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Annales de Philosophie Chrétienne 40.pdf - Bibliotheca Pretiosa

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24 DÉVELOPPEMLNT DU VOLTAIRIANISME<br />

L'auteur avait sérieusement lieu <strong>de</strong> craindre, dans le dcchaîneraent<br />

<strong>de</strong>s passions, que les révolutionnaires ne prissent, pour modèle et<br />

comme idéal, certains héros à <strong>de</strong>mi réhabilités dans son livre. Il y<br />

avait donc obligation pour lui d'opposer sa parole au mal que sa<br />

plume avait pu faire. Et qui peut dire qu'en l'appelant à voir <strong>de</strong> si<br />

près l'autorité battue et franchie par la vague populaire, la Provi-<br />

<strong>de</strong>nce n'ait pas voulu donner une leçon d'histoire à !M. <strong>de</strong> Lamartine,<br />

et lui faire expier d'avoir écrit i'apoihéose <strong>de</strong> celui qui mit toute son<br />

étu<strong>de</strong> à s'affranchir du <strong>de</strong>voir et <strong>de</strong>s lois ?<br />

Il n'est pas un esprit réfléchi, il n'est pas un cœur aimant la France<br />

d'an amour filial, qui ne voie avec un sentiment douloureux, avec<br />

une profon<strong>de</strong> amertume, recommencer sans cesse parmi nous l'élo.^e<br />

<strong>de</strong> Voltaire. Louer Voltaire ! Et <strong>de</strong> quoi ? Ce n'est pas d'avoir aimé<br />

la France, puisqu'il l'a répudiée. Ce n'est i)as d'avoir aimé le peuple,<br />

puisqu'il en avait horreur, qu'il le comparait au plus ignoble <strong>de</strong>s<br />

reptiles., et n'avait rien <strong>de</strong> commun avec lui, étant aristocratique<br />

par goût et par théorie, même dans ses vices et ses erreurs. Ce n'est<br />

pas <strong>de</strong> l'emploi <strong>de</strong> son génie; car, est-il une turpitu<strong>de</strong> qu'il n'ait pas<br />

abritée sous cette auréole ? Ce n'est pas d'avoir relevé l'homme dans<br />

sa propre estime : il a eu l'audace, encore inouïe, <strong>de</strong> se parer au grand<br />

jour <strong>de</strong> ce qu'on avait regardé jusqu'alors comme fesant la honte <strong>de</strong><br />

notre nature. Ce n'est pas d'avoir travaillé pour le bien <strong>de</strong> l'humn-<br />

nité : dans les rares occasions où il l'a fait, il ne l'a fait que par inté-<br />

rêt et égoïsme. Jamais peut-être on n'a poussé aussi loin l'amour <strong>de</strong><br />

soi, le culte <strong>de</strong> son être. Quel cœur! Cet homme n'eut pas uu ami !<br />

Ce n'est pas <strong>de</strong> son patriotisme : il n'eût pas c )iisacré <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong><br />

dévouement désintéressé au service <strong>de</strong> sa patrie. Vivant en 1848, il<br />

aurait été certainement élu représentant du peuple à une gran<strong>de</strong><br />

majorité. Vous vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z peut-être la position qu'il eût prise<br />

ou se serait faite à l'Assemblée ? Celle <strong>de</strong> son plus vrai disciple, celle<br />

<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Béranger. On a passé cinquante ans <strong>de</strong> sa vie à frapper<br />

étourdiment sur les fon<strong>de</strong>mens <strong>de</strong> la société, à décocher <strong>de</strong>s vers<br />

pleius <strong>de</strong> vices et <strong>de</strong> fiel contre toute autorité religieuse et civile,<br />

contre Dieu même ; puis, quand vieni l'heure <strong>de</strong> sauver une nation<br />

<strong>de</strong> la guerre civile qui la décime et <strong>de</strong> la misère qui la ronge, l'heure<br />

<strong>de</strong> reconstituer l'ordre social anéanti, on déclare humblement qu'on

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