17.06.2013 Views

La Tragédie des Siècles en .pdf - Le site de Richard Lemay

La Tragédie des Siècles en .pdf - Le site de Richard Lemay

La Tragédie des Siècles en .pdf - Le site de Richard Lemay

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LA TRAGÉDIE DES<br />

SIÈCLES<br />

Ell<strong>en</strong> G. White<br />

1


Introduction<br />

Avant le péché, le père <strong>de</strong> notre race jouissait<br />

d'une communion parfaite avec son Créateur. Mais<br />

sa transgression l'a séparé <strong>de</strong> Dieu, et l'humanité<br />

tout <strong>en</strong>tière est privée <strong>de</strong> ce précieux privilège.<br />

Néanmoins, grâce au plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption, les<br />

relations <strong>en</strong>tre la terre et le ciel ont pu être<br />

rétablies. Dieu S'est révélé aux hommes par Son<br />

Esprit et a fait respl<strong>en</strong>dir Sa lumière sur le mon<strong>de</strong><br />

par l'intermédiaire d'hommes choisis par Lui : «<br />

C'est poussés par le Saint-Esprit que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

ont parlé <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Dieu. » (2 Pierre 1.21)<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> vingt-cinq premiers siècles <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>, il n'y eut pas <strong>de</strong><br />

révélation écrite. <strong>La</strong> lumière <strong>de</strong> Dieu était<br />

transmise oralem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> génération <strong>en</strong> génération.<br />

C'est aux jours <strong>de</strong> Moïse que la Parole écrite fit<br />

son apparition. <strong>Le</strong>s révélations divines<br />

comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t alors à être consignées dans un<br />

livre, et ce travail s'est poursuivi durant une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> seize siècles allant <strong>de</strong> Moïse, histori<strong>en</strong><br />

2


<strong>de</strong> la création et chroniqueur <strong>de</strong> la législation<br />

divine, jusqu'à l'apôtre Jean, le narrateur <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

sublimes vérités évangéliques.<br />

<strong>La</strong> Bible attribue son exist<strong>en</strong>ce à Dieu; et<br />

pourtant, elle a été écrite par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. En effet,<br />

le style <strong>de</strong> ses différ<strong>en</strong>ts livres trahit la<br />

personnalité <strong>de</strong> divers écrivains. Toutes les vérités<br />

qui y sont révélées, quoique « inspirées <strong>de</strong> Dieu »<br />

(2 Timothée 3.16), sont exprimées dans le langage<br />

humain. Par le Saint-Esprit, l'Être infini a illuminé<br />

le cœur <strong>de</strong> ses serviteurs. Il leur a donné <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

songes, <strong><strong>de</strong>s</strong> visions, <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles et <strong><strong>de</strong>s</strong> images,<br />

tout <strong>en</strong> leur laissant la liberté d'exprimer la vérité<br />

dans leur propre langue.<br />

<strong>Le</strong>s dix comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, prononcés par Dieu<br />

lui-même, fur<strong>en</strong>t écrits <strong>de</strong> Sa propre main. Ils sont<br />

donc divins et non humains. Mais la sainte<br />

Écriture, où la vérité s'exprime dans le langage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes, nous offre une union étroite <strong>de</strong> la divinité<br />

et <strong>de</strong> l'humanité. <strong>La</strong> même union s'est retrouvée<br />

dans la nature du Christ, qui fut à la fois Fils <strong>de</strong><br />

Dieu et Fils <strong>de</strong> l'homme. On peut donc dire <strong>de</strong><br />

3


l'Écriture comme <strong>de</strong> Jésus-Christ, qu'elle est « la<br />

Parole faite chair », et qu'elle a « habité parmi<br />

nous ». (Jean 1.14)<br />

Rédigés à <strong><strong>de</strong>s</strong> époques différ<strong>en</strong>tes par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes <strong>de</strong> condition sociale, <strong>de</strong> formation<br />

intellectuelle et spirituelle fort diverses, les livres<br />

<strong>de</strong> la Bible prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> grands contrastes dans le<br />

style et la variété <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets. <strong>Le</strong>s auteurs sacrés<br />

diffèr<strong>en</strong>t dans leur manière <strong>de</strong> s'exprimer. Souv<strong>en</strong>t<br />

une même vérité est r<strong>en</strong>due d'une façon plus<br />

frappante par l'un que par l'autre. Comme certains<br />

d'<strong>en</strong>tre eux <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t le même fait ou la même<br />

doctrine à d'autres points <strong>de</strong> vue, <strong><strong>de</strong>s</strong> lecteurs<br />

superficiels ou prév<strong>en</strong>us peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> conclure qu'ils<br />

se contredis<strong>en</strong>t alors que – pour les esprits<br />

réfléchis et respectueux – ils ne font que se<br />

compléter.<br />

Prés<strong>en</strong>tée par différ<strong>en</strong>ts auteurs, la vérité<br />

apparaît sous <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects variés. Celui-ci est plus<br />

spécialem<strong>en</strong>t frappé par le côté du sujet se<br />

rapportant à son expéri<strong>en</strong>ce ou à sa capacité <strong>de</strong><br />

compréh<strong>en</strong>sion; celui-là s'attache à un aspect tout<br />

4


autre, mais tous les <strong>de</strong>ux, guidés par l'Esprit,<br />

décriv<strong>en</strong>t ce qui les a le plus impressionnés –<br />

différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation mais unité parfaite <strong>de</strong><br />

toutes les parties, adaptées aux besoins <strong>de</strong> l'homme<br />

dans chaque circonstance et expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la vie.<br />

Dieu, ayant jugé bon <strong>de</strong> communiquer Sa vérité<br />

au mon<strong>de</strong> par l'intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, a revêtu<br />

<strong>de</strong> Son Esprit ceux qu'Il a choisis à cet effet. Il les a<br />

dirigés dans le choix <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets et dans la façon <strong>de</strong><br />

les exposer. Confié à <strong><strong>de</strong>s</strong> « vases <strong>de</strong> terre », ce<br />

trésor n'<strong>en</strong> est pas moins céleste. <strong>Le</strong> croyant<br />

humble et obéissant y contemple la gloire <strong>de</strong> la<br />

puissance divine pleine <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> vérité.<br />

C'est par Sa Parole que Dieu nous<br />

communique les connaissances nécessaires au<br />

salut. Nous <strong>de</strong>vons donc l'accepter comme une<br />

révélation infaillible <strong>de</strong> Sa volonté. Elle est la<br />

norme du caractère, le révélateur <strong>de</strong> la doctrine et<br />

la pierre <strong>de</strong> touche <strong>de</strong> l'expéri<strong>en</strong>ce. « Toute<br />

Écriture est inspirée <strong>de</strong> Dieu, et utile pour<br />

<strong>en</strong>seigner, pour convaincre, pour corriger, pour<br />

instruire dans la justice, afin que l'homme <strong>de</strong> Dieu<br />

5


soit accompli et propre à toute bonne oeuvre. » (2<br />

Timothée 3.16, 17) Mais le fait que la volonté <strong>de</strong><br />

Dieu ait été révélée à l'homme n'a pas r<strong>en</strong>du inutile<br />

la prés<strong>en</strong>ce constante du Saint-Esprit. Au<br />

contraire, Jésus a promis d'<strong>en</strong>voyer le Consolateur<br />

aux disciples pour leur faire compr<strong>en</strong>dre Sa Parole<br />

et <strong>en</strong> graver les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts dans leurs coeurs.<br />

Et comme le Saint-Esprit est l'inspirateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures, il est impossible qu'Il y ait conflit <strong>en</strong>tre<br />

Lui et la Parole écrite.<br />

Mais l'Esprit n'est pas donné, et il ne le sera<br />

jamais, pour remplacer les Écritures. Celles-ci<br />

déclar<strong>en</strong>t positivem<strong>en</strong>t que la Parole est la pierre<br />

<strong>de</strong> touche <strong>de</strong> tout <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> toute vie<br />

morale. L'apôtre Jean a écrit : « N'ajoutez pas foi<br />

à tout esprit; mais éprouvez les esprits pour savoir<br />

s'ils sont <strong>de</strong> Dieu, car plusieurs faux prophètes sont<br />

v<strong>en</strong>us dans le mon<strong>de</strong>. » (1 Jean 4.1) Et le prophète<br />

Ésaïe : « À la loi et au témoignage! Si l'on ne parle<br />

pas ainsi, il n' y aura point d'aurore pour le<br />

peuple. » (Ésaïe 8.20)<br />

<strong>Le</strong> Saint-Esprit a été profané par <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui,<br />

6


se disant illuminés par lui, prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pouvoir se<br />

passer <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Abusés par <strong><strong>de</strong>s</strong> impressions<br />

qu'ils considèr<strong>en</strong>t comme la voix <strong>de</strong> Dieu dans leur<br />

âme, livrés à leurs propres inspirations, privés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

directions <strong>de</strong> la Parole, ils s'égar<strong>en</strong>t et se perd<strong>en</strong>t,<br />

C'est ainsi que le malin triomphe. À l'ai<strong>de</strong><br />

d'extrémistes et <strong>de</strong> fanatiques, il s'efforce <strong>de</strong> jeter<br />

l'opprobre sur l'oeuvre du Saint-Esprit, et <strong>de</strong><br />

pousser le peuple <strong>de</strong> Dieu à se passer <strong>de</strong> cette<br />

force que le Seigneur Lui-même a mise à Sa<br />

disposition.<br />

Jésus a laissé à Ses disciples cette promesse : «<br />

<strong>Le</strong> Consolateur, l'Esprit-Saint, que le Père <strong>en</strong>verra<br />

<strong>en</strong> Mon nom, vous <strong>en</strong>seignera toutes choses, et<br />

vous rappellera tout ce que Je vous ai dit. » «<br />

Quand le Consolateur sera v<strong>en</strong>u, l'Esprit <strong>de</strong> vérité,<br />

Il vous conduira dans toute la vérité... et Il vous<br />

annoncera les choses à v<strong>en</strong>ir. » (Jean 14.26;<br />

16.13) <strong>La</strong> Bible <strong>en</strong>seigne que, loin d'être limitées<br />

aux temps apostoliques, ces promesses<br />

apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l'Église <strong>de</strong> Dieu à travers tous les<br />

siècles. <strong>Le</strong> Sauveur dit <strong>en</strong> effet à Ses disciples : «<br />

Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du<br />

7


mon<strong>de</strong>. » (Matthieu 28.20) D'autre part, l'apôtre<br />

Paul affirme que les manifestations <strong>de</strong> l'Esprit ont<br />

été données à l'Église « pour le perfectionnem<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> saints, <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> l'oeuvre du ministère et <strong>de</strong><br />

l'édification du corps <strong>de</strong> Christ, jusqu'à ce que<br />

nous soyons tous parv<strong>en</strong>us à l'unité <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong><br />

la connaissance du Fils <strong>de</strong> Dieu, à l'état d'homme<br />

fait, à la mesure <strong>de</strong> la stature parfaite <strong>de</strong> Christ ».<br />

(Éphési<strong>en</strong>s 4.12, 13)<br />

<strong>Le</strong> même apôtre <strong>de</strong>mandait à Dieu, <strong>en</strong> faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> croyants d'Éphèse, <strong>de</strong> leur « donner un esprit<br />

<strong>de</strong> sagesse et <strong>de</strong> révélation, dans sa connaissance,<br />

et d'illuminer les yeux <strong>de</strong> leur coeur, pour qu'ils<br />

sach<strong>en</strong>t quelle est l'espérance qui s'attache à son<br />

appel..., et quelle est <strong>en</strong>vers nous qui croyons<br />

l'infinie gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa puissance, se manifestant<br />

avec efficacité par la vertu <strong>de</strong> sa force » .<br />

(Éphési<strong>en</strong>s 1.17-19) <strong>Le</strong> ministère <strong>de</strong> l'Esprit<br />

illuminant l'intellig<strong>en</strong>ce et ouvrant le coeur aux<br />

vérités <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Jésus était la bénédiction<br />

que Paul réclamait pour l'église d'Éphèse.<br />

Après la manifestation du Saint-Esprit, au jour<br />

8


<strong>de</strong> la P<strong>en</strong>tecôte, l'apôtre Pierre exhorta la foule à<br />

se convertir et à être baptisée au nom <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ « pour le pardon <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés ». Et il ajouta :<br />

« Vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la<br />

promesse est pour vous, pour vos <strong>en</strong>fants, et pour<br />

tous ceux qui sont au loin, <strong>en</strong> aussi grand nombre<br />

que le Seigneur notre Dieu les appellera. » (Actes<br />

2.38, 39)<br />

En rapport immédiat avec les scènes du grand<br />

jour <strong>de</strong> Dieu, le Seigneur promettait, par le<br />

prophète Joël, une manifestation spéciale du Saint-<br />

Esprit. (Joël 2.28) Cette prophétie, partiellem<strong>en</strong>t<br />

accomplie le jour <strong>de</strong> la P<strong>en</strong>tecôte, ne le sera<br />

pleinem<strong>en</strong>t qu'au mom<strong>en</strong>t où la grâce divine mettra<br />

fin au mandat évangélique.<br />

L'int<strong>en</strong>sité du grand conflit <strong>en</strong>tre le bi<strong>en</strong> et le<br />

mal augm<strong>en</strong>tera jusqu'à la fin. De tout temps, la<br />

colère <strong>de</strong> Satan s'est déchaînée contre l'Église du<br />

Christ. Mais Dieu a répandu sa grâce et son Esprit<br />

sur les croyants pour les affermir et leur permettre<br />

<strong>de</strong> triompher <strong><strong>de</strong>s</strong> embûches du Malin. A mesure<br />

que l'Église approche <strong>de</strong> sa délivrance, Satan<br />

9


travaille avec plus <strong>de</strong> puissance. « Car le diable est<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du vers vous, animé d'une gran<strong>de</strong> colère,<br />

sachant qu'il a peu <strong>de</strong> temps. » (Apocalypse 12.12)<br />

Il opérera « avec toutes sortes <strong>de</strong> miracles, <strong>de</strong><br />

signes et <strong>de</strong> prodiges m<strong>en</strong>songers ». (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.9) Depuis six mille ans, cet être<br />

prodigieusem<strong>en</strong>t intellig<strong>en</strong>t, autrefois le plus<br />

émin<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, s'est consacré tout <strong>en</strong>tier à une<br />

oeuvre <strong>de</strong> séduction et <strong>de</strong> ruine. Toutes les<br />

ressources <strong>de</strong> son habileté néfaste, toute sa<br />

subtilité, il les mettra <strong>en</strong> oeuvre dans son <strong>de</strong>rnier<br />

assaut contre le peuple <strong>de</strong> Dieu. C'est <strong>en</strong> ce temps<br />

<strong>de</strong> péril que les disciples du Christ <strong>de</strong>vront avertir<br />

le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> son prochain retour, et qu'un peuple<br />

<strong>de</strong>vra se préparer à être trouvé sans tache et<br />

irrépréh<strong>en</strong>sible. (2 Pierre 3.14) Aussi la grâce et la<br />

puissance <strong>de</strong> Dieu ne seront-elles pas moins<br />

nécessaires à l'Église au temps <strong>de</strong> la fin qu'aux<br />

jours apostoliques.<br />

Grâce à l'illumination du Saint-Esprit, les<br />

scènes du conflit séculaire <strong>en</strong>tre le bi<strong>en</strong> et le mal<br />

m'ont été prés<strong>en</strong>tées. À diverses reprises, il m'a été<br />

donné <strong>de</strong> contempler les péripéties <strong>de</strong> la joute<br />

10


formidable <strong>en</strong>tre Jésus-Christ, le Prince <strong>de</strong> la vie,<br />

l'Auteur <strong>de</strong> notre salut, et Satan, le prince du mal,<br />

l'auteur du péché, le premier transgresseur <strong>de</strong> la<br />

loi divine. L'inimitié qu'il nourrit contre le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu, il la manifeste contre Ses disciples. À travers<br />

toute l'histoire <strong>de</strong> l'humanité, nous trouvons chez<br />

lui la même haine <strong><strong>de</strong>s</strong> principes, <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu,<br />

la même politique m<strong>en</strong>songère par laquelle l'erreur<br />

se prés<strong>en</strong>te sous les couleurs <strong>de</strong> la vérité, les lois<br />

humaines sous le manteau <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, et le<br />

culte <strong>de</strong> la créature sous celui du Créateur. De<br />

siècle <strong>en</strong> siècle Satan s'efforce <strong>de</strong> dénaturer le<br />

caractère <strong>de</strong> Dieu, afin <strong>de</strong> <strong>Le</strong> faire redouter et haïr<br />

plutôt qu'aimer, <strong>de</strong> discréditer la loi divine et<br />

d'annuler son autorité sur les coeurs, et, <strong>en</strong>fin, <strong>de</strong><br />

persécuter ceux qui os<strong>en</strong>t résister à ses impostures,<br />

Ses agissem<strong>en</strong>ts sont visibles dans l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

patriarches, <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes, <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

martyrs et <strong><strong>de</strong>s</strong> réformateurs.<br />

Cet <strong>en</strong>nemi redoutable continuera à employer<br />

la même tactique au cours du conflit final. Il<br />

manifestera le même esprit et visera le même but<br />

que dans tous les siècles précéd<strong>en</strong>ts, à cette<br />

11


différ<strong>en</strong>ce près que la lutte prochaine acquerra une<br />

int<strong>en</strong>sité qu'elle n'a jamais eue auparavant, et que<br />

les pièges <strong>de</strong> Satan seront plus subtils et ses<br />

assauts plus furieux. Cela dans l'int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> «<br />

séduire les élus, s'il était possible ». (Marc 13.22)<br />

L'Esprit <strong>de</strong> Dieu qui m'a révélé les gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vérités <strong>de</strong> Sa Parole, et les scènes du passé et <strong>de</strong><br />

l'av<strong>en</strong>ir, m'a ordonné <strong>de</strong> les faire connaître à<br />

d'autres <strong>en</strong> leur racontant l'histoire <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

tragédie <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong>de</strong> façon à montrer<br />

l'importance <strong>de</strong> la mêlée qui s'approche à grands<br />

pas. Dans cette int<strong>en</strong>tion, je me suis efforcée <strong>de</strong><br />

choisir et <strong>de</strong> grouper les épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong><br />

l'Église les plus propres à mettre <strong>en</strong> relief les<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités qui ont été données au mon<strong>de</strong> à<br />

différ<strong>en</strong>tes époques. J'ai montré comm<strong>en</strong>t ces<br />

vérités ont déchaîné la colère <strong>de</strong> l'Adversaire et<br />

l'inimitié d'une Église mondanisée, mais aussi<br />

comm<strong>en</strong>t elles ont été conservées par « le<br />

témoignage <strong>de</strong> ceux qui n'ont pas aimé leur vie<br />

jusqu'à craindre la mort ».<br />

Ces récits sont comme un présage <strong>de</strong> la lutte<br />

12


qui est <strong>de</strong>vant nous. En les considérant à la<br />

lumière <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu et par l'illumination<br />

du Saint-Esprit, on voit tomber le voile qui cache<br />

les pièges <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi, et l'on discerne les dangers<br />

qu'il faudra éviter pour être trouvé « sans tache » à<br />

la v<strong>en</strong>ue du Seigneur.<br />

<strong>Le</strong>s grands événem<strong>en</strong>ts qui ont marqué les<br />

progrès <strong>de</strong> la réforme p<strong>en</strong>dant les siècles passés<br />

relèv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'histoire; ils sont si universellem<strong>en</strong>t<br />

connus et admis que nul ne peut contester leur<br />

auth<strong>en</strong>ticité. J'<strong>en</strong> ai donné <strong><strong>de</strong>s</strong> récits succincts, <strong>en</strong><br />

rapport avec l'ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> ce volume, et <strong>en</strong> me<br />

bornant à ce qui est strictem<strong>en</strong>t nécessaire à<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> faits et à l'application <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes. Là où les scènes à retracer se sont<br />

trouvées résumées par quelque histori<strong>en</strong> <strong>de</strong> telle<br />

façon qu'elles cadrai<strong>en</strong>t avec le plan <strong>de</strong> cet<br />

ouvrage, j'ai cité ses propres paroles et indiqué la<br />

source; mais je ne m'y suis pas astreinte d'une<br />

façon absolue, mes citations n'étant pas données<br />

comme <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves, mais simplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong><br />

leurs qualités <strong><strong>de</strong>s</strong>criptives. Un usage analogue a<br />

été fait <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits se rapportant à l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />

13


éforme à notre époque.<br />

L'objet <strong>de</strong> cet ouvrage n'est pas tant <strong>de</strong><br />

prés<strong>en</strong>ter <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités nouvelles concernant les<br />

luttes du passé que d'<strong>en</strong> dégager les faits et les<br />

principes qui ont une portée sur les événem<strong>en</strong>ts<br />

prochains. Considérés comme faisant partie du<br />

grand conflit <strong>en</strong>tre la puissance <strong>de</strong> la lumière et<br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, tous ces événem<strong>en</strong>ts acquièr<strong>en</strong>t<br />

une signification nouvelle. Il s'<strong>en</strong> dégage un<br />

faisceau <strong>de</strong> lumière qui, dirigé sur l'av<strong>en</strong>ir,<br />

illumine le s<strong>en</strong>tier <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu appelés –<br />

comme les réformateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles passés – à faire<br />

connaître la « Parole <strong>de</strong> Dieu et le témoignage <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ », au péril <strong>de</strong> ce qu'ils ont <strong>de</strong> plus<br />

précieux ici-bas.<br />

Rappeler les scènes <strong>de</strong> la lutte millénaire <strong>en</strong>tre<br />

la vérité et l'erreur; démasquer les pièges <strong>de</strong> Satan<br />

et révéler les moy<strong>en</strong>s mis à notre disposition pour y<br />

échapper; offrir une solution satisfaisante au<br />

grand problème du mal <strong>en</strong> projetant sur l'origine et<br />

la fin du péché une lumière qui fasse éclater la<br />

justice et l'amour <strong>de</strong> Dieu dans toutes ses voies à<br />

14


l'égard <strong>de</strong> ses créatures; <strong>en</strong>fin, mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />

la sainteté et l'immutabilité <strong>de</strong> la loi divine, tel est<br />

l'objet <strong>de</strong> ce livre. <strong>La</strong> prière ferv<strong>en</strong>te <strong>de</strong> l'auteur est<br />

que, par ce moy<strong>en</strong>, bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lecteurs soi<strong>en</strong>t délivrés<br />

<strong>de</strong> la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres et r<strong>en</strong>dus "<br />

participants <strong>de</strong> l'héritage <strong><strong>de</strong>s</strong> saints dans la<br />

lumière, à la louange <strong>de</strong> celui qui nous a aimés et<br />

s'est donné lui-même pour nous ».<br />

L'auteur<br />

15


Chapitre 1<br />

<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem<br />

C'était au temps <strong>de</strong> la Pâque. De tous les pays<br />

<strong>en</strong>vironnants, les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Jacob étai<strong>en</strong>t accourus<br />

dans la ville sainte pour participer à leur gran<strong>de</strong><br />

fête nationale. Du haut <strong>de</strong> la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers,<br />

Jésus contemplait Jérusalem. C'était une scène <strong>de</strong><br />

paix et <strong>de</strong> beauté. Entourés <strong>de</strong> vignes, <strong>de</strong> jardins et<br />

<strong>de</strong> gradins verdoyants qu'émaillai<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>tes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pèlerins, s'élevai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> terrasses les palais<br />

somptueux et les imposants remparts <strong>de</strong> la capitale<br />

d'Israël. <strong>La</strong> fille <strong>de</strong> Sion semblait dire, dans son<br />

orgueil : « Je suis assise comme une reine, je ne<br />

verrai point <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil. » Elle était alors aussi belle,<br />

et elle se croyait aussi sûre <strong>de</strong> la faveur divine qu'à<br />

l'époque où le bar<strong>de</strong> royal chantait : « Belle est la<br />

colline, joie <strong>de</strong> toute la terre,...la ville du grand roi.<br />

» (Psaumes 48.3) En face, se dressai<strong>en</strong>t les<br />

magnifiques constructions du temple. Sous les<br />

rayons du soleil couchant éclairant la blancheur<br />

neigeuse <strong>de</strong> ses murailles <strong>de</strong> marbre, rutilai<strong>en</strong>t les<br />

16


ors <strong><strong>de</strong>s</strong> tours, <strong><strong>de</strong>s</strong> portes et <strong><strong>de</strong>s</strong> créneaux. « Parfaite<br />

<strong>en</strong> beauté », elle était l'orgueil <strong>de</strong> la nation juive.<br />

Aucun fils d'Israël ne pouvait regar<strong>de</strong>r ce tableau<br />

sans un frisson <strong>de</strong> joie et d'admiration.<br />

Mais d'autres p<strong>en</strong>sées troublai<strong>en</strong>t le coeur du<br />

Maître. « Comme il approchait <strong>de</strong> la ville, Jésus, <strong>en</strong><br />

la voyant, pleura sur elle. » (Luc 19.41) Au milieu<br />

<strong>de</strong> la joie universelle <strong>de</strong> son <strong>en</strong>trée triomphale,<br />

tandis que s'agit<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong> lui <strong><strong>de</strong>s</strong> branches <strong>de</strong><br />

palmier, que <strong>de</strong> joyeux hosannas réveill<strong>en</strong>t les<br />

échos <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes et que <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> voix le<br />

proclam<strong>en</strong>t roi, le Sauveur est soudain <strong>en</strong>vahi d'une<br />

douleur mystérieuse. Fils <strong>de</strong> Dieu, espérance<br />

d'Israël, vainqueur <strong>de</strong> la mort et du tombeau, il est<br />

saisi, non par un chagrin passager, mais par une<br />

douleur si int<strong>en</strong>se que son visage est inondé <strong>de</strong><br />

larmes.<br />

Jésus ne pleurait pas sur lui-même, bi<strong>en</strong> qu'il<br />

sût parfaitem<strong>en</strong>t où Sa carrière <strong>de</strong>vait aboutir. Il<br />

voyait <strong>de</strong>vant Lui Gethsémané, le lieu <strong>de</strong> Sa<br />

prochaine agonie; plus loin était la porte <strong><strong>de</strong>s</strong> brebis<br />

par laquelle, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

17


victimes avai<strong>en</strong>t été m<strong>en</strong>ées au sacrifice, et qui<br />

allait bi<strong>en</strong>tôt s'ouvrir pour Lui, Antitype <strong>de</strong> «<br />

l'agneau qu'on mène à la boucherie ». (Ésaïe 53.7)<br />

À peu <strong>de</strong> distance, on distinguait le Calvaire, futur<br />

théâtre <strong>de</strong> la crucifixion. Sur le s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong><br />

l'immolation expiatoire que Jésus allait bi<strong>en</strong>tôt<br />

fouler, un suaire d'effroyables ténèbres l'att<strong>en</strong>dait.<br />

Et pourtant, ce n'est pas cette sombre vision qui le<br />

navre à cette heure <strong>de</strong> joie universelle. Aucun<br />

press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'angoisse surhumaine qui l'att<strong>en</strong>d<br />

ne vi<strong>en</strong>t jeter son ombre sur Son esprit dépourvu<br />

d'égoïsme. Jésus pleure sur le sort inexorable <strong>de</strong><br />

Jérusalem; Il pleure sur l'aveuglem<strong>en</strong>t et<br />

l'impénit<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ceux qu'Il est v<strong>en</strong>u sauver. (Voir<br />

Luc 19.41, 42)<br />

Plus <strong>de</strong> mille ans d'histoire se déroulai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>vant le Sauveur. <strong>La</strong> faveur et la sollicitu<strong>de</strong><br />

divines dont le peuple élu avait été l'objet<br />

repassai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant ses yeux. Là, sur la colline <strong>de</strong><br />

Morija, le jeune Isaac, victime volontaire, emblème<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances du Fils <strong>de</strong> Dieu, s'était laissé lier<br />

sur l'autel. (Voir G<strong>en</strong>èse 22.9) Là aussi, « l'alliance<br />

», la glorieuse promesse messianique, avait été<br />

18


confirmée au père <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants. (Voir G<strong>en</strong>èse<br />

22.16-18) Là <strong>en</strong>core, la fumée du sacrifice offert<br />

par David sur l'aire d'Ornan, le Jébusi<strong>en</strong>, avait<br />

détourné l'épée <strong>de</strong> l'ange <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur. (Voir 1<br />

Chroniques 21) Plus que tout autre lieu sur la terre,<br />

Jérusalem avait été honorée d'<strong>en</strong> haut. L'Éternel<br />

avait « choisi Sion », il l'avait « désirée » pour Son<br />

séjour. (Psaumes 132.13) Des siècles durant, les<br />

prophètes y avai<strong>en</strong>t fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leurs<br />

avertissem<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s sacrificateurs y avai<strong>en</strong>t agité<br />

leurs <strong>en</strong>c<strong>en</strong>soirs, et les nuages <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>c<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t<br />

montés <strong>de</strong>vant Dieu avec les prières <strong><strong>de</strong>s</strong> adorateurs.<br />

Chaque jour, le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> agneaux figurant l'agneau<br />

<strong>de</strong> Dieu y avait été versé. Jéhovah avait manifesté<br />

Sa puissance dans la nuée éclatante au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du<br />

propitiatoire. Là, <strong>en</strong>fin, l'échelle mystique unissant<br />

le ciel à la terre (G<strong>en</strong>èse 28.12; Jean 1.51), et sur<br />

laquelle les anges <strong>de</strong> Dieu montai<strong>en</strong>t et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t, avait ouvert aux hommes l'accès au<br />

lieu très saint. Si Israël était resté fidèle à son Dieu,<br />

Jérusalem eût subsisté à toujours. (Jérémie 17.24,<br />

25) Mais l'histoire <strong>de</strong> ce peuple favorisé <strong>en</strong>tre tous<br />

n'avait été qu'une longue série d'infidélités et<br />

d'apostasies. Il avait résisté à la grâce céleste,<br />

19


méconnu et méprisé ses privilèges.<br />

Quoique Israël se fût « moqué <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>voyés <strong>de</strong><br />

Dieu », qu'il eût « méprisé ses paroles » et se fût «<br />

raillé <strong>de</strong> ses prophètes », Jéhovah ne s'<strong>en</strong> était pas<br />

moins manifesté à lui comme un « Dieu<br />

miséricordieux et compatissant, l<strong>en</strong>t à la colère,<br />

riche <strong>en</strong> bonté et <strong>en</strong> fidélité ». (Exo<strong>de</strong> 34.6)<br />

Maintes fois repoussée, la miséricor<strong>de</strong> continuait à<br />

faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ses appels. Dans un amour plus<br />

t<strong>en</strong>dre que celui d'un père pour le fils qu'il chérit, le<br />

Dieu <strong>de</strong> leurs pères avait donné <strong>de</strong> bonne heure à<br />

ses <strong>en</strong>voyés la mission d'avertir son peuple qu'il<br />

voulait épargner. (2 Chroniques 36.15, 16) <strong>Le</strong>s<br />

appels, les supplications et les répriman<strong><strong>de</strong>s</strong> ayant<br />

échoué, il leur avait <strong>en</strong>voyé ce qu'Il avait <strong>de</strong> plus<br />

précieux au ciel; que dis-je? Il leur avait donné le<br />

ciel tout <strong>en</strong>tier dans ce seul don!<br />

C'est Lui qui avait transplanté d'Égypte <strong>en</strong><br />

Canaan la vigne d'Israël. (Psaumes 80.9) dont sa<br />

main avait écarté les nations. Il l'avait <strong>en</strong>tourée<br />

d'une haie. « Qu'y avait-il <strong>en</strong>core à faire à ma vigne<br />

que je n'aie pas fait pour elle? » (Ésaïe 5.1-4),<br />

20


s'écrie-t-il. Alors qu'elle avait produit seulem<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> grappes sauvages quand il <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

raisins, il était v<strong>en</strong>u à elle <strong>en</strong> personne, espérant<br />

<strong>en</strong>core la sauver <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. Infatigablem<strong>en</strong>t,<br />

il l'avait labourée, taillée, chérie.<br />

Trois années durant, le Dieu <strong>de</strong> gloire avait<br />

vécu parmi Son peuple, « allant <strong>de</strong> lieu <strong>en</strong> lieu<br />

faisant du bi<strong>en</strong> et guérissant tous ceux qui étai<strong>en</strong>t<br />

sous l'empire du diable » (Actes 10.38; Luc 4.18;<br />

Matthieu 11.5), pansant les coeurs meurtris,<br />

mettant <strong>en</strong> liberté les captifs, r<strong>en</strong>dant la vue aux<br />

aveugles, guérissant les boiteux, purifiant les<br />

lépreux, ressuscitant les morts et annonçant la<br />

bonne nouvelle aux pauvres. À tous, sans<br />

distinction <strong>de</strong> classe, Il avait adressé ce t<strong>en</strong>dre<br />

appel : « V<strong>en</strong>ez à moi, vous tous qui êtes fatigués<br />

et chargés, et je vous donnerai du repos. »<br />

(Matthieu 11.28)<br />

Bi<strong>en</strong> qu'on lui eût r<strong>en</strong>du le mal pour le bi<strong>en</strong>, la<br />

haine pour Sa bonté (Psaumes 109.5), Il n'<strong>en</strong> avait<br />

pas moins persévéré dans Sa mission d'amour. Il<br />

n'avait repoussé aucun <strong>de</strong> ceux qui recherchai<strong>en</strong>t<br />

21


Sa grâce. Errant et sans abri, repoussé et méconnu,<br />

il avait vécu pour soulager la souffrance, suppliant<br />

les hommes d'accepter le don <strong>de</strong> la vie. <strong>Le</strong>s vagues<br />

<strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong>, repoussées par <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs<br />

obstinés, refluai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong> d'amour inexprimable.<br />

Mais Israël s'était détourné <strong>de</strong> son meilleur Ami et<br />

<strong>de</strong> son unique Libérateur. Il avait dédaigné Ses<br />

supplications, méprisé Ses conseils et tourné <strong>en</strong><br />

dérision Ses avertissem<strong>en</strong>ts.<br />

L'heure <strong>de</strong> la grâce et du pardon s'<strong>en</strong>volait<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t; la coupe <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu, si<br />

longtemps différée, était presque pleine. <strong>Le</strong>s<br />

sombres nuages que <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles d'apostasie et <strong>de</strong><br />

révolte avai<strong>en</strong>t accumulés, alors gros <strong>de</strong> m<strong>en</strong>aces,<br />

allai<strong>en</strong>t éclater sur la nation coupable. Israël rejetait<br />

Celui qui seul pouvait le sauver <strong>de</strong> la ruine<br />

immin<strong>en</strong>te et se préparait à <strong>Le</strong> crucifier. Quand le<br />

Sauveur sera susp<strong>en</strong>du au bois, les jours <strong>de</strong> ce<br />

peuple favorisé <strong>de</strong> Dieu seront révolus. <strong>La</strong> perte<br />

d'une âme est une calamité qui éclipse tous les<br />

gains et les trésors du mon<strong>de</strong>. En contemplant<br />

Jérusalem, le Sauveur voit la perte d'une ville,<br />

d'une nation tout <strong>en</strong>tière; et quelle ville, quelle<br />

22


nation! Celle qui a été l'élue <strong>de</strong> Dieu, son trésor<br />

particulier!<br />

<strong>Le</strong>s prophètes s'étai<strong>en</strong>t lam<strong>en</strong>tés sur l'apostasie<br />

d'Israël et sur les terribles calamités que ses péchés<br />

lui préparai<strong>en</strong>t. Jérémie avait souhaité que ses yeux<br />

fuss<strong>en</strong>t changés <strong>en</strong> « une source <strong>de</strong> larmes pour<br />

pleurer nuit et jour les morts <strong>de</strong> la fille <strong>de</strong> son<br />

peuple », ainsi que le « troupeau <strong>de</strong> l'Éternel »,<br />

emm<strong>en</strong>é <strong>en</strong> captivité. (Jérémie 9.1; 13.1) Aussi<br />

quel <strong>de</strong>vait être le chagrin <strong>de</strong> Celui dont le regard<br />

prophétique – embrassant non seulem<strong>en</strong>t les<br />

années, mais les siècles – contemplait l'épée <strong>de</strong><br />

l'ange <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur dégainée contre une ville qui<br />

avait été si longtemps la <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> Jéhovah!<br />

Du haut <strong>de</strong> la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers, du lieu<br />

même que <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t occuper plus tard les armées <strong>de</strong><br />

Titus, Jésus, les yeux voilés <strong>de</strong> larmes, regar<strong>de</strong>, à<br />

travers la vallée, les portiques sacrés du temple.<br />

Une vision terrifiante s'offre à ses yeux : il voit une<br />

armée étrangère <strong>en</strong>tourant la muraille <strong>de</strong><br />

Jérusalem; il perçoit le bruit sourd <strong><strong>de</strong>s</strong> légions <strong>en</strong><br />

marche; il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d monter, <strong>de</strong> la ville assiégée, les<br />

23


lam<strong>en</strong>tations <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong>mandant<br />

du pain; il assiste à l'inc<strong>en</strong>die <strong>de</strong> la sainte <strong>de</strong>meure,<br />

<strong>de</strong> ses palais et <strong>de</strong> ses tours, bi<strong>en</strong>tôt transformés <strong>en</strong><br />

monceaux <strong>de</strong> ruines fumantes. Franchissant les<br />

siècles, son regard voit le peuple <strong>de</strong> l'alliance<br />

dispersé <strong>en</strong> tous pays comme <strong><strong>de</strong>s</strong> épaves sur un<br />

rivage désolé. Mais dans les châtim<strong>en</strong>ts prêts à<br />

fondre sur Jérusalem, il n'aperçoit que les<br />

premières gouttes <strong>de</strong> la coupe amère qu'elle <strong>de</strong>vra,<br />

au jugem<strong>en</strong>t final, vi<strong>de</strong>r jusqu'à la lie. Aussi la<br />

compassion divine éclate-t-elle <strong>en</strong> cette<br />

exclamation douloureuse :<br />

« Si toi aussi, au moins <strong>en</strong> ce jour qui t'est<br />

donné, tu connaissais les choses qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

à ta paix! Mais maint<strong>en</strong>ant elles sont cachées à tes<br />

yeux. Il vi<strong>en</strong>dra sur toi <strong><strong>de</strong>s</strong> jours où tes <strong>en</strong>nemis<br />

t'<strong>en</strong>vironneront <strong>de</strong> tranchées, t'<strong>en</strong>fermeront, et te<br />

serreront <strong>de</strong> toutes parts; ils te détruiront, toi et tes<br />

<strong>en</strong>fants au milieu <strong>de</strong> toi, et ils ne laisseront pas <strong>en</strong><br />

toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le<br />

temps où tu as été visitée... Jérusalem, Jérusalem<br />

qui tues les prophètes et qui lapi<strong><strong>de</strong>s</strong> ceux qui te<br />

sont <strong>en</strong>voyés, combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> fois ai-je voulu<br />

24


assembler tes <strong>en</strong>fants, comme une poule rassemble<br />

ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas<br />

voulu! » (Luc 19.41-44; Matthieu 23.37) O nation<br />

favorisée <strong>en</strong>tre toutes, que n'as-tu connu le temps<br />

où tu as été visitée! J'ai ret<strong>en</strong>u le bras <strong>de</strong> l'ange <strong>de</strong><br />

la justice; je t'ai appelée à la rep<strong>en</strong>tance, mais <strong>en</strong><br />

vain. Ce ne sont pas seulem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>voyés, <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes que tu as repoussés, rejetés,<br />

c'est le Saint d'Israël, ton Ré<strong>de</strong>mpteur. Si tu péris,<br />

toi seule <strong>en</strong> seras responsable. « Et vous ne voulez<br />

pas v<strong>en</strong>ir à moi pour avoir la vie! » (Jean 5.40)<br />

C'étai<strong>en</strong>t aussi les malheurs <strong>de</strong> toute la famille<br />

d'Adam qui arrachai<strong>en</strong>t au Sauveur ce cri amer. En<br />

Jérusalem, Jésus voyait le symbole d'un mon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong>durci, incrédule, rebelle, se précipitant au-<strong>de</strong>vant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. Il lisait l'histoire du péché<br />

et <strong>de</strong> la souffrance humaine, écrite dans les larmes<br />

et le sang. Ému d'une compassion infinie pour les<br />

affligés et les malheureux, Il aurait voulu les <strong>en</strong><br />

préserver tous. Mais comm<strong>en</strong>t pouvait-Il arrêter le<br />

flot <strong><strong>de</strong>s</strong> calamités déferlant sur le mon<strong>de</strong> quand,<br />

alors qu'Il était prêt à se livrer à la mort pour les<br />

sauver, si peu d'âmes cherchai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Lui leur<br />

25


unique secours?<br />

<strong>La</strong> Majesté du ciel <strong>en</strong> larmes! le Fils du Dieu<br />

infini courbé par la douleur et secoué par d'amers<br />

sanglots! Ce spectacle, qui provoqua dans le ciel un<br />

saisissem<strong>en</strong>t général, nous révèle la nature odieuse<br />

du péché : il nous montre combi<strong>en</strong> est difficile,<br />

même pour le Tout-Puissant, la tâche d'arracher le<br />

coupable à la pénalité <strong>de</strong> la loi divine. Prom<strong>en</strong>ant<br />

son regard à travers les siècles jusqu'à la <strong>de</strong>rnière<br />

génération, Jésus voyait le mon<strong>de</strong> plongé dans un<br />

égarem<strong>en</strong>t analogue à celui qui causa la ruine <strong>de</strong><br />

Jérusalem. <strong>Le</strong> grand péché <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs a été la<br />

réjection du Christ; le grand péché du mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong> consistera à repousser la loi <strong>de</strong> Dieu, base<br />

<strong>de</strong> son gouvernem<strong>en</strong>t dans le ciel et sur la terre, et<br />

à fouler aux pieds ses préceptes. Alors, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

millions d'esclaves du péché et <strong>de</strong> Satan seront<br />

condamnés à la secon<strong>de</strong> mort, pour avoir, dans un<br />

aveuglem<strong>en</strong>t inconcevable, méconnu le jour <strong>de</strong> leur<br />

visitation!<br />

Deux jours avant la Pâque, après avoir dénoncé<br />

l'hypocrisie <strong><strong>de</strong>s</strong> pharisi<strong>en</strong>s, Jésus, sortant du temple<br />

26


pour la <strong>de</strong>rnière fois, se retira <strong>de</strong> nouveau avec Ses<br />

disciples sur le mont <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers. Assis avec eux<br />

sur les p<strong>en</strong>tes herbeuses dominant la cité, il<br />

contemplait une fois <strong>en</strong>core ses murailles, ses<br />

tours, ses palais. Une fois <strong>en</strong>core, il voyait<br />

l'éclatante spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur du temple couronnant, tel un<br />

diadème, la colline sacrée.<br />

Mille ans auparavant, le psalmiste avait célébré<br />

la faveur que Dieu avait accordée à Israël <strong>en</strong> élisant<br />

domicile dans Sa sainte <strong>de</strong>meure : « Sa t<strong>en</strong>te est à<br />

Salem, et sa <strong>de</strong>meure à Sion. » « Il préféra la tribu<br />

<strong>de</strong> Juda, la montagne <strong>de</strong> Sion qu'il aimait. Et il bâtit<br />

son sanctuaire comme les lieux élevés. » (Psaumes<br />

76.3; 78.68, 69) <strong>Le</strong> premier temple avait été<br />

construit au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> la plus prospère <strong>de</strong><br />

l'histoire d'Israël. David avait réuni d'imm<strong>en</strong>ses<br />

trésors à son int<strong>en</strong>tion. Dieu <strong>en</strong> avait inspiré les<br />

plans (1 Chroniques 28.12, 19); Salomon, le plus<br />

sage <strong><strong>de</strong>s</strong> rois d'Israël, avait présidé à son érection.<br />

Ce temple était l'édifice le plus magnifique que le<br />

mon<strong>de</strong> ait jamais vu. Et pourtant, parlant du second<br />

temple, par le prophète Aggée, Dieu avait fait cette<br />

déclaration : « <strong>La</strong> gloire <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière maison<br />

27


sera plus gran<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong> la première. » Je ferai<br />

trembler toutes les nations et le désir <strong>de</strong> toutes les<br />

nations arrivera, et je remplirai cette maison <strong>de</strong><br />

gloire, dit l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées. » (Aggée 2.9, 7;<br />

version <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne.)<br />

Détruit par Nébucadnetsar, le temple <strong>de</strong><br />

Salomon avait été reconstruit quelque cinq c<strong>en</strong>ts<br />

ans avant Jésus-Christ, après une captivité qui avait<br />

duré une vie d'homme. <strong>Le</strong> peuple était r<strong>en</strong>tré dans<br />

un pays dévasté et presque désert. <strong>Le</strong>s vieillards<br />

qui avai<strong>en</strong>t vu la gloire du temple <strong>de</strong> Salomon<br />

pleurèr<strong>en</strong>t à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> fondations du second<br />

temple si inférieures à celles du premier. <strong>Le</strong><br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t général était r<strong>en</strong>du par ces paroles du<br />

prophète : « Quel est parmi vous le survivant qui<br />

ait vu cette maison dans sa gloire première? Et<br />

comm<strong>en</strong>t la voyez-vous maint<strong>en</strong>ant? Telle quelle<br />

est, ne paraît-elle pas comme ri<strong>en</strong> à vos yeux? »<br />

(Aggée 2.3; Esdras 3.12) Puis il énonçait la<br />

promesse selon laquelle la gloire <strong>de</strong> ce temple<br />

serait plus gran<strong>de</strong> <strong>en</strong>core que celle du premier.<br />

En effet, le second temple n'avait pas égalé le<br />

28


premier <strong>en</strong> magnific<strong>en</strong>ce. Il n'avait pas été<br />

consacré, comme le premier, par les signes visibles<br />

<strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce divine. Son inauguration n'avait été<br />

marquée d'aucune manifestation surnaturelle.<br />

Aucune nuée <strong>de</strong> gloire n'avait <strong>en</strong>vahi le nouveau<br />

sanctuaire. <strong>Le</strong> feu du ciel n'était pas <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du sur<br />

l'autel pour consumer le sacrifice. <strong>La</strong> shékinah<br />

n'avait plus résidé <strong>en</strong>tre les chérubins du lieu très<br />

saint; l'arche, le propitiatoire et les tables du<br />

témoignage avai<strong>en</strong>t disparu, et aucune voix céleste<br />

ne répondait plus aux sacrificateurs qui<br />

consultai<strong>en</strong>t Dieu.<br />

Durant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, les Juifs s'étai<strong>en</strong>t vainem<strong>en</strong>t<br />

efforcés <strong>de</strong> démontrer comm<strong>en</strong>t la promesse <strong>de</strong><br />

Dieu, faite par le prophète Aggée, s'était réalisée.<br />

L'orgueil et l'incrédulité les aveuglai<strong>en</strong>t sur le s<strong>en</strong>s<br />

véritable <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles du voyant. Ce qui honora le<br />

second temple, ce ne fut pas la nuée glorieuse <strong>de</strong><br />

Jéhovah, mais la prés<strong>en</strong>ce personnelle <strong>de</strong> Celui <strong>en</strong><br />

qui habitait corporellem<strong>en</strong>t toute la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

divinité, c'était Dieu manifesté <strong>en</strong> chair. C'est<br />

quand le Nazaré<strong>en</strong> avait <strong>en</strong>seigné et guéri dans Ses<br />

parvis sacrés, que le « désir <strong>de</strong> toutes les nations<br />

29


était <strong>en</strong>tré dans son temple ». C'est par la prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> Jésus et par cette prés<strong>en</strong>ce seule que la gloire du<br />

second temple surpassa celle du premier. Mais<br />

Israël avait dédaigné le don du ciel, et, quand<br />

l'humble docteur avait franchi le seuil <strong>de</strong> la porte<br />

d'or ce jour-là, la gloire avait abandonné le temple<br />

à tout jamais. Déjà ces paroles du Sauveur s'étai<strong>en</strong>t<br />

accomplies : « Voici, votre maison vous sera<br />

laissée déserte. » (Matthieu 23.38)<br />

Effarés et consternés à l'ouïe <strong><strong>de</strong>s</strong> prédictions du<br />

Sauveur touchant la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction du temple, les<br />

disciples voulur<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong>dre plus parfaitem<strong>en</strong>t<br />

le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Ses paroles. P<strong>en</strong>dant quarante ans, les<br />

travaux, l'arg<strong>en</strong>t, le génie <strong><strong>de</strong>s</strong> architectes, ri<strong>en</strong><br />

n'avait été épargné pour r<strong>en</strong>dre cet édifice à sa<br />

spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur première. Héro<strong>de</strong> le Grand y avait<br />

consacré les richesses <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains et celles <strong>de</strong> la<br />

Judée; l'empereur lui-même l'avait comblé <strong>de</strong> ses<br />

dons. Des blocs <strong>de</strong> marbre blanc <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sions<br />

presque fabuleuses, <strong>en</strong>voyés <strong>de</strong> Rome, faisai<strong>en</strong>t<br />

partie <strong>de</strong> ses murailles. C'est sur ces puissantes<br />

structures que les disciples – réunis autour du<br />

Maître – appelèr<strong>en</strong>t Son att<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> ces termes : «<br />

30


Maître, regar<strong>de</strong>, quelles pierres, et quelles<br />

constructions! » (Marc 13.1) Jésus répondit par<br />

cette parole saisissante : « Je vous le dis <strong>en</strong> vérité,<br />

il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit<br />

r<strong>en</strong>versée. » (Matthieu 24.2)<br />

Pour les disciples, la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem<br />

ne pouvait s'accomplir que lors <strong>de</strong> l'inauguration du<br />

règne universel, personnel et glorieux du Messie<br />

pour punir les Juifs impénit<strong>en</strong>ts et briser le joug <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Romains. Et comme Jésus leur avait déclaré qu'Il<br />

vi<strong>en</strong>drait une secon<strong>de</strong> fois, leur p<strong>en</strong>sée, à la<br />

m<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> la ruine <strong>de</strong> Jérusalem, se reporta sur<br />

cette secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue. De là cette triple question<br />

qu'ils lui posèr<strong>en</strong>t sur la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers : «<br />

Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le<br />

signe <strong>de</strong> ton avènem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong>? »<br />

(Matthieu 24.3)<br />

Jésus leur donna une esquisse <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts<br />

les plus saillants qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>ir, avant la fin<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Ces prédictions, qui ne fur<strong>en</strong>t pas alors<br />

pleinem<strong>en</strong>t comprises, étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir<br />

<strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus intelligibles au peuple <strong>de</strong> Dieu à<br />

31


mesure que le besoin s'<strong>en</strong> ferait s<strong>en</strong>tir. L'av<strong>en</strong>ir<br />

était miséricordieusem<strong>en</strong>t voilé aux disciples. S'ils<br />

avai<strong>en</strong>t alors nettem<strong>en</strong>t saisi la portée <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

événem<strong>en</strong>ts sinistres : le supplice et la mort du<br />

Sauveur, ainsi que la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem et du<br />

temple, ils aurai<strong>en</strong>t été glacés d'horreur. Or, la<br />

prophétie du Maître avait un double s<strong>en</strong>s : elle<br />

annonçait à la fois la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem et<br />

les terreurs du grand jour final.<br />

Aux disciples att<strong>en</strong>tifs, Jésus annonce les<br />

calamités qui vont fondre sur Israël apostat, <strong>en</strong><br />

particulier parce qu'il rejette le Messie et qu'il se<br />

prépare à <strong>Le</strong> crucifier. Des signes indiscutables<br />

<strong>de</strong>vront annoncer cette catastrophe terrible et<br />

soudaine. Aussi le Sauveur donne-t-il à ses<br />

disciples cet avertissem<strong>en</strong>t : « C'est pourquoi,<br />

lorsque vous verrez l'abomination <strong>de</strong> la désolation,<br />

dont a parlé le prophète Daniel, établie <strong>en</strong> lieu saint<br />

– que celui qui lit fasse att<strong>en</strong>tion! – alors, que ceux<br />

qui seront <strong>en</strong> Judée fui<strong>en</strong>t dans les montagnes. »<br />

(Matthieu 24.15, 16; Luc 21.20, 21) « Dès que les<br />

ét<strong>en</strong>dards <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains se dresseront dans<br />

l'<strong>en</strong>ceinte sacrée qui s'ét<strong>en</strong>d à quelque distance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

32


murailles <strong>de</strong> la ville sainte, les chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong>vront<br />

chercher leur salut dans la fuite. Aussitôt que les<br />

signes paraîtront, qu'on se trouve dans la Judée ou<br />

à Jérusalem, il faudra partir sans délai. Celui qui se<br />

trouvera au haut <strong>de</strong> la maison ne <strong>de</strong>vra pas s'aviser<br />

d'y r<strong>en</strong>trer pour emporter ses objets <strong>de</strong> prix. Ceux<br />

qui travailleront dans les champs ou les vignes ne<br />

<strong>de</strong>vront pas rev<strong>en</strong>ir sur leurs pas pour pr<strong>en</strong>dre le<br />

vêtem<strong>en</strong>t déposé durant la chaleur du jour. Ceux<br />

qui voudront échapper à la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction générale<br />

n'auront pas un instant à perdre.<br />

Sous le règne d'Héro<strong>de</strong>, Jérusalem avait été non<br />

seulem<strong>en</strong>t embellie, mais on y avait construit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

murailles, <strong><strong>de</strong>s</strong> tours et <strong><strong>de</strong>s</strong> forteresses qui, jointes à<br />

sa situation exceptionnelle, l'avai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>due<br />

apparemm<strong>en</strong>t impr<strong>en</strong>able. Celui qui, au temps du<br />

Christ, aurait publiquem<strong>en</strong>t annoncé sa ruine,<br />

aurait été pris, comme Noé, pour un alarmiste ou<br />

un détraqué. Or, Jésus avait dit : « <strong>Le</strong> ciel et la terre<br />

passeront, mais mes paroles ne passeront point. »<br />

(Matthieu 24.35)<br />

<strong>La</strong> colère <strong>de</strong> Dieu s'était <strong>en</strong>flammée contre<br />

33


Jérusalem à cause <strong>de</strong> ses péchés. Son incrédulité<br />

obstinée r<strong>en</strong>dait sa perte inévitable. Par le prophète<br />

Michée le Seigneur avait Déclaré : « Écoutez donc<br />

ceci, chefs <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> Jacob, et princes <strong>de</strong> la<br />

maison d'Israël, vous qui avez <strong>en</strong> horreur la justice,<br />

et qui pervertissez tout ce qui est droit, vous qui<br />

bâtissez Sion avec le sang, et Jérusalem avec<br />

l'iniquité! Ses chefs jug<strong>en</strong>t pour <strong><strong>de</strong>s</strong> prés<strong>en</strong>ts, ses<br />

sacrificateurs <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t pour un salaire, et ses<br />

prophètes prédis<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t; et ils os<strong>en</strong>t<br />

s'appuyer sur l'Éternel, ils dis<strong>en</strong>t : l'Éternel n'est-il<br />

pas au milieu <strong>de</strong> nous? <strong>Le</strong> malheur ne nous<br />

atteindra pas. » (Michée 3.9-11)<br />

Ces paroles décrivai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> la cupidité et la<br />

propre justice <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> Jérusalem qui<br />

professai<strong>en</strong>t s'attacher strictem<strong>en</strong>t à l'observation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> préceptes <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu et <strong>en</strong> transgressai<strong>en</strong>t<br />

tous les principes. Ces <strong>de</strong>rniers haïssai<strong>en</strong>t celui<br />

dont la pureté et la sainteté dévoilai<strong>en</strong>t leurs projets<br />

criminels. Tout <strong>en</strong> reconnaissant Son innoc<strong>en</strong>ce, ils<br />

avai<strong>en</strong>t déclaré Sa mort nécessaire à la sécurité <strong>de</strong><br />

la nation. « Si nous le laissons faire, tous croiront<br />

<strong>en</strong> lui, et les Romains vi<strong>en</strong>dront détruire et notre<br />

34


ville et notre nation. » (Jean 11.48) Ils p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t,<br />

<strong>en</strong> supprimant le Sauveur, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un peuple fort et<br />

uni. Ils partageai<strong>en</strong>t ainsi le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t du nouveau<br />

sacrificateur qui préférait qu'un seul homme<br />

mourût pour le peuple et que la nation <strong>en</strong>tière ne<br />

pérît point.<br />

Ainsi, les chefs <strong>de</strong> la nation juive « bâtissai<strong>en</strong>t<br />

Sion avec le sang, et Jérusalem avec l' iniquité ».<br />

Cep<strong>en</strong>dant, au mom<strong>en</strong>t où ils mettai<strong>en</strong>t à mort le<br />

Sauveur parce qu'il leur révélait leurs péchés, ils se<br />

considérai<strong>en</strong>t, dans leur propre justice, comme les<br />

favoris du ciel et comptai<strong>en</strong>t que Dieu les<br />

délivrerait <strong>de</strong> leurs <strong>en</strong>nemis. « C'est pourquoi, à<br />

cause <strong>de</strong> vous, Sion sera labourée comme un<br />

champ, Jérusalem <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra un monceau <strong>de</strong><br />

pierres, et la montagne du temple une sommité<br />

couverte <strong>de</strong> bois. » (Michée 3.12)<br />

<strong>La</strong> miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu fut merveilleuse <strong>en</strong>vers<br />

ceux qui méprisèr<strong>en</strong>t son Évangile et mir<strong>en</strong>t à mort<br />

Son Fils. P<strong>en</strong>dant quarante ans, le Seigneur différa<br />

l'exécution <strong><strong>de</strong>s</strong> jugem<strong>en</strong>ts prononcés sur la ville et<br />

sur la nation. <strong>La</strong> parabole du figuier stérile<br />

35


eprés<strong>en</strong>te sa manière d'agir <strong>en</strong>vers le peuple juif.<br />

Cet ordre avait été donné : « Coupe-le : pourquoi<br />

occupe-t-il la terre inutilem<strong>en</strong>t? » (Luc 13.7) Mais<br />

la bi<strong>en</strong>veillance divine l'épargnait <strong>en</strong>core.<br />

Nombreux étai<strong>en</strong>t, parmi les Juifs, ceux qui<br />

ignorai<strong>en</strong>t la nature <strong>de</strong> l'oeuvre du Sauveur. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>en</strong>fants n'avai<strong>en</strong>t pas eu l'occasion <strong>de</strong> recevoir les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts que leurs par<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t méprisés.<br />

Par l'intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, Dieu fit luire Sa<br />

lumière sur eux. Ils aurai<strong>en</strong>t pu se r<strong>en</strong>dre compte<br />

<strong>de</strong> l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties non seulem<strong>en</strong>t<br />

dans la naissance et la vie du Christ mais aussi<br />

dans Sa mort et Sa résurrection. Ils ne fur<strong>en</strong>t pas<br />

condamnés pour les péchés <strong>de</strong> leurs par<strong>en</strong>ts, mais<br />

parce que, après avoir eu connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lumières confiées à ceux-ci, ils rejetèr<strong>en</strong>t celle qui<br />

leur avait été communiquée. Ils avai<strong>en</strong>t ainsi<br />

participé aux péchés <strong>de</strong> leurs par<strong>en</strong>ts et comblé la<br />

mesure <strong>de</strong> leur iniquité.<br />

<strong>La</strong> longue pati<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong>vers Jérusalem<br />

semblait confirmer les Juifs dans leur impénit<strong>en</strong>ce.<br />

Par leur haine et leur cruauté <strong>en</strong>vers les disciples <strong>de</strong><br />

Jésus, ils rejetèr<strong>en</strong>t le <strong>de</strong>rnier appel <strong>de</strong> la<br />

36


miséricor<strong>de</strong>. Aussi Dieu leur retira-t-il Sa<br />

protection et les abandonna-t-il à Satan et à ses<br />

anges. <strong>La</strong> nation fut livrée <strong>en</strong>tre les mains du chef<br />

qu'elle s'était choisi. <strong>Le</strong>s Juifs avai<strong>en</strong>t dédaigné la<br />

grâce <strong>de</strong> Celui qui leur eût assuré la victoire sur les<br />

mauvais p<strong>en</strong>chants qui étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us leurs<br />

maîtres. Livrés à la viol<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leurs passions, ils<br />

ne raisonnai<strong>en</strong>t plus. Esclaves <strong><strong>de</strong>s</strong> emportem<strong>en</strong>ts<br />

d'une fureur aveugle, ces malheureux se livrai<strong>en</strong>t à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> actes d'une cruauté satanique. Dans la famille<br />

comme dans l'État, dans les classes élevées comme<br />

dans le bas peuple, on ne r<strong>en</strong>contrait que suspicion,<br />

<strong>en</strong>vie, haine, discor<strong>de</strong> et assassinats. Il n'y avait <strong>de</strong><br />

sécurité nulle part. Amis et intimes se trahissai<strong>en</strong>t<br />

mutuellem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts tuai<strong>en</strong>t leurs <strong>en</strong>fants, et<br />

les <strong>en</strong>fants tuai<strong>en</strong>t leurs par<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s chefs n'avai<strong>en</strong>t<br />

aucun empire sur eux-mêmes. <strong>Le</strong>urs passions<br />

indomptées <strong>en</strong> faisai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> tyrans. <strong>Le</strong>s Juifs<br />

avai<strong>en</strong>t accepté <strong>de</strong> faux témoignages contre le Fils<br />

<strong>de</strong> Dieu, et maint<strong>en</strong>ant leur vie était constamm<strong>en</strong>t<br />

m<strong>en</strong>acée par <strong><strong>de</strong>s</strong> délateurs. Depuis longtemps, ils<br />

avai<strong>en</strong>t dit par leurs actes : « Éloignez <strong>de</strong> notre<br />

prés<strong>en</strong>ce le Saint d'Israël. » (Ésaïe 30.11) <strong>Le</strong>ur<br />

voeu était accompli. <strong>La</strong> crainte <strong>de</strong> Dieu ne les<br />

37


et<strong>en</strong>ait plus. Satan, maître <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités civiles et<br />

religieuses, était à la tête <strong>de</strong> la nation.<br />

Parfois, les chefs <strong><strong>de</strong>s</strong> factions <strong>en</strong>nemies<br />

s'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t pour piller et torturer leurs<br />

malheureuses victimes, puis ils <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aux<br />

mains et s'<strong>en</strong>tr'égorgeai<strong>en</strong>t sans miséricor<strong>de</strong>. <strong>La</strong><br />

sainteté même du temple ne mettait aucun frein à<br />

leur férocité. <strong>Le</strong>s adorateurs étai<strong>en</strong>t mis à mort<br />

<strong>de</strong>vant l'autel, et le sanctuaire était souillé <strong>de</strong><br />

cadavres. Néanmoins, dans leur présomption<br />

aveugle et blasphématoire, les instigateurs <strong>de</strong> cette<br />

oeuvre infernale déclarai<strong>en</strong>t hautem<strong>en</strong>t qu'ils<br />

étai<strong>en</strong>t sans inquiétu<strong>de</strong> sur le sort <strong>de</strong> Jérusalem,<br />

puisqu'elle était la ville <strong>de</strong> Dieu. Pour affermir leur<br />

autorité, ils subornèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faux prophètes qui, au<br />

mom<strong>en</strong>t même où les légions romaines<br />

assiégeai<strong>en</strong>t le temple, proclamèr<strong>en</strong>t que la<br />

délivrance divine était immin<strong>en</strong>te. Jusqu'à la fin, la<br />

foule <strong>de</strong>meura convaincue que Dieu intervi<strong>en</strong>drait,<br />

pour confondre les Romains. Mais Israël avait<br />

méprisé la protection du ciel et se trouvait<br />

maint<strong>en</strong>ant sans déf<strong>en</strong>se. Malheureuse Jérusalem!<br />

Déchirée par les factions, elle voyait ses rues<br />

38


arrosées du sang <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants massacrés par ses<br />

propres mains, tandis que <strong><strong>de</strong>s</strong> armées <strong>en</strong>nemies<br />

abattai<strong>en</strong>t ses fortifications et décimai<strong>en</strong>t ses<br />

hommes <strong>de</strong> guerre!<br />

Toutes les prédictions <strong>de</strong> Jésus relatives à la<br />

ruine <strong>de</strong> Jérusalem s'accomplissai<strong>en</strong>t à la lettre. <strong>Le</strong>s<br />

Juifs voyai<strong>en</strong>t se réaliser cet avertissem<strong>en</strong>t : « On<br />

vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.<br />

» (Matthieu 7.2)<br />

Des signes et <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles, présages du<br />

désastre, apparur<strong>en</strong>t.. Au milieu <strong>de</strong> la nuit, une<br />

lumière surnaturelle brilla sur le temple et sur<br />

l'autel. Au coucher du soleil, on vit dans les nuages<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chariots et <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> guerre prêts pour la<br />

bataille. Des sacrificateurs qui officiai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nuit<br />

dans le sanctuaire fur<strong>en</strong>t terrifiés par <strong><strong>de</strong>s</strong> bruits<br />

mystérieux. <strong>Le</strong> sol trembla, et on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit <strong>de</strong><br />

nombreuses voix qui disai<strong>en</strong>t : « Partons d'ici. » À<br />

minuit, la porte ori<strong>en</strong>tale, si lour<strong>de</strong> que vingt<br />

hommes pouvai<strong>en</strong>t à peine la faire tourner sur ses<br />

gonds, et fermée par <strong>de</strong> puissantes barres<br />

soli<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t fixées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres massives,<br />

39


s'ouvrit d'elle-même. (Milman, History of the Jews,<br />

liv. XIII.)<br />

Sept années durant, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit un homme<br />

annoncer dans les rues <strong>de</strong> Jérusalem les malheurs<br />

qui allai<strong>en</strong>t fondre sur la ville. Jour et nuit, on<br />

l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait répéter : « Voix du côté <strong>de</strong> l'Ori<strong>en</strong>t; voix<br />

du côté <strong>de</strong> l'Occid<strong>en</strong>t; voix du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre<br />

v<strong>en</strong>ts; voix contre Jérusalem et contre le temple;<br />

vois contre les époux et les épouses; voix contre le<br />

peuple! » Cet être étrange fut emprisonné et battu<br />

<strong>de</strong> verges; mais jamais une plainte ne s'échappa <strong>de</strong><br />

ses lèvres. Sa seule réponse aux injures et aux<br />

mauvais traitem<strong>en</strong>ts était : « Malheur, malheur à<br />

Jérusalem! Malheur, malheur à ses habitants! » Il<br />

ne cessa <strong>de</strong> faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ses avertissem<strong>en</strong>ts que<br />

lorsqu'il fut tué au cours du siège qu'il avait<br />

annoncé.<br />

Aucun chréti<strong>en</strong> ne périt dans la ruine <strong>de</strong><br />

Jérusalem. <strong>Le</strong>s disciples qui avai<strong>en</strong>t été avertis<br />

fur<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>tifs au signe promis : « Lorsque vous<br />

verrez Jérusalem investie par <strong><strong>de</strong>s</strong> armées », avait<br />

dit Jésus, « sachez alors que sa désolation est<br />

40


proche. Alors, que ceux qui seront <strong>en</strong> Judée fui<strong>en</strong>t<br />

dans les montagnes, que ceux qui seront au milieu<br />

<strong>de</strong> Jérusalem <strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t, et que ceux qui seront<br />

dans les champs n'<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t pas dans la ville. » (Luc<br />

21.20, 21)<br />

Une armée romaine, placée sous la conduite <strong>de</strong><br />

Cestius Gallus, avait investi Jérusalem. A peine<br />

arrivée, alors que tout semblait favoriser une<br />

attaque immédiate, elle levait le siège. <strong>Le</strong>s<br />

assiégés, désespérant du succès, parlai<strong>en</strong>t déjà <strong>de</strong><br />

se r<strong>en</strong>dre, quand le général romain battit <strong>en</strong> retraite<br />

sans la moindre raison appar<strong>en</strong>te. Dieu, dans sa<br />

miséricor<strong>de</strong>, dirigeait les événem<strong>en</strong>ts pour le bi<strong>en</strong><br />

<strong>de</strong> Son peuple. <strong>Le</strong> signe promis avait paru, et<br />

l'occasion était donnée aux chréti<strong>en</strong>s sur le qui-vive<br />

et à tous ceux qui le voulai<strong>en</strong>t d'obéir à l'ordre du<br />

Seigneur. <strong>Le</strong>s choses tournèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> telle façon que<br />

ni les Juifs, ni les Romains ne s'opposèr<strong>en</strong>t à leur<br />

fuite. Voyant que l'armée se retirait, les Juifs,<br />

sortant hors <strong><strong>de</strong>s</strong> murs <strong>de</strong> Jérusalem, se précipitèr<strong>en</strong>t<br />

à sa poursuite, ce qui donna aux chréti<strong>en</strong>s<br />

l'occasion <strong>de</strong> quitter la ville. <strong>La</strong> campagne,<br />

égalem<strong>en</strong>t, était <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t-là débarrassée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

41


<strong>en</strong>nemis qui aurai<strong>en</strong>t pu leur barrer la route, tandis<br />

que les Juifs se trouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fermés dans la ville à<br />

l'occasion <strong>de</strong> la fête <strong><strong>de</strong>s</strong> Tabernacles. <strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s<br />

pur<strong>en</strong>t donc s'<strong>en</strong>fuir sans être molestés. Ils se<br />

réfugièr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Pérée, au-<strong>de</strong>là du Jourdain, dans la<br />

ville <strong>de</strong> Pella.<br />

<strong>Le</strong>s forces juives qui s'étai<strong>en</strong>t jetées à la<br />

poursuite <strong>de</strong> Cestius attaquèr<strong>en</strong>t son arrière-gar<strong>de</strong><br />

avec tant d'impétuosité qu'elle fut m<strong>en</strong>acée d'une<br />

complète <strong><strong>de</strong>s</strong>truction; elles r<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t<br />

triomphalem<strong>en</strong>t à Jérusalem, chargées <strong>de</strong> butin et<br />

n'ayant essuyé que <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes légères. Mais cet<br />

appar<strong>en</strong>t succès les servit mal. Il leur inspira un<br />

esprit <strong>de</strong> résistance obstiné qui, lorsque Titus <strong>en</strong><br />

reprit le siège, attira sur la ville <strong><strong>de</strong>s</strong> maux<br />

in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptibles.<br />

Jérusalem avait été investie durant la Pâque,<br />

alors qu'une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Juifs se trouvai<strong>en</strong>t dans<br />

ses murs. Distribuées avec sagesse, les provisions<br />

aurai<strong>en</strong>t pu suffire <strong><strong>de</strong>s</strong> années durant. Elles fur<strong>en</strong>t<br />

détruites par les factions rivales <strong><strong>de</strong>s</strong> déf<strong>en</strong>seurs, et<br />

bi<strong>en</strong>tôt les habitants se trouvèr<strong>en</strong>t réduits à une<br />

42


horrible famine. Plusieurs rongeai<strong>en</strong>t le cuir <strong>de</strong> leur<br />

ceinture, <strong>de</strong> leurs sandales et <strong>de</strong> leur bouclier. Une<br />

mesure <strong>de</strong> blé se v<strong>en</strong>dait un tal<strong>en</strong>t. Nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s<br />

se glissai<strong>en</strong>t, la nuit, hors <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles pour aller<br />

chercher quelques plantes sauvages à manger. <strong>Le</strong>s<br />

uns étai<strong>en</strong>t capturés et livrés à la torture, tandis que<br />

ceux qui réussissai<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>trer dans la ville étai<strong>en</strong>t<br />

souv<strong>en</strong>t dépouillés <strong><strong>de</strong>s</strong> provisions qu'ils avai<strong>en</strong>t si<br />

chèrem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ues. <strong>Le</strong>s chefs infligeai<strong>en</strong>t les<br />

traitem<strong>en</strong>ts les plus inhumains aux personnes qu'ils<br />

soupçonnai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>ir quelque alim<strong>en</strong>t. Souv<strong>en</strong>t,<br />

bi<strong>en</strong> nourris eux-mêmes, ils visai<strong>en</strong>t à se faire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réserves pour l'av<strong>en</strong>ir. Des milliers périssai<strong>en</strong>t par<br />

la famine et par la peste.<br />

<strong>Le</strong>s affections naturelles semblai<strong>en</strong>t éteintes.<br />

Des maris volai<strong>en</strong>t leurs femmes, et <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes<br />

leurs maris. Des <strong>en</strong>fants arrachai<strong>en</strong>t la nourriture<br />

<strong>de</strong> la bouche <strong>de</strong> leurs vieux par<strong>en</strong>ts. <strong>La</strong> question du<br />

prophète : « Une femme oublie-t-elle l'<strong>en</strong>fant<br />

qu'elle allaite? » (Ésaïe 49.15) reçut cette réponse<br />

dans l'<strong>en</strong>ceinte <strong>de</strong> cette ville perdue : « <strong>Le</strong>s<br />

femmes, malgré leur t<strong>en</strong>dresse, font cuire leurs<br />

<strong>en</strong>fants; ils leur serv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nourriture, au milieu du<br />

43


désastre <strong>de</strong> la fille <strong>de</strong> mon peuple. » (<strong>La</strong>m<strong>en</strong>tations<br />

<strong>de</strong> Jérémie 4.10) Alors s'accomplit égalem<strong>en</strong>t la<br />

prédiction faite quatorze siècles auparavant : « <strong>La</strong><br />

femme d'<strong>en</strong>tre vous la plus délicate et la plus<br />

habituée à la mollesse, qui par mollesse et par<br />

délicatesse n'essayait pas <strong>de</strong> poser à terre la plante<br />

<strong>de</strong> son pied, aura un oeil sans pitié pour le mari qui<br />

repose sur son sein, pour son fils et pour sa fille;<br />

elle ne leur donnera ri<strong>en</strong>... <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants qu'elle<br />

mettra au mon<strong>de</strong>, car, manquant <strong>de</strong> tout, elle <strong>en</strong><br />

fera secrètem<strong>en</strong>t sa nourriture au milieu <strong>de</strong><br />

l'angoisse et <strong>de</strong> la détresse où te réduira ton <strong>en</strong>nemi<br />

dans tes portes. » (Deutéronome 28.56, 57)<br />

Pour forcer les Juifs à se r<strong>en</strong>dre, les Romains<br />

t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> les terroriser. <strong>Le</strong>s prisonniers qui<br />

résistai<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur capture étai<strong>en</strong>t battus<br />

<strong>de</strong> verges, torturés et crucifiés sous les murs <strong>de</strong> la<br />

ville. Il <strong>en</strong> périssait ainsi journellem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

c<strong>en</strong>taines, au point que, dans la vallée <strong>de</strong> Josaphat<br />

et sur le Calvaire, les croix fur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt si<br />

nombreuses qu'on pouvait à peine passer <strong>en</strong>tre<br />

elles. Ainsi se réalisait la terrible imprécation<br />

prononcée par les Juifs <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Pilate :<br />

44


« Que son sang retombe sur nous et sur nos<br />

<strong>en</strong>fants! » (Matthieu 27.25)<br />

Titus, rempli d'horreur à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> monceaux<br />

<strong>de</strong> cadavres qui <strong>en</strong>combrai<strong>en</strong>t les vallées, eût été<br />

heureux <strong>de</strong> mettre un terme à ces scènes<br />

abominables et d'épargner à Jérusalem une partie<br />

<strong>de</strong> ses maux.. Saisi d'admiration à la vue du temple<br />

qu'il contemplait du haut <strong>de</strong> la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers,<br />

il déf<strong>en</strong>dit à ses soldats <strong>de</strong> porter la main sur cette<br />

merveille. Avant <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ter l'assaut <strong>de</strong> la forteresse,<br />

il supplia les chefs <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>de</strong> ne pas le<br />

contraindre à souiller <strong>de</strong> sang le sanctuaire et<br />

promit que s'ils cons<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t à aller combattre<br />

ailleurs, aucun soldat romain ne profanerait le<br />

temple.<br />

Dans un appel éloqu<strong>en</strong>t, Josèphe, leur<br />

compatriote, les supplia <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>dre et d'assurer<br />

ainsi leur salut et celui du lieu sacré. À ce <strong>de</strong>rnier<br />

médiateur humain, les Juifs répondir<strong>en</strong>t par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

imprécations et <strong><strong>de</strong>s</strong> quolibets. Ils avai<strong>en</strong>t fermé<br />

l'oreille à la voix du Fils <strong>de</strong> Dieu; maint<strong>en</strong>ant,<br />

toutes les supplications ne faisai<strong>en</strong>t que les r<strong>en</strong>dre<br />

45


plus obstinés à résister jusqu'au bout. Titus ne<br />

réussit pas à sauver le temple. Un plus grand que<br />

lui avait déclaré qu'il n'<strong>en</strong> resterait pas pierre sur<br />

pierre.<br />

L'aveugle obstination <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs juifs et les<br />

crimes affreux perpétrés dans la ville assiégée<br />

excitèr<strong>en</strong>t à tel point l'horreur et l'indignation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soldats romains que Titus finit par se déci<strong>de</strong>r à<br />

pr<strong>en</strong>dre le temple d'assaut, résolu toutefois à le<br />

conserver s'il était possible. Mais ses ordres fur<strong>en</strong>t<br />

négligés. Un soir, à peine s'était-il retiré dans sa<br />

t<strong>en</strong>te que les Juifs, sortant du temple, attaquèr<strong>en</strong>t<br />

les assaillants. Dans la chaleur du combat, un<br />

soldat jeta un brandon allumé à travers le portique.<br />

Bi<strong>en</strong>tôt, les salles boisées <strong>de</strong> cèdre qui <strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t<br />

le temple fur<strong>en</strong>t la proie <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes. Accourant<br />

<strong>en</strong> hâte sur les lieux avec ses légionnaires, Titus<br />

donna l'ordre <strong>de</strong> combattre l'inc<strong>en</strong>die. Il ne fut pas<br />

obéi. Dans leur rage, les soldats passèr<strong>en</strong>t au fil <strong>de</strong><br />

l'épée un grand nombre <strong>de</strong> ceux qui s'étai<strong>en</strong>t<br />

réfugiés dans le lieu sacré. <strong>Le</strong> sang coulait comme<br />

<strong>de</strong> l'eau sur les marches du temple. Des milliers <strong>de</strong><br />

Juifs périr<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> bruit <strong>de</strong> la bataille était dominé<br />

46


par <strong><strong>de</strong>s</strong> voix qui disai<strong>en</strong>t : « I-Kabod! » c'est-à-dire<br />

