réalités socio-économiques des divers pays en<br />
développement (revenus insuffisants voire inexistants, rareté d’emploi,<br />
insécurité alimentaire chronique, etc.) dont la <strong>RDC</strong>, la population a développé<br />
des activités lucratives diversifiées pour se maintenir, parmi lesquelles<br />
l’exploitation des Produits Forestiers Non Ligneux (<strong>PFNL</strong>) (Biloso et Lejoly,<br />
2006). L’exploitation judicieuse des <strong>PFNL</strong> est de plus en plus considérée comme<br />
une stratégie de conservation des ressources tropicales, en même temps<br />
qu’elle permet une amélioration du bien-être des populations locales<br />
forestières par la lutte contre la pauvreté (Guedje, 2005.).<br />
11
II. G<strong>EN</strong>ERALITES <strong>SUR</strong> <strong>LES</strong> <strong>PFNL</strong><br />
1.- Approche méthodologique<br />
Les informations contenues dans ce rapport proviennent essentiellement<br />
des documents produits (livres, périodiques, rapports, travaux de fin d’études sur<br />
les <strong>PFNL</strong>) par les organisations et institutions tant nationales qu’internationales.<br />
Ces documents étaient consultés sur place, si possible photocopiés ou achetés<br />
pour une consultation ultérieure.<br />
D’autres données ont été récoltées lors des missions de service<br />
effectuées au cours de ces trois derniers mois dans des centres urbains,<br />
notamment à Kinshasa, Kisangani, Mbandaka. Pendant ces missions, des<br />
enquêtes ethnobotaniques et ethnozoologiques auprès de différentes catégories<br />
d’acteurs de la filière (Organisations non gouvernementales locales et<br />
internationales, institutions de recherches et d’enseignements universitaires,<br />
vendeurs des produits forestiers) ont permis d’identifier et d’évaluer des <strong>PFNL</strong><br />
prioritaires présentant une importance dans l’amélioration de la sécurité<br />
alimentaire.<br />
2. Définition<br />
Il n’est pas aisé de définir une expression aussi dynamique que celle des<br />
produits forestiers non ligneux. A l’instar de cette terminologie, le sens donné<br />
aux <strong>PFNL</strong> a beaucoup évolué dans le temps. Ces produits étaient le plus<br />
souvent restreints aux autres ressources forestières végétales spontanées à<br />
usage alimentaire et médicinal. Le champ de cette définition s’est élargi<br />
davantage avec la prise en compte de certains produits utilisés localement et<br />
non recherchés sur le marché international (Ndjebet, 1997). Outre les<br />
ressources biologiques forestières, les auteurs comme Aubé (1996) et Peters<br />
(1997), FAO (1999) prennent en compte toutes les ressources forestières autres<br />
que le bois d’oeuvre dans leur définition et considèrent comme produit<br />
forestier non ligneux tout produit dont l’exploitation ne nécessite pas<br />
d’investissement particulier et dont l’usage ou la commercialisation profite<br />
directement aux riverains.<br />
Pour Ndoye et Awono (2005), les <strong>PFNL</strong> peuvent être d’origine soit<br />
végétale, soit animale: des feuilles, des racines, des écorces, des fruits<br />
sauvages, des herbes, des épices, des condiments, des fibres, des lianes, des<br />
fleurs, de la résine d’arbre ou de l’huile pouvant servir comme combustible, les<br />
noix ou amandes, les champignons, les chenilles, le gibier, les escargots et<br />
autres insectes comestibles, etc., en provenance de la forêt.<br />
Le Programme Régional d’Afrique Centrale pour l’Environnement<br />
(CARPE) définit les <strong>PFNL</strong> comme étant des biens et services provenant de la<br />
forêt et de leur biomasse, de façon à y être remarqués, acquis ou consommés<br />
(FAO, 1992). Ils peuvent être tangibles ou non tangibles. Les <strong>PFNL</strong> excluent<br />
seulement les tiges ligneuses pour l’exploitation des grumes et le bois de feu<br />
(Biloso, 2008).<br />
12
Les définitions de ces auteurs sont bien résumées par celle de la FAO<br />
(2001) qui considère les <strong>PFNL</strong> comme l’ensemble de biens et services pouvant<br />
être vendus, autoconsommés ou être utilisés par l’industrie comme source de<br />
matières premières et qui proviennent des ressources renouvelables et de la<br />
biomasse forestière. Ces produits sont susceptibles de permettre une<br />
augmentation des revenus réels et des emplois des ménages ruraux (Biloso,<br />
2008). Même si leur exploitation se fait encore à l’échelle artisanale, les <strong>PFNL</strong><br />
ont une influence sur la vie ou la survie des populations rurales, car ils jouent<br />
un rôle important dans l’équilibre alimentaire, la conservation de l’identité<br />
culturelle, la santé et des activités génératrices des revenus. Le miel<br />
s’inscrivant dans ce registre, il se présente comme un produit multifonctionnel<br />
couvrant pratiquement tous les aspects susmentionnés (Awono et al, 2008).<br />
Selon la FAO (1992), la valorisation des <strong>PFNL</strong> dans les pays en<br />
développement a été principalement favorisée par la détérioration des facteurs<br />
économiques intérieurs et extérieurs et par les efforts faits pour conserver les<br />
forêts tropicales et la biodiversité. L’une des caractéristiques propres à ces<br />
<strong>PFNL</strong>, réside dans leur accessibilité, même aux personnes ne disposant pas de<br />
terre cultivable et/ou de revenus suffisants (BILOSO, 2008, Toirambe, 2006).<br />
3.- Classification des <strong>PFNL</strong><br />
Suivant la définition mondiale des produits des forêts et des arbres, la<br />
FAO (1999) a retenu deux catégories des <strong>PFNL</strong>, basées sur leurs utilisations<br />
finales, la taxonomie ainsi que les caractéristiques de services qu’ils rendent<br />
aux populations. Il s’agit des :<br />
- plantes et produits végétaux. Si l’on s’en tient à l’anatomie des<br />
ressources forestières, la distinction entre les produits ligneux et non<br />
ligneux considérés par les chercheurs et scientifiques n'est pas nette.<br />
Dans le contexte de la présente étude, les produits "ligneux" se<br />
réfèrent au bois rond (grumes), aux sciages, aux panneaux dérivés du<br />
bois, aux copeaux et à la pâte de bois, et sont généralement destinés à<br />
des activités industrielles et commerciales ainsi qu'à l'utilisation<br />
individuelle de bois bruts pour de grandes constructions, les produits<br />
non-ligneux d’origine biologique autres que le bois, dérivé des forêts,<br />
d’autres terres boisées ou d’arbres hors forêt (Degrande et al, 2006 ; r<br />
Biloso, 2008). Selon la FAO (2001), les <strong>PFNL</strong> d'origine végétale sont<br />
classés en 8 catégories: aliments ; fourrage; matière première pour la<br />
préparation de médicaments et de produits aromatiques ; matière<br />
première pour la préparation de colorants et de teintures ; matière<br />
première pour la fabrication d’ustensiles, d’objets d’artisanat et pour<br />
la construction ; plantes ornementales ; exsudats et autres produits<br />
végétaux.<br />
- animaux et produits forestiers non ligneux d’origine animale,<br />
comprenant la viande de brousse, les animaux vivants, cuits, les peaux<br />
et trophées, les poissons (vivants, ornementaux), les reptiles, les<br />
13
insectes, les fourrures, les os, les oeufs d’oiseaux et des reptiles, les<br />
dents, les coquilles, les griffes, les plumes d’oiseaux, les poils, les<br />
cornes, les queues, les huiles de poissons et de serpents, le miel<br />
sauvage et la cire d’abeille, etc. ;<br />
- étant considérés comme un règne indépendant des plantes vasculaires,<br />
les champignons devraient faire l’objet d’une troisième catégorie dans<br />
la classification des <strong>PFNL</strong> (Toirambe, 2005).<br />
Produits des<br />
forêts et des<br />
arbres<br />
Figure 1. Classification des produits des forêts et des arbres (FAO, 1999)<br />
4.- Importance des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong><br />
Produits<br />
forestiers ligneux<br />
Produits<br />
forestiers non<br />
ligneux<br />
Services<br />
forestiers<br />
Il est admis que les forêts congolaises jouent un rôle important au niveau<br />
des grands équilibres écologiques mais leur contribution au PIB est très<br />
modeste (à peine 1%) comparativement à d’autres secteurs productifs tels que<br />
les mines, l’agriculture, …<br />
Dans ces forêts l’importance des produits forestiers non ligneux n’est<br />
plus à démontrer. Il est déjà largement connu que ces produits complètent la<br />
14<br />
Bois industriel, bois de feu<br />
et charbon de bois<br />
Petits bois (bois de<br />
construction, …)<br />
Plantes et produits<br />
d’origine végétale<br />
Animaux et produits<br />
d’origine animale<br />
Champignons
production agricole des ménages en leur apportant des denrées nutritionnelles<br />
essentielles, des produits à usage médicinal, du fourrage, de la paille, etc. Ils<br />
sont pourvoyeurs des aliments de secours pendant la période de soudure ou<br />
constituent un filet de sécurité alimentaire d’urgence contre des aléas<br />
saisonniers et en cas de nécessité urgente pour les ménages (Mukerji, 1995).<br />
Les <strong>PFNL</strong> constituent également une des principales sources, sinon la<br />
principale source de protéines animales pour les populations tant rurales<br />
qu’urbaines. En milieu rural, les protéines animales commercialisées issues<br />
d’élevage ne font généralement pas ou font très peu partie de l’alimentation<br />
habituelle. Pour satisfaire leurs besoins, les populations rurales font souvent<br />
usage du gibier, du poisson, des insectes, des chenilles, des larves, des<br />
escargots, etc. Pour Wolfgang et Bihini (1989) 75 % des protéines animales<br />
consommées en <strong>RDC</strong> proviendraient de la faune sauvage. Les marchands de<br />
viandes ou de poissons marins surgelés n’ont pas pu s’établir dans beaucoup de<br />
centres urbains de la cuvette centrale (entité purement forestière) jusqu’à nos<br />
jours à cause de la concurrence que leur imposent les chasseurs et les pêcheurs<br />
autochtones.<br />
L’apport qualitatif en protéines par la viande sauvage a été étudié par<br />
quelques chercheurs. Ainsi, Heymans (1982) rapporte qu’au Bénin, un<br />
kilogramme de viande d’antilope boucanée contient 85,16% de protéines.<br />
Debroux et Dethier (1993) ont montré que, dans la plupart des cas, la teneur<br />
en protéines de la viande de brousse est supérieure à celle de la viande des<br />
animaux domestiques (environ 22,3% pour le bétail).<br />
Les produits végétaux non ligneux contribuent potentiellement à la<br />
fourniture des matières premières d’où sont extraites des principes actifs par<br />
les industries pharmaceutiques. Ils interviennent efficacement dans les soins de<br />
santé d’environ 80 % de populations des pays en développement qui,<br />
aujourd’hui, font encore recours à la pharmacopée traditionnelle (Mukerji,<br />
1995). Deux raisons majeures peuvent expliquer cette situation : des crises<br />
économiques diverses dans ces pays ; et des coûts onéreux des produits<br />
pharmaceutiques.<br />
Les <strong>PFNL</strong> représentent souvent, aux yeux des populations locales, la<br />
manifestation la plus évidente de la valeur de la forêt en tant que capitalnature,<br />
et représentent par la suite un facteur important dans la conservation<br />
de l’ensemble des ressources de la forêt, notamment de sa diversité génétique<br />
(FAO, 1989). Ils peuvent ainsi constituer une source importante de revenus<br />
dans les économies locale, nationale ou internationale. A l’heure actuelle, plus<br />
de 150 <strong>PFNL</strong> font l’objet de commerce dans les différents marchés de l’Afrique<br />
Centrale (FAO, 2001). Tabuna (2000), en décrivant le marché des <strong>PFNL</strong> en<br />
Europe (Royaume Uni, France, Portugal, Belgique et Espagne), a évalué les<br />
exportations de l’Afrique Centrale à 3.475 tonnes/an et le chiffre d’affaires<br />
généré par ce volume est estimé à 96.424.251 $US.<br />
Pour une utilisation commerciale, l’exploitation de certains des <strong>PFNL</strong> a<br />
ouvert de nouvelles perspectives laissant entrevoir la possibilité d’emplois à<br />
15
temps partiel ou à temps plein, pour les hommes aussi bien que pour les<br />
femmes dans les communautés rurales, voire dans des centres urbains.<br />
5.- Facteurs encourageant la mise en valeur des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong><br />
Selon la FAO (1992), la valorisation des <strong>PFNL</strong> dans les pays en<br />
développement a été principalement favorisée par la détérioration des facteurs<br />
économiques intérieurs et extérieurs et par les efforts faits pour conserver les<br />
forêts tropicales et la biodiversité. Cette détérioration a été le frein de<br />
certaines importations et a permis aux populations de ces pays d’aller puiser<br />
davantage dans leurs propres ressources naturelles pour la survie. Les<br />
médicaments sont un exemple de produit importé coûteux qu'il faut<br />
maintenant remplacer par des plantes médicinales locales dont le coût<br />
financier est insignifiant.<br />
Par ailleurs, certaines administrations nationales se rendent de plus en<br />
plus compte que le bien-être d'une partie des communautés locales dépend des<br />
ressources forestières non ligneuses, et que l’utilisation rationnelle de ces<br />
ressources peut en améliorer régulièrement le niveau de vie. Ndoye et al.<br />
(1998), Biloso (2003), Biloso et Lejoly (2006) ont démontré que les femmes<br />
engagées dans la vente des principaux <strong>PFNL</strong> (Dacryodes edulis, Irvingia spp.,<br />
Cola acuminata, Ricinodendron heudelotii…..), ont vu leur situation<br />
économique s’améliorer positivement.<br />
La demande des plantes médicinales des forêts tropicales par les<br />
industriels pharmaceutiques crée de nouveaux débouchés à travers le monde.<br />
Cette demande a relevé les prix de certains produits au détriment des produits<br />
de synthèse.<br />
Jadis marginalisés, beaucoup des <strong>PFNL</strong> participent aujourd’hui aux<br />
échanges internationaux. L’accroissement démographique des immigrés du Sud<br />
dans des pays européens a ouvert la porte aux marchés des <strong>PFNL</strong> tropicaux<br />
(considérés pour certains comme des « produits biologiques »), dont la<br />
demande est restée croissante pendant ces dernières années (Tabuna, 2000).<br />
Un autre facteur qui motive la valorisation des <strong>PFNL</strong> est la pertinence de<br />
diversification des produits, qui favorise la création d’emplois et de revenus<br />
dans les zones rurales, ainsi que la protection des valeurs environnementales et<br />
culturelles.<br />
6.- Effets négatifs de l’exploitation des forêts face aux <strong>PFNL</strong><br />
L’agriculture itinérante sur brûlis, l’exploitation forestière, la chasse<br />
commerciale sont des activités anthropiques majeures, responsables de<br />
l’amenuisement ou de l’appauvrissement des <strong>PFNL</strong> en milieu forestier.<br />
En <strong>RDC</strong> par exemple, plus de 70% de la population pratiquent<br />
essentiellement l’agriculture de subsistance, cultivant annuellement près de 5<br />
à 6 millions d’hectares. Les techniques culturales (défrichement, sarclage,<br />
brûlis, etc.) sont préjudiciables au maintien des forêts, surtout en zones de<br />
16
forte densité où le raccourcissement de la période de jachère ne permet plus à<br />
la forêt de se reconstituer (MINAF-ET, 2003).<br />
L’exploitation forestière présente également un impact tant présent que<br />
futur sur les récoltes des <strong>PFNL</strong>. Elle peut conduire à un appauvrissement de<br />
