Revue belge de numismatique et de sigillographie

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— 480 -^ lées dès le règne de Henri H, les livres de seize onces étaient certainement assez nombreuses en 1615, puisqu'à la fin du siècle dernier il en existait encore au moins sept, dont le poids variait de 520 à 475.7 grammes, suivant M. Saigey (*). L'objurgation du savant commentateur des coushimes (le Tholose s'applique évidemment d'ailleurs à un état de choses consacré par l'usage : force nous est donc de remon- ter plus haut dans le passé pour y chercher des éclaircis- sements sur ce ^point décisif. Au viii^ siècle, les Arabes (nommés alors Sarrasins), envahissant le Languedoc, y avaient semé les germes d'une inextricable confusion, en faussant toutes les traditions stathmiques par l'emploi bizarre de plusieurs formules et éléments pondéraux du même nom, sur la valeur desquels ils ne s'accordaient pas eux-mêmes. De ce chaos, véritable plaga barbarorum, naquirent, vers la fin du xi" siècle, de nouveaux poids franco-arabes érigés en unités sous le nom de marc, mais, en réalité, bes d'autant de livres pseudo-romaines de douze onces, qui, plus tard, furent généralement portées à seize, en doublant le marc, à l'imitation des Arabes dont deux chekys for- maient le rotl. Notre quart de livre toulousain ne concorde avec pareille fraction d'aucune des livres hybrides, aux poids de Troyes, Limoges, Tours ou La Rochelle, dont l'usage était le plus répandu; mais il en existait d'autres moins connues et l'une de ces dernières livres répondra mieux au but de nos ('] Ti'ailé de métrologie ancienne et moderne, p. 147,

— 481 — recherches. La valeur de son marc est ainsi délerininée dans un acte daté de juin 1309, par lequel "Jacques, roi d'Aragon, s'obligea payer au roi de Majorque, 160, 000 tour- nois d'argent « Sancti Ludovici bonse memoriae régis « Francise, de lege XI denariorum etoboli, quorum Turo- « nensium 57 minus tertia parle unius (c'esr-à-dire 56 ^js) « pondérant unam marcham ad pensum Monspesulii » {*). Le titre de onze deniers et obole indique clairement qu'il s'agit ici des gros tournois : Or, à la taille de 58 au marc de Troyes et de Paris (4,608 grains=244.75 gram- mes), ainsi que M. Natalis de Wailly a parfaitement achevé de le démontrer (^), le poids théorique du gros tournois de saint Louis était de 4.2198 grammes. Cette valeur multipliée pas 56 7^ porte le marc de Montpellier à 259.12 grammes; sa livre de douze onces pesait, par conséquent, 358.68 grammes dont le quart 89.67 grammes n'excède que de 1 .41 grammes le poids actuel du art de livra de l'an 1450. Eût-on donc, à cette époque de troubles, rigoureuse- ment observé les règlements, ce qui est au moins douteux, un aussi léger déficit sur le poids légal se justifierait suffi- samment par le frai et par la petite entaille faite à la tranche de notre quart de livre. Mais, sauf la proximité des deux villes, rien jusqu'ici ne fait entrevoir comment une livre ad pensum Monspesulii avait pu conquérir droit de cité à Toulouse. Des documents authentiques m'aideront encore a lever cette dernière et sérieuse objection. (') I.E Blanc, édition de Paris, pp. xm et 190. (*) Recherches SU1' le système monétaire de saint Louis.

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lées dès le règne <strong>de</strong> Henri H, les livres <strong>de</strong> seize onces<br />

étaient certainement assez nombreuses en 1615, puisqu'à<br />

la fin du siècle <strong>de</strong>rnier il en existait encore au moins sept,<br />

dont le poids variait <strong>de</strong> 520 à 475.7 grammes, suivant<br />

M. Saigey (*).<br />

L'objurgation du savant commentateur <strong>de</strong>s coushimes<br />

(le Tholose s'applique évi<strong>de</strong>mment d'ailleurs à un état <strong>de</strong><br />

choses consacré par l'usage : force nous est donc <strong>de</strong> remon-<br />

ter plus haut dans le passé pour y chercher <strong>de</strong>s éclaircis-<br />

sements sur ce ^point décisif.<br />

Au viii^ siècle, les Arabes (nommés alors Sarrasins),<br />

envahissant le Languedoc, y avaient semé les germes d'une<br />

inextricable confusion, en faussant toutes les traditions<br />

stathmiques par l'emploi bizarre <strong>de</strong> plusieurs formules <strong>et</strong><br />

éléments pondéraux du même nom, sur la valeur <strong>de</strong>squels<br />

ils ne s'accordaient pas eux-mêmes.<br />

De ce chaos, véritable plaga barbarorum, naquirent,<br />

vers la fin du xi" siècle, <strong>de</strong> nouveaux poids franco-arabes<br />

érigés en unités sous le nom <strong>de</strong> marc, mais, en réalité, bes<br />

d'autant <strong>de</strong> livres pseudo-romaines <strong>de</strong> douze onces, qui,<br />

plus tard, furent généralement portées à seize, en doublant<br />

le marc, à l'imitation <strong>de</strong>s Arabes dont <strong>de</strong>ux chekys for-<br />

maient le rotl.<br />

Notre quart <strong>de</strong> livre toulousain ne concor<strong>de</strong> avec pareille<br />

fraction d'aucune <strong>de</strong>s livres hybri<strong>de</strong>s, aux poids <strong>de</strong> Troyes,<br />

Limoges, Tours ou La Rochelle, dont l'usage était le plus<br />

répandu; mais il en existait d'autres moins connues <strong>et</strong><br />

l'une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières livres répondra mieux au but <strong>de</strong> nos<br />

('] Ti'ailé <strong>de</strong> métrologie ancienne <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rne, p. 147,

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