: la gloire s'<strong>en</strong> est allée.<br />

« Titus, n'avait pas réussi à apaiser la fureur <strong>de</strong><br />

la soldatesque. Pénétrant avec ses officiers dans<br />

l'intérieur <strong>de</strong> l'édifice sacré, il fut émerveillé <strong>de</strong> sa<br />

spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur; et comme les flammes n'avai<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>en</strong>core atteint le lieu saint, t<strong>en</strong>tant un <strong>de</strong>rnier effort<br />

pour le sauver, il conjura ses soldats <strong>de</strong> combattre<br />

les progrès <strong>de</strong> l'inc<strong>en</strong>die. Armé <strong>de</strong> son bâton <strong>de</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ier Liberalis s'efforça<br />

d'imposer l'obéissance. Mais la prés<strong>en</strong>ce même du<br />

général <strong>en</strong> chef ne parvint pas à arrêter la rage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Romains contre les Juifs; ri<strong>en</strong> ne put faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

raison à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes aveuglés par le carnage et<br />

alléchés par l'appât du pillage. Voyant, l'or<br />

étinceler <strong>de</strong> toutes parts, à la lumière sinistre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

flammes, les soldats s'imaginèr<strong>en</strong>t que <strong><strong>de</strong>s</strong> trésors<br />

incalculables se trouvai<strong>en</strong>t cachés dans le<br />

sanctuaire. Aveuglés par la fumée et les flammes,<br />

les officiers dur<strong>en</strong>t battre <strong>en</strong> retraite et abandonner<br />

le noble édifice à son sort.<br />

« Spectacle terrifiant pour les Romains, mais<br />

47


combi<strong>en</strong> plus pour les Juifs! Toute la crête <strong>de</strong> la<br />

colline qui dominait la ville flamboyait comme un<br />

volcan. Avec le fracas du tonnerre, les bâtim<strong>en</strong>ts,<br />

l'un après l'autre, s'effondrai<strong>en</strong>t dans un brasier<br />

dévorant. <strong>Le</strong>s toits <strong>de</strong> cèdre ressemblai<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nappes <strong>de</strong> flammes. <strong>Le</strong>s pinacles dorés jetai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

reflets embrasés. Des tours s'élevai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> colonnes<br />

<strong>de</strong> fumée et <strong>de</strong> flammes dont la lueur éclairait les<br />

collines avoisinantes. Dans l'obscurité, <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes<br />

d'assiégés, <strong>en</strong> proie à une angoisse mortelle,<br />

suivai<strong>en</strong>t les progrès <strong>de</strong> l'inc<strong>en</strong>die. Sur les<br />

murailles et les émin<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la haute ville, les<br />

assiégés, certains atterrés, d'autres exaspérés, se<br />

livrai<strong>en</strong>t au désespoir ou proférai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vaines<br />

m<strong>en</strong>aces. <strong>Le</strong>s cris <strong><strong>de</strong>s</strong> soldats romains et les<br />

hurlem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> insurgés périssant dans les flammes<br />

se mêlai<strong>en</strong>t au crépitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'inc<strong>en</strong>die, et les<br />

échos <strong>de</strong> la montagne répercutai<strong>en</strong>t les<br />

lam<strong>en</strong>tations du peuple massé sur les hauteurs. Des<br />

g<strong>en</strong>s à <strong>de</strong>mi morts d'inanition rassemblai<strong>en</strong>t ce qu'il<br />

leur restait <strong>de</strong> forces pour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une<br />

<strong>de</strong>rnière clameur d'angoisse et <strong>de</strong> désolation.<br />

« À l'intérieur se déroulait un spectacle plus<br />

48


terrifiant <strong>en</strong>core. Hommes et femmes, jeunes et<br />

vieux, insurgés et sacrificateurs, combattants et<br />

suppliants étai<strong>en</strong>t massacrés sans miséricor<strong>de</strong>. Et<br />

comme le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> tués dépassait celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

égorgeurs, les légionnaires, poursuivant leur oeuvre<br />

d'extermination, <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t escala<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> monceaux<br />

<strong>de</strong> cadavres. » (Milman, History of the Jews, Liv.<br />

XVI.)<br />

<strong>Le</strong> temple détruit, la ville ne tarda pas à tomber<br />

tout <strong>en</strong>tière <strong>en</strong>tre les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains. <strong>Le</strong>s chefs<br />

juifs ayant délaissé leurs tours impr<strong>en</strong>ables, Titus<br />

trouva celles-ci abandonnées. Après les avoir<br />

contemplées avec étonnem<strong>en</strong>t, il déclara que Dieu<br />

seul avait pu les lui livrer; ses machines <strong>de</strong> guerre<br />

aurai<strong>en</strong>t été impuissantes contre elles. <strong>La</strong> ville et le<br />

temple fur<strong>en</strong>t rasés; l'emplacem<strong>en</strong>t du saint lieu fut<br />

« labouré comme un champ. » (Jérémie 26.18) Au<br />

cours du siège et du massacre, plus d'un million <strong>de</strong><br />

Juifs avai<strong>en</strong>t perdu la vie. <strong>Le</strong>s survivants fur<strong>en</strong>t<br />

réduits <strong>en</strong> captivité, v<strong>en</strong>dus comme esclaves,<br />

emm<strong>en</strong>és à Rome pour orner le triomphe du<br />

vainqueur, jetés aux bêtes féroces dans les arènes,<br />

ou dispersés dans toutes les parties <strong>de</strong> la terre.<br />

49


En mettant le comble à leur <strong>en</strong>durcissem<strong>en</strong>t, les<br />

Juifs avai<strong>en</strong>t forgé leurs propres chaînes. <strong>La</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> leur nation et tous les maux qui<br />

suivir<strong>en</strong>t leur dispersion ne fur<strong>en</strong>t que le fruit <strong>de</strong><br />

leurs oeuvres. <strong>Le</strong> prophète l'avait dit : « Ce qui<br />

cause ta ruine, Israël, c'est que tu as été contre moi<br />

», « car tu es tombé par ton iniquité. » (Osée 13.9;<br />

14.1) Maints auteurs cit<strong>en</strong>t les souffrances du<br />

peuple juif comme l'accomplissem<strong>en</strong>t d'un décret<br />

divin. Par cette erreur, le grand séducteur s'efforce<br />

<strong>de</strong> masquer son oeuvre. C'est à cause <strong>de</strong> leur<br />

mépris obstiné <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'amour<br />

divins que les Juifs s'étai<strong>en</strong>t aliéné la protection du<br />

ciel et que Satan avait pu les dominer. <strong>Le</strong>s cruautés<br />

inouïes dont ils se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t coupables durant le<br />

siège <strong>de</strong> Jérusalem démontr<strong>en</strong>t la façon dont Satan<br />

traite ceux qui se soumett<strong>en</strong>t à lui.<br />

Nous compr<strong>en</strong>ons peu combi<strong>en</strong> nous sommes<br />

re<strong>de</strong>vables au Seigneur <strong>de</strong> la paix et <strong>de</strong> la<br />

protection dont nous jouissons. C'est la puissance<br />

<strong>de</strong> Dieu qui préserve l'humanité <strong>de</strong> tomber<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Satan. <strong>Le</strong>s<br />

50


désobéissants et les ingrats ferai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong><br />

remercier <strong>de</strong> la pati<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> avec<br />

lesquelles Il ti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> échec la cruauté du Malin.<br />

C'est lorsqu'on dépasse les bornes <strong>de</strong> Sa<br />

longanimité, qu'il retire Sa protection. Ce n'est pas<br />

Dieu qui exécute la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce qui suit la<br />

transgression. Il se borne à abandonner à euxmêmes<br />

les contempteurs <strong>de</strong> sa grâce, qui récolt<strong>en</strong>t<br />

alors la moisson <strong>de</strong> leurs semailles. Tout rayon <strong>de</strong><br />

lumière rejeté, tout avertissem<strong>en</strong>t méprisé, toute<br />

mauvaise passion caressée, <strong>en</strong> un mot, toute<br />

transgression <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu est une sem<strong>en</strong>ce qui<br />

porte sûrem<strong>en</strong>t ses fruits. L'Esprit <strong>de</strong> Dieu finit par<br />

abandonner le pécheur impénit<strong>en</strong>t et le laisse<br />

désarmé <strong>de</strong>vant ses propres passions, comme<br />

<strong>de</strong>vant l'inimitié et la malignité <strong>de</strong> Satan. <strong>La</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem est un avertissem<strong>en</strong>t<br />

sol<strong>en</strong>nel à l'adresse <strong>de</strong> tous ceux qui rest<strong>en</strong>t sourds<br />

aux offres <strong>de</strong> la grâce divine et qui résist<strong>en</strong>t aux<br />

t<strong>en</strong>dres appels <strong>de</strong> Sa miséricor<strong>de</strong>. Jamais on ne vit<br />

témoignage plus décisif <strong>de</strong> la haine <strong>de</strong> Dieu pour le<br />

péché, et <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> du châtim<strong>en</strong>t qui fondra un<br />

jour sur les coupables.<br />

51


<strong>La</strong> prophétie du Seigneur touchant Jérusalem<br />

doit avoir un autre accomplissem<strong>en</strong>t dont ce<br />

néfaste événem<strong>en</strong>t n'est qu'une pâle image. Dans le<br />

triste sort <strong>de</strong> la cité élue, il faut lire ce qui arrivera à<br />

un mon<strong>de</strong> qui a rejeté la miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu et<br />

foulé aux pieds sa loi. Sombre est le tableau <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souffrances dont notre terre a été le témoin au<br />

cours <strong>de</strong> ses longs siècles <strong>de</strong> crime. A contempler<br />

les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la réjection <strong>de</strong> l'autorité du<br />

ciel, le coeur se serre et l'esprit se trouble. Mais une<br />

scène plus lugubre <strong>en</strong>core est cachée dans l'av<strong>en</strong>ir.<br />

<strong>La</strong> longue procession <strong>de</strong> tumultes, <strong>de</strong> conflits, <strong>de</strong><br />

révolutions dont les annales du passé sont faites est<br />

peu <strong>de</strong> chose <strong>en</strong> regard <strong><strong>de</strong>s</strong> terreurs du jour <strong>de</strong><br />

Dieu, jour où l'Esprit, r<strong>en</strong>onçant à son rôle<br />

protecteur, abandonnera <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t les pécheurs à<br />

l'explosion <strong><strong>de</strong>s</strong> passions et <strong>de</strong> la fureur humaine et<br />

diabolique. Alors, comme jamais auparavant, le<br />

mon<strong>de</strong> contemplera les résultats du règne <strong>de</strong> Satan.<br />

En ce jour-là, comme lors <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong><br />

Jérusalem, le peuple <strong>de</strong> Dieu, « tous ceux qui se<br />

trouveront inscrits dans le livre » seront délivrés.<br />

Jésus l'a promis : Il revi<strong>en</strong>dra pour pr<strong>en</strong>dre les<br />

52


si<strong>en</strong>s avec lui. « Toutes les tribus <strong>de</strong> la terre se<br />

lam<strong>en</strong>teront, et elles verront le Fils <strong>de</strong> l'homme<br />

v<strong>en</strong>ant sur les nuées du ciel avec puissance et une<br />

gran<strong>de</strong> gloire. Il <strong>en</strong>verra ses anges avec la<br />

trompette ret<strong>en</strong>tissante, et ils rassembleront ses élus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> quatre v<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong>puis une extrémité <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux<br />

jusqu'à l'autre. » (Matthieu 24.30, 31) Alors, « ceux<br />

qui ne connaiss<strong>en</strong>t pas Dieu et ceux qui n'obéiss<strong>en</strong>t<br />

pas à l'Évangile » seront « détruits par le souffle <strong>de</strong><br />

sa bouche et anéantis par l'éclat <strong>de</strong> son avènem<strong>en</strong>t<br />

». (2 Thessalonici<strong>en</strong>s 1.8; 2.8) Comme l'anci<strong>en</strong><br />

Israël, les méchants se détruis<strong>en</strong>t eux-mêmes : ils<br />

sont victimes <strong>de</strong> leur iniquité. Une vie <strong>de</strong> péché les<br />

aura tellem<strong>en</strong>t éloignés <strong>de</strong> Dieu et dégradés que la<br />

manifestation <strong>de</strong> sa gloire sera pour eux « un feu<br />

consumant ».<br />

Pr<strong>en</strong>ons gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas négliger<br />

l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>u dans les paroles du<br />

Sauveur. De même que Jésus avertit ses disciples<br />

<strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem, et que, pour leur<br />

permettre d'y échapper, il leur <strong>en</strong> annonça les<br />

présages certains, il a aussi averti le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction. Il nous a donné <strong><strong>de</strong>s</strong> signes <strong>de</strong><br />

53


l'approche <strong>de</strong> ce grand jour, afin que, tous ceux qui<br />

le veul<strong>en</strong>t puiss<strong>en</strong>t échapper à la colère à v<strong>en</strong>ir. « Il<br />

y aura, dit Jésus, <strong><strong>de</strong>s</strong> signes dans le soleil, dans la<br />

lune et dans les étoiles. Et sur la terre, il y aura <strong>de</strong><br />

l'angoisse chez les nations qui ne sauront que faire,<br />

au bruit <strong>de</strong> la mer et <strong><strong>de</strong>s</strong> flots. » (Luc 21.25;<br />

Matthieu 24.29; Marc 13.24-26; Apocalypse 6.12-<br />

17) Il a voulu que les témoins <strong><strong>de</strong>s</strong> signes avantcoureurs<br />

<strong>de</strong> Sa v<strong>en</strong>ue, sach<strong>en</strong>t qu'elle « est proche,<br />

à la porte ». (Matthieu 24.33) « Veillez donc »<br />

(Marc 13.35) : telle est son exhortation. Ceux qui<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t gar<strong>de</strong> à cet avertissem<strong>en</strong>t ne seront pas<br />

laissés dans les ténèbres pour que ce jour-là les<br />

pr<strong>en</strong>ne au dépourvu. Mais pour ceux qui ne veill<strong>en</strong>t<br />

pas, « le jour du Seigneur vi<strong>en</strong>dra comme un<br />

voleur dans la nuit ». (1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.2)<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> aujourd'hui n'est pas mieux préparé à<br />

recevoir le message pour notre temps que les Juifs<br />

ne le fur<strong>en</strong>t à accueillir l'avertissem<strong>en</strong>t du Sauveur<br />

concernant Jérusalem. À quelque mom<strong>en</strong>t qu'il<br />

survi<strong>en</strong>ne, le jour du Seigneur pr<strong>en</strong>dra les<br />

méchants au dépourvu. <strong>La</strong> vie suivra son cours<br />

ordinaire; les hommes seront absorbés par leurs<br />

54


affaires, par leur commerce et par l'amour <strong>de</strong><br />

l'arg<strong>en</strong>t; les conducteurs <strong>de</strong> la p<strong>en</strong>sée religieuse<br />

exalteront les progrès et les lumières du siècle, et<br />

les masses seront bercées dans une fausse sécurité.<br />

Alors, tel un voleur, qui pénètre à minuit dans une<br />

<strong>de</strong>meure mal gardée, « une ruine soudaine »<br />

surpr<strong>en</strong>dra les inconsci<strong>en</strong>ts et les impies, « et ils<br />

n'échapperont point. » (1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.2, 3)<br />

55


Chapitre 2<br />

<strong>La</strong> persécution aux premiers<br />

siècles<br />

En révélant à ses disciples le sort <strong>de</strong> Jérusalem<br />

et les scènes <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue, Jésus avait aussi<br />

prédit les difficultés qu'ils allai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>voir affronter<br />

<strong>de</strong>puis le jour où il leur serait <strong>en</strong>levé jusqu'à celui<br />

<strong>de</strong> son retour <strong>en</strong> puissance et <strong>en</strong> gloire. Du haut <strong>de</strong><br />

la colline <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers, le Sauveur voyait v<strong>en</strong>ir<br />

l'orage qui allait fondre sur l'Église apostolique.<br />

Pénétrant plus profondém<strong>en</strong>t dans l'av<strong>en</strong>ir, il<br />

contemplait les tempêtes cruelles et dévastatrices<br />

qui s'abattrai<strong>en</strong>t sur ses disciples p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles <strong>de</strong> ténèbres et <strong>de</strong> persécution. En quelques<br />

phrases succinctes mais d'une signification terrible,<br />

il prédit l'attitu<strong>de</strong> hostile <strong><strong>de</strong>s</strong> grands <strong>de</strong> la terre à l'<br />

égard <strong>de</strong> son Église. (Matthieu 24.9, 21, 22) Ses<br />

disciples étai<strong>en</strong>t appelés à suivre le s<strong>en</strong>tier semé<br />

d'humiliations, d'opprobres et <strong>de</strong> souffrances que<br />

leur Maître avait foulé. L'inimitié qui avait éclaté<br />

contre le Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong> allait se déchaîner<br />

56


aussi contre tous ceux qui croirai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> son nom.<br />

L'histoire <strong>de</strong> la primitive Église témoigne <strong>de</strong><br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles du Sauveur et<br />

montre les puissances <strong>de</strong> la terre et <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer<br />

liguées contre Jésus-Christ dans la personne <strong>de</strong> ses<br />

saints. <strong>Le</strong> paganisme, prévoyant que, si l'Évangile<br />

triomphait, ses temples et ses autels serai<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>versés, se disposa à détruire le christianisme.<br />

<strong>Le</strong>s feux <strong>de</strong> la persécution s'allumèr<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s<br />

chréti<strong>en</strong>s, dépouillés <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s et chassés <strong>de</strong><br />

leurs <strong>de</strong>meures, soutinr<strong>en</strong>t « un grand combat au<br />

milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances ». (Hébreux 10.32) Ils<br />

fur<strong>en</strong>t appelés à <strong>en</strong>durer « les moqueries et le fouet,<br />

les chaînes et la prison ». (Hébreux 11.36) Une<br />

multitu<strong>de</strong> d'<strong>en</strong>tre eux scellèr<strong>en</strong>t leur témoignage <strong>de</strong><br />

leur sang. Nobles et esclaves, riches et pauvres,<br />

savants et ignorants fur<strong>en</strong>t égorgés sans<br />

miséricor<strong>de</strong>.<br />

Ces persécutions, dont l'ère s'ouvre sous Néron,<br />

vers le temps du martyre <strong>de</strong> saint Paul, se<br />

poursuivir<strong>en</strong>t avec plus ou moins d'int<strong>en</strong>sité<br />

p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. <strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dus<br />

57


esponsables <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes les plus odieux et<br />

considérés comme étant la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

calamités, telles que les famines, les pestes et les<br />

tremblem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> terre. Alors qu'ils étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us<br />

les objets <strong>de</strong> la suspicion et <strong>de</strong> la haine publiques,<br />

<strong>de</strong> faux témoins, toujours prêts, pour un prix<br />

honteux, à dénoncer <strong><strong>de</strong>s</strong> innoc<strong>en</strong>ts, s'élevèr<strong>en</strong>t<br />

contre eux. <strong>Le</strong>s disciples du Christ étai<strong>en</strong>t<br />

condamnés comme rebelles à l'empire, comme<br />

<strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la religion, comme nuisibles à la<br />

société. Un grand nombre d'<strong>en</strong>tre eux fur<strong>en</strong>t livrés<br />

aux bêtes féroces ou brûlés vifs dans les<br />

amphithéâtres. Quelques-uns étai<strong>en</strong>t crucifiés;<br />

d'autres, couverts <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bêtes féroces, étai<strong>en</strong>t<br />

jetés dans l'arène et déchirés par <strong><strong>de</strong>s</strong> chi<strong>en</strong>s. Ces<br />

supplices constituai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t l'attraction<br />

principale <strong><strong>de</strong>s</strong> fêtes publiques. Des foules<br />

imm<strong>en</strong>ses, rassemblées pour jouir <strong>de</strong> ces<br />

spectacles, saluai<strong>en</strong>t l'agonie <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

éclats <strong>de</strong> rire et <strong><strong>de</strong>s</strong> applaudissem<strong>en</strong>ts.<br />

Dans tous les lieux où ils cherchai<strong>en</strong>t refuge,<br />

les disciples du Christ étai<strong>en</strong>t traqués comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fauves. Obligés <strong>de</strong> se cacher dans <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>droits<br />

58


désolés et solitaires, ils étai<strong>en</strong>t « dénués <strong>de</strong> tout,<br />

persécutés, maltraités – eux dont le mon<strong>de</strong> n'était<br />

pas digne, – errants dans les déserts et les<br />

montagnes, dans les cavernes et les antres <strong>de</strong> la<br />

terre ». (Hébreux 11.37, 38) <strong>Le</strong>s catacombes<br />

donnèr<strong>en</strong>t asile à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d'<strong>en</strong>tre eux. Sous les<br />

collines <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>virons <strong>de</strong> Rome, <strong>de</strong> longues galeries<br />

avai<strong>en</strong>t été creusées dans le roc. Ces tunnels, qui se<br />

croisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tous s<strong>en</strong>s, s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

kilomètres <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la ville. Dans ces retraites<br />

souterraines, les disciples du Seigneur <strong>en</strong>terrai<strong>en</strong>t<br />

leurs morts et allai<strong>en</strong>t se réfugier quand ils étai<strong>en</strong>t<br />

suspects et proscrits. Lorsque l'Auteur <strong>de</strong> la vie<br />

vi<strong>en</strong>dra réveiller ceux qui ont combattu le bon<br />

combat, maints martyrs sortiront <strong>de</strong> ces lugubres<br />

cavernes.<br />

À travers ces cruelles persécutions, les témoins<br />

<strong>de</strong> Jésus gardèr<strong>en</strong>t la foi. Privés <strong>de</strong> tout confort,<br />

sevrés <strong>de</strong> la lumière du soleil dans les sombres<br />

mais hospitalières profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la terre, ils ne<br />

proférai<strong>en</strong>t aucune plainte. Par <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong><br />

pati<strong>en</strong>ce et d'espérance, ils s'<strong>en</strong>courageai<strong>en</strong>t<br />

mutuellem<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>durer les privations et la<br />

59


souffrance. <strong>La</strong> perte <strong><strong>de</strong>s</strong> bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la terre ne pouvait<br />

les faire r<strong>en</strong>oncer à leur foi. <strong>Le</strong>s épreuves et les<br />

persécutions ne faisai<strong>en</strong>t que les rapprocher <strong>de</strong> la<br />

récomp<strong>en</strong>se et du repos éternels.<br />

« Livrés aux tourm<strong>en</strong>ts », comme autrefois les<br />

serviteurs <strong>de</strong> Dieu, ils « n'acceptèr<strong>en</strong>t point <strong>de</strong><br />

délivrance, afin d'obt<strong>en</strong>ir une meilleure<br />

résurrection ». (Hébreux 11.35) Ils se rappelai<strong>en</strong>t la<br />

parole du Maître les prév<strong>en</strong>ant que la persécution<br />

<strong>en</strong>durée à cause <strong>de</strong> son nom <strong>de</strong>vait être pour eux un<br />

sujet <strong>de</strong> joie, parce que leur récomp<strong>en</strong>se serait<br />

gran<strong>de</strong> dans les cieux; car c'est ainsi que les<br />

prophètes avai<strong>en</strong>t été persécutés avant eux. Ils se<br />

réjouissai<strong>en</strong>t à tel point d'être jugés dignes <strong>de</strong><br />

souffrir pour la vérité que leurs chants <strong>de</strong> triomphe<br />

dominai<strong>en</strong>t le crépitem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes, lorsqu'ils<br />

étai<strong>en</strong>t sur le bûcher. <strong>Le</strong>vant les yeux, ils voyai<strong>en</strong>t<br />

par la foi Jésus et les saints anges qui les<br />

contemplai<strong>en</strong>t avec amour et se réjouissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

leur fermeté. Du ciel leur parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t ces paroles :<br />

« Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la<br />

couronne <strong>de</strong> vie. » (Apocalypse 2.10)<br />

60


<strong>Le</strong>s efforts <strong>de</strong> Satan pour détruire l'Église par la<br />

viol<strong>en</strong>ce étai<strong>en</strong>t inutiles. <strong>Le</strong> grand conflit dans<br />

lequel périssai<strong>en</strong>t les disciples du Christ ne<br />

s'arrêtait pas avec la vie <strong>de</strong> ces fidèles témoins<br />

tombés à leur poste. Apparemm<strong>en</strong>t vaincus, ils<br />

étai<strong>en</strong>t vainqueurs. <strong>Le</strong>s serviteurs <strong>de</strong> Dieu<br />

pouvai<strong>en</strong>t mourir : l'Évangile continuait à se<br />

répandre, et le nombre <strong>de</strong> ses adhér<strong>en</strong>ts allait <strong>en</strong><br />

augm<strong>en</strong>tant. Il pénétrait même dans les régions<br />

<strong>de</strong>meurées inaccessibles aux aigles romaines. Un<br />

chréti<strong>en</strong> disait à un empereur paï<strong>en</strong> : « Condamneznous,<br />

crucifiez-nous, torturez-nous, broyez-nous.<br />

Votre injustice est la preuve <strong>de</strong> notre innoc<strong>en</strong>ce...<br />

Mais vos cruautés les plus raffinées ne serv<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

ri<strong>en</strong> : c'est un attrait <strong>de</strong> plus que vous ajoutez à<br />

notre religion. Nous croissons <strong>en</strong> nombre à mesure<br />

que vous nous moissonnez : le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s<br />

est une sem<strong>en</strong>ce. » (Apologie <strong>de</strong> Tertulli<strong>en</strong>.)<br />

Des milliers <strong>de</strong> témoins étai<strong>en</strong>t incarcérés et<br />

mis à mort, mais d'autres <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t dans les rangs et<br />

pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t leur place. Quant à ceux qui<br />

succombai<strong>en</strong>t pour leur foi, leur sort était scellé et<br />

ils étai<strong>en</strong>t mis par Jésus-Christ au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

61


vainqueurs. Ils avai<strong>en</strong>t combattu le bon combat. <strong>La</strong><br />

couronne <strong>de</strong> justice leur était réservée pour le<br />

retour du Seigneur. <strong>La</strong> souffrance rapprochait les<br />

disciples les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> autres et <strong>de</strong> leur Sauveur.<br />

L'exemple <strong>de</strong> leur vie et le témoignage <strong>de</strong> leur mort<br />

plaidai<strong>en</strong>t si bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la vérité, qu'au<br />

mom<strong>en</strong>t où l'on s'y att<strong>en</strong>dait le moins <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets <strong>de</strong><br />

Satan abandonnai<strong>en</strong>t son service pour passer sous<br />

les ét<strong>en</strong>dards <strong>de</strong> Jésus-Christ.<br />

Pour mieux réussir dans sa guerre contre le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t du ciel, Satan songea alors à une<br />

tactique nouvelle : dresser sa bannière au sein <strong>de</strong><br />

l'Église chréti<strong>en</strong>ne, comptant que s'il pouvait<br />

séduire les disciples du Christ et attirer sur eux le<br />

déplaisir <strong>de</strong> Dieu, ils <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t pour lui une<br />

proie facile.<br />

À partir <strong>de</strong> ce mom<strong>en</strong>t, le grand adversaire<br />

<strong>en</strong>treprit d'obt<strong>en</strong>ir par la ruse ce qu'il n'avait pu<br />

s'assurer par la contrainte. <strong>La</strong> persécution cessa et<br />

fut remplacée par l'appât dangereux <strong>de</strong> la prospérité<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> honneurs temporels. Des idolâtres fur<strong>en</strong>t<br />

am<strong>en</strong>és à adhérer partiellem<strong>en</strong>t à la foi chréti<strong>en</strong>ne,<br />

62


tout <strong>en</strong> rejetant certaines vérités ess<strong>en</strong>tielles. Ils<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t accepter Jésus comme le Fils <strong>de</strong> Dieu<br />

et croire à sa mort et à sa résurrection, mais<br />

n'avai<strong>en</strong>t pas consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur état <strong>de</strong> péché, ni<br />

<strong>de</strong> leur besoin <strong>de</strong> rep<strong>en</strong>tance. Prêts à faire quelques<br />

concessions, ils proposèr<strong>en</strong>t aux chréti<strong>en</strong>s d'<strong>en</strong><br />

faire autant, <strong>de</strong> façon à se r<strong>en</strong>contrer sur le même<br />

terrain.<br />

L'Église courut alors un péril <strong>en</strong> regard duquel<br />

la prison, la torture, le feu et l'épée euss<strong>en</strong>t été <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bi<strong>en</strong>faits. Certains chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t<br />

inébranlables, déclarant que tout compromis leur<br />

était impossible. D'autres se montrèr<strong>en</strong>t prêts à<br />

cé<strong>de</strong>r ou à modifier certains points <strong>de</strong> leur foi dans<br />

l'espoir d'am<strong>en</strong>er ces nouveaux croyants à une<br />

conversion complète. Une heure d'angoisse avait<br />

sonné pour les fidèles disciples <strong>de</strong> Jésus-Christ.<br />

Sous le manteau du christianisme, Satan lui-même<br />

pénétrait dans l'Église pour la corrompre, <strong>en</strong><br />

détournant les esprits <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> vérité.<br />

<strong>La</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s cons<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t<br />

finalem<strong>en</strong>t à sacrifier la pureté <strong>de</strong> leur foi. Un<br />

63


accord fut conclu <strong>en</strong>tre le christianisme et le<br />

paganisme. <strong>Le</strong>s idolâtres se donnèr<strong>en</strong>t pour<br />

convertis et membres <strong>de</strong> l'Église, tout <strong>en</strong> <strong>de</strong>meurant<br />

attachés à leurs divinités et <strong>en</strong> se bornant à<br />

remplacer les objets <strong>de</strong> leur culte par les images <strong>de</strong><br />

Jésus, <strong>de</strong> Marie et <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. <strong>Le</strong> levain <strong>de</strong><br />

l'idolâtrie ainsi introduit dans l'Église y poursuivit<br />

son oeuvre néfaste. De fausses doctrines, <strong><strong>de</strong>s</strong> rites<br />

superstitieux et <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies paï<strong>en</strong>nes se<br />

glissèr<strong>en</strong>t dans le credo et dans le culte chréti<strong>en</strong>s.<br />

L'union <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles et <strong><strong>de</strong>s</strong> idolâtres corrompit le<br />

christianisme, et l'Église perdit sa pureté et sa<br />

puissance.<br />

<strong>Le</strong>s disciples du Christ ont toujours été partagés<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux catégories : ceux qui étudi<strong>en</strong>t avec soin la<br />

vie du Sauveur, s'efforçant <strong>de</strong> se corriger <strong>de</strong> leurs<br />

défauts et <strong>de</strong> se conformer au vrai Modèle, et ceux<br />

qui ferm<strong>en</strong>t les yeux sur les vérités simples et<br />

claires qui dévoil<strong>en</strong>t leurs erreurs. Aux jours les<br />

meilleurs, l'Église n'a pas été composée<br />

uniquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> membres sincères et intègres. <strong>Le</strong><br />

Sauveur avait <strong>en</strong>seigné que les g<strong>en</strong>s vivant<br />

sciemm<strong>en</strong>t dans le péché ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t pas être reçus<br />

64


dans l'Église. Néanmoins, il s'associa <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

imparfaits, auxquels il donna l'occasion, grâce à<br />

son exemple et à ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> voir leurs<br />

erreurs et <strong>de</strong> s'<strong>en</strong> corriger. En dépit <strong>de</strong> ses défauts,<br />

Judas fut accueilli au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> douze apôtres.<br />

Jésus voulait lui révéler ce qui constitue le<br />

caractère chréti<strong>en</strong>, lui montrer ses erreurs et<br />

l'am<strong>en</strong>er, avec le secours <strong>de</strong> la grâce divine, à<br />

purifier son âme <strong>en</strong> obéissant à la vérité. Mais au<br />

lieu <strong>de</strong> marcher dans la lumière qui brillait<br />

miséricordieusem<strong>en</strong>t sur son s<strong>en</strong>tier, Judas se<br />

livrait au péché, et s'exposait aux t<strong>en</strong>tations <strong>de</strong><br />

Satan. Ses défauts prir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'asc<strong>en</strong>dant. Livrant<br />

son esprit à la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, s'irritant<br />

quand il était repris, il <strong>en</strong> vint à commettre le crime<br />

affreux <strong>de</strong> trahir son Maître. C'est aussi <strong>de</strong> cette<br />

manière que, tout <strong>en</strong> professant la piété, plusieurs<br />

caress<strong>en</strong>t quelque péché, et <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à haïr ceux<br />

qui troubl<strong>en</strong>t leur paix <strong>en</strong> dénonçant leurs fautes.<br />

Dès qu'ils <strong>en</strong> auront l'occasion, comme Judas, ils<br />

trahiront ceux qui ont osé les repr<strong>en</strong>dre pour leur<br />

bi<strong>en</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s apôtres r<strong>en</strong>contrèr<strong>en</strong>t dans l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

65


personnes qui, tout <strong>en</strong> professant la piété,<br />

pratiquai<strong>en</strong>t l'iniquité. Ananias et Saphira<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t tout sacrifier pour Dieu, alors qu'ils<br />

gardai<strong>en</strong>t égoïstem<strong>en</strong>t pour eux une partie <strong>de</strong> leurs<br />

bi<strong>en</strong>s. L'Esprit <strong>de</strong> vérité révéla aux apôtres le<br />

caractère réel <strong>de</strong> ces faux chréti<strong>en</strong>s, et les<br />

jugem<strong>en</strong>ts divins purifièr<strong>en</strong>t l'Église d'une<br />

souillure. Cette preuve éclatante <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce<br />

dans l'Église d'un Esprit scrutateur et divin frappa<br />

<strong>de</strong> terreur les hypocrites. Ils se séparèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

croyants dont la vie était conforme à celle <strong>de</strong> Jésus.<br />

Aussi, lorsque les épreuves et la persécution<br />

fondir<strong>en</strong>t sur l'Église, ceux qui étai<strong>en</strong>t disposés à<br />

tout sacrifier pour la vérité voulur<strong>en</strong>t être disciples<br />

du Christ. Ainsi, l'Église <strong>de</strong>meura relativem<strong>en</strong>t<br />

pure tant que dura la persécution. Mais lorsque les<br />

difficultés prir<strong>en</strong>t fin, <strong><strong>de</strong>s</strong> convertis moins sincères<br />

et moins ferv<strong>en</strong>ts s'introduisir<strong>en</strong>t dans la<br />

communauté chréti<strong>en</strong>ne, et Satan put y pr<strong>en</strong>dre<br />

pied.<br />

Mais il n'y a pas d'accord possible <strong>en</strong>tre le<br />

Prince <strong>de</strong> la lumière et celui <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, et il ne<br />

saurait y <strong>en</strong> avoir <strong>en</strong>tre leurs disciples. Quand les<br />

66


chréti<strong>en</strong>s cons<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t à s'unir aux paï<strong>en</strong>s à moitié<br />

convertis, ils <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t dans une voie qui <strong>de</strong>vait les<br />

<strong>en</strong>traîner <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus loin <strong>de</strong> la vérité. Satan se<br />

réjouit d'être parv<strong>en</strong>u à séduire une aussi forte<br />

proportion <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples <strong>de</strong> Jésus. Et, son asc<strong>en</strong>dant<br />

sur leur esprit augm<strong>en</strong>tant, il les incita à persécuter<br />

ceux qui <strong>de</strong>meurai<strong>en</strong>t fidèles. Nul ne savait mieux<br />

combattre la vérité que ceux qui <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t été<br />

précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t les déf<strong>en</strong>seurs; aussi ces chréti<strong>en</strong>s<br />

apostats, joignant leurs efforts à ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>mipaï<strong>en</strong>s,<br />

s'acharnèr<strong>en</strong>t-ils contre les vérités<br />

chréti<strong>en</strong>nes ess<strong>en</strong>tielles.<br />

Ceux qui voulai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>meurer fidèles dur<strong>en</strong>t<br />

sout<strong>en</strong>ir une lutte désespérée pour résister aux<br />

séductions et aux abominations qui, sous le<br />

déguisem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>ts sacerdotaux, avai<strong>en</strong>t<br />

pénétré dans l'Église. <strong>Le</strong>s saintes Écritures n'étant<br />

plus reconnues <strong>en</strong> tant que norme <strong>de</strong> la vérité, la<br />

doctrine <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce fut dénoncée<br />

comme une hérésie, et ses déf<strong>en</strong>seurs fur<strong>en</strong>t haïs et<br />

proscrits.<br />

Après un conflit long et opiniâtre, les quelques<br />

67


chréti<strong>en</strong>s restés fidèles décidèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rompre avec<br />

l'Église apostate et idolâtre. Se r<strong>en</strong>dant compte que,<br />

s'ils voulai<strong>en</strong>t se soumettre à la volonté <strong>de</strong> Dieu, la<br />

séparation <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait une nécessité, ils n'osèr<strong>en</strong>t pas<br />

tolérer plus longtemps <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs qui euss<strong>en</strong>t été<br />

fatales à leur âme et euss<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> danger la foi <strong>de</strong><br />

leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants. Par amour pour la paix et<br />

l'union, ils étai<strong>en</strong>t disposés à faire toutes les<br />

concessions compatibles avec leur fidélité <strong>en</strong>vers<br />

Dieu; mais ils estimai<strong>en</strong>t que la paix elle-même<br />

serait trop onéreuse s'ils <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t l'acheter au prix<br />

<strong>de</strong> leurs principes. Si l'unité <strong>de</strong>vait être obt<strong>en</strong>ue au<br />

détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la justice, ils préférai<strong>en</strong>t<br />

la dissid<strong>en</strong>ce et même la guerre!<br />

Il faudrait, pour le plus grand bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> l'Église et<br />

du mon<strong>de</strong>, ressusciter dans le coeur du peuple <strong>de</strong><br />

Dieu les principes qui animai<strong>en</strong>t ces âmes<br />

intrépi<strong><strong>de</strong>s</strong>. On constate aujourd'hui une<br />

indiffér<strong>en</strong>ce alarmante au sujet <strong>de</strong> doctrines qui<br />

sont les piliers <strong>de</strong> la foi chréti<strong>en</strong>ne. Il n'est pas rare<br />

d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire qu'<strong>en</strong> définitive ces doctrines n'ont<br />

pas une importance capitale. Cette manière <strong>de</strong> voir<br />

a <strong>en</strong>couragé les ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Satan au point que les<br />

68


fausses théories et les séductions fatales du passé,<br />

répudiées au péril <strong>de</strong> leur vie par les fidèles, sont<br />

maint<strong>en</strong>ant reçues favorablem<strong>en</strong>t par <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> g<strong>en</strong>s qui se réclam<strong>en</strong>t du titre <strong>de</strong> disciples <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ.<br />

<strong>Le</strong>s premiers chréti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t un «<br />

peuple particulier ». <strong>Le</strong>ur conduite irréprochable et<br />

leur foi inébranlable constituai<strong>en</strong>t une c<strong>en</strong>sure<br />

continuelle qui troublait la paix <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs. Bi<strong>en</strong><br />

que peu nombreux, sans fortune, sans position<br />

officielle et sans titres honorifiques, ils étai<strong>en</strong>t la<br />

terreur <strong><strong>de</strong>s</strong> transgresseurs partout où leur caractère<br />

et leur foi étai<strong>en</strong>t connus. Aussi étai<strong>en</strong>t-ils, comme<br />

Abel pour Caïn, un objet <strong>de</strong> haine. <strong>Le</strong> même esprit<br />

qui poussa Caïn à tuer son frère animait ceux qui,<br />

secouant le joug du Saint-Esprit, mettai<strong>en</strong>t à mort<br />

le peuple <strong>de</strong> Dieu. C'est ce même esprit qui poussa<br />

les Juifs à rejeter le Sauveur et à <strong>Le</strong> crucifier. <strong>La</strong><br />

pureté et la sainteté du caractère du Christ<br />

révélai<strong>en</strong>t leur égoïsme et leur corruption morale.<br />

Depuis cette époque jusqu'à maint<strong>en</strong>ant, les fidèles<br />

disciples ont toujours provoqué l'hostilité et<br />

l'opposition <strong>de</strong> ceux qui aim<strong>en</strong>t et suiv<strong>en</strong>t la voie<br />

69


du péché.<br />

Comm<strong>en</strong>t donc l'Évangile peut-il être qualifié<br />

<strong>de</strong> message <strong>de</strong> paix? Quand Ésaïe prédit la<br />

naissance du Messie, il lui donna le titre <strong>de</strong> «<br />

Prince <strong>de</strong> la paix ». Quand les anges annoncèr<strong>en</strong>t<br />

aux bergers la naissance <strong>de</strong> Jésus, ils chantèr<strong>en</strong>t au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plaines <strong>de</strong> Bethléhem : « Gloire à Dieu<br />

dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi<br />

les hommes qu'il agrée! » (Luc 2.14) Il y a<br />

contradiction appar<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre ces déclarations et la<br />

parole du Christ : « Je ne suis pas v<strong>en</strong>u apporter la<br />

paix, mais l'épée. » (Matthieu 10.34) Mais, bi<strong>en</strong><br />

comprises, les <strong>de</strong>ux déclarations concord<strong>en</strong>t<br />

parfaitem<strong>en</strong>t. L'Évangile est un message <strong>de</strong> paix.<br />

S'il était reçu et suivi, la paix, l'harmonie et le<br />

bonheur existerai<strong>en</strong>t sur toute la terre. <strong>La</strong> religion<br />

du Christ unit dans une intime fraternité tous ceux<br />

qui l'accept<strong>en</strong>t. Sa mission était <strong>de</strong> réconcilier les<br />

hommes avec Dieu, et, par conséqu<strong>en</strong>t, les uns<br />

avec les autres. Mais la majeure partie <strong>de</strong><br />

l'humanité est sous l'empire <strong>de</strong> Satan, le pire<br />

<strong>en</strong>nemi <strong>de</strong> Jésus. Elle se regimbe contre Dieu parce<br />

que les principes <strong>de</strong> l'Évangile sont <strong>en</strong> opposition<br />

70


avec ses habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> et ses aspirations. Elle hait la<br />

pureté qui condamne ses péchés et persécute ceux<br />

qui proclam<strong>en</strong>t la justice et la sainteté. L'Évangile<br />

est appelé « une épée » parce que les vérités qu'il<br />

apporte soulèv<strong>en</strong>t l'animosité et l'opposition.<br />

<strong>Le</strong> fait que Dieu laisse les méchants persécuter<br />

les justes a été un sujet <strong>de</strong> perplexité pour les<br />

chréti<strong>en</strong>s faibles <strong>en</strong> la foi. Certains même sont<br />

t<strong>en</strong>tés d'abandonner leur confiance <strong>en</strong> Dieu qui<br />

permet que les méchants prospèr<strong>en</strong>t et que les<br />

justes soi<strong>en</strong>t victimes <strong>de</strong> leur <strong><strong>de</strong>s</strong>potisme.<br />

Comm<strong>en</strong>t un Être juste et miséricordieux, dont la<br />

puissance est infinie, peut-il tolérer pareille<br />

injustice, pareille oppression? Cette question ne<br />

doit pas nous préoccuper. Dieu nous a donné <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

preuves suffisantes <strong>de</strong> Son amour; et, même si nous<br />

ne compr<strong>en</strong>ons pas Ses voies, nous n'avons aucune<br />

raison <strong>de</strong> douter <strong>de</strong> Sa bonté. Prévoyant les<br />

t<strong>en</strong>tations auxquelles Ses disciples serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> butte<br />

aux jours d'épreuves et <strong>de</strong> ténèbres, le Sauveur leur<br />

disait : « Souv<strong>en</strong>ez-vous <strong>de</strong> la parole que je vous ai<br />

dite : <strong>Le</strong> serviteur n'est pas plus grand que son<br />

maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront<br />

71


aussi. » (Jean 15.20) <strong>La</strong> cruauté <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants a<br />

causé à Jésus infinim<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong> souffrance qu'à ses<br />

disciples. Ceux qui sont appelés à subir le martyre<br />

ou la torture ne font que marcher sur les traces du<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu.<br />

« <strong>Le</strong> Seigneur ne tar<strong>de</strong> pas dans<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la promesse. » (2 Pierre 3.9)<br />

Il n'oublie ni ne néglige ses <strong>en</strong>fants; mais il permet<br />

aux méchants <strong>de</strong> se démasquer, afin qu'aucun <strong>de</strong><br />

ceux qui désir<strong>en</strong>t faire Sa volonté ne se mépr<strong>en</strong>ne à<br />

leur sujet. D'autre part, si les justes pass<strong>en</strong>t par la<br />

fournaise <strong>de</strong> l'affliction, c'est pour s'y purifier; c'est<br />

pour que leur exemple convainque le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

réalité <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la piété, et pour que leur<br />

conduite édifiante condamne les impies et les<br />

incrédules.<br />

Dieu permet aux méchants <strong>de</strong> prospérer et <strong>de</strong><br />

manifester leur inimitié contre lui, afin que chacun<br />

reconnaisse, quand ils auront comblé la mesure <strong>de</strong><br />

leur iniquité, que leur <strong><strong>de</strong>s</strong>truction est un acte <strong>de</strong><br />

justice et <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> jour approche où tous<br />

ceux qui ont transgressé Sa loi et opprimé Son<br />

72


peuple recevront le salaire <strong>de</strong> leurs oeuvres; où<br />

toute cruauté, toute injustice dont les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong><br />

Dieu auront souffert sera châtiée comme si elle<br />

avait été faite à Jésus-Christ <strong>en</strong> personne.<br />

Mais une autre question plus importante <strong>en</strong>core<br />

<strong>de</strong>vrait ret<strong>en</strong>ir aujourd'hui l'att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> églises.<br />

L'apôtre Paul déclare que « tous ceux qui veul<strong>en</strong>t<br />

vivre pieusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Jésus-Christ seront persécutés<br />

». (2 Timothée 3.12) Or, la persécution semble<br />

sommeiller. Pourquoi? <strong>La</strong> seule raison qui puisse<br />

être donnée, c'est que l'Église, ayant accepté les<br />

maximes du mon<strong>de</strong>, ne provoque plus d'opposition.<br />

<strong>La</strong> religion qui prévaut <strong>de</strong> nos jours n'est pas<br />

caractérisée par la pureté et la sainteté qui<br />

distinguai<strong>en</strong>t les chréti<strong>en</strong>s au temps du Christ et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres. C'est grâce à ses compromis avec le<br />

péché, à l'indiffér<strong>en</strong>ce à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

<strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu et à l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> piété réelle,<br />

que le christianisme est apparemm<strong>en</strong>t si populaire<br />

dans le mon<strong>de</strong>. Que l'Église r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> possession <strong>de</strong><br />

la foi et <strong>de</strong> la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> jours apostoliques,<br />

alors on verra l'esprit <strong>de</strong> persécution r<strong>en</strong>aître et les<br />

bûchers se rallumer.<br />

73


Chapitre 3<br />

L’apostasie<br />

Dans sa secon<strong>de</strong> épître aux Thessalonici<strong>en</strong>s,<br />

saint Paul prédit une profon<strong>de</strong> altération <strong>de</strong> la piété<br />

<strong>de</strong>vant aboutir à l'établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la puissance<br />

papale. Il déclare que le Seigneur ne revi<strong>en</strong>dra pas<br />

avant que « l'apostasie soit arrivée et qu'on ait vu<br />

paraître l'homme du péché, le fils <strong>de</strong> la perdition,<br />

l'adversaire qui s'élève au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> tout ce qu'on<br />

appelle Dieu ou <strong>de</strong> ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir<br />

dans le temple <strong>de</strong> Dieu, se proclamant lui-même<br />

Dieu ». L'apôtre avertissait <strong>en</strong>core les croyants <strong>en</strong><br />

ces termes : « <strong>Le</strong> mystère <strong>de</strong> l'iniquité agit déjà » (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.3, 4, 7). Il voyait alors s'insinuer<br />

dans l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs qui préparai<strong>en</strong>t le chemin<br />

au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la papauté.<br />

Peu à peu, mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce d'abord,<br />

puis plus ouvertem<strong>en</strong>t à mesure qu'il pr<strong>en</strong>ait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

forces et recevait plus <strong>de</strong> crédit, ce « mystère <strong>de</strong><br />

l'iniquité » poursuivait son oeuvre d'égarem<strong>en</strong>t.<br />

74


Presque imperceptiblem<strong>en</strong>t, <strong><strong>de</strong>s</strong> coutumes paï<strong>en</strong>nes<br />

pénétrèr<strong>en</strong>t dans l'Église. <strong>La</strong> t<strong>en</strong>dance aux<br />

compromis et aux rapprochem<strong>en</strong>ts avec le mon<strong>de</strong><br />

fut pour un temps t<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> échec par les cruelles<br />

persécutions que l'Église <strong>en</strong>dura <strong>de</strong> la part du<br />

paganisme. Mais dès que la persécution cessa et<br />

que le christianisme eut ses <strong>en</strong>trées dans les cours<br />

et dans les palais <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, l'Église échangea<br />

l'humble simplicité du Christ et <strong>de</strong> ses apôtres<br />

contre la pompe et l'orgueil <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres et pontifes<br />

paï<strong>en</strong>s et substitua à la Parole <strong>de</strong> Dieu les théories<br />

et les traditions <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. <strong>La</strong> prét<strong>en</strong>due<br />

conversion <strong>de</strong> l'empereur Constantin, au<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du quatrième siècle, donna lieu à<br />

<strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> réjouissances, et le mon<strong>de</strong>, affublé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

appar<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la piété, pénétra dans l'Église. Des<br />

lors, la situation s'aggrava rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong><br />

paganisme, apparemm<strong>en</strong>t vaincu, était vainqueur.<br />

Ses doctrines, ses cérémonies et ses superstitions se<br />

mêlèr<strong>en</strong>t à la foi et au culte <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples du Christ.<br />

Un jour, Satan voulut faire un compromis avec<br />

Jésus-Christ et, l'<strong>en</strong>traînant dans le désert, il Lui<br />

offrit tous les royaumes du mon<strong>de</strong> et leur gloire, à<br />

75


la seule condition qu'il reconnût sa suprématie<br />

comme prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres. Jésus réprimanda le<br />

présomptueux t<strong>en</strong>tateur et l'obligea à se retirer.<br />

Exerçant cette même t<strong>en</strong>tation sur les hommes,<br />

Satan a mieux réussi. Désireuse <strong>de</strong> s'assurer les<br />

largesses et les honneurs du mon<strong>de</strong>, l'Église se mit<br />

à solliciter l'appui et les faveurs <strong><strong>de</strong>s</strong> grands <strong>de</strong> la<br />

terre. Ayant, <strong>de</strong> ce fait, rejeté Jésus-Christ, elle le<br />

remplaça par un représ<strong>en</strong>tant du « prince <strong>de</strong> ce<br />

mon<strong>de</strong> » : l'évêque <strong>de</strong> Rome.<br />

Une <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines fondam<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> l'Église<br />

romaine <strong>en</strong>seigne que le pape, investi d'une autorité<br />

suprême sur les évêques et les pasteurs <strong>de</strong> toutes<br />

les parties du mon<strong>de</strong>, est le chef visible <strong>de</strong> l'Église<br />

universelle. On est allé plus loin <strong>en</strong>core : on lui a<br />

attribué les titres mêmes <strong>de</strong> la divinité. Appelé «<br />

Seigneur Dieu, le Pape (Voir App<strong>en</strong>dice a1) », et<br />

déclaré infaillible, il réclame la vénération <strong>de</strong> tous<br />

les hommes. Satan continue d'exiger, par<br />

l'intermédiaire <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> Rome, l'hommage<br />

qu'il sollicitait <strong>de</strong> Jésus dans le désert, et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont prêtes à le lui r<strong>en</strong>dre.<br />

76


Mais ceux qui craign<strong>en</strong>t et honor<strong>en</strong>t Dieu<br />

accueill<strong>en</strong>t ces prét<strong>en</strong>tions <strong>de</strong> la même manière que<br />

notre Seigneur a reçu les sollicitations <strong>de</strong><br />

l'Adversaire lorsqu'il lui dit : « Tu adoreras le<br />

Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » (Luc<br />

4.8). Jamais Dieu n'a laissé <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, dans Sa<br />

Parole, qu'il établirait un homme quelconque à la<br />

tête <strong>de</strong> son Église. <strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> la suprématie<br />

papale est diamétralem<strong>en</strong>t opposée à<br />

l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. <strong>Le</strong> pape ne peut avoir<br />

sur l'Église <strong>de</strong> Dieu qu'une autorité usurpée.<br />

<strong>Le</strong>s romanistes se sont obstinés à accuser les<br />

protestants d'hérésie et à leur reprocher <strong>de</strong> s'être<br />

volontairem<strong>en</strong>t séparés <strong>de</strong> la véritable Église. C'est<br />

sur eux que retomb<strong>en</strong>t ces accusations. Ce sont eux<br />

qui ont r<strong>en</strong>oncé à la bannière du Christ et se sont<br />

départis « <strong>de</strong> la foi qui a été transmise aux saints<br />

une fois pour toutes. » (Ju<strong>de</strong> 1.3).<br />

<strong>Le</strong>s saintes Écritures donn<strong>en</strong>t aux hommes la<br />

possibilité <strong>de</strong> découvrir les impostures <strong>de</strong> Satan et<br />

<strong>de</strong> résister à sa puissance. C'est cette Parole sainte<br />

que le Sauveur du mon<strong>de</strong> avait opposée à ses<br />

77


attaques. À chaque assaut, Jésus avait prés<strong>en</strong>té le<br />

bouclier <strong>de</strong> la vérité éternelle, <strong>en</strong> disant : « Il est<br />

écrit. » Contre chaque suggestion <strong>de</strong> l'Adversaire,<br />

il avait cité la sagesse et l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. <strong>Le</strong><br />

seul moy<strong>en</strong> dont Satan disposait pour établir son<br />

asc<strong>en</strong>dant sur les hommes et pour affermir celui <strong>de</strong><br />

l'usurpateur papal, était donc <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir le<br />

mon<strong>de</strong> dans l'ignorance du saint Livre. Comme la<br />

Bible exaltait la souveraineté <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> la<br />

vérité, elle <strong>de</strong>vait être cachée et supprimée. Telle<br />

fut la conclusion logique adoptée par l'Église <strong>de</strong><br />

Rome. Des siècles durant, la propagation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures fut interdite. On déf<strong>en</strong>dait au peuple <strong>de</strong><br />

les lire ou <strong>de</strong> les possé<strong>de</strong>r chez soi, tandis que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prélats et <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres sans principes les<br />

interprétai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> manière à appuyer leurs<br />

prét<strong>en</strong>tions. C'est ainsi que le pape <strong>en</strong> vint à être<br />

presque universellem<strong>en</strong>t reconnu comme le vicaire<br />

<strong>de</strong> Dieu sur la terre, et investi d'une autorité<br />

suprême sur l'Église et sur l'État.<br />

<strong>Le</strong> livre dénonciateur <strong>de</strong> l'erreur mis <strong>de</strong> côté,<br />

Satan pouvait agir à sa guise. <strong>La</strong> prophétie avait<br />

déclaré que la papauté « espérait changer les temps<br />

78


et la loi » (Daniel 7.25). Elle ne tarda pas à<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre cette oeuvre. Pour donner aux<br />

convertis du paganisme <strong>de</strong> quoi remplacer le culte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> idoles, et faciliter ainsi leur adhésion au<br />

christianisme, on introduisit graduellem<strong>en</strong>t dans<br />

l'Église le culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images et <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques. Cette<br />

idolâtrie fut définitivem<strong>en</strong>t reconnue par un concile<br />

général (Voir App<strong>en</strong>dice a2). Pour masquer cette<br />

oeuvre sacrilège, Rome s'<strong>en</strong>hardit jusqu'à effacer<br />

<strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu le second comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, qui<br />

prohibe le culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images, et, pour rétablir le<br />

nombre, à partager <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux le dixième.<br />

<strong>Le</strong>s concessions faites au paganisme ouvrir<strong>en</strong>t<br />

la voie à un nouvel att<strong>en</strong>tat contre l'autorité du ciel.<br />

Par l'intermédiaire <strong>de</strong> conducteurs peu scrupuleux,<br />

Satan s'attaqua aussi au quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

Il s'agissait d'éliminer l'anci<strong>en</strong> sabbat, le jour que<br />

Dieu avait béni et sanctifié (G<strong>en</strong>èse 2.2,3), et <strong>de</strong> lui<br />

substituer une fête que les paï<strong>en</strong>s observai<strong>en</strong>t sous<br />

le nom <strong>de</strong> « jour vénérable du soleil ». Ce transfert<br />

ne fut pas t<strong>en</strong>té ouvertem<strong>en</strong>t. Dans les premiers<br />

siècles, tous les chréti<strong>en</strong>s observai<strong>en</strong>t le vrai<br />

sabbat. Jaloux <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> Dieu, et convaincus<br />

79


<strong>de</strong> l'immutabilité <strong>de</strong> sa loi, ils veillai<strong>en</strong>t avec zèle<br />

sur ses préceptes sacrés. Aussi Satan manoeuvra-til<br />

par ses ag<strong>en</strong>ts avec une gran<strong>de</strong> habileté. Pour<br />

attirer l'att<strong>en</strong>tion sur le premier jour <strong>de</strong> la semaine,<br />

on comm<strong>en</strong>ça par <strong>en</strong> faire une fête <strong>en</strong> l'honneur <strong>de</strong><br />

la résurrection <strong>de</strong> Jésus-Christ. On y célébra <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services religieux, tout <strong>en</strong> le considérant comme un<br />

jour <strong>de</strong> récréation, tandis que le sabbat continuait à<br />

être observé comme jour <strong>de</strong> culte.<br />

Avant la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus, Satan, pour préparer<br />

la voie à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, avait poussé les Juifs à<br />

charger le sabbat <strong>de</strong> restrictions fastidieuses qui<br />

faisai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son observation un <strong>de</strong>voir désagréable<br />

et pénible. Et maint<strong>en</strong>ant, profitant <strong><strong>de</strong>s</strong> prév<strong>en</strong>tions<br />

dont ce jour était <strong>en</strong>touré, il le qualifiait <strong>de</strong> rite<br />

judaïque. Tandis que les chréti<strong>en</strong>s continuai<strong>en</strong>t à<br />

observer le dimanche comme un jour <strong>de</strong> joie, il les<br />

poussait à manifester leur haine du judaïsme <strong>en</strong><br />

faisant du sabbat un jour <strong>de</strong> jeûne, sombre et triste.<br />

Dans la première partie du quatrième siècle, un<br />

édit <strong>de</strong> l'empereur Constantin établit le dimanche<br />

comme jour <strong>de</strong> fête dans toute l'ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> l'empire<br />

80


omain (Voir App<strong>en</strong>dice a3). <strong>Le</strong> « jour du soleil »<br />

étant révéré par ses sujets paï<strong>en</strong>s et honoré par les<br />

chréti<strong>en</strong>s, la tactique <strong>de</strong> Constantin consistait à<br />

rapprocher les adhér<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux cultes. <strong>Le</strong>s<br />

évêques, aiguillonnés par l'ambition et la soif du<br />

pouvoir, le poussèr<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>t dans cette voie.<br />

Ils compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, que si le même jour était<br />

observé par les chréti<strong>en</strong>s et les paï<strong>en</strong>s, ces <strong>de</strong>rniers<br />

serai<strong>en</strong>t incités à embrasser extérieurem<strong>en</strong>t le<br />

christianisme et contribuerai<strong>en</strong>t à la gloire <strong>de</strong><br />

l'Église. Cep<strong>en</strong>dant, si beaucoup <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s pieux<br />

étai<strong>en</strong>t graduellem<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és à attribuer un certain<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sainteté au dimanche, ils n'<strong>en</strong> continuai<strong>en</strong>t<br />

pas moins à considérer avec respect le sabbat <strong>de</strong><br />

l'Éternel et à l'observer conformém<strong>en</strong>t au quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

Déterminé à rassembler le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong> sous<br />

ses ét<strong>en</strong>dards et à exercer sa puissance par son<br />

vicaire, le pontife altier qui se donnait comme le<br />

représ<strong>en</strong>tant du Christ, le grand Séducteur n'avait<br />

pas <strong>en</strong>core achevé sa tâche. C'est par le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

paï<strong>en</strong>s à <strong>de</strong>mi convertis, <strong>de</strong> prélats ambitieux et <strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>s mondanisés qu'il parvint à ses fins. De<br />

81


grands conciles réunissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> temps <strong>en</strong> temps les<br />

dignitaires <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> toutes les parties du<br />

mon<strong>de</strong>. À chaque concile, on rabaissait le jour<br />

divinem<strong>en</strong>t institué, et l'on élevait le dimanche. <strong>La</strong><br />

fête paï<strong>en</strong>ne finit par recevoir les honneurs d'une<br />

institution divine. Quant au sabbat <strong>de</strong> la Bible, il<br />

fut qualifié <strong>de</strong> vestige du judaïsme, et l'anathème<br />

fut prononcé contre ses observateurs.<br />

En détournant les hommes <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, le<br />

grand apostat avait réussi à « s'élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

tout ce qu'on appelle Dieu ou <strong>de</strong> ce qu'on adore ».<br />

Il avait osé s'attaquer au seul <strong><strong>de</strong>s</strong> préceptes divins<br />

qui attire incontestablem<strong>en</strong>t l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> toute<br />

l'humanité sur le Dieu vivant et vrai. <strong>Le</strong> quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> appelant Dieu le Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cieux et <strong>de</strong> la terre, le distingue <strong>de</strong> tous les faux<br />

dieux. Or, c'est à titre <strong>de</strong> mémorial <strong>de</strong> la création<br />

que le septième jour fut sanctifié comme jour <strong>de</strong><br />

repos pour la famille humaine. Il était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à<br />

rappeler constamm<strong>en</strong>t aux hommes que Dieu est la<br />

source <strong>de</strong> leur être, l'objet <strong>de</strong> leur vénération et <strong>de</strong><br />

leur culte. Voilà pourquoi Satan s'efforce <strong>de</strong><br />

détourner l'homme <strong>de</strong> la fidélité et <strong>de</strong> l'obéissance<br />

82


qu'il doit à Dieu, et dirige ses attaques contre le<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t qui proclame Dieu comme<br />

Créateur <strong>de</strong> toutes choses.<br />

Aujourd'hui, les protestants assur<strong>en</strong>t que la<br />

résurrection du Christ a fait du dimanche le jour <strong>de</strong><br />

repos <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s. Mais ils n'étay<strong>en</strong>t cette<br />

affirmation d'aucune preuve biblique. Jamais Jésus<br />

ni ses apôtres n'ont fait un pareil honneur à ce jour.<br />

L'observation du dimanche comme jour <strong>de</strong> repos a<br />

été <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par « le mystère <strong>de</strong> l'iniquité » (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.4, 7) qui avait déjà comm<strong>en</strong>cé<br />

d'agir au temps <strong>de</strong> saint Paul. Où et quand le<br />

Seigneur a-t-il adopté cet <strong>en</strong>fant <strong>de</strong> la papauté?<br />

Quelle raison valable peut-on donner <strong>en</strong> faveur<br />

d'un changem<strong>en</strong>t que les Écritures ne sanctionn<strong>en</strong>t<br />

pas?<br />

Au sixième siècle, la papauté était soli<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

établie. <strong>Le</strong> siège <strong>de</strong> son empire avait été fixé dans<br />

la ville impériale, et l'évêque <strong>de</strong> Rome était<br />

reconnu chef <strong>de</strong> toute la chréti<strong>en</strong>té. <strong>Le</strong> paganisme<br />

avait fait place à la papauté. <strong>Le</strong> dragon avait cédé à<br />

la bête « sa puissance, et son trône, et une gran<strong>de</strong><br />

83


autorité (Apocalypse 13.2; Voir aussi App<strong>en</strong>dice<br />

a4). C'est alors que comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t les mille <strong>de</strong>ux<br />

c<strong>en</strong>t soixante années d'oppression papale<br />

annoncées par les prophéties <strong>de</strong> Daniel et <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse (Daniel 7.25; Apocalypse 13.5-7). On<br />

mit les chréti<strong>en</strong>s dans l'alternative <strong>de</strong> choisir soit<br />

l'abandon <strong>de</strong> leurs principes et l'adoption <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cérémonies et du culte papal, soit la perspective <strong>de</strong><br />

passer leur vie dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cachots, ou <strong>de</strong> mourir par<br />

la roue, le bûcher ou la décapitation. Alors<br />

s'accomplit cette prophétie du Sauveur : « Vous<br />

serez livrés même par vos par<strong>en</strong>ts, par vos frères,<br />

par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir<br />

plusieurs d'<strong>en</strong>tre vous. Vous serez haïs <strong>de</strong> tous, à<br />

cause <strong>de</strong> mon nom. » (Luc 21.16, 17). <strong>La</strong><br />

persécution se déchaîna avec furie contre les<br />

fidèles, et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vint un vaste champ <strong>de</strong><br />

bataille. Des siècles durant, l'Église du Christ dut<br />

vivre dans la retraite et l'obscurité. Sa situation est<br />

ainsi décrite par le prophète : « Et la femme s'<strong>en</strong>fuit<br />

dans le désert, où elle avait un lieu préparé par<br />

Dieu, afin qu'elle y fût nourrie p<strong>en</strong>dant mille <strong>de</strong>ux<br />

c<strong>en</strong>t soixante jours. » (Apocalypse 12.6).<br />

84


L'avènem<strong>en</strong>t au pouvoir <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> Rome a<br />

marqué le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du Moy<strong>en</strong> Age. À<br />

mesure que croissait sa puissance, les ténèbres<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t plus d<strong>en</strong>ses. <strong>Le</strong> pape, pr<strong>en</strong>ant la place<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ, le véritable fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>vint<br />

l'objet <strong>de</strong> la foi. Au lieu <strong>de</strong> s'adresser au Fils <strong>de</strong><br />

Dieu pour obt<strong>en</strong>ir le pardon <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés et le salut<br />

éternel, on comptait sur le pape, sur les prêtres et<br />

les prélats, auxquels Il avait délégué son autorité.<br />

On <strong>en</strong>seignait aux foules que le pape étant leur<br />

médiateur terrestre, nul ne pouvait s'approcher <strong>de</strong><br />

Dieu que par lui; on ajoutait qu'une obéissance<br />

implicite lui était due parce qu'il était sur la terre à<br />

la place <strong>de</strong> Dieu. <strong>La</strong> moindre infraction à ses<br />

volontés attirait les châtim<strong>en</strong>ts les plus terribles<br />

pour le corps et l'âme. On détournait ainsi<br />

l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> Dieu pour la reporter sur <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

faillibles et cruels, que dis-je? sur le Prince <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres qui agissait par eux. <strong>Le</strong> péché pr<strong>en</strong>ait le<br />

déguisem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sainteté. Avec la glorification<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lois et <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions humaines surgissait la<br />

corruption <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs, corollaire inévitable <strong>de</strong><br />

l'abandon <strong>de</strong> la loi divine. Quand les Écritures sont<br />

supprimées et que l'homme se met à la place <strong>de</strong><br />

85


Dieu, on ne peut que s'att<strong>en</strong>dre à la frau<strong>de</strong>, à<br />

l'impiété et à la dégradation morale. L'Église du<br />

Christ vivait <strong><strong>de</strong>s</strong> jours périlleux. <strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s<br />

fidèles étai<strong>en</strong>t peu nombreux. <strong>La</strong> vérité ne resta<br />

jamais sans témoins, mais il y eut <strong><strong>de</strong>s</strong> mom<strong>en</strong>ts où<br />

l'erreur et la superstition parur<strong>en</strong>t être sur le point<br />

<strong>de</strong> supplanter la vraie religion. <strong>Le</strong>s croyants étai<strong>en</strong>t<br />

invités non seulem<strong>en</strong>t à considérer le pape comme<br />

leur médiateur, mais aussi à compter sur leurs<br />

propres mérites pour expier leurs péchés. C'est par<br />

<strong>de</strong> longs pèlerinages, <strong><strong>de</strong>s</strong> pénit<strong>en</strong>ces, le culte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

reliques, l'érection d'églises et d'autels, le don <strong>de</strong><br />

fortes sommes d'arg<strong>en</strong>t qu'il fallait apaiser la colère<br />

<strong>de</strong> Dieu ou obt<strong>en</strong>ir Sa faveur; comme si Dieu était<br />

semblable aux hommes, prêt à s'irriter pour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bagatelles, ou à Se laisser att<strong>en</strong>drir par <strong><strong>de</strong>s</strong> ca<strong>de</strong>aux<br />

ou <strong><strong>de</strong>s</strong> pénit<strong>en</strong>ces! L'Évangile était perdu <strong>de</strong> vue,<br />

tandis qu'on multipliait les cérémonies religieuses<br />

et qu'on accablait le peuple d'exactions rigoureuses.<br />

Alors même que le vice régnait jusque dans les<br />

rangs <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong> la hiérarchie, l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

l'Église romaine allait croissant. Vers la fin du<br />

huitième siècle, on prét<strong>en</strong>dait que les évêques <strong>de</strong><br />

86


Rome avai<strong>en</strong>t possédé dès les premiers temps <strong>de</strong><br />

l'Église toute la puissance spirituelle dont ils se<br />

réclamai<strong>en</strong>t. Et comme il fallait donner à cette<br />

affirmation une appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> véracité, le père du<br />

m<strong>en</strong>songe fut tout prêt à <strong>en</strong> suggérer le moy<strong>en</strong>. Des<br />

moines forgèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes pièces <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits que<br />

l'on donna pour très anci<strong>en</strong>s. Des décrets <strong>de</strong><br />

conciles dont on n'avait jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler<br />

établissai<strong>en</strong>t la suprématie du pape <strong>de</strong>puis les<br />

temps les plus reculés. Une Église qui avait rejeté<br />

la vérité accueillit ces frau<strong><strong>de</strong>s</strong> avec empressem<strong>en</strong>t<br />

(Voir App<strong>en</strong>dice a5).<br />

Perplexes <strong>de</strong>vant le fatras <strong><strong>de</strong>s</strong> fausses doctrines<br />

qui leur barrai<strong>en</strong>t la voie, les quelques fidèles qui<br />

bâtissai<strong>en</strong>t sur le vrai fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t (1 Corinthi<strong>en</strong>s<br />

3.10, 11) étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés <strong>de</strong> dire, comme les<br />

constructeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles <strong>de</strong> Jérusalem au temps<br />

<strong>de</strong> Néhémie : « <strong>Le</strong>s forces manqu<strong>en</strong>t à ceux qui<br />

port<strong>en</strong>t les far<strong>de</strong>aux, et les décombres sont<br />

considérables; nous ne pourrons pas bâtir la<br />

muraille » (Néhémie 4.10). <strong>La</strong>s <strong>de</strong> lutter contre la<br />

persécution, la frau<strong>de</strong>, l'iniquité et toutes les<br />

subtilités imaginées par Satan, plusieurs – par<br />

87


amour <strong>de</strong> la paix comme pour sauvegar<strong>de</strong>r leurs<br />

bi<strong>en</strong>s et leur vie – se découragèr<strong>en</strong>t et<br />

abandonnèr<strong>en</strong>t le sûr fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la foi. D'autres,<br />

sans se laisser intimi<strong>de</strong>r par l'opposition <strong>de</strong> leurs<br />

<strong>en</strong>nemis, disai<strong>en</strong>t hardim<strong>en</strong>t : « Ne les craignez<br />

pas! Souv<strong>en</strong>ez-vous du Seigneur, grand et<br />

redoutable! » Et ils allai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'avant, ayant «<br />

chacun... <strong>en</strong> travaillant... son épée ceinte autour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

reins » (Néhémie 4.14,18).<br />

Dans tous les temps, le même esprit <strong>de</strong> haine et<br />

d'opposition à la vérité a inspiré les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong><br />

Dieu, et le même esprit <strong>de</strong> vigilance et <strong>de</strong> fidélité a<br />

été nécessaire à ses serviteurs. Jusqu'à la fin, ces<br />

paroles <strong>de</strong> Jésus à ses premiers disciples seront<br />

opportunes : « Ce que je vous dis, je le dis à tous :<br />

Veillez » (Éphési<strong>en</strong>s 6.17).<br />

<strong>Le</strong>s ténèbres semblai<strong>en</strong>t s'épaissir <strong>en</strong>core. <strong>Le</strong><br />

culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait plus général. On allumait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cierges <strong>de</strong>vant les statues, et on leur offrait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prières. <strong>Le</strong>s cérémonies les plus absur<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

s'ajoutai<strong>en</strong>t au culte. <strong>La</strong> superstition exerçait un tel<br />

empire sur les esprits que la raison semblait avoir<br />

88


abdiqué. <strong>Le</strong>s prêtres et les évêques étant euxmêmes<br />

s<strong>en</strong>suels, corrompus, amateurs <strong>de</strong> plaisirs,<br />

le troupeau, imitateur <strong>de</strong> ses gui<strong><strong>de</strong>s</strong>, était<br />

naturellem<strong>en</strong>t plongé dans le vice et l'ignorance.<br />

Au onzième siècle les prét<strong>en</strong>tions <strong>de</strong> la papauté<br />

s'accrur<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t lorsque Grégoire VII<br />

proclama l'inerrance <strong>de</strong> l'Église romaine. Ce pape<br />

affirmait que, conformém<strong>en</strong>t aux Écritures, l'Église<br />

n'avait jamais erré et n'errerait jamais. Aucune<br />

preuve tirée <strong>de</strong> l'Écriture n'accompagnait son<br />

assertion. L'orgueilleux pontife s'arrogea aussi le<br />

pouvoir <strong>de</strong> déposer les empereurs; il déclara que<br />

ses s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces ne pouvai<strong>en</strong>t être annulées par<br />

personne, tandis qu'il avait la prérogative, lui,<br />

d'annuler les décisions <strong>de</strong> tous (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a6).<br />

Un exemple frappant <strong>de</strong> la tyrannie <strong>de</strong> cet<br />

avocat <strong>de</strong> l'infaillibilité est le traitem<strong>en</strong>t qu'il<br />

infligea à l'empereur d'Allemagne, H<strong>en</strong>ri IV. Pour<br />

avoir osé méconnaître l'autorité du pape, ce<br />

souverain avait été excommunié et déclaré déchu<br />

<strong>de</strong> son trône. Terrifié par l'abandon et les m<strong>en</strong>aces<br />

89


<strong>de</strong> ses princes, <strong>en</strong>couragés par le pape à se révolter<br />

contre lui, l'empereur se vit réduit à la nécessité <strong>de</strong><br />

se réconcilier avec Rome. Au coeur <strong>de</strong> l'hiver,<br />

accompagné <strong>de</strong> sa femme et d'un fidèle serviteur, il<br />

franchit les Alpes pour aller s'humilier <strong>de</strong>vant le<br />

pape. Arrivé au château où le pontife s'était retiré,<br />

il fut conduit, sans ses gar<strong><strong>de</strong>s</strong>, dans une cour<br />

extérieure, où, exposé aux rigueurs <strong>de</strong> l'hiver, nutête,<br />

nu-pieds et misérablem<strong>en</strong>t vêtu, il dut att<strong>en</strong>dre<br />

que le pape l'autorisât à paraître <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce. Ce<br />

n'est qu'après trois jours <strong>de</strong> jeûne et <strong>de</strong> confession<br />

qu'H<strong>en</strong>ri IV obtint son pardon, et cela <strong>en</strong>core à la<br />

condition d'att<strong>en</strong>dre le bon plaisir du pape pour<br />

repr<strong>en</strong>dre les insignes et les prérogatives <strong>de</strong> la<br />

royauté. Grégoire, <strong>en</strong>ivré <strong>de</strong> ce succès, déclara que<br />

son <strong>de</strong>voir était d'abattre l'orgueil <strong><strong>de</strong>s</strong> rois.<br />

Quel contraste <strong>en</strong>tre ce présomptueux pontife et<br />

le Christ, humble et doux, sollicitant la permission<br />

d'<strong>en</strong>trer dans nos coeurs pour y apporter le pardon<br />

et la paix, et disant à ses disciples : « Quiconque<br />

veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre<br />

esclave. » (Matthieu 20.27).<br />

90


À mesure que les siècles s'écoulai<strong>en</strong>t, les<br />

erreurs se multipliai<strong>en</strong>t dans l'Église romaine. Dès<br />

avant l'établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la papauté, les théories <strong>de</strong><br />

certains philosophes paï<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé à<br />

s'infiltrer dans l'Église. Des hommes d'une haute<br />

culture, se disant convertis, conservai<strong>en</strong>t les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la philosophie paï<strong>en</strong>ne et<br />

continuai<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t à <strong>en</strong> faire l'objet <strong>de</strong><br />

leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, mais <strong>en</strong>courageai<strong>en</strong>t leur <strong>en</strong>tourage à<br />

les imiter, afin d'accroître leur influ<strong>en</strong>ce sur les<br />

paï<strong>en</strong>s. De graves erreurs, dont l'une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principales est le dogme <strong>de</strong> l'immortalité naturelle<br />

<strong>de</strong> l'âme et <strong>de</strong> l'état consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> morts, fur<strong>en</strong>t<br />

ainsi introduites dans les croyances chréti<strong>en</strong>nes.<br />

Rome a fait reposer sur cette base son culte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saints et l'adoration <strong>de</strong> la vierge Marie. Cette<br />

doctrine détermina aussi l'apparition précoce, dans<br />

le credo papal, <strong>de</strong> la croyance au supplice éternel<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> impénit<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>La</strong> voie était ainsi préparée pour l'introduction<br />

d'une autre inv<strong>en</strong>tion du paganisme, que Rome a<br />

dénommée « le purgatoire », et dont elle s'est<br />

servie pour terroriser les foules crédules et<br />

91


superstitieuses. Elle affirma que les âmes qui n'ont<br />

pas mérité la damnation éternelle doiv<strong>en</strong>t, avant<br />

d'être admises au ciel, avoir été purifiées <strong>de</strong> leurs<br />

péchés <strong>en</strong> un lieu <strong>de</strong> tourm<strong>en</strong>ts (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a7).<br />

Une autre inv<strong>en</strong>tion, la doctrine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

indulg<strong>en</strong>ces, permit à Rome <strong>de</strong> tirer profit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

craintes et <strong><strong>de</strong>s</strong> vices <strong>de</strong> ses adhér<strong>en</strong>ts. L'<strong>en</strong>tière<br />

rémission <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés prés<strong>en</strong>ts, passés et futurs était<br />

promise à ceux qui s'<strong>en</strong>gageai<strong>en</strong>t dans les guerres<br />

livrées par le pape <strong>en</strong> vue d'ét<strong>en</strong>dre sa domination,<br />

<strong>de</strong> châtier ses <strong>en</strong>nemis ou d'exterminer ceux qui<br />

s'avisai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nier sa suprématie spirituelle. On<br />