certaines espèces (par exemple Baillonella toxisperma) et de la diversité<br />
structurale de la forêt, ainsi qu’à une faible croissance du sous-bois, suite à la<br />
destruction des semis, des jeunes arbres, de la surface du sol ainsi que des<br />
réseaux de drainage (Djomo, 2001). Les engins lourds utilisés (tracteurs à<br />
chenilles pour le débusquage, tracteur à chenilles ou sur pneus pour le<br />
débardage) causent beaucoup de dommages au niveau du sol et du peuplement<br />
des <strong>PFNL</strong>. Les routes forestières et l’installation des campements dans des<br />
zones d’exploitation forestière ne font qu’augmenter la pression sur les <strong>PFNL</strong><br />
en les rendant accessible.<br />
La chasse fut pratiquée depuis le temps immémoriaux par les<br />
populations forestières ; mais cette activité n’est plus durable pour plusieurs<br />
raisons : la modification de l’environnement social, l’apparition de nouveaux<br />
besoins à cause de l’accroissement démographique, la sédentarisation,<br />
l’urbanisation, l’immigration intensive, l’évolution des méthodes de chasse<br />
avec l’apparition du fusil et des câbles en acier, etc. (Mathot, 2002).<br />
La viabilité de cette chasse dans les forêts tropicales, en particulier en<br />
Afrique, suscite de grandes préoccupations pour la faune sauvage des forêts.<br />
Par exemple, la quantité de viande d’animaux sauvages (gibier ou viande de<br />
brousse) récoltée chaque année dans le bassin du Congo est évaluée à 5<br />
millions de tonnes (Fa et al, 2002), ce qui indique que le taux d’exploitation<br />
est deux fois plus élevé que le taux de production. A titre de comparaison, en<br />
Amazonie, on récolte environ 0,15 million de tonnes de gibier, ce qui<br />
correspond à un taux d’exploitation de 0,08 % par rapport au taux de<br />
production, un ratio 30 fois inférieur à celui du bassin du Congo (FAO, 2003).<br />
Bien que ces chiffres soient indicatifs, ils confirment les graves menaces qui<br />
pèsent sur la faune sauvage des forêts tropicales africaines et congolaises en<br />
particulier.<br />
17
3. ETAT <strong>DE</strong> LIEUX <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong> <strong>EN</strong> <strong>RDC</strong><br />
Ce n’est que ces dernières années que des études systématiques sont<br />
faites sur l’utilisation des <strong>PFNL</strong>, notamment en étudiant les filières et en<br />
procédant aux inventaires des <strong>PFNL</strong> des diverses régions de la <strong>RDC</strong>. Bien<br />
qu’embryonnaire, plusieurs études ont montré que de nombreux produits<br />
forestiers non ligneux sont couramment utilisés ou ont une valeur reconnue.<br />
Certains sont exploités de façon très intensive, d’autres moins. L’intensité de<br />
l’exploitation est fonction de la demande domestique et/ou commerciale du<br />
produit (Toirambe, 2005).<br />
Dans ce point, il sera question de donner des principaux <strong>PFNL</strong> qui jouent<br />
un rôle capital et visible dans l’amélioration des conditions de vie des<br />
populations qui les exploitent et/ou qui les commercialisent. Ainsi, rappelons<br />
que les <strong>PFNL</strong> présentés ici font l’objet d’une compilation des informations de la<br />
littérature et des enquêtes ponctuelles réalisées auprès de différents acteurs<br />
du secteur <strong>PFNL</strong>. On trouvera ci-dessous, les différents <strong>PFNL</strong> regroupés en trois<br />
catégories signalés plus haut: les <strong>PFNL</strong> d’origine végétale, les <strong>PFNL</strong> d’origine<br />
animale et les <strong>PFNL</strong> fongiques.<br />
1. <strong>PFNL</strong> d’origine végétale<br />
Dans cette catégorie, on distingue :<br />
1.1. <strong>PFNL</strong> végétaux comestibles<br />
La vie des ménages dans les villages et dans les villes est soutenue par une<br />
mosaïque de plantes et de cultures destinées à la consommation. Plus de 100<br />
espèces de produits végétaux non ligneux destinées à l’alimentation humaine<br />
sont connus (Annexe 1). Dans son étude sur le « Renforcement de la sécurité<br />
alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion et l'utilisation durable des<br />
produits forestiers non ligneux, Toirambe (2005) a montré que 21 espèces<br />
présentent une importance au niveau national et 45 espèces au niveau local ou<br />
provincial. L’usage relatif aux organes végétaux montre que les fruits (45%<br />
d’organes comestibles) sont couramment recherchés et consommés par la<br />
population congolaise, suivis des feuilles (38%) qui sont préparées comme<br />
légumes (Figure 2). Les tubercules ou rhizomes (11%) sont consommés comme<br />
aliment de base ou d’appoint et les autres organes, notamment les écorces<br />
(2%) et les petits morceaux de bois (1%) sont traditionnellement utilisés comme<br />
condiments ou en assaisonnement.<br />
18
Figure 2. Proportion d’organes végétaux comestibles utilisés par la population<br />
congolaise (Toirambe, 2005)<br />
Il sied de signaler que deux à trois organes de certaines espèces sont<br />
consommés, cas de : Afrostyrax lepidophyllus avec trois organes (écorce,<br />
morceau de bois et graines), Hua gabonii avec trois organes (écorce, morceau<br />
de bois et graines), Aframomum laurentii avec deux organes (fruits et nectar),<br />
Capsicum frutescens avec deux organes (feuilles et fruits), Cucurbita maxima<br />
avec deux organes (feuilles et graines), Elaeis guineensis avec deux organes<br />
(bourgeon et noix), Scorodophleus zenkeri avec deux organes (écorce et fruits),<br />
Impatiens masisiensis avec deux organes (feuilles et fruits), Lasimorpha<br />
senegalensis avec deux organes jeunes feuilles et rhizomes), Lagenaria<br />
sphaerica avec deux organes (feuilles et graines), Lagenaria siceraria avec deux<br />
organes (feuilles et graines), Raphia sesse avec deux organes (bourgeon et<br />
fruits), Solanum aethiopicum avec deux organes (feuilles et fruits), Tristemma<br />
incompletum avec deux organes (feuilles et fruits), Xanthosoma qagittifolium<br />
avec deux organes (feuilles et tubercules).<br />
L’étude de Biloso (2008), sur de la valorisation des <strong>PFNL</strong> des Plateaux de<br />
Batéké en <strong>RDC</strong> montre que 169 espèces de <strong>PFNL</strong> appartenant à 65 familles des<br />
plantes sont valorisées. Les <strong>PFNL</strong> végétaux comestibles sont les plus exploités<br />
dans la zone d’étude. Il s’agit de Pteridium sp, du vin indigène (de palmier à<br />
huile et de raphia), de Dioscorea praehensilis, de Talinum triangulare et du<br />
19
otin. La consommation du Pteridium sp. par le ménage, son prix de vente, sa<br />
disponibilité dans les écosystèmes, la distance à parcourir par rapport aux lieux<br />
de prélèvement, le statut matrimonial du chef de ménage, la distance par<br />
rapport au marché et l’appartenance à une structure locale sont des facteurs<br />
explicatifs déterminants dans le choix de l’exploitation ce <strong>PFNL</strong> qu’est le<br />
Pteridium sp. (BILOSO, 2008). Les ignames sauvages, différentes espèces<br />
d’Afromomum sont bien originaires de la forêt dense humide africaine (Hladik<br />
et al, 1997). Comme en en Afrique de l’ouest, les ignames cultivées constituent<br />
la nourriture de base de certaines communautés pour lesquelles Miège (1954,<br />
cité par Hladik, 1997) et Coursey (1972 in Hladik, 1997) ont évoqué l’idée<br />
d’une «civilisation de l’igname» (expression).<br />
Les feuilles de Megaphrynium macrostachyum sont utilisées par les<br />
populations des villages de Botsima, Bekumankake et Besoi situés en bordure<br />
nord –est du Parc National de la Salonga, pour la préparation de la Chikwangue.<br />
En plus des légumes cultivés (feuilles de manioc, de patates douce ou<br />
d’amarante) les enfants vont parfois ramasser dans la forêt des feuilles<br />
sauvages qui se développent en abondance à certaines périodes de l’année<br />
(Dhetcum et Lejoly, 1997):<br />
Awono et al. (2008) dans son enquête sur les <strong>PFNL</strong>, indique que<br />
Dacryodes edulis est un des <strong>PFNL</strong> les plus appréciés sur le plan alimentaire. Il<br />
se retrouve dans toutes les régions de la <strong>RDC</strong>. L’enquête a encore montré la<br />
préférence du Dacryodes edulis comme aliment : il représente un poids de<br />
31,44%, suivi par les champignons (18,20%), les chenilles (12,99%) et le fumbwa<br />
(Gnetum) (11,43%). L’importance du Dacryodes edulis en termes d’aliment<br />
dans les ménages de production baisse par rapport à son poids en termes de<br />
revenus (55,37%). C’est dire que ce produit, sans négliger sa valeur alimentaire<br />
pour les ménages producteurs, leur est plus utile pour les revenus générés que<br />
pour l’autoconsommation (Awono, et al. 2008 ).<br />
Pour Mialoundama (1997), parmi les feuillages comestibles des forêts<br />
humides de l’Afrique centrale et de la <strong>RDC</strong> en particulier, celui de petite liane<br />
du sous-bois du genre Gnetum (appartenant au groupe des Gymnospermes,<br />
ordre primitif de Gnetale avec une seule famille, Gnetaceae) est tout<br />
particulièrement apprécié des consommateurs qui en font la collecte. Le<br />
Gnetaceae se constitue de l’unique genre qui comprend environ 30 espèces,<br />
principalement des arbres et arbustes des régions tropicales d’Asie, d’Amérique<br />
et d’Afrique (Martens, 1971 cité par Mialoundama, 1997). En Afrique, il<br />
n’existe que deux espèces, Gnétum africanum et G. buchholzianum, dont l’aire<br />
de répartition s’étend depuis le Nigeria, le Cameroun, la République<br />
Centrafricaine, le Gabon, le Congo, le Zaïre (<strong>RDC</strong>), jusqu’en Angola. Les<br />
feuilles de ces deux espèces sont consommées depuis les temps immémoriaux.<br />
Elles sont commercialisées par les femmes pendant toute la durée du cycle<br />
annuel, sur le marché de l’Afrique centrale et même dans certaines villes<br />
d’Europe. Cependant, en raison de la collecte intensive de cette ressource<br />
forestière spontanée et de certaines pratiques culturales qui en réduisent<br />
20
l’habitat, les espèces du genre Gnetum sont menacées de disparition en<br />
Afrique. D’où la nécessité de penser à sa domestication.<br />
Dans la région d’Ituri, Ichikawa (1996) rapporte que parmi les quelques<br />
500 espèces de plantes vasculaires récoltées dans la région, les Mbuti en<br />
consomment une centaine des <strong>PFNL</strong> (41 fruits, 25 graines, 13 tubercules et 21<br />
feuilles). En outre, ils boivent la sève de 4 espèces végétales et consomment<br />
quelques 20 espèces de champignons<br />
L’offre de ces <strong>PFNL</strong> comestibles est généralement fonction de la<br />
saisonnalité des produits. La fixation des prix se fait suivant la loi de l’offre et de<br />
la demande et également des autres facteurs notamment du coût de revient, de<br />
la qualité du produit (état de périssabilité), de la dimension ou grosseur du<br />
produit ainsi que du coût de transport. Relativement à leur valeur marchande, le<br />
tableau 1 suivant donne les prix unitaires moyens de principaux <strong>PFNL</strong><br />
comestibles dans les différentes villes visitées pendant les mois de juin – juillet<br />
2006 (prix moyens de vente collectés dans des grands marchés de ces villes et<br />
les unités de vente ramenées au kilogramme, Taux de change : 1$ = 450Fc).<br />
Tableau 1.- Prix unitaire moyen de principaux <strong>PFNL</strong> comestibles relevés par<br />
Toirambe (2005)<br />
Il se dégage de ce tableau que les tubercules de Satyrium buchananii<br />
coûtent très chers (8,12$ le kg) à Lubumbashi, suivis des feuilles de Gnetum<br />
sp.(2,57$/kg) et de graines de Cucumeropsis mannii (1,77$/kg) à Kinshasa.<br />
21
1.2. <strong>PFNL</strong> végétaux utilisés dans la pharmacopée traditionnelle<br />
La diversité des plantes médicinales répertoriées témoigne de<br />
l’importance accordée à la pharmacopée traditionnelle par la population<br />
congolaise. Au regard de la liste de 166 espèces donnée en annexe 4, 13<br />
espèces présentent une importance nationale, à savoir : Aframomum laurentii,<br />
Cola acuminata, Garcinia kola, Hymenocardia acida, Mondia whitei, Morinda<br />
morindoides, Pentadiplandra brazzeana, Piper guineensis, Prunus africana,<br />
Quassia africana, Rauwolfia vomitoria, Renealmia africana, Zingiber officinale.<br />
Awono et al. (2008) dans son étude sur les <strong>PFNL</strong> au Bas-Congo a pu<br />
mettre en évidence au cours de son enquête, les vertus curatives de Dacryodes<br />
edulis qui soigne plusieurs maladies dans les villages. L’analyse statistique<br />
montre que plus de 3/4 de la population totale des villages d’enquêtes,<br />
traitent leur mal de dents à base du Dacryodes edulis. Puis, une deuxième<br />
catégorie de personnes (10%) utilise le Dacryodes edulis pour soigner la<br />
diarrhée. Celle qui utilise le Dacryodes edulis pour assurer la régulation des<br />
seins pour un lait maternel abondant et de bonne qualité, occupe le troisième<br />
rang avec 6%. Les maladies telles que les brûlures, l’amaigrissement chronique,<br />
le zona, le hoquet et la dysenterie viennent avec au moins 3% de la population<br />
interrogée comme utilisant le Dacryodes edulis pour les guérir. Le reste des<br />
maladies citées viennent avec un poids non négligeable mais inférieur où égal à<br />
2%. Il est important de noter qu’il y a bien des personnes dans les villages<br />
d’enquêtes, qui soignent plus d’une maladie sur la base du Dacryodes edulis. Il<br />
n’y a donc pas une exclusivité par rapport aux différents groupes tels que<br />
donnés dans les pourcentages ci-dessus. C’est dire combien le Dacryodes edulis<br />
est important dans les communautés du Bas Congo, au-delà de sa valeur<br />
alimentaire et économique.<br />
Parmi les divers autres usages médicinaux répertoriés, les plus fréquents<br />
concernent le traitement des maux suivants : l’impuissance sexuelle, la<br />
lombalgie, l’anémie, l’hémorroïde, la filariose, la diarrhée, les coliques, la<br />
malaria. Le traitement de ces maladies ou parfois la vente des produits<br />
intervenant aux soins sanitaires apporte un supplément de revenus aux<br />
amateurs de la phytothérapie. Mais pour la plupart de cas, la souffrance ou la<br />
maladie qui frappe un membre de communauté affecte l’économie de tout le<br />
monde. C’est pourquoi, le traitement prévu pour soigner le malade se fait<br />
avant tout dans le sens de trouver une solution non pécuniaire à la situation du<br />
patient. En plus, au village, chacun est d’abord son propre thérapeute<br />
(TOIRAMBE, 2005).<br />
Il sied de signaler que la connaissance de plantes médicinales met<br />
chaque adulte (homme ou femme) en mesure de soigner certaines maladies qui<br />
peuvent frapper les membres de la communauté. Non seulement ces adultes<br />
disposent de connaissances efficientes mais également de remèdes plus<br />
personnels qu’ils détiennent de leurs ancêtres et qu’ils transmettront à leurs<br />
descendants. Dans cette prise en charge de ses propres états de maladie,<br />
chaque paysan contribue à la santé de tous. Les phytothérapeutes congolais<br />
22
perçoivent clairement la variation de teneur des principes actifs intervenant<br />
dans les traitements de différentes maladies. C’est ainsi qu’ils recourent aux<br />
différents organes végétaux: écorces, feuilles, fruits, inflorescences, racines,<br />
tiges, sève, … (Toirambe, 2006).<br />
Les phytothérapeutes congolais perçoivent clairement la variation de<br />
teneur des principes actifs intervenant dans les traitements de différentes<br />
