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Annales de Philosophie Chrétienne 40.pdf - Bibliotheca Pretiosa

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JtJGÉE PAR LA REVUE DES DEUX MONDES. 333<br />

greis, n'ont pas éveillé en lui un scnliine:Jt nouveau, une pensée nou<br />

velie ; le poète caI <strong>de</strong>meuré, après les avoir écoulés, ce qu'il était en<br />

revenant dans sa famille : il a continué <strong>de</strong> se livrer sans relâche à la<br />

conte.r.plation <strong>de</strong> lui-même... .<br />

» Pour donner à son récit plus <strong>de</strong> mouvement et <strong>de</strong> vérité, M. <strong>de</strong><br />

Lamartine a cru <strong>de</strong>voir, avant <strong>de</strong> parler en son nom, transcrire ({uel-<br />

ques lettres <strong>de</strong> Saluce. Ces lettres dont plusieurs sont empreinte::<br />

d'une pa&sion énergique, n'ont sans doute pas été transcrites litté-<br />

ralement, car il arrive trop souvent à Saluce <strong>de</strong> parler comme le<br />

narrateur lui-même, avec une abondance <strong>de</strong> langage lacile à conce-<br />

voir quand elle s'allie à l'abondance même <strong>de</strong>s pensées, mais dépour-<br />

vue <strong>de</strong> vraisemblance dès que le nombre <strong>de</strong>s pensées ne justilie pas<br />

le nombre <strong>de</strong>s paroles. Une pareille contradition ne se rencontre j)as<br />

chez les hommes qui écrivent familièrement, qui épanchent leurs<br />

sentiments dans le cœur d'un ami ; elle accuse trop évi<strong>de</strong>mment<br />

Vindustrie littéraire pour ne pas appartenir toute entière au cama-<br />

ra<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saluce.<br />

» L'amour <strong>de</strong> Régina pour le jeune officier français est préparé<br />

d'une façon étrange. En admellani que la donnée principale soit vraie,<br />

il est permis <strong>de</strong> regretter que l'auteur ne l'ait pas traitée plus simple-<br />

ment.... Que Régina croie encore aimer Clolil<strong>de</strong> en aimant son frère,<br />

qu'elle n'ait pas senti son cœur s'enflammer aux récits qu'elle écou-<br />

tait d'une oreille avi<strong>de</strong>, qu'elle ait recueilli sans défiance les louanges<br />

que Clotil<strong>de</strong> prodiguait à son frère absent, c'est une fiction que 1^<br />

cœur admet sans peine ;<br />

mais réunir dans l'église du couvent, sur le<br />

tombeau même <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>, Régina et Saluce, c'est un artifice que<br />

la poésie répudie, qui appartient à l'art d'Anne Radclifîe. Le senti-<br />

ment religieux que les morts nous inspirent ne se concilie pas avec<br />

les paroles ar<strong>de</strong>ntes qui s'échappent <strong>de</strong> la bouche <strong>de</strong>s amans. Régi-<br />

na et Saluce agenouillés sur la tombe <strong>de</strong> Cioiil<strong>de</strong>, ravis dans une<br />

mutuelle extase, Régina évanouie emportée dans les bras <strong>de</strong> Saluce.<br />

seront toujours aux yeux d'un goût sévère, «ne déplorable invention<br />

Quoique Vamour sincère soit digne <strong>de</strong> respect, il est impossible <strong>de</strong><br />

ne pas voir dans cette scène <strong>de</strong> mélodrame une véritable profana-<br />

tion. Ces mains jointes pour la prière et qui s'ouvrent pour étreindre<br />

une main ar<strong>de</strong>nte n'offrent à l'esprit vraiment rien <strong>de</strong> poétique.<br />

-<br />

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