<strong>en</strong>seignait aussi que, moy<strong>en</strong>nant le versem<strong>en</strong>t d'une<br />

certaine somme dans le trésor <strong>de</strong> l'Église, on<br />

obt<strong>en</strong>ait soit le pardon <strong>de</strong> ses propres péchés, soit<br />

la délivrance <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes gémissant dans les flammes<br />

du purgatoire. Voilà comm<strong>en</strong>t Rome s'<strong>en</strong>richissait,<br />

sout<strong>en</strong>ait sa magnific<strong>en</strong>ce et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ait le luxe et<br />

les vices <strong><strong>de</strong>s</strong> soi-disant représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong> celui qui<br />

n'avait pas un lieu où reposer sa tête (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a8).<br />

92


<strong>La</strong> sainte Cène instituée par notre Seigneur<br />

avait été supplantée par le sacrifice idolâtre <strong>de</strong> la<br />

messe. <strong>Le</strong>s prêtres prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t faire du pain et du<br />

vin <strong>de</strong> la cène le vrai corps et le vrai sang <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ. Ils avançai<strong>en</strong>t la prét<strong>en</strong>tion blasphématoire<br />

<strong>de</strong> créer Dieu, le Créateur <strong>de</strong> toutes choses. Et les<br />

chréti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us, sous peine <strong>de</strong> mort, <strong>de</strong><br />

confesser leur foi <strong>en</strong> cette hérésie. Des multitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fur<strong>en</strong>t livrées aux flammes pour avoir refusé <strong>de</strong> la<br />

reconnaître (Voir App<strong>en</strong>dice a9).<br />

Au treizième siècle fut fondée l'Inquisition, le<br />

plus cruel <strong><strong>de</strong>s</strong> instrum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la papauté. <strong>Le</strong>s chefs<br />

<strong>de</strong> la hiérarchie papale travaillai<strong>en</strong>t avec la<br />

collaboration du prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres. Dans leurs<br />

conseils secrets, on eût pu voir Satan et ses anges<br />

diriger l'esprit d'hommes pervertis, tandis que<br />

l'ange <strong>de</strong> Dieu, invisible au milieu d'eux, pr<strong>en</strong>ait<br />

fidèlem<strong>en</strong>t note <strong>de</strong> leurs iniques décrets et<br />

<strong>en</strong>registrait <strong><strong>de</strong>s</strong> faits trop affreux pour être révélés à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> humains. « Babylone la gran<strong>de</strong> » était ivre « du<br />

sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints ». <strong>Le</strong>s corps torturés <strong>de</strong> millions <strong>de</strong><br />

martyrs criai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>geance <strong>de</strong>vant Dieu contre<br />

cette puissance apostate.<br />

93


<strong>La</strong> papauté était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue le <strong><strong>de</strong>s</strong>pote <strong>de</strong><br />

l'univers. Rois et empereurs étai<strong>en</strong>t soumis à ses<br />

décrets. <strong>Le</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées temporelles et éternelles <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes semblai<strong>en</strong>t avoir été remises <strong>en</strong>tre ses<br />

mains. Des siècles durant, les dogmes <strong>de</strong> Rome<br />

fur<strong>en</strong>t aveuglém<strong>en</strong>t adoptés, ses rites<br />

scrupuleusem<strong>en</strong>t célébrés et ses fêtes généralem<strong>en</strong>t<br />

observées. Son clergé était honoré et largem<strong>en</strong>t<br />

rétribué. Jamais, <strong>de</strong>puis, l'Église <strong>de</strong> Rome n'a<br />

atteint un si haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> dignité, <strong>de</strong> pouvoir et <strong>de</strong><br />

magnific<strong>en</strong>ce.<br />

Mais « le midi <strong>de</strong> la papauté coïncidait avec le<br />

minuit <strong>de</strong> l'humanité ». <strong>Le</strong>s saintes Écritures étai<strong>en</strong>t<br />

presque inconnues, non seulem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles, mais<br />

aussi du clergé. Comme les pharisi<strong>en</strong>s du temps <strong>de</strong><br />

Jésus, les membres du clergé haïssai<strong>en</strong>t la lumière<br />

qui dévoilait leurs péchés. <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu, norme <strong>de</strong><br />

la justice, une fois supprimée, et leur pouvoir<br />

illimité assuré, ils se livrai<strong>en</strong>t au vice sans aucune<br />

ret<strong>en</strong>ue. <strong>La</strong> frau<strong>de</strong>, l'avarice et la dissolution<br />

prévalai<strong>en</strong>t. Pour parv<strong>en</strong>ir à la fortune ou aux<br />

dignités, on ne reculait <strong>de</strong>vant aucun crime. <strong>Le</strong>s<br />

94


palais <strong><strong>de</strong>s</strong> papes et <strong><strong>de</strong>s</strong> prélats étai<strong>en</strong>t les témoins<br />

<strong>de</strong> répugnantes scènes <strong>de</strong> débauche. Certains<br />

pontifes s'adonnai<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes tellem<strong>en</strong>t odieux<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> souverains, les jugeant trop vils pour être<br />

tolérés, t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> les déposer. P<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles, l'Europe ne fit aucun progrès dans les<br />

sci<strong>en</strong>ces, les arts et la civilisation. <strong>La</strong> chréti<strong>en</strong>té<br />

était frappée moralem<strong>en</strong>t et intellectuellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

paralysie.<br />

<strong>La</strong> condition du mon<strong>de</strong> sous le sceptre <strong>de</strong><br />

Rome prés<strong>en</strong>tait un accomplissem<strong>en</strong>t à la fois<br />

frappant et terrible <strong>de</strong> ces paroles du prophète Osée<br />

: « Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la<br />

connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance,<br />

je te rejetterai, et tu seras dépouillé <strong>de</strong> mon<br />

sacerdoce; puisque tu as oublié la loi <strong>de</strong> ton Dieu,<br />

j'oublierai aussi tes <strong>en</strong>fants. » « Il n'y a point <strong>de</strong><br />

vérité, point <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>, point <strong>de</strong> connaissance<br />

<strong>de</strong> Dieu dans le pays. Il n'y a que parjures et<br />

m<strong>en</strong>songes, assassinats, vols et adultères; on use <strong>de</strong><br />

viol<strong>en</strong>ce, on commet meurtre sur meurtre. » (Osée<br />

4.6,1,2). Telles étai<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la<br />

proscription <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

95


Chapitre 4<br />

<strong>Le</strong>s Vaudois du Piémont<br />

<strong>Le</strong>s ténèbres qui régnèr<strong>en</strong>t sur la terre au cours<br />

<strong>de</strong> la longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la suprématie papale ne<br />

réussir<strong>en</strong>t pas à éteindre complètem<strong>en</strong>t le flambeau<br />

<strong>de</strong> la vérité. Il y eut toujours <strong>de</strong> vrais croyants<br />

attachés à la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ, seul Médiateur<br />

<strong>en</strong>tre Dieu et les hommes, pr<strong>en</strong>ant les saintes<br />

Écritures pour leur unique règle <strong>de</strong> vie et<br />

sanctifiant le vrai jour <strong>de</strong> repos. Jamais on ne saura<br />

ce que le mon<strong>de</strong> doit à ces hommes. Dénoncés<br />

comme hérétiques, diffamés, leurs mobiles<br />

incriminés, leurs écrits dénigrés, mutilés et<br />

prohibés, ils <strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t inébranlables et<br />

conservèr<strong>en</strong>t la pureté <strong>de</strong> la foi pour <strong>en</strong> transmettre,<br />

<strong>de</strong> siècle <strong>en</strong> siècle, l'héritage sacré à la postérité.<br />

Écrite dans les cieux, l'histoire du peuple <strong>de</strong><br />

Dieu, au cours <strong>de</strong> cette sombre pério<strong>de</strong>, n'occupe<br />

que peu <strong>de</strong> place dans les annales humaines. On ne<br />

découvre guère l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ces chréti<strong>en</strong>s que<br />

96


dans les calomnies <strong>de</strong> leurs persécuteurs. <strong>La</strong><br />

tactique <strong>de</strong> Rome a été <strong>de</strong> supprimer toute trace <strong>de</strong><br />

diverg<strong>en</strong>ce d'avec ses doctrines et ses décrets. Tout<br />

ce qui était hérétique – qu'il s'agît <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes ou<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> écrits – <strong>de</strong>vait disparaître. L'expression d'un<br />

doute touchant l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> dogmes romains,<br />

coûtait la vie aux riches comme aux pauvres, aux<br />

grands comme aux petits. Rome s'est égalem<strong>en</strong>t<br />

efforcée d'effacer le souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> ses cruautés<br />

<strong>en</strong>vers les dissid<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s conciles ont condamné<br />

aux flammes les livres et les docum<strong>en</strong>ts qui <strong>en</strong><br />

cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t le récit. Avant l'inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong><br />

l'imprimerie, les livres étant peu nombreux et d'un<br />

format volumineux, la Curie n'a pas eu beaucoup<br />

<strong>de</strong> peine à exécuter son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein.<br />

Aucune Église se trouvant dans les limites <strong>de</strong> la<br />

juridiction <strong>de</strong> Rome n'a pu jouir longtemps <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce. Aussitôt qu'elle a été <strong>en</strong><br />

possession du pouvoir, la papauté s'est empressée<br />

<strong>de</strong> supprimer tout ce qui résistait à son autorité,<br />

aussi les Églises, l'une après l'autre, se soumir<strong>en</strong>telles<br />

à son sceptre.<br />

97


En Gran<strong>de</strong>-Bretagne, où le christianisme s'était<br />

implanté très tôt, la foi <strong><strong>de</strong>s</strong> Bretons n'était pas<br />

<strong>en</strong>tachée d'apostasie. Sous les empereurs paï<strong>en</strong>s, la<br />

persécution qui atteignit ces rives lointaines fut le<br />

seul don que les premières églises britanniques<br />

reçur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Rome. Un grand nombre <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s<br />

fuyant la persécution qui faisait rage <strong>en</strong> Angleterre<br />

trouvèr<strong>en</strong>t un refuge <strong>en</strong> Écosse; portée <strong>de</strong> là <strong>en</strong><br />

Irlan<strong>de</strong>, la vérité fut reçue partout avec joie.<br />

Quand les Saxons <strong>en</strong>vahir<strong>en</strong>t l'Angleterre, le<br />

paganisme y re<strong>de</strong>vint la religion dominante. <strong>Le</strong>s<br />

conquérants, refusant <strong>de</strong> se laisser instruire par<br />

leurs esclaves, les chréti<strong>en</strong>s dur<strong>en</strong>t s'<strong>en</strong>fuir dans les<br />

montagnes et dans les régions sauvages.<br />

Néanmoins, bi<strong>en</strong> que voilée pour un temps, la<br />

lumière continua <strong>de</strong> briller. Un siècle plus tard, ses<br />

rayons se répandai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'Écosse jusqu'aux<br />

contrées les plus éloignées. C'est d'Irlan<strong>de</strong> que<br />

partir<strong>en</strong>t le pieux Colomban et ses collaborateurs<br />

qui, réunissant autour d'eux les croyants dispersés<br />

sur l'île solitaire d'Iona, <strong>en</strong> Écosse, fir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cet<br />

<strong>en</strong>droit le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> leur activité missionnaire.<br />

Parmi ces évangélistes se trouvait un observateur<br />

98


du sabbat <strong>de</strong> l'Éternel qui fit connaître cette vérité<br />

autour <strong>de</strong> lui. De l'école d'Iona sortir<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missionnaires qui se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

Écosse et <strong>en</strong> Angleterre, mais <strong>en</strong> Allemagne, <strong>en</strong><br />

Suisse et même <strong>en</strong> Italie.<br />

Mais Rome, qui avait les yeux sur l'Angleterre,<br />

résolut <strong>de</strong> la soumettre à son autorité. Au sixième<br />

siècle, ses <strong>en</strong>voyés, ayant <strong>en</strong>trepris la conversion<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Saxons paï<strong>en</strong>s, fur<strong>en</strong>t accueillis favorablem<strong>en</strong>t<br />

par ces orgueilleux barbares qui embrassèr<strong>en</strong>t la foi<br />

romaine par milliers. <strong>Le</strong>ur oeuvre progressant, les<br />

messagers du pape et leurs convertis <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

contact avec les chréti<strong>en</strong>s primitifs, qui<br />

prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t avec eux un contraste frappant. Ils<br />

étai<strong>en</strong>t simples, humbles, scripturaires dans leur foi<br />

et dans leur vie, tandis que les premiers faisai<strong>en</strong>t<br />

étalage <strong>de</strong> la superstition, la pompe et l'arrogance<br />

<strong>de</strong> la papauté. L'émissaire <strong>de</strong> Rome somma ces<br />

églises <strong>de</strong> reconnaître l'autorité du souverain<br />

pontife; les Bretons répondir<strong>en</strong>t avec douceur que<br />

leur désir était d'aimer tous les hommes, mais que<br />

le pape n'ayant pas été institué le chef <strong>de</strong> l'Église,<br />

ils ne pouvai<strong>en</strong>t lui reconnaître que <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

99


égaux à ceux <strong>de</strong> tout disciple du Christ. L'ordre<br />

ayant été répété, ces humbles chréti<strong>en</strong>s, stupéfaits<br />

<strong>de</strong> l'orgueil dont faisai<strong>en</strong>t preuve les représ<strong>en</strong>tants<br />

<strong>de</strong> Rome, persistèr<strong>en</strong>t à répondre que Jésus-Christ<br />

était leur maître. Alors se manifesta le véritable<br />

esprit <strong>de</strong> la papauté. <strong>Le</strong> chef <strong>de</strong> la délégation<br />

romaine s'écria : « Si vous ne voulez pas recevoir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> frères qui vous apport<strong>en</strong>t la paix, vous subirez<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis qui vous apporteront la guerre. Si vous<br />

ne voulez pas annoncer avec nous aux Saxons le<br />

chemin <strong>de</strong> la vie, vous recevrez <strong>de</strong> leurs mains le<br />

coup <strong>de</strong> la mort. » (Merle d'Aubigné, Histoire <strong>de</strong> la<br />

réformation au XVIe siècle, liv. XVII, ch II.) Ces<br />

m<strong>en</strong>aces n'étai<strong>en</strong>t pas vaines. <strong>La</strong> viol<strong>en</strong>ce, l'intrigue<br />

et la frau<strong>de</strong> fur<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> oeuvre contre les<br />

témoins <strong>de</strong> la vérité évangélique jusqu'à ce que les<br />

églises d'Angleterre fuss<strong>en</strong>t détruites ou soumises à<br />

l'autorité du pape.<br />

Dans d'autres pays situés <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la<br />

juridiction <strong>de</strong> Rome, vivai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>s qui avai<strong>en</strong>t presque complètem<strong>en</strong>t<br />

échappé à l'apostasie papale. Entourés <strong>de</strong> paï<strong>en</strong>s,<br />

ils avai<strong>en</strong>t, au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, accepté quelques-<br />

100


unes <strong>de</strong> leurs erreurs; mais ils continuai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

considérer le saint Livre comme leur unique règle<br />

<strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> vie, et restai<strong>en</strong>t fidèles à bon nombre <strong>de</strong><br />

ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Ces chréti<strong>en</strong>s croyai<strong>en</strong>t à la<br />

perpétuité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, et observai<strong>en</strong>t le repos<br />

du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. On trouvait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises <strong>de</strong> ce type <strong>en</strong> Afrique c<strong>en</strong>trale et parmi les<br />

Arméni<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l'Asie Mineure.<br />

<strong>Le</strong>s Vaudois du Piémont sont les mieux connus<br />

parmi ceux qui résistèr<strong>en</strong>t aux séductions <strong>de</strong> Rome.<br />

C'est dans le pays même où la papauté avait établi<br />

le siège <strong>de</strong> son autorité qu'elle r<strong>en</strong>contra la<br />

résistance la plus ferme et la plus constante. <strong>Le</strong>s<br />

églises du Piémont maintinr<strong>en</strong>t leur indép<strong>en</strong>dance<br />

durant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles; mais le temps vint où Rome<br />

exigea leur soumission. Après une lutte stérile<br />

contre sa tyrannie, les chefs vaudois reconnur<strong>en</strong>t, à<br />

contrecoeur, la suprématie d'un pouvoir auquel le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier semblait r<strong>en</strong>dre hommage.<br />

Néanmoins, une minorité déterminée à rester fidèle<br />

à Dieu, et à conserver la pureté et la simplicité <strong>de</strong><br />

sa foi, refusa <strong>de</strong> reconnaître l'autorité du pape et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prélats. Une scission eut lieu. Des partisans <strong>de</strong><br />

101


l'anci<strong>en</strong>ne foi quittèr<strong>en</strong>t leur patrie alpestre et<br />

allèr<strong>en</strong>t porter ailleurs leur croyance; d'autres se<br />

réfugièr<strong>en</strong>t dans les cavernes <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes, où ils<br />

conservèr<strong>en</strong>t la liberté d'adorer Dieu.<br />

<strong>La</strong> foi pratiquée et <strong>en</strong>seignée p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles par les chréti<strong>en</strong>s vaudois formait un<br />

contraste frappant avec les erreurs <strong>de</strong> Rome. Elle<br />

était fondée sur la Parole <strong>de</strong> Dieu, source du vrai<br />

christianisme. Ces humbles paysans, vivant loin du<br />

mon<strong>de</strong>, dans leurs retraites sauvages, absorbés par<br />

le soin <strong>de</strong> leurs troupeaux et <strong>de</strong> leurs vignes,<br />

n'étai<strong>en</strong>t pas d'eux-mêmes parv<strong>en</strong>us à la vérité<br />

qu'ils opposai<strong>en</strong>t aux hérésies et aux dogmes <strong>de</strong><br />

l'Église apostate. Cette vérité n'était pas une<br />

acquisition réc<strong>en</strong>te. Ils l'avai<strong>en</strong>t héritée <strong>de</strong> leurs<br />

pères, et ils luttai<strong>en</strong>t pour conserver la foi <strong>de</strong><br />

l'Église apostolique, « la foi qui a été transmise aux<br />

saints une fois pour toutes ». (Ju<strong>de</strong> 3) L'Église du<br />

désert, et non l'orgueilleuse hiérarchie trônant dans<br />

la capitale du mon<strong>de</strong>, constituait la véritable Église<br />

du Christ, gardi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la précieuse vérité confiée<br />

au peuple <strong>de</strong> Dieu pour l'humanité.<br />

102


Quand Rome s'était séparée <strong>de</strong> la véritable<br />

Église, elle avait surtout obéi à sa haine pour le<br />

sabbat <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Conformém<strong>en</strong>t à la prophétie,<br />

la puissance papale avait jeté la vérité par terre. <strong>La</strong><br />

loi <strong>de</strong> Dieu avait été foulée aux pieds et les<br />

traditions et coutumes <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes avai<strong>en</strong>t été<br />

élevées à sa place. <strong>Le</strong>s églises qui admettai<strong>en</strong>t<br />

l'autorité du pape avai<strong>en</strong>t été <strong>de</strong> bonne heure<br />

contraintes d'honorer le dimanche. Environnés par<br />

l'erreur et la superstition, plusieurs <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu<br />

avai<strong>en</strong>t été si troublés que, tout <strong>en</strong> observant le<br />

sabbat, ils s'étai<strong>en</strong>t abst<strong>en</strong>us <strong>de</strong> travailler le<br />

dimanche. Mais cela ne satisfaisait pas la papauté;<br />

elle exigeait non seulem<strong>en</strong>t que le dimanche fût<br />

sanctifié, mais que le samedi fût profané, et elle<br />

dénonçait dans les termes les plus viol<strong>en</strong>ts ceux qui<br />

osai<strong>en</strong>t l'honorer. Ce n'est qu'<strong>en</strong> fuyant pour<br />

échapper à l'autorité <strong>de</strong> la papauté qu'il était<br />

possible d'obéir à la loi <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s Vaudois du Piémont fur<strong>en</strong>t parmi les<br />

premiers <strong>en</strong> Europe à possé<strong>de</strong>r une traduction <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures. (Voir App<strong>en</strong>dice a10) Des siècles<br />

avant la Réformation ils avai<strong>en</strong>t une Bible<br />

103


manuscrite <strong>en</strong> leur propre langue. Mais le fait qu'ils<br />

avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les mains le Livre <strong>de</strong> la vérité attira<br />

tout particulièrem<strong>en</strong>t sur eux la haine <strong>de</strong> la<br />

Babylone apostate <strong>de</strong> l'Apocalypse, et ce fut au<br />

péril <strong>de</strong> leur vie qu'ils se dressèr<strong>en</strong>t contre ses<br />

falsifications. Sous la pression d'une persécution<br />

prolongée, plusieurs, <strong>de</strong> guerre lasse, finir<strong>en</strong>t par<br />

abandonner peu à peu les grands principes <strong>de</strong> leur<br />

foi, tandis que d'autres restèr<strong>en</strong>t fidèlem<strong>en</strong>t attachés<br />

à la vérité. P<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles <strong>de</strong> ténèbres et<br />

d'apostasie, conservant leur foi <strong>en</strong> face <strong>de</strong><br />

l'opposition la plus féroce, ils refusèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

reconnaître la suprématie papale, dénoncèr<strong>en</strong>t le<br />

culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images comme une idolâtrie et<br />

observèr<strong>en</strong>t le vrai jour <strong>de</strong> repos. Bi<strong>en</strong> que<br />

poursuivis par l'épée <strong><strong>de</strong>s</strong> ducs <strong>de</strong> Savoie, et<br />

m<strong>en</strong>acés <strong><strong>de</strong>s</strong> bûchers <strong>de</strong> Rome, ils <strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t les<br />

inflexibles déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la Parole et <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

C'est à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> pics altiers <strong>de</strong> leurs montagnes<br />

– asile séculaire <strong><strong>de</strong>s</strong> opprimés et <strong><strong>de</strong>s</strong> persécutés –<br />

que les Vaudois trouvèr<strong>en</strong>t un lieu <strong>de</strong> refuge, et que<br />

la lumière <strong>de</strong> l'Évangile continua <strong>de</strong> briller au<br />

104


milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres du Moy<strong>en</strong> Age. C'est là que<br />

p<strong>en</strong>dant un millier d'années ces témoins <strong>de</strong> la vérité<br />

conservèr<strong>en</strong>t la foi primitive.<br />

Dieu avait ménagé à son peuple un sanctuaire<br />

grandiose qui cadrait parfaitem<strong>en</strong>t avec la vérité<br />

dont celui-ci avait le dépôt. Aux yeux <strong>de</strong> ces exilés,<br />

leurs montagnes étai<strong>en</strong>t un emblème <strong>de</strong><br />

l'inaltérable justice <strong>de</strong> Jéhovah. Montrant à leurs<br />

<strong>en</strong>fants la majesté immuable <strong>de</strong> leurs sommets, ils<br />

leur parlai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> « celui <strong>en</strong> qui il n'y a ni variation,<br />

ni ombre <strong>de</strong> changem<strong>en</strong>t », et dont la parole est<br />

aussi ferme que les collines éternelles.<br />

C'est la main du Tout-Puissant, leur disai<strong>en</strong>t-ils,<br />

qui a planté ces montagnes, et qui seule est capable<br />

<strong>de</strong> les ébranler. C'est lui aussi qui a établi sa loi<br />

comme base <strong>de</strong> son gouvernem<strong>en</strong>t dans le ciel et<br />

sur la terre. <strong>Le</strong> bras <strong>de</strong> l'homme peut s'abattre sur<br />

son semblable et lui ôter la vie; mais il serait aussi<br />

difficile à ce même bras <strong>de</strong> déraciner les<br />

montagnes et <strong>de</strong> les précipiter dans la mer que <strong>de</strong><br />

changer un iota ou un trait <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Jéhovah, ou<br />

<strong>de</strong> supprimer la moindre <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses laissées à<br />

105


ceux qui font Sa volonté. Il faut donc que votre<br />

attachem<strong>en</strong>t à Sa loi soit aussi inébranlable que les<br />

rochers.<br />

<strong>Le</strong>s monts qui <strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t leurs humbles<br />

vallées étai<strong>en</strong>t un témoignage perman<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

puissance créatrice <strong>de</strong> Dieu, et une assurance<br />

constante <strong>de</strong> ses soins. Aussi ces pèlerins<br />

appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t-ils à aimer les symboles sil<strong>en</strong>cieux <strong>de</strong><br />

la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Jéhovah. Ils ne se plaignai<strong>en</strong>t<br />

nullem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur pénible sort, et jamais ils ne se<br />

s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t seuls dans leurs sauvages solitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Ils<br />

remerciai<strong>en</strong>t Dieu <strong>de</strong> leur avoir préparé un asile<br />

contre la fureur et la cruauté <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, et<br />

appréciai<strong>en</strong>t le privilège <strong>de</strong> pouvoir adorer<br />

librem<strong>en</strong>t leur Créateur. Souv<strong>en</strong>t poursuivis par<br />

leurs <strong>en</strong>nemis, ils trouvai<strong>en</strong>t une sûre protection<br />

dans leurs montagnes. Du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> rochers<br />

inaccessibles, ils faisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> chants<br />

d'actions <strong>de</strong> grâces que les armées <strong>de</strong> Rome ne<br />

pouvai<strong>en</strong>t faire cesser.<br />

<strong>La</strong> piété <strong>de</strong> ces disciples du Christ était pure,<br />

simple, ferv<strong>en</strong>te. Ils attachai<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong> prix aux<br />

106


principes <strong>de</strong> la vérité qu'à <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons, à <strong><strong>de</strong>s</strong> terres,<br />

voire à leurs amis, à leurs par<strong>en</strong>ts, à leur propre vie.<br />

Et ils s'efforçai<strong>en</strong>t d'inculquer ces principes à la<br />

jeunesse. Dès leur âge le plus t<strong>en</strong>dre, les <strong>en</strong>fants<br />

acquérai<strong>en</strong>t la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes <strong>Le</strong>ttres, et<br />

appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à considérer comme sacrés les droits<br />

<strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu. Et comme les exemplaires du<br />

saint Livre étai<strong>en</strong>t rares, ils <strong>en</strong> gravai<strong>en</strong>t les paroles<br />

dans leur mémoire. Plusieurs pouvai<strong>en</strong>t répéter par<br />

coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> portions considérables <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong> et du<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t. Ils associai<strong>en</strong>t la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong><br />

Dieu non seulem<strong>en</strong>t aux cimes altières dont ils<br />

étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tourés, mais aussi aux <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong><br />

chaque jour, appr<strong>en</strong>ant à leurs <strong>en</strong>fants à être<br />

reconnaissants <strong>en</strong>vers Dieu, l'Auteur <strong><strong>de</strong>s</strong> bi<strong>en</strong>s dont<br />

ils jouissai<strong>en</strong>t.<br />

Si t<strong>en</strong>dres et affectueux que fuss<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts,<br />

ils aimai<strong>en</strong>t trop sagem<strong>en</strong>t leurs <strong>en</strong>fants pour les<br />

laisser s'accoutumer à une vie facile. Ces jeunes<br />

g<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t la perspective d'une vie d'épreuves et<br />

<strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>ts qui pouvait se terminer par le<br />

martyre. Dès leur <strong>en</strong>fance, ils étai<strong>en</strong>t accoutumés à<br />

<strong>en</strong>durer <strong><strong>de</strong>s</strong> privations et à se soumettre à l'autorité<br />

107


paternelle. Ils appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aussi très tôt à porter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

responsabilités, à ne parler qu'avec circonspection<br />

et à connaître la valeur du sil<strong>en</strong>ce. Une parole<br />

inconsidérée prononcée <strong>de</strong>vant leurs <strong>en</strong>nemis<br />

pouvait mettre <strong>en</strong> danger non seulem<strong>en</strong>t la vie <strong>de</strong><br />

celui qui la proférait, mais aussi celle <strong>de</strong> c<strong>en</strong>taines<br />

<strong>de</strong> ses frères, tant les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité,<br />

semblables à <strong><strong>de</strong>s</strong> loups affamés, poursuivai<strong>en</strong>t sans<br />

relâche ceux qui osai<strong>en</strong>t manifester librem<strong>en</strong>t leur<br />

foi.<br />

<strong>Le</strong>s Vaudois, ayant sacrifié à la vérité toute<br />

prospérité terrestre, <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t péniblem<strong>en</strong>t leur<br />

pain quotidi<strong>en</strong> au sol <strong>de</strong> leurs montagnes. Chaque<br />

pouce <strong>de</strong> terre cultivable jusque dans les combes et<br />

les ravins était utilisé. Une vie <strong>de</strong> stricte économie<br />

et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t faisait partie <strong>de</strong> l'éducation que<br />

recevai<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants comme unique héritage. On<br />

leur <strong>en</strong>seignait que, conformém<strong>en</strong>t aux <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong><br />

Dieu, la vie est une discipline, et qu'ils ne<br />

pouvai<strong>en</strong>t subv<strong>en</strong>ir à leurs besoins que par le<br />

travail personnel, la prévoyance, l'économie et la<br />

foi <strong>en</strong> Dieu. C'était un régime laborieux et pénible,<br />

mais sain et conv<strong>en</strong>ant à l'homme déchu : l'école<br />

108


voulue <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> son éducation et <strong>de</strong> son<br />

développem<strong>en</strong>t moral. Mais tout <strong>en</strong> accoutumant la<br />

jeunesse au travail et aux privations, on ne<br />

négligeait pas sa culture intellectuelle. On lui<br />

appr<strong>en</strong>ait que toutes ses facultés apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />

Dieu, et qu'il lui incombe <strong>de</strong> les développer <strong>en</strong> vue<br />

<strong>de</strong> son service.<br />

Par leur pureté et leur simplicité, les églises<br />

vaudoises rappelai<strong>en</strong>t l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> jours<br />

apostoliques. Rejetant l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> papes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prélats, elles ne reconnaissai<strong>en</strong>t comme leur règle<br />

suprême et infaillible que le texte <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures. Contrairem<strong>en</strong>t aux prêtres <strong>de</strong> Rome,<br />

leurs pasteurs suivai<strong>en</strong>t l'exemple du Maître qui<br />

était v<strong>en</strong>u « non pour être servi, mais pour servir ».<br />

Il paissait le troupeau <strong>de</strong> Dieu et le conduisai<strong>en</strong>t<br />

aux verts pâturages <strong>de</strong> Sa Parole. Loin <strong>de</strong> la pompe<br />

et <strong>de</strong> l'orgueil <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, on s'assemblait, non<br />

pas dans <strong><strong>de</strong>s</strong> temples luxueux ou dans <strong>de</strong><br />

magnifiques cathédrales, mais à l'ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> monts,<br />

dans quelque combe alpestre, ou <strong>en</strong>core, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong><br />

danger, dans quelque caverne <strong>de</strong> la montagne pour<br />

y écouter la parole <strong>de</strong> la vérité. <strong>Le</strong> pasteur ne se<br />

109


cont<strong>en</strong>tait pas <strong>de</strong> prêcher l'Évangile, il visitait les<br />

mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, instruisait les <strong>en</strong>fants, repr<strong>en</strong>ait les égarés,<br />

s'efforçait d'aplanir les différ<strong>en</strong>ds et <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir la<br />

concor<strong>de</strong> et l'amour fraternel. En temps <strong>de</strong> paix, le<br />

barbe, comme on l'appelait, était <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u par les<br />

offran<strong><strong>de</strong>s</strong> volontaires <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles; mais, comme<br />

Paul, le faiseur <strong>de</strong> t<strong>en</strong>tes, il appr<strong>en</strong>ait quelque<br />

métier ou profession pour subv<strong>en</strong>ir, le cas échéant,<br />

à ses propres besoins.<br />

<strong>Le</strong>s pasteurs servai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre d'instituteurs.<br />

Sans négliger les connaissances générales, ils<br />

donnai<strong>en</strong>t la première place à la Bible dans leur<br />

programme d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. On y appr<strong>en</strong>ait par coeur les<br />

évangiles <strong>de</strong> saint Matthieu et <strong>de</strong> saint Jean, ainsi<br />

que plusieurs épîtres. On s'y occupait aussi à copier<br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu. Certains manuscrits cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

cette Parole tout <strong>en</strong>tière; d'autres, seulem<strong>en</strong>t une<br />

partie, à laquelle ceux qui <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t capables<br />

ajoutai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> simples comm<strong>en</strong>taires. C'est ainsi que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> trésors <strong>de</strong> vérité sortai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'obscurité dans<br />

laquelle les avai<strong>en</strong>t si longtemps maint<strong>en</strong>us ceux<br />

qui cherchai<strong>en</strong>t à s'élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Dieu.<br />

110


Par un travail inlassable, accompli parfois dans<br />

<strong>de</strong> profon<strong><strong>de</strong>s</strong> et sombres cavernes et à la lumière<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> torches, l'Écriture sainte était transcrite, verset<br />

par verset, chapitre par chapitre, et la vérité<br />

révélée, plus étincelante que l'or le plus pur, brillait<br />

d'un éclat accru par les épreuves que ces vaillants<br />

ouvriers avai<strong>en</strong>t subies pour elle.<br />

Satan avait inspiré à la papauté la p<strong>en</strong>sée<br />

d'<strong>en</strong>fouir la vérité sous les décombres <strong>de</strong> l'erreur et<br />

<strong>de</strong> la superstition; au lieu <strong>de</strong> cela, elle fut, au cours<br />

<strong>de</strong> ces longs siècles <strong>de</strong> ténèbres, miraculeusem<strong>en</strong>t<br />

conservée dans son intégrité, portant non pas le<br />

sceau <strong>de</strong> l'homme, mais celui <strong>de</strong> Dieu.<br />

On s'est efforcé d'obscurcir le s<strong>en</strong>s clair et<br />

simple <strong>de</strong> l'Écriture, et <strong>de</strong> la mettre <strong>en</strong> contradiction<br />

avec elle-même. Mais, comme l'arche <strong>de</strong> Noé sur<br />

les flots irrités, la Parole <strong>de</strong> Dieu se rit <strong><strong>de</strong>s</strong> orages<br />

qui s'acharn<strong>en</strong>t contre elle. Comme une mine dont<br />

les riches filons d'or et d'arg<strong>en</strong>t se cach<strong>en</strong>t dans les<br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la terre, obligeant tous ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre possession à creuser<br />

péniblem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> même les livres saints recèl<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

111


trésors qu'ils ne livr<strong>en</strong>t qu'à ceux qui les<br />

recherch<strong>en</strong>t avec ferveur, humilité et prière. Dieu a<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tiné les Écritures à être le manuel <strong>de</strong> l'humanité<br />

<strong>en</strong>tière, étudié dans l'<strong>en</strong>fance, dans l'adolesc<strong>en</strong>ce et<br />

dans l'âge mûr. Elles nous ont été données comme<br />

une révélation <strong>de</strong> Sa personne. Chaque vérité<br />

discernée jette un jour nouveau sur le caractère <strong>de</strong><br />

Son Auteur. L'étu<strong>de</strong> du saint Livre est le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

nous faire <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> communion plus intime avec<br />

notre Créateur et <strong>de</strong> nous donner une connaissance<br />

plus nette <strong>de</strong> Sa volonté. Elle sert <strong>de</strong> voie <strong>de</strong><br />

communication <strong>en</strong>tre Dieu et l'homme.<br />

Alors que les Vaudois considérai<strong>en</strong>t la crainte<br />

<strong>de</strong> l'Éternel comme le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

sagesse, ils ne méconnaissai<strong>en</strong>t pas, dans le<br />

développem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> facultés intellectuelles,<br />

l'importance <strong>de</strong> leurs relations avec le mon<strong>de</strong><br />

extérieur, <strong>de</strong> la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et <strong>de</strong> la<br />

vie active. Quelques jeunes g<strong>en</strong>s, <strong>en</strong>voyés <strong>de</strong> leurs<br />

écoles isolées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> universités <strong>de</strong> France et<br />

d'Italie, trouvai<strong>en</strong>t dans celles-ci un champ d'étu<strong>de</strong><br />

et <strong>de</strong> réflexion plus ét<strong>en</strong>du qu'au sein <strong>de</strong> leurs<br />

Alpes. Ils y <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> contact avec le vice et s'y<br />

112


trouvai<strong>en</strong>t exposés à <strong><strong>de</strong>s</strong> t<strong>en</strong>tations; les ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

l'Adversaire leur t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> pièges et leur<br />

suggérai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> subtiles hérésies. Mais leur<br />

éducation antérieure les avait préparés à sortir<br />

victorieusem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'épreuve.<br />

<strong>Le</strong>urs vêtem<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t confectionnés <strong>de</strong> façon<br />

à receler leur trésor le plus cher : les précieux<br />

manuscrits <strong>de</strong> l'Écriture, fruit <strong>de</strong> mois et d'années<br />

<strong>de</strong> labeur. Ils les portai<strong>en</strong>t toujours sur eux et,<br />

chaque fois qu'ils pouvai<strong>en</strong>t le faire sans éveiller<br />

les soupçons, ils <strong>en</strong> plaçai<strong>en</strong>t quelques fragm<strong>en</strong>ts<br />

chez ceux dont le coeur leur paraissait s'ouvrir à la<br />

vérité divine. Dans les écoles où ils se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t, ils<br />

ne pouvai<strong>en</strong>t avoir <strong>de</strong> confid<strong>en</strong>ts. Dès leur plus<br />

t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>fance, les jeunes Vaudois étai<strong>en</strong>t instruits<br />

à cet effet, et ils avai<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur<br />

mission, dont ils s'acquittai<strong>en</strong>t fidèlem<strong>en</strong>t. Aussi,<br />

<strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, assistait-on, dans ces universités, à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conversions à la vraie foi. Il arrivait même que<br />

les principes <strong>de</strong> la vérité se répandai<strong>en</strong>t dans l'école<br />

<strong>en</strong>tière, sans que les <strong>en</strong>quêtes les plus minutieuses<br />

fuss<strong>en</strong>t capables <strong>de</strong> révéler les fauteurs <strong>de</strong> l' «<br />

hérésie ».<br />

113


L'esprit <strong>de</strong> Jésus-Christ est un esprit<br />

missionnaire. <strong>Le</strong> premier désir d'un coeur régénéré<br />

est d'am<strong>en</strong>er d'autres âmes au Sauveur. Telle était<br />

l'aspiration <strong>de</strong> ces chréti<strong>en</strong>s. Ils savai<strong>en</strong>t que Dieu<br />

ne leur <strong>de</strong>mandait pas seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r intact<br />

dans leurs églises le dépôt <strong>de</strong> la vérité. Ils portai<strong>en</strong>t<br />

la responsabilité sol<strong>en</strong>nelle d'éclairer ceux qui<br />

croupissai<strong>en</strong>t dans les ténèbres. Aussi s'efforçai<strong>en</strong>tils,<br />

par la puissance <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> briser<br />

les chaînes que Rome avait forgées. <strong>Le</strong>s pasteurs<br />

vaudois étai<strong>en</strong>t appelés à être missionnaires : tout<br />

jeune homme qui aspirait aux fonctions pastorales<br />

<strong>de</strong>vait faire ses premières armes <strong>en</strong> qualité<br />

d'évangéliste. Avant <strong>de</strong> se voir confier la direction<br />

d'une église, il <strong>de</strong>vait travailler trois ans dans<br />

quelque champ missionnaire. Cette préparation, qui<br />

exigeait un esprit <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> sacrifice,<br />

était une bonne initiation à la vie pastorale, vie<br />

hérissée d'épreuves à cette époque. <strong>Le</strong>s jeunes g<strong>en</strong>s<br />

consacrés <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> ce ministère avai<strong>en</strong>t pour<br />

perspectives, non la fortune ou la gloire, mais une<br />

vie <strong>de</strong> fatigues et <strong>de</strong> dangers, avec l'év<strong>en</strong>tualité du<br />

martyre. Comme les disciples <strong>en</strong>voyés par Jésus,<br />

114


ces missionnaires partai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux. <strong>Le</strong> jeune<br />

débutant était généralem<strong>en</strong>t accompagné d'un<br />

homme d'âge mûr et d'expéri<strong>en</strong>ce chargé <strong>de</strong> son<br />

éducation. Ces collaborateurs n'étai<strong>en</strong>t pas toujours<br />

<strong>en</strong>semble, mais ils se r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t pour se<br />

consulter, pour prier et s'affermir mutuellem<strong>en</strong>t<br />

dans la foi.<br />

Dévoiler leur mission eût été courir au-<strong>de</strong>vant<br />

<strong>de</strong> la défaite. Aussi ces évangélistes, cachant avec<br />

soin leur objet, s'acquittai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur mandat sous le<br />

manteau protecteur d'un métier ou d'une<br />

profession. Généralem<strong>en</strong>t, ils se prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t<br />

comme marchands ambulants ou colporteurs. « Ils<br />

v<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la soie, <strong><strong>de</strong>s</strong> bijoux et d'autres articles<br />

que l'on ne pouvait alors se procurer que dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

c<strong>en</strong>tres éloignés. En leur qualité <strong>de</strong> marchands, ils<br />

recevai<strong>en</strong>t un accueil empressé là où ils aurai<strong>en</strong>t<br />

été repoussés comme missionnaires. » (Wylie,<br />

History of the Wald<strong>en</strong>ses, liv. I, ch. VII.) Ils<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t sans cesse à Dieu la sagesse<br />

nécessaire pour faire connaître un trésor plus<br />

précieux que l'or et les perles : le Livre <strong>de</strong> Dieu,<br />

dont ils portai<strong>en</strong>t secrètem<strong>en</strong>t sur eux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

115


exemplaires complets ou partiels. Lorsqu'ils <strong>en</strong><br />

avai<strong>en</strong>t l'occasion, ils attirai<strong>en</strong>t sur ces manuscrits<br />

l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> leurs cli<strong>en</strong>ts. Souv<strong>en</strong>t, ils faisai<strong>en</strong>t<br />

naître ainsi le désir <strong>de</strong> les lire, et ils <strong>en</strong> laissai<strong>en</strong>t<br />

joyeusem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> fragm<strong>en</strong>ts aux personnes qui le<br />

désirai<strong>en</strong>t.<br />

L'activité <strong>de</strong> ces missionnaires se déployait<br />

d'abord dans les plaines et les vallées avoisinant<br />

leurs montagnes; puis elle s'ét<strong>en</strong>dait bi<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là.<br />

Nu-pieds, simplem<strong>en</strong>t vêtus, à l'instar <strong>de</strong> leur<br />

Maître, et couverts <strong>de</strong> la poussière du chemin, ils<br />

traversai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes, et se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pays éloignés, semant partout la précieuse<br />

graine <strong>de</strong> l'Évangile. Sur leurs pas surgissai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises, et le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs r<strong>en</strong>dait témoignage à<br />

la vérité. Voilée et sil<strong>en</strong>cieuse, la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

traversait la chréti<strong>en</strong>té et trouvait un accueil<br />

chaleureux dans bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers et dans bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

coeurs. Au jour <strong>de</strong> Dieu on verra une abondante<br />

moisson d'âmes comme fruit <strong>de</strong> ces travaux.<br />

<strong>Le</strong>s Vaudois du Piémont trouvai<strong>en</strong>t dans les<br />

Écritures non seulem<strong>en</strong>t la relation <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong><br />

116


Dieu parmi les hommes et la révélation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

responsabilités et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> l'heure prés<strong>en</strong>te<br />

mais aussi l'annonce <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers et <strong><strong>de</strong>s</strong> gloires à<br />

v<strong>en</strong>ir. Convaincus <strong>de</strong> l'immin<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la fin du<br />

mon<strong>de</strong>, ils étudiai<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong> Dieu avec prières<br />

et avec larmes, et étai<strong>en</strong>t toujours plus pénétrés <strong>de</strong><br />

l'importance <strong>de</strong> ses précieuses déclarations, et<br />

déterminés à faire connaître à d'autres ses vérités<br />

salutaires. Ils voyai<strong>en</strong>t dans ses pages un clair<br />

exposé du plan du salut et puisai<strong>en</strong>t dans leur foi <strong>en</strong><br />

Jésus la consolation, l'espérance et la paix. Aussi<br />

aspirai<strong>en</strong>t-ils à faire respl<strong>en</strong>dir dans l'esprit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

victimes <strong>de</strong> l'erreur la lumière qui illuminait leur<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et réjouissait leurs coeurs.<br />

À l'école du pape et <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres, <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

s'efforçai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain d'obt<strong>en</strong>ir le pardon <strong>de</strong> leurs<br />

péchés par <strong><strong>de</strong>s</strong> mortifications. Comme on leur avait<br />

appris à chercher la paix <strong>de</strong> leur âme dans les<br />

bonnes oeuvres, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur péché et la<br />

crainte <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu les poussai<strong>en</strong>t à<br />

viol<strong>en</strong>ter leur corps et leur esprit, sans jamais<br />

trouver le moindre soulagem<strong>en</strong>t. Nombreux étai<strong>en</strong>t<br />

ceux qui abandonnai<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>ts et amis pour aller<br />

117


terminer leurs jours dans un couv<strong>en</strong>t. Par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jeûnes répétés, <strong>de</strong> cruelles flagellations, <strong>de</strong> longs<br />

prosternem<strong>en</strong>ts sur les dalles <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> leur<br />

cellule, par <strong>de</strong> lointains pèlerinages ou<br />

d'humiliantes pénit<strong>en</strong>ces allant jusqu'à la torture,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> milliers essayai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain d'obt<strong>en</strong>ir la paix <strong>de</strong><br />

l'âme. Accablés par le souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> leurs péchés,<br />

tremblants à la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu, un<br />

grand nombre d'<strong>en</strong>tre eux, à bout <strong>de</strong> force,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t dans la tombe sans un seul rayon<br />

d'espérance.<br />

À ces coeurs affamés, les Vaudois languissai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> rompre le pain <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> montrer les messages<br />

<strong>de</strong> paix r<strong>en</strong>fermés dans la Parole <strong>de</strong> Dieu, pour les<br />

conduire à Jésus, leur unique espérance <strong>de</strong> salut. Ils<br />

voyai<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t la fausseté <strong>de</strong> la doctrine selon<br />

laquelle les bonnes oeuvres peuv<strong>en</strong>t expier les<br />

transgressions <strong>de</strong> la loi divine. Se reposer sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mérites humains, c'était voiler l'amour infini <strong>de</strong><br />

celui qui est mort pour nous. Si Jésus s'est offert <strong>en</strong><br />

sacrifice, c'est parce que notre race déchue ne peut<br />

ri<strong>en</strong> faire qui la recomman<strong>de</strong> aux yeux <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s mérites d'un Sauveur crucifié et ressuscité<br />

118


form<strong>en</strong>t la base <strong>de</strong> la foi chréti<strong>en</strong>ne.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'Église avai<strong>en</strong>t dépeint<br />

Dieu et son Fils comme <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres durs, sombres,<br />

inaccessibles. Selon cette doctrine, le Sauveur a si<br />

peu <strong>de</strong> sympathie pour l'être humain que nous<br />

sommes réduits à avoir recours à la médiation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prêtres et <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. Aussi ces messagers éclairés<br />

par la Parole <strong>de</strong> Dieu brûlai<strong>en</strong>t-ils du désir <strong>de</strong> faire<br />

connaître un Sauveur compatissant dont les bras<br />

ouverts invit<strong>en</strong>t le pécheur à lui apporter son<br />

far<strong>de</strong>au, ses soucis, sa lassitu<strong>de</strong>. Ils avai<strong>en</strong>t hâte<br />

d'<strong>en</strong>lever les obstacles accumulés par Satan pour<br />

empêcher les hommes d'aller à Dieu directem<strong>en</strong>t<br />

pour lui confesser leurs péchés et obt<strong>en</strong>ir le pardon<br />

et la paix.<br />

Aussi avec quel empressem<strong>en</strong>t le missionnaire<br />

vaudois dévoilait-il aux âmes angoissées les<br />

consolantes vérités <strong>de</strong> l'Évangile! Pru<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t il<br />

leur lisait les précieux manuscrits <strong>de</strong> l'Écriture. Sa<br />

plus gran<strong>de</strong> joie était <strong>de</strong> faire briller l'étoile <strong>de</strong><br />

l'espérance dans <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs qui ne connaissai<strong>en</strong>t<br />

qu'un Dieu vindicatif et impitoyable. <strong>Le</strong>s lèvres<br />

119


tremblantes et les yeux humi<strong><strong>de</strong>s</strong> d'émotion,<br />

quelquefois à g<strong>en</strong>oux, il parlait à ses frères <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

douces promesses d'espérance. <strong>La</strong> lumière <strong>de</strong> la<br />

vérité <strong>en</strong>trait ainsi dans bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, rayons<br />

bi<strong>en</strong>faisants du soleil <strong>de</strong> justice dissipant<br />

l'obscurité. Souv<strong>en</strong>t l'auditeur, voulant se<br />

convaincre qu'il avait bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, invitait le<br />

missionnaire à relire plusieurs fois certaines<br />

portions <strong>de</strong> l'Écriture. On aimait tout spécialem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre répéter ces passages : « <strong>Le</strong> sang <strong>de</strong> Jésus,<br />

son Fils, nous purifie <strong>de</strong> tout péché. » (1 Jean 1.7)<br />

« Et comme Moïse éleva le serp<strong>en</strong>t dans le désert,<br />

il faut <strong>de</strong> même que le Fils <strong>de</strong> l'homme soit élevé,<br />

afin que quiconque croit <strong>en</strong> lui ait la vie éternelle. »<br />

(Jean 3.14,15)<br />

Plusieurs compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t la véritable nature <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prét<strong>en</strong>tions <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong> voyant l'inutilité <strong>de</strong> la<br />

médiation <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>en</strong> faveur du pécheur. À<br />

mesure que la lumière se levait sur eux, ils<br />

s'écriai<strong>en</strong>t avec allégresse : « Jésus-Christ est mon<br />

prêtre; son sang est mon sacrifice; son autel est<br />

mon confessionnal! » Plaçant toute leur confiance<br />

dans les mérites du Sauveur, ils répétai<strong>en</strong>t : « Sans<br />

120


la foi il est impossible <strong>de</strong> lui être agréable. »<br />

(Hébreux 11.6) « Il n'y a sous le ciel aucun autre<br />

nom qui ait été donné parmi les hommes, par<br />

lequel nous <strong>de</strong>vions être sauvés. » (Actes 4.12)<br />

À quelques âmes battues par la tempête, la<br />

certitu<strong>de</strong> d'être aimées du Sauveur semblait trop<br />

belle. <strong>La</strong> joie qu'elle leur apportait les inondait d'un<br />

tel flot <strong>de</strong> lumière qu'elles se croyai<strong>en</strong>t transportées<br />

au ciel. Toute crainte <strong>de</strong> la mort avait disparu. Elles<br />

mettai<strong>en</strong>t avec confiance leur main dans celle du<br />

Seigneur et posai<strong>en</strong>t avec assurance leurs pieds sur<br />

le Rocher <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. Elles pouvai<strong>en</strong>t désormais,<br />

s'il le fallait pour glorifier le nom <strong>de</strong> leur<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur, affronter avec joie la prison et le<br />

bûcher.<br />

<strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu faisait son oeuvre dans<br />

l'ombre. On la lisait <strong>en</strong> secret, parfois à une seule<br />

personne, parfois <strong>de</strong>vant un petit groupe affamé <strong>de</strong><br />

lumière et <strong>de</strong> vérité; on passait souv<strong>en</strong>t la nuit<br />

<strong>en</strong>tière à la méditer. L'étonnem<strong>en</strong>t et l'admiration<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> auditeurs étai<strong>en</strong>t si grands que le lecteur <strong>de</strong>vait<br />

quelquefois interrompre sa lecture jusqu'à ce qu'on<br />

121


eût bi<strong>en</strong> saisi la bonne nouvelle du salut. Il arrivait<br />

souv<strong>en</strong>t au missionnaire d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

exclamations comme celles-ci : « Dieu<br />

m'acceptera-t-il réellem<strong>en</strong>t comme son <strong>en</strong>fant? Me<br />

sourira-t-il à moi? Me pardonnera-t-il à moi? » Et<br />

la Parole répondait : « V<strong>en</strong>ez à moi, vous tous qui<br />

êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du<br />

repos. » (Matthieu 11.28)<br />

Par la foi, l'auditeur s'emparait <strong>de</strong> la promesse<br />

et s'écriait joyeusem<strong>en</strong>t : « Plus <strong>de</strong> pèlerinages;<br />

plus <strong>de</strong> longs voyages aux lieux saints! Tel que je<br />

suis, pécheur et impur, je puis aller à Jésus, assuré<br />

qu'il ne refuse pas la prière <strong>de</strong> l'âme rep<strong>en</strong>tante! Il<br />

me dira : Tes péchés sont pardonnés! Mes péchés,<br />

oui les mi<strong>en</strong>s, peuv<strong>en</strong>t être pardonnés! »<br />

<strong>Le</strong>s on<strong><strong>de</strong>s</strong> d'une joie sacrée faisant alors<br />

palpiter les coeurs, le nom <strong>de</strong> Jésus était glorifié<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> louanges et <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> grâces. Heureux,<br />

les g<strong>en</strong>s r<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t chez eux pour raconter <strong>de</strong> leur<br />

mieux à leur <strong>en</strong>tourage comm<strong>en</strong>t ils avai<strong>en</strong>t trouvé<br />

le vrai chemin. Une puissance étrange et sol<strong>en</strong>nelle<br />

se dégageait <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures : c'était la voix <strong>de</strong><br />

122


Dieu qui portait la conviction dans les coeurs <strong>de</strong><br />

ceux qui soupirai<strong>en</strong>t après la vérité.<br />

<strong>Le</strong> messager <strong>de</strong> Jésus-Christ continuait alors sa<br />

route. Son humble appar<strong>en</strong>ce, sa sincérité et sa<br />

ferveur faisai<strong>en</strong>t le sujet <strong>de</strong> la conversation <strong>de</strong> ses<br />

auditeurs qui, bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, ne lui avai<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>de</strong>mandé d'où il v<strong>en</strong>ait, ni où il allait. Ils avai<strong>en</strong>t été<br />

d'abord si étonnés, puis si débordants <strong>de</strong><br />

reconnaissance et <strong>de</strong> joie, qu'ils n'avai<strong>en</strong>t pas songé<br />

à l'interroger. Et quand ils l'avai<strong>en</strong>t sollicité <strong>de</strong> les<br />

accompagner chez eux, l'ambassa<strong>de</strong>ur du Christ<br />

avait répondu qu'il <strong>de</strong>vait vi<strong>site</strong>r les brebis perdues<br />

du troupeau. Et l'on se <strong>de</strong>mandait si ce n'était pas<br />

un ange du ciel.<br />

Il arrivait fréquemm<strong>en</strong>t qu'on ne revoyait plus<br />

l'étranger. Il s'était r<strong>en</strong>du dans un autre pays; ou il<br />

terminait ses jours dans quelque prison inconnue;<br />

ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core, ses ossem<strong>en</strong>ts blanchissai<strong>en</strong>t à<br />

l'<strong>en</strong>droit où il avait r<strong>en</strong>du témoignage à la vérité.<br />

Mais il était impossible <strong>de</strong> détruire les paroles qu'il<br />

avait semées sur son passage; elles faisai<strong>en</strong>t leur<br />

oeuvre dans les coeurs. <strong>Le</strong> jour du jugem<strong>en</strong>t seul<br />

123


<strong>en</strong> révélera tous les bi<strong>en</strong>heureux effets.<br />

<strong>Le</strong>s missionnaires vaudois <strong>en</strong>vahissai<strong>en</strong>t le<br />

royaume <strong>de</strong> Satan. <strong>Le</strong>s chefs <strong>de</strong> l'Église se<br />

r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t compte que ces humbles prédicateurs<br />

itinérants mettai<strong>en</strong>t leur cause <strong>en</strong> danger et, pour la<br />

sauver, ils excitèr<strong>en</strong>t les craintes <strong>de</strong> leurs ag<strong>en</strong>ts et<br />

les <strong>en</strong>gagèr<strong>en</strong>t à surveiller <strong>de</strong> plus près les activités<br />

<strong>de</strong> ces évangélistes. Si on laisse, disai<strong>en</strong>t-ils, <strong>de</strong><br />

telles erreurs se répandre librem<strong>en</strong>t, les g<strong>en</strong>s<br />

s'adresseront directem<strong>en</strong>t à Dieu, et, avec le temps,<br />

la suprématie <strong>de</strong> Rome s'effondrera.<br />

<strong>La</strong> prés<strong>en</strong>ce et l'activité <strong><strong>de</strong>s</strong> témoins <strong>de</strong><br />

l'anci<strong>en</strong>ne foi constituant pour Rome un défit<br />

perman<strong>en</strong>t, un viol<strong>en</strong>t orage <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong><br />

persécution se déchaîna contre eux. <strong>Le</strong>ur refus <strong>de</strong><br />

r<strong>en</strong>oncer aux saintes Écritures était une injure que<br />

Rome ne pouvait laisser impunie. Elle résolut <strong>de</strong><br />

les extirper <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la face <strong>de</strong> la terre. Alors se<br />

déchaînèr<strong>en</strong>t contre le peuple <strong>de</strong> Dieu caché dans<br />

les montagnes une série d'atroces croisa<strong><strong>de</strong>s</strong>. Des<br />

inqui<strong>site</strong>urs y fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés, et l'on vit se répéter<br />

la scène <strong>de</strong> l'innoc<strong>en</strong>t Abel tombant sous les coups<br />

124


<strong>de</strong> Caïn. À plusieurs reprises, les terres fertiles <strong>de</strong><br />

cette population innoc<strong>en</strong>te et industrieuse fur<strong>en</strong>t<br />

réduites <strong>en</strong> désert; ses chapelles fur<strong>en</strong>t démolies et<br />

ses foyers anéantis. De même que la vue du sang<br />

excite la rage au fauve, la fureur <strong><strong>de</strong>s</strong> persécuteurs<br />

s'alim<strong>en</strong>tait <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances mêmes <strong>de</strong> leurs<br />

victimes. <strong>Le</strong>s témoins <strong>de</strong> la foi fur<strong>en</strong>t poursuivis et<br />

traqués à travers monts et vallées, au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts<br />

et dans les cavernes <strong><strong>de</strong>s</strong> rochers où ils s'étai<strong>en</strong>t<br />

réfugiés. Aucune accusation ne pouvait être portée<br />

contre ces proscrits. <strong>Le</strong>urs <strong>en</strong>nemis mêmes les<br />

qualifiai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s paisibles et pieux. <strong>Le</strong>ur crime<br />

était <strong>de</strong> ne pas servir Dieu au gré du pape. Et pour<br />

cette seule raison, ils fur<strong>en</strong>t abreuvés <strong>de</strong> toutes les<br />

humiliations, <strong>de</strong> toutes les injures et <strong>de</strong> toutes les<br />

tortures que les hommes et les démons pur<strong>en</strong>t<br />

inv<strong>en</strong>ter.<br />

Résolue d'<strong>en</strong> finir avec la secte abhorrée, Rome<br />

avait lancé contre elle une bulle qui <strong>en</strong> qualifiait les<br />

membres d'hérétiques et les vouait à<br />

l'extermination. (Voir App<strong>en</strong>dice a11) On ne leur<br />

reprochait ni indol<strong>en</strong>ce, ni improbité, ni désordre;<br />

on déclarait au contraire qu'ils avai<strong>en</strong>t une<br />

125


appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> piété et <strong>de</strong> sainteté propre à « séduire<br />

les brebis du vrai bercail. » En conséqu<strong>en</strong>ce, le<br />

pape décrétait « que si cette secte pernicieuse et<br />

abominable refusait d'abjurer, elle serait écrasée<br />

comme un serp<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>imeux ». (Wylie, ouv, cité,<br />

liv. XVI, ch. I.) <strong>Le</strong> hautain pontife ne savait-il pas<br />

que ses paroles étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registrées dans les livres<br />

du ciel, et qu'il <strong>de</strong>vrait <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte au jour du<br />

jugem<strong>en</strong>t? « Toutes les fois que vous avez fait ces<br />

choses à l'un <strong>de</strong> ces plus petits <strong>de</strong> mes frères, c'est à<br />

moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25.40)<br />

Cette bulle invitait tous les fidèles à pr<strong>en</strong>dre<br />

part à la croisa<strong>de</strong> contre les hérétiques. Pour<br />

<strong>en</strong>courager chacun à prêter son concours à cette<br />

cruelle <strong>en</strong>treprise, elle « absolvait <strong>de</strong> toute peine<br />

ecclésiastique, générale ou particulière, et<br />

dégageait <strong>de</strong> tout serm<strong>en</strong>t ceux qui y<br />

participerai<strong>en</strong>t; elle légitimait le titre <strong>de</strong> toute<br />

propriété illégalem<strong>en</strong>t acquise et promettait la<br />

rémission <strong>de</strong> tous leurs péchés à ceux qui<br />

réussirai<strong>en</strong>t à tuer un hérétique. Elle annulait tout<br />

contrat favorable aux Vaudois, ordonnait à leurs<br />

domestiques <strong>de</strong> les abandonner, déf<strong>en</strong>dait <strong>de</strong> leur<br />

126


<strong>en</strong>dre le moindre service et autorisait chacun à<br />

s'emparer <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s. » Ce docum<strong>en</strong>t révèle<br />

clairem<strong>en</strong>t l'esprit <strong>de</strong> son auteur. On y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d non<br />

pas la voix du Christ mais le rugissem<strong>en</strong>t du<br />

dragon.<br />

Refusant <strong>de</strong> se conformer à la Loi <strong>de</strong> Dieu, les<br />

chefs <strong>de</strong> l'Église érigeai<strong>en</strong>t une morale à leur<br />

conv<strong>en</strong>ance, morale <strong>de</strong>vant laquelle chacun <strong>de</strong>vait<br />

s'incliner, parce que tel était le bon plaisir <strong>de</strong><br />

Rome. Aussi les tragédies les plus horribles se<br />

déroulèr<strong>en</strong>t-elles. Une hiérarchie corrompue et<br />

blasphématoire jouait le rôle que Satan lui avait<br />

assigné. Toute miséricor<strong>de</strong> disparut. L'esprit qui<br />

avait fait crucifier le Christ et mourir les apôtres,<br />

l'esprit qui poussa Néron à sévir contre les<br />

chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> son temps, s'acharnait à anéantir les<br />

bi<strong>en</strong>-aimés <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s persécutions dont ce peuple pieux fut<br />

victime <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, fur<strong>en</strong>t supportées avec<br />

une pati<strong>en</strong>ce et une constance qui glorifièr<strong>en</strong>t son<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur. En dépit d'atroces croisa<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

massacres, les Vaudois continuèr<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>voyer<br />

127


dans le mon<strong>de</strong> leurs missionnaires pour y répandre<br />

le précieux message qu'ils arrosai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur sang.<br />

Et la sem<strong>en</strong>ce portait <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits. C'est ainsi que les<br />

Vaudois témoignèr<strong>en</strong>t pour Dieu plusieurs siècles<br />

avant la naissance <strong>de</strong> Luther. Dispersés <strong>en</strong><br />

plusieurs pays, ils jetèr<strong>en</strong>t les bases d'une Réforme<br />

qui, comm<strong>en</strong>cée aux jours <strong>de</strong> Wiclef, gagna <strong>en</strong><br />

ét<strong>en</strong>due et <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur aux jours <strong>de</strong> Luther et<br />

<strong>de</strong>vra se poursuivre jusqu'à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Cette<br />

oeuvre sera accomplie par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes disposés,<br />

eux aussi, à tout <strong>en</strong>durer pour la « Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

et le témoignage <strong>de</strong> Jésus ». (Apocalypse 1.9)<br />

128


Chapitre 5<br />

Jean Wiclef<br />

Avant la Réforme, les exemplaires <strong>de</strong> l'Écriture<br />

sainte étai<strong>en</strong>t rares. Mais Dieu ne permit pas que<br />

Sa Parole disparût. Ce trésor ne <strong>de</strong>vait pas rester<br />

<strong>en</strong>foui. L'auteur <strong>de</strong> cette Parole pouvait la faire<br />

sortir <strong>de</strong> l'obscurité tout aussi facilem<strong>en</strong>t qu'il<br />

ouvrait les portes <strong><strong>de</strong>s</strong> cachots ou brisait les<br />

barreaux <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons où languissai<strong>en</strong>t Ses <strong>en</strong>fants<br />

fidèles. Dans plusieurs pays, d'aucuns cherchai<strong>en</strong>t<br />

la vérité comme on cherche <strong><strong>de</strong>s</strong> perles. Ils fur<strong>en</strong>t<br />

dirigés provid<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t vers l'Écriture sainte et<br />

ils <strong>en</strong> scrutèr<strong>en</strong>t les pages avec le plus grand soin,<br />

bi<strong>en</strong> décidés à y trouver la lumière. Ils parvinr<strong>en</strong>t<br />

peu à peu à discerner <strong>de</strong> nombreuses vérités<br />

oubliées <strong>de</strong>puis longtemps. Dev<strong>en</strong>us <strong><strong>de</strong>s</strong> messagers<br />

<strong>de</strong> Dieu, ces hommes s'efforcèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> briser les<br />

chaînes <strong>de</strong> l'erreur et <strong>de</strong> la superstition. Ils<br />

invitai<strong>en</strong>t les captifs à faire valoir leur droit à la<br />

liberté.<br />

129


En <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> vallées vaudoises, la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu avait été comme figée dans une langue que<br />

seuls les savants connaissai<strong>en</strong>t. Mais le mom<strong>en</strong>t<br />

était v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> la traduire <strong>en</strong> langue vulgaire pour la<br />

mettre à la portée <strong>de</strong> tous. <strong>La</strong> nuit allait bi<strong>en</strong>tôt<br />

disparaître. L<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, les ténèbres se dissipai<strong>en</strong>t,<br />

et, dans plusieurs pays, on voyait déjà les<br />

premières lueurs <strong>de</strong> l'aurore.<br />

Au quatorzième siècle naissait <strong>en</strong> Angleterre<br />

Jean Wiclef, « l'étoile <strong>de</strong> la Réforme ». Son<br />

témoignage ret<strong>en</strong>tit non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne, mais au sein <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té tout <strong>en</strong>tière.<br />

Sa puissante protestation contre Rome ne <strong>de</strong>vait<br />

jamais être oubliée. Ce fut le signal d'une lutte qui<br />

aboutit à l'émancipation <strong><strong>de</strong>s</strong> individus, <strong><strong>de</strong>s</strong> églises<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> nations.<br />

Bi<strong>en</strong> qu'ayant reçu une éducation libérale,<br />

Wiclef regardait la crainte <strong>de</strong> Dieu comme le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sagesse. Au collège déjà, il<br />

s'était fait remarquer autant par la ferveur <strong>de</strong> sa<br />

piété que par sa sci<strong>en</strong>ce. Sa soif <strong>de</strong> connaissances<br />

le poussa à embrasser toutes les branches d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

130


Versé dans la philosophie scolastique, il put <strong>en</strong><br />

dévoiler les erreurs, et ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> du droit canon et<br />

du droit civil le préparèr<strong>en</strong>t à lutter vaillamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> la liberté civile et religieuse. <strong>La</strong><br />

discipline intellectuelle qu'il avait acquise dans les<br />

écoles s'ajoutait aux armes qu'il tirait <strong>de</strong> la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu et le mettait à même <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre la<br />

tactique <strong><strong>de</strong>s</strong> savants. Son génie et sa sci<strong>en</strong>ce lui<br />

valai<strong>en</strong>t à la fois le respect <strong>de</strong> ses amis et <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>nemis. Ses partisans voyai<strong>en</strong>t avec satisfaction<br />

que leur champion supportait avantageusem<strong>en</strong>t la<br />

comparaison avec les plus grands p<strong>en</strong>seurs du<br />

pays. Aussi ses adversaires n'eur<strong>en</strong>t-ils pas<br />

l'occasion <strong>de</strong> discréditer la cause <strong>de</strong> la Réforme <strong>en</strong><br />

alléguant l'ignorance ou la faiblesse <strong>de</strong> ses<br />

déf<strong>en</strong>seurs.<br />

À cette époque, les Livres saints n'existai<strong>en</strong>t<br />

que dans <strong><strong>de</strong>s</strong> langues mortes et n'étai<strong>en</strong>t accessibles<br />

qu'aux savants; mais certains d'<strong>en</strong>tre eux avai<strong>en</strong>t<br />

trouvé dans les Écritures la gran<strong>de</strong> doctrine <strong>de</strong> la<br />

grâce <strong>de</strong> Dieu et l'avai<strong>en</strong>t incorporée à leur<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. De là, elle s'était répandue au<strong>de</strong>hors,<br />

et plusieurs avai<strong>en</strong>t été am<strong>en</strong>és à son<strong>de</strong>r les<br />

131


oracles <strong>de</strong> Dieu. <strong>La</strong> voie du futur réformateur se<br />

trouva ainsi préparée.<br />

Lorsque son att<strong>en</strong>tion fut appelée sur les<br />

Écritures, il <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprit l'étu<strong>de</strong> avec la même<br />

consci<strong>en</strong>ce qu'il avait apportée à celle du<br />

programme universitaire. Après avoir éprouvé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aspirations que ni la scolastique, ni les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'Église n'avai<strong>en</strong>t pu assouvir, il<br />

trouva dans la Bible ce qu'il avait vainem<strong>en</strong>t<br />

cherché ailleurs. Il y découvrit le plan <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption, et contempla <strong>en</strong> Jésus-Christ l'unique<br />

Avocat <strong>de</strong> l'homme auprès <strong>de</strong> Dieu. Dès lors, se<br />

donnant tout <strong>en</strong>tier au service du Seigneur, il prit la<br />

résolution <strong>de</strong> proclamer les vérités qu'il avait<br />

découvertes.<br />

Comme sa lutte avec Rome n'était point un acte<br />

délibéré, Wiclef, pas plus que les réformateurs qui<br />

lui succédèr<strong>en</strong>t, ne vit immédiatem<strong>en</strong>t où son<br />

oeuvre <strong>de</strong>vait le conduire. Mais son ar<strong>de</strong>ur pour la<br />

vérité ne pouvait manquer <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>traîner dans un<br />

conflit. D'ailleurs, plus il discernait les errem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> la Papauté, plus il mettait <strong>de</strong> ferveur à son<strong>de</strong>r les<br />

132


Écritures. Convaincu que les traditions humaines<br />

implantées par Rome avai<strong>en</strong>t supplanté la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu, il <strong>en</strong> accusa hardim<strong>en</strong>t le clergé. Il <strong>de</strong>manda<br />

que la Bible fût r<strong>en</strong>due au peuple et que l'Église<br />

reconnût à nouveau son autorité. Ce fut un puissant<br />

docteur, un prédicateur éloqu<strong>en</strong>t. Sa connaissance<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, la puissance <strong>de</strong> son raisonnem<strong>en</strong>t, la<br />

pureté <strong>de</strong> sa vie, son courage indomptable et son<br />

intégrité lui gagnai<strong>en</strong>t l'estime et la confiance <strong>de</strong><br />

tous : prompt à discerner l'erreur, il dénonçait avec<br />

hardiesse les abus sanctionnés par l'autorité <strong>de</strong><br />

Rome. Aussi, un grand nombre <strong>de</strong> personnes qui<br />

avai<strong>en</strong>t perdu confiance <strong>en</strong> l'Église à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

iniquités qui y prévalai<strong>en</strong>t, acclamai<strong>en</strong>t-elles avec<br />

une joie non dissimulée les vérités annoncées par<br />

Wiclef. En revanche, quand les chefs <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie constatèr<strong>en</strong>t que l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce<br />

réformateur primait la leur, leur fureur se déchaîna.<br />

Alors qu'il remplissait les fonctions <strong>de</strong><br />

chapelain du roi, Wiclef, s'élevant contre le tribut<br />

que le pape exigeait <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, démontra que<br />

les prét<strong>en</strong>tions papales sur les souverains séculiers<br />

étai<strong>en</strong>t contraires à la raison et à la révélation. Sa<br />

133


protestation exerça sur les esprits une influ<strong>en</strong>ce<br />

d'autant plus gran<strong>de</strong> que les exig<strong>en</strong>ces du pape<br />

avai<strong>en</strong>t provoqué une vive indignation parmi le<br />

peuple. Aussi le roi et les nobles s'unir<strong>en</strong>t-ils pour<br />

s'opposer aux exig<strong>en</strong>ces du pontife <strong>en</strong> tout ce qui<br />

touchait à l'autorité temporelle et à la levée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impôts. Ce fut là un coup redoutable porté à<br />

l'autorité papale <strong>en</strong> Angleterre.<br />

L'institution <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres <strong>de</strong> moines m<strong>en</strong>diants<br />

était un autre abus contre lequel le réformateur<br />

<strong>en</strong>gagea une guerre longue et acharnée. Ces moines<br />

pullulai<strong>en</strong>t à tel point <strong>en</strong> Angleterre qu'ils<br />

compromettai<strong>en</strong>t la gran<strong>de</strong>ur et la prospérité <strong>de</strong> la<br />

nation. L'industrie, l'instruction publique, la<br />

moralité, tout se ress<strong>en</strong>tait <strong>de</strong> leur pernicieuse<br />

influ<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>ur vie d'oisiveté et <strong>de</strong> m<strong>en</strong>dicité<br />

n'imposait pas seulem<strong>en</strong>t au peuple un lourd<br />

far<strong>de</strong>au, mais elle ravalait les travaux utiles et<br />

démoralisait la jeunesse. Entraînés par leur<br />

exemple, un grand nombre d'adolesc<strong>en</strong>ts<br />

embrassai<strong>en</strong>t la vie monacale, et cela non<br />

seulem<strong>en</strong>t sans le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leurs par<strong>en</strong>ts,<br />

mais souv<strong>en</strong>t à leur insu ou contre leur volonté.<br />

134


L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> anci<strong>en</strong>s Pères <strong>de</strong> l'Église, élevant la vie<br />

monastique au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> l'amour filial et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>voirs qui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t, avait écrit : « Si tu vois<br />

ton père se coucher <strong>de</strong>vant ta porte avec pleurs et<br />

lam<strong>en</strong>tations, et si ta mère te montre le corps qui t'a<br />

porté et le sein qui t'a allaité, n'hé<strong>site</strong> pas à les<br />

fouler aux pieds pour aller droit au Christ. » Par<br />

cette « monstrueuse inhumanité », comme Luther<br />

la qualifiera plus tard, inhumanité « qui rappelle<br />

plus le loup et le tyran que l'esprit du Maître », les<br />

<strong>en</strong>fants <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>ier leurs par<strong>en</strong>ts. (Sears,<br />

Barnas, Life of Luther, p. 70, 69.) À l'instar <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pharisi<strong>en</strong>s, les chefs <strong>de</strong> la hiérarchie romaine<br />

anéantissai<strong>en</strong>t le comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu au profit<br />

<strong>de</strong> leurs traditions. Des par<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t privés <strong>de</strong> la<br />

compagnie <strong>de</strong> leurs fils et <strong>de</strong> leurs filles, et plongés<br />

dans la désolation. <strong>Le</strong>s pauvres dupes qui, plus<br />

tard, s'apercevai<strong>en</strong>t qu'ils avai<strong>en</strong>t manqué leur vie<br />

et réduit leurs par<strong>en</strong>ts au désespoir avai<strong>en</strong>t beau<br />

regretter leur décision : une fois pris au piège, il<br />

leur était impossible <strong>de</strong> recouvrer leur liberté.<br />

Même <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves d'universités, séduits par les<br />

discours <strong><strong>de</strong>s</strong> moines, <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t dans leurs ordres, au<br />

135


point que bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> par<strong>en</strong>ts, redoutant cette<br />

év<strong>en</strong>tualité, r<strong>en</strong>onçai<strong>en</strong>t à faire étudier leurs fils.<br />

De ce fait, le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants dans ces c<strong>en</strong>tres<br />

scolaires se trouvait considérablem<strong>en</strong>t réduit. <strong>Le</strong>s<br />

écoles languissai<strong>en</strong>t et l'ignorance était générale.<br />

<strong>Le</strong> droit <strong>de</strong> confesser et <strong>de</strong> donner l'absolution<br />

que le pape avait accordé aux moines m<strong>en</strong>diants<br />

était aussi la source <strong>de</strong> maux innombrables. <strong>La</strong> soif<br />

du gain les poussant à accor<strong>de</strong>r le pardon même<br />

aux pires <strong><strong>de</strong>s</strong> criminels qui s'adressai<strong>en</strong>t à eux, on<br />

vit bi<strong>en</strong>tôt le vice monter comme une marée. <strong>Le</strong>s<br />

mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et les pauvres étai<strong>en</strong>t abandonnés; les<br />

aumônes qui aurai<strong>en</strong>t dû leur être réservées allai<strong>en</strong>t<br />

aux religieux, qui les exigeai<strong>en</strong>t avec m<strong>en</strong>aces, et<br />

dénonçai<strong>en</strong>t l'impiété <strong>de</strong> ceux qui les leur<br />

refusai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s moines faisai<strong>en</strong>t profession <strong>de</strong><br />

pauvreté, ce qui n'empêchait pas leur fortune d'aller<br />

sans cesse <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant. <strong>Le</strong>urs somptueux<br />

édifices et leurs tables richem<strong>en</strong>t servies r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />

d'autant plus appar<strong>en</strong>te la pauvreté <strong>de</strong> la nation.<br />

P<strong>en</strong>dant qu'ils s'adonnai<strong>en</strong>t à la bonne chère et aux<br />

plaisirs, ils se faisai<strong>en</strong>t remplacer dans leurs<br />

fonctions par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes incapables. Ceux-ci ne<br />

136


savai<strong>en</strong>t que raconter <strong><strong>de</strong>s</strong> fables, <strong><strong>de</strong>s</strong> histoires<br />

invraisemblables et <strong><strong>de</strong>s</strong> farces pour amuser le<br />

peuple et l'asservir plus complètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core. <strong>Le</strong>s<br />

foules ignorantes <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ues à croire qu'<strong>en</strong><br />

somme la religion, moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> s'assurer une place au<br />

paradis, consistait à reconnaître la suprématie du<br />

pape, à honorer les saints et à faire <strong><strong>de</strong>s</strong> largesses<br />

aux religieux.<br />

Des hommes instruits et pieux avai<strong>en</strong>t<br />

vainem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> réformer ces ordres. Wiclef,<br />

plus perspicace, s'attaqua à la racine du mal, <strong>en</strong><br />

déclarant que le système lui-même était faux, et<br />

qu'il fallait l'abolir. <strong>Le</strong>s discussions qui<br />

s'<strong>en</strong>suivir<strong>en</strong>t éclairèr<strong>en</strong>t les esprits. Des moines<br />

parcourant le pays <strong>en</strong> v<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces<br />

r<strong>en</strong>contrèr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui doutai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

possibilité d'acheter le pardon à prix d'arg<strong>en</strong>t, et se<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t sérieusem<strong>en</strong>t s'il n'était pas préférable<br />

d'aller le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Dieu plutôt qu'au souverain<br />

pontife. (Voir App<strong>en</strong>dice a12) D'autres, alarmés <strong>de</strong><br />

la rapacité <strong><strong>de</strong>s</strong> religieux dont la cupidité leur<br />

paraissait insatiable, disai<strong>en</strong>t : « <strong>Le</strong>s moines et les<br />

prêtres <strong>de</strong> Rome nous rong<strong>en</strong>t comme la gangrène.<br />