maladies. C’est ainsi qu’ils recourent aux différents organes végétaux : écorces,<br />
feuilles, fruits, inflorescences, racines, tiges, sève, etc. Ainsi, la figure 3 met en<br />
évidence la proportion de chaque organe végétal utilisé dans la préparation des<br />
remèdes. De cette figure, nous observons la prévalence des feuilles avec 41%<br />
d’organes utilisés, suivie des écorces (29%), des fruits/graines (9%), des racines<br />
(5%) et des tubercules/rhizomes (5%). Les feuilles et les écorces se révèlent<br />
donc des organes végétatifs qui contiendraient les principes actifs recherchés<br />
par les phytothérapeutes. Ces organes sont bien connus par leur rôle circulatoire<br />
des sèves brutes et élaborées et des déchets métaboliques. Ces derniers,<br />
comprenant entre autres des alcaloïdes, des hétérosides, des tannins, des<br />
saponines, etc., qui sont des substances biochimiques couramment utilisées<br />
dans les traitements chimiothérapeutiques (Wome, 1985).<br />
23
Figure 3. Proportion des organes végétaux utilisés dans la préparation des<br />
remèdes (Toirambe 2005)<br />
Il s’observe sur la liste de ces plantes médicinales (annexe 2) que la<br />
préparation des remèdes se fait par l’usage soit d’un seul organe végétal d’une<br />
espèce pour soigner différentes maladies, soit de deux ou de trois organes de la<br />
même espèce pour la même finalité, ou encore par l’usage d’une association<br />
d’organes de différentes espèces pour soigner une maladie.<br />
Conjointement à l’usage commercial des <strong>PFNL</strong> comestibles, il se<br />
développe, à la suite des coûts élevés des produits pharmaceutiques, un<br />
commerce des plantes médicinales tant dans des villages qu’en milieu urbain. La<br />
fixation des prix respecte les mêmes facteurs énumérés au point 3.1.1. cidessus.<br />
Le tableau 2 donne une idée des prix unitaires moyens de différentes<br />
plantes médicinales vendues majoritairement dans les villes enquêtées par<br />
Toirambe (2005) (Taux de change 1$ = 450Fc).<br />
24
Tableau 2.- Prix unitaire moyen de principales plantes médicinales relevés par Toirambe<br />
(2005)<br />
(* : Rhizome de Zingiber officinale + graines de Renealmia africana + écorces de<br />
Mangifera indica + Ananas + eau)<br />
1.3. <strong>PFNL</strong> végétaux à usage artisanal<br />
En plus des plantes comestibles et médicinales, les forêts congolaises<br />
font pousser une gamme d’espèces végétales à usage artisanal. L’annexe 3<br />
donne une liste non exhaustive des espèces (32) utilisées comme matériaux de<br />
construction (11 espèces), emballage des produits (8 espèces), fabrication des<br />
paniers, des chapeaux et des nappes (6 espèces), des bijoux naturels (4<br />
espèces), des meubles (2 espèces), racines de décoration d’aquarium (1<br />
espèce).<br />
Dans ces forêts, les populations riveraines utilisent par exemple des<br />
écorces de Piliostigma reticulatum et de Maniophyton fulvum pour les<br />
cordages ; des espèces de rotangs (Calamus deëratus, Eremospatha<br />
macrocarpa, E. wendlandiana, E. haullevialeana, Sclerosperma mannii,<br />
Eremospatha spp., Megaphrynium macrostachyum, Laccosperma<br />
secundiflorum, Oncocalamus mannii, L. opacum, etc.) servent pour la<br />
construction des maisons, la vannerie, l’ameublement; etc.<br />
Les jeunes tiges de Garcinia mannii sont utilisées comme brosses à<br />
dents. Les pédoncules de Thaumantococcus danielli sont utilisés dans la<br />
fabrication des nattes. Les rachis et les pétioles de palmes de Raphia spp. sont<br />
utilisés dans la fabrication des claies, des paniers et des nattes utilisées pour<br />
25
couvrir les toits des cases; les rachis seuls entrent dans la fabrication des<br />
bancs, des lits, des chaises, des fauteuils, des tables et des meubles divers.<br />
Dans beaucoup de villages de différentes provinces du pays, la<br />
construction des maisons se fait entièrement avec les bottes de Imperata<br />
cylindrica et les sous-produits de Raphia gillettii. Ainsi, les pétioles et les<br />
rachis de cette dernière espèce servent de chevrons et de lattes, les segments<br />
foliaires et les fragments d’écorce du pétiole sont utilisés pour la confection<br />
des pailles servant à couvrir la toiture et les murs des maisons. L’ensemble<br />
pétiole et rachis des jeunes plantes, débarrassé de ses segments foliaires sert<br />
de canne à pêche et les pétioles adultes sont utilisés comme perches pour<br />
guider les pirogues dans les rivières peu profondes.<br />
Les rachis et les pétioles d’Elaeis guineensis sont utilisés dans la<br />
fabrication des séchoirs traditionnels ou des grainiers. Les nervures centrales<br />
des folioles sont utilisées dans la fabrication des balaies traditionnels.<br />
Il s’observe actuellement à travers les grands centres urbains (surtout<br />
Kinshasa et Lubumbashi) une bijouterie artisanale à base des plantes : graines<br />
de Adenanthera pavonina, de Julbernardia seretii, de Gambeya lacourtiana, de<br />
Hevea brasiliensis, de Baillonella toxisperma ou de Mukulungu (porte-clés),<br />
fruits de Raphia sp., etc.<br />
La plupart de ces <strong>PFNL</strong> à usage artisanal ont une valeur marchande<br />
intéressante et présentent des atouts majeurs pour l’amélioration des<br />
conditions de vie des exploitants. Le tableau 3 ci-dessous donne une idée des<br />
prix unitaires moyens de quelques produits végétaux artisanaux rencontrés lors<br />
de notre étude.<br />
Les études scientifiques sur l’utilisation des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong> sont encore<br />
embryonnaires. Le peu d’études menées par Kayisu (2008) et bon nombre<br />
d’étudiants dans le cadre de leur mémoire de Master à Kisangani, ont donné<br />
des résultats très probants qui montrent le rôle et la diversité de ces produits<br />
dans les forêts de la <strong>RDC</strong>. D’autres études sur la biologie et l’écologie de cette<br />
ressource sont en cours dans cette Université et se penchent essentiellement<br />
sur la densité, la distribution, la régénération de ce produit dans les divers<br />
habitats de la réserve forestière de la Yoko. Elles tendent à définir les normes<br />
de récoltes et les recommandations pour leur valorisation durable.<br />
26
Tableau 3.- Prix de quelques produits végétaux artisanaux<br />
28<br />
Tab<br />
lea<br />
u<br />
3.-<br />
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x<br />
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lqu<br />
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ux<br />
arti<br />
san<br />
aux
La consommation, le prix de vente, les connaissances endogènes et la<br />
disponibilité de ces produits et singulièrement des rotins dans les écosystèmes sont les<br />
déterminants de leur valorisation (Biloso, 2008).<br />
1.4. <strong>PFNL</strong> végétaux utilisés comme vins<br />
En <strong>RDC</strong>, les populations locales apprécient le vin tiré des plantes et en<br />
distinguent plusieurs sortes en fonction de la plante principale utilisée :<br />
- le vin de palme (masanga ya mbila ou samba) produit de Elaeis guineensis ;<br />
- le vin de raphia (masanga ya sese) produit à partir de Raphia sesse ;<br />
- le vin de canne à sucre (ngunzu, lungwila) fabriqué à partir de Saccharum<br />
officinarum ;<br />
- le vin communément connu sous le nom de « lotoko ou lutuku » obtenu après<br />
fermentation et distillation d’un mélange de farines de maïs et/ou de banane et<br />
de manioc ;<br />
- l’hydromel obtenu après la fermentation du miel mélangé avec environ cinq fois<br />
son volume d’eau tiède et avec comme levain quelques larves d’abeilles<br />
broyées ;<br />
- le vin de maracuja produit à partir des fruits de Passiflora edulis ;<br />
- le « kibuku » qui est une bière de maïs concassé de consistance visqueuse;<br />
- le « munkoyo », boisson produite principalement au Katanga à partir de la<br />
farine de maïs ou de sorgho mélangée avec les racines soit de Eminia spp.,soit<br />
de Rhynchosia insignis ou de Vigna nuda<br />
Signalons encore l’usage courant dans le Katanga de boissons extraites à partir<br />
de Phoenix reclinata et de Borassus aethiopum, mais dont la production est faible. En<br />
plus, toutes ces boissons sont alcooliques et qu’avant la décennie 90, leur préparation<br />
ou leur distillation était strictement interdite par le pouvoir public.<br />
Dans le pays, les vins forestiers sont consommés par tout le monde c’est-à-dire<br />
adulte et enfant, homme et femme, à l’exception de certains adeptes des Eglises<br />
Protestante, Kimbanguiste et de réveil. Cette consommation a lieu soit au lieu de<br />
production, soit à la maison ensemble avec les amis ou les membres de famille, soit<br />
après le repas, ou encore pendant ou après le travail dans un « nganda », dans des<br />
rituels ancestraux, etc.<br />
Les vins forestiers constituent les produits qui maintiennent la cohésion du tissu<br />
social dans son ensemble. A l’occasion d’un évènement exceptionnel tel que le mariage,<br />
le deuil, les fêtes de nouvel an, de Noël, des Pâques, les vins forestiers sont<br />
consommés en grande quantité par toutes les personnes associées à l’évènement. Ils<br />
apaisent et égaient les âmes affligées et parfois réconcilient les différends.<br />
Sur le plan culturel, les vins forestiers scellent différents contrats liant les humains<br />
des esprits surnaturels. Chez les notables des villages ou les Chefs de famille par<br />
29
exemple, lors d’une cérémonie traditionnelle, avant d’avaler une gorgée de vin (surtout<br />
vin de palme), ils doivent asperger par la bouche quelques gouttes par terre dans<br />
l’intention d’impliquer les esprits des aïeux dans leur manifestation. A ces valeurs<br />
s’ajoute une valeur marchande connue (Tableau 4).<br />
Tableau 4 .- Prix moyen unitaire (en $/litre) des vins forestiers à travers les villes visitées par<br />
Toirambe (2005)<br />
2. <strong>PFNL</strong> d’origine animale<br />
Les produits forestiers non ligneux d’origine animale sont le gibier et ses produits<br />
dérivés, les insectes (chenilles, criquets, escargots, etc.), les poissons d’eau douce, les<br />
reptiles, les oiseaux, etc. Ils furent, sont aujourd’hui et resteront certainement pendant<br />
longtemps encore, la principale source de protéines animales pour les populations<br />
locales (Malaisse, 1997). Ils contiennent, d’après Okitolonda (2000), des protéines de<br />
haute valeur biologique par leur composition équilibrée en acides aminés. La FAO<br />
(1992) souligne même que leur teneur en protéines est en général plus élevée que celle<br />
des animaux domestiques. Dans les différentes villes congolaises, le gibier et le poisson<br />
se classent respectivement le deuxième et le troisième parmi les divers produits de forêt<br />
liés à la culture alimentaire congolaise, après les produits agricoles alimentaires (maïs,<br />
manioc, riz).<br />
Dans sa publication sur l’exploitation des <strong>PFNL</strong> d’origine animale, Phanzu<br />
(2005) indique que 35,7 % de <strong>PFNL</strong> sont représentés par le gibier, 21,4 % par les<br />
insectes, 21,4 %) par les reptiles, 7,1 % par Oiseaux et par 14,3 % par les autres<br />
produits animaux.<br />
2.1. Gibier<br />
Dans les différentes zones forestières de la <strong>RDC</strong>, le gibier fournit la part la plus<br />
importante des protéines après le poisson et constitue également une source des<br />
revenus. Malheureusement la quantité consommée et vendue par jour et par habitant<br />
dans ces zones n’a pas connu une évaluation scientifique approfondie.<br />
Toutefois, les espèces consommées comme gibier sont nombreuses et<br />
diversifiées. Citons quelques exemples répertoriés pendant l’étude et signalés par des<br />
30
auteurs consultés notamment Pendje et Baya (1992), Gata (1997), Wetshi et al. (1987),<br />
Toirambe (2002), Toirambe (2005), Sabuni (1978), Malaisse (1997), Marachto (2002),<br />
Ndona (2004), De Merode et al. (2004). : Anomalurops sp.(anomalure), Atherus<br />
africanus (athérure), Caphalophus dorsalis (céphalophe à dos noir), C.leucogaster<br />
(céphalophe ventre blanc), C. monticola (céphalpophe bleu), C nigrifons (céphalophe à<br />
front noir), Cercocebus albigena (singe, cercocèbe joues grises), C. galeritus (cercocèbe<br />
agile), Cercopithecus cephus (singe moustache), C.nicitans (singe hocheur), C.<br />
neglectus (singe, cercopithèque de brazza), Colobus guereza (colobe guereza),<br />
Crossarcuhus obscurus (mangouste brune), Dendrolyrax arboreus (daman des arbres),<br />
Hylochoerus meinertzhagebi (hylochère), Loxodonta africana (éléphant), Manis<br />
giganthea (pangolin géant), M. tetrdyctala (pangoloin à logue queue), M. tricuspis<br />
(pangolin à écailles tricuspides), Nandinia binotata(nandinie), Panthera pardus<br />
(panthère), Panthera leo, Pan paniscus (Bonobo), Pantroglodytes (chimpanzé),<br />
Potamochoerus porcus (potamochère ou phacochère), Syncerus cafer nanus (buffle de<br />
forêt), Tragelaphus euryceros (Bongo), T. scriptus (guib arnaché), T. spekei (sitatunga),<br />
Tryonomys swinderianus (aulacode), Viverra civetta (civette), Rat-palmiste, Rat<br />
aquatique, Aonyx congica (loutre à joues bleues), Hyemoschus aquaticus (chevrotain<br />
aquatique), Hippopotamus amphibius (Hippopotame), Potamogale velox (Potamogale),<br />
Okapi et bien d’autres encore.<br />
ICHIKAWA (1996) rapporte dans son article intitulé « Déterminismes écologiques<br />
et culturels des choix alimentaires des chasseurs-cueilleurs Mbuti du Zaïre »<br />
habitants les forêts d’Ituri, (1996) que les Mbuti sont des chasseurs-cueilleurs qui ont<br />
lié avec les cultivateurs des relations qualifiées de symbiotiques : « les Mbuti<br />
approvisionnent les cultivateurs en gibier et en divers produits de la forêt, leur<br />
servent de main-d’œuvre polyvalente en échange des produits cultivés, d’outils ou<br />
d’autres objets de fer, et des divers articles d’importation ». Les Mbuti consomment<br />
plus de 200 espèces animales. Ils considèrent comme comestibles toute espèce de<br />
mammifères de moyenne et de grande taille, et toutes les espèces d’oiseaux, à<br />
l’exception des hirondelles, des bergeronnettes, des rapaces nocturnes et des<br />
engoulevents.<br />
Il a été observé sur les marchés urbains que peu de personnes consomment le<br />
gibier (surtout les grands mammifères) sous forme de viande fraîche. La raison<br />
principale est que ces animaux ne se rencontrent que dans des sites éloignés des<br />
grands centres urbains. La viande ne peut parvenir aux consommateurs urbains que<br />
sous forme séchée ou fumée (Photos 1 et 2)<br />
31<br />
Photos1 et 2.- Viande<br />
boucanée d’antilopes et<br />
de sanglier<br />
Ce type de
viande coûte de loin plus cher que la viande fraîche ; mais la valeur marchande varie<br />
selon la nature et la taille du gibier et également selon le milieu. Par exemple 1 kg de<br />
viande d’éléphant, d’hippopotame, de buffle, de chimpanzé, d’okapi, etc. coûte plus cher<br />
dans les centres urbains et de plus en plus encore cher à Kinshasa que dans les<br />
villages où sont chassés ces animaux, et aussi plus cher que les rongeurs. La vente de<br />
gibier de grande taille comme les ongulés et les primates se réalise en morceaux ou en<br />
quartiers ; par contre celle des petits gibiers (par exemple les rongeurs, les carnivores,<br />
les pangolins, les hyracoidés et quelques reptiles) se fait en entièreté. Le tableau 5 ciaprès<br />
donne les prix moyens unitaires de quelques gibiers couramment commercialisés<br />
rencontrés dans les marchés des villes visitées par Toirambe (2005).<br />
