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Annales de Philosophie Chrétienne 40.pdf - Bibliotheca Pretiosa

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JUGÉE PAU LA REVUE DES DEUX MONDES. 33i<br />

qu'une galerie <strong>de</strong> portraits. A part quelques pages où M. <strong>de</strong> Lamar-<br />

tine nous entretient avec bonheur <strong>de</strong> Yadmiration qu'il e.rcitnii chez<br />

les liahitans <strong>de</strong> Mdcon, où nous voyons les jeunes filles et les vieil-<br />

lards groupés sur les perrons pour regar<strong>de</strong>r passer le fils du chevalier,<br />

il n'est guère permis <strong>de</strong> chercher dans ce premier livre un récit<br />

autobiographique. Ou je m'abuse singulièrement, ou la plupart <strong>de</strong>s<br />

lecteurs éprouveront la même impression que moi ; les louanges sans<br />

uombre que M. <strong>de</strong> Lamartine donne à la beauté <strong>de</strong> sa mère, h la<br />

beauté <strong>de</strong> ses sœurs, à sa beauté personnelle, loin d'éveiller la sym-<br />

pathie, répan<strong>de</strong>nt sur toutes s^s paroles une singulière monotonie.<br />

(Jelie profusion <strong>de</strong> beauté injprime à toutes les pensées un cachet<br />

d'orgueil qui fatigue bien fite. Que l'auteur vante la piété, la séré-<br />

nité, la générosité, l'abnégation <strong>de</strong> sa mère, à la bonne heure : il y a<br />

dans ses louanges un accent <strong>de</strong> reconnaissance qui réclame, qui im-<br />

pose le respect ; mais qu'il s'amuse à décrire sa mère comme un ta-<br />

bleau ou une tapisserie, qu'il dresse l'inventaire <strong>de</strong> son visage sans<br />

nous faire grâce d'aucun détail, qu'il mesure la longueur <strong>de</strong>s cils,<br />

la largeur <strong>de</strong>s sourcils, l'épaisseur <strong>de</strong>s lèvres, c'est luie puérilité, un<br />

gaspillage <strong>de</strong> paroles que nous ne pouvons lui pardonner La beauté<br />

même d'une jeune fille ne résisterait pas à cette manie <strong>de</strong> procès- ver-<br />

bal. Et puis ce qu'on disait au 17' siècle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s palais<br />

et <strong>de</strong>s meubles peut se dire avec une égale vérité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong>s vctemens et du visage. Si l'ennui s'emparait du lecteur au tems<br />

<strong>de</strong> Molière et <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong> Sévignc <strong>de</strong>vant les festons et les astragales,<br />

il est bien difficile <strong>de</strong> parcourir sans impatience les innombrables<br />

<strong>de</strong>scr'ipùons du masque humain. Pour donner à ces tableaux quelque<br />

intérêt, il serait indispensable d'y jeter quelque variété, et i\l. <strong>de</strong><br />

Lamartine ne paraît pas y songer un seul instant. Il débute par le su-<br />

perlatif, continue par le superlatif et termine comme il a conunencé.<br />

Qu'il parle <strong>de</strong> sa mère ou <strong>de</strong> ses sœurs, il n'a jamais sur les lèvres<br />

que <strong>de</strong>s paroles d'admiration et d'extase. Toute sa famille forme ua<br />

un groupe <strong>de</strong> types irréprochables que Raphaël et Titien doivent se<br />

disputer.<br />

» Ce que M. <strong>de</strong> Lamartine raconte avec un accent <strong>de</strong> vérité incon-<br />

testable, dans le {)remior livre <strong>de</strong> ses Nouvelles Confi<strong>de</strong>nces, c'est<br />

V ennui qui ledivovrif. Cet cnnui pourtant nous attristerait bien da-

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