137


Il faut que Dieu nous <strong>en</strong> délivre, ou ce peuple<br />

périra. » (Merle d'Aubigné, ouv. cité, liv. XVII, ch.<br />

VII.) <strong>Le</strong>s religieux, pour cacher leur avarice,<br />

invoquèr<strong>en</strong>t l'exemple du Christ et <strong>de</strong> ses disciples<br />

qui, eux aussi, disai<strong>en</strong>t-ils, avai<strong>en</strong>t vécu <strong>de</strong> la<br />

charité publique. Ces excuses les perdir<strong>en</strong>t, car on<br />

voulut interroger l'Écriture pour savoir ce qu'il y<br />

avait <strong>de</strong> vrai dans ces assertions. C'était justem<strong>en</strong>t<br />

ce que Rome redoutait le plus : voir l'att<strong>en</strong>tion du<br />

mon<strong>de</strong> se porter vers la source <strong>de</strong> la vérité, qu'elle<br />

avait tout intérêt à t<strong>en</strong>ir cachée.<br />

Dans le <strong><strong>de</strong>s</strong>sein non d'<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> dispute avec les<br />

religieux, mais d'attirer l'att<strong>en</strong>tion du peuple sur les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures et sur leur Auteur,<br />

Wiclef se mit à écrire et à répandre <strong><strong>de</strong>s</strong> tracts<br />

contre les moines. Il sout<strong>en</strong>ait que le pouvoir <strong>de</strong><br />

pardonner et d'excommunier ne résidait pas plus<br />

chez les papes que chez les prêtres, et que nul ne<br />

pouvait être réellem<strong>en</strong>t excommunié sans avoir<br />

d'abord <strong>en</strong>couru le déplaisir <strong>de</strong> Dieu. Il n'eût pu s'y<br />

pr<strong>en</strong>dre mieux pour r<strong>en</strong>verser le gigantesque<br />

édifice <strong>de</strong> domination spirituelle et temporelle que<br />

le pape avait érigé, et qui t<strong>en</strong>ait <strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong><br />

138


corps et d'âmes courbés sous sa domination.<br />

Une fois <strong>de</strong> plus, Wiclef fut appelé à déf<strong>en</strong>dre<br />

les droits <strong>de</strong> la couronne d'Angleterre contre les<br />

empiétem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Rome. Désigné comme<br />

ambassa<strong>de</strong>ur royal, il passa <strong>de</strong>ux ans à conférer<br />

avec les représ<strong>en</strong>tants du pape aux Pays-Bas. Dans<br />

ses rapports avec <strong><strong>de</strong>s</strong> prélats <strong>de</strong> France, d'Italie et<br />

d'Espagne, à même <strong>de</strong> voir ce qui se passait dans<br />

les coulisses, Wiclef y apprit bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t lui servir dans ses travaux ultérieurs. Il<br />

discerna chez les légats <strong>de</strong> la cour pontificale la<br />

véritable nature et les visées <strong>de</strong> la hiérarchie.<br />

R<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> Angleterre, il reprit son <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

avec un nouveau zèle et un nouveau courage,<br />

proclamant que les dieux <strong>de</strong> Rome étai<strong>en</strong>t l'avarice,<br />

l'orgueil et le m<strong>en</strong>songe.<br />

Dans un <strong>de</strong> ses tracts, parlant du pape et <strong>de</strong> ses<br />

quêteurs, il s'exprime ainsi : « Ils drain<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre<br />

pays le nécessaire <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres; chaque année, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers <strong>de</strong> marcs <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t du roi serv<strong>en</strong>t à payer<br />

les sacrem<strong>en</strong>ts et le casuel, ce qui n'est autre chose<br />

qu'une damnable simonie exercée aux dép<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la<br />

139


chréti<strong>en</strong>té. Certes, si notre pays possédait une<br />

montagne d'or à laquelle personne ne touche que le<br />

quêteur <strong>de</strong> ce pontife orgueilleux et mondain, il<br />

arriverait qu'avec le temps cette montagne finirait<br />

par disparaître, ne nous laissant <strong>en</strong> retour que la<br />

malédiction <strong>de</strong> Dieu. » (Rév. John <strong>Le</strong>wis, History<br />

of the life of Sufferings of J. Wicliffe (éd. 1820),<br />

p.37.)<br />

Peu après son retour <strong>en</strong> Angleterre, Wiclef fut<br />

appelé par le roi à remplir les fonctions <strong>de</strong> recteur<br />

<strong>de</strong> Lutterworth. Ce choix prouvait que le francparler<br />

du réformateur n'avait pas déplu au<br />

monarque. L'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Wiclef se faisait s<strong>en</strong>tir<br />

sur les décisions <strong>de</strong> la cour aussi bi<strong>en</strong> que sur<br />

l'opinion publique.<br />

<strong>Le</strong>s foudres papales ne tardèr<strong>en</strong>t pas à se<br />

déchaîner contre lui. Trois bulles adressées à<br />

l'Angleterre – dont l'une à l'Université, l'autre au<br />

roi et la troisième aux prélats – ordonnai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures immédiates et décisives pour fermer la<br />

bouche au fauteur d'hérésie. (Voir App<strong>en</strong>dice a13)<br />

Avant l'arrivée <strong>de</strong> la bulle, toutefois, les évêques,<br />

140


dans leur zèle, avai<strong>en</strong>t sommé Wiclef <strong>de</strong><br />

comparaître <strong>de</strong>vant eux. Deux <strong><strong>de</strong>s</strong> princes les plus<br />

puissants du royaume l'accompagnai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant ce<br />

tribunal; la foule, faisant irruption, intimida<br />

tellem<strong>en</strong>t les juges que l'<strong>en</strong>quête fut susp<strong>en</strong>due et<br />

que Wiclef put s'<strong>en</strong> retourner <strong>en</strong> paix. Plus tard, les<br />

prélats s'efforcèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> circonv<strong>en</strong>ir le vieil Edouard<br />

III contre le réformateur, mais le roi v<strong>en</strong>ant à<br />

mourir, l'anci<strong>en</strong> protecteur <strong>de</strong> Wiclef <strong>de</strong>vint rég<strong>en</strong>t<br />

du royaume.<br />

<strong>La</strong> bulle papale sommait toute l'Angleterre <strong>de</strong><br />

faire arrêter et incarcérer l'hérétique. Ces mesures<br />

sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t le bûcher, et, selon toute<br />

probabilité, Wiclef n'allait pas tar<strong>de</strong>r à être victime<br />

<strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Rome. Mais celui qui avait dit<br />

autrefois : « Ne crains point... Je suis ton bouclier<br />

», ét<strong>en</strong>dit <strong>de</strong> nouveau sa main pour protéger son<br />

serviteur. <strong>La</strong> mort frappa non le réformateur, mais<br />

le pontife qui avait décrété sa perte. Grégoire XI<br />

ayant disparu, les ecclésiastiques qui s'étai<strong>en</strong>t<br />

réunis pour faire le procès <strong>de</strong> Wiclef se<br />

dispersèr<strong>en</strong>t et la Réforme naissante continua d'être<br />

protégée par la divine Provid<strong>en</strong>ce.<br />

141


<strong>La</strong> mort <strong>de</strong> Grégoire fut suivie <strong>de</strong> l'élection <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux papes rivaux. Deux pontifes se disant tous<br />

<strong>de</strong>ux infaillibles réclamai<strong>en</strong>t l'obédi<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

chréti<strong>en</strong>té. (Voir App<strong>en</strong>dice a14) Chacun d'eux<br />

appelait les fidèles à combattre son antagoniste,<br />

accompagnant ses ordres <strong>de</strong> terribles anathèmes à<br />

l'adresse <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis et promettant le ciel à ses<br />

partisans. Ces événem<strong>en</strong>ts affaiblissai<strong>en</strong>t<br />

singulièrem<strong>en</strong>t le prestige papal. <strong>Le</strong>s factions<br />

rivales étant occupées à se combattre<br />

mutuellem<strong>en</strong>t, Wiclef fut laissé <strong>en</strong> paix, tandis que<br />

se croisai<strong>en</strong>t anathèmes et récriminations, et que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> torr<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> sang étai<strong>en</strong>t versés pour sout<strong>en</strong>ir les<br />

prét<strong>en</strong>tions <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux adversaires. P<strong>en</strong>dant que<br />

l'Église était le théâtre du crime et du scandale, le<br />

réformateur, <strong>de</strong> sa paisible retraite <strong>de</strong> Lutterworth,<br />

s'employait <strong>de</strong> toutes ses forces à détourner<br />

l'att<strong>en</strong>tion du mon<strong>de</strong> du spectacle <strong><strong>de</strong>s</strong> discor<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

papales pour la porter sur Jésus, le Prince <strong>de</strong> la<br />

paix.<br />

<strong>Le</strong> schisme ouvrait le chemin à la Réforme. <strong>Le</strong>s<br />

querelles et la dégradation morale dont il était la<br />

142


cause, ouvrai<strong>en</strong>t les yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s sur la vraie<br />

nature <strong>de</strong> la papauté. Dans un traité sur « le<br />

schisme <strong><strong>de</strong>s</strong> papes », Wiclef invitait ses lecteurs à<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sérieusem<strong>en</strong>t si ces <strong>de</strong>ux prêtres ne<br />

disai<strong>en</strong>t pas la vérité quand ils s'anathématisai<strong>en</strong>t<br />

l'un l'autre, se traitant mutuellem<strong>en</strong>t d'antichrist. «<br />

Dieu, disait-il, n'a pas permis que le Malin régnât<br />

par l'un <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux prêtres seulem<strong>en</strong>t... Il leur a<br />

partagé le pouvoir, afin que les fidèles, au nom <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ, puss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avoir raison plus aisém<strong>en</strong>t.<br />

» (R. Vaughan, Life and Opinions of John Wicliffe<br />

(éd. 1831), vol. II, p. 6.)<br />

Comme son Maître, Wiclef prêchait l'Évangile<br />

aux pauvres. Et, non cont<strong>en</strong>t <strong>de</strong> répandre la lumière<br />

dans les humbles <strong>de</strong>meures <strong>de</strong> sa paroisse <strong>de</strong><br />

Lutterworth, il voulut la porter dans toutes les<br />

parties <strong>de</strong> l'Angleterre. À cette fin, il organisa un<br />

corps <strong>de</strong> prédicateurs, hommes simples et pieux,<br />

aimant la vérité et ne désirant ri<strong>en</strong> tant que <strong>de</strong> la<br />

propager. Ces hommes allai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lieu <strong>en</strong> lieu,<br />

prêchant sur les places <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés, dans les rues<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes et dans les campagnes. Ils<br />

visitai<strong>en</strong>t les vieillards, les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et les pauvres,<br />

143


et leur annonçai<strong>en</strong>t la bonne nouvelle <strong>de</strong> la grâce<br />

<strong>de</strong> Dieu.<br />

En sa qualité <strong>de</strong> professeur <strong>de</strong> théologie à<br />

Oxford, Wiclef prêchait la Parole <strong>de</strong> Dieu dans les<br />

auditoires <strong>de</strong> l'Université. Son zèle à prés<strong>en</strong>ter la<br />

vérité à ses étudiants lui valut le titre <strong>de</strong> « docteur<br />

<strong>de</strong> l'Évangile ». Mais l'oeuvre capitale <strong>de</strong> sa vie fut<br />

la traduction <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures <strong>en</strong> langue<br />

anglaise. Dans un ouvrage intitulé De la véracité et<br />

du s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, il exprimait son int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong><br />

traduire la Bible afin que tout Anglais pût lire les<br />

oeuvres merveilleuses <strong>de</strong> Dieu dans sa langue<br />

maternelle.<br />

Mais ses travaux fur<strong>en</strong>t soudainem<strong>en</strong>t<br />

interrompus. Bi<strong>en</strong> qu'il n'eût pas <strong>en</strong>core soixante<br />

ans, il était prématurém<strong>en</strong>t vieilli, car ses labeurs<br />

incessants, ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et les attaques <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis<br />

avai<strong>en</strong>t épuisé ses forces. <strong>Le</strong>s moines éprouvèr<strong>en</strong>t<br />

une gran<strong>de</strong> joie <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>ant qu'il était atteint d'une<br />

grave maladie. Imaginant qu'il <strong>de</strong>vait amèrem<strong>en</strong>t<br />

regretter le mal qu'il avait fait à l'Église, ils<br />

s'empressèr<strong>en</strong>t auprès <strong>de</strong> lui pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa<br />

144


confession. Des représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong> quatre ordres<br />

religieux, accompagnés <strong>de</strong> quatre magistrats civils,<br />

s'étai<strong>en</strong>t réunis au chevet <strong>de</strong> celui que l'on croyait<br />

moribond : « Vous avez la mort sur les lèvres, lui<br />

dir<strong>en</strong>t-ils; soyez touché <strong>de</strong> vos fautes, et rétractez<br />

<strong>en</strong> notre prés<strong>en</strong>ce tout ce que vous avez dit à notre<br />

détrim<strong>en</strong>t. » <strong>Le</strong> réformateur écouta <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce; puis,<br />

priant son serviteur <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r à s'asseoir sur son lit,<br />

et regardant fixem<strong>en</strong>t ceux qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t sa<br />

rétractation, il leur dit <strong>de</strong> cette voix ferme et<br />

tonnante qui les avait si souv<strong>en</strong>t fait trembler : « Je<br />

ne mourrai pas, mais je vivrai, et je raconterai les<br />

forfaits <strong><strong>de</strong>s</strong> moines. » (Merle d'Aubigné, ouv. cité,<br />

liv.XVII, ch. VII.) Étonnés et interdits, les<br />

religieux quittèr<strong>en</strong>t précipitamm<strong>en</strong>t la chambre du<br />

mala<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s paroles <strong>de</strong> Wiclef s'accomplir<strong>en</strong>t : Il vécut<br />

assez longtemps pour voir <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> son<br />

peuple l'arme que Rome craint le plus, l'instrum<strong>en</strong>t<br />

céleste <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à éclairer, à libérer, à évangéliser le<br />

mon<strong>de</strong> : la Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s obstacles étai<strong>en</strong>t<br />

nombreux et redoutables. Bi<strong>en</strong> qu'affaibli par les<br />

infirmités, et sachant qu'il ne lui restait que peu<br />

145


d'années pour travailler, calme <strong>de</strong>vant l'opposition<br />

et fortifié par les promesses <strong>de</strong> Dieu, Wiclef<br />

poursuivit courageusem<strong>en</strong>t son oeuvre. En pleine<br />

possession <strong>de</strong> ses facultés intellectuelles, riche <strong>en</strong><br />

expéri<strong>en</strong>ce, et gardé par la Provid<strong>en</strong>se, il put<br />

terminer cette gran<strong>de</strong> tâche, la plus importante <strong>de</strong><br />

sa vie. P<strong>en</strong>dant que toute la chréti<strong>en</strong>té était<br />

bouleversée, le réformateur, dans son rectorat <strong>de</strong><br />

Lutterworth, sans pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> à la tempête qui<br />

faisait rage au-<strong>de</strong>hors, s'appliquait paisiblem<strong>en</strong>t à<br />

son <strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> prédilection.<br />

<strong>Le</strong> mom<strong>en</strong>t arriva <strong>en</strong>fin où la première<br />

traduction <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures <strong>en</strong> langue anglaise vit le<br />

jour. L'Angleterre pouvait lire la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Désormais, le réformateur ne craignait plus ni la<br />

prison, ni le bûcher. Il avait placé dans les mains <strong>de</strong><br />

son peuple une lumière qu'on ne pourrait plus<br />

éteindre. En donnant les Écritures à ses<br />

concitoy<strong>en</strong>s, il avait contribué à rompre les chaînes<br />

<strong>de</strong> l'ignorance et du vice, pour libérer et <strong>en</strong>noblir<br />

son pays, ce que les plus brillantes victoires sur les<br />

champs <strong>de</strong> bataille euss<strong>en</strong>t été incapables <strong>de</strong> faire.<br />

146


L'art <strong>de</strong> l'imprimerie n'étant pas <strong>en</strong>core connu,<br />

ce n'est que par un procédé l<strong>en</strong>t et laborieux qu'on<br />

obt<strong>en</strong>ait <strong><strong>de</strong>s</strong> exemplaires <strong>de</strong> la Bible. L'intérêt<br />

éveillé par ce livre était tel que les nombreux<br />

copistes qui s'offrai<strong>en</strong>t pour le transcrire ne<br />

parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas à répondre à toutes les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Quelques personnes riches <strong>en</strong> désirai<strong>en</strong>t une copie<br />

complète. D'autres ne pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> acheter qu'un<br />

fragm<strong>en</strong>t. Souv<strong>en</strong>t, plusieurs familles se<br />

réunissai<strong>en</strong>t pour s'<strong>en</strong> procurer un exemplaire <strong>en</strong><br />

commun. C'est ainsi que la traduction <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures<br />

par Wiclef ne tarda pas à se trouver <strong>en</strong>tre les mains<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s du peuple.<br />

L'appel à la raison humaine arrachait bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s à leur soumission passive aux dogmes <strong>de</strong><br />

Rome. Wiclef <strong>en</strong>seignait exactem<strong>en</strong>t les croyances<br />

qui caractérisèr<strong>en</strong>t plus tard le protestantisme : le<br />

salut par la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ et l'infaillible et<br />

souveraine autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures. <strong>Le</strong>s<br />

prédicateurs <strong>en</strong>voyés par lui répandai<strong>en</strong>t la Bible et<br />

les écrits du réformateur avec un tel succès que<br />

bi<strong>en</strong>tôt la moitié du peuple anglais avait accepté la<br />

foi nouvelle.<br />

147


L'apparition <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures jeta<br />

l'épouvante dans le camp <strong><strong>de</strong>s</strong> dignitaires <strong>de</strong><br />

l'Église. Ils avai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant à combattre quelque<br />

chose <strong>de</strong> plus puissant que Wiclef, une force contre<br />

laquelle leurs armes avai<strong>en</strong>t peu <strong>de</strong> prise. Il n'y<br />

avait alors <strong>en</strong> Angleterre aucune loi prohibant la<br />

diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> Livres saints, puisqu'ils n'avai<strong>en</strong>t<br />

jamais été publiés <strong>en</strong> langue vulgaire. Ces lois<br />

fur<strong>en</strong>t élaborées et strictem<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> vigueur par<br />

la suite. En att<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> tous les efforts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres, on jouit durant un certain temps <strong>de</strong> la<br />

liberté <strong>de</strong> répandre la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Pour réduire au sil<strong>en</strong>ce la voix du réformateur,<br />

les chefs <strong>de</strong> la hiérarchie le fir<strong>en</strong>t comparaître<br />

successivem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant trois tribunaux. Ce fut<br />

d'abord <strong>de</strong>vant un syno<strong>de</strong> d'évêques qui déclara<br />

hérétiques ses écrits, et qui, après avoir gagné à sa<br />

cause le jeune roi <strong>Richard</strong> II, obtint une<br />

ordonnance royale décrétant l'emprisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

tous les adhér<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines condamnées par la<br />

cour pontificale.<br />

148


Wiclef <strong>en</strong> appela hardim<strong>en</strong>t du syno<strong>de</strong> au<br />

Parlem<strong>en</strong>t, contraignant la hiérarchie à comparaître<br />

<strong>de</strong>vant le conseil <strong>de</strong> la nation, et <strong>de</strong>mandant la<br />

réforme <strong><strong>de</strong>s</strong> énormes abus sanctionnés par l'Église.<br />

<strong>La</strong> puissance avec laquelle il dépeignit les<br />

usurpations et la corruption du siège papal couvrit<br />

ses <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> confusion. Mais ses amis et<br />

partisans avai<strong>en</strong>t plié sous l'orage, et l'on s'att<strong>en</strong>dait<br />

que ce vieillard, resté seul, se soumît à la double<br />

puissance <strong>de</strong> la couronne et <strong>de</strong> la mitre. On assista<br />

au contraire à la défaite <strong>de</strong> ses adversaires. Tiré <strong>de</strong><br />

sa torpeur par les pressants appels <strong>de</strong> Wiclef, le<br />

Parlem<strong>en</strong>t rapporta les édits persécuteurs et mit le<br />

réformateur <strong>en</strong> liberté.<br />

<strong>La</strong> troisième fois, Wiclef fut cité <strong>de</strong>vant un<br />

tribunal composé <strong><strong>de</strong>s</strong> plus hauts dignitaires<br />

ecclésiastiques du royaume. Ce tribunal <strong>de</strong>vait<br />

naturellem<strong>en</strong>t se montrer impitoyable pour<br />

l'hérésie. <strong>Le</strong> mom<strong>en</strong>t était v<strong>en</strong>u où Rome allait<br />

<strong>en</strong>fin triompher, et où l'oeuvre du réformateur<br />

serait définitivem<strong>en</strong>t écrasée. Telle était du moins<br />

l'espérance <strong>de</strong> ses adversaires. S'ils parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à<br />

leurs fins, Wiclef serait forcé ou d'abjurer ou <strong>de</strong><br />

149


quitter le tribunal pour monter sur le bûcher.<br />

<strong>Le</strong> réformateur ne fit ni rétractation ni<br />

compromis. Il soutint hardim<strong>en</strong>t ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

et repoussa les accusations <strong>de</strong> ses persécuteurs.<br />

S'oubliant lui-même, ainsi que sa situation, il<br />

somma ses auditeurs <strong>de</strong> comparaître avec lui<br />

<strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Dieu, et pesa leurs sophismes<br />

et leurs erreurs à la balance <strong>de</strong> la vérité éternelle.<br />

<strong>Le</strong> Saint-Esprit manifesta sa prés<strong>en</strong>ce au point que<br />

ses auditeurs étai<strong>en</strong>t comme interdits et cloués sur<br />

leurs sièges. Semblables aux flèches du Tout-<br />

Puissant, les paroles du réformateur transperçai<strong>en</strong>t<br />

tous les coeurs. Retournant avec force contre ses<br />

accusateurs la charge d'hérésie formulée contre lui,<br />

il leur <strong>de</strong>manda comm<strong>en</strong>t ils avai<strong>en</strong>t osé répandre<br />

leurs erreurs, et, par amour <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t, faire trafic<br />

<strong>de</strong> la grâce <strong>de</strong> Dieu.<br />

« Contre qui prét<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous vous être élevés?<br />

leur <strong>de</strong>manda-t-il dans sa péroraison. Contre un<br />

vieillard qui a déjà un pied dans la tombe. Non!<br />

C'est contre la vérité, qui est plus puissante que<br />

vous, et qui finira par vous vaincre. » (Wylie, liv.<br />

150


II, ch.XIII.) Puis il se retira <strong>de</strong> l'assemblée, sans<br />

qu'aucun <strong>de</strong> ses adversaires osât l'arrêter.<br />

L'oeuvre <strong>de</strong> Wiclef était presque achevée;<br />

l'ét<strong>en</strong>dard <strong>de</strong> la vérité que ses vaillantes mains<br />

avai<strong>en</strong>t si longtemps fait flotter allait leur échapper;<br />

mais il <strong>de</strong>vait r<strong>en</strong>dre une <strong>de</strong>rnière fois témoignage<br />

à l'Évangile. C'est <strong>de</strong> la forteresse même du<br />

royaume <strong>de</strong> l'erreur que la vérité <strong>de</strong>vait <strong>en</strong>core être<br />

proclamée. Wiclef fut sommé <strong>de</strong> comparaître à<br />

Rome <strong>de</strong>vant le tribunal pontifical, tribunal qui<br />

avait si souv<strong>en</strong>t répandu le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. Sans se<br />

dissimuler les dangers qu'il courait, il aurait<br />

répondu à la sommation, si une attaque <strong>de</strong> paralysie<br />

ne l'<strong>en</strong> avait empêché. Il lui était impossible <strong>de</strong><br />

faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa voix à Rome, mais il pouvait<br />

écrire, et c'est ce qu'il résolut <strong>de</strong> faire. De son<br />

rectorat, le réformateur <strong>en</strong>voya au pape une lettre<br />

respectueuse et chréti<strong>en</strong>ne, mais sévère à l'égard <strong>de</strong><br />

la pompe et <strong>de</strong> l'orgueil <strong>de</strong> la curie romaine.<br />

« C'est pour moi, disait-il, une joie <strong>de</strong> faire<br />

connaître à tous, et spécialem<strong>en</strong>t à l'évêque <strong>de</strong><br />

Rome, la foi que je professe. Celle-ci me paraissant<br />

151


saine et juste, j'aime à croire qu'il sera heureux <strong>de</strong><br />

la sanctionner, ou <strong>de</strong> l'am<strong>en</strong><strong>de</strong>r si elle est erronée.<br />

» Je crois que l'Évangile <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

r<strong>en</strong>ferme toute la loi <strong>de</strong> Dieu.... Je crois et affirme<br />

que l'évêque <strong>de</strong> Rome, étant sur terre le vicaire du<br />

Christ, est lié plus que tout autre à cette loi,<br />

puisque la gran<strong>de</strong>ur, parmi les apôtres, ne consistait<br />

pas <strong>en</strong> honneurs et <strong>en</strong> dignités, mais <strong>en</strong> une fidèle<br />

imitation <strong>de</strong> la vie et du caractère du Sauveur. Au<br />

cours <strong>de</strong> son pèlerinage terrestre, le Seigneur Jésus<br />

vécut dans une extrême pauvreté, repoussant toute<br />

autorité et toute gloire mondaine.... Un chréti<strong>en</strong> ne<br />

doit suivre le pape ou n'importe quel saint homme<br />

que dans la mesure où il suit lui-même exactem<strong>en</strong>t<br />

le Seigneur Jésus-Christ. En désirant <strong><strong>de</strong>s</strong> honneurs<br />

terrestres, Pierre et les fils <strong>de</strong> Zébédée <strong>en</strong>courur<strong>en</strong>t<br />

son déplaisir, et ne doiv<strong>en</strong>t par conséqu<strong>en</strong>t pas être<br />

imités dans ces erreurs....<br />

» A l'exemple du Christ et <strong>de</strong> ses apôtres, le<br />

pape doit laisser au pouvoir séculier toute la<br />

puissance temporelle, et exhorter fidèlem<strong>en</strong>t tout le<br />

clergé à <strong>en</strong> faire autant. Du reste, si, <strong>en</strong> quoi que ce<br />

152


soit, j'ai erré, je cons<strong>en</strong>s très humblem<strong>en</strong>t à être<br />

ram<strong>en</strong>é <strong>de</strong> mon égarem<strong>en</strong>t, fût-ce au prix <strong>de</strong> ma vie<br />

si cela est nécessaire.<br />

» Quand à l'appel que l'on m'a adressé, je<br />

désirerais pouvoir y répondre, mais les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts du Seigneur m'ont appris que c'est à<br />

Dieu plutôt qu'aux hommes qu'il faut obéir. »<br />

Wiclef concluait <strong>en</strong> disant : « Prions notre Dieu<br />

qu'il agisse, comme il a comm<strong>en</strong>cé <strong>de</strong> le faire, sur<br />

le coeur <strong>de</strong> notre pape Urbain VI, afin que lui et<br />

son clergé puiss<strong>en</strong>t suivre notre Seigneur Jésus-<br />

Christ dans Sa vie et dans Son caractère, et que<br />

tous <strong>en</strong>semble ils puiss<strong>en</strong>t marcher fidèlem<strong>en</strong>t sur<br />

Ses traces. » (Foxe, Acts and Monum<strong>en</strong>ts (édit. by<br />

Rev. J Pratt), vol. III, p. 49, 50.)<br />

En manifestant ainsi la douceur et l'humilité <strong>de</strong><br />

Jésus <strong>de</strong>vant le pape et ses cardinaux, Wiclef<br />

démontrait au mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier le contraste existant<br />

<strong>en</strong>tre ces <strong>de</strong>rniers et le Maître qu'ils prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />

représ<strong>en</strong>ter.<br />

153


<strong>Le</strong> réformateur avait la conviction que sa vie<br />

serait le prix <strong>de</strong> sa fidélité. <strong>Le</strong> roi, le pape et les<br />

évêques étai<strong>en</strong>t unanimes pour le condamner :<br />

quelques mois à peine, selon toutes prévisions, le<br />

séparai<strong>en</strong>t du bûcher. Mais son courage <strong>de</strong>meurait<br />

inébranlable. « Que parlez-vous, disait-il, d'aller<br />

chercher au loin la palme <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs? Annoncez<br />

la parole <strong>de</strong> Christ à <strong>de</strong> superbes prélats, et le<br />

martyre ne vous manquera pas. Vivre et me taire,<br />

jamais! Que le glaive susp<strong>en</strong>du sur ma tête tombe!<br />

J'att<strong>en</strong>ds le coup. » (Merle d'aubigné, ouv. cité, liv.<br />

XVII, chap. VIII.)<br />

Cette fois <strong>en</strong>core, Wiclef échappa à ses<br />

<strong>en</strong>nemis. Celui qui, sa vie durant s'était hardim<strong>en</strong>t<br />

déclaré pour la vérité au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands<br />

périls, ne <strong>de</strong>vait pas tomber victime <strong>de</strong> la haine <strong>de</strong><br />

ses <strong>en</strong>nemis. Jamais Wiclef n'avait p<strong>en</strong>sé à se<br />

déf<strong>en</strong>dre, mais Dieu avait été son protecteur; et<br />

maint<strong>en</strong>ant que ses <strong>en</strong>nemis croyai<strong>en</strong>t le t<strong>en</strong>ir, il le<br />

plaçait hors <strong>de</strong> leur atteinte. Alors que le<br />

réformateur se disposait à prési<strong>de</strong>r un service <strong>de</strong><br />

communion dans son église <strong>de</strong> Luttervorth, il eut<br />

une attaque <strong>de</strong> paralysie, dont il mourut peu après.<br />

154


<strong>Le</strong> Dieu qui avait assigné à Wiclef Sa tâche, et<br />

placé Ses paroles dans son coeur, avait veillé sur sa<br />

personne, et prolongé sa vie jusqu'à ce que fuss<strong>en</strong>t<br />

jetées sûrem<strong>en</strong>t les bases du grand oeuvre <strong>de</strong> la<br />

Réforme.<br />

Sortant <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres du Moy<strong>en</strong> Age, Wiclef<br />

n'avait pu appuyer son oeuvre <strong>de</strong> réforme sur aucun<br />

prédécesseur. Appelé, comme Jean-Baptiste, <strong>en</strong><br />

vue d'une mission spéciale, il fut le fondateur d'une<br />

ère nouvelle. Pourtant, sa conception <strong>de</strong> la vérité<br />

prés<strong>en</strong>te un <strong>de</strong>gré d'unité et <strong>de</strong> perfection que les<br />

réformateurs subséqu<strong>en</strong>ts n'ont jamais surpassé, et<br />

que certains, v<strong>en</strong>us un siècle plus tard, n'ont pas<br />

même atteint. <strong>Le</strong>s fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts jetés par ses mains<br />

étai<strong>en</strong>t si larges, si profonds et si soli<strong><strong>de</strong>s</strong>, que ses<br />

successeurs n'eur<strong>en</strong>t pas la peine <strong>de</strong> les poser à<br />

nouveau.<br />

<strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t inauguré par Wiclef <strong>en</strong> vue <strong>de</strong><br />

la libération <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits et <strong><strong>de</strong>s</strong> consci<strong>en</strong>ces, comme<br />

aussi <strong>de</strong> l'affranchissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> nations si<br />

longtemps <strong>en</strong>chaînées au char triomphal <strong>de</strong> Rome,<br />

155


puisait son énergie dans la Parole <strong>de</strong> Dieu, source<br />

du fleuve <strong>de</strong> bénédiction qui, <strong>de</strong>puis le quatorzième<br />

siècle, a coulé sur le mon<strong>de</strong>. Intransigeant, Wiclef<br />

voyait dans les Écritures la révélation inspirée <strong>de</strong> la<br />

volonté <strong>de</strong> Dieu, la règle unique <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la<br />

vie. On lui avait appris à considérer l'Église <strong>de</strong><br />

Rome comme divine et son autorité comme<br />

infaillible, ainsi qu'à recevoir avec une confiance<br />

aveugle les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et les usages<br />

sanctionnés par une pratique millénaire. Mais il<br />

avait fermé l'oreille à toutes les voix pour<br />

n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que la Parole <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vant laquelle il<br />

invitait le mon<strong>de</strong> à s'incliner. Au lieu d'écouter<br />

l'Église parlant par la bouche du pape, il déclarait<br />

que la seule autorité <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> foi est la voix <strong>de</strong><br />

Dieu s'exprimant dans sa Parole. Non seulem<strong>en</strong>t,<br />

affirmait-il, les Écritures sont une révélation<br />

parfaite <strong>de</strong> la volonté divine, mais le Saint-Esprit<br />

est leur seul interprète, et c'est par une étu<strong>de</strong><br />

personnelle que chacun est appelé à connaître son<br />

<strong>de</strong>voir. Il détournait ainsi les esprits loin du pape et<br />

<strong>de</strong> l'Église pour les diriger vers la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Wiclef a été l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands réformateurs.<br />

156


Par l'<strong>en</strong>vergure <strong>de</strong> son esprit et la lucidité <strong>de</strong> sa<br />

p<strong>en</strong>sée, par sa hardiesse et sa constance dans la<br />

déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> la vérité, il n'a été égalé que par un petit<br />

nombre <strong>de</strong> ses successeurs. Une vie pure, une<br />

inlassable activité dans l'étu<strong>de</strong> et dans le travail,<br />

une intégrité incorruptible, un dévouem<strong>en</strong>t et une<br />

charité apostoliques dans son ministère : telles<br />

fur<strong>en</strong>t les qualités maîtresses du premier <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformateurs. Cela, <strong>en</strong> dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres<br />

intellectuelles et <strong>de</strong> la corruption morale <strong>de</strong> son<br />

siècle.<br />

<strong>La</strong> vie <strong>de</strong> Wiclef est un monum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

puissance éducatrice et transformatrice <strong>de</strong> la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> saint Livre fit <strong>de</strong> lui ce qu'il fut.<br />

L'effort exigé par l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités <strong>de</strong> la<br />

révélation communique à toutes les facultés une<br />

fraîcheur et une vigueur nouvelles. Il élargit la<br />

p<strong>en</strong>sée, aiguise l'esprit, mûrit le jugem<strong>en</strong>t. Plus que<br />

toute autre étu<strong>de</strong>, celle <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong>noblit les<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts et les aspirations. Elle inspire la<br />

persévérance, la pati<strong>en</strong>ce, le courage, la fermeté;<br />

elle forme le caractère et sanctifie l'âme. Une étu<strong>de</strong><br />

respectueuse <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures nous met <strong>en</strong> contact<br />

157


direct avec l'Esprit divin; elle donne au mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes plus forts, <strong><strong>de</strong>s</strong> génies plus puissants, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

caractères plus nobles que l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la philosophie.<br />

« <strong>La</strong> révélation <strong>de</strong> tes paroles éclaire, elle donne <strong>de</strong><br />

l'intellig<strong>en</strong>ce aux simples. » (Psaume 119.130)<br />

<strong>Le</strong>s doctrines <strong>en</strong>seignées par Wiclef<br />

continuèr<strong>en</strong>t à se répandre p<strong>en</strong>dant un certain<br />

temps. Sous le nom <strong>de</strong> Wicléfïtes et <strong>de</strong> Lollards,<br />

ses disciples travaillèr<strong>en</strong>t avec un zèle redoublé à<br />

répandre la Parole <strong>de</strong> vie non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

Angleterre, mais <strong>en</strong> d'autres pays. Des foules<br />

accourai<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leurs <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Au<br />

nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> convertis se trouvai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong><br />

la noblesse, et même la reine. <strong>Le</strong>s rites et les<br />

vestiges idolâtres du romanisme disparaissai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises. En maints <strong>en</strong>droits, on constata une<br />

réforme radicale <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs.<br />

Mais bi<strong>en</strong>tôt l'impitoyable tempête <strong>de</strong> la<br />

persécution s'abattit sur ces fidèles chréti<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s<br />

monarques anglais, désireux d'affermir leur trône<br />

<strong>en</strong> s'assurant l'appui <strong>de</strong> Rome, n'hésitèr<strong>en</strong>t pas à<br />

sacrifier les réformateurs. Pour la première fois, au<br />

158


cours <strong>de</strong> l'histoire d'Angleterre, le supplice du<br />

bûcher fut décrété contre les disciples <strong>de</strong><br />

l'Évangile. <strong>Le</strong>s martyres succédèr<strong>en</strong>t aux martyres.<br />

<strong>Le</strong>s hérauts <strong>de</strong> la vérité, proscrits et torturés,<br />

n'avai<strong>en</strong>t d'autre recours que l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées.<br />

Traqués comme <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> l'Église et traîtres à la<br />

patrie, ils continuai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> prêcher <strong>en</strong> secret dans les<br />

<strong>de</strong>meures <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres, et souv<strong>en</strong>t même dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cavernes.<br />

En dépit <strong>de</strong> la fureur <strong><strong>de</strong>s</strong> persécuteurs, une<br />

protestation calme, pieuse, int<strong>en</strong>se et persévérante<br />

continua <strong>de</strong> se faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant,<br />

contre la corruption <strong>de</strong> la foi religieuse. Ces<br />

chréti<strong>en</strong>s n'avai<strong>en</strong>t qu'une connaissance imparfaite<br />

<strong>de</strong> la vérité, mais ils avai<strong>en</strong>t appris à aimer la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu et à lui obéir, et pour elle ils<br />

marchai<strong>en</strong>t courageusem<strong>en</strong>t à la mort. Comme aux<br />

jours apostoliques, plusieurs consacrai<strong>en</strong>t leurs<br />

bi<strong>en</strong>s terrestres à la cause du Christ. Ceux qu'on<br />

laissait <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>meure y recevai<strong>en</strong>t<br />

leurs frères expulsés <strong>de</strong> leurs foyers; et quand, à<br />

leur tour, ils <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t quitter leur toit, ils<br />

acceptai<strong>en</strong>t joyeusem<strong>en</strong>t une vie <strong>de</strong> proscrits.<br />

159


Malheureusem<strong>en</strong>t, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers, terrifiés par la rage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> persécuteurs, achetai<strong>en</strong>t la liberté au prix <strong>de</strong><br />

leur foi. Pour r<strong>en</strong>dre leur rétractation plus<br />

impressionnante, on les revêtait, à leur sortie <strong>de</strong><br />

prison, du vêtem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> pénit<strong>en</strong>ts. Mais nombreux<br />

fur<strong>en</strong>t ceux qui, tant dans la noblesse que parmi les<br />

g<strong>en</strong>s du peuple, r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t hardim<strong>en</strong>t témoignage à<br />

la vérité dans les cachots et dans les « Tours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Lollards », heureux, au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> tortures et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

flammes, <strong>de</strong> participer aux souffrances <strong>de</strong> leur<br />

Maître.<br />

Faute d'avoir pu assouvir leur colère sur Wiclef<br />

durant sa vie, les champions <strong>de</strong> Rome n'eur<strong>en</strong>t<br />

aucun repos tant que ses ossem<strong>en</strong>ts reposèr<strong>en</strong>t<br />

tranquillem<strong>en</strong>t dans la tombe. À la suite d'un décret<br />

du Concile <strong>de</strong> Constance, plus <strong>de</strong> quarante ans<br />

après la mort du réformateur, ses restes fur<strong>en</strong>t<br />

exhumés, publiquem<strong>en</strong>t livrés aux flammes, et ses<br />

c<strong>en</strong>dres jetées à la rivière. « Cette rivière, dit un<br />

anci<strong>en</strong> auteur, les transporta dans l'Avon, l'Avon,<br />

dans le Severn, le Severn dans le canal <strong>de</strong> Bristol,<br />

et celui-ci dans l'Océan. Ainsi, les c<strong>en</strong>dres <strong>de</strong><br />

Wiclef <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t l'emblème <strong>de</strong> sa doctrine,<br />

160


aujourd'hui répandue dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier. »<br />

(Fuller, Church History of Britain, liv. sect. 2, par.<br />

54.) Ses <strong>en</strong>nemis se doutai<strong>en</strong>t peu du s<strong>en</strong>s<br />

symbolique <strong>de</strong> leur acte.<br />

C'est sous l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits <strong>de</strong> Wiclef que<br />

Jean Hus fut am<strong>en</strong>é à r<strong>en</strong>oncer à plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

erreurs du romanisme et à <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre l'oeuvre <strong>de</strong><br />

la réforme <strong>en</strong> Bohême. Deux pays si éloignés l'un<br />

<strong>de</strong> l'autre recevai<strong>en</strong>t ainsi les sem<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la vérité!<br />

De la Bohême la lumière se répandit <strong>en</strong> d'autres<br />

lieux. <strong>Le</strong>s esprits étai<strong>en</strong>t dirigés vers la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu si longtemps oubliée. Une main divine<br />

préparait le chemin à la gran<strong>de</strong> Réforme.<br />

161


Chapitre 6<br />

Hus et Jérôme<br />

Dès le neuvième siècle, l'Évangile s'était<br />

implanté <strong>en</strong> Bohême. <strong>Le</strong>s saintes Écritures y<br />

avai<strong>en</strong>t été traduites, et le culte y était célébré <strong>en</strong><br />

langue vulgaire. Mais à mesure que la puissance du<br />

pape grandissait, elle éclipsait la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Grégoire VII, qui avait <strong>en</strong>trepris d'abaisser l'orgueil<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rois, ne montrait pas moins d'ar<strong>de</strong>ur à asservir<br />

les peuples. Par une bulle, il interdit la célébration<br />

du culte <strong>en</strong> langue bohémi<strong>en</strong>ne. <strong>Le</strong> pape y déclarait<br />

« qu'il était agréable au Dieu tout-puissant que son<br />

culte fût célébré <strong>en</strong> une langue inconnue, et que<br />

l'inobservance <strong>de</strong> cette règle avait occasionné bi<strong>en</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> maux et <strong><strong>de</strong>s</strong> hérésies ». Rome jetait ainsi un<br />

épais suaire sur la Parole <strong>de</strong> Dieu et laissait les<br />

peuples dans les ténèbres. Mais le ciel avait préparé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> instrum<strong>en</strong>ts pour perpétuer son Église. Nombre<br />

<strong>de</strong> Vaudois et d'Albigeois, chassés <strong>de</strong> France et<br />

d'Italie par la persécution, s'étai<strong>en</strong>t établis <strong>en</strong><br />

Bohême. N'osant pas prêcher ouvertem<strong>en</strong>t dans ce<br />

162


pays, ils y avai<strong>en</strong>t travaillé activem<strong>en</strong>t dans<br />

l'ombre, transmettant l'héritage <strong>de</strong> la vérité d'une<br />

génération à l'autre.<br />

D'autre part, il s'était élevé <strong>en</strong> Bohême <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes qui stigmatisai<strong>en</strong>t la corruption <strong>de</strong> l'Église<br />

et le dévergondage du peuple, et leurs protestations<br />

avai<strong>en</strong>t éveillé l'att<strong>en</strong>tion générale. Alarmée, la<br />

hiérarchie romaine décl<strong>en</strong>cha la persécution contre<br />

les amis <strong>de</strong> l'Évangile, qui allèr<strong>en</strong>t adorer Dieu<br />

dans les forêts et sur les montagnes, où ils fur<strong>en</strong>t<br />

poursuivis. Plusieurs fur<strong>en</strong>t mis à mort. Bi<strong>en</strong>tôt il<br />

fut décrété que ceux qui abandonnerai<strong>en</strong>t la foi<br />

romaine serai<strong>en</strong>t livrés aux flammes. Tout <strong>en</strong><br />

donnant leur vie, ces chréti<strong>en</strong>s comptai<strong>en</strong>t sur le<br />

triomphe <strong>de</strong> leur cause. L'un d'eux, qui avait<br />

<strong>en</strong>seigné que le salut ne s'obti<strong>en</strong>t que par la foi au<br />

Sauveur crucifié, fit <strong>en</strong> mourant cette déclaration :<br />

« <strong>La</strong> fureur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité a<br />

maint<strong>en</strong>ant l'avantage sur nous, mais ce ne sera pas<br />

toujours le cas; il s'élèvera d'<strong>en</strong>tre le peuple un<br />

homme sans épée et sans autorité contre lequel ils<br />

ne pourront ri<strong>en</strong>. » L'époque où Luther <strong>de</strong>vait<br />

163


paraître était <strong>en</strong>core bi<strong>en</strong> éloignée; mais une voix<br />

allait se faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dont le témoignage contre<br />

Rome <strong>de</strong>vait émouvoir les peuples.<br />

D'humble origine et <strong>de</strong> condition mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te, Jean<br />

Hus avait, très tôt, perdu son père. Sa pieuse mère,<br />

qui considérait l'instruction et la piété comme les<br />

bi<strong>en</strong>s les plus précieux, s'était efforcée <strong>de</strong> les<br />

assurer à son fils. Hus put ainsi étudier à l'école<br />

provinciale, puis il <strong>en</strong>tra à l'université <strong>de</strong> Prague<br />

où, <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> son indig<strong>en</strong>ce, il fut admis à titre<br />

gratuit. Sa mère l'y accompagna; veuve et pauvre,<br />

elle n'avait ni prés<strong>en</strong>ts, ni arg<strong>en</strong>t à lui offrir; mais<br />

lorsqu'ils fur<strong>en</strong>t arrivés près <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ville, elle<br />

s'ag<strong>en</strong>ouilla auprès <strong>de</strong> l'orphelin et invoqua sur lui<br />

la bénédiction du Père céleste. Elle se doutait peu<br />

<strong>de</strong> quelle façon ses prières serai<strong>en</strong>t exaucées.<br />

À l'université, Hus se distingua par son<br />

inlassable application et par ses rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> progrès,<br />

tandis que sa vie irréprochable et sa douceur lui<br />

gagnèr<strong>en</strong>t l'estime <strong>de</strong> tous. Fils dévoué <strong>de</strong> l'Église<br />

<strong>de</strong> Rome, il recherchait avec ferveur les<br />

bénédictions spirituelles dont elle se disait<br />

164


dépositaire. À l'occasion d'un jubilé, pour gagner<br />

l'indulg<strong>en</strong>ce promise, il alla se confesser, donna ses<br />

<strong>de</strong>rniers d<strong>en</strong>iers et se joignit aux processions. Ses<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> achevées, il <strong>en</strong>tra dans le sacerdoce.<br />

Gravissant rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les échelons, il fut bi<strong>en</strong>tôt<br />

attaché à la cour, puis nommé professeur et <strong>en</strong>suite<br />

recteur <strong>de</strong> l'université où il avait fait ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. En<br />

quelques années, celui qui avait étudié aux frais <strong>de</strong><br />

l'université <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait la gloire <strong>de</strong> son pays, et son<br />

nom était célèbre dans toute l'Europe.<br />

Mais c'est dans une autre sphère que Hus <strong>de</strong>vait<br />

inaugurer son oeuvre <strong>de</strong> réforme. Plusieurs années<br />

après son ordination à la prêtrise, il fut nommé<br />

prédicateur à la chapelle <strong>de</strong> Bethléhem, dont le<br />

fondateur attachait une gran<strong>de</strong> importance à la<br />

prédication <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures dans la langue du peuple,<br />

coutume que l'opposition <strong>de</strong> Rome n'avait pas<br />

complètem<strong>en</strong>t abolie <strong>en</strong> Bohême. Comme<br />

l'ignorance <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu était gran<strong>de</strong>, et que<br />

les vices les plus hi<strong>de</strong>ux prévalai<strong>en</strong>t dans toutes les<br />

classes <strong>de</strong> la société, Hus, élevant la voix,<br />

dénonçait l'iniquité sans ménagem<strong>en</strong>ts et<br />

proclamait les principes <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la pureté<br />

165


au nom <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Un citoy<strong>en</strong> <strong>de</strong> Prague, du nom <strong>de</strong> Jérôme, qui,<br />

par la suite, fut intimem<strong>en</strong>t lié avec Hus, avait<br />

rapporté à son retour d'un voyage <strong>en</strong> Angleterre les<br />

écrits <strong>de</strong> Wiclef. D'autre part, sous l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

reine d'Angleterre – une princesse bohémi<strong>en</strong>ne<br />

convertie par Wiclef – les écrits <strong>de</strong> ce réformateur<br />

avai<strong>en</strong>t été largem<strong>en</strong>t répandus <strong>en</strong> Bohême. Hus les<br />

lut avec intérêt; convaincu que leur auteur était un<br />

chréti<strong>en</strong> sincère, il fut am<strong>en</strong>é à considérer avec<br />

faveur les réformes qu'il réclamait. Sans le savoir,<br />

il était <strong>en</strong>tré dans une voie qui <strong>de</strong>vait le conduire<br />

bi<strong>en</strong> loin <strong>de</strong> Rome.<br />

En ce temps-là, arrivèr<strong>en</strong>t d'Angleterre à<br />

Prague <strong>de</strong>ux savants étrangers qui, ayant reçu la<br />

lumière, v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t la répandre dans ce lointain pays.<br />

Ayant attaqué ouvertem<strong>en</strong>t la suprématie du pape,<br />

ils fur<strong>en</strong>t réduits au sil<strong>en</strong>ce par les autorités; mais<br />

ne voulant pas abandonner leur <strong>en</strong>treprise, ils<br />

eur<strong>en</strong>t recours à un autre moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong>.<br />

Artistes aussi bi<strong>en</strong> que prédicateurs, ils mir<strong>en</strong>t à<br />

profit leur tal<strong>en</strong>t et peignir<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux tableaux sur<br />

166


une muraille exposée au public. Un <strong>de</strong> ces tableaux<br />

représ<strong>en</strong>tait l'<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> Jésus à Jérusalem, « plein<br />

<strong>de</strong> douceur, et monté sur un âne »(Matthieu 21.5),<br />

et suivi <strong>de</strong> ses disciples nu-pieds et grossièrem<strong>en</strong>t<br />

vêtus. Sur l'autre, on voyait une procession<br />

pontificale; <strong>en</strong> tête, le pape couvert <strong>de</strong> son plus<br />

fastueux costume, la triple couronne sur la tête; il<br />

était monté sur un coursier richem<strong>en</strong>t caparaçonné,<br />

précédé <strong>de</strong> trompettes et suivi <strong>de</strong> cardinaux<br />

somptueusem<strong>en</strong>t vêtus.<br />

Il y avait dans cette décoration murale un<br />

sermon à la portée <strong>de</strong> toutes les classes <strong>de</strong> la<br />

société, et dont la morale n'échappait à personne.<br />

<strong>La</strong> foule se rassemblait <strong>de</strong>vant ces tableaux.<br />

Plusieurs étai<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t impressionnés par<br />

le contraste <strong>en</strong>tre l'humilité du Maître et l'orgueil<br />

du pape, son soi-disant serviteur. Devant l'agitation<br />

qui se produisait dans Prague, les <strong>de</strong>ux étrangers<br />

jugèr<strong>en</strong>t prud<strong>en</strong>t, pour leur sécurité, <strong>de</strong> s'éloigner.<br />

Mais l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t qu'ils avai<strong>en</strong>t donné ne fut pas<br />

oublié. <strong>Le</strong>urs tableaux frappèr<strong>en</strong>t Hus qui se mit à<br />

étudier plus soigneusem<strong>en</strong>t les Écritures et les<br />

écrits <strong>de</strong> Wiclef. Bi<strong>en</strong> qu'il ne fût pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong><br />

167


faveur <strong>de</strong> toutes les réformes préconisées par ce<br />

<strong>de</strong>rnier, il voyait plus clairem<strong>en</strong>t la véritable nature<br />

<strong>de</strong> la papauté, et il se mit à dénoncer avec énergie<br />

l'orgueil, l'ambition et la corruption <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie.<br />

De Bohême, la lumière passa <strong>en</strong> Allemagne.<br />

Des troubles qui se produisir<strong>en</strong>t à l'université <strong>de</strong><br />

Prague am<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t le départ <strong>de</strong> plusieurs c<strong>en</strong>taines<br />

d'étudiants allemands, dont bon nombre <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t à<br />

Hus leur première connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> la Bible; r<strong>en</strong>trés chez eux, ils les répandir<strong>en</strong>t<br />

dans leur pays.<br />

On ne tarda pas à savoir, à Rome, ce qui se<br />

passait à Prague, et Hus fut sommé <strong>de</strong> comparaître<br />

<strong>de</strong>vant le pape. Obéir, c'était courir au-<strong>de</strong>vant d'une<br />

mort certaine. <strong>Le</strong> roi et la reine <strong>de</strong> Bohême,<br />

l'université et la noblesse s'unir<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

que Hus fût autorisé par le pape à rester à Prague et<br />

à se faire représ<strong>en</strong>ter à Rome par un délégué. Au<br />

lieu d'accueillir favorablem<strong>en</strong>t cette requête, le<br />

pape procéda au jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Hus, le condamna et<br />

mit la ville <strong>de</strong> Prague <strong>en</strong> interdit.<br />

168


À cette époque, une telle s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce jetait l'effroi<br />

dans tous les coeurs. <strong>Le</strong>s cérémonies qui<br />

l'accompagnai<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t propres à terrifier les<br />

personnes habituées à considérer le pape comme le<br />

représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> Dieu sur la terre, possédant les clés<br />

du ciel et <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer et ayant le pouvoir d'invoquer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> châtim<strong>en</strong>ts temporels et spirituels. On croyait<br />

que jusqu'à ce que le pape jugeât bon <strong>de</strong> lever<br />

l'anathème, les portes du ciel étai<strong>en</strong>t fermées pour<br />

la région frappée d'excommunication et que les<br />

morts étai<strong>en</strong>t exclus du séjour <strong>de</strong> la félicité. En<br />

signe <strong>de</strong> calamité, tous les offices religieux étai<strong>en</strong>t<br />

susp<strong>en</strong>dus. <strong>Le</strong>s églises étai<strong>en</strong>t fermées. <strong>Le</strong>s<br />

mariages se célébrai<strong>en</strong>t dans les cimetières. <strong>Le</strong>s<br />

morts, privés <strong>de</strong> leur sépulture <strong>en</strong> terre sainte,<br />

étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>terrés sans cérémonie religieuse soit dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tranchées, soit dans les champs. C'est ainsi que<br />

Rome frappait les imaginations et dominait les<br />

consci<strong>en</strong>ces.<br />

Prague était bouleversée. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s accusai<strong>en</strong>t<br />

Hus d'être la cause <strong>de</strong> toutes les calamités et<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t qu'il fût livré au pape. Pour calmer la<br />

169


tempête, le réformateur se retira quelque temps<br />

dans son village natal et écrivit <strong>de</strong> là à ses amis <strong>de</strong><br />

Prague : « Sachez, mes bi<strong>en</strong>-aimés, que c'est pour<br />

suivre l'exemple et l'avertissem<strong>en</strong>t du Christ que je<br />

me suis retiré du milieu <strong>de</strong> vous, <strong>de</strong> peur d'être<br />

pour les méchants une occasion <strong>de</strong> condamnation<br />

éternelle et pour les bons un sujet <strong>de</strong> tristesse et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>uil. J'ai fui pour que <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres impies ne<br />

continu<strong>en</strong>t pas à interdire plus longtemps la<br />

prédication <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu parmi vous, mais<br />

non parce que je r<strong>en</strong>ie la vérité divine pour<br />

laquelle, avec la grâce <strong>de</strong> Dieu, je suis prêt à<br />

mourir. » (E. <strong>de</strong> Bonnechose, <strong>Le</strong>s Réformateurs<br />

avant la Réforme, vol. 1.) Loin <strong>de</strong> susp<strong>en</strong>dre ses<br />

travaux, Hus parcourait la contrée <strong>en</strong>vironnante,<br />

prêchant la Parole <strong>de</strong> Dieu à <strong><strong>de</strong>s</strong> foules avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Ainsi, les mesures que le pape pr<strong>en</strong>ait<br />

pour supprimer la diffusion <strong>de</strong> l'Évangile<br />

contribuai<strong>en</strong>t à lui donner plus <strong>de</strong> publicité <strong>en</strong>core.<br />

« Car nous n'avons pas <strong>de</strong> puissance contre la<br />

vérité; nous n'<strong>en</strong> avons que pour la vérité. »(2<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 13.8)<br />

« Il semble qu'à cette époque, Hus était <strong>en</strong> proie<br />

170


à un douloureux conflit. Quoique l'Église cherchât<br />

à le terrasser par ses foudres, il n'avait pas rejeté<br />

son autorité. L'Église romaine était <strong>en</strong>core pour lui<br />

l'épouse du Christ, et le pape le représ<strong>en</strong>tant et le<br />

vicaire <strong>de</strong> Dieu. C'est contre l'abus <strong>de</strong> cette<br />

autorité, et non contre son principe, que Hus était<br />

parti <strong>en</strong> guerre. De là un viol<strong>en</strong>t conflit <strong>en</strong>tre les<br />

convictions <strong>de</strong> son esprit et les protestations <strong>de</strong> sa<br />

consci<strong>en</strong>ce. Si l'autorité papale était légitime et<br />

infaillible, comme il le croyait, comm<strong>en</strong>t se faisaitil<br />

qu'il se s<strong>en</strong>tît poussé à lui résister? Obéir, il s'<strong>en</strong><br />

r<strong>en</strong>dait compte, serait commettre un péché; mais<br />

pourquoi l'obéissance à une Église infaillible le<br />

plaçait-elle dans cette impasse? Telle était l'énigme<br />

qu'il ne pouvait résoudre; tel était le doute qui le<br />

harcelait sans répit. Finalem<strong>en</strong>t, il comprit qu'il se<br />

trouvait <strong>de</strong>vant une répétition <strong>de</strong> ce qui était arrivé<br />

au temps du Sauveur, à savoir que les prêtres <strong>de</strong><br />

l'Église s'étai<strong>en</strong>t pervertis et se servai<strong>en</strong>t d'un<br />

pouvoir légitime <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>seins illégitimes.<br />

Cette p<strong>en</strong>sée l'am<strong>en</strong>a à adopter et à proposer à<br />

d'autres cette règle <strong>de</strong> conduite : les maximes et les<br />

préceptes <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures doiv<strong>en</strong>t diriger notre<br />

consci<strong>en</strong>ce; <strong>en</strong> d'autres termes, Dieu, parlant par sa<br />

171


Parole, et non l'Église parlant par les prêtres, est le<br />

seul gui<strong>de</strong> infaillible. » (Wylie, liv. III, chap. II.)<br />

Dès que l'agitation se fut apaisée à Prague, Hus<br />

retourna à sa chapelle <strong>de</strong> Bethléhem, où il reprit ses<br />

prédications avec plus <strong>de</strong> zèle et <strong>de</strong> courage que<br />

jamais. Ses <strong>en</strong>nemis étai<strong>en</strong>t actifs et puissants, mais<br />

la reine, plusieurs membres <strong>de</strong> la noblesse et une<br />

bonne partie <strong>de</strong> la population lui accordai<strong>en</strong>t leur<br />

souti<strong>en</strong> et leur amitié. En comparant ses purs<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et sa vie sainte avec les dogmes<br />

dégradants que prêchai<strong>en</strong>t les disciples <strong>de</strong> Rome, et<br />

l'avarice et le dérèglem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur vie, plusieurs<br />

s'honorai<strong>en</strong>t d'être <strong>de</strong> son parti.<br />

Jusqu'alors, Hus avait été seul à la tâche; mais à<br />

partir <strong>de</strong> ce mom<strong>en</strong>t, Jérôme <strong>de</strong> Prague qui,<br />

p<strong>en</strong>dant un séjour <strong>en</strong> Angleterre, avait accepté les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Wiclef, <strong>de</strong>vint son collaborateur.<br />

Unis désormais pour la vie, ils <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t l'être aussi<br />

dans la mort. Joignant à un génie brillant une<br />

éloqu<strong>en</strong>ce rare et une vaste érudition, Jérôme avait<br />

tout ce qu'il fallait pour gagner la faveur populaire.<br />

Mais Hus le dépassait au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la force<br />

172


<strong>de</strong> caractère. Sa pondération était un frein salutaire<br />

pour l'impulsif Jérôme, qui acceptait avec une<br />

véritable humilité les conseils <strong>de</strong> son ami. <strong>Le</strong>urs<br />

travaux réunis imprimai<strong>en</strong>t à la Réforme une<br />

impulsion nouvelle.<br />

Sans révéler à ces hommes <strong>de</strong> son choix toute<br />

la lumière qui <strong>de</strong>vait être donnée au mon<strong>de</strong>, Dieu<br />

leur fit voir plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs <strong>de</strong> l'Église. Par<br />

leur moy<strong>en</strong>, il faisait sortir le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres,<br />

mais graduellem<strong>en</strong>t et pas à pas, <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux et sérieux obstacles à surmonter.<br />

Non préparés à contempler la vérité dans tout son<br />

éclat, ils s'<strong>en</strong> fuss<strong>en</strong>t détournés, éblouis, telle une<br />

personne qui passe <strong>de</strong> l'obscurité à la clarté du<br />

soleil <strong>de</strong> midi. Siècle après siècle, d'autres ouvriers<br />

fidèles allai<strong>en</strong>t être chargés <strong>de</strong> conduire les âmes<br />

plus loin <strong>en</strong>core sur le chemin <strong>de</strong> la Réforme.<br />

<strong>Le</strong> schisme <strong>de</strong> l'Église durait <strong>en</strong>core. Trois<br />

papes se disputai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant la tiare, et leurs<br />

luttes <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t partout <strong><strong>de</strong>s</strong> troubles et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

crimes. Non cont<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> se lancer réciproquem<strong>en</strong>t<br />

leurs foudres spirituelles, les candidats au trône<br />

173


pontifical eur<strong>en</strong>t recours à la force. Chacun d'eux<br />

se mit <strong>en</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> se procurer une armée, mettant<br />

<strong>en</strong> v<strong>en</strong>te, à cet effet, les charges, les bénéfices et les<br />

grâces spirituelles <strong>de</strong> l'Église (voir App<strong>en</strong>dice a15).<br />

Suivant l'exemple <strong>de</strong> leurs supérieurs, les prêtres se<br />

livrai<strong>en</strong>t à la simonie, soit pour évincer <strong><strong>de</strong>s</strong> rivaux,<br />

soit pour accroître leur puissance. Avec une<br />

hardiesse <strong>de</strong> jour <strong>en</strong> jour grandissante, Hus tonnait<br />

contre ces abominations pratiquées sous le couvert<br />

<strong>de</strong> la religion, et le peuple accusait ouvertem<strong>en</strong>t les<br />

chefs <strong>de</strong> l'Église d'être la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> maux qui<br />

accablai<strong>en</strong>t la chréti<strong>en</strong>té.<br />

<strong>La</strong> ville <strong>de</strong> Prague se vit <strong>de</strong>rechef à la veille<br />

d'un conflit sanglant. Comme autrefois le prophète<br />

Élie, le serviteur <strong>de</strong> Dieu était accusé <strong>de</strong> jeter « le<br />

trouble <strong>en</strong> Israël ».(1 Rois 18.17) De nouveau, la<br />

ville fut frappée d'interdit, et Hus se retira dans son<br />

village natal. Il avait fini <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre son fidèle<br />

témoignage dans sa chère chapelle <strong>de</strong> Bethléhem.<br />

Désormais, avant <strong>de</strong> livrer sa vie pour l'amour <strong>de</strong> la<br />

vérité, Hus allait ét<strong>en</strong>dre son action et s'adresser à<br />

toute la chréti<strong>en</strong>té.<br />

174


En vue <strong>de</strong> remédier aux maux qui désolai<strong>en</strong>t<br />

l'Europe, l'empereur Sigismond <strong>de</strong>manda a l'un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

trois papes rivaux <strong>de</strong> convoquer un concile général<br />

à Constance. Jean XXIII (Jean XXIII - Balthazar<br />

Cossa, 1360-1419) était loin <strong>de</strong> voir d'un bon oeil<br />

la réunion <strong>de</strong> ce concile. En effet, il redoutait<br />

l'exam<strong>en</strong> <strong>de</strong> sa vie intime et <strong>de</strong> sa politique, même<br />

<strong>de</strong>vant ces hommes aux moeurs relâchées<br />

qu'étai<strong>en</strong>t les ecclésiastiques <strong>de</strong> l'époque. Il n'osa<br />

pas, toutefois, s'opposer à la volonté <strong>de</strong> l'empereur<br />

(voir App<strong>en</strong>dice a16).<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux grands objets du concile étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

mettre un terme au schisme <strong>de</strong> l'Église et d'extirper<br />

l'hérésie. En conséqu<strong>en</strong>ce, les <strong>de</strong>ux antipapes, aussi<br />

bi<strong>en</strong> que le principal propagateur <strong><strong>de</strong>s</strong> idées<br />

nouvelles, Jean Hus, fur<strong>en</strong>t sommés <strong>de</strong> comparaître<br />

<strong>de</strong>vant l'assemblée. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux premiers, craignant<br />

pour leur sécurité, s'y fir<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

délégués. Jean XXIII, qui avait convoqué le<br />

concile, ne vint à Constance qu'avec <strong>de</strong> vives<br />

appréh<strong>en</strong>sions. Il soupçonnait l'empereur <strong>de</strong> nourrir<br />

secrètem<strong>en</strong>t le projet <strong>de</strong> le faire déposer, et<br />

redoutait fort d'être appelé à répondre <strong><strong>de</strong>s</strong> vices qui<br />

175


avai<strong>en</strong>t déshonoré sa tiare, aussi bi<strong>en</strong> que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

crimes qui lui <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t assuré la possession. Il fit<br />

néanmoins son <strong>en</strong>trée à Constance <strong>en</strong> gran<strong>de</strong><br />

pompe, escorté <strong><strong>de</strong>s</strong> membres du haut clergé et<br />

d'une suite <strong>de</strong> courtisans. Sa tête était protégée par<br />

un baldaquin doré sout<strong>en</strong>u par quatre notables. On<br />

portait l'hostie <strong>de</strong>vant lui. L'éclat du cortège était<br />

rehaussé par les riches costumes <strong><strong>de</strong>s</strong> cardinaux et<br />

<strong>de</strong> la noblesse. <strong>Le</strong> clergé et les magistrats <strong>de</strong> la<br />

ville allèr<strong>en</strong>t à la r<strong>en</strong>contre du pape pour lui<br />

souhaiter la bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue.<br />

Un autre voyageur approchait <strong>en</strong> même temps<br />

<strong>de</strong> Constance. C'était Hus. Consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers<br />

qui le m<strong>en</strong>açai<strong>en</strong>t, il avait dit à ses amis un <strong>de</strong>rnier<br />

adieu, et s'était mis <strong>en</strong> route, convaincu qu'il se<br />

dirigeait vers le bûcher. Bi<strong>en</strong> qu'il eût obt<strong>en</strong>u un<br />

sauf-conduit du roi <strong>de</strong> Bohême et <strong>en</strong> eût reçu un<br />

autre, <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> route, <strong>de</strong> l'empereur Sigismond,<br />

il avait pris toutes ses dispositions <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> sa<br />

mort probable.<br />

:<br />

Dans une lettre à ses amis <strong>de</strong> Prague, il écrivait<br />

176


« Mes frères... je pars; muni d'un sauf-conduit<br />

du roi, je vais au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> nombreux et mortels<br />

<strong>en</strong>nemis.... Je me confie <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t au Dieu toutpuissant<br />

et <strong>en</strong> mon Sauveur; j'espère qu'il exaucera<br />

vos ard<strong>en</strong>tes prières; qu'il mettra la prud<strong>en</strong>ce et la<br />

sagesse <strong>en</strong> ma bouche, et qu'il m'accor<strong>de</strong>ra son<br />

Saint-Esprit pour me fortifier dans sa vérité, <strong>de</strong><br />

sorte que j'affronte avec courage les t<strong>en</strong>tations, la<br />

prison et, si c'est nécessaire, une mort cruelle.<br />

Jésus-Christ a souffert pour ses bi<strong>en</strong>-aimés, nous<br />

laissant son exemple, afin que nous <strong>en</strong>durions<br />

patiemm<strong>en</strong>t nous-mêmes toutes choses pour notre<br />

propre salut. Il est Dieu, et nous sommes ses<br />

créatures; il est le Seigneur, et nous sommes ses<br />

serviteurs; il est le Maître du mon<strong>de</strong>, et nous<br />

sommes <strong>de</strong> chétifs mortels; – cep<strong>en</strong>dant il a<br />

souffert : pourquoi ne souffririons-nous pas, surtout<br />

lorsque la souffrance est pour nous un moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

purification?... Ainsi donc, mes bi<strong>en</strong>-aimés, si ma<br />

mort doit contribuer à sa glorification, priez pour<br />

qu'elle vi<strong>en</strong>ne promptem<strong>en</strong>t et pour que Dieu<br />

m'accor<strong>de</strong> <strong>de</strong> supporter tous mes malheurs avec<br />

pati<strong>en</strong>ce. Mais s'il est préférable que je revi<strong>en</strong>ne au<br />

177


milieu <strong>de</strong> vous, <strong>de</strong>mandons à Dieu que je reparte<br />

sans tache <strong>de</strong> ce concile, c'est-à-dire sans avoir ri<strong>en</strong><br />

retranché <strong>de</strong> la vérité <strong>de</strong> l'Évangile, afin <strong>de</strong> laisser à<br />

mes frères un bel exemple à suivre. Peut-être ne<br />

reverrez-vous plus mon visage à Prague; mais si la<br />

volonté du Dieu tout-puissant daigne me r<strong>en</strong>dre à<br />

vous, avançons alors d'un coeur plus ferme dans la<br />

connaissance et dans l'amour <strong>de</strong> sa Loi. » (E. <strong>de</strong><br />

Bonnechose, ouv. cité, vol. 1.)<br />

Dans une autre lettre, adressée à un prêtre qui<br />

était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u un disciple <strong>de</strong> l'Évangile, Hus parle<br />

avec une profon<strong>de</strong> humilité <strong>de</strong> ses faiblesses; il<br />

s'accuse d'avoir pris plaisir à porter <strong>de</strong> riches<br />

vêtem<strong>en</strong>ts et d'avoir gaspillé <strong><strong>de</strong>s</strong> heures à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

occupations frivoles. Puis il ajoute cette touchante<br />

exhortation :<br />

« Que la gloire <strong>de</strong> Dieu et le salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes<br />

occup<strong>en</strong>t seuls ton esprit, et non la possession <strong>de</strong><br />

bénéfices et d'héritages.... Pr<strong>en</strong>ds gar<strong>de</strong> à ne point<br />

orner ta maison plus que ton âme; et donne surtout<br />

tes soins à l'édifice spirituel. Sois pieux et humble<br />

avec les pauvres, et ne dép<strong>en</strong>se pas ton bi<strong>en</strong> <strong>en</strong><br />

178


festins. Si tu n'am<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> ta vie et ne t'absti<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

vêtem<strong>en</strong>ts somptueux et <strong>de</strong> superfluités, je crains<br />

que tu ne sois gravem<strong>en</strong>t châtié comme je le suis<br />

moi-même.... Tu as connu mes prédications et mes<br />

exhortations dès ton <strong>en</strong>fance; il est donc inutile que<br />

je t'écrive davantage; mais je te conjure, par la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre Seigneur, <strong>de</strong> ne me suivre<br />

dans aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> vanités où tu m'as vu tomber. » Il<br />

ajoutait sur l'<strong>en</strong>veloppe : « Je te conjure, ami, <strong>de</strong> ne<br />

point rompre ce cachet avant d'avoir acquis la<br />

certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma mort. » (E. <strong>de</strong> Bonnechose, ouv.<br />

cité, vol. I.)<br />

P<strong>en</strong>dant toute la durée <strong>de</strong> son voyage, Hus eut<br />

la preuve que sa doctrine était connue au loin et il<br />

put constater la faveur dont sa cause était l'objet.<br />

<strong>Le</strong> peuple accourait au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> lui; dans<br />

quelques villes, il était escorté par les magistrats.<br />

Arrivé à Constance, il jouit d'abord d'une<br />

<strong>en</strong>tière liberté. <strong>Le</strong> pape ajouta au sauf-conduit <strong>de</strong><br />

l'empereur une assurance personnelle <strong>de</strong> sa<br />

protection. Mais peu après, au mépris <strong>de</strong> ces<br />

nombreuses et sol<strong>en</strong>nelles déclarations, par ordre<br />

179


du pape et <strong><strong>de</strong>s</strong> cardinaux, le réformateur fut arrêté<br />

et jeté dans une prison infecte, et plus tard transféré<br />

dans un château fort au bord du Rhin. Ne tirant pas<br />

grand profit <strong>de</strong> sa perfidie, le pape se vit à son tour<br />

interné dans le même château.(Id., p. 300.)<br />

Convaincu, <strong>de</strong>vant le concile, <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes les plus<br />

odieux, <strong>en</strong>tre autres <strong>de</strong> meurtre, <strong>de</strong> simonie,<br />

d'adultère, « et <strong>de</strong> péchés que la déc<strong>en</strong>ce ne permet<br />

pas <strong>de</strong> m<strong>en</strong>tionner » (telle est la déclaration du<br />

concile), Jean XXIII fut privé <strong>de</strong> la tiare. <strong>Le</strong>s<br />

antipapes fur<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t déposés, et un nouveau<br />

pontife fut choisi.<br />

<strong>Le</strong> même concile, tout <strong>en</strong> réclamant une<br />

réforme et <strong>en</strong> déposant le pape pour <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes,<br />

plus énormes que ceux dont Hus accusait les<br />

prêtres, voulut aussi <strong>en</strong> finir avec le réformateur.<br />

L'incarcération <strong>de</strong> Hus avait provoqué une gran<strong>de</strong><br />

indignation <strong>en</strong> Bohême. De puissants seigneurs<br />

adressèr<strong>en</strong>t au concile une protestation véhém<strong>en</strong>te<br />

contre cet affront. L'empereur, qui répugnait à la<br />

violation d'un sauf-conduit, s'opposait aux<br />

machinations <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis du réformateur.<br />

Acharnés et résolus, ceux-ci fir<strong>en</strong>t appel aux<br />

180


préjugés <strong>de</strong> Sigismond et à son zèle pour l'Église.<br />

Ils établir<strong>en</strong>t, par <strong>de</strong> longs argum<strong>en</strong>ts, qu'on «<br />

n'était pas t<strong>en</strong>u, malgré les sauf-conduits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empereurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la foi aux<br />

hérétiques, ni aux personnes suspectes d'hérésie »<br />

(L'<strong>en</strong>fant, Histoire du Concile <strong>de</strong> Constance, vol.<br />

I.), et ils finir<strong>en</strong>t par l'emporter.<br />

Affaibli par la maladie, par sa longue réclusion,<br />

par l'air humi<strong>de</strong> et infect <strong>de</strong> son cachot et par une<br />

fièvre qui faillit mettre un terme à ses jours, Hus<br />

fut <strong>en</strong>fin appelé à comparaître <strong>de</strong>vant le concile.<br />

Chargé <strong>de</strong> chaînes, il parut <strong>de</strong>vant l'empereur qui<br />

avait pris, sur son honneur et sa bonne foi,<br />

l'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> le protéger. Au cours d'un long<br />

interrogatoire, le réformateur soutint fermem<strong>en</strong>t la<br />

vérité. En prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> dignitaires réunis <strong>de</strong><br />

l'Église et <strong>de</strong> l'Empire, il fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une<br />

protestation sol<strong>en</strong>nelle contre les désordres <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie. Mis <strong>en</strong> <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> choisir <strong>en</strong>tre la<br />

rétractation et la mort, il choisit cette <strong>de</strong>rnière.<br />

Hus avait été visiblem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>u par la grâce<br />

<strong>de</strong> Dieu. P<strong>en</strong>dant les semaines <strong>de</strong> souffrances qui<br />

181


s'écoulèr<strong>en</strong>t avant la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce définitive, il avait<br />

joui d'une paix céleste. Il écrivait à un ami : « Je<br />

trace ces lignes dans ma prison et <strong>de</strong> ma main<br />

<strong>en</strong>chaînée, att<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> subir <strong>de</strong>main ma s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> mort.... Lorsque, nous nous retrouverons dans<br />

l'heureuse éternité, tu sauras avec quelle clém<strong>en</strong>ce<br />

le Seigneur a daigné m'assister dans mes cruelles<br />

épreuves. » (E. <strong>de</strong> Bonnechose, ouv. vol. II.)<br />

De sa triste prison, Hus prévoit le triomphe <strong>de</strong><br />

la vraie foi. Dans un songe il voit sa chapelle <strong>de</strong><br />

Bethléhem, où il avait prêché l'Évangile, il voit le<br />

pape et ses évêques occupés à effacer les images du<br />

Christ qu'il avait fait peindre sur les parois. Il <strong>en</strong> est<br />

très affligé; « mais le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main il voit <strong>de</strong> nouveau<br />

dans un rêve plusieurs peintres occupés à repeindre<br />

les images <strong>en</strong> plus grand nombre et avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

couleurs plus vives. Ce travail achevé, les peintres,<br />

<strong>en</strong>tourés d'une gran<strong>de</strong> foule, s'écri<strong>en</strong>t : Que<br />

maint<strong>en</strong>ant vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t papes et évêques! ils ne les<br />

effaceront plus jamais. » Après avoir relaté ce<br />

<strong>de</strong>rnier songe, le réformateur ajoute : « je ti<strong>en</strong>s ceci<br />

pour certain que l'image du Christ ne sera jamais<br />

effacée. Ils ont voulu la détruire; mais elle sera<br />

182


peinte à nouveau dans les coeurs par <strong>de</strong> meilleurs<br />

prédicateurs que moi. »<br />

Quand, pour la <strong>de</strong>rnière fois, Hus comparut<br />

<strong>de</strong>vant le concile, il se trouva dans une nombreuse<br />

et brillante assemblée où l'on remarquait<br />

l'empereur, les princes <strong>de</strong> l'empire, les délégués<br />

royaux, les cardinaux, les évêques. Des prêtres et<br />

une foule imm<strong>en</strong>se étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts. De toutes les<br />

parties <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, étai<strong>en</strong>t accourus les<br />

témoins du premier <strong><strong>de</strong>s</strong> grands sacrifices marquant<br />

la longue lutte qui <strong>de</strong>vait aboutir à la liberté <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce.<br />