32
Tableau 5. Prix moyen unitaire des gibiers rencontrés dans les villes visitées par<br />
Toirambe (2005)<br />
33
2.2. Oiseaux<br />
La <strong>RDC</strong> possède des écosystèmes favorables au développement harmonieux<br />
des oiseaux. Ces derniers sont capturés par les amateurs en vue de leur<br />
consommation. Mais, il a été constaté que leur importance dans l’alimentation des<br />
riverains de forêts est relativement très négligeable. Toutefois, quelques espèces sont<br />
friandisées et font même l’objet d’un braconnage dans leur biotope de prédilection,<br />
notamment les pintades au Katanga, le canard sauvage dans la cuvette centrale, les<br />
perdrix, les calaos, les pigeons verts, les oies, etc. De nombreux oiseaux de petite taille<br />
sont surtout chassés par les enfants (Malaisse, 1997 ; FNPP, 2002)<br />
2.3. Poissons d’eau douce<br />
La faune ichtyologique de la province ichtyologique du Congo, reste encore<br />
imparfaitement connue et moins étudiée (Teugels et Guégan, 1994). Cela est d’autant<br />
vrai que les informations disponibles sont, dans la plupart de cas, anciennes ou<br />
fragmentaires voire inexistantes pour certaines zones.<br />
Les espèces de poissons pêchées dans les ruisseaux, les rivières, les lacs et le<br />
fleuve Congo sont nombreuses et très diversifiées.<br />
Aujourd’hui, on connaît plus de 1000 espèces mais les espèces les plus<br />
recensées dans les marchées ne dépensent pas une cinquantaine.<br />
Photos 3.- Quelques espèces de poissons vendues au marché de Kinshasa<br />
Signalons que l’importance de cette richesse ichtyologique est bien différente<br />
d’un cours d’eau à un autre et également d’une région à une autre (Wamuini, 2010).<br />
Il s’observe dans le tableau 6 qui donne une idée des prix des espèces les plus<br />
consommées que le prix du poisson est très élevé à Kinshasa fait dû surtout à la forte<br />
demande de cette denrée alimentaire très appréciée par les consommateurs de cette<br />
mégapole et également aux frais de transport ainsi qu’aux différentes tracasseries<br />
dont sont victimes les commerçants.<br />
34
Tableau 6.- Les prix des poissons relevés par Toirambe (2005)<br />
35
2.4. Reptiles<br />
Les reptiles fournissent peu d’aliments aux populations forestières. Néanmoins,<br />
la grande estime dans laquelle sont le plus souvent tenues les viandes de crocodiles,<br />
de tortues et de certains serpents (vipère, python) ressort de nombreux commentaires<br />
tant en milieu rural qu’urbain. Le tableau 7 ci-après donne la valeur marchande de<br />
quelques reptiles consommées par la population du Katanga.<br />
Tableau 7.- Valeur marchande de quelques reptiles vendus au Katanga (FNPP, 2006).<br />
Malheureusement, la vue d’un serpent provoque immanquablement une vive<br />
réaction de la part des villageois, particulièrement des enfants et des femmes. Il<br />
inspire souvent une grande peur suite à sa forme, son mode de locomotion, à la<br />
rapidité de son attaque et surtout à la réputation mortelle de sa morsure.<br />
2.5. Insectes et les crevettes<br />
Les insectes jouent un rôle important dans les régimes alimentaires des peuples<br />
du monde entier, particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales. Ils<br />
représentent une source de nourriture acceptable, principalement intéressante pour<br />
les populations rurales vivant en autosubsistance, dans la mesure où ils peuvent être<br />
trouvés en abondance et faciles à récolter. Etant riches à la fois en protéines et en<br />
lipides, ils améliorent sensiblement la qualité du régime alimentaire. Ils constituent<br />
en outre une source de revenus pour la majorité de ramasseurs. Les insectes les plus<br />
recherchés sont :<br />
- les chenilles sont très prisées aussi bien par les populations rurales que par les<br />
populations urbaines. Les espèces les plus consommées (annexe 4)<br />
appartiennent à diverses familles, notamment : Attacidae, Notodontidae, etc.<br />
Elles se nourrissent des feuilles de différentes espèces forestières telles que<br />
Bridelia ferruginea, B. micrantha, Erythrophleum suaveolens,<br />
Entandrophragma spp., Petersianthus macrocarpus, Triplochyton scleroxylon,<br />
Trema orientalis. On les récolte pendant la petite saison sèche durant les mois<br />
de juillet et août et parfois septembre ;<br />
- les larves d’Oryctes sp. (Hanneton, Photo 4 à gauche) et de Rhynchophorus<br />
phoenicis (Mpose, Photo 4 à droite) qui se développent dans les troncs d’Elaeis<br />
guineensis et de Raphia sp. en décomposition. Elles constituent une friandise<br />
36
appréciée surtout par les populations forestières de l’Equateur, urbaines et<br />
rurales. On les récolte toute l'année.<br />
Photos 4.-. Larves de Rhynchophorus phoenicis. (Photo à gauche) et et de<br />
d’Oryctes sp (Photo à droite)<br />
- les criquets qui apparaissent surtout en début des saisons sèches. Ils sont<br />
consommés tant par les populations locales qu’urbaines. Les espèces faisant<br />
l’objet d’une récolte assidue pendant la période favorable sont Ruspolia<br />
differens (la sauterelle verte) et Brachytrupes membranaceus (grillon);<br />
- les termites : leur récolte est effectuée à l’occasion des vols d’essaimage,<br />
principalement lors du retour des pluies. Les termites de la famille de<br />
Macrotermitidae sont les plus convoitées, surtout l’espèce Macrotermes<br />
falciger (Photo 5)<br />
Photo 5.- Macrotermes falciger<br />
- les crevettes (Caridina africana) et les crabes (Potamonautes bayonianus)<br />
sont récoltés dans les rivières et ruisseaux du sous-bois des forêts<br />
hydromorphes, surtout pendant les saisons sèches. Ils sont très appréciés par<br />
les populations des zones forestières.<br />
37
En villes, les chenilles sont vendues chez les grossistes par sac de 40 kg et<br />
chez les détaillants par des mesures communément appelées « sakombi » (100<br />
sakombi = 1 sac) et « ekolo » (1 ekolo = 3 sakombi) ou parfois par des tas. Le prix<br />
suivant la loi de l’offre et de la demande présente des écarts énormes entre les<br />
lieux de production et ceux de consommateurs urbains. Il est par exemple de 35$<br />
le sac à Monkoto (non loin de Mbandaka dans la province de l’Equateur), de 50$ à<br />
Mbandaka, de 120$ à Kisangani et de 140 $ à Kinshasa. Associant le coût de<br />
transport par bateau (5$) et les taxes estimées à environ 3,5$, il s’observe que la<br />
marge bénéficiaire du produit à Kinshasa est de 276% (Toirambe, 2006)<br />
2.6. Autres petits animaux<br />
Quelques petits animaux comestibles ont été répertoriés, présentant une<br />
alimentation ethnique très appréciée par les consommateurs. Il s’agit notamment :<br />
- des gros escargots ou Achatina sp. qui sont diversement appréciés par les<br />
différentes ethnies locales du pays (surtout celles des provinces de l’Equateur<br />
et Orientale) et sont récoltés en abondance pendant les saisons pluvieuses ;<br />
- des grenouilles, surtout Strongylopus fasciatus dont les cuisses sont, pour<br />
d’aucuns, une friandise. Notons que cette espèce est très recherchée par les<br />
grands restaurateurs des centres urbains et à Kinshasa, elle se vend à 10$ le<br />
kg.<br />
2.7. Produits dérivés des <strong>PFNL</strong> d’origine animale<br />
De divers produits d'origine animale sont largement utilisés. Ainsi les peaux de<br />
certains mammifères (antilopes, buffles, etc.) et de reptiles (varan, python) sont, après<br />
tannage, d’usage courant et varié, surtout dans la fabrication des tambours, des<br />
tamtams, ….. Les peaux entrent également dans la confection de trophées, de décors<br />
traditionnels, de cordes d’arc.<br />
Jadis, avec l’écorce battue de Ficus sp, les peaux fournissaient des cache sexes<br />
qui, fixés par une ceinture, masquaient le bas-ventre et le bas du dos.<br />
Les plumes de certains oiseaux étaient et sont parfois encore des objets de<br />
parure mis dans la chevelure des hommes lors de diverses cérémonies.<br />
Depuis longtemps, les peaux de crocodiles et de python sont très recherchées et<br />
appréciées par la maroquinerie pour la fabrication d’articles en cuir de luxe, notamment<br />
les sacs pour dames, les ceintures, les chaussures, les portefeuilles, etc. Les pointes<br />
d’ivoires sont utilisées pour la fabrication des objets d’art, voire même dans la bijouterie.<br />
En plus, les produits dérivés de certains animaux comme les poils, la queue, la<br />
peau, les cornes, les carapaces, les coquilles, les dents, les griffes, les huiles, etc. et les<br />
plumes de certains oiseaux sont utilisés dans la pharmacopée traditionnelle.<br />
3.2.8. Miel<br />
La récolte du miel pour sa consommation immédiate ou pour la production de<br />
l’hydromel (boisson à 6% d’alcool) est une pratique très ancienne, largement répandue<br />
chez différentes ethnies du pays. D’ailleurs la recherche du miel chez certaines<br />
communautés notamment les Pygmées constitue une des activités lucratives dont le<br />
38
produit récolté fait partie de l’alimentation traditionnelle. Malaisse (1997) signale d’autres<br />
usages du miel où la cire produite à partir des rayons servait pour couvrir les masques à<br />
armature de bois et de raphia des Tshokwe et récemment enduire les tissus féminins<br />
(wax).<br />
Comme l’ont indiqué Awono et al (2008), le miel constitue comme la plupart de<br />
la plupart des <strong>PFNL</strong> alimentaires un médicament et un aliment. Bien que le niveau<br />
d’utilisation diffère, il s’est révélé que toutes les couches sociales reconnaissent au<br />
miel ces deux vertus.<br />
Photo 6.- Echantillon du miel vendu au marché de Kingabwa (Kinshasa)<br />
Trois espèces d’abeilles interviennent dans cette technologie du miel, à savoir :<br />
Apis mellifica, Meliponula bocandei et Trigona sp.<br />
La valeur marchande du miel varie, comme tous produits forestiers non ligneux,<br />
d’une région à une autre, et également du lieu de production (milieu rural) à des<br />
marchés urbains. Le tableau 11 suivant présente sommairement les différents prix du<br />
miel prélevés dans les villes visitées par Toirambe (2005).<br />
Tableau 8.- Prix moyens du miel dans les villes visitées par Toirambe (2005)<br />
39
3. <strong>PFNL</strong> fongiques<br />
Les Champignons comestibles constituent dans bien des sociétés une nourriture<br />
succulente, un produit de consommation prestigieux avec des recettes propres à<br />
chaque région. Les populations urbaines, autochtones et locales sont toutes<br />
mycophages et les champignons font partie de leur tradition alimentaire. Ces produits<br />
n’apparaissent dans la nature que de manière saisonnière, le plus souvent au début des<br />
saisons des pluies.<br />
Les principaux champignons consommés connus révèlent des familles des<br />
Agaricaceae, Amanitaceae, Auriculariaceae, Cantharellaceae, Russulaceae,<br />
Tricholomataceae. Les espèces couramment recherchées appartiennent aux genres<br />
Auricularia (Matoyi), Termitomyces (Mayebo), Cantharellus, Amanita, Lactarius,<br />
Schizophyllum, Lentinus, Pleurotus, Russula, etc.<br />
Photos 7.- Etalage des champignons comestibles/Marché de Gambela (Kinshasa)<br />
La valeur marchande de ces champignons est variable selon les espèces<br />
consommables et également selon les régions. Par exemple dans la ville de Mbandaka,<br />
un sac des champignons séchés de 25 kg de « Auricularia sp. » ou de Termitomyces<br />
sp.(Tableau 9) coûte 50$, par contre, le même sac revient à Kinshasa à 70$ à 100$<br />
suivant le rythme de la demande.<br />
Tableau 9.- Prix moyen de quelques champignons consommés à Lubumbashi (Toirambe (2005)<br />
40
En pharmacopée traditionnelle, certaines espèces de champignons font partie du<br />
système traditionnel des soins de santé cas de sclérote de Lentinus tuberregium utilisé<br />
en mélange avec certaines plantes pour soigner les maux de tête, d’estomac ou contre<br />
l’asthme ; la poudre d’Amauderma sp. , administrée contre la tuberculose et les douleurs<br />
lombaires; etc.<br />
41
IV. MO<strong>DE</strong> D’EXPLOITATION <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong> ET LEUR IMPACT <strong>SUR</strong> <strong>LES</strong><br />
ECOSYSTEMES FORESTIERS<br />
La plupart des <strong>PFNL</strong> est exploitée quotidiennement d’une manière intensive par<br />
les populations riveraines à qui ils procurent des revenus substantiels. Cette intensité de<br />
l’exploitation est fonction de la demande domestique et/ou commerciale du produit et de<br />
la productivité de la ressource par rapport à son exploitation (Djomo, 2001). L’impact de<br />
cette exploitation sur la physionomie et la composition de la forêt est étroitement lié à<br />
cette intensité, mais aussi à l’organe végétal prélevé (fruits, feuilles, écorces, sèves,<br />
tiges, racines), aux méthodes de captures de la faune sauvage et à l’extraction du miel.<br />
1. Modes de collecte des <strong>PFNL</strong> végétaux<br />
Pour les <strong>PFNL</strong> végétaux, les modes d’exploitation couramment rencontrés sont :<br />
(i) la cueillette ou le ramassage des fruits, (ii) la cueillette et/ou l’arrachage des<br />
tiges feuillées, (iii) l’écorçage des tiges ou des racines, (iv) l’extraction du vin<br />
forestier et (v) l’abattage des plantes. La cueillette apporte des plantes alimentaires<br />
ou condimentaires (feuilles, tubercules, fruits et noix) mais aussi des insectes et<br />
petits animaux divers (larves, escargots, batraciens) avec une saisonnalité très<br />
marquée, ce qui constitue d’ailleurs l’une des caractéristiques essentielles de ces<br />
produits. Ce type alimentaire mixte a des conséquences très importantes en ce qui<br />
concerne les terroirs utilisés. Le comportement de la population kinoise dans<br />
l’alimentation évolue en fonction des prix et de la diversité de ces produits<br />
(CEP<strong>LA</strong>NUT, 2000).<br />
Dans ce secteur, les femmes sont plus impliquées que les hommes. Il est<br />
l’apanage des personnes adultes de plus de 40 ans dont la majorité trouvés à Kinshasa<br />
ou d’autres villes sont originaires de zones forestières. La plupart des personnes<br />
oeuvrant dans ces secteurs ont fait au moins l’école primaire.<br />
2. Exploitation des <strong>PFNL</strong> d’origine animale<br />
L’exploitation de la faune sauvage et halieutique en vue de satisfaire les<br />
besoins en protéines animales des populations autochtones et locales et urbaines<br />
engendre dans la plupart des cas des répercussions sur les écosystèmes forestiers. La<br />
gravité de l’impact écologique de cette exploitation est fonction des techniques de<br />
capture ou de prélèvement utilisées (Biloso, 2003).<br />
Le prélèvement de ces <strong>PFNL</strong> d’origine animale se fait par le ramassage, la<br />
chasse et la pêche.<br />
2.1. Méthode de capture des gibiers<br />
Deux formes de chasse sont utilisées :<br />
- la chasse traditionnelle, destinée essentiellement à l’autoconsommation, cause<br />
peu des dégâts sur la population de la faune sauvage ; car le prélèvement vise<br />
surtout des animaux de petite et de moyenne taille à reproduction répétitive<br />
et/ou multipare (comme Atherurus africanus (nziko), Cricetomys emini<br />
(mtomba), Cephalophus monticola (mboloko), les antilopes de forêt<br />
42
(Cephalophus dorsalis, C. nigrifrons, C. leucogaster, C. callypigus), les Suidae<br />
(Potamochoerus porcus, Hylochoerus meinertzhageni), etc. et les quantités de<br />
gibiers prélevés sont moins importantes. Les techniques de prélèvement<br />
utilisées ne nécessitent pas beaucoup d’investissements, ni d’armes<br />
sophistiquées.<br />
Les techniques les plus usuelles sont le piégeage à collet, le piégeage à<br />
assommoirs basculants, l’enfumage des terriers et des trous d’arbres, l’usage<br />
de filet, de l’arbalète ou de l’arc à flèches empoisonnées et la chasse à<br />
carabine de fabrication locale.<br />
Cette chasse traditionnelle est une activité purement secondaire qui s’exerce<br />
en alternance avec d’autres activités de subsistance comme l’agriculture,<br />
l’artisanat, etc. Elle est pratiquée toutes les saisons de l’année et les pièges<br />
sont visités une fois par semaine, avec intervalle d’au moins quatre jours.<br />
Elle est malheureusement en voie de disparition. Elle apparaît aujourd’hui, dans<br />
les différentes communautés villageoises, inadaptée face à la situation de crise<br />
socio-économique qui perdure et laisse de plus en plus place à la chasse<br />
commerciale ;<br />
- la chasse commerciale est l’activité exercée en majorité par les chasseurs<br />
professionnels qui en font leur source principale des revenus. Elle utilise des<br />
armes automatiques modernes telles que les calibres 12 & 16 de marque<br />
française ou russe ou des calibres 12 de fabrication locale, des armes de guerre<br />
et vise essentiellement la commercialisation des produits prélevés.<br />
Cette chasse se pratique la nuit comme le jour en fonction des conditions<br />
météorologiques, du cycle lunaire, des saisons et de la disponibilité du gibier dans<br />
l’écosystème. Elle est particulièrement destructrice, vu son intensité et la quantité<br />
élevée des gibiers prélevés. C’est la chasse la plus exercée actuellement à<br />
travers le territoire national consistant en un véritable braconnage.<br />
Le prélèvement des gibiers se fait sans tenir compte de leur sexe, de leur âge, de<br />
leur état physiologique (gestation), ou des périodes d’ouverture et de fermeture<br />
de chasse prévues par la loi en vigueur (loi n° 82-002 du 28 mai 1982 portant<br />
réglementation de la chasse), laquelle n’est d’ailleurs pas nécessairement<br />
adaptée, ni basée sur l’écologie des espèces.<br />
2.2. Méthode de capture des poissons<br />
Plusieurs types de pêche sont développés à travers le pays : pêche aux<br />
ichthyotoxiques, pêche aux nasses, pêche par vidange d’une portion de rivière,<br />
utilisée dans des rivières à faible profondeur et à faible débit, pêche aux filets (filets<br />
dormants, épervier ….), pêche à la ligne, pêche à harpon.<br />
Du point de vue écologique, plusieurs formes de pêche et singulièrement la pêche<br />
aux ichthyotoxiques, constituent de véritables menaces des ressources halieutiques,<br />
car elles capturent ou tuent sans distinction toutes les catégories de poissons présentes<br />
dans les différents écosystèmes aquatiques.<br />
43
V. CADRE JURIDIQUE RE<strong>LA</strong>TIF AUX <strong>PFNL</strong><br />
1.- Lois, règlements et mesures relatifs aux <strong>PFNL</strong><br />
Comme les autres produits forestiers, l’utilisation durable de <strong>PFNL</strong> végétaux est<br />
régie par la loi n°011-2002 du 29 août 2002 portant code forestier et la loi n°82-2002<br />
du 28 mai 1982 portant Code forestier, notamment à travers ses dispositions liées à<br />
l’exercice des droits d’usage et du prélèvement soumis à la détention des autorisations<br />
(articles 36 à 44<br />
La loi sur la chasse est régie par la loi n°82-002 du 28 mai 1982 portant<br />
réglementation de la chasse qui prévoit un régime d’autorisation et des dispositions<br />
relatives à la commercialisation de ces produits. L’arrêté ministériel<br />
n°014/CAB/MIN/<strong>EN</strong>V/2004 du 12 février 2004 est assorti des mesures réglementaires<br />
pour la mise en exécution de cette loi<br />
2. Règles et modes traditionnels de régulation des <strong>PFNL</strong><br />
Pour Vundu (2006), les populations locales ont pendant longtemps pratiqué des<br />
us et coutumes permettant la régulation des <strong>PFNL</strong>, lesquels favorisaient la gestion<br />
durable de la ressource. A titre illustratif on peut citer :<br />
- la création et l’entretien des forêts sacrées ;<br />
- la pratique des coupe-feux saisonniers en vue d’assurer la défense des forêts<br />
environnantes des villages ;<br />
- la pratique des jachères favorisant la régénération et la reconstitution des<br />
végétaux utiles à l’alimentation ou à la médecine ;<br />
- la domestication de certaines espèces végétales telles que le palmier à huile, le<br />
safoutier (Dacryodes edulis) ;<br />
- l’interdiction d’abattage de certaines essences porteuses des chenilles ;<br />
Toutefois, en raison de plusieurs facteurs tels que l’explosion démographique,<br />
le recul des règles coutumières, l’accroissement des besoins vitaux traditionnels et<br />
l’apparition de l’esprit mercantiliste, la mauvaise gouvernance ayant entraîné les<br />
conflits sociopolitiques et l’accroissement de la pauvreté, ces populations ont<br />
abandonné la plupart des traditions régulatrices pour adopter des méthodes de récolte<br />
qui détruisent la ressource ou compromettent sa pérennité. Les cas les plus<br />
stigmatisés sont la déforestation par des pratiques agricoles, la pratique des feux de<br />
brousse comme mode de chasse, ou encore la capture des oiseaux au moyen des filets,<br />
… (Vundu, 2006)<br />
3. Conditions légales de l’exploitation des <strong>PFNL</strong>.<br />
Par l’exploitation nous entendons non seulement la récolte ou la cueillette des<br />
produits forestiers non ligneux, mais aussi la commercialisation de ceux-ci. De plus, il<br />
parait utile de faire une nette distinction entre les produits végétaux, d’une part et<br />
ceux d’origine faunique d’autre part. C’est dans cette logique que nous faisons état<br />
44
espectivement de l’exploitation des <strong>PFNL</strong> végétaux et fauniques, avant de donner,<br />
dans la mesure du possible, un aperçu sur la taxation et la fiscalité qui s’y rapportent.<br />
3.1 Exploitation (récolte ou cueillette) des <strong>PFNL</strong> végétaux<br />
C’est une fois de plus le code forestier qui constitue le texte de base en ce qui<br />
concerne l’exploitation des <strong>PFNL</strong> végétaux, notamment à travers ses dispositions telles<br />
que les articles 36 à 44. A la lumière desdites dispositions on peut conclure à une<br />
différence de régime entre les produits prélevés en vertu des droits d’usage et ceux<br />
dont le prélèvement est soumis à la détention des autorisations (permis).<br />
- <strong>PFNL</strong> liés à l’exercice des droits d’usage<br />
Les populations riveraines des forêts, ainsi que tout congolais dans certains cas,<br />
peuvent en vertu de leurs droits d’usage forestiers fondés sur les coutumes et<br />
tradtions locales, prélever librement des ressources forestières (<strong>PFNL</strong> y compris)<br />
en vue de la satisfaction de leurs besoins domestiques individuels ou collectifs.<br />
Mais la liberté d’exercice de ces droits n’est pas totale dans la mesure où la loi<br />
prévoit des limites, dont les plus remarquables peuvent être identifiées comme<br />
suit :<br />
seules les coutumes et traditions locales qui sont conformes aux lois et à<br />
l’ordre public peuvent fonder les droits d’usage forestiers (articles 36, al.<br />
1 er ) ;<br />
la subordination de l’exercice de ces droits à l’état et à la possibilité de la<br />
forêt sur laquelle ils portent (article 3.6, alinéa 2) ;<br />
dans les forêts classées (aires protégées) l’exercice de ces droits est limité<br />
à la cueillette et au ramassage de quelques produits mentionnés de manière<br />
explicite par la loi, même si le plan d’aménagement de la forêt concernée<br />
peut en identifier d’autres (article 39) ;<br />
même si l’agriculture peut être pratiquée dans les forêts protégées, elle<br />
demeure susceptible de prohibition dans certains cas tenant à la nécessité<br />
de la sauvegarde de la forêt ou de son intérêt futur (article 42) ;<br />
la pratique de l’agriculture est exclue dans les forêts de production<br />
permanente (article 44) ;<br />
La commercialisation des <strong>PFNL</strong> prélevés à titre des droits d’usage n’est pas<br />
en principe autorisée; Toutefois le gouverneur de province peut<br />
exceptionnellement fixer une liste des fruits et produits susceptibles de<br />
faire l’objet de commerce (article 37).<br />
- Exploitation soumise à des autorisations<br />
En application des articles 7, 8, 98 et 107 du code forestier un projet d’arrêté<br />
ministériel relatif à l’exploitation forestière, actuellement en instance de<br />
signature par l’autorité compétente, soumet l’exploitation de certains produits<br />
forestiers non ligneux à l’obtention préalable des permis.<br />
Il s’agit soit d’un permis ordinaire de récolte lorsque l’essence exploitée ne fait<br />
pas l’objet d’une mesure particulière de protection, soit d’un permis spécial de<br />
45
écolte, dans le cas d’un produit d’essence protégée comme celles concernées<br />
par la CITES.<br />
Le permis de récolte est délivré à tout congolais exerçant une activité de<br />
récolte des <strong>PFNL</strong> et lui confère le droit de prélever, dans un but commercial ou<br />
de recherche, des produits tels que les rotins, les écorces, les racines, les<br />
rameaux, les plantes médicinales ou les chenilles,… Il est délivré par le<br />
gouverneur de province pour une durée n’excédant pas un an, allant du 1 er<br />
janvier au 31 décembre et couvre une superficie maximale de 50 hectares.<br />
Le permis spécial de récolte est délivré pour le prélèvement d’un tonnage<br />
déterminé des <strong>PFNL</strong> protégés. Il est délivré par le Secrétaire Général en charge<br />
des forêts.<br />
L’introduction sur le territoire national de tout matériel végétal forestier,<br />
vivant ou mort, est soumise à une autorisation préalable du Ministre en charge<br />
des forêts ou de son délégué, sur présentation d’un certificat d’origine ou d’un<br />
certificat phytosanitaire délivrés par l’organisme compétent du pays de<br />
provenance.<br />
Enfin l’exportation des <strong>PFNL</strong> est soumise à l’obtention préalable d’un permis<br />
d’exportation ordinaire, pour les essences non protégées, d’un permis<br />
d’exportation spécial pour les végétaux protégés, en particulier ceux régis par<br />
la convention CITES.<br />
Quant à l’exportation, les végétaux les plus concernés au cours de ces trois<br />
dernières années (2003-2005) sont les racines sèches de « Milletia drastica », les<br />
plantes aquatiques médicinales et les billons d’ébène fendus.<br />
3.2.- Exploitation des <strong>PFNL</strong> fauniques<br />
Comme signalé plus haut, l’exploitation des produits de la faune sauvage est<br />
régie par la loi n°82-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse qui<br />
prévoit un régime d’autorisation et des dispositions relatives à la commercialisation de<br />
ces produits.<br />
- Permis de chasse.<br />
On distingue deux catégories de permis, à savoir les permis ordinaires de chasse<br />
et les permis spéciaux de chasse.<br />
Les permis ordinaires de chasse<br />
Les permis ordinaires de chasse sont les permis sportifs de petite et<br />
grande chasse, les petits et grands permis de tourisme, le permis rural de<br />
chasse et le permis collectif de chasse. Les deux derniers concernent les<br />
populations rurales:<br />
Les permis spéciaux de chasse<br />
La loi prévoit trois permis spéciaux de chasse à savoir : le permis<br />
scientifique de chasse, le permis administratif et le permis de capture<br />
commerciale. Celui-ci est délivré à toute personne désireuse de capturer<br />
et de détenir des animaux sauvages non protégés ou partiellement<br />
46
protégés (annexe 2 CITES). Il est valable pour douze mois et un nombre<br />
déterminé des spécimens.<br />
Notons que l’introduction sur le territoire congolais d’un animal étranger à la<br />
faune sauvage nationale est subordonnée à la présentation d’un permis d’importation<br />
délivré sur base du permis d’exportation du pays d’origine. Tout comme la<br />
réexportation du même spécimen est couvert par un permis de réexportation.<br />
3.3 Taxation et fiscalité relatives aux <strong>PFNL</strong><br />
- <strong>PFNL</strong> d’origine végétale<br />
l’exploitation des <strong>PFNL</strong> végétaux liée à l’exercice des droits d’usage,<br />
que ce soit en forêts protégées (rurales) qu’en celles de production<br />
permanente, demeure libre et ne donne pas lieu au payement d’une taxe<br />
(ou redevance) ou encore à une compensation au profit du<br />
concessionnaire forestier<br />
l’exportation de tous les autres produits forestiers non ligneux, la loi<br />
la soumet au payement de la taxe ou d’une redevance notamment en<br />
disposant qu’aucun exploitant forestier, aucun exportateur ni<br />
transformateur des produits forestiers ne peut, quel que soit le régime<br />
fiscal auquel il est soumis, être exonéré du payement des droits, taxes et<br />
redevances prévues par elle ou ses mesures d’exécution (code forestier,<br />
article 120).<br />
- <strong>PFNL</strong> fauniques<br />
la loi n°082-002 sur la chasse ne prévoit aucune disposition concernant<br />
les droits d’usage des populations riveraines des domaines et réserves de<br />
chasse,<br />
sous réserve de ce qui vient d’être dit, toute exploitation des produits<br />
fauniques est en principe assujettie au paiement des taxes et<br />
redevances. Ceci découle de l’article 5, alinéa 2, de la loi n°082-002 sus<br />
évoquée aux termes duquel l’octroi de tous les types des permis ainsi<br />
que l’abattage ou la capture des animaux sauvages est subordonné au<br />
payement d’une taxe.<br />
C’est ainsi qu’en application de cette disposition, l’arrêté interministériel<br />
n°066/CAB/MIN/FIN-BUD et n°067/CAB/AFFET/2003 du 27 mars 2003 fixant<br />
les taux des taxes et redevances en matière forestière et faunique<br />
détermine les taux des taxes relatives aux permis de chasse , à la détention<br />
des produits de la chasse, aux domaines de chasse, aux permis<br />
d’importation, d’exportation et de réexportation des espèces menacées, à<br />
la capture et à l’abattage d’animaux sauvages.<br />
Si on s’en tient à l’enquête menée par Kabuya (2004), 60 % d’enquêtés<br />
estiment que les lois et les arrêtées ne sont pas respectées, 53 % estiment que cela<br />
est du au manque de suivi, 32 %, à l’impunité et 15% au manque de vulgarisation.<br />
47
VI.- CADRE INSTITUTIONNEL <strong>DE</strong> GESTION <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong><br />
Le cadre institutionnel de gestion des <strong>PFNL</strong> est constitué principalement du<br />
Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts auquel<br />
incombe la responsabilité gouvernementale de régir le secteur forestier et qui<br />
l’assume par le truchement de certaines de ses structures sur l’ensemble du territoire<br />
national. Mais en vertu de la politique et des stratégies de la gestion participative,<br />
d’autres opérateurs parapublics et privés, y compris ceux de la société civile, sont<br />
impliqués à un niveau ou à un autre dans cette gestion (Figure 4).<br />
Ministère de l’Environnement<br />
Conservation de la Nature et Tourisme<br />
Niveau central Niveau provincial Intervenants paraétatiques<br />
48<br />
et privés<br />
Direction de la gestion forestière Bureau de la Bureau de contrôle et<br />
(DGF) conservation inspection<br />
Direction de contrôle et inspection<br />
de la nature<br />
(DCI) Niveau District<br />
Direction des ressources fauniques et chasse Bureau spécifique<br />
(DRFC)<br />
Figure 4.- Cadre institutionnel de gestion des <strong>PFNL</strong><br />