Invité à faire part <strong>de</strong> sa décision finale, Hus<br />

répéta son refus d'abjurer, puis, portant son regard<br />

pénétrant sur le monarque honteusem<strong>en</strong>t infidèle à<br />

sa parole d'honneur, il ajouta : « Je suis v<strong>en</strong>u à ce<br />

concile <strong>de</strong> mon plein gré et sous la foi publique et<br />

la protection <strong>de</strong> l'empereur, ici prés<strong>en</strong>t. » Alors<br />

tous les regards se tournèr<strong>en</strong>t vers Sigismond, dont<br />

le visage s'empourpra.<br />

<strong>La</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>due, la cérémonie <strong>de</strong> la<br />

183


dégradation comm<strong>en</strong>ça. <strong>Le</strong>s évêques affublèr<strong>en</strong>t<br />

leur prisonnier <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>ts sacerdotaux. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant l'aube, fit cette remarque : «<br />

Quand Héro<strong>de</strong> fit conduire notre Seigneur à Pilate,<br />

on le revêtit d'une robe blanche pour l'insulter. »<br />

Exhorté <strong>de</strong>rechef à se rétracter, il répondit <strong>en</strong> se<br />

tournant vers le peuple : « Comm<strong>en</strong>t, après cela,<br />

lèverais-je le front vers le ciel? De quel oeil<br />

souti<strong>en</strong>drais-je les regards <strong>de</strong> cette foule d'hommes<br />

que j'ai instruits... <strong>de</strong> la pure doctrine <strong>de</strong> l'Évangile<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ?... Non, non! il ne sera pas dit que<br />

j'ai préféré à leur salut éternel le salut <strong>de</strong> ce corps<br />

misérable <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à la mort. » Ses vêtem<strong>en</strong>ts lui<br />

fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>levés l'un après l'autre, et sur chacun d'eux<br />

les évêques prononcèr<strong>en</strong>t une malédiction. On posa<br />

sur sa tête une couronne ou mitre pyramidale où<br />

étai<strong>en</strong>t peints <strong><strong>de</strong>s</strong> diables affreux, avec cette<br />

inscription : L'HÉRÉSIARQUE. « C'est avec joie,<br />

déclara Hus, que j'accepte <strong>de</strong> porter cette couronne<br />

d'opprobre, par amour pour toi, Jésus, qui, pour<br />

moi, portas une couronne d'épines. » (E. <strong>de</strong><br />

Bonnechose, ouv. cité, vol.II.)<br />

Ayant achevé <strong>de</strong> le travestir, les prélats lui<br />

184


dir<strong>en</strong>t : « Nous livrons maint<strong>en</strong>ant ton âme au<br />

diable. » À quoi Hus répondit, <strong>en</strong> levant les regards<br />

vers le ciel : « Et moi, je remets mon esprit <strong>en</strong>tre<br />

tes mains, ô Seigneur Jésus, car tu m'as racheté. »<br />

(Wylie, liv. III, chap. VII.)<br />

Il fut alors livré au bras séculier et conduit au<br />

lieu d'exécution. Une foule imm<strong>en</strong>se d'hommes<br />

armés, <strong>de</strong> prêtres, d'évêques somptueusem<strong>en</strong>t<br />

vêtus, accompagnés <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> Constance, le<br />

suivir<strong>en</strong>t. Dès que Hus eut été attaché sur le bûcher<br />

prêt à être allumé, on l'exhorta une fois <strong>de</strong> plus à<br />

sauver sa vie par une rétractation <strong>de</strong> ses erreurs. «<br />

À quelles erreurs <strong>de</strong>vrais-je r<strong>en</strong>oncer? <strong>de</strong>manda<br />

Hus. Je ne me s<strong>en</strong>s coupable d'aucune. Je pr<strong>en</strong>ds<br />

Dieu à témoin que tout ce que j'ai prêché et écrit<br />

n'avait d'autre but que d'arracher <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes au péché<br />

et à la perdition. C'est avec joie que je scellerai <strong>de</strong><br />

mon sang les vérités que j'ai prêchées et écrites. »<br />

Quand les flammes comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>velopper,<br />

il se mit à chanter : « Jésus, Fils <strong>de</strong> David, aie pitié<br />

<strong>de</strong> moi », et il continua jusqu'à ce que sa voix se fût<br />

éteinte pour toujours.<br />

185


Ses <strong>en</strong>nemis eux-mêmes fur<strong>en</strong>t frappés <strong>de</strong> son<br />

héroïsme. Un zélé partisan du pape, décrivant le<br />

martyre <strong>de</strong> Hus et <strong>de</strong> Jérôme, qui mourut peu après,<br />

a écrit : « Tous <strong>de</strong>ux se montrèr<strong>en</strong>t fermes à<br />

l'approche <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>rnière heure. Ils se préparèr<strong>en</strong>t<br />

pour le feu comme ils l'aurai<strong>en</strong>t fait pour assister à<br />

une noce. Ils ne fir<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre un seul cri <strong>de</strong><br />

douleur. Quand les flammes s'élevèr<strong>en</strong>t, ils se<br />

mir<strong>en</strong>t à chanter <strong><strong>de</strong>s</strong> cantiques, et c'est à peine si<br />

l'ar<strong>de</strong>ur du feu réussit à arrêter leur chant. » (Wylie,<br />

liv. III, chap. III.)<br />

Dès que le corps <strong>de</strong> Hus fut <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

consumé, on recueillit ses c<strong>en</strong>dres, et on les jeta<br />

dans le Rhin qui les charria dans l'océan. En vain<br />

ses <strong>en</strong>nemis crur<strong>en</strong>t avoir extirpé les vérités qu'il<br />

avait prêchées; ils ne se doutai<strong>en</strong>t pas que ces<br />

c<strong>en</strong>dres perdues dans la mer serai<strong>en</strong>t semblables à<br />

une sem<strong>en</strong>ce qui se répandrait dans tous les pays <strong>de</strong><br />

la terre et produirait dans <strong><strong>de</strong>s</strong> contrées <strong>en</strong>core<br />

inconnues <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits abondants à la gloire <strong>de</strong> la<br />

vérité. <strong>La</strong> voix courageuse qui s'était fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

dans les salles du concile <strong>de</strong> Constance allait<br />

éveiller <strong><strong>de</strong>s</strong> échos dans tous les siècles suivants.<br />

186


Hus n'était plus, mais les vérités pour lesquelles il<br />

était mort ne pouvai<strong>en</strong>t périr. Son exemple <strong>de</strong> foi et<br />

<strong>de</strong> constance <strong>de</strong>vait <strong>en</strong>courager <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />

t<strong>en</strong>ir ferme pour la vérité <strong>en</strong> face <strong><strong>de</strong>s</strong> tortures et <strong>de</strong><br />

la mort. Son exécution avait dévoilé la perfi<strong>de</strong><br />

cruauté <strong>de</strong> Rome aux yeux du mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier.<br />

Inconsciemm<strong>en</strong>t, les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité avai<strong>en</strong>t<br />

contribué au progrès <strong>de</strong> la cause qu'ils désirai<strong>en</strong>t<br />

détruire.<br />

Un second bûcher <strong>de</strong>vait se dresser à<br />

Constance. Un autre témoin allait déposer <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> l'Évangile. En faisant ses adieux à Hus,<br />

avant son départ pour le concile, Jérôme l'avait<br />

exhorté à la fermeté et au courage, lui promettant<br />

<strong>de</strong> voler à son secours au cas où il courrait quelque<br />

danger. Dès qu'il apprit l'arrestation <strong>de</strong> son ami, le<br />

fidèle disciple s'acquitta <strong>de</strong> sa promesse. Sans<br />

aucun sauf-conduit, escorté d'un seul compagnon,<br />

il se mit <strong>en</strong> route pour Constance. Arrivé dans cette<br />

ville, il se r<strong>en</strong>dit compte <strong>de</strong> l'impossibilité dans<br />

laquelle il se trouvait <strong>de</strong> porter secours à Hus et du<br />

danger qu'il courait. Il s'<strong>en</strong>fuit aussitôt, mais il fut<br />

rejoint, arrêté et ram<strong>en</strong>é, chargé <strong>de</strong> chaînes, sous<br />

187


onne gar<strong>de</strong>. Lors <strong>de</strong> sa première comparution, ses<br />

t<strong>en</strong>tatives pour se justifier <strong><strong>de</strong>s</strong> accusations portées<br />

contre lui fur<strong>en</strong>t accueillies par les cris : « Aux<br />

flammes! aux flammes! » Reconduit <strong>en</strong> prison,<br />

<strong>en</strong>chaîné dans une position douloureuse, n'ayant<br />

pour toute nourriture que du pain et <strong>de</strong> l'eau,<br />

Jérôme, après quelques mois <strong>de</strong> ce régime, tomba<br />

mala<strong>de</strong> et fut bi<strong>en</strong> près <strong>de</strong> la mort. Ses <strong>en</strong>nemis,<br />

craignant qu'il ne leur échappe, adoucir<strong>en</strong>t son sort,<br />

mais le laissèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong> prison toute une année.<br />

<strong>La</strong> mort <strong>de</strong> Hus n'avait pas produit l'effet que<br />

ses <strong>en</strong>nemis <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du : la violation du<br />

sauf-conduit avait déchaîné une tempête<br />

d'indignation. Aussi le concile jugea-t-il qu'il était<br />

préférable d'arracher, si possible, à Jérôme une<br />

rétractation plutôt que <strong>de</strong> le livrer aux flammes. Il<br />

fut am<strong>en</strong>é <strong>de</strong>vant l'assemblée, qui lui offrit<br />

l'alternative <strong>de</strong> la rétractation ou du bûcher. Au<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sa captivité, la mort eût été pour<br />

Jérôme une grâce <strong>en</strong> comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances<br />

qu'il <strong>de</strong>vait <strong>en</strong>durer; mais alors, affaibli par la<br />

maladie et par la réclusion, déprimé par l'anxiété et<br />

l'att<strong>en</strong>te, séparé <strong>de</strong> ses amis et abattu par la mort <strong>de</strong><br />

188


Hus, sa constance l'abandonna. Il cons<strong>en</strong>tit à se<br />

soumettre au concile, et accepta le décret<br />

condamnant les doctrines <strong>de</strong> Wiclef et <strong>de</strong> Hus, sans<br />

abandonner toutefois « les saintes vérités » qu'ils<br />

avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seignées.<br />

Par ce compromis, Jérôme espérait calmer la<br />

voix <strong>de</strong> sa consci<strong>en</strong>ce et échapper à la mort. Mais,<br />

réintégré dans la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa prison, il comprit<br />

mieux ce qu'il avait fait. <strong>Le</strong> courage et la fidélité <strong>de</strong><br />

Hus se prés<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t à lui <strong>en</strong> contraste avec son<br />

r<strong>en</strong>iem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vérité. Il reporta ses p<strong>en</strong>sées sur le<br />

divin Maître qu'il s'était <strong>en</strong>gagé à servir, et qui, par<br />

amour pour lui, avait souffert la mort <strong>de</strong> la croix.<br />

Avant sa rétractation, Jérôme avait été sout<strong>en</strong>u<br />

dans toutes ses souffrances par l'assurance <strong>de</strong> la<br />

grâce divine. Mais maint<strong>en</strong>ant son âme était<br />

torturée par le doute et le remords. Il compr<strong>en</strong>ait<br />

que pour être <strong>en</strong> paix avec Rome, il <strong>de</strong>vrait faire <strong>de</strong><br />

nouvelles concessions et que la voie dans laquelle<br />

il était <strong>en</strong>tré ne pouvait aboutir qu'à une complète<br />

apostasie. Aussi prit-il la résolution <strong>de</strong> ne point<br />

cons<strong>en</strong>tir, pour s'épargner une courte pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

souffrances, à r<strong>en</strong>ier son Sauveur.<br />

189


Il fut bi<strong>en</strong>tôt ram<strong>en</strong>é <strong>de</strong>vant le concile. Ses<br />

juges n'étai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core satisfaits <strong>de</strong> sa<br />

soumission. <strong>Le</strong>ur soif <strong>de</strong> sang, excitée par la mort<br />

<strong>de</strong> Hus, exigeait <strong>de</strong> nouvelles victimes. Seule une<br />

répudiation complète <strong>de</strong> la vérité pouvait arracher<br />

Jérôme à la mort. Mais celui-ci avait résolu <strong>de</strong><br />

confesser sa foi et <strong>de</strong> suivre son frère et ami jusque<br />

dans les flammes du bûcher. Il retira sa première<br />

rétractation, et, comme tout condamné à mort, il<br />

sollicita le droit <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter sa déf<strong>en</strong>se. Craignant<br />

l'effet <strong>de</strong> ses paroles, les prélats exigèr<strong>en</strong>t qu'il se<br />

bornât à reconnaître ou à nier la véracité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

accusations portées contre lui. Jérôme protesta<br />

contre cette injustice et cette cruauté : « Vous<br />

m'avez t<strong>en</strong>u <strong>en</strong>fermé trois c<strong>en</strong>t quarante jours dans<br />

une affreuse prison, dans l'ordure, dans la puanteur,<br />

dans le besoin extrême <strong>de</strong> toutes choses; vous me<br />

faites <strong>en</strong>suite comparaître <strong>de</strong>vant vous et, prêtant<br />

l'oreille à mes <strong>en</strong>nemis mortels, vous refusez <strong>de</strong><br />

m'écouter!... Si vous êtes réellem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

sages et les lumières du mon<strong>de</strong>, pr<strong>en</strong>ez gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne<br />

point pécher contre la justice. Pour moi, je ne suis<br />

qu'un faible mortel : ma vie est peu <strong>de</strong> chose, et<br />

190


lorsque je vous exhorte à ne point r<strong>en</strong>dre une<br />

s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce inique, je parle moins pour moi-même<br />

que pour vous. » (E. <strong>de</strong> Bonnechose, ouv. cité, vol.<br />

II.)<br />

On fit droit à sa requête. Jérôme s'ag<strong>en</strong>ouilla <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ses juges, <strong>de</strong>mandant à Dieu <strong>de</strong> diriger<br />

ses p<strong>en</strong>sées et ses paroles, <strong>en</strong> sorte qu'il ne dise ri<strong>en</strong><br />

qui fût contraire à la vérité ou indigne <strong>de</strong> son<br />

Maître. Aussi vit-on, <strong>en</strong> ce jour, se réaliser la<br />

promesse <strong>de</strong> Jésus à ses premiers disciples : « Vous<br />

serez m<strong>en</strong>és, à cause <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gouverneurs et <strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> rois.... Mais, quand on<br />

vous livrera, ne vous inquiétez ni <strong>de</strong> la manière<br />

dont vous parlerez ni <strong>de</strong> ce que vous direz : ce que<br />

vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même;<br />

car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit <strong>de</strong><br />

votre Père qui parlera <strong>en</strong> vous. » (Matthieu 10.18-<br />

20)<br />

<strong>Le</strong>s paroles <strong>de</strong> Jérôme excitèr<strong>en</strong>t l'étonnem<strong>en</strong>t<br />

et l'admiration <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis eux-mêmes. Il avait<br />

été <strong>en</strong>fermé durant une année dans une prison<br />

obscure où il lui avait été impossible <strong>de</strong> lire et où il<br />

191


avait éprouvé <strong>de</strong> vives souffrances physiques et <strong>de</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> angoisses morales. Néanmoins, il parla<br />

avec autant <strong>de</strong> clarté et <strong>de</strong> puissance que s'il avait<br />

eu l'occasion <strong>de</strong> préparer sa déf<strong>en</strong>se à son aise. Il<br />

attira l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> ses juges sur tous les hommes<br />

injustem<strong>en</strong>t condamnés au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. Il <strong>en</strong><br />

m<strong>en</strong>tionna plusieurs – le Christ y compris – qui,<br />

après avoir été couverts d'opprobre et condamnés<br />

comme malfaiteurs parce qu'ils avai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té<br />

d'éclairer leurs semblables, fur<strong>en</strong>t plus tard jugés<br />

dignes <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands honneurs.<br />

Dans sa rétractation, Jérôme avait reconnu<br />

comme juste la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce qui avait condamné Hus.<br />

Honteux <strong>de</strong> sa faiblesse, il r<strong>en</strong>dit un éclatant<br />

témoignage à l'innoc<strong>en</strong>ce et à la sainteté du martyr.<br />

« Je l'ai connu <strong>de</strong>puis son <strong>en</strong>fance, dit-il... C'était<br />

un homme excell<strong>en</strong>t, un juste, un saint, et vous<br />

avez osé condamner cet innoc<strong>en</strong>t...! Moi aussi, je<br />

suis prêt à mourir; je ne reculerai pas <strong>de</strong>vant le<br />

supplice que me prépar<strong>en</strong>t mes <strong>en</strong>nemis et <strong>de</strong> faux<br />

témoins qui <strong>de</strong>vront un jour r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> leurs<br />

impostures <strong>de</strong>vant le grand Dieu que ri<strong>en</strong> ne peut<br />

tromper. » (E. <strong>de</strong> Bonnechose, ouv. cité, vol.II.)<br />

192


Parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> remords que lui occasionnait son<br />

r<strong>en</strong>iem<strong>en</strong>t, Jérôme poursuivit : « De tous les péchés<br />

que j'ai commis <strong>de</strong>puis ma jeunesse, aucun ne me<br />

pèse davantage et ne me cause <strong>de</strong> plus poignants<br />

remords que celui que j'ai commis <strong>en</strong> ce lieu fatal,<br />

lorsque j'ai approuvé la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce inique r<strong>en</strong>due<br />

contre Wiclef et contre ce saint martyr Jean Hus,<br />

mon maître et mon ami. Oui, je le confesse <strong>de</strong><br />

coeur et <strong>de</strong> bouche, je le dis avec horreur, j'ai<br />

honteusem<strong>en</strong>t failli par crainte <strong>de</strong> la mort <strong>en</strong><br />

condamnant leurs doctrines. Je supplie donc le<br />

Dieu tout-puissant <strong>de</strong> me pardonner mes péchés, et<br />

particulièrem<strong>en</strong>t celui-ci, le plus odieux <strong>de</strong> tous. »<br />

En t<strong>en</strong>dant la main vers ses juges, il ajouta d'une<br />

voix ferme : « Vous avez condamné Wiclef et Jean<br />

Hus, non comme ayant ébranlé la doctrine <strong>de</strong><br />

l'Église, mais seulem<strong>en</strong>t parce qu'ils ont flétri les<br />

scandales prov<strong>en</strong>ant du clergé : le faste, l'orgueil et<br />

tous les vices <strong><strong>de</strong>s</strong> prélats et <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres. <strong>Le</strong>s choses<br />

qu'ils ont dites et qui sont irréfutables, je les p<strong>en</strong>se<br />

et je les dis comme eux. »<br />

Frémissants <strong>de</strong> colère, les prélats<br />

193


l'interrompir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> s'écriant : « Qu'est-il besoin<br />

d'autre preuve? Nous voyons <strong>de</strong> nos yeux le plus<br />

obstiné <strong><strong>de</strong>s</strong> hérétiques! »<br />

Sans se laisser émouvoir par cette tempête,<br />

Jérôme continua : « Et quoi, p<strong>en</strong>sez-vous donc que<br />

je craigne la mort? Vous m'avez ret<strong>en</strong>u toute une<br />

année aux fers, dans un affreux cachot, plus<br />

horrible que la mort même; vous m'avez traité plus<br />

rigoureusem<strong>en</strong>t qu'un Turc, qu'un Juif ou qu'un<br />

paï<strong>en</strong>, et ma propre chair a pourri vivante sur mes<br />

os. Et cep<strong>en</strong>dant je ne me plains pas, car la plainte<br />

sied mal à un homme <strong>de</strong> coeur; mais je m'étonne<br />

d'une si gran<strong>de</strong> barbarie <strong>en</strong>vers un chréti<strong>en</strong>. »<br />

<strong>Le</strong> tumulte couvrit <strong>de</strong> nouveau sa voix, et<br />

Jérôme fut reconduit dans sa prison. Mais il s'était<br />

trouvé dans l'assemblée <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes sur<br />

lesquelles ses paroles avai<strong>en</strong>t fait une profon<strong>de</strong><br />

impression, et qui désirai<strong>en</strong>t sauver Jérôme. Des<br />

dignitaires <strong>de</strong> l'Église allèr<strong>en</strong>t le trouver pour<br />

l'<strong>en</strong>gager à se soumettre au concile. On lui<br />

promettait l'av<strong>en</strong>ir le plus brillant si, souscrivant à<br />

la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>due contre Jean Hus, il abjurait sa<br />

194


doctrine. Comme son maître, alors qu'on lui offrait<br />

les gloires <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, il <strong>de</strong>meura inébranlable :<br />

« J'abjurerai, dit-il, si, par la sainte Écriture,<br />

vous me démontrez que je suis dans l'erreur. »<br />

« Eh quoi! fit l'un <strong>de</strong> ses t<strong>en</strong>tateurs, jugera-t-on<br />

<strong>de</strong> tout par les saintes <strong>Le</strong>ttres? Ne faut-il pas<br />

rev<strong>en</strong>ir aux Pères pour les interpréter? »<br />

« Qu'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds-je? s'écria Jérôme.... <strong>Le</strong>s<br />

traditions <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes sont-elles plus dignes <strong>de</strong> foi<br />

que cette sainte Parole du Seigneur? Paul n'a point<br />

exhorté ses lecteurs à écouter les traditions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes; il a dit : '<strong>Le</strong>s saintes Écritures vous<br />

instruiront.' »<br />

« Hérétique! fit un cardinal <strong>en</strong> jetant sur lui un<br />

regard courroucé, je me rep<strong>en</strong>s d'avoir ici plaidé si<br />

longtemps pour toi : le diable est dans ton coeur. »<br />

(E. <strong>de</strong> Bonnechose, ouv. cité, vol. II.)<br />

Jérôme fut condamné à mort et brûlé à l'<strong>en</strong>droit<br />

même où Hus avait donné sa vie. C'est <strong>en</strong> chantant,<br />

195


et le visage rayonnant <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> joie, qu'il se<br />

r<strong>en</strong>dit au lieu du supplice. Il avait les yeux fixés sur<br />

son Sauveur. Pour lui, la mort avait perdu ses<br />

terreurs. <strong>Le</strong> bourreau s'étant glissé <strong>de</strong>rrière lui pour<br />

allumer le bûcher, le martyr lui cria : « Avance<br />

hardim<strong>en</strong>t, et mets le feu <strong>de</strong>vant moi; si je l'avais<br />

craint, je ne serais pas ici. »<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>rnières paroles qu'il proféra p<strong>en</strong>dant que<br />

les flammes l'<strong>en</strong>veloppai<strong>en</strong>t fur<strong>en</strong>t celles-ci : «<br />

Seigneur, Père tout-puissant, aie pitié <strong>de</strong> moi et<br />

pardonne-moi mes péchés, car tu sais que j'ai<br />

toujours aimé ta vérité. » (I<strong>de</strong>m.) Sa voix cessa <strong>de</strong><br />

se faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, mais ses lèvres murmurai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core une prière. Quand le feu eut achevé son<br />

oeuvre, on recueillit ses c<strong>en</strong>dres, et on les jeta dans<br />

le Rhin comme on l'avait fait pour celles <strong>de</strong> Hus.<br />

Ainsi mourai<strong>en</strong>t les fidèles témoins du Dieu<br />

vivant. Mais la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités qu'ils avai<strong>en</strong>t<br />

proclamées – leur héroïque exemple – ne pouvait<br />

être éteinte. Pas plus qu'il ne leur était possible<br />

d'empêcher le soleil <strong>de</strong> poursuivre sa course, les<br />

hommes ne pouvai<strong>en</strong>t arrêter l'aurore qui<br />

196


comm<strong>en</strong>çait à poindre sur le mon<strong>de</strong>.<br />

L'exécution <strong>de</strong> Hus avait soulevé <strong>en</strong> Bohême<br />

une vague d'indignation et d'horreur. Toute la<br />

nation avait le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu'il avait été victime <strong>de</strong><br />

la malignité <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres et <strong>de</strong> la trahison <strong>de</strong><br />

l'empereur. On le t<strong>en</strong>ait pour un fidèle témoin <strong>de</strong> la<br />

vérité; le concile qui avait décrété sa mort fut<br />

accusé <strong>de</strong> meurtre; sa doctrine attirait maint<strong>en</strong>ant<br />

plus que jamais l'att<strong>en</strong>tion. L'édit papal avait<br />

condamné au feu les écrits <strong>de</strong> Wiclef. Mais ceux<br />

qui avai<strong>en</strong>t échappé à la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction étai<strong>en</strong>t retirés<br />

<strong>de</strong> leurs cachettes et comparés avec les Écritures ou<br />

avec les fragm<strong>en</strong>ts du saint Livre que l'on pouvait<br />

se procurer; et ainsi plusieurs étai<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és à la<br />

foi réformée.<br />

<strong>Le</strong>s meurtriers <strong>de</strong> Hus n'assistèr<strong>en</strong>t pas les bras<br />

croisés au triomphe <strong>de</strong> sa cause. <strong>Le</strong> pape et<br />

l'empereur unir<strong>en</strong>t leurs forces pour écraser le<br />

mouvem<strong>en</strong>t, et les armées <strong>de</strong> Sigismond se ruèr<strong>en</strong>t<br />

sur la Bohême.<br />

Mais un libérateur parut. Ziska, chef <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

197


Bohémi<strong>en</strong>s, qui fut frappé <strong>de</strong> cécité peu après<br />

l'ouverture <strong><strong>de</strong>s</strong> hostilités, était l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands<br />

capitaines <strong>de</strong> son siècle. Comptant sur l'assistance<br />

<strong>de</strong> Dieu et la justice <strong>de</strong> sa cause, ce peuple résista<br />

aux plus puissantes armées dirigées contre lui. À<br />

plusieurs reprises, l'empereur <strong>en</strong>vahit la Bohême<br />

avec <strong>de</strong> nouvelles troupes, mais pour se faire battre<br />

à plate couture. <strong>Le</strong>s hus<strong>site</strong>s s'étai<strong>en</strong>t élevés au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> la crainte <strong>de</strong> la mort, et ri<strong>en</strong> ne pouvait<br />

leur résister. Quelques années plus tard, le brave<br />

Ziska mourut et fut remplacé par Procopius,<br />

capitaine égalem<strong>en</strong>t brave et habile, et, sous<br />

certains rapports, supérieur au premier.<br />

Appr<strong>en</strong>ant la mort du général aveugle, les<br />

<strong>en</strong>nemis <strong><strong>de</strong>s</strong> Bohémi<strong>en</strong>s jugèr<strong>en</strong>t le mom<strong>en</strong>t<br />

propice pour regagner tout le terrain perdu. <strong>Le</strong> pape<br />

proclama une croisa<strong>de</strong> contre les hus<strong>site</strong>s et,<br />

<strong>de</strong>rechef, une imm<strong>en</strong>se armée <strong>en</strong>vahit la Bohême,<br />

mais pour aller, une fois <strong>de</strong> plus, au-<strong>de</strong>vant d'une<br />

sanglante défaite. Une nouvelle croisa<strong>de</strong> fut<br />

organisée. On leva <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et on se procura <strong>de</strong><br />

l'arg<strong>en</strong>t, <strong><strong>de</strong>s</strong> armes et <strong><strong>de</strong>s</strong> munitions dans toutes les<br />

parties <strong>de</strong> l'Europe. Des multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> vinr<strong>en</strong>t se<br />

198


anger sous les ét<strong>en</strong>dards du pape avec la certitu<strong>de</strong><br />

d'écraser <strong>en</strong>fin ce peuple d'hérétiques. Confiants <strong>en</strong><br />

la victoire, les <strong>en</strong>vahisseurs pénétrèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

Bohême. <strong>Le</strong> peuple courut aux armes pour les<br />

repousser. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux armées se rapprochèr<strong>en</strong>t l'une<br />

<strong>de</strong> l'autre jusqu'à ce que, seule, une rivière les<br />

séparât. « <strong>Le</strong>s croisés étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> beaucoup<br />

supérieurs <strong>en</strong> nombre; mais au lieu <strong>de</strong> franchir le<br />

cours d'eau, et d'<strong>en</strong>gager la bataille avec ces<br />

hus<strong>site</strong>s qu'ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t combattre <strong>de</strong> si loin, ils se<br />

cont<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> les contempler <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce. »<br />

(Wylie, liv. III, chap. XVII.) Soudain, ils fur<strong>en</strong>t<br />

pris d'une mystérieuse panique. Sans coup férir,<br />

cette puissante armée se débanda et se dispersa,<br />

comme frappée par une puissance invisible. Un<br />

grand nombre <strong>de</strong> fuyards fur<strong>en</strong>t massacrés par<br />

l'armée hus<strong>site</strong>, et un imm<strong>en</strong>se butin resta aux<br />

mains <strong><strong>de</strong>s</strong> vainqueurs.<br />

Quelques années plus tard, un nouveau pape<br />

ordonna une nouvelle croisa<strong>de</strong>. Comme pour la<br />

campagne précéd<strong>en</strong>te, on recruta <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fonds dans toute l'Europe. De grands avantages<br />

étai<strong>en</strong>t offerts à ceux qui s'<strong>en</strong>rôlai<strong>en</strong>t dans cette<br />

199


périlleuse <strong>en</strong>treprise. Tout croisé recevait<br />

l'assurance <strong>de</strong> l'impunité <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes les plus<br />

odieux. On promettait à ceux qui tomberai<strong>en</strong>t sur le<br />

champ <strong>de</strong> bataille une belle récomp<strong>en</strong>se dans le<br />

ciel, et aux survivants <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

honneurs. Encore une fois, une gran<strong>de</strong> armée<br />

franchit la frontière et <strong>en</strong>tra <strong>en</strong> Bohême. <strong>Le</strong>s<br />

hus<strong>site</strong>s se retirèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant elle, attirant ainsi les<br />

<strong>en</strong>vahisseurs à l'intérieur du pays et leur laissant<br />

croire qu'ils avai<strong>en</strong>t déjà la victoire. Mais l'armée<br />

<strong>de</strong> Procopius fit volte-face, et s'apprêta à livrer<br />

bataille aux forces <strong>en</strong>nemies. S'apercevant<br />

seulem<strong>en</strong>t alors <strong>de</strong> leur erreur, les croisés restèr<strong>en</strong>t<br />

dans leur camp, att<strong>en</strong>dant l'attaque. Lorsqu'ils<br />

apprir<strong>en</strong>t que l'armée hus<strong>site</strong> approchait, et avant<br />

même qu'elle fût <strong>en</strong> vue, les croisés, saisis <strong>de</strong><br />

panique, lâchèr<strong>en</strong>t pied. Princes, généraux et<br />

soldats, jetant leurs armures, s'<strong>en</strong>fuir<strong>en</strong>t dans toutes<br />

les directions. <strong>Le</strong> légat du pape, chef <strong>de</strong><br />

l'expédition, s'efforça <strong>de</strong> rallier ses troupes<br />

terrifiées. Il fut lui-même <strong>en</strong>traîné par la vague <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fugitifs. <strong>La</strong> déroute fut complète, et un imm<strong>en</strong>se<br />

butin resta <strong>de</strong> nouveau <strong>en</strong>tre les mains <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vainqueurs.<br />

200


Ainsi, à <strong>de</strong>ux reprises une armée brave et<br />

aguerrie, <strong>en</strong>voyée par les plus puissantes nations<br />

d'Europe, avait fui sans tirer l'épée <strong>de</strong>vant une<br />

faible et petite phalange. Ces terreurs surnaturelles<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>vahisseurs révélai<strong>en</strong>t une manifestation <strong>de</strong> la<br />

puissance divine. Celui qui avait précipité l'armée<br />

<strong>de</strong> Pharaon dans la mer Rouge, mis <strong>en</strong> fuite les<br />

troupes <strong>de</strong> Madian <strong>de</strong>vant Gédéon et ses trois c<strong>en</strong>ts<br />

hommes, et détruit <strong>en</strong> une nuit les forces <strong>de</strong><br />

l'orgueilleux Assyri<strong>en</strong>, avait <strong>de</strong> nouveau ét<strong>en</strong>du sa<br />

main pour abattre la puissance <strong>de</strong> l'oppresseur. «<br />

Alors ils trembleront d'épouvante, sans qu'il y ait<br />

sujet d'épouvante; Dieu dispersera les os <strong>de</strong> ceux<br />

qui camp<strong>en</strong>t contre toi; tu les confondras, car Dieu<br />

les a rejetés. » (Psaume 53.3)<br />

Désespérant <strong>de</strong> vaincre par la force, les chefs<br />

<strong>de</strong> l'Église eur<strong>en</strong>t recours à la diplomatie. On<br />

proposa un compromis qui, tout <strong>en</strong> concédant<br />

apparemm<strong>en</strong>t aux hus<strong>site</strong>s la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce,<br />

les livrait au pouvoir <strong>de</strong> la papauté. <strong>Le</strong>s Bohémi<strong>en</strong>s<br />

mir<strong>en</strong>t quatre conditions à la paix avec Rome : la<br />

libre prédication <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu et l'usage <strong>de</strong><br />

201


leur langue maternelle dans le culte; la communion<br />

sous les <strong>de</strong>ux espèces pour toute la congrégation;<br />

l'exclusion du clergé <strong>de</strong> toutes fonctions<br />

administratives et gouvernem<strong>en</strong>tales; <strong>en</strong>fin, <strong>en</strong> cas<br />

<strong>de</strong> crime, clercs et laïques <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t tous relever <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mêmes tribunaux. <strong>Le</strong> clergé finit par « souscrire<br />

aux quatre conditions <strong><strong>de</strong>s</strong> hus<strong>site</strong>s, mais <strong>en</strong><br />

déclarant que le droit <strong>de</strong> les définir et d'<strong>en</strong><br />

déterminer le s<strong>en</strong>s exact serait l'affaire du concile,<br />

c'est-à-dire du pape et <strong>de</strong> l'empereur ». (Wylie, liv.<br />

III, chap. XVIII.) C'est sur cette base qu'un traité<br />

fut conclu; Rome obt<strong>en</strong>ait ainsi par dissimulation et<br />

par frau<strong>de</strong> ce qu'elle n'avait pu obt<strong>en</strong>ir par la force :<br />

ayant la liberté <strong>de</strong> fixer le s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> articles, elle<br />

allait évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t leur donner celui qui répondait à<br />

ses voeux.<br />

Un parti nombreux, voyant la liberté <strong>en</strong> danger,<br />

ne put souscrire à l'accord. Des diss<strong>en</strong>sions<br />

intestines et <strong><strong>de</strong>s</strong> divisions s'<strong>en</strong>suivir<strong>en</strong>t, qui<br />

am<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits armés. Dans ces luttes, le<br />

noble Procopius tomba, et avec lui périr<strong>en</strong>t les<br />

libertés <strong>de</strong> la Bohême.<br />

202


Sigismond, qui avait trahi Hus et Jérôme,<br />

<strong>de</strong>vint alors roi <strong>de</strong> Bohême. Malgré son serm<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

déf<strong>en</strong>dre les droits <strong>de</strong> ce pays, il voulut y établir la<br />

papauté. Mais sa complaisance <strong>en</strong>vers Rome ne lui<br />

fut guère profitable. P<strong>en</strong>dant vingt ans, il avait dû<br />

affronter sans cesse toutes sortes <strong>de</strong> périls. Ses<br />

armées avai<strong>en</strong>t été décimées et ses finances<br />

épuisées par une lutte longue et stérile. Lorsqu'il<br />

mourut, après un an <strong>de</strong> règne, il léguait à la<br />

postérité un nom marqué d'infamie et son royaume<br />

était m<strong>en</strong>acé par la guerre civile.<br />

<strong>Le</strong>s divisions, les tumultes et les effusions <strong>de</strong><br />

sang se prolongèr<strong>en</strong>t. Des armées étrangères<br />

<strong>en</strong>vahir<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core la Bohême, et la nation continua<br />

d'être bouleversée par <strong><strong>de</strong>s</strong> luttes intestines. Ceux<br />

qui étai<strong>en</strong>t restés fidèles à l'Évangile fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> butte<br />

à une sanglante persécution.<br />

Voyant que les erreurs <strong>de</strong> Rome étai<strong>en</strong>t<br />

adoptées par ceux <strong>de</strong> leurs anci<strong>en</strong>s frères qui<br />

avai<strong>en</strong>t fait un pacte avec elle, les adhér<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

l'antique foi constituèr<strong>en</strong>t une Église distincte qui<br />

prit le nom d'« Église <strong>de</strong> l'Unité <strong><strong>de</strong>s</strong> Frères ».<br />

203


Exposés aux anathèmes <strong>de</strong> tous les partis, ils<br />

<strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t inébranlables. Contraints d'aller<br />

chercher un refuge dans les bois et dans les<br />

cavernes, ils n'<strong>en</strong> continuèr<strong>en</strong>t pas moins <strong>de</strong> se<br />

réunir pour adorer Dieu et lire sa Parole.<br />

Par <strong><strong>de</strong>s</strong> messagers qu'ils avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés<br />

secrètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> divers pays ils apprir<strong>en</strong>t qu'il y<br />

avait çà et là, dans diverses villes, « <strong><strong>de</strong>s</strong> témoins<br />

isolés <strong>de</strong> la vérité exposés comme eux à la<br />

persécution, et qu'il existait dans le massif alpestre<br />

une anci<strong>en</strong>ne Église bâtie sur le fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures et protestant contre l'idolâtrie<br />

romaine ». (Id., chap. XIX.) Ils accueillir<strong>en</strong>t cette<br />

nouvelle avec une gran<strong>de</strong> joie, et ils <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

correspondance avec les chréti<strong>en</strong>s vaudois.<br />

Fermem<strong>en</strong>t attachés à l'Évangile, les<br />

Bohémi<strong>en</strong>s continuèr<strong>en</strong>t, sous les plus sombres<br />

persécutions, <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ir les regards fixés vers<br />

l'horizon, comme att<strong>en</strong>dant les premières lueurs du<br />

jour. « Appelés à vivre à une époque malheureuse,<br />

ils se souv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> Hus répétées<br />

<strong>en</strong>suite par Jérôme, qu'un siècle <strong>de</strong>vait s'écouler<br />

204


avant l'apparition <strong>de</strong> la lumière du matin. Ces<br />

paroles fur<strong>en</strong>t pour les Taborites (les hus<strong>site</strong>s) ce<br />

que celles <strong>de</strong> Joseph avai<strong>en</strong>t été pour les douze<br />

tribus p<strong>en</strong>dant leur servitu<strong>de</strong> : 'Je vais mourir; mais<br />

Dieu vous vi<strong>site</strong>ra certainem<strong>en</strong>t, et il vous fera<br />

remonter <strong>de</strong> ce pays.' » (Id., chap. XIX.) « <strong>La</strong> fin<br />

du quinzième siècle fut témoin <strong>de</strong> l'accroissem<strong>en</strong>t<br />

l<strong>en</strong>t mais constant <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong><strong>de</strong>s</strong> Frères. Loin<br />

d'être libres, ceux-ci jouir<strong>en</strong>t néanmoins d'un repos<br />

relatif. Au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du seizième siècle, ils<br />

comptai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>ts congrégations <strong>en</strong> Bohême et<br />

<strong>en</strong> Moravie. » (Gillett, Life and Times of John<br />

Huss, vol. II, p. 570.) « Ainsi, un reste considérable<br />

<strong>de</strong> réchappés du feu et <strong>de</strong> l'épée put voir l'aurore du<br />

jour annoncé par Jean Hus. »<br />

205


Chapitre 7<br />

Luther se sépare <strong>de</strong> Rome<br />

Suscité à son heure pour réformer L'Église et<br />

éclairer le mon<strong>de</strong>, Martin Luther a joué le rôle le<br />

plus considérable dans le grand mouvem<strong>en</strong>t<br />

réformateur du seizième siècle. Zélé, ard<strong>en</strong>t, pieux,<br />

ne connaissant aucune crainte sinon celle <strong>de</strong> Dieu,<br />

il n'admettait d'autre base <strong>de</strong> foi que les saintes<br />

Écritures.<br />

Comme les premiers hérauts <strong>de</strong> l'Évangile,<br />

Luther naquit dans la pauvreté. Ses premières<br />

années s'écoulèr<strong>en</strong>t dans l'humble chaumière d'un<br />

mineur allemand. Son père, qui gagnait<br />

péniblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quoi subv<strong>en</strong>ir à ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, désirait<br />

<strong>en</strong> faire un avocat. Mais Dieu le <strong><strong>de</strong>s</strong>tinait à<br />

participer à la construction du vaste temple qui<br />

s'élevait l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. Une jeunesse<br />

indig<strong>en</strong>te et une sévère discipline fur<strong>en</strong>t l'école par<br />

laquelle la Sagesse infinie le prépara <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> son<br />

importante carrière.<br />

206


Son père était un homme honnête, résolu,<br />

courageux, franc, à la fois intellig<strong>en</strong>t et judicieux,<br />

obéissant à ses convictions sans s'inquiéter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conséqu<strong>en</strong>ces. Son grand bon s<strong>en</strong>s l'avait mis <strong>en</strong><br />

défiance à l'égard <strong>de</strong> la vie monastique. Aussi<br />

lorsque son fils <strong>en</strong>tra au couv<strong>en</strong>t sans son<br />

autorisation, il <strong>en</strong> fut vivem<strong>en</strong>t peiné, et ne se<br />

réconcilia avec lui que <strong>de</strong>ux ans plus tard, sans<br />

avoir changé d'opinion.<br />

<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Luther veillai<strong>en</strong>t avec soin sur<br />

l'éducation <strong>de</strong> leurs <strong>en</strong>fants, s'efforçant <strong>de</strong> les<br />

instruire dans la connaissance <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> les<br />

gui<strong>de</strong>r dans la pratique <strong><strong>de</strong>s</strong> vertus chréti<strong>en</strong>nes.<br />

Souv<strong>en</strong>t, le jeune homme <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait son père<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans ses prières que son <strong>en</strong>fant restât<br />

fidèle à Dieu et qu'il contribuât un jour à<br />

l'avancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son règne. Saisissant avec<br />

empressem<strong>en</strong>t toutes les occasions <strong>de</strong> s'instruire<br />

compatibles avec leur vie <strong>de</strong> labeur, le père et la<br />

mère travaillai<strong>en</strong>t sans relâche à préparer leurs<br />

<strong>en</strong>fants <strong>en</strong> vue d'une vie pieuse et utile. <strong>Le</strong>ur<br />

fermeté et leur énergie les portai<strong>en</strong>t parfois à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

207


excès <strong>de</strong> sévérité. Toutefois, le futur réformateur<br />

trouva plus tard, dans cette discipline, plus à<br />

apprécier qu'à blâmer. Il n'<strong>en</strong> put dire autant <strong>de</strong> ses<br />

premières années <strong>de</strong> classe où il fut traité avec<br />

dureté, quelquefois même avec viol<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>La</strong> pauvreté <strong>de</strong> ses par<strong>en</strong>ts obligea le jeune<br />

Luther – qui avait quitté la maison paternelle pour<br />

aller étudier dans une autre ville – à chanter <strong>de</strong>vant<br />

les maisons, pour obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> la nourriture et <strong>de</strong><br />

l'arg<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s moroses superstitions <strong>de</strong> l'époque à<br />

travers lesquelles il <strong>en</strong>visageait l'av<strong>en</strong>ir jetai<strong>en</strong>t<br />

l'effroi dans son coeur. Et c'est <strong>en</strong> tremblant, <strong>en</strong><br />

proie à une terreur constante, qu'il se représ<strong>en</strong>tait<br />

Dieu – non comme un t<strong>en</strong>dre Père céleste – mais<br />

comme un être sévère, un juge impitoyable, un<br />

cruel tyran.<br />

En dépit <strong>de</strong> tant d'obstacles et <strong>de</strong> causes <strong>de</strong><br />

découragem<strong>en</strong>t, il allait hardim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'avant à la<br />

conquête <strong>de</strong> l'idéal moral et intellectuel vers lequel<br />

il se s<strong>en</strong>tait attiré. Sa soif <strong>de</strong> connaissances et la<br />

tournure pratique <strong>de</strong> son esprit lui faisai<strong>en</strong>t préférer<br />

le soli<strong>de</strong> et l'utile au clinquant et au superficiel.<br />

208


Entré à dix-huit ans à l'université, il vit sa<br />

condition s'améliorer considérablem<strong>en</strong>t, et ses<br />

perspectives <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir meilleures. Grâce à leur<br />

savoir-faire et à leur industrie, ses par<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t<br />

acquis une honnête aisance et pur<strong>en</strong>t dès lors<br />

subv<strong>en</strong>ir à tous ses besoins. De plus, l'influ<strong>en</strong>ce<br />

d'amis judicieux avait heureusem<strong>en</strong>t atténué la<br />

t<strong>en</strong>dance au pessimisme qu'il <strong>de</strong>vait à sa première<br />

éducation. S'appliquant à l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> bons auteurs,<br />

il s'appropria leurs meilleures p<strong>en</strong>sées et fit si<strong>en</strong>ne<br />

la sagesse <strong><strong>de</strong>s</strong> sages. Très tôt, sous la dure<br />

discipline <strong>de</strong> ses anci<strong>en</strong>s maîtres, il avait fait naître<br />

<strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> espérances. Mais lorsqu'il se trouva<br />

dans une ambiance favorable, son esprit se<br />

développa rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Une excell<strong>en</strong>te mémoire,<br />

une imagination vive, une gran<strong>de</strong> force <strong>de</strong><br />

raisonnem<strong>en</strong>t et une application inlassable le<br />

distinguèr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt au milieu <strong>de</strong> ses condisciples.<br />

<strong>La</strong> discipline <strong>de</strong> l'école mûrit son jugem<strong>en</strong>t et le<br />

prépara <strong>en</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits qui l'att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t.<br />

<strong>La</strong> piété naïve et précoce qui réchauffait son<br />

jeune coeur l'armait <strong>de</strong> persévérance dans ses<br />

209


<strong><strong>de</strong>s</strong>seins et lui inspirait une sincère humilité.<br />

Constamm<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son besoin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

directions et du secours d'<strong>en</strong> haut, il comm<strong>en</strong>çait<br />

chacune <strong>de</strong> ses journées par la prière et vivait dans<br />

une attitu<strong>de</strong> d'intercession. « Bi<strong>en</strong> prier, avait-il<br />

coutume <strong>de</strong> dire, est plus qu'à moitié étudier. »<br />

(Voir App<strong>en</strong>dice a17)<br />

En parcourant la bibliothèque <strong>de</strong> l'université,<br />

Luther y trouva un exemplaire <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures<br />

<strong>en</strong> latin. Jamais il n'avait vu ce livre. Il <strong>en</strong> ignorait<br />

même l'exist<strong>en</strong>ce. Il avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du lire, au service<br />

religieux, <strong><strong>de</strong>s</strong> fragm<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> évangiles et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

épîtres, et il supposait que cela constituait toutes les<br />

Écritures. Pour la première fois, il contemplait la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu dans sa totalité. C'est avec un<br />

étonnem<strong>en</strong>t mêlé <strong>de</strong> crainte qu'il tournait les pages<br />

sacrées. <strong>Le</strong> coeur battant, le pouls accéléré, il<br />

s'interrompait pour s'écrier : « Oh! si Dieu voulait<br />

un jour me donner à moi un tel livre! » Des rayons<br />

<strong>de</strong> lumière émanant du trône <strong>de</strong> Dieu révélai<strong>en</strong>t au<br />

jeune étudiant <strong>en</strong>touré d'anges les trésors <strong>de</strong> la<br />

vérité. Il avait toujours craint d'off<strong>en</strong>ser Dieu. Mais<br />

maint<strong>en</strong>ant la conviction profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa culpabilité<br />

210


s'emparait <strong>de</strong> sa consci<strong>en</strong>ce plus fortem<strong>en</strong>t que<br />

jamais.<br />

Son désir <strong>de</strong> s'affranchir du péché et <strong>de</strong> trouver<br />

la paix avec Dieu <strong>de</strong>vint si impérieux qu'il finit par<br />

se déci<strong>de</strong>r à <strong>en</strong>trer dans un couv<strong>en</strong>t. Là, il fut<br />

astreint aux travaux les plus humiliants et dut<br />

même aller m<strong>en</strong>dier <strong>de</strong> porte <strong>en</strong> porte. À l'âge où<br />

l'on éprouve le plus grand besoin d'être considéré et<br />

apprécié, Luther aurait pu être découragé <strong>de</strong> se voir<br />

contraint d'accomplir ces fonctions humbles et <strong>de</strong><br />

nature à mortifier cruellem<strong>en</strong>t ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts<br />

naturels, mais il supportait patiemm<strong>en</strong>t cette<br />

humiliation qu'il estimait nécessaire à l'expiation <strong>de</strong><br />

ses péchés.<br />

Tous les instants qu'il pouvait dérober à ses<br />

<strong>de</strong>voirs journaliers, à son sommeil, et même à ses<br />

maigres repas, étai<strong>en</strong>t consacrés à l'étu<strong>de</strong>. <strong>La</strong><br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, surtout, faisait ses délices. Il avait<br />

trouvé un exemplaire du saint Livre <strong>en</strong>chaîné à la<br />

muraille du couv<strong>en</strong>t, et il se r<strong>en</strong>dait souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cet<br />

<strong>en</strong>droit pour <strong>en</strong> faire la lecture. De plus <strong>en</strong> plus<br />

accablé par le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses péchés, il continuait<br />

211


à chercher la paix et le pardon par ses propres<br />

moy<strong>en</strong>s, s'efforçant <strong>de</strong> dompter les faiblesses <strong>de</strong> sa<br />

nature par <strong><strong>de</strong>s</strong> jeûnes, <strong><strong>de</strong>s</strong> veilles et une discipline<br />

rigoureuse. Soupirant après une pureté <strong>de</strong> coeur qui<br />

lui apportât l'approbation <strong>de</strong> Dieu, il ne reculait<br />

<strong>de</strong>vant aucune pénit<strong>en</strong>ce.<br />

« Vraim<strong>en</strong>t, écrivait-il plus tard, j'ai été un<br />

moine pieux, et j'ai suivi les règles <strong>de</strong> mon ordre<br />

plus sévèrem<strong>en</strong>t que je ne saurais l'exprimer. Si<br />

jamais moine eût pu <strong>en</strong>trer dans le ciel par sa<br />

moinerie, certes j'y serais <strong>en</strong>tré... Si cela eût duré<br />

longtemps <strong>en</strong>core, je me serais martyrisé jusqu'à la<br />

mort. » Ces mortifications altérèr<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t<br />

sa santé. Il <strong>de</strong>vint sujet à <strong><strong>de</strong>s</strong> évanouissem<strong>en</strong>ts dont<br />

les suites <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t se faire s<strong>en</strong>tir jusqu'à la fin <strong>de</strong> sa<br />

vie. En dépit <strong>de</strong> tous ses efforts, il n'éprouva aucun<br />

soulagem<strong>en</strong>t et se trouva bi<strong>en</strong>tôt aux confins du<br />

désespoir.<br />

C'est alors que Dieu lui suscita un ami<br />

secourable <strong>en</strong> la personne du pieux Staupitz, le<br />

supérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> Augustins, qui l'aida à compr<strong>en</strong>dre la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu et le supplia <strong>de</strong> ne plus contempler<br />

212


le châtim<strong>en</strong>t dû au péché, mais <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r à Jésus,<br />

son Sauveur, prêt à pardonner. « Au lieu <strong>de</strong> te<br />

martyriser pour tes fautes, lui dit-il, jette-toi dans<br />

les bras du Ré<strong>de</strong>mpteur. Confie-toi <strong>en</strong> lui, <strong>en</strong> la<br />

justice <strong>de</strong> sa vie et <strong>en</strong> sa mort expiatoire.... Il est<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>u homme pour te donner l'assurance <strong>de</strong> la<br />

faveur divine.... Aime Celui qui t'a aimé le<br />

premier! »<br />

Ces paroles fir<strong>en</strong>t une profon<strong>de</strong> impression sur<br />

Luther. Après bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> luttes contre les erreurs qu'il<br />

avait si longtemps caressées, il finit par saisir la<br />

vérité, et le calme <strong>en</strong>tra dans son âme angoissée.<br />

Luther reçut les ordres, et fut appelé à quitter le<br />

couv<strong>en</strong>t pour aller occuper une chaire <strong>de</strong> professeur<br />

à l'université <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg où il <strong>en</strong>seigna les<br />

saintes Écritures dans les langues originales. Puis,<br />

dans un cours public, il se mit à comm<strong>en</strong>ter la<br />

Bible, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant successivem<strong>en</strong>t le livre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Psaumes, les évangiles et les épîtres. Des foules<br />

d'auditeurs émerveillés v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t l'écouter. Staupitz,<br />

à la fois son ami et son supérieur, l'<strong>en</strong>gageait à<br />

monter <strong>en</strong> chaire. Luther hésitait, se s<strong>en</strong>tant indigne<br />

213


<strong>de</strong> prêcher la Parole <strong>de</strong> Dieu à la place et au nom<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ. Ce ne fut qu'après une longue<br />

résistance qu'il céda aux pressantes sollicitations <strong>de</strong><br />

ses amis. Déjà puissant dans les saintes <strong>Le</strong>ttres, il<br />

captivait ses auditeurs par son éloqu<strong>en</strong>ce; la clarté<br />

et la force avec lesquelles il prés<strong>en</strong>tait la vérité<br />

portai<strong>en</strong>t la conviction dans les esprits, et sa<br />

ferveur touchait les coeurs.<br />

Fils dévoué <strong>de</strong> l'Église romaine, Luther n'avait<br />

aucune int<strong>en</strong>tion d'être autre chose. Il <strong>en</strong>trait dans<br />

les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Dieu qu'il fût appelé à se r<strong>en</strong>dre à<br />

Rome. Il fit ce voyage à pied, logeant dans les<br />

monastères qu'il trouvait sur sa route. En Italie,<br />

s'étant arrêté dans un couv<strong>en</strong>t, il fut surpris par la<br />

richesse, la magnific<strong>en</strong>ce et le luxe qui s'y<br />

étalai<strong>en</strong>t. Jouissant <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>us princiers, les<br />

religieux habitai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> palais, portai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soutanes opul<strong>en</strong>tes et s'asseyai<strong>en</strong>t à une table<br />

somptueuse. <strong>Le</strong> moine <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg était peiné <strong>de</strong><br />

voir le contraste <strong>en</strong>tre ce spectacle et sa vie <strong>de</strong><br />

labeurs et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t. Il <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait perplexe.<br />

Enfin, il aperçut dans le lointain la ville aux<br />

214


sept collines. Saisi d'une profon<strong>de</strong> émotion, il se<br />

prosterna <strong>en</strong> terre <strong>en</strong> s'écriant : « Rome sainte, je te<br />

salue! » Entré dans la cité, il visita les églises,<br />

écouta les histoires extraordinaires que racontai<strong>en</strong>t<br />

les prêtres et les moines, et se conforma à toutes les<br />

cérémonies du culte. Partout, ses yeux<br />

r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes qui le remplissai<strong>en</strong>t<br />

d'étonnem<strong>en</strong>t et d'horreur. L'iniquité s'étalait dans<br />

tous les rangs du clergé. Partout les prélats se<br />

permettai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> plaisanteries indéc<strong>en</strong>tes dont<br />

l'esprit profane pénétrait jusque dans les saints<br />

offices. Où qu'il se tournât il r<strong>en</strong>contrait l'impiété,<br />

non la sainteté. « On ne saurait croire les péchés et<br />

les actions infâmes qui se commett<strong>en</strong>t dans Rome,<br />

écrivait-il; il faut le voir et l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre pour le croire.<br />

Aussi a-t-on coutume <strong>de</strong> dire : S'il y a un <strong>en</strong>fer,<br />

Rome est bâtie <strong><strong>de</strong>s</strong>sus; c'est un abîme d'où sort<strong>en</strong>t<br />

tous les péchés. »<br />

Par un réc<strong>en</strong>t décret, le pape v<strong>en</strong>ait d'accor<strong>de</strong>r<br />

une indulg<strong>en</strong>ce à tous ceux qui gravirai<strong>en</strong>t à<br />

g<strong>en</strong>oux l' « escalier <strong>de</strong> Pilate », qu'on prét<strong>en</strong>dait<br />

être celui – miraculeusem<strong>en</strong>t transféré <strong>de</strong><br />

Jérusalem à Rome – par lequel notre Sauveur était<br />

215


<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du <strong>en</strong> quittant le tribunal romain. Luther <strong>en</strong><br />

faisait dévotem<strong>en</strong>t l'asc<strong>en</strong>sion, quand, tout à coup,<br />

la parole du prophète Habakuk, que Paul a répétée,<br />

ret<strong>en</strong>tit dans son coeur comme un tonnerre : « <strong>Le</strong><br />

juste vivra par la foi. » (Romains 1.17) Se relevant<br />

brusquem<strong>en</strong>t, il s'éloigna honteux et bouleversé.<br />

Cette parole impressionna toujours son âme. Dès<br />

ce mom<strong>en</strong>t, il vit plus clairem<strong>en</strong>t que jamais<br />

combi<strong>en</strong> il est erroné <strong>de</strong> chercher le salut dans les<br />

oeuvres. Il comprit aussi la nécessité <strong>de</strong> la foi aux<br />

mérites <strong>de</strong> Jésus-Christ. Ses yeux étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>sillés,<br />

et cela pour toujours, sur les égarem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

papauté. En détournant son visage <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Rome, il <strong>en</strong> avait détourné son coeur, et, à partir <strong>de</strong><br />

ce jour, l'abîme qui l'<strong>en</strong> séparait <strong>de</strong>vait aller <strong>en</strong><br />

s'élargissant jusqu'à la séparation complète.<br />

À son retour <strong>de</strong> la ville éternelle, Luther reçut<br />

<strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> docteur <strong>en</strong><br />

théologie. Il pouvait désormais se consacrer plus<br />

que jamais à l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures qu'il<br />

chérissait. Il avait fait le voeu sol<strong>en</strong>nel d'étudier<br />

avec soin et <strong>de</strong> prêcher fidèlem<strong>en</strong>t tous les jours <strong>de</strong><br />

sa vie la Parole <strong>de</strong> Dieu, et non les décisions et les<br />

216


doctrines <strong><strong>de</strong>s</strong> papes. Il n'était plus simplem<strong>en</strong>t<br />

moine ni professeur, mais héraut autorisé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Livres saints. Appelé à être berger du troupeau <strong>de</strong><br />

Dieu, d'un troupeau ayant faim et soif <strong>de</strong> vérité, le<br />

nouveau docteur déclarait hautem<strong>en</strong>t que le<br />

chréti<strong>en</strong> ne peut recevoir d'autre doctrine que celle<br />

qui repose sur les Écrits sacrés. Cette affirmation<br />

sapait la suprématie du pape. Elle cont<strong>en</strong>ait le<br />

principe vital <strong>de</strong> la réforme.<br />

Voyant combi<strong>en</strong> il est dangereux d'accor<strong>de</strong>r<br />

plus <strong>de</strong> crédit aux théories humaines qu'à la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu, Luther attaquait hardim<strong>en</strong>t l'incrédulité<br />

spéculative <strong><strong>de</strong>s</strong> savants, et combattait à la fois la<br />

philosophie et la théologie qui, <strong>en</strong> Europe,<br />

dominai<strong>en</strong>t les esprits. Il dénonçait ces étu<strong><strong>de</strong>s</strong> non<br />

seulem<strong>en</strong>t comme inutiles, mais comme<br />

pernicieuses, et s'efforçait <strong>de</strong> détourner ses<br />

auditeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> sophismes <strong><strong>de</strong>s</strong> docteurs pour attirer<br />

leur att<strong>en</strong>tion sur les vérités éternelles exposées par<br />

les prophètes et les apôtres.<br />

<strong>Le</strong>s foules susp<strong>en</strong>dues aux lèvres du jeune<br />

docteur <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t un message d'une douceur<br />

217


inconnue. Jamais <strong>de</strong> telles paroles n'avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

frappé leurs oreilles. L'heureuse nouvelle <strong>de</strong><br />

l'amour d'un Sauveur, l'assurance du pardon et <strong>de</strong><br />

la paix par la foi <strong>en</strong> son sang expiatoire<br />

réjouissai<strong>en</strong>t les coeurs et y versai<strong>en</strong>t une<br />

espérance immortelle. <strong>La</strong> lumière qui brillait à<br />

Witt<strong>en</strong>berg <strong>de</strong>vait rayonner jusqu'aux extrémités <strong>de</strong><br />

la terre, et son éclat s'int<strong>en</strong>sifier jusqu'à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps.<br />

Comme le conflit <strong>en</strong>tre la lumière et les<br />

ténèbres est irréductible, ainsi il n'y a pas d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te<br />

possible <strong>en</strong>tre la vérité et l'erreur. Proclamer,<br />

établir l'une, c'est attaquer et r<strong>en</strong>verser l'autre.<br />

Notre Sauveur a dit lui-même : « Je ne suis pas<br />

v<strong>en</strong>u apporter la paix, mais l'épée. » (Matthieu<br />

10.34) Au début <strong>de</strong> la Réforme, Luther disait : «<br />

Dieu ne me conduit pas; il me pousse, il m'<strong>en</strong>lève.<br />

Je ne suis pas maître <strong>de</strong> moi-même. Je voudrais<br />

vivre dans le repos; mais je suis précipité au milieu<br />

du tumulte et <strong><strong>de</strong>s</strong> révolutions. » Il allait maint<strong>en</strong>ant<br />

être jeté dans l'arène.<br />

L'Église romaine avait fait trafic <strong>de</strong> la grâce <strong>de</strong><br />

218


Dieu. <strong>Le</strong>s tables <strong><strong>de</strong>s</strong> changeurs s'étai<strong>en</strong>t dressées<br />

auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> autels, et l'air ret<strong>en</strong>tissait <strong><strong>de</strong>s</strong> éclats <strong>de</strong><br />

voix <strong><strong>de</strong>s</strong> v<strong>en</strong><strong>de</strong>urs et <strong><strong>de</strong>s</strong> acheteurs. Sous prétexte<br />

<strong>de</strong> réunir <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> l'érection <strong>de</strong> la<br />

basilique <strong>de</strong> St-Pierre, à Rome, le pape avait<br />

ordonné la v<strong>en</strong>te publique <strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces. Avec le<br />

prix du crime, et sur la pierre angulaire <strong>de</strong><br />

l'iniquité, on érigeait un temple à Dieu. Mais<br />

l'expédi<strong>en</strong>t même dont Rome se servait allait<br />

asséner un coup mortel à sa puissance et à sa<br />

gran<strong>de</strong>ur. Ce trafic allait susciter à la papauté son<br />

<strong>en</strong>nemi le plus résolu et le plus redoutable, et<br />

décl<strong>en</strong>cher une bataille qui allait ébranler le trône<br />

papal au point <strong>de</strong> faire chanceler la triple couronne<br />

sur la tête du souverain pontife.<br />

C'est Jean Tetzel qui fut choisi pour la v<strong>en</strong>te<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> Allemagne. Convaincu <strong>de</strong> délits<br />

inavouables contre la société et contre la loi <strong>de</strong><br />

Dieu, il avait réussi à se soustraire au juste<br />

châtim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses crimes. Il fut désigné pour<br />

exécuter les projets intéressés et sacrilèges du<br />

Saint-Siège. Débitant <strong><strong>de</strong>s</strong> histoires<br />

invraisemblables et <strong><strong>de</strong>s</strong> contes merveilleux, il<br />

219


trompait effrontém<strong>en</strong>t un peuple ignorant, crédule<br />

et superstitieux, qui, s'il avait été <strong>en</strong> possession <strong>de</strong><br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu, ne se serait pas laissé abuser <strong>de</strong><br />

la sorte. Mais on avait privé les g<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures pour les t<strong>en</strong>ir sous le joug <strong>de</strong> la papauté et<br />

les employer à accroître les richesses et la<br />

puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> dignitaires <strong>de</strong> l'Église.<br />

Tetzel <strong>en</strong>trait dans une localité précédé d'un<br />

héraut qui criait : « Nous vous apportons la grâce<br />

<strong>de</strong> Dieu et du Saint-Père. » Et le peuple d'accueillir<br />

l'imposteur comme s'il avait été Dieu lui-même<br />

v<strong>en</strong>u sur terre. L'infâme marché s'ouvrait dans<br />

l'Église. Du haut <strong>de</strong> la chaire, Tetzel exaltait les<br />

indulg<strong>en</strong>ces comme le plus précieux don du ciel. «<br />

V<strong>en</strong>ez, disait-il, je vous donnerai <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres<br />

dûm<strong>en</strong>t scellées par lesquelles les péchés mêmes<br />

que vous aurez l'int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> commettre vous<br />

seront tous pardonnés. » « Il y a plus, ajoutait-il, les<br />

indulg<strong>en</strong>ces ne sauv<strong>en</strong>t pas seulem<strong>en</strong>t les vivants,<br />

elles sauv<strong>en</strong>t aussi les morts. ...<br />

» À peine l'arg<strong>en</strong>t a-t-il sonné dans ma caisse,<br />

que l' âme s'élance hors du purgatoire et pr<strong>en</strong>d son<br />

220


vol vers le ciel. »<br />

Simon le magici<strong>en</strong> avait autrefois offert <strong>de</strong><br />

l'arg<strong>en</strong>t aux apôtres <strong>en</strong> échange du don <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

miracles. Pierre lui avait dit : « Que ton arg<strong>en</strong>t<br />

périsse avec toi, puisque tu as cru que le don <strong>de</strong><br />

Dieu s'acquérait à pris d'arg<strong>en</strong>t! » (Actes 8.20)<br />

Mais l'offre <strong>de</strong> Tetzel était acceptée avec<br />

empressem<strong>en</strong>t par <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s. L'arg<strong>en</strong>t et<br />

l'or affluai<strong>en</strong>t dans ses caisses. Un salut à prix<br />

d'arg<strong>en</strong>t est plus facile à obt<strong>en</strong>ir que celui qui exige<br />

la conversion, la foi et une lutte persévérante contre<br />

le péché. (Voir App<strong>en</strong>dice a18)<br />

<strong>La</strong> doctrine <strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces trouva cep<strong>en</strong>dant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> contradicteurs dans l'Église romaine : c'étai<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes savants et pieux qui n'accordai<strong>en</strong>t<br />

aucune confiance à <strong><strong>de</strong>s</strong> prét<strong>en</strong>tions aussi contraires<br />

à la raison et à l'Écriture. Mais aucun prélat n'osait<br />

élever la voix contre cet odieux trafic. <strong>Le</strong> malaise<br />

comm<strong>en</strong>çant à se faire s<strong>en</strong>tir, plusieurs se<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t avec angoisse si Dieu ne susciterait<br />

pas quelque instrum<strong>en</strong>t pour purifier son Église.<br />

221


Bi<strong>en</strong> que Luther fût <strong>en</strong>core un ferv<strong>en</strong>t papiste,<br />

il était rempli d'horreur à l'ouïe <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations<br />

blasphématoires <strong><strong>de</strong>s</strong> marchands d'indulg<strong>en</strong>ces.<br />

Plusieurs <strong>de</strong> ses auditeurs, qui avai<strong>en</strong>t acheté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

certificats <strong>de</strong> pardon, vinr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt lui confesser<br />

leurs divers péchés, et lui <strong>en</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'absolution,<br />

non pas qu'ils <strong>en</strong> euss<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> remords sincères,<br />

mais uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> leurs indulg<strong>en</strong>ces.<br />

Luther la leur refusa, et leur déclara tout net que<br />

sans rep<strong>en</strong>tance et sans conversion, ils périrai<strong>en</strong>t<br />

dans leurs péchés. Très perplexes, ces g<strong>en</strong>s se<br />

hâtèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> retourner vers Tetzel pour l'informer<br />

qu'un moine augustin ne faisait aucun cas <strong>de</strong> ses<br />

lettres <strong>de</strong> pardon. Quelques-uns même<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t hardim<strong>en</strong>t le remboursem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur<br />

arg<strong>en</strong>t. À cette nouvelle, Tetzel rugit <strong>de</strong> colère, et<br />

se livra <strong>en</strong> chaire à <strong>de</strong> terribles imprécations. À<br />

plusieurs reprises, il fit allumer un feu sur la gran<strong>de</strong><br />

place, <strong>en</strong> déclarant qu'il avait reçu du pape l'ordre<br />

<strong>de</strong> brûler tous les hérétiques qui oserai<strong>en</strong>t s'élever<br />

contre ses très saintes indulg<strong>en</strong>ces.<br />

Luther <strong>en</strong>tra alors résolum<strong>en</strong>t dans la lice<br />

comme champion <strong>de</strong> la vérité. Montant <strong>en</strong> chaire, il<br />

222


fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> sol<strong>en</strong>nels avertissem<strong>en</strong>ts. Mettant <strong>en</strong><br />

relief la nature odieuse du péché, il affirma qu'il est<br />

impossible à l'homme, par ses propres efforts,<br />

d'atténuer sa culpabilité ou d'élu<strong>de</strong>r le châtim<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Dieu. Seules la rep<strong>en</strong>tance et la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ<br />

peuv<strong>en</strong>t sauver le pécheur. <strong>La</strong> grâce, don gratuit <strong>de</strong><br />

Dieu, ne s'obt<strong>en</strong>ant pas à prix d'arg<strong>en</strong>t, Luther<br />

conseillait à ses auditeurs, non d'acheter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

indulg<strong>en</strong>ces, mais <strong>de</strong> compter avec foi sur un<br />

Sauveur crucifié. Relatant sa douloureuse<br />

recherche du salut par les humiliations et les<br />

pénit<strong>en</strong>ces, il les assura qu'il n'avait trouvé paix et<br />

joie qu'<strong>en</strong> détachant ses regards <strong>de</strong> ses propres<br />

mérites pour les porter sur Jésus-Christ.<br />

Tetzel continuant son trafic, Luther résolut <strong>de</strong><br />

protester énergiquem<strong>en</strong>t contre ces criants abus. Il<br />

<strong>en</strong> eut bi<strong>en</strong>tôt l'occasion. L'église du château <strong>de</strong><br />

Witt<strong>en</strong>berg possédait plusieurs reliques qu'<strong>en</strong><br />

certains jours <strong>de</strong> fête on exhibait aux yeux du<br />

peuple. Ces jours-là, une indulg<strong>en</strong>ce plénière était<br />

accordée à ceux qui, après avoir visité l'église,<br />

faisai<strong>en</strong>t leur confession. L'afflu<strong>en</strong>ce à ces fêtes<br />

était considérable. L'une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus importantes, celle<br />

223


<strong>de</strong> la Toussaint, approchait. <strong>Le</strong> jour précéd<strong>en</strong>t,<br />

Luther, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d'une foule <strong>de</strong> fidèles, afficha<br />

sur la porte <strong>de</strong> l'église un placard portant quatrevingt-quinze<br />

thèses contre la doctrine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

indulg<strong>en</strong>ces. Ces thèses, il se déclarait prêt à les<br />

déf<strong>en</strong>dre, le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main, à l'université, contre toute<br />

personne qui croirait <strong>de</strong>voir les attaquer.<br />

Ces propositions attirèr<strong>en</strong>t l'att<strong>en</strong>tion générale.<br />

Elles fur<strong>en</strong>t lues, relues et répétées dans toute la<br />

région. Une gran<strong>de</strong> agitation régnait à l'université<br />

et dans toute la ville. Ces thèses établissai<strong>en</strong>t que le<br />

pouvoir <strong>de</strong> pardonner les péchés et d'<strong>en</strong> remettre la<br />

peine n'avait jamais été confié ni au pape, ni à<br />

aucun homme. <strong>La</strong> v<strong>en</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces n'était<br />

qu'un moy<strong>en</strong> artificieux d'extorquer <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t, une<br />

exploitation <strong>de</strong> la crédulité publique, une ruse <strong>de</strong><br />

Satan pour détruire les âmes. Luther y déclarait <strong>en</strong><br />

outre que l'Évangile du Christ est le trésor le plus<br />

précieux <strong>de</strong> l'Église, et que la grâce <strong>de</strong> Dieu qui s'y<br />

révèle est gratuitem<strong>en</strong>t accordée à quiconque la<br />

recherche par la conversion et la foi.<br />

<strong>Le</strong>s thèses <strong>de</strong> Luther sollicitai<strong>en</strong>t la<br />

224


contradiction. Mais personne n'osa relever le défi.<br />

Ses propositions fir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelques jours le tour <strong>de</strong><br />

l'Allemagne, et <strong>en</strong> quelques semaines, celui <strong>de</strong> la<br />

chréti<strong>en</strong>té. Un grand nombre <strong>de</strong> catholiques pieux,<br />

qui avai<strong>en</strong>t pleuré sur les maux <strong>de</strong> l'Église sans<br />

<strong>en</strong>trevoir aucun moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> les guérir, lur<strong>en</strong>t ces<br />

thèses avec une joie d'autant plus gran<strong>de</strong> qu'ils y<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la voix <strong>de</strong> Dieu. Ils eur<strong>en</strong>t l'impression<br />

que le Seigneur était finalem<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>u pour<br />

arrêter le flot montant <strong>de</strong> la corruption. Des princes<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats se réjouir<strong>en</strong>t secrètem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce<br />

qu'un frein allait être mis à la puissance arrogante<br />

qui déniait au mon<strong>de</strong> le droit d'<strong>en</strong> appeler <strong>de</strong> ses<br />

décisions.<br />

En revanche, les foules attachées au péché et à<br />

la superstition fur<strong>en</strong>t terrifiées <strong>en</strong> voyant réduits, <strong>en</strong><br />

poussière les sophismes qui avai<strong>en</strong>t calmé leurs<br />

craintes. Transportés <strong>de</strong> colère, <strong>de</strong> rusés<br />

ecclésiastiques, furieux <strong>de</strong> voir leur conniv<strong>en</strong>ce<br />

avec le mal dénoncée et leurs profits m<strong>en</strong>acés,<br />

s'unir<strong>en</strong>t pour sout<strong>en</strong>ir leur cause. <strong>Le</strong> réformateur<br />

dut faire face à <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ts accusateurs. <strong>Le</strong>s uns lui<br />

reprochai<strong>en</strong>t d'avoir agi par impulsion et d'être non<br />

225


dirigé par Dieu, mais poussé par l'orgueil et la<br />

présomption. « Qui ne sait, répondait-il, que l'on<br />

met rarem<strong>en</strong>t une idée nouvelle <strong>en</strong> avant sans être<br />

accusé d'orgueil et <strong>de</strong> chercher <strong><strong>de</strong>s</strong> querelles?...<br />

Jésus-Christ et tous les martyrs n'ont-ils pas été mis<br />

à mort comme contempteurs <strong>de</strong> la sagesse du<br />

temps, et pour avoir avancé <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveautés, sans<br />

pr<strong>en</strong>dre auparavant humblem<strong>en</strong>t conseil <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

organes <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong>ne opinion? »<br />

Il ajoutait : « Ce que je fais s'accomplira non<br />

par la prud<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, mais par le conseil <strong>de</strong><br />

Dieu. Si l'oeuvre est <strong>de</strong> Dieu, qui l'arrêtera? Si elle<br />

n'est pas <strong>de</strong> lui, qui la souti<strong>en</strong>dra?... Non pas ma<br />

volonté, ni la leur, ni la nôtre. Que ta volonté se<br />

fasse, ô Père saint qui es dans le ciel! »<br />

Bi<strong>en</strong> qu'il eût été poussé par l'Esprit <strong>de</strong> Dieu à<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre sa tâche, Luther ne put la poursuivre<br />

sans avoir à livrer <strong>de</strong> ru<strong><strong>de</strong>s</strong> combats. <strong>Le</strong><br />

dénigrem<strong>en</strong>t, la calomnie <strong>de</strong> ses int<strong>en</strong>tions et<br />

mobiles, les insinuations perfi<strong><strong>de</strong>s</strong> sur son caractère<br />

fondir<strong>en</strong>t sur lui comme un torr<strong>en</strong>t débordé, et ne<br />

fur<strong>en</strong>t pas sans effet. Il avait cru que les<br />

226


conducteurs du peuple, tant dans l'Église que dans<br />

les écoles, se joindrai<strong>en</strong>t à lui dans une oeuvre <strong>de</strong><br />

réforme. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts qui lui étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> personnages influ<strong>en</strong>ts l'avai<strong>en</strong>t rempli<br />

<strong>de</strong> joie et d'espérance. Il voyait déjà par<br />

anticipation se lever <strong><strong>de</strong>s</strong> jours meilleurs pour<br />

l'Église. Mais aux <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t succédé<br />

les incriminations et les dénonciations. Plusieurs<br />

dignitaires <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong> l'État, convaincus <strong>de</strong> la<br />

rectitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> thèses, ne tardèr<strong>en</strong>t pas à s'apercevoir<br />

que leur acceptation <strong>en</strong>traînerait <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

transformations. Éclairer et réformer le peuple,<br />

c'était virtuellem<strong>en</strong>t saper l'autorité du pape, tarir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> ruisseaux qui alim<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t ses<br />

trésors, et réduire considérablem<strong>en</strong>t l'extravagance<br />

et le luxe <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong> l'Église. De plus, donner au<br />

peuple la liberté <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser et d'agir <strong>en</strong> êtres<br />

responsables, ne comptant pour leur salut que sur<br />

Jésus-Christ, c'était r<strong>en</strong>verser le trône pontifical, et<br />

év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t détruire leur propre autorité. Pour<br />

ces raisons, ils repoussèr<strong>en</strong>t la connaissance que<br />

Dieu leur <strong>en</strong>voyait, et, <strong>en</strong> s'opposant à l'homme<br />

qu'il avait désigné pour les éclairer, ils se<br />

dressèr<strong>en</strong>t contre le Christ et contre sa vérité.<br />

227


Lorsqu'il p<strong>en</strong>sait à lui-même, Luther tremblait<br />

<strong>de</strong> se voir dressé seul <strong>en</strong> face <strong><strong>de</strong>s</strong> plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

puissances <strong>de</strong> la terre. Il se <strong>de</strong>mandait parfois si<br />

c'était bi<strong>en</strong> Dieu qui l'avait poussé à résister à<br />

l'autorité <strong>de</strong> l'Église. « Qui étais-je alors, s'écrie-til,<br />

moi pauvre, misérable, méprisable frère, plus<br />

semblable à un cadavre qu'à un homme, qui étais-je<br />

pour m'opposer à la majesté du pape <strong>de</strong>vant<br />

laquelle tremblai<strong>en</strong>t les rois <strong>de</strong> la terre et le mon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong>tier?... Personne ne peut savoir ce que mon coeur<br />

a souffert dans ces <strong>de</strong>ux premières années, et dans<br />

quel abattem<strong>en</strong>t, je pourrais dire dans quel<br />

désespoir, j'ai souv<strong>en</strong>t été plongé. » Mais Dieu ne<br />

le laissa pas sombrer dans le découragem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s<br />

appuis humains lui faisant défaut, il regarda à Dieu<br />

seul, et apprit à se reposer <strong>en</strong> toute sécurité sur son<br />

bras puissant.<br />

Luther écrivait à un ami <strong>de</strong> la Réforme : « Il est<br />

très certain qu'on ne peut parv<strong>en</strong>ir à compr<strong>en</strong>dre les<br />