Niveau Territoire<br />
Supervision de l’ECNEF
VII. - CONSOMMATION <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong><br />
Concernant les motivations de la consommation des <strong>PFNL</strong>, Kabongo (2005)<br />
affirme que la majorité des répondants (62 %) à ses enquêtes attribue la<br />
consommation des produits de la biodiversité à leur goût et/ou à leur disponibilité. Le<br />
caractère naturel et la valeur nutritive sont évoqués en deuxième position. D’autres<br />
enquêtées menées par cet auteur indique que près de 47 % des enquêtés affirment<br />
que les <strong>PFNL</strong> sont plus nourrissants que les produits du champ ; 20 % affirment qu’ils<br />
sont naturels et moins coûteux que ceux du champ. Pour Bokakonya (2005) c’est<br />
l’habitude alimentaire qui est la principale raison de la consommation des <strong>PFNL</strong>.<br />
Quant aux habitudes de consommation des <strong>PFNL</strong>, les enquêtes de Kazwazwa<br />
(2001) ont encore révélé que 39 % des enquêtés consomment 1 – 2 fois par semaine, 43<br />
% en consomment 3 – 4 fois par semaine tandis que 14 % en consomment<br />
mensuellement. Il rapporte aussi que les produits les plus consommés sont Gnetum<br />
africanum, les chenilles (Bangala et Bandundu) ainsi que les champignons.<br />
Certes, l’alimentation à Kinshasa dépend de l’appartenance socioculturelle.<br />
Mais la dépendance de plus en plus grande des ménages kinois vis-à-vis des produits de<br />
la chasse, de la cueillette ainsi que des produits importés est en partie attribuable à<br />
la chute du pouvoir d’achat des kinois ; ce qui a comme conséquence la modification<br />
des habitudes alimentaires (Yeki et al, 1998). Aussi a – t – il été observé, que la<br />
préférence de la consommation d’un produit donné est motivée par l’état nutritif, les<br />
coutumes et les habitudes acquises. La raison du coût n’est pas en reste.<br />
49
VIII.- ORGANISATION DU MARCHE <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong> <strong>EN</strong> <strong>RDC</strong><br />
Le marché des <strong>PFNL</strong> congolais fonctionne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur,<br />
d’une manière informelle et l’organisation de la filière commerciale fait intervenir<br />
différents acteurs dont les principaux sont : les villageois producteurs (cueilleurs ou<br />
récolteurs, ramasseurs, chasseurs, pêcheurs) les commerçants grossistes, les demigrossistes<br />
et/ou les commerçants détaillants et les consommateurs (Figure 5)<br />
1.- Marché intérieur<br />
Le marché des <strong>PFNL</strong> fonctionne beaucoup plus d’une manière informelle. Les<br />
plantes comestibles et médicinales, les champignons, le gibier, les poissons, les<br />
chenilles et autres insectes comestibles, le miel, les produits végétaux artisanaux, etc.<br />
se vendent bien sur les marchés ruraux et urbains, tant à l’intérieur du pays qu’à<br />
Kinshasa la capitale. Certains de ces produits tels que Gnetum sp., Dacryodes edulis,<br />
Cola acuminata, Garcinia kola Zingiber officinale, Prunus africana, Rauwolfia vomitoria,<br />
Piper guineense, gibier, poissons, chenilles, miel, champignons séchés, se distinguent<br />
du lot avec un relèvement du prix très conséquent au niveau national et pénètrent même<br />
dans le maillon du commerce international.<br />
Figure 5.- Organisation du marché des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong><br />
Excepté le gibier et le poisson, le marché des <strong>PFNL</strong> à travers le pays n’était pas<br />
tellement organisé avant les années 90 (moins florissant) car les échanges<br />
commerciaux des produits agricoles entre les centres urbains et la campagne étaient<br />
mieux organisés. Il a beaucoup évolué au cours de ces deux dernières décennies, en<br />
50
partie sous l’effet de la croissance démographique et surtout des crises politiques et des<br />
conflits armés qui ont paralysé l’économie du pays et ont accentué la dépendance des<br />
populations vis-à-vis des ressources des forêts.<br />
Les enquêtes menées par Luyinduladio et al (2005) dans les provinces de<br />
Bandundu et de l’Equateur indiquent que :<br />
- plus de la moitié des marchés ont une association des commerçants,<br />
- les vendeurs des <strong>PFNL</strong> sont très actifs au sein de ces associations<br />
- les hommes y sont plus impliqués que les femmes,<br />
- 17,3% des commerçants interviewés appartiennent à une association.<br />
Le transport est donc le facteur limitant dans la mesure où les producteurs que<br />
sont les communautés de base ne peuvent pas ou ne veulent plus produire, car ils n’ont<br />
pas accès aux marchés, faute de moyens de transport. Ils sont même conscients des<br />
interactions existant entre la production, le transport et le marché de leurs produits. Si<br />
dans les conditions normales, les communautés de base ont plutôt affaire à la loi de<br />
l’offre et de la demande, ici, on peut dire que ces communautés sont confrontées à la loi<br />
de l’offre et du transport, et surtout à un cercle vicieux. En effet, si l’offre est moindre, le<br />
transport se fait rare, et si le transport se fait rare, l’offre diminue. La conséquence n’est<br />
pas seulement d’ordre de prix, mais de dislocation de système, de structure et de<br />
capacités de production. Quand la filière commerciale présente une bonne<br />
interconnexion avec un réseau régulier du transport, le marché du produit devient<br />
intéressant et parfois très bénéfique pour tous les acteurs impliqués (cas de la filière<br />
commerciale des feuilles de Gnetum sp. entre Kinshasa et les différentes villes de<br />
l’intérieur du pays (Toirambe, 2005).<br />
Concernant la clientèle, les <strong>PFNL</strong> sont achetés aussi bien par les hommes que<br />
par les femmes d’âge varié. Pour les plantes médicinales, ce sont les hommes qui sont<br />
les plus grands clients.<br />
2.- Marché extérieur (Exportation)<br />
L’exportation d’un certain nombre de <strong>PFNL</strong> congolais se réalise exclusivement<br />
par les privés, car il n’existe pas une société d’Etat ou service spécialisé chargé de<br />
collecter ou d’acheter ces produits et de les exporter. Cette exportation se fait parfois ou<br />
souvent de façon frauduleuse. C’est le cas des <strong>PFNL</strong> exportés généralement à partir de<br />
l’intérieur du pays, le long des frontières avec les autres pays disposant des unités<br />
monétaires fortes (par exemple le Franc CFA) et également vers les grands marchés<br />
étrangers (Europe principalement). Trois axes d’exportation ont été répertoriés par bon<br />
nombre de chercheurs, à savoir:<br />
- l’axe de l’Est (Nord et Sud Kivu) : les <strong>PFNL</strong> concernés sont les écorces de<br />
Prunus africana et de Rauwolfia vomitoria, les graines de Cola acuminata, de<br />
Garcinia kola et de Piper guineensis, les rhizomes de Zingiber officinalis, les<br />
paniers à base des jeunes feuilles de Phoenix reclinata, les poissons (surtout les<br />
frétins) et le gibier. Les pays destinataires ou de transit sont : Burundi, Rwanda,<br />
Ouganda et Kenya ;<br />
51
- l’axe du Nord – Est (Province Orientale) et de l’Ouest (Equateur, Kinshasa, Bas-<br />
Congo): les <strong>PFNL</strong> utilisés sont destinés pour le Congo Brazzaville, l’Afrique de<br />
l’Ouest, l’Afrique du Sud, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Il s’agit<br />
généralement des produits suivants : feuilles de Gnetum sp. et de Ipomoea<br />
involucrata, fruits de Dacryodes edulis et de Piper guineense, graines de Cola<br />
acuminata, de Cucumeropsis mannii et de Garcinia kola, rhizomes de Zingiber<br />
officinale, chenilles, poissons, gibier, miel, champignons séchés, paniers et nattes<br />
à base de rotin et des pétioles de Thaumatococcus daniellii ;<br />
- l’axe du Sud-Est (Province du Katanga) dont les produits utilisés sont destinés<br />
généralement pour les villes de pays frontaliers, notamment la Zambie et la<br />
Tanzanie. Les <strong>PFNL</strong> concernés sont surtout les poissons, le gibier et les<br />
champignons.<br />
Il est à noter que l’exportation de certains <strong>PFNL</strong> se fait de façon régulière et<br />
nécessite l’obtention et la détention par l’exportateur d’un certain nombre de documents<br />
légaux délivrés par les services des Ministères ayant l’Environnement et la Santé dans<br />
leurs attributions. C’est le cas notamment du certificat phytosanitaire pour les racines<br />
décoratives (Millettia drastica), du permis d’exportation CITES pour les espèces de la<br />
flore (Prunus africana) et de la faune (Psittacus erithacus) figurant dans l’annexe II de<br />
CITES et du certificat d’origine pour les autres espèces animales et végétales non<br />
encore protégées surtout à but scientifique.<br />
52
IX.- COMMERCIALISATION <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong><br />
Au cours de ces dernières années, Le commerce des <strong>PFNL</strong> s’est intensifié de<br />
plus en plus dans le milieu urbain alors que naguère, il était réservé au milieu rural et<br />
dans les périmètres de grandes villes. (Biloso, 2003). Pour Kazwawa (2000) l’achat, la<br />
vente des <strong>PFNL</strong> et les transactions commerciales sont effectuées en majorité (65 %)<br />
par les personnes ayant plus de 5 ans dans l’exercice de cette activité. Ces enquêtes<br />
ont encore révélé que parmi les principales motivations (rentabilité, survie, activité<br />
transitoire) qui peuvent pousser à un commerce, les personnes interrogées y<br />
poursuivent la rentabilité du secteur, tandis que pour Kabuya (2004) la raison<br />
majeure est d’assurer l’autoconsommation. D’autres considèrent cette activité<br />
comme une activité facile à pratiquer et principale génératrice des recettes suivie par<br />
l’agriculture.<br />
Longosso (2002) a trouvé, à l’issue de son investigation sur le marché des<br />
chenilles, que plus de 83 % des commerçants sont détaillants et a confirmé le fait que<br />
les principales espèces de chenilles vendues sur le marché de Kinshasa sont de deux<br />
types : chenilles de Bangala et celles de Bandundu. Pour le commerce de champignons<br />
comestibles, Labulu (2002) a trouvé 47 % de demi-grossistes, 20 % de grossistes et 33 %<br />
de détaillants. Pour le commerce de Gnetum les détaillants sont dominants (63%) et<br />
les autres (37 %) sont des grossistes (Munengu, 2002). Les intervenants dans le<br />
commerce de Gnetum à Kinshasa sont : les commerçants et les prestataires des<br />
services tels que les transporteurs, les manutentionnaires, les agents de<br />
l’administration publique (Munengu, 2002).<br />
Il sied de signaler que parmi les modalités de commerce de <strong>PFNL</strong>, c’est la vente<br />
au comptant qui prédomine (62 % des enquêtés). Toutefois, la vente à crédit est aussi<br />
fréquente (28 %) selon les enquêtés, étant donné la périssabilité de la plupart des<br />
<strong>PFNL</strong>. Si les clients aux marchés terminaux sont essentiellement de vendeurs, des<br />
détaillants, des voyageurs, des restaurateurs et parfois des religieux et des ONG, les<br />
principaux clients aux marchés de détail sont surtout les individus et les religieux.<br />
Concernant la commercialisation des <strong>PFNL</strong>, Kazwazwa (2000) a noté qu’il y a<br />
des marchés qui sont spécialisés pour la commercialisation de tel ou tel produit que<br />
d’autres (Tableau 10).<br />
L’offre de différents <strong>PFNL</strong> est généralement fonction de la saisonnalité des<br />
produits. La fixation des prix se fait suivant la loi de l’offre et de la demande et<br />
également des autres facteurs notamment du coût de revient, de la qualité du produit<br />
(état de périssabilité), de la dimension ou grosseur du produit ainsi que du coût de<br />
transport (Tableaux 1 à 9)<br />
Les différentes études réalisées à Kinshasa ont montré que les bénéfices tirés<br />
par chaque intervenant dans une filière dépendent généralement de la nature du produit<br />
et de la loi de l’offre et de la demande. Traditionnellement, ce sont surtout des<br />
intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs qui profitaient davantage de<br />
la filière et en tiraient de grands bénéfices. Mais pour Kabongo (2005) 93 % de ses<br />
enquêtés estiment que l’exploitation des <strong>PFNL</strong> est très rentable car il leur permet<br />
tous de satisfaire leurs besoins primaires .<br />
53
Produits Marchés spécialisés Communes<br />
Gnetum africanum - Gambela (Dépôts)<br />
- Kasa-Vubu<br />
- Pascal (Dépôts)<br />
- Masina<br />
Chenilles (mikwati) + - Kulumba (BKTF)<br />
- Masina<br />
champignons<br />
- TV5 (Kianza)<br />
- Ngaba<br />
- Agence (Ndolo, Itaga)<br />
- Barumbu & Kinshasa<br />
- Parkings<br />
- Kimbanseke & Masina<br />
Gibier + chenilles - Ports (GLM, Strabag)<br />
- Limete<br />
Bangala + champignon - Grand Marché<br />
- Gombe<br />
- Gambela<br />
- Kasa-Vubu<br />
- Maluku<br />
- Maluku<br />
Insectes - Matankumu (sans fil)<br />
- Masina<br />
- Grand Marché<br />
- Gombe<br />
- Gambela<br />
- Kasa-Vubu<br />
- Matete<br />
- Matete<br />
Fruits, noix, graines - Ports<br />
- Limete<br />
- Parkings (Masimanimba)<br />
- Kasa-Vubu<br />
- Selembao<br />
- Selembao<br />
- Matete Q6 et Q7 N’djili<br />
- Ngaba<br />
- Bitabe<br />
- N’djili<br />
- Masina<br />
Tableau 10.- <strong>PFNL</strong> dans les différents marchés kinois<br />
Conjointement à l’usage commercial des <strong>PFNL</strong> comestibles, il se développe, à la<br />
suite des coûts élevés des produits pharmaceutiques, un commerce des plantes<br />
médicinales tant aux villages qu’en milieu urbain (Voir tableau 2 pour plus de détails).<br />
54
X.- ROLE SOCIO-ECONOMIQUE <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong> <strong>EN</strong> <strong>RDC</strong><br />
Pour beaucoup de congolais (ruraux comme urbains), la forêt constitue un cordon<br />
ombilical au quotidien – un capital pour ceux qui ont peu d’alternatives pour les autres<br />
moyens de subventions. Ceci est particulièrement vrai pour les communautés vivant en<br />
milieu rural qui constituent la majorité de tous les ménages pauvres du pays. Les <strong>PFNL</strong><br />
constituent de ce fait une source importante de subsistance et de revenus, contribuant<br />
ainsi à la sécurité alimentaire. Une partie de ces produits sert à l’autoconsommation et<br />
une autre est destinée à la vente sur les marchés locaux, urbains, voire internationaux<br />
apportant ainsi des revenus financiers appréciables qui permettent de résoudre certains<br />
problèmes pertinents liés à l’amélioration des conditions de vie.<br />
Certains congolais estiment même que « sans ces produits naturels, beaucoup<br />
de familles ne pourraient pas faire face à la crise qui sévit dans ce pays ni survivre<br />
pendant les guerres que les pays a connu au cours de ces dernières années lorsqu’on<br />
sait que la plupart des habitants des villages avaient trouvés refuge en forêts, loin de<br />
leurs champs ou de lieux d’approvisionnement des biens de première nécessité ».<br />
1. Au niveau des ménages<br />
Les <strong>PFNL</strong> jouent un rôle socio-économique très important. Avec la crise<br />
économique qui sévit le pays, la majorité de populations sont devenues plus<br />
dépendantes de ces produits qu’elles utilisent pour se nourrir, se soigner, construire,<br />
etc. A travers diverses filières informelles, ces produits offrent des opportunités<br />
d’emplois et engendrent des revenus à de nombreux ménages impliqués dans leur<br />
exploitation et leur commercialisation.<br />
Il est évident que la demande pour ces produits forestiers est appelée à croître<br />
considérablement à mesure que le pouvoir d’achat augmente, que la population<br />
s’accroît, que la migration de la population rurale vers les villes devient plus aisée, et<br />
que les produits de l’agriculture issus d’un système de production rudimentaire sont<br />
insuffisants pour assurer durablement la sécurité alimentaire. La réduction des coûts de<br />
transport et l’accroissement de la demande rendent le commerce de ces <strong>PFNL</strong> plus<br />
lucratif, encourageant davantage de personnes à s’y lancer.<br />
La contribution de ces produits aux économies des ménages et à la sécurité<br />
alimentaire est bien nette et perceptible. Dans les communes urbano-rurales de<br />
Kinshasa, Biloso et Lejoly (2006) notent que la contribution du commerce des feuilles de<br />
Gnetum africanum au revenu mensuel du ménage demeure le leader incontestable avec<br />
une recette moyenne de 275$, suivie des frondes de Pteridium centrali-africanum avec<br />
166,70$ par mois et par ménage ; des feuilles de Dracaena camerooniana avec 75,55$<br />
par mois et par ménage, des tubercules de Dioscorea praehensilis avec 71$ et par mois<br />
et par ménage et des feuilles de Psophocarpus scandens avec 58,75$ par mois et par<br />
ménage, Toirambé (2006) dans une enquête réalisée récemment a montré qu’à<br />
Kinshasa, près de 1069 personnes, majoritairement des femmes (98%), exercent le<br />
commerce des feuilles de Gnetum sp. dans onze marchés prospectés. Cette activité<br />
commerciale est génératrice de revenu (environ 132,93$/mois) qui dépasse de loin le<br />
PNB congolais (114$/an/habitant) et nettement supérieur au salaire mensuel de la<br />
fonction publique (70$/mois pour un Directeur).<br />
55
Dans les deux marchés de Mbandaka (Central et Wendji Secli), Ndoye et Awono<br />
(2005) avaient évalué, pendant douze mois, la vente des feuilles de Gnetum sp. pour un<br />
volume de 47.200 kg à 21.904$ ; le commerce de 145.015 kg de feuilles de<br />
Maranthaceae pour une valeur de 3.446$ ; et la vente de 105.554 litres de vin de palme<br />
pour un chiffre d’affaire de 13.054$.<br />
A Boma et Kisangani, quelques plantes prioritaires illustrent cet important rôle<br />
socio-économique : les drupes de Dacryodes edulis consommées après cuisson sous la<br />
cendre chaude, à la braise ou à l’eau chaude ; la pulpe de Cola acuminata et de<br />
Garcinia kola très prisée par les amateurs de boissons et consommée à l’état frais<br />
comme excitant ou aphrodisiaque ; la farine des graines de Cucumeropsis mannii et de<br />
Sesamum orientale utilisée comme liant dans les différents mets locaux ; la poudre des<br />
fruits de Piper guineens et des rhizomes de Zingiber officinale utilisée comme condiment<br />
dans l’assaisonnement de différents mets, etc. Leur intérêt alimentaire croissant tant<br />
dans les zones rurales que dans les centres urbains et leur valeur marchande en tant<br />
que source de revenu pour les acteurs impliqués dans l’exploitation et la<br />
commercialisation justifient le développement de leur récolte en forêts et leur culture<br />
dans beaucoup des villages périphériques de ces villes.<br />
La demande des objets en rotins est de plus en plus élevée, surtout dans des<br />
centres urbains (Kayisu, 2008). La dimension économique de cette entreprise artisanale<br />
se justifie par la main d’oeuvre employée ainsi que sa contribution rémunératrice aux<br />
personnes impliquées. A Kinshasa, Toirambe (2006) a répertorié environs 118 artisans<br />
qui touchent un salaire moyen de 149$ par mois et à Boma, 153 artisans avec un salaire<br />
de 87$ par mois.<br />
56<br />
Photo 8.- Marché des rotins à Kinshasa<br />
Quelques plantes répertoriées à travers les villes sont utilisées en médicine<br />
traditionnelle. Ces produits disposent des marchés commerciaux (Photo 9) et de<br />
possibilités prouvées pour procurer un revenu de substitution aux riverains des forêts et<br />
parfois un revenu conséquent aux intermédiaires et aux exportateurs attitrés. C’est le<br />
cas par exemple :
- des plantes rentrant dans le traitement du paludisme : les écorces de Voanga<br />
africana, de Spathodea campanulata ; les feuilles de Morinda morindoides, de<br />
Lantana camarra, de Cymbopogon citratus, de Artemisia annua, de Carica<br />
papaya ; les morceaux de tiges de Quassia africana, etc.;<br />
- des plantes antihelminthiques : Les feuilles de Euphorbia pigra, de Vernonia<br />
vomitoria, de Chenopodium ambrosoïdes, de Ocimum gratissimum, de<br />
Piperumbellatum, de Clerodendrum scandens ; les graines de Paulinia<br />
pinnata, de Momordica charantia ; les écorces de Anogeissus leiocarpus, de<br />
Alstonia boonei, de Cleistpholis patens, etc. ;<br />
Photo 9.- Marché des <strong>PFNL</strong> utilisés dans la<br />
pharmacopée traditionnelle à<br />
Kinshasa<br />
D’autres <strong>PFNL</strong> médicinaux trouvés en <strong>RDC</strong> par contre sont utilisés en médicine<br />
tant traditionnelle que moderne. C’est le cas notamment des écorces de Hymenocardia<br />
acida (décocté contre l’amibiase), de Rauwolfiavomitoria (macéré contre les maladies<br />
sexuellement transmises) et de Prinusafricana (syn. Pygeum africanum) dont le<br />
décocté des écorces du tronc est utilisé en médecine traditionnelle comme lavement<br />
(un irrigateur par jour) pour lutter contre les douleurs lombaires et les fatigues<br />
généralisées. En médecine moderne, les études pharmacologiques et les<br />
expérimentations cliniques ont mis en évidence les propriétés thérapeutiques de<br />
principe actif tiré des écorces de ces plantes. C’est le cas par exemple du complexe<br />
lipido-stérolique extrait des écorces de tronc de Prinus africana que l’industrie<br />
pharmaceutique produit des médicaments utilisés dans le traitement des troubles<br />
mictionnels de l’adénome prostatique chez l’homme (Kabala et Toirambe, 1996).<br />
L’implication des <strong>PFNL</strong> d’origine animale dans l’économie des ménages de la<br />
<strong>RDC</strong> est bien soulignée par Wetshi et al. (1987), Wilkie et Carpenter (1999), Fa et al.<br />
(2003), Marachto (2002), Toirambe (2002), De Merode et al. (2004) et Ndona (2004) à<br />
partir des enquêtes menées sur les mammifères. Ces auteurs soulignent la place<br />
centrale qu’occupe le gibier dans la vie des populations rurales. Ces dernières<br />
considèrent que la viande de chasse est une nourriture de haute qualité et relativement<br />
peu coûteuse que la viande de l’élevage. La chasse tant traditionnelle que commerciale<br />
implique une main d’oeuvre importante, demande peu d’investissements et procure<br />
souvent un gain important et rapide. Selon Fa et al. (2003) et Wilkie et Carpenter<br />
(1999), la consommation de gibier peut s’estimer à 1,4 millions de tonnes par an pour<br />
57
un chiffre d’affaire pouvant s’évaluer à 1,4 milliards de dollars américains, en<br />
considérant le prix moyen de 3,5$/kg. Les singes, les céphalophes, les potamochères,<br />
les rongeurs constituent la plus grande part de ce gibier, mais les gens préfèrent<br />
également la viande des buffles, de l’éléphant, d’hippopotames, des reptiles et des<br />
oiseaux, ainsi que de grandes quantités de chenilles, de sauterelles, de criquets, de<br />
termites, etc. Dans le marché central de Kikwit (Bandundu), Ndoye et Awono (2005) ont<br />
pu évaluer la vente de 14,194 tonnes de chenilles pendant huit mois pour une valeur<br />
marchande de 17.939$. Dans la Réserve de Biosphère de Luki, Toirambe (2002) avait<br />
confirmé l’existence d’une véritable entreprise cynégétique dans cette réserve et ses<br />
environs avec 16 points de ventes de gibier comptant un effectif de 83 vendeurs (tous<br />
des hommes) dont l’âge varie de 20 à 45 ans. Le revenu moyen par vendeur et par<br />
semaine était évalué à 16,14$, soit 64,56$/mois/vendeur.<br />
D’autres ressources naturelles représentent également la base de subsistance<br />
des populations locales et des activités économiques en milieu forestier. Il s’agit<br />
notamment du poisson, des champignons, du miel et du vin forestier. Il s’observe que,<br />
pour la majorité des ménages habitant de long des cours d’eau et du fleuve du Congo,<br />
la pêche est l’activité la plus largement pratiquée.<br />
Signalons également que les autres acteurs bénéficiant de la commercialisation<br />
des <strong>PFNL</strong> sont les transporteurs et dans une moindre mesure l’Etat. Par exemple, les<br />
transporteurs aériens (Hewa Bora et CAA) impliqués dans l’activité de fret de Gnetum<br />
sp. ont effectué des échanges pendant la période d’avril – mai 2006 de 123.615 kg<br />
entre Kisangani et Kinshasa et Mbandaka et Kinshasa pour un bénéfice total de<br />
1.245.985,34$. Malheureusement, les données sur les taxes prélevées par les agents<br />
des Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture n’ont pas été disponibles lors de<br />
notre passage dans ces services.<br />
La contribution de <strong>PFNL</strong> au revenu des ménages, par rapport à celle d’autres<br />
activités est très variable. Cette variabilité dépend, entre autres, de l’un ou des<br />
plusieurs facteurs suivants : activité principale du ménage (cueillette, chasse, pêche,<br />
vente des gibiers, artisanat, etc.), origine du <strong>PFNL</strong> (végétal ou animal) et étape à<br />
laquelle intervient le ménage dans la filière commerciale. Colom (2006) souligne par<br />
exemple que dans les zones forestières, particulièrement dans le paysage Salonga –<br />
Lukenie – Sankuru, parmi les huit activités touchant les ressources naturelles des<br />
forêts, l’agriculture et la cueillette représentent les activités les plus largement<br />
pratiquées, chacune engage respectivement 24,1% et 23,3% de ménages du paysage.<br />
La chasse (19,3%) et la pêche (19,0%) sont les troisième et quatrième activités les plus<br />
pratiquées, constatées auprès de trois quarts de la population. L’implication des<br />
ménages dans d’autres activités telles que le travail artisanal (8,2%), le commerce<br />
(3,0%), le travail temporaire (1,8%) et la médicine traditionnelle (1,3%), démontre la<br />
dépendance des riverains à l’égard des ressources naturelles des forêts.<br />
Quant à la génération des revenus, l’agriculture vient à la première place ; suivie<br />
de la chasse et de la pêche. La cueillette des <strong>PFNL</strong> constitue donc une source<br />
supplémentaire pour les ménages comme le témoigne la figure 7 ci-après.<br />
58
Figure 6.- Contribution des activités économiques exercées en milieu forestier chez les<br />
ménages du landscape Salonga-Lukenie-Sankuru (Source : Colom, 2006)<br />
2.- Au niveau national et international<br />
La dimension économique au niveau national des <strong>PFNL</strong> est pratiquement<br />
méconnue, voire invisible au profit de la seule exploitation des bois d’oeuvre et des<br />
produits agricoles. Toutefois, il existe de multiples taxes perçues chez les vendeurs des<br />
principaux <strong>PFNL</strong> dans les marchés par les différents services de l’administration<br />
publique. Par exemple, dans les marchés de Kinshasa, l’administration perçoit une taxe<br />
journalière de 100Fc (soit 0,22$) par vendeur (cette taxe concerne tous les vendeurs<br />
des produits). Malheureusement, aucune statistique n’a été trouvée dans les bureaux de<br />
cette administration lors de notre visite d’étude.<br />
Faisons remarquer qu’une comptabilisation précise et systématique des différents<br />
<strong>PFNL</strong> intégrant le marché local fait encore défaut à l'heure actuelle au niveau de<br />
différents villages importants ou des centres urbains. Le prélèvement de droit ou taxe<br />
divers à cet échelon, quand il existe, ne distingue pas les <strong>PFNL</strong> des autres produits<br />
échangés sur le marché, et ne permet pas d'évaluer ni la part, ni l'importance réelle de<br />
ces derniers sur le marché.<br />
59
Au niveau international, il existe depuis des temps immémoriaux des échanges<br />
commerciaux concernant les <strong>PFNL</strong> entre la <strong>RDC</strong> et les pays d’Afrique, d’Europe et<br />
d’Amérique du Nord ; mais cela se fait souvent d’une manière informelle, car aucune<br />
donnée statistique fiable et officielle n’existe.<br />
Ces échanges sont importants, car ils renforcent des liens culturels entre les<br />
peuples d’une même région ou de plusieurs régions différentes. Les pays frontaliers de<br />
la <strong>RDC</strong> et ceux de l’Union Européenne, les Etats Unis d’Amérique et le Canada sont<br />
parmi les principaux pays où ces échanges sont élevés et en augmentation<br />
60
XI.- VALEURS BROMATOLOGIQUES <strong>DE</strong>S <strong>PFNL</strong>S<br />
Le peu de travaux réalisés dans ce domaine ont été faits par Mbemba et<br />
Remacle (1992), Mbemba et al (1985). Ci-dessous les résultats obtenus par ces auteurs<br />
Noms Parties<br />
comesti<br />
bles<br />
Gnetum<br />
africanum<br />
(Mfumbwa)<br />
Sarcphrynu<br />
m<br />
amoldianu<br />
m<br />
(Mikungu)<br />
Olax viridis<br />
(Mukubi<br />
Olax<br />
wildemanii<br />
(Nkaka<br />
kubi)<br />
Psophocarp<br />
us scandens<br />
(Kikalakasa<br />
)<br />
Pteridium<br />
aquilinum<br />
(Misili)<br />
Dioscorea<br />
sp.<br />
(Bandjindji<br />
Calorie<br />
Kcal<br />
Humidité<br />
(%)<br />
Protéines<br />
(g)<br />
61<br />
Lipides<br />
(g)<br />
Fibres<br />
brutes (g)<br />
Glucides<br />
(g)<br />
Cendres<br />
(g)<br />
Feuilles 106 67,30 5,95 2,25 7,87 15,53 1,10<br />
Jeunes<br />
feuilles<br />
32 90,62 3,62 0,42 0,72 3,45 1,17<br />
Feuilles 356 10,72 17,07 2,76 1,50 65,69 2,24<br />
Feuilles 127 63,70 7,61 2,03 2 ;37 19,69 4,60<br />
Feuilles 61 82,70 7,03 1,28 2,21 5,40 1,38<br />
Tiges<br />
tendres<br />
Tiges et<br />
tubercu<br />
les<br />
28 91,52 2,38 0,44 0,87 3,36 1,33<br />
68 80,00 4,47 0,45 2,02 11,40 1,66<br />
Tableau 11.- : Valeurs nutritionnels des <strong>PFNL</strong> du Kwango (<strong>RDC</strong>ongo)<br />
Noms Partie<br />
comestible<br />
Auricularia sp<br />
(Matoyi)<br />
Cantharellus<br />
sp. (Bututulu)<br />
Schizophyllum<br />
sp (Bukolokoto)<br />
Gymnophyllus<br />
sp.<br />
Toute la<br />
plante<br />
Toute la<br />
plante<br />
Toute la<br />
plante<br />
Toute la<br />
plante<br />
Calorie<br />
(Cal)<br />
Humidité<br />
(%)<br />
Lipides<br />
(g)<br />
Protéines (g) Glucides<br />
(g)<br />
Fraîche Sèche<br />
Fibres Cendre<br />
(g)<br />
33 91,46 91,46 0,24 1,23 - 3 ,71 0,65<br />
35 90,62 0,24 4,60 45,77 3,71 0,65 0,85<br />
356 10,74 10,74 17,07 2,76 1,50 65,69 2,24<br />
127 63,70 0,31 3,16 - 3,94 1,23 1,17
Cockela<br />
subcipes<br />
Lentinus sp.<br />
(Bupeshele)<br />
Lepiota sp.<br />
(Ubogu wa<br />
ngombi)<br />
Lepiota sp<br />
(Umbimbi)<br />
Marasmius<br />
arb. (Gasenda<br />
ngunda)<br />
Pleurotus<br />
tuberrgium<br />
(Butondi)<br />
Pluteolus<br />
acuminata<br />
(Kamasimasi)<br />
73 77,04 0,31 5,89 25,61 12,86 1,10 2,20<br />
56 84,29 0,25 4,58 29,17 8,91 0,83 1,14<br />
100 69,53 1,41 13,64 44,76 8,23 2,75 4,49<br />
48 86,03 0,37 5,04 36,08 6,10 1,33 1,13<br />
45 87,26 0,29 6,19 48,58 4,40 0,89 0,97<br />
119 68,56 0,15 6,20 19,75 23,25 0,85 0,97<br />
92 74,46 0,45 6,29 24,63 15,74 1,27 1,79<br />
Tableau 12 : Valeurs nutritionnelles des champignons commercialisés au Kwango<br />
Noms Partie<br />
comestible<br />
Cola acuminata<br />
(Makasu)<br />
(Sterculiaceae)<br />
Landolphia<br />
awariensis<br />
(Matonge)<br />
(Apocynaceae)<br />
Afromomum sp.<br />
(Tondolo)<br />
(Zingiberaceae)<br />
Anisophyllea<br />
dichostyla (Mbila<br />