Écritures ni par l'étu<strong>de</strong>, ni par l'intellig<strong>en</strong>ce. Votre<br />

premier <strong>de</strong>voir est donc <strong>de</strong> comm<strong>en</strong>cer par la<br />

prière. Deman<strong>de</strong>z au Seigneur qu'il daigne vous<br />

228


accor<strong>de</strong>r, <strong>en</strong> sa gran<strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>, la véritable<br />

intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Sa Parole. Il n'y a point d'autre<br />

interprète <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu que l'Auteur même<br />

<strong>de</strong> cette Parole, selon ce qu'il a dit : Ils seront tous<br />

<strong>en</strong>seignés <strong>de</strong> Dieu. N'espérez ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> vos travaux,<br />

ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> votre intellig<strong>en</strong>ce; confiez-vous uniquem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> Dieu et <strong>en</strong> l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> son Esprit. Croyez-<strong>en</strong><br />

un homme qui <strong>en</strong> a fait l'expéri<strong>en</strong>ce. « Il y a là un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t vital pour toute personne qui se s<strong>en</strong>t<br />

appelée <strong>de</strong> Dieu à prés<strong>en</strong>ter au mon<strong>de</strong> les vérités<br />

sol<strong>en</strong>nelles relatives à notre temps. Ces vérités<br />

provoqueront l'inimitié <strong>de</strong> Satan et celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes qui aim<strong>en</strong>t l'erreur. Dans le conflit avec<br />

les puissances du mal, il faut plus qu'une haute<br />

intellig<strong>en</strong>ce et une sagesse purem<strong>en</strong>t humaine.<br />

Quand ses <strong>en</strong>nemis <strong>en</strong> appelai<strong>en</strong>t aux usages et à la<br />

tradition, aux déclarations et à l'autorité du pape,<br />

Luther leur répondait par les Écritures et les<br />

Écritures seules. Il trouvait là <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts<br />

irréfutables; aussi les suppôts du formalisme et <strong>de</strong><br />

la superstition <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t-ils son sang comme les<br />

Juifs avai<strong>en</strong>t réclamé celui <strong>de</strong> Jésus. « C'est un<br />

crime <strong>de</strong> haute trahison contre l'Église, disai<strong>en</strong>t les<br />

zélateurs <strong>de</strong> Rome, que <strong>de</strong> laisser vivre une heure<br />

229


<strong>de</strong> plus un si horrible hérétique. Qu'on lui dresse à<br />

l'instant même un échafaud! » Mais Luther ne fut<br />

pas victime <strong>de</strong> leur fureur. <strong>Le</strong> Dieu dont il était<br />

l'ouvrier <strong>en</strong>voya ses anges pour le protéger. En<br />

revanche, plusieurs <strong>de</strong> ceux qui avai<strong>en</strong>t reçu <strong>de</strong> lui<br />

la lumière fur<strong>en</strong>t les objets <strong>de</strong> la haine <strong>de</strong> Satan et<br />

<strong>en</strong>durèr<strong>en</strong>t courageusem<strong>en</strong>t la souffrance et la mort<br />

pour l'amour <strong>de</strong> la vérité.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Luther ret<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t dans<br />

toute l'Allemagne l'att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes réfléchis.<br />

De ses sermons et <strong>de</strong> ses écrits émanai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> flots<br />

<strong>de</strong> lumière qui éclairai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

chercheurs. Une foi vivante se substituait au<br />

formalisme qui <strong>en</strong>chaînait l'Église, et abattait les<br />

superstitions <strong>de</strong> Rome. <strong>Le</strong>s préjugés tombai<strong>en</strong>t. <strong>La</strong><br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, à laquelle Luther soumettait toute<br />

doctrine et toute prét<strong>en</strong>tion, était une épée à <strong>de</strong>ux<br />

tranchants qui pénétrait dans les coeurs. Partout se<br />

manifestait le désir <strong>de</strong> progresser dans la vie<br />

spirituelle. De toutes parts on constatait une faim et<br />

une soif <strong>de</strong> justice qu'on n'avait pas vues <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles. <strong>Le</strong>s regards du peuple, si longtemps fixés<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> rites et <strong><strong>de</strong>s</strong> médiateurs humains, se<br />

230


tournai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant, suppliants et <strong>en</strong>thousiastes,<br />

vers le Christ crucifié.<br />

Cet intérêt général aviva les craintes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autorités <strong>de</strong> l'Église romaine, Luther fut sommé <strong>de</strong><br />

se r<strong>en</strong>dre à Rome pour y répondre <strong>de</strong> l'accusation<br />

d'hérésie. Cette sommation terrifia ses amis.<br />

Connaissant trop bi<strong>en</strong> les dangers auxquels il serait<br />

exposé dans cette ville corrompue, déjà ivre du<br />

sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs <strong>de</strong> Jésus, ils protestèr<strong>en</strong>t contre<br />

son départ et <strong>de</strong>mandèr<strong>en</strong>t qu'il fût jugé <strong>en</strong><br />

Allemagne.<br />

Cette proposition finit par être agréée, et un<br />

légat fut désigné pour diriger le procès. Dans les<br />

instructions que le pape lui donnait, le légat avait<br />

ordre <strong>de</strong> « poursuivre et <strong>de</strong> contraindre sans aucun<br />

retard... ledit Luther, qui a déjà été déclaré<br />

hérétique ». « S'il persiste dans son opiniâtreté,<br />

ajoutait le pape, et que vous ne puissiez vous<br />

r<strong>en</strong>dre maître <strong>de</strong> lui, nous vous donnons le pouvoir<br />

<strong>de</strong> le proscrire dans tous les lieux <strong>de</strong> l'Allemagne,<br />

<strong>de</strong> bannir, <strong>de</strong> maudire, d'excommunier tous ceux<br />

qui lui sont attachés, et d'ordonner à tous les<br />

231


chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> fuir sa prés<strong>en</strong>ce. » En outre, pour<br />

assurer l'extirpation complète <strong>de</strong> cette hérésie, le<br />

pape ordonnait d'excommunier, quelle que fût leur<br />

dignité dans l'Église ou dans l'État, l'empereur<br />

excepté, toutes les personnes qui refuserai<strong>en</strong>t<br />

d'arrêter Luther ou ses adhér<strong>en</strong>ts, pour les livrer à<br />

la vindicte <strong>de</strong> Rome.<br />

Ici se révélait le véritable esprit <strong>de</strong> la papauté.<br />

Dans tout ce docum<strong>en</strong>t, aucune trace <strong>de</strong><br />

christianisme ou même <strong>de</strong> justice élém<strong>en</strong>taire.<br />

Luther était à une gran<strong>de</strong> distance <strong>de</strong> Rome; il<br />

n'avait eu aucune occasion <strong>de</strong> s'expliquer. Pourtant,<br />

sans <strong>en</strong>quête aucune, il était déclaré hérétique. En<br />

un même jour, il <strong>de</strong>vait être exhorté, accusé, jugé et<br />

condamné; et tout cela par celui qui se disait le<br />

saint Père, l'autorité unique, suprême et infaillible,<br />

tant dans l'Église que dans l'État!<br />

À ce mom<strong>en</strong>t-là, alors que Luther avait<br />

particulièrem<strong>en</strong>t besoin <strong>de</strong> conseils et <strong>de</strong><br />

sympathie, Dieu <strong>en</strong>voya Mélanchthon à<br />

Witt<strong>en</strong>berg. Sa jeunesse, sa mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie, sa réserve, la<br />

sûreté <strong>de</strong> son jugem<strong>en</strong>t et la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa<br />

232


sci<strong>en</strong>ce, jointes à une éloqu<strong>en</strong>ce persuasive,<br />

comme à une pureté et à une droiture <strong>de</strong> caractère<br />

notoires, lui avai<strong>en</strong>t acquis l'admiration et l'estime<br />

générales. L'éclat <strong>de</strong> ses tal<strong>en</strong>ts n'était égalé que<br />

par sa douceur et son affabilité. Il ne tarda pas à<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un ferv<strong>en</strong>t disciple <strong>de</strong> l'Évangile, ainsi que<br />

le partisan et l'ami le plus sûr <strong>de</strong> Luther. Son<br />

amabilité, sa prud<strong>en</strong>ce et son exactitu<strong>de</strong><br />

complétai<strong>en</strong>t admirablem<strong>en</strong>t le courage et l'énergie<br />

du réformateur. <strong>La</strong> collaboration <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

hommes communiqua une force nouvelle à l'oeuvre<br />

<strong>de</strong> la Réforme.<br />

<strong>La</strong> ville d'Augsbourg avait été choisie comme<br />

siège <strong>de</strong> la diète. <strong>Le</strong> réformateur s'y r<strong>en</strong>dit à pied.<br />

De sérieuses craintes étai<strong>en</strong>t exprimées à son sujet.<br />

On avait ouvertem<strong>en</strong>t déclaré qu'il serait saisi et<br />

assassiné <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> route; aussi ses amis le<br />

suppliai<strong>en</strong>t-ils <strong>de</strong> ne pas s'exposer, et l'<strong>en</strong>gageai<strong>en</strong>t<br />

même à quitter Witt<strong>en</strong>berg pour un temps, et à<br />

profiter <strong>de</strong> la protection qu'ils étai<strong>en</strong>t heureux <strong>de</strong><br />

lui offrir. Mais il ne voulut pas abandonner le poste<br />

que Dieu lui avait confié. En dépit <strong>de</strong> la tempête<br />

qui grondait, il se voyait dans l'obligation <strong>de</strong><br />

233


continuer à sout<strong>en</strong>ir la vérité sans défaillance. « Je<br />

suis comme Jérémie, disait-il, l'homme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

querelles et <strong><strong>de</strong>s</strong> discor<strong><strong>de</strong>s</strong>; mais plus ils augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

leurs m<strong>en</strong>aces, plus ils multipli<strong>en</strong>t ma joie.... Ils ont<br />

déjà déchiré mon honneur et ma réputation. Une<br />

seule chose me reste, c'est mon misérable corps :<br />

qu'ils le pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t; ils abrégeront ainsi ma vie <strong>de</strong><br />

quelques heures. Quant à mon âme, ils ne me la<br />

pr<strong>en</strong>dront pas. Celui qui veut porter la Parole du<br />

Christ dans le mon<strong>de</strong>, doit s'att<strong>en</strong>dre à la mort à<br />

chaque heure. »<br />

<strong>La</strong> nouvelle <strong>de</strong> l'arrivée <strong>de</strong> Luther à Augsbourg<br />

procura au représ<strong>en</strong>tant du pape une vive<br />

satisfaction. L'hérétique importun qui attirait<br />

l'att<strong>en</strong>tion du mon<strong>de</strong> était maint<strong>en</strong>ant au pouvoir <strong>de</strong><br />

Rome, et le légat était résolu à ne pas le laisser<br />

échapper. <strong>Le</strong> réformateur ne s'étant pas pourvu d'un<br />

sauf-conduit, ses amis d'Augsbourg le supplièr<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> ne pas se prés<strong>en</strong>ter avant <strong>de</strong> s'<strong>en</strong> être procuré un,<br />

et ils <strong>en</strong>treprir<strong>en</strong>t eux-mêmes auprès <strong>de</strong> l'empereur<br />

les démarches nécessaires. De son côté, l'int<strong>en</strong>tion<br />

du légat était, si possible, d'arracher à Luther une<br />

rétractation, et, dans le cas où il échouerait, <strong>de</strong> le<br />

234


conduire à Rome pour lui faire subir le sort <strong>de</strong> Hus<br />

et <strong>de</strong> Jérôme à Constance. Par ses émissaires, il<br />

<strong>en</strong>gagea Luther à se confier <strong>en</strong> sa clém<strong>en</strong>ce et à se<br />

prés<strong>en</strong>ter <strong>de</strong>vant lui sans sauf-conduit. <strong>Le</strong><br />

réformateur s'y refusa, ne voulant paraître <strong>de</strong>vant<br />

l'ambassa<strong>de</strong>ur du pape qu'<strong>en</strong> possession d'un<br />

docum<strong>en</strong>t lui garantissant la protection <strong>de</strong><br />

l'empereur.<br />

<strong>Le</strong> plan <strong><strong>de</strong>s</strong> romanistes était <strong>de</strong> gagner Luther<br />

par une appar<strong>en</strong>te bi<strong>en</strong>veillance. Dans ses<br />

<strong>en</strong>trevues avec lui, le légat, tout <strong>en</strong> manifestant une<br />

gran<strong>de</strong> amabilité, exigea qu'il se soumît<br />

implicitem<strong>en</strong>t et sans discussion à l'autorité <strong>de</strong><br />

l'Église. Il ne connaissait pas <strong>en</strong>core l'homme <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce duquel il se trouvait. Dans sa réponse,<br />

Luther lui exprima sa défér<strong>en</strong>ce pour l'Église et son<br />

amour pour la vérité, se déclarant prêt à écouter<br />

toutes les objections qui pourrai<strong>en</strong>t être faites à ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et à soumettre sa doctrine à<br />

certaines universités réputées. Mais il protestait<br />

contre la prét<strong>en</strong>tion du cardinal <strong>de</strong> le faire rétracter<br />

sans l'avoir convaincu d'erreur.<br />

235


Pour toute réponse, le légat répétait : «<br />

Rétracte, rétracte! » <strong>Le</strong> réformateur eut beau<br />

déclarer que ses propositions étai<strong>en</strong>t fondées sur les<br />

Écritures, et qu'il ne pouvait r<strong>en</strong>oncer à la vérité, le<br />

légat, incapable <strong>de</strong> réfuter ses argum<strong>en</strong>ts, se mit à<br />

l'accabler d'un flot <strong>de</strong> paroles où s'<strong>en</strong>tremêlai<strong>en</strong>t les<br />

accusations, les concessions, les flatteries, les<br />

appels à la tradition <strong><strong>de</strong>s</strong> pères, sans laisser au<br />

réformateur le temps <strong>de</strong> lui répondre. Convaincu<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> ce g<strong>en</strong>re n'aboutirai<strong>en</strong>t à ri<strong>en</strong>,<br />

Luther obtint <strong>en</strong>fin, mais non sans peine, <strong>de</strong><br />

prés<strong>en</strong>ter sa réponse par écrit.<br />

« Je voyais, écrivait-il à un ami, que le moy<strong>en</strong><br />

le plus sage était <strong>de</strong> lui répondre par écrit; car une<br />

réponse écrite laisse au moins aux opprimés un<br />

double avantage : d'abord, <strong>de</strong> pouvoir soumettre<br />

leur cas à <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers et <strong>de</strong>uxièmem<strong>en</strong>t, la ressource<br />

d'intimi<strong>de</strong>r un <strong><strong>de</strong>s</strong>pote verbeux et sans consci<strong>en</strong>ce,<br />

qui, autrem<strong>en</strong>t, l'emporterait par son langage<br />

impérieux. » (Martyn, The life and times of Luther,<br />

p. 271, 272. Cf. Félix Kuhn, Luther sa vie et son<br />

oeuvre, tome I, p. 301, Paris 1883.)<br />

236


À l'<strong>en</strong>trevue suivante, Luther donna <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts un exposé clair, concis et<br />

convaincant, appuyant chacune <strong>de</strong> ses propositions<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> citations <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures. Après avoir<br />

donné, à haute et intelligible voix, lecture <strong>de</strong> son<br />

travail, il le passa au cardinal qui le mit <strong>de</strong> côté<br />

avec mépris, déclarant qu'il ne cont<strong>en</strong>ait qu'une<br />

masse <strong>de</strong> paroles vaines et <strong>de</strong> citations<br />

intempestives. Exacerbé, Luther prit alors<br />

l'off<strong>en</strong>sive, et, se plaçant sur le terrain <strong>de</strong> son<br />

adversaire : la tradition et les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

l'Église, il réfuta victorieusem<strong>en</strong>t toutes ses<br />

affirmations.<br />

Lorsque le prélat vit que le raisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Luther était sans réplique, il perdit pati<strong>en</strong>ce et<br />

recomm<strong>en</strong>ça à crier : « Rétracte! Rétracte! ou si tu<br />

ne le fais, je t'<strong>en</strong>voie à Rome pour y comparaître<br />

<strong>de</strong>vant les juges qui ont été chargés <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre<br />

connaissance <strong>de</strong> ta cause. Je t'excommunierai, toi,<br />

tous tes partisans, tous ceux qui te sont ou te<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront favorables, et je les jetterai hors <strong>de</strong><br />

l'Église. » Il termina d'un ton hautain et irrité : «<br />

Rétracte-toi, ou ne reparais plus <strong>de</strong>vant moi! »<br />

237


<strong>Le</strong> réformateur se retira aussitôt, suivi <strong>de</strong> ses<br />

amis, signifiant ainsi à son adversaire qu'il ne<br />

fallait att<strong>en</strong>dre aucune rétractation <strong>de</strong> sa part. Ce<br />

n'était pas ce que le cardinal avait espéré. Il s'était<br />

bercé <strong>de</strong> l'illusion qu'il aurait raison <strong>de</strong> Luther par<br />

l'intimidation. Demeuré seul avec ses partisans, il<br />

les regardait successivem<strong>en</strong>t, tout confus d'un<br />

échec aussi complet qu'imprévu.<br />

Cette r<strong>en</strong>contre ne <strong>de</strong>meura pas stérile.<br />

L'assemblée avait eu l'occasion <strong>de</strong> comparer les<br />

<strong>de</strong>ux hommes et <strong>de</strong> juger, par elle-même, <strong>de</strong> l'esprit<br />

qui les animait, aussi bi<strong>en</strong> que <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> leurs<br />

positions. <strong>Le</strong> contraste était frappant <strong>en</strong>tre le<br />

réformateur, simple, humble, ferme, fort <strong>de</strong> la force<br />

<strong>de</strong> Dieu, ayant la vérité <strong>de</strong> son côté et le<br />

représ<strong>en</strong>tant du pape, plein <strong>de</strong> lui-même,<br />

impérieux, hautain, déraisonnable, qui, incapable<br />

<strong>de</strong> lui opposer <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts scripturaires, ne<br />

savait que lui crier avec véhém<strong>en</strong>ce : « Rétractetoi,<br />

sinon je t'<strong>en</strong>verrai à Rome pour y subir ton<br />

châtim<strong>en</strong>t! »<br />

238


Sans t<strong>en</strong>ir compte du sauf-conduit <strong>de</strong><br />

l'empereur, ses <strong>en</strong>nemis se préparai<strong>en</strong>t à se saisir <strong>de</strong><br />

lui pour le jeter <strong>en</strong> prison. D'autre part, ses amis lui<br />

représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t que sa prés<strong>en</strong>ce à Augsbourg étant<br />

désormais inutile, il <strong>de</strong>vait r<strong>en</strong>trer à Witt<strong>en</strong>berg<br />

sans délai, avec les plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> précautions et<br />

dans le plus grand secret. Au petit jour, à cheval,<br />

accompagné seulem<strong>en</strong>t d'un gui<strong>de</strong> qui lui fut fourni<br />

par le magistrat, Luther quitta Augsbourg. Hanté<br />

par <strong>de</strong> sombres press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, il cheminait <strong>en</strong><br />

sil<strong>en</strong>ce le long <strong><strong>de</strong>s</strong> rues obscures et sil<strong>en</strong>cieuses <strong>de</strong><br />

la ville. Des <strong>en</strong>nemis vigilants et cruels<br />

conspirai<strong>en</strong>t sa perte. Échapperait-il aux pièges<br />

t<strong>en</strong>dus sous ses pas? Ce fur<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> minutes<br />

d'anxiété, mais aussi <strong>de</strong> ferv<strong>en</strong>tes prières. Arrivés<br />

près <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles, les fugitifs vir<strong>en</strong>t une porte<br />

s'ouvrir <strong>de</strong>vant eux. Ils passèr<strong>en</strong>t sans <strong>en</strong>combre et<br />

pressèr<strong>en</strong>t alors leurs montures. Avant que le légat<br />

eût connaissance <strong>de</strong> la fuite <strong>de</strong> Luther, celui-ci se<br />

trouvait hors d'atteinte. <strong>Le</strong>s projets <strong>de</strong> Satan et <strong>de</strong><br />

ses émissaires étai<strong>en</strong>t déjoués. L'homme qu'ils<br />

croyai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leur pouvoir s'était évadé : l'oiseau<br />

avait échappé au piège <strong>de</strong> l'oiseleur. À cette<br />

nouvelle, le légat fut consterné. Il avait compté sur<br />

239


<strong>de</strong> grands honneurs <strong>en</strong> retour <strong>de</strong> la sagesse et <strong>de</strong> la<br />

fermeté dont il p<strong>en</strong>sait avoir fait preuve à l'égard <strong>de</strong><br />

ce contempteur <strong>de</strong> l'Église. Or, ses espérances<br />

étai<strong>en</strong>t frustrées. Il donna libre cours à sa rage dans<br />

une lettre à l'électeur <strong>de</strong> Saxe, où il accusait<br />

amèrem<strong>en</strong>t le réformateur et exigeait que Frédéric<br />

<strong>en</strong>voyât celui-ci à Rome ou l'expulsât <strong>de</strong> la Saxe.<br />

L'électeur ne possédait alors qu'une<br />

connaissance bi<strong>en</strong> superficielle <strong>de</strong> la doctrine<br />

réformée; mais il était impressionné par la loyauté,<br />

la force et la clarté <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> Luther. Aussi<br />

Frédéric résolut-il <strong>de</strong> protéger le réformateur tant<br />

qu'il n'aurait pas été convaincu d'erreur. Dans sa<br />

déf<strong>en</strong>se, Luther avait <strong>en</strong> effet <strong>de</strong>mandé que le légat<br />

ou le pape lui démontrât ses erreurs par les<br />

Écritures, s'<strong>en</strong>gageant sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>oncer à<br />

sa doctrine si elle était <strong>en</strong> conflit avec la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu. L'électeur écrivit donc au légat : « Puisque le<br />

docteur Martin a comparu <strong>de</strong>vant vous à<br />

Augsbourg, vous <strong>de</strong>vez être satisfait. Nous ne nous<br />

étions pas att<strong>en</strong>dus que, sans l'avoir convaincu,<br />

vous prét<strong>en</strong>diez le contraindre à se rétracter. Aucun<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> savants qui se trouv<strong>en</strong>t dans nos principautés<br />

240


ne nous a dit que la doctrine <strong>de</strong> Martin fût impie,<br />

antichréti<strong>en</strong>ne et hérétique. » <strong>Le</strong> prince refusa <strong>en</strong><br />

outre d'<strong>en</strong>voyer Luther à Rome ou <strong>de</strong> le chasser <strong>de</strong><br />

ses États.<br />

L'électeur constatait d'ailleurs que<br />

l'affaissem<strong>en</strong>t général <strong>de</strong> la moralité dans la société<br />

exigeait une gran<strong>de</strong> oeuvre <strong>de</strong> réforme. Il<br />

compr<strong>en</strong>ait que toute l'organisation civile<br />

compliquée et onéreuse <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à restreindre et à<br />

punir le crime <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drait inutile si chacun<br />

reconnaissait les droits <strong>de</strong> Dieu et suivait les<br />

directions d'une consci<strong>en</strong>ce éclairée. Il voyait que<br />

les travaux <strong>de</strong> Luther visai<strong>en</strong>t à cela, et il éprouvait<br />

une joie secrète à la p<strong>en</strong>sée qu'une influ<strong>en</strong>ce<br />

meilleure comm<strong>en</strong>çait à se faire s<strong>en</strong>tir dans<br />

l'Église.<br />

L'électeur constatait <strong>en</strong> outre le plein succès <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Luther à l'université. Une année<br />

seulem<strong>en</strong>t s'était écoulée <strong>de</strong>puis que le réformateur<br />

avait affiché ses thèses à la porte <strong>de</strong> l'église du<br />

château. Mais le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> pèlerins qui la<br />

visitai<strong>en</strong>t à la Toussaint avait déjà s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />

241


diminué. Rome avait perdu <strong><strong>de</strong>s</strong> adorateurs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

offran<strong><strong>de</strong>s</strong>, mais ceux-ci étai<strong>en</strong>t remplacés par les<br />

étudiants <strong>en</strong> quête <strong>de</strong> sci<strong>en</strong>ce qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t remplir<br />

les auditoires <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg. <strong>Le</strong>s écrits <strong>de</strong> Luther<br />

avai<strong>en</strong>t suscité <strong>en</strong> tous lieux le désir d'étudier les<br />

Écritures; et ce n'était pas seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes les<br />

parties <strong>de</strong> l'Allemagne que les étudiants<br />

accourai<strong>en</strong>t, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> pays voisins. « Au<br />

mom<strong>en</strong>t où ils découvrai<strong>en</strong>t dans le lointain les<br />

clochers <strong>de</strong> cette ville, ces jeunes g<strong>en</strong>s... s'arrêtai<strong>en</strong>t<br />

et élevai<strong>en</strong>t les mains vers le ciel, louant Dieu <strong>de</strong> ce<br />

qu'il y faisait luire, comme autrefois <strong>de</strong> Sion, la<br />

lumière <strong>de</strong> la vérité pour l'<strong>en</strong>voyer jusqu'aux<br />

contrées les plus éloignées. »<br />

Luther n'avait <strong>en</strong>core que partiellem<strong>en</strong>t<br />

abandonné les erreurs du romanisme. Une<br />

comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> décrets et <strong><strong>de</strong>s</strong> constitutions <strong>de</strong><br />

Rome avec les saintes Écritures le jetait dans la<br />

plus profon<strong>de</strong> stupéfaction. « Je lis les décrets <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pontifes, écrivait-il à Spalatin, et (je te le dis à<br />

l'oreille) je ne sais pas si le pape est l'Antichrist luimême<br />

ou s'il est son apôtre, tellem<strong>en</strong>t Jésus y est<br />

dénaturé et crucifié. » Pourtant, Luther était <strong>en</strong>core<br />

242


un fils docile <strong>de</strong> l'Église romaine, et la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> se<br />

séparer <strong>de</strong> sa communion n'avait pas <strong>en</strong>core<br />

effleuré son esprit.<br />

<strong>Le</strong>s écrits et la doctrine du réformateur s'étai<strong>en</strong>t<br />

répandus dans toute la chréti<strong>en</strong>té. <strong>Le</strong>ur influ<strong>en</strong>ce se<br />

manifestait <strong>en</strong> Suisse et <strong>en</strong> Hollan<strong>de</strong>. Des<br />

exemplaires <strong>de</strong> ses écrits avai<strong>en</strong>t passé <strong>en</strong> France et<br />

<strong>en</strong> Espagne. En Angleterre, ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

étai<strong>en</strong>t reçus comme la Parole <strong>de</strong> vie. <strong>La</strong> vérité<br />

avait aussi pénétré <strong>en</strong> Belgique et <strong>en</strong> Italie. Des<br />

milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t été arrachés à leur torpeur<br />

mortelle et goûtai<strong>en</strong>t la joie d'une vie d'espérance et<br />

<strong>de</strong> foi.<br />

À Rome, l'exaspération grandissait à vue d'oeil<br />

à l'ouïe <strong><strong>de</strong>s</strong> succès <strong>de</strong> Luther. Quelques-uns <strong>de</strong> ses<br />

adversaires les plus acharnés, même <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

professeurs d'universités catholiques, déclarai<strong>en</strong>t<br />

innoc<strong>en</strong>t celui qui le tuerait. Un jour, un étranger<br />

qui dissimulait un pistolet sous son habit<br />

s'approcha du réformateur et lui <strong>de</strong>manda pourquoi<br />

il sortait seul. « Je suis <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Dieu,<br />

répondit Luther. Il est ma force et mon bouclier,<br />

243


que peut me faire l'homme mortel? » Alors<br />

l'étranger pâlit et s'<strong>en</strong>fuit, comme s'il s'était trouvé<br />

<strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce d'un ange.<br />

Ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts se répétai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tous lieux,<br />

dans les chaumières et les couv<strong>en</strong>ts, dans les<br />

<strong>de</strong>meures <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgeois et les châteaux <strong><strong>de</strong>s</strong> nobles,<br />

dans les académies et les palais <strong><strong>de</strong>s</strong> rois. De tous<br />

côtés, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> coeur se levai<strong>en</strong>t pour<br />

secon<strong>de</strong>r le réformateur.<br />

Vers ce temps-là, Luther, lisant les ouvrages <strong>de</strong><br />

Hus, constata que la gran<strong>de</strong> vérité <strong>de</strong> la<br />

justification par la foi avait aussi été <strong>en</strong>seignée par<br />

le réformateur <strong>de</strong> la Bohême. « Tous, s'écrie-t-il,<br />

Paul, Augustin et moi nous sommes hus<strong>site</strong>s sans<br />

le savoir. » « Dieu fera sans doute savoir au mon<strong>de</strong><br />

que la vérité lui a été prés<strong>en</strong>tée il y a un siècle, et<br />

qu'il l'a brûlée! » (Wylie, liv. VI, chap. I.)<br />

Dans un appel à l'empereur et à la noblesse<br />

d'Allemagne <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la réformation <strong>de</strong> la<br />

chréti<strong>en</strong>té, Luther, parlant du pape, écrivait : «<br />

C'est une chose horrible <strong>de</strong> voir celui qui s'appelle<br />

244


le vicaire <strong>de</strong> Jésus-Christ déployer une<br />

magnific<strong>en</strong>ce que celle d'aucun empereur n'égale.<br />

Est-ce là ressembler au pauvre Fils <strong>de</strong> Dieu ou à<br />

l'humble saint Pierre? Il est, prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t-ils, le<br />

Seigneur du mon<strong>de</strong>! Mais Jésus, dont il se vante<br />

d'être le vicaire, a dit : Mon règne n'est pas <strong>de</strong> ce<br />

mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> règne d'un vicaire s'ét<strong>en</strong>drait-il au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> son Seigneur? »<br />

Parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> universités, il écrivait : « Je crains<br />

fort que les universités ne soi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> portes<br />

<strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer, si l'on ne s'applique pas avec soin à y<br />

expliquer la sainte Écriture et à la graver dans le<br />

coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes g<strong>en</strong>s. Je ne conseille à personne<br />

<strong>de</strong> placer son <strong>en</strong>fant là où l'Écriture ne règne pas.<br />

Toute institution où l'on ne consulte pas sans<br />

relâche la Parole <strong>de</strong> Dieu est vouée à la corruption.<br />

» Cet appel, qui eut un imm<strong>en</strong>se ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t, ne<br />

tarda pas à se répandre dans toutes les parties <strong>de</strong><br />

l'Allemagne. <strong>La</strong> nation <strong>en</strong>tière <strong>en</strong> fut émue, et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

foules se rallièr<strong>en</strong>t sous les ét<strong>en</strong>dards <strong>de</strong> la<br />

Réforme.<br />

Brûlant du désir <strong>de</strong> se v<strong>en</strong>ger, les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong><br />

245


Luther pressai<strong>en</strong>t le pape <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre contre lui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mesures décisives. Il fut décrété que sa doctrine<br />

serait immédiatem<strong>en</strong>t condamnée. Soixante jours<br />

lui fur<strong>en</strong>t donnés à lui et à ses adhér<strong>en</strong>ts pour se<br />

rétracter, ou, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> refus, être excommuniés.<br />

Ce fut une épreuve terrible pour la Réforme.<br />

P<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, les foudres <strong>de</strong><br />

l'excommunication avai<strong>en</strong>t frappé <strong>de</strong> terreur les<br />

plus puissants souverains, plongeant <strong>de</strong> grands<br />

empires dans le malheur et la désolation. Ceux qui<br />

<strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t les objets étai<strong>en</strong>t regardés avec horreur.<br />

Traités <strong>en</strong> parias, ils étai<strong>en</strong>t retranchés <strong>de</strong> la<br />

communion <strong>de</strong> leurs semblables, traqués et mis à<br />

mort. Luther ne fermait pas les yeux sur la tempête<br />

qui grondait sur sa tête, mais il <strong>de</strong>meurait ferme,<br />

assuré que Jésus-Christ serait son déf<strong>en</strong>seur et son<br />

bouclier. Animé <strong>de</strong> la foi et du courage d'un<br />

martyr, il écrivait : « Que va-t-il arriver? Je<br />

l'ignore.... Où que ce soit que le coup frappe, je<br />

suis sans crainte. Une feuille d'arbre ne tombe pas<br />

sans la volonté <strong>de</strong> notre Père. Combi<strong>en</strong> moins<br />

nous-mêmes!... C'est peu <strong>de</strong> chose que <strong>de</strong> mourir<br />

pour la Parole, puisque cette Parole qui s'est<br />

246


incarnée pour nous est morte d'abord elle-même. Si<br />

nous mourons avec elle, nous ressusciterons avec<br />

elle. Passant par où elle a passé, nous arriverons où<br />

elle est arrivée, et nous <strong>de</strong>meurerons près d'elle<br />

p<strong>en</strong>dant toute l'éternité. »<br />

En recevant la bulle, Luther s'écria : « Je la<br />

méprise et l'attaque comme impie et m<strong>en</strong>songère....<br />

C'est Jésus-Christ lui-même qui y est condamné....<br />

Je me réjouis d'avoir à supporter quelques maux<br />

pour la meilleure <strong><strong>de</strong>s</strong> causes. Je s<strong>en</strong>s déjà plus <strong>de</strong><br />

liberté dans mon coeur; car je sais <strong>en</strong>fin que le<br />

pape est l'antichrist, et que son siège est celui <strong>de</strong><br />

Satan. »<br />

<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t papal ne resta pas sans effet. <strong>La</strong><br />

prison, l'épée, la torture étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> moy<strong>en</strong>s<br />

employés pour imposer l'obéissance. <strong>Le</strong>s faibles et<br />

les superstitieux tremblèr<strong>en</strong>t; et, bi<strong>en</strong> que les<br />

sympathies allass<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t vers Luther, on<br />

n'était pas disposé à risquer sa vie pour la cause <strong>de</strong><br />

la Réforme. Selon toute appar<strong>en</strong>ce, l'oeuvre du<br />

réformateur touchait à son terme. Rome avait<br />

fulminé contre lui ses anathèmes, et le mon<strong>de</strong><br />

247


l'observait, convaincu qu'il périrait ou qu'il serait<br />

forcé <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r. Il n'<strong>en</strong> fut ri<strong>en</strong>. D'un geste calme,<br />

mais puissant et terrible, le réformateur rejeta la<br />

s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce comminatoire et annonça publiquem<strong>en</strong>t sa<br />

décision <strong>de</strong> se séparer <strong>de</strong> la papauté pour toujours.<br />

En prés<strong>en</strong>ce d'une foule composée d'étudiants, <strong>de</strong><br />

docteurs et <strong>de</strong> citoy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> tous rangs, il livra au feu<br />

la bulle du pape, <strong><strong>de</strong>s</strong> exemplaires du droit canon,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> décrétales et d'autres écrits sout<strong>en</strong>ant le<br />

pouvoir papal. « Mes <strong>en</strong>nemis, dit-il, ont pu, <strong>en</strong><br />

brûlant mes livres, nuire à la vérité dans l'esprit du<br />

commun peuple et perdre <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes. En retour, je<br />

consume leurs livres. Jusqu'ici, je n'ai fait que<br />

badiner avec le pape, mais une lutte sérieuse vi<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> s'ouvrir. J'ai comm<strong>en</strong>cé cette oeuvre au nom <strong>de</strong><br />

Dieu; elle se finira par sa puissance et sans moi. »<br />

À ses <strong>en</strong>nemis, qui méprisai<strong>en</strong>t sa cause <strong>en</strong><br />

raison <strong>de</strong> sa faiblesse, Luther répondait : « Qui sait<br />

si ce n'est pas Dieu qui m'a choisi et appelé, et s'ils<br />

ne doiv<strong>en</strong>t pas craindre, <strong>en</strong> me méprisant, <strong>de</strong><br />

mépriser Dieu lui-même?... Moïse était seul à la<br />

sortie d'Égypte; Élie seul, au temps du roi Achab;<br />

Ésaïe seul, à Jérusalem; Ézéchiel seul, à<br />

248


Babylone;... Dieu n'a jamais choisi pour prophète<br />

ni le souverain sacrificateur, ni quelque autre grand<br />

personnage; ordinairem<strong>en</strong>t, il a choisi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes basses et méprisées, une fois même le<br />

berger Amos. En tout temps, les saints ont dû<br />

repr<strong>en</strong>dre les grands, les rois, les princes, les<br />

prêtres, les savants, au péril <strong>de</strong> leur vie.... Je ne dis<br />

pas que je sois un prophète; mais je dis qu'ils ont<br />

lieu <strong>de</strong> craindre, précisém<strong>en</strong>t parce que je suis seul<br />

et qu'ils sont nombreux. Ce dont je suis certain,<br />

c'est que la Parole <strong>de</strong> Dieu est avec moi, et qu'elle<br />

n'est point avec eux. »<br />

Pourtant, ce ne fut pas sans une lutte terrible<br />

que Luther se résigna à se séparer <strong>de</strong> l'Église. C'est<br />

vers ce temps-là qu'il écrivait : « Je s<strong>en</strong>s mieux<br />

chaque jour combi<strong>en</strong> il est difficile <strong>de</strong> se dégager<br />

<strong>de</strong> scrupules que l'on a cultivés dès son <strong>en</strong>fance.<br />

Oh! qu'il m'<strong>en</strong> a coûté, bi<strong>en</strong> que les Écritures<br />

fuss<strong>en</strong>t pour moi, <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre position contre le<br />

pape et <strong>de</strong> le dénoncer comme l'antichrist!...<br />

Combi<strong>en</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> ont été les angoisses <strong>de</strong> mon<br />

coeur! Combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> fois me suis-je posé, dans<br />

l'amertume <strong>de</strong> mon âme, cette question qui est sans<br />

249


cesse sur les lèvres <strong><strong>de</strong>s</strong> papistes : Es-tu le seul<br />

sage? Tout le reste du mon<strong>de</strong> est-il <strong>de</strong>puis si<br />

longtemps dans l'erreur? Et si, après tout, c'était toi<br />

qui te trompais? Si tu étais la cause que beaucoup<br />

d'âmes, égarées par toi, seront éternellem<strong>en</strong>t<br />

perdues? C'est ainsi que j'ai tremblé, jusqu'à ce que<br />

Jésus-Christ, par sa Parole infaillible, eût fortifié<br />

mon âme. » (Dr Martin Luther, Saemtliche Werke,<br />

vol. LIII, p. 93, 99.)<br />

<strong>Le</strong> pape avait m<strong>en</strong>acé Luther <strong>de</strong><br />

l'excommunication s'il ne se rétractait pas. Cette<br />

m<strong>en</strong>ace allait maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir une réalité. Une<br />

nouvelle bulle parut, qui déclarait Luther séparé <strong>de</strong><br />

l'Église et maudit du ciel. Tous ceux qui recevai<strong>en</strong>t<br />

sa doctrine étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>globés dans cette<br />

condamnation. Un grand conflit était <strong>en</strong>gagé.<br />

Être <strong>en</strong> butte à l'opposition est le sort <strong>de</strong> tous<br />

ceux dont Dieu se sert pour annoncer <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

spécialem<strong>en</strong>t applicables à leur temps. Or il y avait,<br />

aux jours <strong>de</strong> Luther, une vérité prés<strong>en</strong>te d'une<br />

importance capitale, <strong>de</strong> même qu'Il y a une vérité<br />

prés<strong>en</strong>te pour notre époque. Celui qui gouverne le<br />

250


mon<strong>de</strong> selon les conseils <strong>de</strong> sa volonté a jugé bon<br />

<strong>de</strong> susciter <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes auxquels il confie un<br />

message spécialem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné au temps où ils<br />

viv<strong>en</strong>t et adapté aux conditions dans lesquelles ils<br />

sont placés. Si ces hommes appréci<strong>en</strong>t la lumière<br />

qui leur est offerte, <strong><strong>de</strong>s</strong> horizons plus vastes<br />

s'ouvriront <strong>de</strong>vant eux.. Mais la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s<br />

n'apprécie pas plus la vérité aujourd'hui que les<br />

partisans du pape au temps <strong>de</strong> Luther. Comme dans<br />

les siècles passés, on est <strong>en</strong>clin à suivre les théories<br />

et les traditions <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes plutôt que la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu. Il ne faut pas que ceux qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la<br />

vérité pour notre époque s'att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à être<br />

accueillis avec plus <strong>de</strong> faveur que les réformateurs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> temps passés. <strong>La</strong> gran<strong>de</strong> lutte <strong>en</strong>tre la vérité et<br />

l'erreur, <strong>en</strong>tre le Christ et Satan, augm<strong>en</strong>tera<br />

d'int<strong>en</strong>sité jusqu'à la fin <strong>de</strong> l'histoire du mon<strong>de</strong>.<br />

Jésus a dit à ses disciples : « Si vous étiez du<br />

mon<strong>de</strong>, le mon<strong>de</strong> aimerait ce qui est à lui; mais<br />

parce que vous n'êtes pas du mon<strong>de</strong>, et que je vous<br />

ai choisis du milieu du mon<strong>de</strong>, à cause <strong>de</strong> cela le<br />

mon<strong>de</strong> vous hait. Souv<strong>en</strong>ez-vous <strong>de</strong> la parole que<br />

je vous ai dite : <strong>Le</strong> serviteur n'est pas plus grand<br />

251


que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous<br />

persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils<br />

gar<strong>de</strong>ront aussi la vôtre. » (Jean 15.19, 20) D'autre<br />

part, le Seigneur dit positivem<strong>en</strong>t : « Malheur,<br />

lorsque tous les hommes diront du bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> vous,<br />

car c'est ainsi qu'agissai<strong>en</strong>t leurs pères à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

faux prophètes! » (Luc 6.26) <strong>La</strong> concor<strong>de</strong> <strong>en</strong>tre<br />

l'esprit du Christ et l'esprit du mon<strong>de</strong> n'existe pas<br />

plus maint<strong>en</strong>ant qu'autrefois; et ceux qui annonc<strong>en</strong>t<br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu dans toute sa pureté ne seront pas<br />

plus favorablem<strong>en</strong>t accueillis aujourd'hui qu'alors.<br />

L'opposition à la vérité peut changer <strong>de</strong> forme, elle<br />

peut être plus cachée, plus subtile; mais le même<br />

antagonisme existe et existera jusqu'à la fin.<br />

252


Chapitre 8<br />

Luther à la diète <strong>de</strong> Worms<br />

En Allemagne, un nouvel empereur, Charles<br />

Quint, monta sur le trône. <strong>Le</strong>s émissaires <strong>de</strong> Rome<br />

s'empressèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> v<strong>en</strong>ir le féliciter et l'<strong>en</strong>gagèr<strong>en</strong>t à<br />

user <strong>de</strong> sa puissance contre la Réforme. <strong>Le</strong> clergé<br />

ne <strong>de</strong>mandait ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> moins qu'un édit impérial<br />

ordonnant la mort du réformateur. D'autre part,<br />

l'électeur <strong>de</strong> Saxe, à qui l'empereur <strong>de</strong>vait <strong>en</strong><br />

gran<strong>de</strong> partie sa couronne, suppliait ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong><br />

ne ri<strong>en</strong> faire contre Luther avant <strong>de</strong> l'avoir <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du.<br />

« Ni sa Majesté impériale ni personne n'ayant<br />

<strong>en</strong>core prouvé que les écrits <strong>de</strong> Luther euss<strong>en</strong>t été<br />

réfutés », il <strong>de</strong>mandait pour le docteur <strong>de</strong><br />

Witt<strong>en</strong>berg un sauf-conduit lui permettant <strong>de</strong><br />

comparaître <strong>de</strong>vant un tribunal <strong>de</strong> juges savants,<br />

pieux et impartiaux.<br />

Sur ces <strong>en</strong>trefaites, l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> tous les partis<br />

se dirigea vers l'assemblée <strong><strong>de</strong>s</strong> États germaniques<br />

réunis à Worms peu après l'accession au trône <strong>de</strong><br />

253


Charles Quint. <strong>Le</strong>s dignitaires <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong><br />

l'État étai<strong>en</strong>t accourus <strong>de</strong> toutes parts. Des<br />

seigneurs séculiers <strong>de</strong> haute naissance, puissants et<br />

jaloux <strong>de</strong> leurs droits héréditaires; <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ecclésiastiques princiers, consci<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

supériorité <strong>de</strong> leur rang et <strong>de</strong> leur autorité; <strong>de</strong><br />

brillants chevaliers accompagnés <strong>de</strong> leur suite,<br />

ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> pays étrangers et<br />

lointains s'étai<strong>en</strong>t réunis dans cette ville. Pour la<br />

première fois, les princes allemands allai<strong>en</strong>t se<br />

r<strong>en</strong>contrer avec leur jeune monarque <strong>en</strong> assemblée<br />

délibérante. Des questions politiques et <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts<br />

importants <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être pris <strong>en</strong> considération par<br />

cette diète. Néanmoins, le sujet qui ret<strong>en</strong>ait le plus<br />

l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> cette vaste assemblée, c'était la cause<br />

du réformateur saxon.<br />

Charles Quint avait préalablem<strong>en</strong>t chargé<br />

l'électeur <strong>de</strong> Saxe d'am<strong>en</strong>er avec lui Luther, auquel<br />

il promettait sa protection et une <strong>en</strong>tière liberté <strong>de</strong><br />

discussion, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages compét<strong>en</strong>ts, sur<br />

la question <strong>en</strong> litige. Luther désirait vivem<strong>en</strong>t<br />

comparaître <strong>de</strong>vant l'empereur. Sa santé était alors<br />

fort précaire mais il écrivait à l'électeur : « Si je ne<br />

254


puis aller à Worms <strong>en</strong> santé, je m'y ferai transporter<br />

mala<strong>de</strong>. Car si l'empereur le désire, je ne puis<br />

douter que ce ne soit l'appel <strong>de</strong> Dieu lui-même.<br />

S'ils veul<strong>en</strong>t employer contre moi la viol<strong>en</strong>ce,<br />

comme cela est vraisemblable (car ce n'est pas pour<br />

s'instruire qu'ils me font comparaître), je remets la<br />

chose <strong>en</strong>tre les mains du Seigneur. Celui qui<br />

protégea les trois jeunes hommes dans la fournaise<br />

vit et règne <strong>en</strong>core. S'il ne veut pas me sauver, c'est<br />

peu <strong>de</strong> chose que ma vie. Empêchons seulem<strong>en</strong>t<br />

que l'Évangile ne soit exposé aux railleries <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impies, et répandons pour lui notre sang. Ce n'est<br />

pas à moi <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r si ce sera ma vie ou ma mort<br />

qui contribuera le plus au salut <strong>de</strong> tous.... Att<strong>en</strong><strong>de</strong>z<br />

tout <strong>de</strong> moi... sauf la fuite et la rétractation. Fuir, je<br />

ne puis, me rétracter moins <strong>en</strong>core. »<br />

<strong>La</strong> nouvelle que Luther allait comparaître<br />

<strong>de</strong>vant la diète provoqua à Worms une gran<strong>de</strong><br />

agitation. Aléandre, le légat papal spécialem<strong>en</strong>t<br />

chargé <strong>de</strong> cette affaire, prévoyant que les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> cette comparution serai<strong>en</strong>t<br />

désastreuses pour la papauté, <strong>en</strong> fut alarmé et irrité.<br />

Instruire une cause sur laquelle le pape avait déjà<br />

255


passé condamnation, c'était jeter le mépris sur<br />

l'autorité du souverain pontife. Il redoutait <strong>en</strong> outre<br />

que les argum<strong>en</strong>ts puissants et éloqu<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Luther<br />

ne détournass<strong>en</strong>t plusieurs princes <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts du<br />

pape. Il suppliait donc instamm<strong>en</strong>t l'empereur <strong>de</strong> ne<br />

pas le faire comparaître. <strong>La</strong> bulle<br />

d'excommunication contre Luther ayant paru vers<br />

ce temps-là, l'empereur résolut <strong>de</strong> déférer aux<br />

supplications du légat. Il écrivit à l'électeur que si<br />

Luther ne voulait pas se rétracter, il <strong>de</strong>vait rester à<br />

Witt<strong>en</strong>berg.<br />

Non cont<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette victoire, Aléandre<br />

manoeuvra <strong>de</strong> toutes ses forces pour assurer la<br />

condamnation <strong>de</strong> Luther. Devant les prélats, les<br />

princes et les autres membres <strong>de</strong> l'assemblée, avec<br />

une insistance digne d'une meilleure cause, il<br />

accusa Luther <strong>de</strong> « sédition, d'impiété et <strong>de</strong><br />

blasphème ». Mais la véhém<strong>en</strong>ce et la passion que<br />

le légat manifestait révélai<strong>en</strong>t trop clairem<strong>en</strong>t<br />

l'esprit dont il était animé. « C'est la haine, c'est<br />

l'amour <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>geance qui l'inspire, disait-on,<br />

plutôt que le zèle et la piété. » Et la majorité <strong>de</strong> la<br />

diète était <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus <strong>en</strong>cline à <strong>en</strong>visager avec<br />

256


faveur la cause du réformateur.<br />

Redoublant <strong>de</strong> zèle, Aléandre insistait auprès<br />

<strong>de</strong> l'empereur pour qu'on exécutât les édits du pape.<br />

Or, sous les lois alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>, cela n'était pas<br />

possible sans l'ass<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> princes. Vaincu<br />

<strong>en</strong>fin par l'importunité du légat, Charles Quint<br />

invita ce <strong>de</strong>rnier à prés<strong>en</strong>ter son cas <strong>de</strong>vant la diète.<br />

« Ce fut un grand jour pour le nonce. L'assemblée<br />

était auguste et la cause plus auguste <strong>en</strong>core.<br />

Aléandre <strong>de</strong>vait plai<strong>de</strong>r la cause <strong>de</strong> Rome, mère et<br />

maîtresse <strong>de</strong> toutes les Églises », rev<strong>en</strong>diquer la<br />

primauté <strong>de</strong> saint Pierre <strong>de</strong>vant les princes <strong>de</strong> la<br />

chréti<strong>en</strong>té. « Bi<strong>en</strong> doué sous le rapport <strong>de</strong><br />

l'éloqu<strong>en</strong>ce, il sut s'élever à la hauteur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

circonstances. <strong>La</strong> Provid<strong>en</strong>ce voulut que Rome,<br />

avant d'être condamnée, eût l'occasion <strong>de</strong> faire<br />

valoir sa cause par le plus habile <strong>de</strong> ses orateurs, et<br />

<strong>de</strong>vant le plus puissant tribunal. » Ce n'est pas sans<br />

quelque appréh<strong>en</strong>sion que les amis <strong>de</strong> la Réforme<br />

<strong>en</strong>visageai<strong>en</strong>t l'effet du discours d'Aléandre.<br />

L'électeur <strong>de</strong> Saxe, qui n'était pas prés<strong>en</strong>t, avait<br />

donné ordre à quelques uns <strong>de</strong> ses conseillers<br />

d'aller l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> notes.<br />

257


Mettant à réquisition toute sa sci<strong>en</strong>ce et toute<br />

son éloqu<strong>en</strong>ce, Aléandre accumula contre Luther<br />

accusation sur accusation. Il le traita d'<strong>en</strong>nemi<br />

public <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong> l'État, <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

morts, du clergé et <strong><strong>de</strong>s</strong> laïques, <strong><strong>de</strong>s</strong> conciles et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

particuliers. « Il y a, dit-il, dans les erreurs <strong>de</strong><br />

Luther <strong>de</strong> quoi faire brûler c<strong>en</strong>t mille hérétiques. »<br />

En concluant, il déversa tout son mépris sur les<br />

partisans <strong>de</strong> la foi réformée. « Que sont tous ces<br />

luthéri<strong>en</strong>s? Un amas <strong>de</strong> grammairi<strong>en</strong>s insol<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong><br />

prêtres corrompus, <strong>de</strong> moines déréglés, d'avocats<br />

ignorants, <strong>de</strong> nobles dégradés et <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s du<br />

commun égarés et pervertis. Combi<strong>en</strong> le parti<br />

catholique n'est-il pas plus nombreux, plus habile,<br />

plus puissant! Un décret unanime <strong>de</strong> cette illustre<br />

assemblée éclairera les simples, avertira les<br />

imprud<strong>en</strong>ts, déci<strong>de</strong>ra les hésitants et affermira les<br />

faibles. »<br />

Telles sont les armes employées <strong>en</strong> tout temps<br />

contre les représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong> la vérité. Ces mêmes<br />

argum<strong>en</strong>ts sont <strong>en</strong>core avancés contre ceux qui<br />

258


os<strong>en</strong>t opposer aux erreurs populaires les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts clairs et simples <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu. « Qui sont ces novateurs? » s'écri<strong>en</strong>t les<br />

partisans d'une religion populaire. « Un petit<br />

nombre d'ignorants et <strong>de</strong> roturiers prét<strong>en</strong>dant avoir<br />

la vérité, et se donnant pour le peuple élu <strong>de</strong> Dieu!<br />

Combi<strong>en</strong> supérieure <strong>en</strong> nombre et <strong>en</strong> influ<strong>en</strong>ce est<br />

notre Église! Voyez <strong>de</strong> notre côté tous les hommes<br />

émin<strong>en</strong>ts par leur sci<strong>en</strong>ce et par leur piété! » De<br />

tels argum<strong>en</strong>ts exerc<strong>en</strong>t leur influ<strong>en</strong>ce sur le<br />

mon<strong>de</strong>; mais ils ne sont pas plus concluants<br />

maint<strong>en</strong>ant qu'aux jours du réformateur.<br />

<strong>Le</strong> discours du légat fit une profon<strong>de</strong><br />

impression sur l'assemblée. Nul ne se trouva là<br />

pour opposer au champion du pape l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

simple et clair <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Personne ne<br />

t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>dre le réformateur. L'opinion<br />

générale était disposée, non seulem<strong>en</strong>t à le<br />

condamner, lui et ses doctrines, mais, si possible, à<br />

déraciner l'hérésie. Rome avait déf<strong>en</strong>du sa cause<br />

dans les conditions les plus favorables. Tout ce<br />

qu'elle pouvait dire <strong>en</strong> sa faveur, elle l'avait dit.<br />

Mais son appar<strong>en</strong>te victoire était le signal <strong>de</strong> sa<br />

259


défaite. Dès ce mom<strong>en</strong>t, le contraste <strong>en</strong>tre la vérité<br />

et l'erreur <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drait d'autant plus manifeste<br />

qu'elles allai<strong>en</strong>t pouvoir se livrer ouvertem<strong>en</strong>t<br />

bataille. A partir <strong>de</strong> ce jour, jamais la position <strong>de</strong><br />

Rome ne <strong>de</strong>vait être aussi forte qu'auparavant.<br />

<strong>Le</strong> légat avait prés<strong>en</strong>té la papauté sous son plus<br />

beau jour. <strong>Le</strong>s membres <strong>de</strong> la diète étai<strong>en</strong>t à peu<br />

près unanimes pour livrer Luther à la vindicte <strong>de</strong><br />

ses <strong>en</strong>nemis. À ce mom<strong>en</strong>t, l'Esprit <strong>de</strong> Dieu poussa<br />

un membre <strong>de</strong> la diète à faire un tableau véridique<br />

<strong>de</strong> la tyrannie papale. Noble et ferme, le duc<br />

Georges <strong>de</strong> Saxe se leva dans l'auguste assemblée;<br />

après avoir décrit avec une exactitu<strong>de</strong> impitoyable<br />

les abus <strong>de</strong> la papauté ainsi que leurs déplorables<br />

conséqu<strong>en</strong>ces, il conclut :<br />

« Voilà quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> abus qui cri<strong>en</strong>t contre<br />

Rome. Toute honte bannie, on ne s'applique plus<br />

qu'à une seule chose... [amasser] <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t! <strong>en</strong>core<br />

<strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t!... En sorte que les prédicateurs qui<br />

<strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seigner la vérité ne débit<strong>en</strong>t plus que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>en</strong>songes, et que non seulem<strong>en</strong>t on les tolère,<br />

mais qu'on les récomp<strong>en</strong>se, parce que plus ils<br />

260


m<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, plus ils gagn<strong>en</strong>t. C'est <strong>de</strong> ce puits fangeux<br />

que provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tant d'eaux corrompues. <strong>La</strong><br />

débauche donne la main à l'avarice... Ah! c'est le<br />

scandale que le clergé donne qui précipite tant <strong>de</strong><br />

pauvres âmes dans une condamnation éternelle. Il<br />

faut opérer une réforme universelle. »<br />

Luther lui-même n'eût pu dénoncer les abus <strong>de</strong><br />

la papauté avec plus <strong>de</strong> puissance; le fait que<br />

l'orateur était un <strong>en</strong>nemi avéré du réformateur<br />

donnait plus <strong>de</strong> poids à ses paroles. En l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

Luther, la voix d'un plus grand que lui avait été<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>due.<br />

Si les yeux <strong>de</strong> l'assemblée avai<strong>en</strong>t été ouverts,<br />

elle aurait vu dans son sein <strong><strong>de</strong>s</strong> anges <strong>de</strong> Dieu<br />

rayonnants <strong>de</strong> lumière dissipant les ténèbres <strong>de</strong><br />

l'erreur et ouvrant les intellig<strong>en</strong>ces et les coeurs à la<br />

vérité. C'était la puissance du Dieu <strong>de</strong> sagesse et <strong>de</strong><br />

vérité qui refrénait les adversaires <strong>de</strong> la Réforme et<br />

préparait ainsi la voie à la gran<strong>de</strong> oeuvre qui allait<br />

s'accomplir.<br />

<strong>La</strong> Réforme n'a pas pris fin avec Luther,<br />

261


comme beaucoup le suppos<strong>en</strong>t. Elle doit se<br />

poursuivre jusqu'à la fin <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> l'humanité.<br />

Luther avait une gran<strong>de</strong> tâche : celle <strong>de</strong><br />

communiquer au mon<strong>de</strong> la lumière que Dieu avait<br />

fait briller sur son s<strong>en</strong>tier; et pourtant, il ne la<br />

possédait pas tout <strong>en</strong>tière. De son temps à nos<br />

jours, <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières nouvelles n'ont cessé <strong>de</strong> jaillir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pages <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures.<br />

<strong>La</strong> diète nomma aussitôt une commission<br />

chargée <strong>de</strong> préparer une liste <strong><strong>de</strong>s</strong> exactions papales<br />

qui pesai<strong>en</strong>t si lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t sur le peuple allemand.<br />

Ce catalogue, qui cont<strong>en</strong>ait c<strong>en</strong>t et un griefs, fut<br />

prés<strong>en</strong>té à l'empereur avec la requête instante <strong>de</strong><br />

pr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures immédiates pour faire cesser<br />

ces abus. « Que d'âmes chréti<strong>en</strong>nes perdues! »<br />

disai<strong>en</strong>t les pétitionnaires, « que <strong>de</strong> dépravations,<br />

que d'extorsions résult<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> scandales dont<br />

s'<strong>en</strong>toure le chef spirituel <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té! Il faut<br />

prév<strong>en</strong>ir la ruine et le déshonneur <strong>de</strong> notre peuple.<br />

C'est pourquoi, tous <strong>en</strong>semble, nous vous supplions<br />

très humblem<strong>en</strong>t, mais <strong>de</strong> la manière la plus<br />

pressante, d'ordonner une réforme générale, <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre et <strong>de</strong> l'accomplir. »<br />

262


<strong>La</strong> diète exigea alors qu'on fit comparaître le<br />

réformateur. En dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> objurgations, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protestations et <strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>en</strong>aces d'Aléandre, l'empereur<br />

finit par y cons<strong>en</strong>tir. <strong>La</strong> convocation était<br />

accompagnée d'un sauf-conduit promettant que<br />

Luther serait ram<strong>en</strong>é <strong>en</strong> lieu sûr. Ces <strong>de</strong>ux<br />

docum<strong>en</strong>ts fur<strong>en</strong>t portés à Witt<strong>en</strong>berg par un héraut<br />

chargé d'escorter le réformateur.<br />

<strong>Le</strong>s amis <strong>de</strong> Luther fur<strong>en</strong>t terrifiés. Connaissant<br />

la haine <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis, ils craignai<strong>en</strong>t que le saufconduit<br />

ne fût pas respecté, et ils le suppliai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

ne pas exposer sa vie. Il leur répondit : « <strong>Le</strong>s<br />

papistes ne désir<strong>en</strong>t pas ma comparution à Worms,<br />

mais ma condamnation et ma mort. N'importe!<br />

Priez, non pour moi, mais pour la Parole <strong>de</strong> Dieu....<br />

<strong>Le</strong> Christ me donnera son Esprit pour vaincre les<br />

ministres <strong>de</strong> l'erreur. Je les méprise p<strong>en</strong>dant ma vie,<br />

et j'<strong>en</strong> triompherai par ma mort. On s'agite à<br />

Worms pour me contraindre à me rétracter. Voici<br />

quelle sera ma rétractation : J'ai dit autrefois que le<br />

pape était le vicaire du Christ; maint<strong>en</strong>ant je dis<br />

qu'il est l'adversaire du Seigneur et l'apôtre du<br />

263


diable. »<br />

Luther n'allait pas être seul à faire ce périlleux<br />

voyage. Outre le messager impérial, trois <strong>de</strong> ses<br />

meilleurs amis décidèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'accompagner.<br />

Mélanchthon désirait ar<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t se joindre à eux.<br />

Uni <strong>de</strong> coeur à son ami, il voulait le suivre, s'il le<br />

fallait, jusqu'à la prison et à la mort. Mais on ne le<br />

lui permit pas. Si Luther <strong>de</strong>vait mourir, la<br />

responsabilité <strong>de</strong> la Réforme <strong>de</strong>vait retomber sur<br />

les épaules <strong>de</strong> son jeune collaborateur. En le<br />

quittant, le réformateur lui fit cette<br />

recommandation : « Si je ne revi<strong>en</strong>s pas, et que<br />

mes <strong>en</strong>nemis m'ôt<strong>en</strong>t la vie, ô mon frère! ne cesse<br />

pas d'<strong>en</strong>seigner la vérité, et d'y <strong>de</strong>meurer ferme.<br />

Travaille à ma place.... Si tu vis, peu importe que je<br />

périsse. » <strong>Le</strong>s étudiants et les citoy<strong>en</strong>s qui s'étai<strong>en</strong>t<br />

réunis pour assister au départ du réformateur<br />

étai<strong>en</strong>t très émus. De nombreuses personnes dont le<br />

coeur avait été touché par l'Évangile lui fir<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

adieux émouvants.<br />

Chemin faisant, Luther et ses compagnons<br />

constatèr<strong>en</strong>t que <strong>de</strong> sombres press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts<br />

264


agitai<strong>en</strong>t les foules. Dans certaines villes, on ne lui<br />

fit aucun accueil. Dans une auberge où l'on s'arrêta<br />

pour la nuit, un prêtre ami lui fit part <strong>de</strong> ses<br />

craintes <strong>en</strong> lui prés<strong>en</strong>tant le portrait <strong>de</strong> Savonarole,<br />

le réformateur itali<strong>en</strong>, martyr <strong>de</strong> sa foi. <strong>Le</strong> jour<br />

suivant, on apprit que les écrits <strong>de</strong> Luther avai<strong>en</strong>t<br />

été condamnés à Worms. Des messagers impériaux<br />

proclamai<strong>en</strong>t le décret <strong>de</strong> l'empereur et sommai<strong>en</strong>t<br />

le peuple d'apporter aux magistrats les ouvrages<br />

proscrits. <strong>Le</strong> héraut, craignant pour la sécurité du<br />

voyageur <strong>de</strong>vant la diète, et p<strong>en</strong>sant que sa<br />

résolution était ébranlée, lui <strong>de</strong>manda s'il était<br />

<strong>en</strong>core décidé à poursuivre sa route. Sa réponse fut<br />

: « Oui, même si je suis interdit dans toutes les<br />

villes. »<br />

À Erfurt, on fit à Luther <strong>de</strong> grands honneurs.<br />

Dans les rues qu'il avait si souv<strong>en</strong>t parcourues <strong>en</strong><br />

m<strong>en</strong>diant, il se vit <strong>en</strong>touré d'une foule admiratrice.<br />

Il visita la cellule <strong>de</strong> son couv<strong>en</strong>t, et se rappela les<br />

luttes par lesquelles il avait passé avant <strong>de</strong> recevoir<br />

dans son coeur la lumière qui inondait maint<strong>en</strong>ant<br />

l'Allemagne. On l'invita à prêcher. Cela, lui avait<br />

été interdit, mais le héraut impérial le lui permit, et<br />

265


le moine qui avait été domestique du couv<strong>en</strong>t<br />

monta <strong>en</strong> chaire.<br />

Il parla sur ces paroles du Christ : « <strong>La</strong> paix soit<br />

avec vous. » « Tous les philosophes, dit-il, les<br />

docteurs, les écrivains se sont appliqués à<br />

<strong>en</strong>seigner comm<strong>en</strong>t l'homme peut obt<strong>en</strong>ir la vie<br />

éternelle, et ils n'y sont point parv<strong>en</strong>us. Je veux<br />

maint<strong>en</strong>ant vous le dire.... Dieu a ressuscité un<br />

homme, le Seigneur Jésus-Christ, pour qu'il écrase<br />

la mort, détruise le péché, et ferme les portes <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>fer. Voilà l'oeuvre du salut.... Jésus-Christ a<br />

vaincu! Voilà la gran<strong>de</strong> nouvelle! et nous sommes<br />

sauvés par son oeuvre, et non par les nôtres....<br />

Notre Seigneur a dit : <strong>La</strong> paix soit avec vous;<br />

regar<strong>de</strong>z mes mains, c'est-à-dire : Regar<strong>de</strong>, ô<br />

homme! c'est moi, c'est moi seul qui ai ôté ton<br />

péché, et qui t'ai racheté; et maint<strong>en</strong>ant, dit le<br />

Seigneur, tu as la paix! »<br />

Il poursuivit <strong>en</strong> montrant que la foi se<br />

manifeste par la sainteté <strong>de</strong> la vie. « Puisque Dieu<br />

nous a sauvés, ordonnons tellem<strong>en</strong>t nos oeuvres<br />

qu'il y mette son bon plaisir. Es-tu riche? Que ton<br />

266


i<strong>en</strong> soit utile aux pauvres! Es-tu pauvre? Que ton<br />

service soit utile aux riches! Si ton travail n'est<br />

utile qu'à toi-même, le service que tu prét<strong>en</strong>ds<br />

r<strong>en</strong>dre à Dieu n'est qu'un m<strong>en</strong>songe. »<br />

L'auditoire était susp<strong>en</strong>du à ses lèvres. <strong>Le</strong> pain<br />

<strong>de</strong> vie était rompu à <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes qui mourai<strong>en</strong>t<br />

d'inanition. <strong>Le</strong> Sauveur était élevé à leurs yeux au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> papes, <strong><strong>de</strong>s</strong> légats, <strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois. Luther ne fit aucune allusion à la situation<br />

périlleuse dans laquelle il se trouvait. Il ne fit ri<strong>en</strong><br />

pour attirer sur sa personne l'att<strong>en</strong>tion ou la<br />

sympathie. Se perdant <strong>de</strong> vue dans la<br />

contemplation du Christ, il se cachait <strong>de</strong>rrière<br />

l'Homme du Calvaire, <strong>en</strong> qui il voyait son<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur.<br />

Continuant sa route, le réformateur était partout<br />

l'objet du plus vif intérêt. Une foule avi<strong>de</strong> se<br />

pressait autour <strong>de</strong> lui. Des voix amies<br />

l'avertissai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong><strong>de</strong>s</strong> romanistes : « On<br />

vous brûlera, lui disait-on, on réduira votre corps<br />

<strong>en</strong> c<strong>en</strong>dres, comme on l'a fait <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Jean Hus.<br />

» Sa réponse était : « Quand ils ferai<strong>en</strong>t un feu qui<br />

267


s'ét<strong>en</strong>drait <strong>de</strong> Worms à Witt<strong>en</strong>berg et qui s'élèverait<br />

jusqu'au ciel, au nom du Seigneur je le traverserais.<br />

Je paraîtrais <strong>de</strong>vant eux, j'<strong>en</strong>trerais dans la gueule<br />

<strong>de</strong> ce Béhémoth, je briserais ses d<strong>en</strong>ts, et je<br />

confesserais le Seigneur Jésus-Christ. »<br />

En appr<strong>en</strong>ant qu'il approchait <strong>de</strong> Worms, les<br />

g<strong>en</strong>s fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effervesc<strong>en</strong>ce. Ses amis tremblai<strong>en</strong>t<br />

pour sa sécurité; ses <strong>en</strong>nemis craignai<strong>en</strong>t pour leur<br />

cause. On s'efforça <strong>de</strong> le dissua<strong>de</strong>r d'<strong>en</strong>trer dans la<br />

ville. À l'instigation <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres, il fut invité à se<br />

retirer dans le château d'un chevalier sympathique à<br />

sa cause, où, lui assurait-on, toutes les difficultés<br />

pourrai<strong>en</strong>t être résolues amicalem<strong>en</strong>t. Des amis<br />

t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t d'exciter ses craintes <strong>en</strong> lui représ<strong>en</strong>tant<br />

les dangers auxquels il était exposé. Tout fut<br />

inutile. Inébranlable, Luther répondit : « Quand<br />

même il y aurait autant <strong>de</strong> diables à Worms qu'il y<br />

a <strong>de</strong> tuiles sur les toits, j'y <strong>en</strong>trerais. »<br />

À son <strong>en</strong>trée dans la ville, l'animation fut<br />

int<strong>en</strong>se : une gran<strong>de</strong> foule lui souhaita la<br />

bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue. L'empereur lui-même n'avait pas vu une<br />

aussi gran<strong>de</strong> foule v<strong>en</strong>ir le saluer. Du milieu <strong>de</strong> la<br />

268


foule, une voix perçante et plaintive fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le<br />

chant <strong><strong>de</strong>s</strong> morts pour avertir Luther du sort qui le<br />

m<strong>en</strong>açait. « Dieu sera ma déf<strong>en</strong>se », dit-il <strong>en</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> voiture.<br />

<strong>Le</strong>s romanistes n'avai<strong>en</strong>t pas cru que Luther<br />

oserait v<strong>en</strong>ir à Worms; aussi son arrivée les<br />

plongea-t-elle dans la consternation. L'empereur<br />

convoqua aussitôt ses conseillers afin <strong>de</strong> savoir<br />

quel parti pr<strong>en</strong>dre. L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques, papiste rigi<strong>de</strong>,<br />

pr<strong>en</strong>ant la parole, s'écria : « Nous nous sommes<br />

longuem<strong>en</strong>t consultés sur cette affaire. Que votre<br />

Majesté impériale se débarrasse promptem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

cet homme. Sigismond n'a-t-il pas fait brûler Jean<br />

Hus? On n'est t<strong>en</strong>u ni <strong>de</strong> donner un sauf-conduit à<br />

un hérétique ni <strong>de</strong> le respecter. « Non! dit Charles :<br />

ce qu'on a promis, il faut qu'on le ti<strong>en</strong>ne. » On<br />

décida, <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> faire comparaître le<br />

réformateur.<br />

Toute la ville désirait voir cet homme<br />

extraordinaire. Bi<strong>en</strong>tôt, une foule <strong>de</strong> vi<strong>site</strong>urs<br />

<strong>en</strong>vahit son appartem<strong>en</strong>t. À peine remis <strong>de</strong> sa<br />

réc<strong>en</strong>te maladie, fatigué d'un voyage qui avait duré<br />

269


<strong>de</strong>ux semaines <strong>en</strong>tières, et <strong>de</strong>vant se préparer à la<br />

comparution sol<strong>en</strong>nelle du l<strong>en</strong><strong>de</strong>main, il avait<br />

besoin <strong>de</strong> calme et <strong>de</strong> repos. Mais leur désir <strong>de</strong> le<br />

voir était si grand que nobles, chevaliers, prêtres,<br />

citoy<strong>en</strong>s se pressai<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong> lui. De ce nombre<br />

étai<strong>en</strong>t plusieurs <strong>de</strong> ceux qui avai<strong>en</strong>t hardim<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>mandé à l'empereur <strong>de</strong> mettre fin aux abus du<br />

clergé, et qui, dit plus tard Luther, « avai<strong>en</strong>t tous<br />

été affranchis par mon Évangile ». Amis et<br />

<strong>en</strong>nemis accourai<strong>en</strong>t pour contempler ce moine<br />

intrépi<strong>de</strong> au visage pâle, émacié, qui recevait<br />

chacun avec une bi<strong>en</strong>veillance <strong>en</strong>jouée. Son calme,<br />

sa dignité, son tact, son attitu<strong>de</strong> ferme et<br />

courageuse, la sol<strong>en</strong>nité <strong>de</strong> ses paroles lui<br />

donnai<strong>en</strong>t une autorité à laquelle ses <strong>en</strong>nemis euxmêmes<br />

avai<strong>en</strong>t peine à résister, et qui remplissait<br />

chacun d'étonnem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s uns voyai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui une<br />

puissance divine, d'autres répétai<strong>en</strong>t les paroles <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pharisi<strong>en</strong>s au sujet du Christ : « Il a un démon. »<br />

<strong>Le</strong> l<strong>en</strong><strong>de</strong>main, sommé <strong>de</strong> comparaître <strong>de</strong>vant la<br />

diète, Luther y fit son <strong>en</strong>trée, conduit par un<br />

officier impérial, après avoir traversé <strong><strong>de</strong>s</strong> rues<br />

<strong>en</strong>combrées d'une foule avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> voir celui qui<br />

270


avait osé braver l'autorité du pape.<br />

Au mom<strong>en</strong>t où l'accusé allait comparaître<br />

<strong>de</strong>vant ses juges, un vieux général, héros <strong>de</strong> bi<strong>en</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> batailles, lui dit avec bonté : « Petit moine!<br />

petit moine! Tu as <strong>de</strong>vant toi une marche et une<br />

affaire telles que ni moi, ni bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> capitaines n'<strong>en</strong><br />

avons jamais vu <strong>de</strong> pareille dans la plus sanglante<br />

<strong>de</strong> nos batailles! Mais si ta cause est juste, et si tu<br />

<strong>en</strong> as l'assurance, avance au nom <strong>de</strong> Dieu, et ne<br />

crains ri<strong>en</strong>! Dieu ne t'abandonnera pas! »<br />

Luther était <strong>en</strong>fin <strong>de</strong>vant la diète, où l'empereur<br />

occupait le trône, <strong>en</strong>touré <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages les plus<br />

illustres <strong>de</strong> l'empire. Jamais homme n'avait<br />

comparu <strong>de</strong>vant plus imposante assemblée. « Cette<br />

comparution était déjà une éclatante victoire<br />

remportée sur la papauté. <strong>Le</strong> pape avait condamné<br />

cet homme, et cet homme se trouvait <strong>de</strong>vant un<br />

tribunal qui se plaçait ainsi au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du pape. <strong>Le</strong><br />

pape l'avait mis à l'interdit, retranché <strong>de</strong> toute<br />

société humaine, et il était convoqué <strong>en</strong> termes<br />

honorables et reçu <strong>de</strong>vant la plus auguste<br />

assemblée <strong>de</strong> l'univers. <strong>Le</strong> pape avait ordonné que<br />

271


sa bouche fût à jamais muette, et il allait l'ouvrir<br />

<strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d'auditeurs assemblés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>droits les plus éloignés <strong>de</strong> toute la chréti<strong>en</strong>té.<br />

Une imm<strong>en</strong>se révolution s'était ainsi accomplie au<br />

moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> Luther. Rome <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dait déjà <strong>de</strong> son<br />

trône, et c'est la parole d'un moine qui l'<strong>en</strong> faisait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre. »<br />

En prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cette assemblée <strong>de</strong> rois et <strong>de</strong><br />

princes, le fils du mineur <strong>de</strong> Mansfeld se s<strong>en</strong>tit ému<br />

et intimidé. Plusieurs princes, l'ayant remarqué,<br />

s'approchèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lui avec bi<strong>en</strong>veillance. L'un d'eux<br />

lui dit : « Ne craignez point ceux qui tu<strong>en</strong>t le corps,<br />

et qui ne peuv<strong>en</strong>t tuer l'âme. » Un autre ajouta : «<br />

Quand vous serez m<strong>en</strong>és <strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> gouverneurs et<br />

<strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, l'Esprit <strong>de</strong> votre Père parlera par<br />

votre bouche. » Ainsi, à cette heure critique, les<br />

paroles du divin Maître v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t fortifier son<br />

serviteur par l'organe <strong><strong>de</strong>s</strong> puissants <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.<br />

Luther fut placé <strong>en</strong> face du trône <strong>de</strong> l'empereur.<br />

Un profond sil<strong>en</strong>ce se fit dans l'assemblée. Alors<br />

un officier impérial se leva et, désignant une<br />

collection <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits <strong>de</strong> Luther, invita le<br />

272


éformateur à répondre à <strong>de</strong>ux questions :<br />

premièrem<strong>en</strong>t, ces ouvrages étai<strong>en</strong>t-ils bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> lui?<br />

<strong>de</strong>uxièmem<strong>en</strong>t, était-il disposé à rétracter les<br />

opinions qu'il y avait avancées? <strong>Le</strong>s titres <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ouvrages ayant été lus, Luther, répondant à la<br />

première question, affirma <strong>en</strong> être l'auteur. « Quant<br />

à la secon<strong>de</strong> question, dit-il, att<strong>en</strong>du que c'est une<br />

question qui regar<strong>de</strong> la foi et le salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, et<br />

dans laquelle est impliquée la Parole <strong>de</strong> Dieu, le<br />

plus grand et le plus précieux trésor qu'il y ait dans<br />

les cieux et sur la terre, j'agirais avec imprud<strong>en</strong>ce si<br />

je répondais sans réflexion. Je pourrais affirmer<br />

moins que la chose ne le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, ou plus que la<br />

vérité ne l'exige, et me r<strong>en</strong>dre ainsi coupable <strong>en</strong>vers<br />

cette parole du Christ : 'Quiconque me r<strong>en</strong>iera<br />

<strong>de</strong>vant les hommes, je le r<strong>en</strong>ierai aussi <strong>de</strong>vant mon<br />

Père qui est dans les cieux.' C'est pourquoi, je prie<br />

<strong>en</strong> toute soumission Sa Majesté impériale <strong>de</strong> me<br />

donner du temps afin <strong>de</strong> répondre sans porter<br />

atteinte à la Parole <strong>de</strong> Dieu. »<br />

Cette requête <strong>de</strong> Luther était sage. Il<br />

convainquait ainsi l'assemblée qu'il n'agissait ni par<br />

aigreur ni par impulsion. Ce calme, cet empire sur<br />

273


soi-même, inatt<strong>en</strong>dus chez un homme qui s'était<br />

montré hardi et intransigeant, fortifièr<strong>en</strong>t sa cause<br />

et lui permir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> répondre plus tard avec une<br />

prud<strong>en</strong>ce, une décision, une sagesse et une dignité<br />

qui surprir<strong>en</strong>t et déconcertèr<strong>en</strong>t ses adversaires.<br />

Sa réponse définitive fut r<strong>en</strong>voyée au jour<br />

suivant; le réformateur; à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> forces liguées<br />

contre la vérité, s<strong>en</strong>tit mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t le coeur lui<br />

manquer; sa foi fléchit; la crainte et le tremblem<strong>en</strong>t<br />

le saisir<strong>en</strong>t, et il fut <strong>en</strong>vahi par une terreur<br />

indéfinissable. <strong>Le</strong>s dangers se multipliai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant<br />

lui; ses <strong>en</strong>nemis semblai<strong>en</strong>t sur le point <strong>de</strong><br />

triompher, et la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, prête à<br />

l'<strong>en</strong>gloutir. <strong>Le</strong>s sombres nuages qui s'accumulai<strong>en</strong>t<br />

autour <strong>de</strong> lui, et semblai<strong>en</strong>t vouloir le séparer <strong>de</strong><br />

Dieu, lui fir<strong>en</strong>t perdre l'assurance que le Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

armées serait avec lui. Dans sa détresse, courbé<br />

vers la terre, il fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une <strong>de</strong> ces prières<br />

éperdues dont Dieu seul peut mesurer la valeur.<br />

« Dieu tout-puissant! Dieu éternel! criait-il; que<br />

le mon<strong>de</strong> est terrible! Comme il ouvre la bouche<br />

pour m'<strong>en</strong>gloutir! et que j'ai peu <strong>de</strong> confiance <strong>en</strong><br />

274


toi!... Si je dois mettre mon espérance dans les<br />

puissants <strong>de</strong> la terre, c'<strong>en</strong> est fait <strong>de</strong> moi!... O<br />

Dieu!... Assiste-moi contre toute la sagesse du<br />

mon<strong>de</strong>! Fais-le; tu dois le faire, toi seul, car ce n'est<br />

pas mon oeuvre, mais la ti<strong>en</strong>ne. Je n'ai ici ri<strong>en</strong> à<br />

faire; je n'ai ri<strong>en</strong> à débattre, moi, avec ces grands<br />

du mon<strong>de</strong>.... <strong>La</strong> cause est la ti<strong>en</strong>ne; elle est juste et<br />

éternelle! O Seigneur, sois mon ai<strong>de</strong>! Dieu fidèle,<br />

Dieu immuable! Je ne me repose sur aucun<br />

homme.... Tout ce qui est <strong>de</strong> l'homme chancelle et<br />

défaille.... Tu m'as élu pour cette oeuvre, je le<br />

sais!... Eh bi<strong>en</strong>! agis donc ô Dieu!... ti<strong>en</strong>s-toi à côté<br />

<strong>de</strong> moi, pour le nom <strong>de</strong> Jésus-Christ, ton Fils bi<strong>en</strong>aimé,<br />

ma déf<strong>en</strong>se, mon bouclier et ma forteresse. "<br />

Pour préserver le réformateur d'un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

confiance <strong>en</strong> sa propre force et <strong>de</strong> témérité <strong>de</strong>vant<br />

le danger, Dieu, dans sa sagesse, permettait qu'il<br />

eût l'intuition <strong>de</strong> son péril. Ce n'était pas, <strong>en</strong> effet,<br />

la crainte <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances personnelles, ni la<br />

perspective <strong>de</strong> la torture ou <strong>de</strong> la mort<br />

apparemm<strong>en</strong>t immin<strong>en</strong>tes qui le terrifiai<strong>en</strong>t, et ce<br />

n'était point <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> sa propre sécurité qu'il luttait<br />

avec Dieu; c'était pour le triomphe <strong>de</strong> l'Évangile.<br />

275


L'heure <strong>de</strong> la crise était arrivée, et il se s<strong>en</strong>tait<br />

incapable <strong>de</strong> l'affronter. Un acte <strong>de</strong> faiblesse <strong>de</strong> sa<br />

part eût pu compromettre la cause <strong>de</strong> la vérité. <strong>Le</strong>s<br />

angoisses <strong>de</strong> son âme <strong>en</strong> cette occasion peuv<strong>en</strong>t<br />

être comparées à celles <strong>de</strong> Jacob au torr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Jabok. Comme lui, Luther lutta avec Dieu et obtint<br />

la victoire. Consci<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son impuissance,<br />

cramponné à Jésus, son puissant Libérateur, il fut<br />

fortifié par l'assurance qu'il ne paraîtrait point seul<br />

<strong>de</strong>vant l'assemblée. <strong>La</strong> paix r<strong>en</strong>tra dans son âme, et<br />

il se réjouit qu'il lui fût permis d'élever la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>de</strong>vant les chefs <strong>de</strong> la nation.<br />

<strong>Le</strong>s regards fixés sur Dieu, Luther se prépara à<br />

la lutte. Il fit le plan <strong>de</strong> sa réponse, relut quelques<br />

passages <strong>de</strong> ses ouvrages et tira <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

preuves propres à sout<strong>en</strong>ir ses positions. Puis,<br />

posant sa main gauche sur le Livre sacré ouvert sur<br />

la table, et levant la main droite au ciel, il « jura <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>meurer fidèle à l'Évangile et <strong>de</strong> confesser<br />

ouvertem<strong>en</strong>t sa foi, dût-il sceller cette confession<br />

<strong>de</strong> son sang ».<br />

Quand il comparut à nouveau <strong>de</strong>vant la diète,<br />

276


son visage ne portait aucune trace <strong>de</strong> crainte ou <strong>de</strong><br />

timidité. Témoin <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vant les grands <strong>de</strong> la<br />

terre, il respirait le calme, la paix et une noble<br />

bravoure. Son discours, <strong>en</strong> réponse à l'officier<br />

impérial qui lui <strong>de</strong>mandait sa décision, fut courtois<br />

et respectueux; sa voix claire était cont<strong>en</strong>ue et sans<br />

éclats; toute sa personne manifestait une confiance<br />

et une joie qui surprir<strong>en</strong>t l'assemblée. Il parla <strong>en</strong><br />

ces termes :<br />

« Sérénissime Empereur! illustres princes,<br />

gracieux seigneurs!... Comparaissant aujourd'hui<br />

<strong>de</strong>vant vous, par la miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, selon<br />

l'ordre qui m'<strong>en</strong> fut donné hier, je conjure votre<br />

Majesté et vos augustes Altesses d'écouter avec<br />

bonté la déf<strong>en</strong>se d'une cause qui, j'<strong>en</strong> ai l'assurance,<br />

est juste et bonne. Si, par ignorance, je manquais<br />

aux usages et aux bi<strong>en</strong>séances <strong><strong>de</strong>s</strong> cours, je vous<br />

prie <strong>de</strong> me pardonner, car j'ai été élevé dans<br />

l'obscurité d'un cloître, et non dans les palais <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois. »<br />

Entrant <strong>en</strong>suite dans son sujet, Luther déclara<br />

que ses livres n'étai<strong>en</strong>t pas tous <strong>de</strong> la même nature.<br />

277


Dans les uns, il parlait <strong>de</strong> la foi et <strong><strong>de</strong>s</strong> bonnes<br />

oeuvres; ses <strong>en</strong>nemis eux-mêmes les considérai<strong>en</strong>t<br />

non seulem<strong>en</strong>t comme inoff<strong>en</strong>sifs, mais comme<br />

utiles. <strong>Le</strong>s rétracter, c'eût été r<strong>en</strong>ier <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités que<br />

tous admettai<strong>en</strong>t. Une secon<strong>de</strong> catégorie était<br />

composée <strong>de</strong> livres condamnant la corruption et les<br />

abus <strong>de</strong> la papauté. <strong>Le</strong>s rejeter, c'eût été fortifier la<br />

tyrannie <strong>de</strong> Rome et ouvrir la porte à <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

nombreuses impiétés. <strong>La</strong> troisième catégorie<br />

attaquait <strong><strong>de</strong>s</strong> individus qui sout<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les abus<br />

existants. Pour ceux-ci, il confessa volontiers avoir<br />

été plus viol<strong>en</strong>t qu'il ne conv<strong>en</strong>ait. Mais, sans avoir<br />

la prét<strong>en</strong>tion d'être parfait, il ne pouvait pas non<br />

plus rétracter ces <strong>de</strong>rniers ouvrages, parce que, ce<br />

faisant, il <strong>en</strong>couragerait les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité,<br />

qui profiterai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette occasion pour écraser le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu avec plus <strong>de</strong> cruauté <strong>en</strong>core.<br />

« Cep<strong>en</strong>dant, ajouta-t-il, je suis un simple<br />

homme, et non pas Dieu; je me déf<strong>en</strong>drai donc<br />

comme l'a fait Jésus-Christ : Si j'ai mal parlé, faites<br />

connaître ce que j'ai dit <strong>de</strong> mal.... Je vous conjure<br />

donc, par les miséricor<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Dieu, sérénissime<br />

empereur, et vous, très illustres princes, et tout<br />

278


autre homme, qu'il soit <strong>de</strong> haut ou <strong>de</strong> bas étage, <strong>de</strong><br />

me prouver par les écrits <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

apôtres que je me suis trompé. Dès que j'aurai été<br />

convaincu, je rétracterai aussitôt toutes mes<br />

erreurs, et serai le premier à saisir mes écrits et à<br />

les jeter dans les flammes. »<br />

« Ce que je vi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> dire, ajouta-t-il, montre<br />

clairem<strong>en</strong>t, je p<strong>en</strong>se, que j'ai bi<strong>en</strong> considéré et pesé<br />

les dangers auxquels je m'expose; mais loin d'<strong>en</strong><br />

être effrayé, c'est pour moi une gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong> voir,<br />

que l'Évangile est <strong>en</strong>core aujourd'hui, comme<br />

autrefois, une cause <strong>de</strong> trouble et <strong>de</strong> discor<strong>de</strong>. C'est<br />

là le caractère et la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

'Je ne suis pas v<strong>en</strong>u apporter la paix sur la terre, a<br />

dit Jésus, mais l'épée.' Dieu est admirable et terrible<br />

dans ses conseils; craignons qu'<strong>en</strong> prét<strong>en</strong>dant<br />

arrêter les discor<strong><strong>de</strong>s</strong> nous ne persécutions la sainte<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu et ne fassions fondre sur nous un<br />

affreux déluge d'insurmontables dangers, <strong>de</strong><br />

désastres prés<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> désolation éternelle. Je<br />

pourrais citer <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> oracles <strong>de</strong><br />

Dieu.... Je pourrais vous parler <strong><strong>de</strong>s</strong> pharaons, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois <strong>de</strong> Babylone et d'Israël qui n'ont jamais<br />

279


travaillé plus efficacem<strong>en</strong>t à leur ruine que lorsque,<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce très sages, ils<br />

p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t affermir leur empire. »<br />

Luther avait parlé <strong>en</strong> allemand; on le pria <strong>de</strong><br />

répéter son discours <strong>en</strong> latin. Il le fit avec la même<br />

puissance et la même clarté que la première fois.<br />

Cette circonstance était voulue <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s<br />

princes étai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t aveuglés par les préjugés<br />

qu'ils n'avai<strong>en</strong>t pu, à la première audition, saisir le<br />

puissant raisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Luther; la <strong>de</strong>uxième leur<br />

permit <strong>de</strong> le bi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre.<br />

En revanche, les esprits fermés à la lumière et<br />

résolus à ne ri<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre n'avai<strong>en</strong>t pas écouté sans<br />

colère les courageuses paroles du moine. Lorsque<br />

celui-ci eut cessé <strong>de</strong> parler, l'orateur <strong>de</strong> la diète lui<br />

dit avec irritation : « Vous n'avez pas répondu à la<br />

question qu'on vous a faite. On vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une<br />

réponse claire et précise. Voulez-vous, oui ou non,<br />

vous rétracter? »<br />

<strong>Le</strong> réformateur répondit : « Puisque votre<br />

sérénissime Majesté et vos hautes puissances<br />

280


exig<strong>en</strong>t une réponse simple, claire et précise, je la<br />

leur donnerai, la voici : Je ne puis soumettre ma foi<br />

ni au pape, ni au concile, parce qu'il est clair<br />

comme le jour qu'ils sont souv<strong>en</strong>t tombés dans<br />

l'erreur et même dans <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> contradictions<br />

avec eux-mêmes. Si donc je ne suis convaincu par<br />

le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures ou par <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons<br />

évid<strong>en</strong>tes; si l'on ne me persua<strong>de</strong> par les passages<br />

mêmes que j'ai cités, r<strong>en</strong>dant ainsi ma consci<strong>en</strong>ce<br />

captive <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, je ne puis et ne veux<br />

ri<strong>en</strong> rétracter, car il n'est pas prud<strong>en</strong>t pour le<br />

chréti<strong>en</strong> <strong>de</strong> parler contre sa consci<strong>en</strong>ce. Me voici,<br />

je ne puis faire autrem<strong>en</strong>t; Dieu m'assiste! Am<strong>en</strong>. »<br />

Ainsi parla cet homme juste, campé sur le<br />

rocher inébranlable <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, les traits<br />

illuminés <strong>de</strong> la lumière divine. Alors qu'il<br />

dénonçait la puissance <strong>de</strong> l'erreur et témoignait <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> la foi par laquelle le mon<strong>de</strong> est vaincu, la<br />

gran<strong>de</strong>ur et la pureté <strong>de</strong> son caractère, la paix et la<br />

joie <strong>de</strong> son coeur <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t manifestes pour tous.<br />

L'assemblée <strong>en</strong>tière resta quelque temps muette<br />

<strong>de</strong> stupeur. Lors <strong>de</strong> sa première comparution,<br />

281


Luther avait parlé d'une voix modérée et d'un ton<br />

respectueux et presque soumis. <strong>Le</strong>s romanistes <strong>en</strong><br />

avai<strong>en</strong>t conclu que son courage comm<strong>en</strong>çait à<br />

fléchir. Ils avai<strong>en</strong>t considéré sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'un délai<br />

comme le prélu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa rétractation. L'empereur<br />

lui-même, remarquant son air souffrant, la<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie <strong>de</strong> sa mise et la simplicité <strong>de</strong> son<br />

allocution, avait dit d'un air dédaigneux : « Ce n'est<br />

pas ce moine qui fera jamais <strong>de</strong> moi un hérétique. »<br />

Mais le courage et la fermeté dont il faisait preuve<br />

maint<strong>en</strong>ant, aussi bi<strong>en</strong> que la puissance et la clarté<br />

<strong>de</strong> son raisonnem<strong>en</strong>t, surprir<strong>en</strong>t tous les partis.<br />

Plein d'admiration, l'empereur s'écria : « Ce moine<br />

parle avec un coeur intrépi<strong>de</strong> et un indomptable<br />

courage. » Et plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> princes allemands<br />

contemplai<strong>en</strong>t ce représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> leur nation avec<br />

une satisfaction mêlée d'orgueil.<br />

<strong>Le</strong>s amis <strong>de</strong> la curie romaine étai<strong>en</strong>t battus :<br />

leur cause apparaissait sous le jour le plus<br />

défavorable. Pour gar<strong>de</strong>r leurs positions, ils eur<strong>en</strong>t<br />

recours, non aux Écritures, mais à <strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>en</strong>aces,<br />

l'argum<strong>en</strong>t ordinaire <strong>de</strong> Rome. L'orateur <strong>de</strong> la diète,<br />

s'adressant à Luther, lui cria : « Si tu ne te rétractes,<br />

282


l'empereur et les États <strong>de</strong> l'empire verront ce qu'ils<br />

auront à faire <strong>en</strong>vers un hérétique obstiné. » Puis<br />

on le pria <strong>de</strong> se retirer p<strong>en</strong>dant que les princes<br />

délibérerai<strong>en</strong>t.<br />

À ces paroles Luther répondit calmem<strong>en</strong>t : «<br />

Dieu me soit <strong>en</strong> ai<strong>de</strong>, car je ne puis ri<strong>en</strong> rétracter. »<br />

Une heure grave avait sonné, chacun <strong>en</strong> avait la<br />

conviction. L'obstination du réformateur à ne ri<strong>en</strong><br />

rétracter pouvait affecter l'histoire <strong>de</strong> l'Église<br />

p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. On décida <strong>de</strong> lui donner une<br />

<strong>de</strong>rnière occasion. Il fut ram<strong>en</strong>é <strong>de</strong>vant l'assemblée.<br />

Une fois <strong>de</strong> plus, on lui <strong>de</strong>manda s'il voulait<br />

r<strong>en</strong>oncer à ses doctrines. Ses paroles fur<strong>en</strong>t : « Je<br />

n'ai point d'autre réponse à faire que celle que j'ai<br />

faite. » Il était évid<strong>en</strong>t que ni les promesses ni les<br />

m<strong>en</strong>aces ne réussirai<strong>en</strong>t à le faire cé<strong>de</strong>r aux désirs<br />

<strong>de</strong> ses adversaires.<br />

Vexés <strong>de</strong> voir bravée par un simple moine une<br />

puissance <strong>de</strong>vant laquelle princes et rois avai<strong>en</strong>t<br />

tremblé, les chefs <strong>de</strong> l'Église étai<strong>en</strong>t impati<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

lui faire éprouver, par la torture et la mort, les<br />

283


effets <strong>de</strong> leur colère. Consci<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces dangers,<br />

Luther avait parlé <strong>de</strong>vant tous avec le calme et la<br />

dignité qui convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à un chréti<strong>en</strong>. Il n'y avait<br />

eu dans ses paroles ni calomnie, ni orgueil, ni<br />

acrimonie. S'oubliant lui-même et oubliant les<br />

grands personnages qui l'<strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t, il n'avait eu<br />

<strong>en</strong> vue qu'une chose : la prés<strong>en</strong>ce d'un Être<br />

infinim<strong>en</strong>t supérieur aux papes, aux prélats et aux<br />

rois. <strong>Le</strong> Sauveur avait parlé par la bouche <strong>de</strong> son<br />

serviteur avec une puissance et une élévation qui<br />

avai<strong>en</strong>t, pour un temps, surpris et émerveillé amis<br />

et <strong>en</strong>nemis. L'Esprit <strong>de</strong> Dieu, prés<strong>en</strong>t dans cette<br />

assemblée, avait agi sur le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong><br />

l'empire. Plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> princes reconnur<strong>en</strong>t<br />

hardim<strong>en</strong>t la justice <strong>de</strong> la cause <strong>de</strong> Luther. Un<br />

grand nombre d'<strong>en</strong>tre eux fur<strong>en</strong>t convaincus <strong>de</strong> la<br />

vérité; mais, pour beaucoup, les impressions reçues<br />

ne fur<strong>en</strong>t pas durables. D'autres n'exprimèr<strong>en</strong>t pas<br />

immédiatem<strong>en</strong>t leur conviction, mais, sondant plus<br />

tard les Écritures, <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> courageux souti<strong>en</strong>s<br />

<strong>de</strong> la Réforme.<br />

L'électeur Frédéric, qui n'avait pas att<strong>en</strong>du sans<br />

inquiétu<strong>de</strong> la comparution <strong>de</strong> Luther <strong>de</strong>vant la<br />

284


diète, avait écouté son discours avec une profon<strong>de</strong><br />

émotion. Avec une joie mêlée d'orgueil, il avait<br />

contemplé le courage, la fermeté et la maîtrise du<br />

jeune docteur, et il avait pris la résolution <strong>de</strong> le<br />

déf<strong>en</strong>dre avec plus d'énergie. Comparant les partis<br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce, il avait constaté que la sagesse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

papes, <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et <strong><strong>de</strong>s</strong> prélats avait été confondue<br />

par la puissance <strong>de</strong> la vérité. <strong>La</strong> papauté v<strong>en</strong>ait<br />

d'éprouver une défaite dont les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

allai<strong>en</strong>t se faire s<strong>en</strong>tir dans tous les pays et dans<br />

tous les siècles à v<strong>en</strong>ir.<br />

Voyant l'impression causée par la déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong><br />

Luther, le légat du pape craignit plus que jamais<br />

pour la puissance <strong>de</strong> son Église et se promit <strong>de</strong><br />

t<strong>en</strong>ter l'impossible pour faire disparaître le<br />

réformateur. Avec toute l'éloqu<strong>en</strong>ce et l'habileté<br />

diplomatique dont il était si éminemm<strong>en</strong>t doué, il<br />

représ<strong>en</strong>ta au jeune empereur la folie qu'il y aurait<br />

à sacrifier la puissante amitié du pape à la cause<br />

d'un obscur religieux.<br />

Ses paroles ne restèr<strong>en</strong>t pas sans effet. <strong>Le</strong><br />

l<strong>en</strong><strong>de</strong>main <strong>de</strong> la réponse <strong>de</strong> Luther, l'empereur fit<br />

285


prés<strong>en</strong>ter à la diète un message annonçant sa<br />

détermination <strong>de</strong> sout<strong>en</strong>ir et protéger la religion<br />

catholique comme l'avai<strong>en</strong>t fait ses prédécesseurs.<br />

Étant donné que Luther avait refusé <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncer à<br />

ses erreurs, il allait recourir aux mesures les plus<br />

rigoureuses contre lui et contre les hérésies qu'il<br />

<strong>en</strong>seignait. « Un seul moine, disait-il, égaré par sa<br />

propre folie, s'élève contre la foi <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té. Je<br />

sacrifierai mes royaumes, ma puissance, mes amis,<br />

mes trésors, mon corps, mon sang, mon esprit et<br />

ma vie pour arrêter cette impiété. Je vais r<strong>en</strong>voyer<br />

l'augustin Luther, <strong>en</strong> lui déf<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> causer le<br />

moindre tumulte parmi le peuple; puis je<br />

procé<strong>de</strong>rai contre lui et ses adhér<strong>en</strong>ts, hérétiques<br />

impénit<strong>en</strong>ts, par l'excommunication, par l'interdit,<br />

et par tous les moy<strong>en</strong>s propres à les détruire. Je<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux membres <strong>de</strong> tous les États <strong>de</strong> se<br />

conduire comme <strong>de</strong> fidèles chréti<strong>en</strong>s. »<br />

Mais comme le sauf-conduit <strong>de</strong> Luther <strong>de</strong>vait<br />

être respecté, il fallait, avant <strong>de</strong> sévir contre lui, lui<br />

donner le temps <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer chez lui sain et sauf.<br />

À ce sujet, <strong>de</strong>ux opinions contradictoires se<br />

286


manifestèr<strong>en</strong>t parmi les membres <strong>de</strong> la diète. <strong>Le</strong>s<br />

représ<strong>en</strong>tants du pape <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t qu'on ne<br />

respectât pas le sauf-conduit. Selon eux, les<br />

c<strong>en</strong>dres <strong>de</strong> Luther <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être jetées dans le Rhin,<br />

comme l'avai<strong>en</strong>t été celles <strong>de</strong> Hus, un siècle plus<br />

tôt. Mais les princes allemands, bi<strong>en</strong> que papistes<br />

et <strong>en</strong>nemis du réformateur, protestai<strong>en</strong>t contre une<br />

telle violation <strong>de</strong> la parole donnée, qui eût été une<br />

tache pour la nation <strong>en</strong>tière. Rappelant les<br />

calamités qui avai<strong>en</strong>t suivi l'exécution <strong>de</strong> Jean Hus,<br />

ils déclarèr<strong>en</strong>t qu'ils n'osai<strong>en</strong>t pas attirer sur<br />

l'Allemagne et sur son jeune empereur <strong>de</strong><br />

semblables catastrophes.<br />

Charles Quint lui-même répondit à cette<br />

proposition : « Si la bonne foi et la loyauté étai<strong>en</strong>t<br />

bannies <strong>de</strong> tout l'univers, elles <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t trouver un<br />

refuge dans le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> princes. » Alors, les<br />

<strong>en</strong>nemis les plus acharnés du réformateur<br />

pressèr<strong>en</strong>t le monarque d'agir avec lui comme<br />

l'avait fait Sigismond avec Jean Hus : le livrer aux<br />

compassions <strong>de</strong> l'Église. Charles, se rappelant Hus<br />

montrant ses chaînes au milieu du concile et<br />

accusant publiquem<strong>en</strong>t l'empereur d'avoir trahi la<br />

287


foi jurée, répliqua : « Je ne ti<strong>en</strong>s nullem<strong>en</strong>t à rougir<br />

<strong>en</strong> public comme Sigismond. »<br />

Charles Quint n'<strong>en</strong> avait pas moins<br />

délibérém<strong>en</strong>t rejeté les vérités dont Luther était le<br />

champion. « Je suis fermem<strong>en</strong>t résolu à suivre<br />

l'exemple <strong>de</strong> mes ancêtres », disait le monarque. Il<br />

avait décidé <strong>de</strong> ne pas quitter les s<strong>en</strong>tiers <strong>de</strong> la<br />

coutume pour suivre les voies <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la<br />

justice. Comme ses pères, il voulait sout<strong>en</strong>ir la<br />

papauté, sa cruauté et ses abus. Ayant pris cette<br />

position, il refusa d'accepter <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières que ses<br />

pères n'avai<strong>en</strong>t pas reçues, ou <strong>de</strong> se soumettre à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>voirs qu'ils n'avai<strong>en</strong>t point connus.<br />

Nombreux sont <strong>en</strong>core, <strong>de</strong> nos jours, ceux qui<br />

s'attach<strong>en</strong>t aux coutumes et aux traditions <strong>de</strong> leurs<br />

pères. Quand le Seigneur leur <strong>en</strong>voie <strong>de</strong> nouvelles<br />

lumières, ils les refus<strong>en</strong>t parce que leurs pères n'<strong>en</strong><br />

ont pas joui, oubliant qu'ils ne viv<strong>en</strong>t plus au temps<br />

<strong>de</strong> leurs pères, et que leurs <strong>de</strong>voirs et leurs<br />

responsabilités ne sont pas les mêmes. Ce ne sont<br />

pas nos pères, mais les oracles <strong>de</strong> Dieu, qui doiv<strong>en</strong>t<br />

déterminer notre <strong>de</strong>voir. Notre responsabilité est<br />

288


plus gran<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong> nos ancêtres, car nous<br />

<strong>de</strong>vrons r<strong>en</strong>dre compte à la fois <strong>de</strong> la lumière qui a<br />

brillé sur leur s<strong>en</strong>tier et <strong>de</strong> celle que la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu fait jaillir sur le nôtre.<br />

Parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs incrédules, Jésus disait : « Si<br />

je n'étais pas v<strong>en</strong>u et que je ne leur eusse point<br />

parlé, ils n'aurai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> péché; mais maint<strong>en</strong>ant<br />

ils n'ont aucune excuse <strong>de</strong> leur péché. » ( Jean<br />

15.22 ) Ces mêmes paroles étai<strong>en</strong>t adressées par<br />

Luther à l'empereur et aux princes d'Allemagne.<br />

P<strong>en</strong>dant qu'elles ret<strong>en</strong>tissai<strong>en</strong>t, l'Esprit <strong>de</strong> Dieu<br />

plaidait pour la <strong>de</strong>rnière fois avec plusieurs<br />

membres <strong>de</strong> l'assemblée. Comme Pilate qui,<br />

plusieurs siècles auparavant, avait permis à<br />

l'orgueil et à l'ambition <strong>de</strong> fermer son coeur aux<br />

paroles du Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong>; comme Félix<br />

qui, tremblant <strong>de</strong> peur, avait répondu au messager<br />

<strong>de</strong> la vérité : « Pour le mom<strong>en</strong>t retire-toi; quand<br />

j'<strong>en</strong> trouverai l'occasion, je te rappellerai »; comme<br />

l'orgueilleux Agrippa, qui avait dit : « Tu vas<br />

bi<strong>en</strong>tôt me persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir chréti<strong>en</strong> » ( Actes<br />

24.25; 26.28 ), et s'était détourné pourtant du<br />

message céleste – <strong>de</strong> même Charles Quint rejeta la<br />

289


lumière <strong>de</strong> la vérité pour suivre les conseils <strong>de</strong> la<br />

politique et du respect humain.<br />

<strong>La</strong> rumeur <strong>de</strong> ce qui se tramait contre Luther se<br />

répandait au-<strong>de</strong>hors et mettait la ville <strong>en</strong><br />

effervesc<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong> réformateur s'était fait nombre<br />

d'amis qui connaissai<strong>en</strong>t la cruauté <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong>vers<br />

ceux qui osai<strong>en</strong>t dévoiler ses abus. Des c<strong>en</strong>taines<br />

<strong>de</strong> nobles s'<strong>en</strong>gageai<strong>en</strong>t à le protéger. Plusieurs<br />

dénonçai<strong>en</strong>t ouvertem<strong>en</strong>t le message royal comme<br />

une couardise <strong>de</strong>vant le clergé. Sur les portes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maisons et dans les lieux publics, s'affichai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

écriteaux pour et contre Luther. L'un portait<br />

simplem<strong>en</strong>t ces paroles du Sage : « Malheur à toi,<br />

pays, dont le roi est un <strong>en</strong>fant. » L'<strong>en</strong>thousiasme<br />

populaire soulevé dans toutes les parties <strong>de</strong><br />

l'Allemagne <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> Luther convainquit<br />

l'empereur et la diète que toute injustice faite à ce<br />

moine courageux m<strong>en</strong>acerait non seulem<strong>en</strong>t la<br />

paix, mais aussi la sécurité du trône.<br />

Frédéric <strong>de</strong> Saxe observait une sage réserve.<br />

Dissimulant avec soin ses vrais s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts à l'égard<br />

du réformateur, il veillait sur lui avec une<br />

290


infatigable vigilance, surveillant tous ses<br />

mouvem<strong>en</strong>ts, aussi bi<strong>en</strong> que ceux <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis.<br />

Mais <strong>de</strong> nombreux personnages ne cachai<strong>en</strong>t pas<br />

leur sympathie pour Luther. Princes, comtes,<br />

barons et autres g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> distinction, tant laïques<br />

qu'ecclésiastiques, lui r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t vi<strong>site</strong>. Spalatin<br />

écrivait que la petite chambre du réformateur ne<br />

pouvait cont<strong>en</strong>ir tous ceux qui désirai<strong>en</strong>t le voir.<br />

On le considérait comme un être surhumain. Ceux<br />

mêmes qui ne croyai<strong>en</strong>t pas à sa doctrine ne<br />

pouvai<strong>en</strong>t s'empêcher d'admirer la noble droiture<br />

qui lui faisait braver la mort plutôt que <strong>de</strong> violer sa<br />

consci<strong>en</strong>ce.<br />

De sérieux efforts fur<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> vue d'am<strong>en</strong>er<br />

Luther à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> compromis avec Rome. Nobles<br />

et princes lui fir<strong>en</strong>t remarquer que s'il persistait à<br />

mettre son opinion au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l'Église et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conciles, il ne tar<strong>de</strong>rait pas à être banni <strong>de</strong><br />

l'empire et laissé sans déf<strong>en</strong>se. À quoi Luther<br />

répondit : « L'Évangile du Christ ne peut être<br />

prêché sans scandale. Comm<strong>en</strong>t donc cette crainte<br />

ou cette appréh<strong>en</strong>sion du danger me détacheraitelle<br />

du Seigneur et <strong>de</strong> cette Parole divine qui est<br />

291


l'unique vérité? Non, plutôt donner mon corps,<br />

mon sang et ma vie! »<br />

On l'<strong>en</strong>gagea <strong>de</strong>rechef à se soumettre au<br />

jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'empereur, faisant valoir que, s'il<br />

l'acceptait, il n'aurait ri<strong>en</strong> à craindre. « Je cons<strong>en</strong>s<br />

<strong>de</strong> grand coeur, dit-il, que l'empereur, les princes,<br />

et le plus chétif <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s examin<strong>en</strong>t et jug<strong>en</strong>t<br />

mes écrits, mais à une condition, c'est qu'ils<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong> Dieu pour règle. <strong>Le</strong>s hommes<br />

n'ont pas autre chose à faire qu'à lui obéir. Ma<br />

consci<strong>en</strong>ce est sa prisonnière, et je dois lui être<br />

soumis. »<br />

À un autre appel, il répondait : « Je cons<strong>en</strong>s à<br />

r<strong>en</strong>oncer au sauf-conduit. Je remets <strong>en</strong>tre les mains<br />

<strong>de</strong> l'empereur ma personne et ma vie, mais la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu,...jamais! » Il voulait bi<strong>en</strong> se<br />

soumettre à la décision d'un concile général, mais à<br />

la condition que ce concile jugeât selon la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu. « Pour ce qui touche à la Parole <strong>de</strong> Dieu et<br />

à la foi, ajoutait-il, tout chréti<strong>en</strong> est aussi bon juge<br />

que le pape, ce <strong>de</strong>rnier fût-il même appuyé par un<br />

million <strong>de</strong> conciles. » (Luther, Œuvres complètes,<br />

292


(éd. <strong>de</strong> Halle), vol. II, p. 107.) Amis et <strong>en</strong>nemis<br />

finir<strong>en</strong>t par se convaincre <strong>de</strong> l'inutilité <strong>de</strong> tout<br />

nouvel effort <strong>de</strong> réconciliation.<br />

Si le réformateur avait fléchi sur un seul point,<br />

Satan et ses armées euss<strong>en</strong>t remporté la victoire.<br />

Mais son inébranlable fermeté fut le gage <strong>de</strong><br />

l'émancipation <strong>de</strong> l'Église et l'aube d'une ère<br />

nouvelle. L'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cet homme qui osait, <strong>en</strong><br />

matière <strong>de</strong> religion, p<strong>en</strong>ser et agir pour lui-même,<br />

allait se faire s<strong>en</strong>tir sur les Églises et sur le mon<strong>de</strong>,<br />

non seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son vivant, mais jusqu'à la fin<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Sa fermeté et sa fidélité à l'Écriture<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t fortifier tous ceux qui serai<strong>en</strong>t appelés à<br />

traverser <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances analogues. <strong>La</strong> puissance<br />

et la majesté <strong>de</strong> Dieu avai<strong>en</strong>t été exaltées au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conseils <strong>de</strong> l'homme et du pouvoir <strong>de</strong> Satan.<br />

L'empereur ordonna bi<strong>en</strong>tôt à Luther <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer<br />

chez lui. <strong>Le</strong> réformateur savait que sa<br />

condamnation suivrait <strong>de</strong> près cette injonction. En<br />

dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> sombres nuages qui planai<strong>en</strong>t sur son<br />

s<strong>en</strong>tier, il quitta Worms, le coeur débordant <strong>de</strong> joie<br />

et <strong>de</strong> louanges. « <strong>Le</strong> diable lui-même, disait-il,<br />

293


gardait la cita<strong>de</strong>lle du pape; mais le Christ y a fait<br />

une large Brèche; et Satan a dû confesser que le<br />

Seigneur est plus puissant que lui. »<br />

Après son départ, afin que sa fermeté ne fût pas<br />

prise pour un fol <strong>en</strong>têtem<strong>en</strong>t, Luther écrivit à<br />

l'empereur : « Dieu, qui est le scrutateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

coeurs, m'est témoin que je suis prêt à obéir avec<br />

empressem<strong>en</strong>t à votre Majesté, soit dans la gloire,<br />

soit dans l'opprobre, soit par la vie, soit par la mort,<br />

et <strong>en</strong> n'exceptant absolum<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> que la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu par laquelle l'homme a la vie. Dans les<br />

affaires <strong>de</strong> la vie prés<strong>en</strong>te, ma fidélité vous est<br />

assurée; car ici perdre ou gagner sont choses<br />

indiffér<strong>en</strong>tes au salut. Mais quand il s'agit <strong><strong>de</strong>s</strong> bi<strong>en</strong>s<br />

éternels, Dieu ne veut pas que l'homme se soumette<br />

à l'homme. <strong>La</strong> soumission, dans le mon<strong>de</strong> spirituel,<br />

est un véritable culte qui ne doit être r<strong>en</strong>du qu'au<br />

Créateur. »<br />

Sur le chemin du retour, Luther fut accueilli <strong>de</strong><br />

façon plus flatteuse <strong>en</strong>core qu'à son arrivée à<br />

Worms. Des princes <strong>de</strong> l'Église recevai<strong>en</strong>t le moine<br />

excommunié; <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats honorai<strong>en</strong>t l'homme<br />

294


dénoncé par l'empereur. On le pressa <strong>de</strong> prêcher, et,<br />

<strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> la déf<strong>en</strong>se impériale, il monta <strong>de</strong><br />

nouveau <strong>en</strong> chaire. « Je ne me suis jamais <strong>en</strong>gagé,<br />

dit-il, et je ne m'<strong>en</strong>gagerai jamais à <strong>en</strong>chaîner la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. » (Correspondance <strong>de</strong> Luther (éd.<br />

<strong>de</strong> En<strong>de</strong>r), vol. III, p. 154, lettre du 14 mai 1521.)<br />

Peu <strong>de</strong> temps après son départ <strong>de</strong> Worms, les<br />

dignitaires <strong>de</strong> l'Église obtinr<strong>en</strong>t contre lui un édit<br />

<strong>de</strong> l'empereur. Cet édit traitait Luther <strong>de</strong> « Satan <strong>en</strong><br />

personne sous forme humaine et revêtu d'un habit<br />

<strong>de</strong> moine ». Dès que le sauf-conduit serait périmé,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> vue d'<strong>en</strong>rayer<br />

son oeuvre. Déf<strong>en</strong>se était faite à toute personne <strong>de</strong><br />

lui offrir l'hospitalité, <strong>de</strong> lui donner à manger ou à<br />

boire, <strong>de</strong> lui prêter assistance <strong>en</strong> public ou <strong>en</strong> privé.<br />

Où qu'il se trouvât, il fallait se saisir <strong>de</strong> lui et le<br />

livrer <strong>en</strong>tre les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités, arrêter ses<br />

partisans et confisquer leurs bi<strong>en</strong>s; <strong>de</strong> plus, les<br />

écrits luthéri<strong>en</strong>s <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être détruits; <strong>en</strong>fin,<br />

quiconque ne se conformerait pas à ce décret était<br />

inclus dans sa condamnation. L'électeur <strong>de</strong> Saxe et<br />

tous les princes, qui étai<strong>en</strong>t les plus courageux amis<br />

du réformateur, ayant quitté Worms peu après le<br />

295


départ <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, le décret fut sanctionné par la<br />

diète. <strong>Le</strong>s romanistes exultai<strong>en</strong>t; ils croyai<strong>en</strong>t le<br />

sort <strong>de</strong> la Réforme définitivem<strong>en</strong>t scellé.<br />

Mais Dieu avait préparé une voie <strong>de</strong> salut à son<br />

serviteur <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> cette heure <strong>de</strong> péril. Un oeil<br />

vigilant avait suivi les mouvem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Luther, et<br />

un coeur noble et généreux avait résolu <strong>de</strong> le<br />

sauver. Il était évid<strong>en</strong>t que ce qu'il fallait à Rome,<br />

ce n'était ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> moins que sa vie. <strong>Le</strong> seul moy<strong>en</strong><br />

<strong>de</strong> l'arracher à la gueule du lion était <strong>de</strong> le cacher;<br />

ce moy<strong>en</strong>, Dieu l'inspira à Frédéric <strong>de</strong> Saxe. Avec<br />

le concours d'amis sûrs, son plan fut exécuté, et le<br />

réformateur disparut pour ses amis comme pour ses<br />

<strong>en</strong>nemis. P<strong>en</strong>dant qu'il s'acheminait dans la<br />

direction <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg, il se vit soudain arrêté,<br />

arraché à son escorte, et conduit, après une<br />

fougueuse chevauchée à travers la forêt, dans le<br />

château <strong>de</strong> la Wartbourg, forteresse isolée dressée<br />

au sommet d'une colline. <strong>La</strong> capture et la retraite <strong>de</strong><br />

Luther fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>veloppées d'un tel mystère que<br />

Frédéric lui-même n'<strong>en</strong> connut le lieu que<br />

longtemps après. Cette ignorance avait un objet.<br />

Tant que l'électeur ne connaissait pas la cachette <strong>de</strong><br />

296


Luther, il ne pouvait pas la révéler. Il savait le<br />

réformateur <strong>en</strong> sûreté, et cela lui suffisait.<br />

<strong>Le</strong> printemps, l'été et l'automne passèr<strong>en</strong>t;<br />

l'hiver arriva, et Luther était toujours prisonnier.<br />

Aléandre et les si<strong>en</strong>s exultai<strong>en</strong>t, assurés que la<br />

lumière était sur le point <strong>de</strong> s'éteindre. Cep<strong>en</strong>dant,<br />

le réformateur alim<strong>en</strong>tait sa lampe aux sources <strong>de</strong><br />

la vérité et se préparait à la faire briller d'un plus<br />

vif éclat.<br />

Dans la sécurité amicale <strong>de</strong> la Wartbourg,<br />

Luther fut d'abord heureux <strong>de</strong> se trouver hors <strong>de</strong> la<br />

confusion <strong>de</strong> la bataille. Mais il ne put supporter<br />

longtemps le calme et la dét<strong>en</strong>te. Accoutumé à une<br />

vie d'activité et aux ru<strong><strong>de</strong>s</strong> combats, il supportait<br />

peu l'inaction. P<strong>en</strong>dant ces jours <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, la<br />

condition <strong>de</strong> l'Église le préoccupait, et, dans son<br />

angoisse, il s'écriait : « Hélas! il n'est personne,<br />

dans ce <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu, qui se<br />

ti<strong>en</strong>ne comme un mur <strong>de</strong>vant le Seigneur pour<br />

sauver Israël. » Puis, p<strong>en</strong>sant à lui-même, il<br />

craignait d'être accusé <strong>de</strong> lâcheté pour s'être retiré<br />

<strong>de</strong> la mêlée, et il se reprochait ses aises et son<br />

297


indol<strong>en</strong>ce. Et pourtant, il accomplissait chaque jour<br />

une somme <strong>de</strong> travail extraordinaire. Sa plume ne<br />

restait pas inactive, et ses <strong>en</strong>nemis, qui se flattai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> l'avoir réduit au sil<strong>en</strong>ce, ne tardèr<strong>en</strong>t pas à être<br />

étonnés et confondus <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves <strong>de</strong> son activité.<br />

Une quantité <strong>de</strong> tracts écrits par le solitaire se<br />

répandai<strong>en</strong>t dans toute l'Allemagne. Il r<strong>en</strong>dit aussi<br />

à ses concitoy<strong>en</strong>s un service inappréciable <strong>en</strong><br />

traduisant le Nouveau Testam<strong>en</strong>t dans la langue du<br />

peuple. Du haut <strong>de</strong> son rocher <strong>de</strong> Patmos, il<br />

continua, p<strong>en</strong>dant près d'une année, <strong>de</strong> proclamer<br />

l'Évangile et <strong>de</strong> dénoncer les erreurs <strong>de</strong> son temps.<br />

Si Dieu avait retiré son serviteur <strong>de</strong> la vie<br />

publique, ce n'était pas seulem<strong>en</strong>t pour l'arracher à<br />

la fureur <strong>de</strong> ses adversaires et lui assurer un temps<br />

<strong>de</strong> tranquillité pour ses importants travaux; c'était<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> résultats plus précieux <strong>en</strong>core. Dans la<br />

solitu<strong>de</strong> et l'obscurité <strong>de</strong> cette retraite, éloigné <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

appuis humains et <strong><strong>de</strong>s</strong> louanges du mon<strong>de</strong>, Luther<br />

fut mis à l'abri <strong>de</strong> la suffisance et <strong>de</strong> l'orgueil qui<br />

accompagn<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t le succès. Cette souffrance<br />

et cette humiliation le préparai<strong>en</strong>t à fouler d'un pas<br />

plus sûr les hauteurs vertigineuses où, si<br />

298


soudainem<strong>en</strong>t, il avait été transporté.<br />

Tout <strong>en</strong> se réjouissant <strong>de</strong> la liberté que la vérité<br />

leur apporte, les hommes cour<strong>en</strong>t le danger<br />

d'exalter les serviteurs employés par Dieu pour<br />

rompre les chaînes <strong>de</strong> l'erreur et <strong>de</strong> la superstition.<br />

Satan s'efforce <strong>de</strong> détacher les hommes du Créateur<br />

pour diriger leurs p<strong>en</strong>sées et leurs affections sur la<br />

créature. En les poussant à honorer l'instrum<strong>en</strong>t, il<br />

leur fait oublier la main qui les dirige, et alors, trop<br />

souv<strong>en</strong>t, les conducteurs religieux, ainsi flattés et<br />

honorés, oubli<strong>en</strong>t leur dép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> Dieu, et <strong>en</strong><br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à se confier <strong>en</strong> eux-mêmes. Ils cherch<strong>en</strong>t à<br />

dominer les esprits et les consci<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s sans<br />

cesse <strong>en</strong>clins à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil plutôt qu'à la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. L'oeuvre <strong>de</strong> réformation est<br />

souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>rayée par ce fâcheux travers. Dieu<br />

voulait <strong>en</strong> préserver la Réforme, afin que ce<br />

mouvem<strong>en</strong>t portât non le sceau <strong>de</strong> l'homme, mais<br />

le si<strong>en</strong>. <strong>Le</strong>s yeux du mon<strong>de</strong> s'étai<strong>en</strong>t tournés vers<br />

Luther; il disparut afin d'obliger les regards à se<br />

reporter <strong>de</strong> l'interprète <strong>de</strong> la vérité sur l'éternel<br />

Auteur <strong>de</strong> celle-ci!<br />

299


Chapitre 9<br />

<strong>Le</strong> réformateur Suisse<br />

<strong>Le</strong> choix <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes employés à la réforme <strong>de</strong><br />

l'Église révèle un principe analogue à celui qui<br />

présida à son établissem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> divin Maître laissa<br />

<strong>de</strong> côté les grands <strong>de</strong> la terre, les g<strong>en</strong>s titrés et les<br />

riches, accoutumés à recevoir les louanges et les<br />

hommages du peuple. Pleins du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur<br />

supériorité, ils n'euss<strong>en</strong>t pu sympathiser avec leurs<br />

semblables ni <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir les collaborateurs <strong>de</strong><br />

l'humble Nazaré<strong>en</strong>. C'est à d'incultes pêcheurs <strong>de</strong> la<br />

Galilée que fut adressé l'appel : « Suivez-moi, et je<br />

vous ferai pêcheurs d'hommes. » ( Matthieu 4.19 )<br />

Ces humbles, disposés à se laisser <strong>en</strong>seigner,<br />

n'avai<strong>en</strong>t guère subi l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> faux<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> leur temps, et le Seigneur<br />

pouvait plus facilem<strong>en</strong>t les former pour Son<br />

service. Il <strong>en</strong> fut <strong>de</strong> même aux jours <strong>de</strong> la Réforme.<br />

<strong>Le</strong>s principaux réformateurs, hommes du peuple,<br />

fur<strong>en</strong>t par conséqu<strong>en</strong>t moins atteints que d'autres<br />

par l'orgueil du rang et par le bigotisme religieux.<br />

300


Pour réaliser <strong>de</strong> grands <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, Dieu se sert<br />

d'humbles instrum<strong>en</strong>ts, afin que la gloire n'<strong>en</strong> soit<br />

pas attribuée à l'homme, mais « à celui qui produit<br />

le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ».<br />

Quelques semaines après la naissance <strong>de</strong><br />

Luther dans la chaumière d'un mineur saxon,<br />

Ulrich Zwingle v<strong>en</strong>ait au mon<strong>de</strong> dans le chalet d'un<br />

berger <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. <strong>Le</strong> milieu et la première<br />

éducation <strong>de</strong> Zwingle étai<strong>en</strong>t propres à le préparer<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> sa future mission. Élevé au sein <strong>de</strong><br />

paysages sublimes et sauvages, il avait<br />

constamm<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la puissance, <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> la majesté <strong>de</strong> Dieu. L'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

exploits <strong>de</strong> ses compatriotes <strong>en</strong>flammait sa juvénile<br />

ar<strong>de</strong>ur. Il recueillait <strong><strong>de</strong>s</strong> lèvres <strong>de</strong> sa pieuse grandmère<br />

les histoires saintes qu'elle avait glanées<br />

parmi les lég<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> et les traditions <strong>de</strong> l'Église. C'est<br />

avec le plus profond intérêt qu'il écoutait le récit <strong>de</strong><br />

la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> patriarches et <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes, <strong><strong>de</strong>s</strong> bergers<br />

paissant leurs troupeaux sur les montagnes <strong>de</strong> la<br />

Palestine où <strong><strong>de</strong>s</strong> anges vinr<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>fant <strong>de</strong> Bethléhem et <strong>de</strong> l'Homme <strong>de</strong> Golgotha.<br />

301


De même que Jean Luther, le père <strong>de</strong> Zwingle,<br />

désirant faire instruire son fils, lui fit quitter très tôt<br />

la vallée où il avait vu le jour. Ses progrès fur<strong>en</strong>t si<br />

rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> que la question se posa bi<strong>en</strong>tôt <strong>de</strong> savoir où<br />

lui trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres compét<strong>en</strong>ts. À l'âge <strong>de</strong><br />

treize ans, il se r<strong>en</strong>dit à Berne où se trouvait l'école<br />

la plus célèbre <strong>de</strong> Suisse. Là, le jeune homme<br />

courut un danger qui faillit compromettre son<br />

av<strong>en</strong>ir : <strong><strong>de</strong>s</strong> moines le sollicitèr<strong>en</strong>t vivem<strong>en</strong>t<br />

d'<strong>en</strong>trer au couv<strong>en</strong>t. Par la richesse et le luxe <strong>de</strong><br />

leurs églises, par la pompe <strong>de</strong> leurs cérémonies, par<br />

l'attraction <strong>de</strong> reliques célèbres et d'images<br />

miraculeuses, les dominicains et les franciscains se<br />

disputai<strong>en</strong>t à Berne la faveur populaire.<br />

<strong>Le</strong>s dominicains se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t compte que, s'ils<br />

pouvai<strong>en</strong>t gagner ce jeune et brillant élève, il serait<br />

pour eux une source <strong>de</strong> gains et d'honneurs. Son<br />

extrême jeunesse, ses dons naturels d'écrivain et<br />

d'orateur, son tal<strong>en</strong>t pour la musique et la poésie<br />

serai<strong>en</strong>t, p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t-ils, plus puissants que toutes<br />

leurs pompes pour attirer la foule dans leur église<br />

et augm<strong>en</strong>ter leurs rev<strong>en</strong>us. Par ruse et flatterie, ils<br />

s'efforcèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faire <strong>en</strong>trer Zwingle dans leur<br />

302


ordre. P<strong>en</strong>dant ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, Luther était allé<br />

s'<strong>en</strong>sevelir dans une cellule <strong>de</strong> couv<strong>en</strong>t; si la<br />

Provid<strong>en</strong>ce divine ne l'<strong>en</strong> eût fait sortir, il eut été<br />

perdu pour le mon<strong>de</strong>. Zwingle ne <strong>de</strong>vait pas courir<br />

le même péril. Son père fut provid<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

informé <strong><strong>de</strong>s</strong> int<strong>en</strong>tions <strong><strong>de</strong>s</strong> moines. Ne désirant<br />

nullem<strong>en</strong>t laisser son fils embrasser leur vie oisive<br />

et stérile, et voyant que l'utilité future <strong>de</strong> celui-ci<br />

était <strong>en</strong> jeu, il lui ordonna <strong>de</strong> regagner<br />

immédiatem<strong>en</strong>t le toit paternel.<br />

<strong>Le</strong> jeune homme obéit; mais ne pouvant rester<br />

longtemps dans sa vallée natale, il alla poursuivre<br />

ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à Bâle. C'est là qu'il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit pour la<br />

première fois la prédication <strong>de</strong> l'Évangile <strong>de</strong> la<br />

grâce. Wittembach, un professeur <strong>de</strong> langues<br />

anci<strong>en</strong>nes, qui avait été am<strong>en</strong>é à lire les saintes<br />

Écritures grâce à l'étu<strong>de</strong> du grec et <strong>de</strong> l'hébreu, <strong>en</strong><br />

communiquait les lumières à ses élèves. Il<br />

<strong>en</strong>seignait qu'il y avait une vérité plus anci<strong>en</strong>ne et<br />

d'une valeur infinim<strong>en</strong>t plus gran<strong>de</strong> que les théories<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> savants et <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes, à savoir que la mort<br />

<strong>de</strong> Jésus est la seule rançon du péché. Ces paroles<br />

fur<strong>en</strong>t pour Zwingle les premières lueurs <strong>de</strong><br />

303


l'aurore.<br />

Bi<strong>en</strong>tôt rappelé <strong>de</strong> Bâle pour comm<strong>en</strong>cer son<br />

ministère, le jeune étudiant fit ses premières armes<br />

dans une paroisse <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes assez rapprochée <strong>de</strong> sa<br />

ville natale. Après avoir reçu les ordres, il s'adonna<br />

<strong>de</strong> toutes ses forces à la recherche <strong>de</strong> la vérité<br />

divine, consci<strong>en</strong>t, selon l'expression d'un <strong>de</strong> ses<br />

contemporains, <strong>de</strong> tout ce que <strong>de</strong>vait savoir celui<br />

qui a charge du troupeau <strong>de</strong> Jésus-Christ. Plus il<br />

sondait les Écritures, plus lui apparaissait vif le<br />

contraste <strong>en</strong>tre la vérité et les hérésies <strong>de</strong> Rome.<br />

Acceptant la Bible comme la Parole <strong>de</strong> Dieu, règle<br />

infaillible et suffisante <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la vie, il<br />

compr<strong>en</strong>ait qu'elle doit être son propre interprète.<br />

Mais comme il n'osait se servir <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures pour<br />

étayer <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines préconçues, il estimait qu'il<br />

était <strong>de</strong> son <strong>de</strong>voir d'<strong>en</strong> connaître les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts positifs et évid<strong>en</strong>ts. Après avoir eu<br />

recours à tous les moy<strong>en</strong>s dont il disposait pour <strong>en</strong><br />

obt<strong>en</strong>ir une parfaite intellig<strong>en</strong>ce, il implorait<br />

l'assistance du Saint-Esprit, chargé, selon lui, d'<strong>en</strong><br />

révéler le s<strong>en</strong>s à tous ceux qui le lui <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t<br />

sincèrem<strong>en</strong>t.<br />

304


« L'Écriture, disait Zwingle, vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu et<br />

non <strong>de</strong> l'homme. Quiconque est éclairé d'<strong>en</strong> haut<br />

compr<strong>en</strong>d que son langage est celui <strong>de</strong> Dieu. <strong>La</strong><br />

Parole <strong>de</strong> Dieu... ne saurait errer; elle est<br />

lumineuse, elle <strong>en</strong>seigne, elle révèle, elle illumine<br />

l'âme par le salut et par la grâce; elle console <strong>en</strong><br />

Dieu; elle humilie au point qu'on s'oublie pour ne<br />

p<strong>en</strong>ser qu'à Dieu. » Zwingle avait lui-même<br />

éprouvé la véracité <strong>de</strong> ces paroles. Il écrivait plus<br />

tard, <strong>en</strong> parlant <strong>de</strong> cette époque : « Quand... je<br />

comm<strong>en</strong>çai à m'adonner <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, la philosophie et la scolastique<br />

v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t me chercher querelle. J'<strong>en</strong><br />

vins <strong>en</strong>fin à cette conclusion : il faut que je laisse<br />

tout cela <strong>de</strong>rrière moi et que je cherche la lumière<br />

<strong>de</strong> Dieu uniquem<strong>en</strong>t dans sa Parole. Je <strong>de</strong>mandai<br />

alors à Dieu sa lumière, et l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures<br />

comm<strong>en</strong>ça à me <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir beaucoup plus facile. »<br />

(Schuler et Schulthess, Zwingli, vol. p. 81.)<br />

Ce n'est pas <strong>de</strong> Luther que Zwingle reçut la<br />

vérité. « Si Luther prêche le Christ, disait le<br />

réformateur suisse, il fait ce que je fais; ceux qui<br />

305


ont été am<strong>en</strong>és par lui au Sauveur surpass<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

nombre ceux qui l'ont été par moi. N'importe! je ne<br />

veux porter d'autre nom que celui <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

dont je suis le soldat, et qui seul est mon chef.<br />

Jamais un seul trait <strong>de</strong> lettre n'a été écrit par moi à<br />

Luther, ni par Luther à moi. Et pourquoi?... Afin <strong>de</strong><br />

montrer à tous combi<strong>en</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu est <strong>en</strong><br />

harmonie avec lui-même, puisque, sans nous être<br />

jamais consultés, nous <strong>en</strong>seignons la doctrine <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ avec tant d'uniformité.<br />

En 1516, Zwingle fut appelé au poste <strong>de</strong><br />

prédicateur du couv<strong>en</strong>t d'Einsie<strong>de</strong>ln. Il <strong>de</strong>vait y<br />

trouver l'occasion d'appr<strong>en</strong>dre à mieux connaître<br />

les prévarications <strong>de</strong> Rome et allait, comme<br />

réformateur, exercer une influ<strong>en</strong>ce qui s'ét<strong>en</strong>drait<br />

bi<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> attractions<br />

d'Einsie<strong>de</strong>ln se trouvait une image <strong>de</strong> la Vierge qui,<br />

disait-on, opérait <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles. Au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la<br />

porte du couv<strong>en</strong>t, on lisait cette inscription : « C'est<br />

ici qu'on trouve une pleine rémission <strong>de</strong> tous les<br />

péchés. » Des pèlerins y étai<strong>en</strong>t attirés toute<br />

l'année, mais on accourait <strong>de</strong> toutes les parties <strong>de</strong> la<br />

Suisse, et même <strong>de</strong> France et d'Allemagne, à la<br />

306


gran<strong>de</strong> fête annuelle célébrée <strong>en</strong> l'honneur <strong>de</strong> la<br />

Vierge. Profondém<strong>en</strong>t affligé par ce spectacle,<br />

Zwingle y vit l'occasion <strong>de</strong> proclamer à ces<br />

esclaves <strong>de</strong> la superstition la liberté que procure<br />

l'Évangile. « Ne p<strong>en</strong>sez pas, leur disait-il du haut<br />

<strong>de</strong> la chaire, que Dieu soit dans ce temple plus<br />

qu'<strong>en</strong> aucun autre lieu <strong>de</strong> sa création. Quelle que<br />

soit la contrée <strong>de</strong> la terre que vous habitiez, Dieu<br />

vous <strong>en</strong>toure et vous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d,... aussi bi<strong>en</strong> qu'à<br />

Notre-Dame d'Einsie<strong>de</strong>ln. Serai<strong>en</strong>t-ce <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres<br />

inutiles, <strong>de</strong> longs pèlerinages, <strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

images, l'invocation <strong>de</strong> la Vierge et <strong><strong>de</strong>s</strong> saints qui<br />

vous obti<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t la grâce <strong>de</strong> Dieu?... Qu'importe<br />

la multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles dont nous formons nos<br />

prières! Qu'import<strong>en</strong>t un capuchon éclatant, une<br />

tête bi<strong>en</strong> rasée, une robe longue et bi<strong>en</strong> plissée, et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mules ornées d'or?... C'est au coeur que Dieu<br />

regar<strong>de</strong>; et notre coeur est éloigné <strong>de</strong> Dieu. » «<br />

Jésus-Christ, qui s'est offert une fois sur la croix,<br />

ajoutait-il, voilà l'hostie, la victime qui a expié les<br />

péchés <strong>de</strong> tous les fidèles pour toute l'éternité. »<br />

Ces paroles fur<strong>en</strong>t mal accueillies par nombre<br />

<strong>de</strong> ses auditeurs, désagréablem<strong>en</strong>t surpris<br />

307


d'appr<strong>en</strong>dre que leur fatigant voyage avait été<br />

inutile. Ils ne pouvai<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong>dre un pardon qui<br />

leur était gratuitem<strong>en</strong>t offert par Jésus-Christ. <strong>Le</strong><br />

chemin du ciel tracé par Rome leur suffisait. Ils<br />

n'étai<strong>en</strong>t pas disposés à <strong>en</strong> chercher un meilleur. Il<br />

leur était plus facile <strong>de</strong> s'<strong>en</strong> remettre, pour leur<br />

salut, aux prêtres et au pape que <strong>de</strong> purifier leur<br />

coeur.<br />

D'autres, <strong>en</strong> revanche, recevai<strong>en</strong>t avec joie la<br />

bonne nouvelle <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption acquise par le<br />

Sauveur. <strong>Le</strong>s rites prescrits par Rome ne leur<br />

avai<strong>en</strong>t pas apporté la paix et ils acceptai<strong>en</strong>t avec<br />

foi la propitiation opérée par le sang <strong>de</strong> l'agneau.<br />

R<strong>en</strong>trés dans leurs foyers, ils y apportai<strong>en</strong>t les<br />

précieuses lumières qu'ils avai<strong>en</strong>t reçues. <strong>La</strong> vérité<br />

se répandait ainsi <strong>de</strong> ville <strong>en</strong> ville et <strong>de</strong> village <strong>en</strong><br />

village et le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> vi<strong>site</strong>urs <strong>de</strong> la madone<br />

diminuait très s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t. Cela aboutit à une<br />

baisse notable <strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong> et par conséqu<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

honoraires <strong>de</strong> Zwingle, qui <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t. Mais<br />

loin <strong>de</strong> s'<strong>en</strong> chagriner, il s'<strong>en</strong> réjouissait car il<br />

voyait s'effondrer la puissance du fanatisme et <strong>de</strong> la<br />

superstition.<br />

308


<strong>Le</strong>s dignitaires <strong>de</strong> l'Église ne se désintéressai<strong>en</strong>t<br />

pas <strong><strong>de</strong>s</strong> faits et gestes du réformateur. Croyant<br />

pouvoir le gagner à leur cause par la flatterie, ils<br />

s'abst<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t d'interv<strong>en</strong>ir. Dans<br />

l'intervalle, la vérité gagnait bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs.<br />

<strong>Le</strong>s travaux <strong>de</strong> Zwingle à Einsie<strong>de</strong>ln le<br />

préparai<strong>en</strong>t à une mission plus importante. Au bout<br />

<strong>de</strong> trois ans, il fut appelé au poste <strong>de</strong> prédicateur <strong>de</strong><br />

la cathédrale <strong>de</strong> Zurich. Cette ville étant alors la<br />

plus importante <strong>de</strong> la confédération suisse, tout ce<br />

qui s'y faisait avait une gran<strong>de</strong> répercussion. <strong>Le</strong>s<br />

ecclésiastiques qui l'avai<strong>en</strong>t appelé à ce poste<br />

eur<strong>en</strong>t soin <strong>de</strong> lui faire compr<strong>en</strong>dre qu'ils ne<br />

désirai<strong>en</strong>t aucune innovation. « Vous mettrez tous<br />

vos soins, lui dit-on gravem<strong>en</strong>t, à faire r<strong>en</strong>trer les<br />

rev<strong>en</strong>us du chapitre sans <strong>en</strong> négliger aucun. Vous<br />

exhorterez les fidèles, soit du haut <strong>de</strong> la chaire, soit<br />

au confessionnal, à payer les re<strong>de</strong>vances et les<br />

dîmes et à montrer par leurs offran<strong><strong>de</strong>s</strong> qu'ils aim<strong>en</strong>t<br />

l'Église. Vous vous appliquerez à multiplier les<br />

rev<strong>en</strong>us qui provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> messes et<br />

<strong>en</strong> général <strong>de</strong> tout le casuel. »<br />

309


<strong>Le</strong> chapitre ajoutait : « Quant aux saints<br />

sacrem<strong>en</strong>ts, à la prédication et à sa prés<strong>en</strong>ce au<br />

milieu du troupeau, ce sont aussi les <strong>de</strong>voirs du<br />

prêtre. Cep<strong>en</strong>dant, vous pouvez vous faire<br />

remplacer à ces diverses fonctions par un vicaire,<br />

surtout pour la prédication. Vous ne <strong>de</strong>vez<br />

administrer les sacrem<strong>en</strong>ts qu'aux notables, et après<br />

<strong>en</strong> avoir été requis; il vous est interdit <strong>de</strong> le faire<br />

sans distinction <strong>de</strong> personnes. »<br />

Zwingle écouta ces exhortations <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce.<br />

Puis, après avoir exprimé sa reconnaissance pour<br />

l'honneur d'avoir été appelé à ce poste important, il<br />

exposa la ligne <strong>de</strong> conduite qu'il se proposait <strong>de</strong><br />

suivre. « <strong>La</strong> vie <strong>de</strong> Jésus, dit-il, a été trop<br />

longtemps cachée au peuple. Je prêcherai surtout<br />

l'Évangile selon saint Matthieu, chapitre après<br />

chapitre, suivant le s<strong>en</strong>s du Saint-Esprit, <strong>en</strong> puisant<br />

uniquem<strong>en</strong>t aux sources <strong>de</strong> l'Écriture, <strong>en</strong> la<br />

sondant, <strong>en</strong> la comparant avec elle-même et <strong>en</strong><br />

recherchant l'intellig<strong>en</strong>ce par <strong>de</strong> constantes et<br />

ard<strong>en</strong>tes prières. C'est à la gloire et à la louange <strong>de</strong><br />

Dieu, <strong>de</strong> son Fils unique; c'est au salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, et<br />

310


à leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t dans la vraie foi, que je<br />

consacrerai mon ministère. » Quelques<br />

ecclésiastiques le désapprouvèr<strong>en</strong>t. Mais Zwingle<br />

<strong>de</strong>meura ferme déclarant qu'il ne se proposait<br />

d'introduire aucune innovation : il ne faisait que<br />

retourner aux usages <strong>de</strong> l'Église dans ses plus<br />

beaux jours.<br />

Déjà les vérités qu'il <strong>en</strong>seignait avai<strong>en</strong>t éveillé<br />

l'intérêt et l'on se pressait <strong>en</strong> foule à ses<br />

prédications. Plusieurs personnes qui ne<br />

fréqu<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t plus l'Église <strong>de</strong>puis longtemps étai<strong>en</strong>t<br />

au nombre <strong>de</strong> ses auditeurs réguliers. Il comm<strong>en</strong>ça<br />

son ministère <strong>en</strong> lisant et <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>vant<br />

ses paroissi<strong>en</strong>s la narration inspirée <strong>de</strong> la vie, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Jésus. Là, comme à<br />

Einsie<strong>de</strong>ln, il prés<strong>en</strong>ta la Parole <strong>de</strong> Dieu comme la<br />

seule autorité infaillible, et la mort du Sauveur<br />

comme le seul sacrifice suffisant. « C'est à Jésus-<br />

Christ, disait-il, que je veux vous conduire; à celui<br />

qui est la vraie source du salut. » Des g<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

toutes classes, magistrats et étudiants, artisans et<br />

paysans, se réunissai<strong>en</strong>t autour du réformateur et<br />

l'écoutai<strong>en</strong>t avec le plus profond intérêt. Non<br />

311


seulem<strong>en</strong>t il proclamait le salut, mais il dénonçait<br />

hardim<strong>en</strong>t les vices <strong>de</strong> son temps. En quittant la<br />

cathédrale, plusieurs louai<strong>en</strong>t Dieu. « Celui-ci,<br />

disai<strong>en</strong>t-ils, est un prédicateur <strong>de</strong> la vérité! Il sera<br />

notre Moïse, pour nous sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres<br />

d'Égypte. »<br />

À l'<strong>en</strong>thousiasme <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers mom<strong>en</strong>ts<br />

succéda une pério<strong>de</strong> d'opposition. <strong>Le</strong>s moines se<br />

mir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>de</strong>voir d'<strong>en</strong>traver l'oeuvre <strong>de</strong> Zwingle et<br />

<strong>de</strong> condamner ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s uns riai<strong>en</strong>t et<br />

se moquai<strong>en</strong>t; les autres se livrai<strong>en</strong>t aux outrages et<br />

aux m<strong>en</strong>aces, mais Zwingle supportait tout avec<br />

pati<strong>en</strong>ce et disait : « Si l'on veut gagner les<br />

méchants à Jésus-Christ, il faut fermer les yeux sur<br />

beaucoup <strong>de</strong> choses. »<br />

Vers ce temps-là, un nouvel auxiliaire vint<br />

accélérer les progrès <strong>de</strong> la Réforme. Un certain<br />

Luci<strong>en</strong>, <strong>en</strong>voyé <strong>de</strong> Bâle par un ami <strong>de</strong> la foi<br />

réformée, arriva un jour à Zurich avec une<br />

provision d'écrits <strong>de</strong> Luther. <strong>Le</strong> Bâlois, p<strong>en</strong>sant que<br />

la v<strong>en</strong>te <strong>de</strong> ces ouvrages pourrait jouer un grand<br />

rôle dans la diffusion <strong>de</strong> la lumière, écrivit à<br />

312


Zwingle : « Voyez si ce Luci<strong>en</strong> possè<strong>de</strong> assez <strong>de</strong><br />

prud<strong>en</strong>ce et d'habileté; s'il <strong>en</strong> est ainsi, qu'il porte<br />

<strong>de</strong> ville <strong>en</strong> ville, <strong>de</strong> bourg <strong>en</strong> bourg, <strong>de</strong> village <strong>en</strong><br />

village, et même <strong>de</strong> maison <strong>en</strong> maison, parmi les<br />

Suisses, les écrits <strong>de</strong> Luther, et <strong>en</strong> particulier son<br />

exposition <strong>de</strong> la prière du Seigneur écrite pour les<br />

laïques. Plus ces écrits seront connus, plus ils<br />

trouveront d'acheteurs. » Ainsi la lumière se<br />

répandait.<br />

C'est lorsque Dieu s'apprête à rompre les li<strong>en</strong>s<br />

<strong>de</strong> l'ignorance et <strong>de</strong> la superstition que Satan fait<br />

les plus grands efforts pour plonger les hommes<br />

dans les ténèbres et pour resserrer leurs chaînes. Au<br />

mom<strong>en</strong>t même où Dieu suscitait, <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />

parties du pays, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes qui annonçai<strong>en</strong>t le<br />

pardon <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés et la justification par le sang <strong>de</strong><br />

Jésus, Rome redoublait d'énergie pour ouvrir, dans<br />

toutes les contrées <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, son marché aux<br />

indulg<strong>en</strong>ces et pour offrir le pardon contre espèces<br />

sonnantes.<br />

Chaque péché avait son prix, et l'on donnait<br />

aux acheteurs toute liberté <strong>de</strong> se livrer au crime,<br />

313


pourvu que le coffre-fort <strong>de</strong> Rome restât bi<strong>en</strong> garni.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux mouvem<strong>en</strong>ts suivai<strong>en</strong>t une marche<br />

parallèle : Rome offrait le pardon à prix d'arg<strong>en</strong>t et<br />

les réformateurs, le pardon par Jésus-Christ; Rome<br />

autorisait le péché dont elle faisait une source <strong>de</strong><br />

rev<strong>en</strong>us et les réformateurs le condamnai<strong>en</strong>t et<br />

révélai<strong>en</strong>t Jésus-Christ comme propitiateur et<br />

libérateur.<br />

En Allemagne, la v<strong>en</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong> indulg<strong>en</strong>ces avait<br />

été confiée aux moines dominicains, et le fameux<br />

Tetzel la dirigeait. En Suisse, le trafic avait été<br />

remis <strong>en</strong>tre les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> franciscains, sous la<br />

direction <strong>de</strong> Samson, moine itali<strong>en</strong>, qui avait déjà<br />

dirigé d'Allemagne et <strong>de</strong> Suisse <strong><strong>de</strong>s</strong> sommes<br />

importantes vers les caisses <strong>de</strong> l'Église. Il traversait<br />

<strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t la Suisse, attirant <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> foules,<br />

dépouillant les pauvres paysans <strong>de</strong> leurs maigres<br />

économies et extorquant <strong><strong>de</strong>s</strong> sommes considérables<br />

à la classe fortunée. Mais déja l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

Réforme se faisait s<strong>en</strong>tir, diminuant les recettes.<br />

Zwingle était <strong>en</strong>core à Einsie<strong>de</strong>ln lorsque Samson<br />

comm<strong>en</strong>ça son activité dans une localité voisine.<br />

Informé <strong>de</strong> cette mission, le réformateur se mit<br />

314


aussitôt <strong>en</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> contrecarrer l'action du<br />

franciscain. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux adversaires ne se<br />

r<strong>en</strong>contrèr<strong>en</strong>t pas; mais l'effet <strong><strong>de</strong>s</strong> dénonciations <strong>de</strong><br />

Zwingle contre le trafic du moine fut tel que ce<br />

<strong>de</strong>rnier dut aller chercher fortune ailleurs.<br />

À Zurich, Zwingle clouait au pilori les<br />

marchands <strong>de</strong> pardons; aussi quand Samson<br />

approcha <strong>de</strong> la ville, un messager du conseil alla<br />

au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> lui pour l'<strong>en</strong>gager à passer outre.<br />

Ayant cep<strong>en</strong>dant réussi à y pénétrer par ruse, il <strong>en</strong><br />

fut r<strong>en</strong>voyé sans avoir v<strong>en</strong>du une seule indulg<strong>en</strong>ce.<br />

Bi<strong>en</strong>tôt après il quittait la Suisse.<br />

<strong>La</strong> peste connue sous le nom <strong>de</strong> « mort noire »,<br />

qui ravagea la Suisse vers l'an 1519, donna à la<br />

Réforme une forte impulsion. En prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

mort; plusieurs s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t le néant <strong><strong>de</strong>s</strong> pardons qu'ils<br />

v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d'acheter et désirai<strong>en</strong>t placer leur foi sur<br />

un fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t plus soli<strong>de</strong>. Zwingle, victime, à<br />

Zurich, du terrible fléau, fut si gravem<strong>en</strong>t mala<strong>de</strong><br />

qu'on abandonna tout espoir <strong>de</strong> guérison et que la<br />

nouvelle <strong>de</strong> sa mort se répandit. À cette heure<br />

critique, son espérance et son courage ne<br />

315


l'abandonnèr<strong>en</strong>t pas. Contemplant avec foi le<br />

Calvaire, il s'assura que le sacrifice du Christ était<br />

pleinem<strong>en</strong>t suffisant pour le salut. Lorsqu'il fut<br />

rétabli, ce fut pour prêcher l'Évangile avec plus <strong>de</strong><br />

ferveur et <strong>de</strong> puissance que jamais. <strong>Le</strong> peuple<br />

accueillit avec joie le retour du pasteur bi<strong>en</strong>-aimé<br />

qui v<strong>en</strong>ait d'échapper à la mort. Après avoir passé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> heures lugubres au chevet <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mourants, on compr<strong>en</strong>ait beaucoup mieux la valeur<br />

<strong>de</strong> l'Évangile.<br />

Parv<strong>en</strong>u à une plus claire intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

vérité, Zwingle <strong>en</strong> éprouvait davantage la<br />

puissance transformatrice. <strong>La</strong> chute <strong>de</strong> l'homme et<br />

le plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption étai<strong>en</strong>t ses sujets favoris. «<br />

En Adam, disait-il, nous sommes tous plongés dans<br />

la corruption et nous allons à la perdition.... Mais<br />

Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, nous a<br />

acquis une ré<strong>de</strong>mption éternelle. C'est Dieu qui est<br />

mort pour nous : sa passion est donc éternelle; elle<br />

apporte à jamais le salut; elle apaise à jamais la<br />

justice divine <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> tous ceux qui s'appui<strong>en</strong>t<br />

sur son sacrifice avec une foi inébranlable. » Il<br />

déclarait positivem<strong>en</strong>t que la grâce <strong>de</strong> Dieu ne nous<br />

316


donne pas la liberté <strong>de</strong> vivre dans le péché. «<br />

Partout où l'on croit <strong>en</strong> Dieu, Dieu est; et là où<br />

Dieu se trouve, il y a un zèle qui pousse aux<br />

bonnes oeuvres. »<br />

<strong>La</strong> prédication <strong>de</strong> Zwingle éveillait un tel<br />

intérêt que, semaine après semaine, la cathédrale se<br />

remplissait d'auditeurs avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Peu à<br />

peu, dans la mesure où ces <strong>de</strong>rniers étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> état<br />

<strong>de</strong> le compr<strong>en</strong>dre, il leur exposait la vérité, ayant<br />

soin <strong>de</strong> ne pas leur prés<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> prime abord <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

points qui euss<strong>en</strong>t pu les effaroucher et soulever les<br />

préjugés. Son but était <strong>de</strong> gagner les coeurs par les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, l'amour et l'exemple <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ. Il avait la certitu<strong>de</strong> que, dans la mesure où<br />

les principes <strong>de</strong> l'Évangile serai<strong>en</strong>t reçus, les<br />

croyances et les pratiques superstitieuses serai<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>versées.<br />

Pas à pas, la Réforme avançait à Zurich. Une<br />

année auparavant, le moine <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg avait<br />

opposé, à Augsbourg, un « non » énergique au<br />

pape et à l'empereur, et tout faisait présager que les<br />

prét<strong>en</strong>tions papales trouverai<strong>en</strong>t une même<br />

317


ésistance à Zurich. Alarmés, les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la<br />

Réforme <strong>en</strong>gagèr<strong>en</strong>t le combat. Zwingle fut <strong>en</strong><br />

butte à <strong><strong>de</strong>s</strong> attaques réitérées. Dans les cantons<br />

<strong>en</strong>core soumis à l'autorité <strong>de</strong> Rome, on voyait <strong>de</strong><br />

temps à autre <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples <strong>de</strong> l'Évangile monter sur<br />

le bûcher. Mais cela n'était pas suffisant : il fallait<br />

réduire l'hérésiarque au sil<strong>en</strong>ce. En conséqu<strong>en</strong>ce,<br />

l'évêque <strong>de</strong> Constance <strong>en</strong>voya à Zurich trois<br />

délégués pour accuser Zwingle d'<strong>en</strong>courager la<br />

transgression <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong> mettre ainsi<br />