esobe)<br />
(Rhizophoraceae)<br />
Calorie<br />
Kcal<br />
Humidité<br />
(%)<br />
62<br />
Protéines<br />
(%)<br />
Lipides<br />
(%)<br />
Fibres<br />
(%)<br />
Glucides<br />
(%)<br />
Cendres<br />
(%)<br />
Noix 163 56,90 1,97 0,43 1,75 37,38 1,13<br />
Pulpe et<br />
noix<br />
Pulpe et<br />
jus<br />
99 49,90 4,12 0,49 18,74 24,81 1,94<br />
118 69,66 1,99 1,58 1,61 24,02 1 ,14<br />
Pulpe 137 74,66 1,03 2,00 0,67 21,14 0,56<br />
Tableau 13.- Valeurs nutritionnelles des fruits consommés au Kwango (<strong>RDC</strong>)
Nom Calorie Humidité Protéines Lipides Glucides Cendres<br />
Fourmis ailées 63 83,43 9,37 1,92 2,13 3,16<br />
Dynastes du<br />
palmier<br />
- 63,43 24,33 - - 1,99<br />
Sauterelles - 55,59 27,22 - - 2,21<br />
Grillons - 85,79 8,99 - - 0,44<br />
Chenilles 81 80,45 13,09 1,86 3,07 1,03<br />
Tableau 1 : Valeur nutritionnelles de quelques <strong>PFNL</strong> d’origine animale commées au<br />
Kwango<br />
63
XII. CONTRAINTES<br />
Les majeures difficultés qui pèsent sur la production, le développement, la<br />
valorisation et la commercialisation des <strong>PFNL</strong> et qui nécessitent l’effort conjugué de<br />
l’Etat, des commerçants et autres vendeurs sont nombreuses et très diversifiées.<br />
Parmi celles-ci, on peut citer :<br />
- le conditionnement des produits, le transport, le stockage, la conservation, la<br />
démangeaison allergique (Kazwazwa, 2000 ; Kabuya , 2004 ; Kabongo, 2005)<br />
- Pour Ndoye et Awono (2005) les différentes contraintes tournent autour des<br />
axes suivants : longue distance, débouchés limités, coût de transport élevé,<br />
périssabilité des produits, taxes informelles (tracasseries et barrières), et<br />
autres.<br />
- Pour Toirambe (2005, 2006) : les principales contraintes qui empêchent le<br />
développement et la valorisation des <strong>PFNL</strong> en <strong>RDC</strong> :<br />
les textes législatifs et réglementaires régissant l’utilisation et la gestion<br />
des <strong>PFNL</strong> sont flous et ne définissent pas clairement le rôle que<br />
pouvaient jouer les <strong>PFNL</strong> dans l’économie nationale ni leur apport<br />
judicieux dans les ménages. Ces textes sont souvent élaborés sur le<br />
modèle classique de l’utilisation durable des forêts se focalisant sur le<br />
rendement continu de la production de bois d’oeuvre ;<br />
le manque de maîtrise de la domestication des produits forestiers non<br />
ligneux utilisés comme aliments ou dans la pharmacopée ;<br />
l’absence d’une politique nationale définissant des stratégies de<br />
production, de conservation des produits exploités et de développement<br />
des filières potentielles des <strong>PFNL</strong> majoritaires pour une contribution<br />
efficiente à l’économie nationale et à l’amélioration des conditions de<br />
vie des populations locales;<br />
l’intégration insuffisante ou l’absente des <strong>PFNL</strong> majoritaires dans<br />
l’économie formelle<br />
les politiques insuffisantes en matière de qualité des produits mis sur les<br />
marchés ;<br />
la connaissance scientifique insuffisante ou non approfondie sur la<br />
majorité de ces produits, notamment sur la disponibilité de la ressource,<br />
sur les méthodes de récolte appropriées, sur les technologies de<br />
transformation afin d’augmenter leur valeur ajoutée ;<br />
la commercialisation des <strong>PFNL</strong> basée sur des valeurs mal définies<br />
obéissant aux seules règles de l’offre et de la demande du marché ;<br />
le manque d’accès aux marchés potentiels et d’informations sur ces<br />
marchés;<br />
64
l’absence des structures organisationnelles en ce qui concerne la<br />
production et le commerce des <strong>PFNL</strong>. D’où l’absence des statistiques sur<br />
ces produits ;<br />
l’instabilité politique, l’insuffisance des infrastructures rurales et les<br />
tracasseries administratives sur les prélèvements fiscaux (surtout les<br />
<strong>PFNL</strong> protégés par CITES), non accès au système financier par les<br />
principaux acteurs.<br />
le cadre organique du Ministère de l’Environnement, Conservation de la<br />
Nature, Eaux et Forêts qui parait inadéquat et désarticulé par rapport à<br />
l’ampleur des tâches qu’implique la gestion des ressources forestières.<br />
la présence de plusieurs services de différents ministères<br />
(Environnement, Agriculture, Commerce extérieur et Santé Publique)<br />
agissant pour les mêmes produits occasionne des conflits de compétence<br />
(dualité entre les institutions) et ne favorise pas la valorisation les <strong>PFNL</strong><br />
exploités).<br />
l’insuffisance des outils, des données et des informations de base pour<br />
une planification et une gestion forestière durable (inventaires<br />
forestiers, cartographie de base et cartographie thématique, etc.) (Kapa<br />
et Malele, 2003).<br />
l’inexistence de crédits bancaires et de mécanisme de couverture des<br />
risques encourus (assurance) pour les opérateurs du secteur forestier ;<br />
la faiblesse des capacités se traduisant par le manque d’un programme<br />
de formation et de recherche adapté susceptible aussi bien d’améliorer<br />
la gestion des ressources que la valeur ajoutée des produits ;<br />
la contre-performance des institutions et services de gestion due au<br />
manque de moyens matériels et financiers conséquents ;<br />
A ces différentes contraintes, on peut ajouter celles épinglées par Biloso (2008) :<br />
Les idées préconçues des populations en général et des autorités<br />
politiques en particulier, favorisant les produits de type occidental au<br />
détriment de produits locaux. Les produits d'origine sauvage sont soit<br />
socialement inacceptables, soit considérés comme technologiquement<br />
inférieurs parce qu'ils ont été utilisés par des populations ancestrales<br />
moins avancées (Sene, 2001);<br />
Le comportement des fonctionnaires de l'Etat et les communautés<br />
urbanisées qui souvent mésestiment l'importance des <strong>PFNL</strong> pour la<br />
population rurale. Ainsi, les plans et projets de développement qui<br />
intéressent ces produits et ressources sont le plus souvent conçus sans<br />
que les communautés rurales intéressées soient consultées, ce qui peut<br />
entraîner le rejet par ces dernières des mesures prises (Malele, 2006);<br />
65
le manque d’intérêts manifestés par les agents de terrain et les<br />
chercheurs vis-à-vis des <strong>PFNL</strong> considérés comme des produits naturels<br />
mineurs<br />
le manque des banques des données ou l’insuffisance de renseignements<br />
fondamentaux détaillés sur les ressources disponibles, les rendements, la<br />
qualité, la préparation et l'utilisation de la plupart des <strong>PFNL</strong> et sur leur<br />
importance dans l'économie rurale locale, sans parler de la prise en<br />
compte de leur valeur potentielle pour l'économie nationale.<br />
la méconnaissance du potentiel d’utilisation d'un produit, souvent dû à<br />
un échange insuffisant de connaissances entre pays, pour des raisons<br />
linguistiques ou politiques.<br />
le manque de spécialisation académique et universitaire en matière de<br />
<strong>PFNL</strong>, de plantes d'importance économique ou d'ethnobotanique dont la<br />
connaissance est requise pour tout programme de développement<br />
intéressant les <strong>PFNL</strong>;<br />
l’existence des tabous et interdits dans certains milieux ruraux des pays<br />
en développement, compromettant ou empêchant l’utilisation de<br />
certains <strong>PFNL</strong>.<br />
l’approche multidisciplinaire qu’exige la valorisation des <strong>PFNL</strong> qui,<br />
malheureusement, fait défaut dans les pays en développement où le<br />
sectarisme reste encore développé.<br />
En effet, s’agissant de la conservation de la viande de gibier, la technique la<br />
plus utilisée est la fumaison. Elle consiste à placer la viande au-dessus du feu jusqu’à<br />
ce qu’elle sèche complètement (Ocha, 2002 in Kabuya (2004), Dethier, 1995) ; le<br />
manque d’électricité ainsi que les difficultés de distribution des produits pétroliers<br />
constituent une forte contrainte pour l’utilisation des autres méthodes de<br />
conservation telles que la réfrigération ou la congélation. Dans le milieu rural<br />
congolais, il n’existe presque pas d’entrepôt pour le stockage des produits<br />
alimentaires en général et des produits de chasse et de cueillette en particulier<br />
(Kabuya, 2004).<br />
S’agissant du miel, l’instabilité des lieux d’approvisionnement, le manque de<br />
clientèle et les longues distances pour s’approvisionner sont les principales contraintes<br />
citées. A ces contraintes inventoriées par les commerçants du miel de Kinshasa,<br />
s’ajoute la présence de plusieurs qualités de miel dans les supermarchés de Kinshasa ;<br />
ce qui constitue une menace du miel local qui reste par ailleurs moins compétitif en<br />
terme de qualité. (Awono, 2008). Kinkela et al (2002), constatent que l’emballage en<br />
<strong>RDC</strong> varie d’un produit à un autre sans standardisation fixe. On retrouve les macroemballages<br />
–sac en jute ou en raphia, panier en rameaux ou en lianes) et les microemballages<br />
(feuilles de marantacées, sachet en plastique). Kabongo . (2005) relate<br />
que le manque de moyen pour acheminer des produits à partir du lieu de prélèvement<br />
jusqu’au marché pose problème aux exploitants. En outre, poursuit-il, sur le plan de<br />
la commercialisation, les prix de vente sont fixés sans règles ni principe législatif<br />
pouvant concilier l’intérêt tant des exploitants que de la population.<br />
66
Egalement, Kabongo (2005) et Diniame (2005) constatent que plus de 50 % des<br />
enquêtés sont des agriculteurs et 23 % ont comme principale activité la cueillette.<br />
Donc, en plus du commerce des <strong>PFNL</strong>, plus de 45 % des enquêtés se livrent à<br />
l’agriculture, à la cueillette. La majorité des enquêtés parcourt plus de 2500 mètres<br />
pour exploiter les produits de la biodiversité alors qu’à Kisenso, la plupart des gens<br />
font moins de 1000 km pour l’exploitation des <strong>PFNL</strong>.<br />
XIII.- CONCLUSION<br />
Il est admis que la République Démocratique du Congo regorge une diversité<br />
élevée des produits forestiers non ligneux permettant la satisfaction de nombreux<br />
besoins des populations rurales et urbaines, à savoir : l’alimentation, les soins de santé,<br />
l’artisanat, etc. Ces produits représentent également une source de revenus non<br />
négligeable. Parmi eux, il y en a qui présentent une importance au niveau local<br />
(récoltés occasionnellement) ; d’autres par contre présentent une grande importance au<br />
niveau national et international, très prisés par la population et sont même recherchés<br />
préférentiellement, contribuant visiblement à l’amélioration des conditions de vie des<br />
acteurs impliqués. Il s’agit, par exemple des feuilles de Gnetum sp., de Ipomoea<br />
involucrata, de Psophocarpus scandens, de Pteridium aquilinum, de Cymbopogon<br />
citratus, de Maranthaceae ; des rotins ; des fruits de Piper guineensis et de Dacryodes<br />
edulis ; des graines de Garcinia kola, de Cola acuminata, de Cucumeropsis mannii, de<br />
Sesamum orientale ; des écorces de Prunus africana, de Ruwolfia vomitoria, de<br />
Hymenocardia acida ; des rhizomes de Zingiber officinale ; des tubercules de Dioscorea<br />
sp., de Satyrium buchananii, de Xanthosoma sagittifolium ; des poissons ; des gibiers ;<br />
des peaux de certains mammifères (antilopes, buffles, etc.), de crocodiles et de<br />
serpents (python et vipère) ; des chenilles et larves d’insectes (Mpose, Makpokolo, …) ;<br />
des escargots, des crevettes ; du miel ; des champignons ; des vins forestiers, etc. Cette<br />
préférence est surtout motivée par leur valeur commerciale qui contribue<br />
significativement à l’économie des exploitants ou des utilisateurs.<br />
Avec toutes les crises que la <strong>RDC</strong> vient de traverser, les <strong>PFNL</strong>, secteur purement<br />
informel, ont connu un essor rapide durant ces deux dernières décennies, jouant un rôle<br />
remarquable surtout dans les économies des ménages. Ils leur pourvoient des<br />
nourritures et des soins de santé de qualité acceptable et relativement peu onéreux,<br />
demandent peu d’investissements pour leur exploitation et procurent souvent un gain<br />
rapide (cas de gibier). Ceci justifie la dépendance de majorité de populations tant rurales<br />
qu’urbaines à ces produits forestiers.<br />
Malheureusement, l’organisation du marché de ces produits n’est pas structurée ;<br />
mais on identifie bien l’existence des acteurs intervenant à différents niveaux de la<br />
filière. Il s’agit notamment : des producteurs (récolteurs, ramasseurs, chasseurs,<br />
pêcheurs), des grossistes, des semi-grossistes, des commerçants détaillants, des<br />
intermédiaires entre les producteurs et les grossistes ou entre les grossistes et les<br />
commerçants détaillants et des consommateurs. Il est souvent constaté que dans la<br />
filière commerciale du <strong>PFNL</strong> utilisé, ce sont surtout des intermédiaires qui en tirent le<br />
maximum des bénéfices et les consommateurs en sont victimes de la surenchère<br />
établie.<br />
67
Bien que l’accès aux <strong>PFNL</strong> dans les espaces forestiers est reconnu<br />
généralement libre, leur exploitation par contre est une arme à double tranchant :<br />
bénéfique d’un côté, car elle donne et apporte de la valeur à la forêt sur pied ; et<br />
préjudiciable d’un autre côté, parce qu’elle augmente le danger d’une utilisation<br />
excessive au fur et à mesure que les produits deviennent économiquement plus<br />
lucratifs, renforcée par certaines méthodes de récolte ou de capture dites destructrices<br />
(cueillette ou ramassage systématique et régulier des fruits, abattage ou arrachage de la<br />
plante, écorçage affectant le pourtour de la tige, extraction du vin de Raphia en<br />
arrachant le bourgeon terminal de la plante, braconnage, pêche faisant usage aux<br />
engins dangereux à la ressource halieutique, usage des plantes ichtyotoxiques, etc.).<br />
Malgré des multiples contraintes rencontrées dans le développement de ce<br />
secteur des <strong>PFNL</strong>, il existe aujourd’hui une opportunité réelle de développer de<br />
nouveaux modèles d’utilisation des forêts et de financement au-delà des schémas<br />
habituels de l’exploitation de bois d’oeuvre afin de lutter contre la pauvreté et d’améliorer<br />
les conditions de vie des communautés riveraines des forêts. Mais la définition d’une<br />
politique raisonnée de valorisation de ces produits intégrée à l’approche du<br />
développement communautaire durable est à prévoir.<br />
68
Annexe 1.- Plantes comestibles<br />
69
Source : Toirambe (2005)<br />
Noms vernaculaires: (M) : Mashi, (K) : Kiyombe, Ki : (Kikongo), (T) : Turumbu, (L) : Lingala, (S) : Swahili, (C) : Commun, Mo :<br />
Mongo<br />
Distribution en <strong>RDC</strong> : Eq : Equateur, Kat : Katanga, Or : Orientale, Kin : Kinshasa, Bc : Bas-Congo, NK : Nord-Kivu, SK : Sud-Kivu<br />
Habitat: Cu = culture, Ja = jachère arbustive, Fsj = forêt secondaire jeune, Fsa = forêt secondaire adulte, Fsh = forêt sur sol<br />
hydromorphe, Fss = forêt semis empervirente,<br />
Sa = savane, Rud = rudérale<br />
Importance : 1 = grande importance au niveau national ; 2 = importance au niveau local/provincial ; 3 = importance limitée<br />
73
ANNEXE 2.- Plantes utilisées dans la pharmacopée congolaise<br />
74
Source : Toirambe (2005)<br />
82
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