<strong>en</strong> péril la paix et le bon ordre <strong>de</strong> la société. « Si<br />

l'on méconnaît l'autorité <strong>de</strong> l'Église, disait-il, il <strong>en</strong><br />

résultera une anarchie universelle. » Zwingle<br />

répliqua que, <strong>de</strong>puis quatre ans, il <strong>en</strong>seignait<br />

l'Évangile à Zurich et que « cette ville était la plus<br />

tranquille et la plus paisible <strong>de</strong> toute la<br />

confédération ». « <strong>Le</strong> christianisme, concluait-il,<br />

n'est-il donc pas la meilleure sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

sécurité publique? » (Writz, Helv. K. G., tome IV,<br />

p. 226, 227.)<br />

<strong>Le</strong>s délégués <strong>de</strong> l'évêque avai<strong>en</strong>t exhorté les<br />

conseillers <strong>de</strong> la ville à ne pas abandonner l'Église,<br />

hors <strong>de</strong> laquelle, disai<strong>en</strong>t-ils, il n'y a point <strong>de</strong> salut.<br />

318


Zwingle répondait : « Que cette assertion, estimés<br />

concitoy<strong>en</strong>s, ne vous émeuve pas! <strong>Le</strong> fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'Église, c'est ce Rocher, ce Christ qui a donné à<br />

Pierre son nom parce qu'il le confessait avec<br />

fidélité. En toute nation, quiconque croit <strong>de</strong> coeur<br />

au Seigneur Jésus est sauvé. C'est hors <strong>de</strong> cette<br />

Église-là que personne ne peut avoir la vie. » (Id.,<br />

p. 223.) À la suite <strong>de</strong> cette <strong>en</strong>trevue, l'un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

délégués <strong>de</strong> l'évêque accepta la foi évangélique.<br />

<strong>Le</strong> conseil refusant <strong>de</strong> sévir contre Zwingle,<br />

Rome prépara une nouvelle attaque. En appr<strong>en</strong>ant<br />

le complot <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis, Zwingle s'écria : «<br />

Qu'ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t! Je ne les redoute pas plus que le<br />

rocher ne redoute les vagues qui mugiss<strong>en</strong>t à ses<br />

pieds. » (Zwingli, vol. VII, p.202.) <strong>Le</strong>s efforts du<br />

clergé ne faisai<strong>en</strong>t qu'accélérer les progrès <strong>de</strong> la<br />

cause qu'il désirait détruire, et la vérité continuait à<br />

progresser. <strong>Le</strong>s réformés d'Allemagne, abattus par<br />

la disparition <strong>de</strong> Luther, repr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t courage <strong>en</strong><br />

appr<strong>en</strong>ant les progrès <strong>de</strong> l'Évangile <strong>en</strong> Suisse.<br />

À mesure que la Réforme s'établissait à Zurich,<br />

le vice y faisait place à la paix et à la concor<strong>de</strong>. «<br />

319


<strong>La</strong> paix a élu domicile dans notre ville, écrivait<br />

Zwingle; pas <strong>de</strong> querelles, pas d'<strong>en</strong>vie, pas<br />

d'hypocrisie, pas <strong>de</strong> contestations. D'où peut v<strong>en</strong>ir<br />

une telle union, si ce n'est du Seigneur, et une telle<br />

doctrine, qui nous remplit <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits <strong>de</strong> la paix et <strong>de</strong><br />

la piété? » (Id., p. 389.)<br />

<strong>Le</strong>s victoires <strong>de</strong> la Réforme r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t les<br />

partisans <strong>de</strong> Rome plus déterminés <strong>en</strong>core à<br />

<strong>en</strong>rayer le mouvem<strong>en</strong>t. À la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> maigres<br />

résultats que la persécution et la proscription <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

livres <strong>de</strong> Luther avai<strong>en</strong>t eus <strong>en</strong> Allemagne, ils<br />

résolur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> combattre la Réforme par ses propres<br />

armes. Une dispute avec Zwingle fut proposée.<br />

Pour être certains <strong>de</strong> la victoire, ils se réservèr<strong>en</strong>t le<br />

choix du lieu et <strong><strong>de</strong>s</strong> arbitres. S'assurant que l'unique<br />

moy<strong>en</strong> d'avoir raison <strong>de</strong> la nouvelle foi serait <strong>de</strong><br />

réduire ses chefs au sil<strong>en</strong>ce, ils étai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> décidés<br />

à ne pas laisser échapper Zwingle, si jamais il leur<br />

tombait <strong>en</strong>tre les mains. Ce complot s'ourdissait<br />

dans le plus grand secret.<br />

<strong>La</strong> dispute <strong>de</strong>vait avoir lieu à Ba<strong>de</strong>, mais<br />

Zwingle ne s'y r<strong>en</strong>dit pas. <strong>Le</strong> conseil <strong>de</strong> Zurich<br />

320


soupçonna les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis du<br />

réformateur. Voyant les bûchers qui s'élevai<strong>en</strong>t<br />

dans les cantons catholiques à l'int<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

confesseurs <strong>de</strong> l'Évangile, il déf<strong>en</strong>dit à son pasteur<br />

<strong>de</strong> s'exposer à ce danger. Quant à Zwingle, il était<br />

prêt à r<strong>en</strong>contrer à Zurich tous les délégués que<br />

Rome pourrait y <strong>en</strong>voyer; mais aller à Ba<strong>de</strong>, où le<br />

sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> couler, c'était courir à<br />

une mort certaine. OEcolampa<strong>de</strong> et Haller fur<strong>en</strong>t<br />

choisis pour représ<strong>en</strong>ter le réformateur, tandis que<br />

Eck, le porte-parole <strong>de</strong> Rome, était secondé par une<br />

armée <strong>de</strong> savants docteurs et <strong>de</strong> prélats.<br />

Bi<strong>en</strong> que Zwingle ne fût pas prés<strong>en</strong>t à la<br />

confér<strong>en</strong>ce, il y fit néanmoins s<strong>en</strong>tir son influ<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>Le</strong>s secrétaires étai<strong>en</strong>t tous choisis parmi les<br />

<strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la Réforme et il était déf<strong>en</strong>du à d'autres<br />

<strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> notes sous peine <strong>de</strong> mort. Malgré<br />

cela, Zwingle recevait chaque jour un rapport<br />

fidèle <strong>de</strong> ce qui se faisait à Ba<strong>de</strong>. Un étudiant, qui<br />

assistait à la dispute, faisait chaque soir un relevé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tés au cours <strong>de</strong> la journée.<br />

Deux autres étudiants étai<strong>en</strong>t chargés <strong>de</strong> remettre<br />

chaque jour ces résumés à Zwingle avec les lettres<br />

321


quotidi<strong>en</strong>nes d'OEcolampa<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> réformateur y<br />

répondait <strong>en</strong> ajoutant ses conseils et ses<br />

suggestions. Ses lettres, écrites la nuit, étai<strong>en</strong>t<br />

portées à Ba<strong>de</strong> le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main matin par les<br />

étudiants. Ceux-ci, pour tromper la vigilance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gar<strong><strong>de</strong>s</strong> placés aux portes <strong>de</strong> la ville, y <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t<br />

portant <strong><strong>de</strong>s</strong> paniers <strong>de</strong> volaille sur la tête.<br />

C'est ainsi que Zwingle sout<strong>en</strong>ait la bataille<br />

contre ses rusés antagonistes. « Il a plus travaillé,<br />

dit Myconius, par ses méditations, ses veilles, ses<br />

conseils et ses recommandations, qu'il ne l'eût fait<br />

<strong>en</strong> assistant lui-même à la dispute. » (Myconius,<br />

Vita Zwingli, p.10.)<br />

<strong>Le</strong>s partisans du pape, assurés <strong>de</strong> leur triomphe,<br />

étai<strong>en</strong>t arrivés à Ba<strong>de</strong> <strong>en</strong> vêtem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> soie et parés<br />

<strong>de</strong> bijoux. Traités royalem<strong>en</strong>t, ils s'asseyai<strong>en</strong>t à une<br />

table chargée <strong><strong>de</strong>s</strong> mets les plus recherchés et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vins les plus fins. Ils se délassai<strong>en</strong>t du poids <strong>de</strong><br />

leurs <strong>de</strong>voirs ecclésiastiques par <strong><strong>de</strong>s</strong> réjouissances<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> festins. <strong>Le</strong>s réformateurs offrai<strong>en</strong>t avec eux<br />

un contraste frappant. <strong>Le</strong>ur mise simple les eût fait<br />

pr<strong>en</strong>dre pour <strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>en</strong>diants, et leur frugalité pour<br />

322


<strong><strong>de</strong>s</strong> ascètes. L'hôte d'OEcolampa<strong>de</strong>, qui l'épiait<br />

dans sa chambre, le surpr<strong>en</strong>ait toujours soit à<br />

l'étu<strong>de</strong>, soit <strong>en</strong> prière, et rapporta avec étonnem<strong>en</strong>t<br />

que cet hérétique était <strong>en</strong> tout cas « très dévot ».<br />

À l'ouverture <strong>de</strong> la confér<strong>en</strong>ce, le docteur « Eck<br />

monta fièrem<strong>en</strong>t dans une chaire magnifiquem<strong>en</strong>t<br />

décorée, tandis que l'humble OEcolampa<strong>de</strong>,<br />

chétivem<strong>en</strong>t vêtu, pr<strong>en</strong>ait place <strong>en</strong> face <strong>de</strong> son<br />

superbe adversaire sur un tréteau grossièrem<strong>en</strong>t<br />

travaillé ». Eck parlait d'une voix ret<strong>en</strong>tissante et<br />

avec une imperturbable assurance; son zèle était<br />

stimulé par l'or aussi bi<strong>en</strong> que par les honneurs : le<br />

déf<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong>vait, <strong>en</strong> effet, recevoir une<br />

importante rémunération. Quand les argum<strong>en</strong>ts lui<br />

manquai<strong>en</strong>t, il avait recours aux injures et aux<br />

imprécations.<br />

OEcolampa<strong>de</strong>, naturellem<strong>en</strong>t timi<strong>de</strong> et<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te, avait longtemps hésité à pr<strong>en</strong>dre part à la<br />

dispute; il ne s'y était décidé qu'<strong>en</strong> faisant à<br />

l'avance cette protestation sol<strong>en</strong>nelle : « Je ne<br />

reconnais pour règle <strong>de</strong> foi que la Parole <strong>de</strong> Dieu. »<br />

Doux et courtois, il se montra à la fois érudit et<br />

323


inébranlable. Tandis que les champions <strong>de</strong> l'Église<br />

faisai<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t appel à l'autorité et aux<br />

usages <strong>de</strong> l'Église, le réformateur <strong>en</strong> appelait<br />

invariablem<strong>en</strong>t aux saintes Écritures. « <strong>La</strong><br />

coutume, disait-il, n'a <strong>de</strong> valeur dans notre Suisse<br />

que par la constitution : or, <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> foi, la<br />

constitution, c'est la Bible. »<br />

<strong>Le</strong> contraste <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux antagonistes ne fut<br />

pas sans produire son effet. <strong>Le</strong> calme, la sérénité et<br />

la mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie du réformateur, aussi bi<strong>en</strong> que la clarté<br />

<strong>de</strong> ses exposés, le recommandai<strong>en</strong>t à ses auditeurs,<br />

qui se détournai<strong>en</strong>t avec dégoût <strong><strong>de</strong>s</strong> affirmations<br />

bruyantes et orgueilleuses du docteur Eck.<br />

<strong>La</strong> dispute dura dix-huit jours. <strong>Le</strong>s papistes s'<strong>en</strong><br />

attribuèr<strong>en</strong>t bruyamm<strong>en</strong>t la victoire. Comme la<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> délégués étai<strong>en</strong>t partisans <strong>de</strong> Rome, la<br />

diète décida que les réformateurs avai<strong>en</strong>t été battus<br />

et qu'ils étai<strong>en</strong>t avec Zwingle, leur chef, retranchés<br />

<strong>de</strong> la communion <strong>de</strong> l'Église. Mais les résultats <strong>de</strong><br />

cette confér<strong>en</strong>ce montrèr<strong>en</strong>t où était la vérité. <strong>La</strong><br />

cause protestante <strong>en</strong> reçut une puissante impulsion<br />

et, peu après, les villes importantes <strong>de</strong> Bâle et <strong>de</strong><br />

324


Berne se déclarèr<strong>en</strong>t pour la Réforme.<br />

325


Chapitre 10<br />

Progrès <strong>de</strong> la réforme <strong>en</strong><br />

Allemagne<br />

<strong>La</strong> disparition mystérieuse <strong>de</strong> Luther avait jeté<br />

toute l’Allemagne dans la consternation. On se<br />

<strong>de</strong>mandait ce qu’il était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u. <strong>Le</strong>s rumeurs les<br />

plus extravagantes circulai<strong>en</strong>t. Beaucoup croyai<strong>en</strong>t<br />

qu’il avait été assassiné. Il était pleuré, non<br />

seulem<strong>en</strong>t par ses partisans déclarés, mais aussi par<br />

bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui n’avai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core pris position<br />

pour la Réforme. Et plusieurs jurai<strong>en</strong>t<br />

sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> v<strong>en</strong>ger sa mort.<br />

<strong>Le</strong>s dignitaires <strong>de</strong> l’Église vir<strong>en</strong>t avec terreur à<br />

quel point l’opinion publique leur était hostile.<br />

Après s’être réjouis <strong>de</strong> la mort présumée <strong>de</strong> Luther,<br />

ils ne tardèr<strong>en</strong>t pas à désirer se mettre à l’abri <strong>de</strong> la<br />

colère du peuple. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> Luther n’avai<strong>en</strong>t<br />

pas été aussi déconcertés par ses actes les plus<br />

ret<strong>en</strong>tissants qu’ils ne l’étai<strong>en</strong>t par sa disparition.<br />

Ceux qui, dans leur rage, avai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandé le sang<br />

326


du hardi réformateur, étai<strong>en</strong>t épouvantés<br />

maint<strong>en</strong>ant qu’il n’était plus qu’un captif. « <strong>Le</strong> seul<br />

moy<strong>en</strong> qui nous reste pour sauver notre cause,<br />

disait l’un d’eux, c’est d’allumer <strong><strong>de</strong>s</strong> torches,<br />

d’aller chercher Luther dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier et <strong>de</strong><br />

le r<strong>en</strong>dre à la nation qui le réclame. » L’édit<br />

impérial semblait frappé d’impuissance et les<br />

légats du pape étai<strong>en</strong>t indignés <strong>en</strong> constatant que<br />

cet édit ret<strong>en</strong>ait infinim<strong>en</strong>t moins l’att<strong>en</strong>tion que le<br />

sort <strong>de</strong> leur adversaire.<br />

<strong>La</strong> nouvelle que Luther était <strong>en</strong> sécurité,<br />

quoique prisonnier, calma les craintes populaires et<br />

<strong>en</strong>flamma l’<strong>en</strong>thousiasme <strong>en</strong> sa faveur. On lut ses<br />

écrits avec plus <strong>de</strong> ferveur. Ceux qui épousai<strong>en</strong>t la<br />

cause du héros qui avait sout<strong>en</strong>u les droits <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu dans <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances aussi<br />

tragiques augm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus. <strong>La</strong><br />

Réforme pr<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> jour <strong>en</strong> jour <strong><strong>de</strong>s</strong> forces<br />

nouvelles. <strong>La</strong> sem<strong>en</strong>ce que Luther avait jetée<br />

fructifiait <strong>de</strong> toutes parts. Son abs<strong>en</strong>ce faisait ce<br />

que sa prés<strong>en</strong>ce n’eût pu accomplir. En outre, ses<br />

collaborateurs s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t sur eux une plus gran<strong>de</strong><br />

responsabilité maint<strong>en</strong>ant que leur chef leur était<br />

327


<strong>en</strong>levé. Animés d’une foi et d’une ar<strong>de</strong>ur<br />

nouvelles, ils redoublai<strong>en</strong>t d’efforts pour que<br />

l’oeuvre si noblem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cée ne souffrît pas<br />

<strong>de</strong> retard.<br />

Mais Satan ne restait pas inactif. Comme il<br />

l’avait toujours fait dans <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances<br />

analogues, il t<strong>en</strong>ta d’opposer à l’oeuvre <strong>de</strong> la<br />

Réforme une contrefaçon <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à séduire et à<br />

perdre les âmes. De même qu’il y avait au premier<br />

siècle <strong>de</strong> l’Église <strong>de</strong> faux christs, il s’éleva au<br />

seizième siècle <strong>de</strong> faux prophètes.<br />

Quelques hommes, vivem<strong>en</strong>t impressionnés par<br />

l’effervesc<strong>en</strong>ce qui régnait dans le mon<strong>de</strong><br />

religieux, et imaginant avoir reçu <strong><strong>de</strong>s</strong> révélations<br />

du ciel, se dir<strong>en</strong>t spécialem<strong>en</strong>t élus <strong>de</strong> Dieu pour<br />

parachever l’oeuvre <strong>de</strong> réforme ébauchée par<br />

Luther. En réalité, ils démolissai<strong>en</strong>t ce que le<br />

réformateur avait édifié. Rejetant le grand principe<br />

qui était à la base <strong>de</strong> la Réforme : la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

prise comme unique règle <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> vie, ils<br />

substituai<strong>en</strong>t à cette règle infaillible et immuable la<br />

norme variable et incertaine <strong>de</strong> leurs s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts et<br />

328


<strong>de</strong> leurs impressions. Or, dès que l’on supprime la<br />

gran<strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> touche <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> l’erreur,<br />

ri<strong>en</strong> n’empêche plus Satan <strong>de</strong> dominer à sa guise<br />

sur les esprits.<br />

L’un <strong>de</strong> ces prophètes prét<strong>en</strong>dait recevoir ses<br />

instructions <strong>de</strong> l’ange Gabriel. Un étudiant qui se<br />

joignit à lui abandonna ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong> déclarant que<br />

Dieu lui-même l’avait investi <strong>de</strong> sa sagesse pour<br />

expliquer les Écritures. D’autres, <strong>en</strong>clins au<br />

fanatisme, s’associèr<strong>en</strong>t à eux. Ces <strong>en</strong>thousiastes<br />

provoquèr<strong>en</strong>t une vive s<strong>en</strong>sation. <strong>La</strong> prédication <strong>de</strong><br />

Luther avait fait éprouver partout le besoin d’une<br />

réforme et, maint<strong>en</strong>ant, ces âmes réellem<strong>en</strong>t<br />

honnêtes étai<strong>en</strong>t séduites par les prét<strong>en</strong>tions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nouveaux prophètes.<br />

<strong>Le</strong>s chefs du mouvem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t à<br />

Witt<strong>en</strong>berg pour y prés<strong>en</strong>ter leur doctrine à<br />

Mélanchthon et à ses collègues. « Nous sommes<br />

<strong>en</strong>voyés <strong>de</strong> Dieu pour <strong>en</strong>seigner le peuple, dir<strong>en</strong>tils.<br />

Nous avons avec le Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> conversations<br />

familières; nous connaissons les choses à v<strong>en</strong>ir; <strong>en</strong><br />

un mot, nous sommes apôtres et prophètes et nous<br />

329


<strong>en</strong> appelons au docteur Luther. »<br />

<strong>Le</strong>s réformateurs fur<strong>en</strong>t étonnés et perplexes. Il<br />

y avait là un élém<strong>en</strong>t qu’ils n’avai<strong>en</strong>t jamais<br />

r<strong>en</strong>contré, et ils ne savai<strong>en</strong>t quelle ligne <strong>de</strong><br />

conduite adopter. « Il y a, disait Mélanchthon, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esprits extraordinaires dans ces hommes : mais<br />

quels esprits?... D’un côté, pr<strong>en</strong>ons gar<strong>de</strong><br />

d’éteindre l’Esprit <strong>de</strong> Dieu et, <strong>de</strong> l’autre, d’être<br />

séduits par l’esprit du diable. »<br />

<strong>Le</strong>s fruits du nouvel <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong>tôt manifestes. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t arrivés à<br />

négliger les Écritures, et même à les rejeter<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> confusion <strong>en</strong>vahit les écoles.<br />

Méprisant toute discipline, les étudiants<br />

abandonnai<strong>en</strong>t leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et quittai<strong>en</strong>t<br />

l’Université. Des g<strong>en</strong>s qui se croyai<strong>en</strong>t appelés à<br />

ranimer et à diriger l’oeuvre <strong>de</strong> la Réforme ne<br />

réussissai<strong>en</strong>t qu’à la conduire à <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> sa<br />

perte. Repr<strong>en</strong>ant confiance, les romanistes<br />

s’écriai<strong>en</strong>t avec joie: « Encore un <strong>de</strong>rnier effort, et<br />

la cause sera gagnée. »<br />

330


Appr<strong>en</strong>ant ce qui se passait, Luther, alarmé,<br />

écrivit <strong>de</strong> sa retraite <strong>de</strong> la Wartbourg : « J’ai<br />

toujours p<strong>en</strong>sé que Satan nous <strong>en</strong>verrait cette plaie.<br />

» Discernant la véritable nature <strong>de</strong> ces soi-disant<br />

prophètes, il vit le danger qui m<strong>en</strong>açait la cause <strong>de</strong><br />

la vérité. L’opposition du pape et <strong>de</strong> l’empereur ne<br />

lui avait pas occasionné autant <strong>de</strong> soucis. Des rangs<br />

mêmes <strong>de</strong> la Réforme sortai<strong>en</strong>t ses pires <strong>en</strong>nemis.<br />

Des vérités qui avai<strong>en</strong>t apporté la joie et la<br />

consolation suscitai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant <strong><strong>de</strong>s</strong> disputes et<br />

jetai<strong>en</strong>t le désordre dans l’Église.<br />

Dans son oeuvre <strong>de</strong> réforme, Luther avait été<br />

poussé par l’Esprit <strong>de</strong> Dieu plus loin qu’il ne<br />

l’avait prévu. Il n’avait pas prémédité <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre<br />

l’attitu<strong>de</strong> à laquelle il était arrivé, ni d’introduire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> réformes aussi radicales. Il n’avait été qu’un<br />

instrum<strong>en</strong>t dans la main du Tout-Puissant, et<br />

pourtant il avait souv<strong>en</strong>t tremblé pour les résultats<br />

<strong>de</strong> son oeuvre. « Si je savais, avait-il dit, que ma<br />

doctrine nuisît à un homme, à un seul homme,<br />

simple et obscur (ce qui ne peut être, car elle est<br />

l’Évangile même), plutôt dix fois mourir que <strong>de</strong> ne<br />

pas me rétracter. »<br />

331


Et maint<strong>en</strong>ant, Witt<strong>en</strong>berg même, la cita<strong>de</strong>lle<br />

<strong>de</strong> la Réforme, tombait rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t au pouvoir du<br />

fanatisme et <strong>de</strong> l’anarchie! Cette triste situation<br />

n’était pas la conséqu<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Luther, mais ses <strong>en</strong>nemis, dans toute l’Allemagne,<br />

l’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t responsable! Dans son amertume, il<br />

se <strong>de</strong>mandait parfois : « Est-ce donc là que <strong>de</strong>vait<br />

aboutir cette gran<strong>de</strong> oeuvre <strong>de</strong> réforme? » À<br />

d’autres mom<strong>en</strong>ts, lorsqu’il avait prié avec ar<strong>de</strong>ur,<br />

la paix r<strong>en</strong>trait dans son coeur : « L’oeuvre est la<br />

ti<strong>en</strong>ne et non la mi<strong>en</strong>ne, disait-il à Dieu; et tu ne<br />

permettras pas que le fanatisme et la superstition la<br />

corromp<strong>en</strong>t. » Mais la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> rester plus<br />

longtemps éloigné du champ <strong>de</strong> bataille lui<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant intolérable, il se décida à r<strong>en</strong>trer sans<br />

délai à Witt<strong>en</strong>berg.<br />

C’était un périlleux voyage. Il était au ban <strong>de</strong><br />

l’empire; ses <strong>en</strong>nemis avai<strong>en</strong>t le droit <strong>de</strong> le tuer; ses<br />

amis ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t ni l’assister ni lui donner asile, et<br />

le gouvernem<strong>en</strong>t impérial adoptait les mesures les<br />

plus rigoureuses contre ses adhér<strong>en</strong>ts. Mais voyant<br />

que l’oeuvre <strong>de</strong> l’Évangile était <strong>en</strong> danger, il se<br />

332


lança courageusem<strong>en</strong>t dans la mêlée au nom <strong>de</strong><br />

l’Éternel.<br />

Dans une lettre à l’électeur, après avoir<br />

annoncé son int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> quitter la Wartbourg, il<br />

ajoutait : « Il faut que votre Altesse sache que je<br />

me r<strong>en</strong>ds à Witt<strong>en</strong>berg sous une protection plus<br />

puissante que celle d’un électeur. Je ne p<strong>en</strong>se<br />

nullem<strong>en</strong>t à solliciter le secours <strong>de</strong> votre Altesse; et<br />

bi<strong>en</strong> loin <strong>de</strong> désirer qu’elle me protège, je voudrais<br />

plutôt la protéger moi-même. Si je savais que votre<br />

Altesse voulût ou pût me protéger, je n’irais pas à<br />

Witt<strong>en</strong>berg. Aucune épée ne peut v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> ai<strong>de</strong> à<br />

cette cause, c’est Dieu seul qui doit agir, sans<br />

secours ni concours humain. C’est celui qui a le<br />

plus <strong>de</strong> foi qui protège le plus. »<br />

Dans une secon<strong>de</strong> lettre, écrite <strong>en</strong> cours <strong>de</strong><br />

route, il déclarait : « Je suis prêt à accepter la<br />

défaveur <strong>de</strong> votre Altesse et la colère du mon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong>tier. <strong>Le</strong>s habitants <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg ne sont-ils pas<br />

mes ouailles? N’est-ce pas Dieu qui me les a<br />

confiés? Et ne dois-je pas, s’il le faut, pour eux<br />

m’exposer à la mort? Je crains d’ailleurs <strong>de</strong> voir<br />

333


éclater <strong>en</strong> Allemagne une gran<strong>de</strong> révolte, par<br />

laquelle Dieu punira notre nation. »<br />

C’est avec prud<strong>en</strong>ce et humilité, et pourtant<br />

avec une gran<strong>de</strong> fermeté qu’il se remit à la tâche. «<br />

C’est par la Parole qu’il faut combattre, disait-il;<br />

par la Parole qu’il faut r<strong>en</strong>verser et détruire ce qui a<br />

été fondé par la viol<strong>en</strong>ce. Je ne veux pas qu’on<br />

emploie la force contre les superstitieux, ni contre<br />

les incrédules.... Nul ne doit être contraint. <strong>La</strong><br />

liberté est l’ess<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la foi. »<br />

<strong>Le</strong> bruit ne tarda pas à se répandre dans<br />

Witt<strong>en</strong>berg que Luther était <strong>de</strong> retour et qu’il allait<br />

prêcher. On accourut <strong>de</strong> toutes les directions et<br />

l’église fut bi<strong>en</strong>tôt pleine à débor<strong>de</strong>r. <strong>Le</strong><br />

réformateur monta <strong>en</strong> chaire, instruisit, exhorta,<br />

c<strong>en</strong>sura avec une gran<strong>de</strong> sagesse et une gran<strong>de</strong><br />

douceur. Parlant <strong>de</strong> ceux qui s’étai<strong>en</strong>t livrés à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

actes <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce pour abolir la messe, il déclara :<br />

« <strong>La</strong> messe est une mauvaise chose; Dieu <strong>en</strong> est<br />

l’<strong>en</strong>nemi; elle doit être abolie; et je voudrais<br />

qu’elle fut dans l’univers <strong>en</strong>tier, remplacée par la<br />

334


Cène <strong>de</strong> l’Évangile. Mais que l’on n’<strong>en</strong> arrache<br />

personne avec viol<strong>en</strong>ce. C’est à Dieu qu’il faut<br />

remettre la chose. C’est sa Parole qui doit agir, et<br />

non pas nous. Vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z pourquoi? – Parce<br />

que je ne ti<strong>en</strong>s pas le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes dans ma<br />

main comme le potier ti<strong>en</strong>t l’argile dans la si<strong>en</strong>ne.<br />

Nous avons le droit <strong>de</strong> dire; nous n’avons pas celui<br />

d’agir. Prêchons : le reste apparti<strong>en</strong>t à Dieu. Si<br />

j’emploie la force, qu’obti<strong>en</strong>drai-je? <strong><strong>de</strong>s</strong> grimaces,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> appar<strong>en</strong>ces, <strong><strong>de</strong>s</strong> singeries, <strong><strong>de</strong>s</strong> ordonnances<br />

humaines, <strong><strong>de</strong>s</strong> hypocrisies.... Mais il n’y aura ni<br />

sincérité <strong>de</strong> coeur, ni foi, ni charité. Tout manque<br />

dans une oeuvre où manqu<strong>en</strong>t ces trois choses, et je<br />

n’<strong>en</strong> donnerais pas... la queue d’une poire. Dieu<br />

fait plus par sa seule Parole que si vous, moi, et le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier réunissions toutes nos forces. Dieu<br />

s’empare du coeur et le coeur une fois pris, tout est<br />

pris...<br />

« Je veux prêcher, je veux parler, je veux<br />

écrire; mais je ne veux contraindre personne, car la<br />

foi est une chose volontaire. Voyez ce que j’ai fait!<br />

je me suis élevé contre le pape, les indulg<strong>en</strong>ces et<br />

les papistes, mais sans tumulte et sans viol<strong>en</strong>ce.<br />

335


J’ai mis <strong>en</strong> avant la Parole <strong>de</strong> Dieu, j’ai prêché, j’ai<br />

écrit; je n’ai pas fait autre chose. Et, tandis que je<br />

dormais,... cette Parole que j’avais prêchée a<br />

r<strong>en</strong>versé le papisme, tellem<strong>en</strong>t que jamais ni<br />

prince, ni empereur ne lui ont causé tant <strong>de</strong> mal. Je<br />

n’ai ri<strong>en</strong> fait : c’est la Parole seule qui a tout fait. Si<br />

j’avais voulu <strong>en</strong> appeler à la force, l’Allemagne eût<br />

peut-être été inondée <strong>de</strong> sang, mais qu’<strong>en</strong> eût-il<br />

résulté? Ruine et désolation pour les âmes et pour<br />

les corps. Je suis donc resté tranquille, et j’ai laissé<br />

la Parole elle-même courir le mon<strong>de</strong>. »<br />

Jour après jour, p<strong>en</strong>dant une semaine <strong>en</strong>tière,<br />

Luther prêcha <strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> foules avi<strong><strong>de</strong>s</strong>. <strong>La</strong> Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu rompit le charme du fanatisme. <strong>La</strong><br />

puissance <strong>de</strong> l’Évangile ram<strong>en</strong>a les égarés dans la<br />

voie <strong>de</strong> la vérité.<br />

Luther ne désirait pas r<strong>en</strong>contrer les fanatiques,<br />

auteurs <strong>de</strong> tout le mal. Il les savait déséquilibrés,<br />

livrés à leurs passions. Se disant spécialem<strong>en</strong>t<br />

inspirés d’<strong>en</strong> haut, ils ne pouvai<strong>en</strong>t supporter ni<br />

répriman<strong>de</strong>, ni contradiction, ni même le conseil le<br />

plus bi<strong>en</strong>veillant. S’arrogeant une autorité suprême,<br />

336


ils exigeai<strong>en</strong>t que leurs prét<strong>en</strong>tions fuss<strong>en</strong>t<br />

reconnues sans exam<strong>en</strong>. Mais comme ils lui<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>trevue, il la leur accorda et les<br />

démasqua si bi<strong>en</strong> qu’ils quittèr<strong>en</strong>t aussitôt<br />

Witt<strong>en</strong>berg.<br />

<strong>Le</strong> fanatisme, réprimé pour un temps, éclata <strong>de</strong><br />

nouveau quelques années plus tard avec plus <strong>de</strong><br />

viol<strong>en</strong>ce, et avec <strong><strong>de</strong>s</strong> conséqu<strong>en</strong>ces plus<br />

lam<strong>en</strong>tables. Des chefs <strong>de</strong> ce mouvem<strong>en</strong>t, Luther<br />

écrivait ce qui suit : « L’Écriture n’étant pour eux<br />

qu’une lettre morte, ils se mett<strong>en</strong>t tous à crier :<br />

L’Esprit! l’Esprit! Je ne les suivrai certes pas là où<br />

leur esprit les mène! Que Dieu, dans sa<br />

miséricor<strong>de</strong>, me préserve d’une Église où il n’y a<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. Je veux <strong>de</strong>meurer là où il y a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

humbles, <strong><strong>de</strong>s</strong> faibles, <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui connaiss<strong>en</strong>t<br />

et s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t leur péché, qui, soupir<strong>en</strong>t et cri<strong>en</strong>t sans<br />

cesse à Dieu, pour obt<strong>en</strong>ir sa consolation et son<br />

secours. »<br />

Thomas Munzer, le plus actif <strong>de</strong> ces fanatiques,<br />

était doué <strong>de</strong> grands tal<strong>en</strong>ts qui, sagem<strong>en</strong>t<br />

employés, lui euss<strong>en</strong>t permis <strong>de</strong> faire du bi<strong>en</strong>; mais<br />

337


il n’avait pas appris les premiers élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

religion. « Possédé du désir <strong>de</strong> réformer le mon<strong>de</strong>,<br />

il oubliait, comme tous les <strong>en</strong>thousiastes, que<br />

c’était par lui-même que la réforme <strong>de</strong>vait<br />

comm<strong>en</strong>cer. » Ambitieux, il n’admettait aucune<br />

direction, pas même celle <strong>de</strong> Luther. Il déclarait<br />

qu’<strong>en</strong> substituant l’autorité <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu à<br />

celle du pape, les réformateurs n’avai<strong>en</strong>t fait que<br />

ram<strong>en</strong>er la papauté sous une nouvelle forme. Il<br />

prét<strong>en</strong>dait avoir reçu le mandat du ciel d’établir la<br />

vraie réforme. « Celui qui possè<strong>de</strong> cet esprit, disaitil,<br />

possè<strong>de</strong> la vraie foi, quand même il ne verrait<br />

jamais l’Écriture sainte. »<br />

Jouets <strong>de</strong> leurs impressions, ces illuminés<br />

considérai<strong>en</strong>t toutes leurs p<strong>en</strong>sées comme la voix<br />

<strong>de</strong> Dieu. Ils se laissai<strong>en</strong>t aller aux pires extrémités,<br />

jusqu’à jeter la Bible au feu, <strong>en</strong> disant : « <strong>La</strong> lettre<br />

tue, mais l’esprit vivifie. » <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Munzer donnai<strong>en</strong>t toute satisfaction à ceux qui<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t du merveilleux, <strong>en</strong> même temps qu’ils<br />

flattai<strong>en</strong>t leur orgueil <strong>en</strong> plaçant virtuellem<strong>en</strong>t les<br />

idées et les opinions humaines au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. Des milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s se rangeant à<br />

338


sa doctrine, il dénonça bi<strong>en</strong>tôt tout ordre dans le<br />

culte public et déclara que r<strong>en</strong>dre obéissance aux<br />

princes, c’était vouloir servir Dieu et Bélial.<br />

<strong>Le</strong> peuple, qui comm<strong>en</strong>çait à rejeter le joug du<br />

pape, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait égalem<strong>en</strong>t impati<strong>en</strong>t sous le joug <strong>de</strong><br />

l’autorité civile. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

révolutionnaires <strong>de</strong> Munzer, qui les prés<strong>en</strong>tait<br />

comme v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Dieu, l’am<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>oncer à<br />

toute espèce <strong>de</strong> frein et à donner libre cours à ses<br />

p<strong>en</strong>chants et à ses passions. Il <strong>en</strong> résulta <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes<br />

grotesques, <strong><strong>de</strong>s</strong> séditions et <strong><strong>de</strong>s</strong> viol<strong>en</strong>ces, au point<br />

que certaines contrées <strong>de</strong> l’Allemagne fur<strong>en</strong>t<br />

inondées <strong>de</strong> sang.<br />

Luther revécut alors les heures d’agonie<br />

passées autrefois à Erfurt. <strong>Le</strong>s princes du parti<br />

romain déclarai<strong>en</strong>t – et beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t<br />

disposés à ajouter foi à leur affirmation – que cette<br />

révolution était le fruit légitime <strong>de</strong> ses doctrines.<br />

Bi<strong>en</strong> que cette accusation n’eût pas une ombre <strong>de</strong><br />

vraisemblance, elle ne laissa pas <strong>de</strong> causer au<br />

réformateur une peine infinie. Que l’oeuvre <strong>de</strong> la<br />

vérité fût calomniée au point d’être mise sur un<br />

339


pied d’égalité avec le plus vil fanatisme, c’était<br />

presque plus qu’il ne pouvait <strong>en</strong>durer. D’autre part,<br />

haï <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong> l’hérésie dont il avait combattu les<br />

doctrines et avait nié les prét<strong>en</strong>tions à l’inspiration,<br />

les déclarant rebelles à l’autorité civile et séditieux,<br />

il était traité par eux <strong>de</strong> vil imposteur. <strong>Le</strong><br />

réformateur semblait s’être aliéné tant les princes<br />

que le peuple.<br />

Dans leur joie, les romanistes att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la<br />

chute prochaine <strong>de</strong> la Réforme et accusai<strong>en</strong>t Luther<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs mêmes qu’il avait combattues avec le<br />

plus d’énergie. De son côté, le parti <strong><strong>de</strong>s</strong> fanatiques,<br />

prét<strong>en</strong>dant avoir été injustem<strong>en</strong>t traité, s’attirait les<br />

sympathies d’un grand nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s, et, comme<br />

c’est souv<strong>en</strong>t le cas <strong>de</strong> ceux qui souffr<strong>en</strong>t pour une<br />

mauvaise cause, il faisait figure <strong>de</strong> martyr. Cette<br />

oeuvre <strong>de</strong> Satan était animée d’un esprit <strong>de</strong> révolte<br />

analogue à celui qui s’était manifesté dans le ciel à<br />

l’origine.<br />

Satan cherche constamm<strong>en</strong>t à inciter les<br />

hommes à appeler le mal bi<strong>en</strong> et le bi<strong>en</strong> mal. Et<br />

cela lui réussit à merveille. Que <strong>de</strong> serviteurs <strong>de</strong><br />

340


Dieu s’expos<strong>en</strong>t au blâme et à l’opprobre pour<br />

avoir déf<strong>en</strong>du courageusem<strong>en</strong>t la vérité! On voit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> suppôts <strong>de</strong> Satan loués, flattés, considérés<br />

comme martyrs, tandis que <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s<br />

respectables et fidèles sont laissés à l’écart sous le<br />

coup <strong>de</strong> la suspicion et <strong>de</strong> l’opprobre. <strong>La</strong> fausse<br />

sainteté, la sanctification apocryphe, continue cette<br />

oeuvre <strong>de</strong> mystification. Sous différ<strong>en</strong>tes formes,<br />

elle manifeste aujourd’hui le même esprit qu’aux<br />

jours <strong>de</strong> Luther. Elle détourne l’att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures et pousse à pr<strong>en</strong>dre pour règle la<br />

consci<strong>en</strong>ce, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t et les impressions plutôt<br />

que la loi <strong>de</strong> Dieu. C’est un <strong><strong>de</strong>s</strong> moy<strong>en</strong>s les plus<br />

subtils <strong>de</strong> Satan pour jeter l’opprobre sur la pureté<br />

et la vérité.<br />

Intrépi<strong>de</strong>, Luther déf<strong>en</strong>dait l’Évangile contre<br />

toutes les attaques, quelle qu’<strong>en</strong> fût la prov<strong>en</strong>ance.<br />

Dans tous ces conflits, la Parole <strong>de</strong> Dieu s’avérait<br />

une arme puissante. Avec elle, il combattait aussi<br />

bi<strong>en</strong> les usurpations du pape que la philosophie<br />

scolastique, et, grâce à elle <strong>en</strong>core, il s’opposait,<br />

ferme comme un rocher, au fanatisme qui t<strong>en</strong>tait <strong>de</strong><br />

se joindre à la Réforme.<br />

341


Ces élém<strong>en</strong>ts adverses visai<strong>en</strong>t, chacun à sa<br />

façon, à mettre <strong>de</strong> côté les saintes Écritures au<br />

profit <strong>de</strong> la sagesse humaine exaltée comme la<br />

source <strong>de</strong> toute vérité religieuse et <strong>de</strong> toute<br />

connaissance. <strong>Le</strong> rationalisme idolâtre la raison et<br />

<strong>en</strong> fait le critère <strong>de</strong> la religion. <strong>Le</strong> romanisme<br />

réclame pour le souverain pontife une inspiration<br />

qui – dérivée d’une succession ininterrompue<br />

<strong>de</strong>puis les jours <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres – cache tous les g<strong>en</strong>res<br />

d’extravagances et <strong>de</strong> falsifications sous le<br />

manteau sacré du mandat apostolique.<br />

L’inspiration dont se réclamai<strong>en</strong>t Munzer et ses<br />

collaborateurs procédait <strong><strong>de</strong>s</strong> divagations <strong>de</strong> leur<br />

imagination et ne reconnaissait aucune autorité soit<br />

divine soit humaine. <strong>Le</strong> christianisme, au contraire,<br />

voit dans la Parole <strong>de</strong> Dieu le gr<strong>en</strong>ier d’abondance<br />

<strong>de</strong> la vérité inspirée et la pierre <strong>de</strong> touche <strong>de</strong> toute<br />

inspiration.<br />

À son retour <strong>de</strong> la Wartbourg, Luther acheva sa<br />

traduction du Nouveau Testam<strong>en</strong>t. Peu après,<br />

l’Évangile était donné au peuple allemand dans sa<br />

propre langue. Tous les amis <strong>de</strong> la vérité<br />

342


accueillir<strong>en</strong>t cette traduction avec une gran<strong>de</strong> joie,<br />

tandis qu’elle fut rejetée avec mépris par les<br />

partisans <strong>de</strong> la tradition et <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

d’hommes.<br />

À la p<strong>en</strong>sée que le peuple serait désormais <strong>en</strong><br />

possession <strong><strong>de</strong>s</strong> oracles <strong>de</strong> Dieu, qu’il pourrait<br />

discuter avec eux sur la religion et dévoiler leur<br />

ignorance, les prêtres s’alarmèr<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s armes <strong>de</strong><br />

leur raisonnem<strong>en</strong>t charnel se trouvai<strong>en</strong>t<br />

impuissantes contre l’épée <strong>de</strong> l’Esprit. Aussi Rome<br />

fit-elle appel à toute son autorité pour empêcher la<br />

diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures. Mais les décrets, les<br />

anathèmes et les tortures fur<strong>en</strong>t inutiles. Plus se<br />

multipliai<strong>en</strong>t les condamnations et les déf<strong>en</strong>ses,<br />

plus on se montrait désireux <strong>de</strong> connaître<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Tous ceux qui<br />

savai<strong>en</strong>t lire voulai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faire une étu<strong>de</strong><br />

personnelle. On la portait avec soi, on la lisait, on<br />

la relisait et on ne se donnait aucun repos avant<br />

d’<strong>en</strong> avoir appris par coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> portions<br />

considérables. En voyant la faveur avec laquelle le<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t était accueilli, Luther se mit<br />

aussitôt <strong>en</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> traduire aussi l’Anci<strong>en</strong><br />

343


Testam<strong>en</strong>t, qu’il publia par fragm<strong>en</strong>ts.<br />

Ses ouvrages recevai<strong>en</strong>t un accueil empressé<br />

dans les villes et dans les villages. « Ce que Luther<br />

et ses amis composai<strong>en</strong>t, d’autres le répandai<strong>en</strong>t.<br />

Des moines, convaincus <strong>de</strong> l’illégalité <strong><strong>de</strong>s</strong> li<strong>en</strong>s<br />

monastiques, désireux <strong>de</strong> faire succé<strong>de</strong>r une vie<br />

active à leur longue paresse, mais trop ignorants<br />

pour annoncer eux-mêmes la Parole <strong>de</strong> Dieu,<br />

parcourai<strong>en</strong>t les provinces, les hameaux, les<br />

chaumières <strong>en</strong> v<strong>en</strong>dant les livres <strong>de</strong> Luther et <strong>de</strong><br />

ses amis. L’Allemagne fut bi<strong>en</strong>tôt couverte <strong>de</strong> ces<br />

hardis colporteurs. »<br />

Ces écrits étai<strong>en</strong>t étudiés avec avidité par riches<br />

et pauvres, savants et ignorants. <strong>Le</strong> soir, les<br />

instituteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles <strong>de</strong> village les lisai<strong>en</strong>t à haute<br />

voix aux groupes att<strong>en</strong>tifs qui se réunissai<strong>en</strong>t au<br />

coin du feu. Partout <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes étai<strong>en</strong>t gagnées à la<br />

vérité et s’empressai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la communiquer à<br />

d’autres.<br />

Ainsi se justifiai<strong>en</strong>t ces paroles inspirées : « <strong>La</strong><br />

révélation <strong>de</strong> tes paroles éclaire, elle donne <strong>de</strong><br />

344


l’intellig<strong>en</strong>ce aux simples. » ( Psaume 119.130 )<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures transformait complètem<strong>en</strong>t<br />

les esprits et les coeurs. <strong>La</strong> domination du pape<br />

avait t<strong>en</strong>u le peuple sous le joug <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />

l’ignorance et <strong>de</strong> la dégradation et l’avait asservi à<br />

l’observation superstitieuse d’un culte extérieur où<br />

le coeur et l’intellig<strong>en</strong>ce n’avai<strong>en</strong>t qu’une petite<br />

part. <strong>La</strong> prédication <strong>de</strong> Luther, <strong>en</strong> revanche, qui<br />

mettait <strong>en</strong> relief les vérités simples <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu, puis cette Parole elle-même placée <strong>en</strong>tre<br />

toutes les mains éveillai<strong>en</strong>t les facultés <strong>en</strong>gourdies,<br />

purifiai<strong>en</strong>t et <strong>en</strong>noblissai<strong>en</strong>t la nature spirituelle <strong>de</strong><br />

l’homme et communiquai<strong>en</strong>t à l’intellig<strong>en</strong>ce une<br />

force et une vigueur nouvelles.<br />

On pouvait voir <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> tous rangs<br />

qui, les Écritures <strong>en</strong> main, déf<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t les doctrines<br />

<strong>de</strong> la Réforme. <strong>Le</strong>s papistes, qui avai<strong>en</strong>t laissé aux<br />

prêtres et aux moines le monopole <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Bible, invitai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant ces <strong>de</strong>rniers à réfuter<br />

les nouveaux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Mais, ignorant les<br />

saintes Écritures et la puissance <strong>de</strong> Dieu, le clergé<br />

et les religieux étai<strong>en</strong>t réduits au sil<strong>en</strong>ce par ceux<br />

qu’ils taxai<strong>en</strong>t d’ignorance et d’hérésie. «<br />

345


Malheureusem<strong>en</strong>t, disait un auteur catholique,<br />

Luther avait persuadé les si<strong>en</strong>s qu’il ne fallait<br />

ajouter foi qu’aux oracles <strong><strong>de</strong>s</strong> livres saints. » Des<br />

foules se réunissai<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la vérité<br />

prés<strong>en</strong>tée par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes du commun peuple, et<br />

même pour les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre discuter avec <strong><strong>de</strong>s</strong> savants<br />

et d’éloqu<strong>en</strong>ts théologi<strong>en</strong>s. <strong>La</strong> honteuse ignorance<br />

<strong>de</strong> ces grands hommes était mise à nu par la<br />

réfutation <strong>de</strong> leurs argum<strong>en</strong>ts à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> simples<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Des ouvriers,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> soldats, <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants<br />

connaissai<strong>en</strong>t mieux les Écritures que les prêtres et<br />

les savants.<br />

<strong>Le</strong> contraste <strong>en</strong>tre les disciples <strong>de</strong> l’Évangile et<br />

les partisans <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions romaines n’était pas<br />

moins manifeste chez les savants que parmi le<br />

peuple. « En face <strong><strong>de</strong>s</strong> vieux souti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie, qui avai<strong>en</strong>t négligé la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

langues et la culture <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres (c’est l’un d’eux qui<br />

nous l’appr<strong>en</strong>d), se trouvait une jeunesse<br />

généreuse, adonnée à l’étu<strong>de</strong>, approfondissant les<br />

Écritures et se familiarisant avec les chefs-d’oeuvre<br />

<strong>de</strong> l’antiquité. Ces hommes, doués d’une vive<br />

346


intellig<strong>en</strong>ce, à l’âme élevée et au coeur intrépi<strong>de</strong>,<br />

acquir<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt <strong>de</strong> telles connaissances que <strong>de</strong><br />

longtemps nul ne put se mesurer avec eux.... Aussi,<br />

quand ces jeunes déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la Réforme se<br />

r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t dans quelque assemblée avec les<br />

docteurs <strong>de</strong> Rome, ils les attaquai<strong>en</strong>t avec une<br />

aisance et une assurance telles que ces hommes<br />

ignorants hésitai<strong>en</strong>t, se troublai<strong>en</strong>t et tombai<strong>en</strong>t aux<br />

yeux <strong>de</strong> tous dans un juste mépris. »<br />

Voyant leurs auditoires diminuer, les prêtres<br />

fir<strong>en</strong>t appel aux magistrats et usèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tous les<br />

moy<strong>en</strong>s à leur portée pour ram<strong>en</strong>er leurs ouailles.<br />

Mais le peuple avait trouvé dans les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

nouveaux la satisfaction <strong>de</strong> ses besoins spirituels;<br />

aussi se détournait-il <strong>de</strong> ceux qui l’avai<strong>en</strong>t si<br />

longtemps nourri <strong><strong>de</strong>s</strong> misérables alim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

superstition et <strong>de</strong> la tradition humaines.<br />

Quand les propagateurs <strong>de</strong> la vérité étai<strong>en</strong>t<br />

persécutés, ils suivai<strong>en</strong>t cet ordre du Christ : «<br />

Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez<br />

dans une autre. » ( Matthieu 10.23 ) Ainsi, la<br />

lumière pénétrait <strong>en</strong> tous lieux, car les fugitifs<br />

347


voyai<strong>en</strong>t toujours s’ouvrir <strong>de</strong>vant eux quelque<br />

porte hospitalière. Durant leur séjour <strong>en</strong> un <strong>en</strong>droit,<br />

ils prêchai<strong>en</strong>t Jésus-Christ dans l’église; et, quand<br />

cette faveur leur était refusée, dans les maisons<br />

particulières ou <strong>en</strong> plein air. Tout lieu où ils<br />

pouvai<strong>en</strong>t réunir un auditoire <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait un temple.<br />

Proclamée avec une telle énergie, la vérité se<br />

répandait avec une irrésistible puissance.<br />

En vain, on faisait appel aux autorités<br />

ecclésiastiques et civiles pour écraser l’hérésie; <strong>en</strong><br />

vain, on avait recours à la prison, à la torture, au<br />

feu et à l’épée. Des milliers <strong>de</strong> croyants scellai<strong>en</strong>t<br />

leur foi <strong>de</strong> leur sang, néanmoins l’oeuvre<br />

progressait. <strong>La</strong> persécution contribuait à la<br />

diffusion <strong>de</strong> la vérité, et le fanatisme par lequel<br />

Satan avait t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> la corrompre, n’eut d’autre<br />

résultat que <strong>de</strong> faire éclater le contraste <strong>en</strong>tre<br />

l’oeuvre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>nemi et celle <strong>de</strong> Dieu.<br />

348


Chapitre 11<br />

<strong>La</strong> protestation <strong><strong>de</strong>s</strong> princes<br />

L’une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus nobles manifestations <strong>en</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> la Réforme fut la protestation <strong><strong>de</strong>s</strong> princes<br />

chréti<strong>en</strong>s d‘Allemagne à la diète <strong>de</strong> Spire, <strong>en</strong> 1529.<br />

<strong>Le</strong> courage, la foi et la fermeté <strong>de</strong> ces hommes <strong>de</strong><br />

Dieu ont assuré la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce aux siècles<br />

suivants. Cette protestation mémorable, dont les<br />

principes constitu<strong>en</strong>t « l’ess<strong>en</strong>ce même du<br />

protestantisme », donna son nom aux adhér<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

la Réforme dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier.<br />

Malgré l’édit <strong>de</strong> Worms déclarant Luther hors<br />

la loi et prohibant sa doctrine, le régime <strong>de</strong> la<br />

tolérance religieuse avait jusque-là prévalu dans<br />

l’empire. <strong>La</strong> divine Provid<strong>en</strong>ce avait t<strong>en</strong>u <strong>en</strong> échec<br />

les forces opposées à la vérité. Chaque fois que<br />

Charles Quint, bi<strong>en</strong> déterminé à étouffer la<br />

Réforme, ét<strong>en</strong>dait la main, le coup était détourné.<br />

À plusieurs reprises déjà, la perte <strong>de</strong> ceux qui<br />

osai<strong>en</strong>t résister à Rome avait paru immin<strong>en</strong>te;<br />

349


mais, au mom<strong>en</strong>t critique, une diversion surv<strong>en</strong>ait :<br />

ou bi<strong>en</strong> c’étai<strong>en</strong>t les armées turques qui faisai<strong>en</strong>t<br />

leur apparition sur la frontière ori<strong>en</strong>tale; ou bi<strong>en</strong><br />

c’étai<strong>en</strong>t le roi <strong>de</strong> France et le pape lui-même qui,<br />

jaloux <strong>de</strong> la puissance croissante <strong>de</strong> l’empereur, lui<br />

faisai<strong>en</strong>t la guerre. <strong>Le</strong>s luttes et les complications<br />

internationales donnai<strong>en</strong>t ainsi à la Réforme le<br />

temps <strong>de</strong> se consoli<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> s’ét<strong>en</strong>dre.<br />

<strong>Le</strong> mom<strong>en</strong>t vint pourtant où les rois catholiques<br />

s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t pour faire cause commune contre la<br />

Réforme. <strong>La</strong> première diète <strong>de</strong> Spire, <strong>en</strong> 1526,<br />

avait laissé à chaque état pleine liberté <strong>en</strong> matière<br />

religieuse jusqu’à la convocation d’un concile<br />

général. Mais dès que le danger qui lui avait<br />

arraché cette concession fut passé, l’empereur<br />

s’empressa <strong>de</strong> convoquer à Spire, <strong>en</strong> 1529, une<br />

secon<strong>de</strong> diète dont le but était d’extirper l’hérésie.<br />

Il fallait tâcher d’<strong>en</strong>gager les princes à se liguer à<br />

l’amiable pour étouffer l’hérésie; si ce plan<br />

échouait, Charles Quint était prêt à tirer l’épée.<br />

Gran<strong>de</strong> était la joie <strong><strong>de</strong>s</strong> partisans <strong>de</strong> Rome. Ils<br />

vinr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grand nombre à Spire <strong>en</strong> 1529,<br />

350


manifestant ouvertem<strong>en</strong>t leur hostilité contre les<br />

Réformés et leurs protecteurs. « Nous sommes<br />

l’exécration et la balayure du mon<strong>de</strong>, disait<br />

Mélanchthon, mais Jésus-Christ surveille Son<br />

pauvre peuple et le sauvera. « On alla jusqu’à<br />

déf<strong>en</strong>dre aux princes réformés prés<strong>en</strong>ts à la diète<br />

<strong>de</strong> faire prêcher l’Évangile dans leur domicile<br />

particulier. Mais la population <strong>de</strong> Spire avait soif<br />

d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la Parole <strong>de</strong> Dieu et, <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> cette<br />

interdiction, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’auditeurs accourai<strong>en</strong>t<br />

aux services qui avai<strong>en</strong>t lieu dans la chapelle <strong>de</strong><br />

l’électeur <strong>de</strong> Saxe.<br />

Cela suffit pour précipiter la crise. Un message<br />

impérial annonça à la diète que la résolution<br />

assurant la liberté religieuse ayant été l’occasion <strong>de</strong><br />

grands désordres, l’empereur <strong>en</strong> exigeait<br />

l’annulation. Cet acte arbitraire jeta l’indignation et<br />

l’alarme parmi les princes évangéliques. L’un<br />

d’eux s’écria : « <strong>Le</strong> Christ est <strong>de</strong> nouveau tombé<br />

<strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Caïphe et <strong>de</strong> Pilate. » <strong>Le</strong> langage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> romanistes redoublait <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce. « <strong>Le</strong>s Turcs<br />

val<strong>en</strong>t mieux que les Luthéri<strong>en</strong>s, disait Faber; car<br />

les Turcs observ<strong>en</strong>t les jeûnes et les Luthéri<strong>en</strong>s les<br />

351


viol<strong>en</strong>t. S’il faut choisir <strong>en</strong>tre les saintes Écritures<br />

<strong>de</strong> Dieu et les vieilles erreurs <strong>de</strong> l’Église, ce sont<br />

les premières qu’il faut rejeter. » « Chaque jour, <strong>en</strong><br />

pleine assemblée, écrivait Mélanchthon, Faber<br />

nous lance quelque nouveau projectile. »<br />

<strong>La</strong> tolérance religieuse avait été légalem<strong>en</strong>t<br />

reconnue, les États évangéliques étai<strong>en</strong>t résolus à<br />

déf<strong>en</strong>dre leurs droits. Luther, qui se trouvait <strong>en</strong>core<br />

sous le coup <strong>de</strong> l’édit <strong>de</strong> Worms, ne put paraître à<br />

Spire; mais il y était remplacé par ses<br />

collaborateurs et par <strong><strong>de</strong>s</strong> princes que Dieu avait<br />

suscités pour sout<strong>en</strong>ir sa cause <strong>en</strong> cette occurr<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>Le</strong> noble Frédéric <strong>de</strong> Saxe, protecteur <strong>de</strong> Luther,<br />

était mort; mais le duc Jean, son frère et<br />

successeur, avait joyeusem<strong>en</strong>t accueilli la Réforme;<br />

et, bi<strong>en</strong> que pacifique, il déployait une gran<strong>de</strong><br />

énergie et un grand courage quand il s’agissait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intérêts <strong>de</strong> la foi.<br />

<strong>Le</strong>s prélats exigeai<strong>en</strong>t que les États réformés se<br />

soumiss<strong>en</strong>t implicitem<strong>en</strong>t à la juridiction romaine.<br />

Quant aux réformateurs, ils se réclamai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

liberté qui leur avait été octroyée. Ils ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

352


admettre que les États qui avai<strong>en</strong>t embrassé la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu avec <strong>en</strong>thousiasme fuss<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

nouveau placés sous le joug <strong>de</strong> Rome.<br />

On finit par proposer le compromis suivant : là<br />

où la Réforme n’avait pas été établie, l’édit <strong>de</strong><br />

Worms <strong>de</strong>vait être rigoureusem<strong>en</strong>t appliqué; mais<br />

« là où l’on ne pourrait l’imposer sans risque <strong>de</strong><br />

révolte, on ne <strong>de</strong>vait introduire aucune réforme, ni<br />

toucher à aucun point controversé; la célébration <strong>de</strong><br />

la messe <strong>de</strong>vait être tolérée, mais on ne permettrait<br />

à aucun catholique d’embrasser le luthéranisme ".<br />

Ces mesures fur<strong>en</strong>t adoptées par la diète à la<br />

gran<strong>de</strong> satisfaction du clergé catholique.<br />

Si cet édit était <strong>en</strong>tré <strong>en</strong> vigueur, « la Réforme<br />

n’eût pu ni s’établir dans les lieux où elle n’avait<br />

pas <strong>en</strong>core pénétré, ni s’édifier sur <strong>de</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts dans ceux où elle existait déjà; la<br />

restauration <strong>de</strong> la hiérarchie romaine... y eût<br />

infailliblem<strong>en</strong>t ram<strong>en</strong>é les anci<strong>en</strong>s abus. <strong>La</strong><br />

moindre infraction faite à une ordonnance aussi<br />

vexatoire eût fourni aux papistes un prétexte pour<br />

achever <strong>de</strong> détruire une oeuvre déjà fortem<strong>en</strong>t<br />

353


ébranlée. <strong>La</strong> liberté <strong>de</strong> la parole eût été supprimée.<br />

Toute conversion nouvelle allait <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un crime.<br />

Et l’on <strong>de</strong>mandait aux amis <strong>de</strong> la Réforme <strong>de</strong><br />

souscrire immédiatem<strong>en</strong>t à toutes ces restrictions et<br />

prohibitions. » <strong>Le</strong>s espérances du mon<strong>de</strong><br />

semblai<strong>en</strong>t être sur le point <strong>de</strong> s’écrouler.<br />

Réunis <strong>en</strong> consultation, les membres du parti<br />

évangélique se regardai<strong>en</strong>t avec stupeur. Ils se<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t, l’un à l’autre : « Que faire? » De très<br />

graves intérêts étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> jeu pour le mon<strong>de</strong>. « <strong>Le</strong>s<br />

chefs <strong>de</strong> la Réforme se soumettront-ils?<br />

Accepteront-ils cet édit? Il serait facile, à cette<br />

heure <strong>de</strong> crise, <strong>de</strong> faire un faux pas. Que <strong>de</strong> bonnes<br />

raisons, que <strong>de</strong> prétextes plausibles n’eût-on pas pu<br />

trouver pour se soumettre! On assurait aux princes<br />

luthéri<strong>en</strong>s le libre exercice <strong>de</strong> leur religion. <strong>Le</strong><br />

même droit était accordé à tous ceux <strong>de</strong> leurs sujets<br />

qui avai<strong>en</strong>t adopté la Réforme avant l’édit. Cela ne<br />

<strong>de</strong>vait-il pas les satisfaire? Combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> périls la<br />

soumission n’épargnerait-elle pas? En revanche, à<br />

quels dangers et à quels hasards la résistance ne<br />

<strong>de</strong>vait-elle pas les exposer! Qui sait les avantages<br />

que l’av<strong>en</strong>ir peut nous apporter? Acceptons la paix;<br />

354


emparons-nous du rameau d’olivier que Rome<br />

nous t<strong>en</strong>d; et pansons ainsi les plaies <strong>de</strong><br />

l’Allemagne. C’est par <strong>de</strong> semblables<br />

raisonnem<strong>en</strong>ts que les réformateurs euss<strong>en</strong>t pu<br />

justifier une ligne <strong>de</strong> conduite qui eût assuré, à<br />

brève échéance, la ruine <strong>de</strong> la cause protestante.<br />

« Fort heureusem<strong>en</strong>t, ils ne perdir<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> vue<br />

le principe mis à la base <strong>de</strong> l’accord proposé. Quel<br />

était ce principe? C’était, pour Rome, le droit <strong>de</strong><br />

contraindre les consci<strong>en</strong>ces et d’interdire le libre<br />

exam<strong>en</strong>. <strong>La</strong> liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce était bi<strong>en</strong> assurée<br />

aux princes réformés et à leurs sujets, mais comme<br />

une faveur spéciale et non pas comme un droit. À<br />

part ceux qui étai<strong>en</strong>t compris dans cette exception,<br />

tous restai<strong>en</strong>t sous le joug <strong>de</strong> l’autorité; Rome<br />

continuait à être le juge infaillible <strong>de</strong> la foi. <strong>La</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce était éliminée. Accepter le compromis<br />

proposé, c’était admettre que la liberté <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce n’était légitime que dans la Saxe<br />

réformée et que, pour le reste <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, le<br />

libre exam<strong>en</strong> et la profession <strong>de</strong> la foi réformée<br />

étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes dignes <strong>de</strong> la prison et du bûcher.<br />

Pouvait-on donner <strong><strong>de</strong>s</strong> limites géographiques à la<br />

355


liberté religieuse? Allait-on admettre que la<br />

Réforme avait fait son <strong>de</strong>rnier converti, qu’elle<br />

avait conquis son <strong>de</strong>rnier arp<strong>en</strong>t, et que, partout<br />

ailleurs, l’empire <strong>de</strong> Rome <strong>de</strong>vait être éternel? <strong>Le</strong>s<br />

réformateurs allai<strong>en</strong>t-ils <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir complices <strong>de</strong> la<br />

mort <strong>de</strong> c<strong>en</strong>taines et <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s qui, au<br />

terme <strong>de</strong> cette conv<strong>en</strong>tion, <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être immolés<br />

dans tous les pays soumis à l’Église romaine?<br />

Allai<strong>en</strong>t-ils, à cette heure suprême, trahir la cause<br />

<strong>de</strong> l’Évangile et les libertés <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té? »<br />

(Wylie, liv. IX, chap. xv.) « Non! Plutôt tout<br />

<strong>en</strong>durer, tout sacrifier, jusqu’à leurs États, leur<br />

couronne et leur vie! »<br />

« Rejetons cet arrêté, dir<strong>en</strong>t les princes; dans<br />

les questions <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, la majorité n’a aucun<br />

pouvoir. » « C’est au décret <strong>de</strong> 1526, ajoutèr<strong>en</strong>t les<br />

villes, que l’on doit la paix dont jouit l’empire;<br />

l’abolir, c’est jeter l’Allemagne dans le trouble et la<br />

division. Jusqu’au concile, la diète n’a d’autre<br />

compét<strong>en</strong>ce que <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir la liberté religieuse. «<br />

Protéger la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, voilà le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong><br />

l’État et la limite <strong>de</strong> son autorité <strong>en</strong> matière<br />

religieuse. Tout gouvernem<strong>en</strong>t civil qui,<br />

356


aujourd’hui, t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> régler ou d’imposer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observances religieuses abolit le principe pour<br />

lequel les chréti<strong>en</strong>s évangéliques ont si noblem<strong>en</strong>t<br />

combattu.<br />

Déterminés à briser ce qu’ils appelai<strong>en</strong>t « une<br />

audacieuse opiniâtreté », les papistes<br />

comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t par semer la division parmi les<br />

partisans <strong>de</strong> la Réforme, <strong>en</strong> intimidant ceux qui ne<br />

s’étai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core ouvertem<strong>en</strong>t déclarés <strong>en</strong> sa<br />

faveur. <strong>Le</strong>s représ<strong>en</strong>tants <strong><strong>de</strong>s</strong> villes libres, appelés à<br />

comparaître <strong>de</strong>vant la diète, et mis <strong>en</strong> <strong>de</strong>meure <strong>de</strong><br />

déclarer s’ils acceptai<strong>en</strong>t les termes <strong>de</strong> l’arrêt,<br />

<strong>de</strong>mandèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain un délai. <strong>Le</strong> vote prouva que<br />

près <strong>de</strong> la moitié d’<strong>en</strong>tre eux étai<strong>en</strong>t pour la<br />

Réforme. Ceux qui se refusai<strong>en</strong>t ainsi à sacrifier la<br />

liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce et les droits du libre-exam<strong>en</strong><br />

ne se dissimulai<strong>en</strong>t pas qu’ils s’exposai<strong>en</strong>t aux<br />

critiques, à la condamnation et à la persécution. « Il<br />

faudra, dit l’un d’eux, ou r<strong>en</strong>ier la Parole <strong>de</strong> Dieu,<br />

ou... être brûlés. »<br />

<strong>Le</strong> roi Ferdinand, représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> l’empereur à<br />

la diète, comprit que, s’il ne réussissait pas à<br />

357


am<strong>en</strong>er les princes à accepter et à sout<strong>en</strong>ir le<br />

décret, celui-ci occasionnerait <strong>de</strong> sérieuses<br />

divisions. Et se doutant bi<strong>en</strong> qu’user <strong>de</strong> la<br />

contrainte avec <strong>de</strong> tels hommes, c’était les r<strong>en</strong>dre<br />

plus déterminés <strong>en</strong>core, il t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> les persua<strong>de</strong>r, et<br />

« supplia les princes d’accepter le décret, les<br />

assurant que l’empereur leur <strong>en</strong> saurait un gré<br />

infini ». Ces hommes courageux, s’inclinant <strong>de</strong>vant<br />

une autorité supérieure à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> rois <strong>de</strong> la terre,<br />

répondir<strong>en</strong>t avec calme : « Nous obéirons à<br />

l’empereur dans tout ce qui peut contribuer au<br />

mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> la paix et à l’honneur <strong>de</strong> Dieu. »<br />

Sans t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> cette déclaration, le roi<br />

annonça <strong>en</strong>fin, <strong>en</strong> pleine diète, « que l’édit allait<br />

être rédigé sous forme <strong>de</strong> décret impérial ». Puis il<br />

annonça à l’électeur <strong>de</strong> Saxe et à ses amis qu’ « il<br />

ne leur restait plus qu’à se soumettre à la majorité<br />

». Cela dit, il se retira <strong>de</strong> l’assemblée, sans donner<br />

aux réformateurs l’occasion <strong>de</strong> lui répondre. En<br />

vain, ils lui <strong>en</strong>voyèr<strong>en</strong>t une députation pour le prier<br />

<strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir. « C’est une affaire réglée, répondit le<br />

roi, il n’y a plus qu’à se soumettre. »<br />

358


Bi<strong>en</strong> que le parti impérial sût que les princes<br />

chréti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t déterminés à considérer les saintes<br />

Écritures comme supérieures aux doctrines et aux<br />

lois humaines, et que là où ce principe était<br />

reconnu l’autorité du pape serait tôt ou tard abolie,<br />

il croyait que la cause <strong>de</strong> l’empereur et du pape<br />

était la plus forte. Si les réformateurs avai<strong>en</strong>t<br />

compté sur le seul secours <strong>de</strong> l’homme, ils euss<strong>en</strong>t<br />

été aussi impuissants que les partisans du pape le<br />

supposai<strong>en</strong>t. Mais leur force allait se révéler. Ils <strong>en</strong><br />

appelèr<strong>en</strong>t « du décret <strong>de</strong> la diète à la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu, et <strong>de</strong> l’empereur Charles à Jésus-Christ, le<br />

Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et le Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> seigneurs ».<br />

Sans t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Ferdinand<br />

qui n’avait pas respecté leur liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce,<br />

ils rédigèr<strong>en</strong>t et prés<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t sans délai <strong>de</strong>vant<br />

l’assemblée nationale la sol<strong>en</strong>nelle déclaration<br />

suivante :<br />

« Nous PROTESTONS par les prés<strong>en</strong>tes,<br />

<strong>de</strong>vant Dieu, notre unique Créateur, Conservateur,<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur et Sauveur, qui un jour sera notre<br />

Juge, ainsi que <strong>de</strong>vant tous les hommes et toutes<br />

359


les créatures, que, pour nous et pour les nôtres,<br />

nous ne cons<strong>en</strong>tons ni n’adhérons <strong>en</strong> aucune<br />

manière au décret proposé, dans la mesure où il est<br />

contraire à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne<br />

consci<strong>en</strong>ce et au salut <strong>de</strong> nos âmes. Quoi! nous<br />

déclarerions, <strong>en</strong> adhérant à cet édit, que si le Dieu<br />

tout-puissant appelle un homme à sa connaissance,<br />

cet homme n’est pas libre <strong>de</strong> la recevoir!... »<br />

Ils ajoutai<strong>en</strong>t: « Il n’est <strong>de</strong> doctrine certaine que<br />

celle qui est conforme à la Parole <strong>de</strong> Dieu;... le<br />

Seigneur déf<strong>en</strong>d d’<strong>en</strong> <strong>en</strong>seigner une autre;... chaque<br />

texte <strong>de</strong> la sainte Écriture <strong>de</strong>vant être expliqué par<br />

d’autres textes plus clairs, ce saint Livre est, dans<br />

toutes les choses nécessaires au chréti<strong>en</strong>, facile et<br />

propre à dissiper les ténèbres. Nous sommes donc<br />

résolus, avec la grâce <strong>de</strong> Dieu, à maint<strong>en</strong>ir la<br />

prédication pure et exclusive <strong>de</strong> sa seule Parole,<br />

telle qu’elle est cont<strong>en</strong>ue dans les livres bibliques<br />

<strong>de</strong> l’Anci<strong>en</strong> et du Nouveau Testam<strong>en</strong>t, sans ri<strong>en</strong><br />

ajouter qui lui soit contraire. Cette Parole est la<br />

seule vérité; elle est la norme assurée <strong>de</strong> toute<br />

doctrine et <strong>de</strong> toute vie, et ne peut jamais ni faillir<br />

ni se tromper. Celui qui bâtit sur ce fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

360


ésistera à toutes les puissances <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fer, tandis<br />

que toutes les vanités humaines qu’on lui oppose<br />

tomberont <strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> Dieu. …<br />

» Voilà pourquoi nous rejetons le joug qu’on<br />

nous impose... En même temps, nous nous flattons<br />

que sa Majesté impériale se comportera à notre<br />

égard comme un prince chréti<strong>en</strong> qui aime Dieu par<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

toutes choses; et nous nous déclarons prêts à<br />

lui r<strong>en</strong>dre, ainsi qu’à vous tous, gracieux seigneurs,<br />

toute l’affection et toute l’obéissance qui sont notre<br />

juste et légitime <strong>de</strong>voir. »<br />

Cette lecture produisit une vive impression sur<br />

la diète. <strong>La</strong> hardiesse <strong><strong>de</strong>s</strong> protestataires étonna et<br />

alarma la majorité. L’av<strong>en</strong>ir leur apparut sombre et<br />

orageux. <strong>Le</strong>s diss<strong>en</strong>sions, les conflits et l’effusion<br />

<strong>de</strong> sang paraissai<strong>en</strong>t inévitables. <strong>Le</strong>s réformateurs,<br />

au contraire, certains <strong>de</strong> la justice <strong>de</strong> leur cause, et<br />

se reposant sur le bras du Tout-Puissant, étai<strong>en</strong>t<br />

remplis d’un courage inébranlable.<br />

« <strong>Le</strong>s principes cont<strong>en</strong>us dans cette célèbre<br />

Protestation... constitu<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>ce même du<br />

361


protestantisme. Elle s’élève contre <strong>de</strong>ux abus <strong>de</strong><br />

l’homme dans les choses <strong>de</strong> la foi : l’intrusion du<br />

magistrat civil et l’autorité arbitraire du clergé. À la<br />

place <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux abus, le protestantisme établit, <strong>en</strong><br />

face du magistrat, le pouvoir <strong>de</strong> la consci<strong>en</strong>ce; et<br />

<strong>en</strong> face du clergé, l’autorité <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

D’abord, il récuse le pouvoir civil dans les choses<br />

divines et dit, comme les apôtres et les prophètes :<br />

Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Sans<br />

porter atteinte à la couronne <strong>de</strong> Charles Quint, il<br />

mainti<strong>en</strong>t la couronne <strong>de</strong> Jésus-Christ. Mais il va<br />

plus loin: il établit que tout <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t humain<br />

doit être subordonné aux oracles <strong>de</strong> Dieu. « <strong>Le</strong>s<br />

protestataires ne prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t pas seulem<strong>en</strong>t au<br />

droit <strong>de</strong> croire et <strong>de</strong> pratiquer leur foi, mais aussi à<br />

celui d’exprimer librem<strong>en</strong>t ce qu’ils estimai<strong>en</strong>t être<br />

la vérité; et ils contestai<strong>en</strong>t aux prêtres et aux<br />

magistrats le droit <strong>de</strong> les <strong>en</strong> priver. <strong>La</strong> protestation<br />

<strong>de</strong> Spire s’élevait sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t contre<br />

l’intolérance religieuse et affirmait<br />

catégoriquem<strong>en</strong>t le droit <strong>de</strong> tout homme à servir<br />

Dieu selon sa consci<strong>en</strong>ce.<br />

Cette déclaration, bi<strong>en</strong>tôt gravée dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

362


milliers <strong>de</strong> mémoires, fut <strong>en</strong>registrée dans les livres<br />

du ciel, d’où aucun effort humain ne pouvait<br />

l’effacer. Toute l’Allemagne évangélique adopta la<br />

protestation comme l’expression <strong>de</strong> sa foi. Dans ce<br />

manifeste, chacun voyait le présage d’une ère<br />

nouvelle et meilleure. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> princes dit aux<br />

signataires <strong>de</strong> Spire : « Que le Dieu tout-puissant<br />

qui vous a fait la grâce <strong>de</strong> le confesser<br />

publiquem<strong>en</strong>t, librem<strong>en</strong>t et sans aucune crainte<br />

vous conserve dans cette fermeté chréti<strong>en</strong>ne<br />

jusqu’au jour <strong>de</strong> l’éternité. »<br />

Si, après avoir obt<strong>en</strong>u un certain succès, la<br />

Réforme avait cons<strong>en</strong>ti à temporiser pour obt<strong>en</strong>ir la<br />

faveur du mon<strong>de</strong>, elle eût été infidèle à Dieu et à<br />

elle-même, et eût ainsi préparé sa ruine. L’histoire<br />

<strong>de</strong> ces nobles réformateurs conti<strong>en</strong>t un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour tous les siècles à v<strong>en</strong>ir. <strong>La</strong><br />

tactique <strong>de</strong> Satan contre Dieu et contre Sa Parole<br />

n’a pas changé; il est tout aussi opposé aujourd’hui<br />

qu’au seizième siècle à ce que la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

soit la règle <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la vie. Il existe, <strong>de</strong> nos<br />

jours, une forte t<strong>en</strong>dance à s’éloigner <strong>de</strong> la saine<br />

doctrine; il est donc nécessaire <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir au grand<br />

363


principe protestant : les Écritures seule règle <strong>de</strong> la<br />

foi et <strong>de</strong> la vie. <strong>La</strong> puissance antichréti<strong>en</strong>ne rejetée<br />

par les protestataires <strong>de</strong> Spire travaille avec une<br />

énergie accrue à reconquérir sa suprématie perdue.<br />

Un attachem<strong>en</strong>t indéfectible à la Parole <strong>de</strong> Dieu, tel<br />

celui dont fir<strong>en</strong>t preuve les réformateurs, est, à<br />

cette heure <strong>de</strong> crise, la seule espérance <strong>de</strong> toute<br />

oeuvre <strong>de</strong> réforme.<br />

Divers indices faisai<strong>en</strong>t craindre pour la<br />

sécurité <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants; certains faits, <strong>en</strong> revanche,<br />

montrai<strong>en</strong>t que la main <strong>de</strong> Dieu était prête à les<br />

protéger. Vers ce temps-là, « Mélanchthon<br />

conduisait précipitamm<strong>en</strong>t vers le Rhin, à travers<br />

les rues <strong>de</strong> Spire, son ami Simon Grynéus, le<br />

pressant <strong>de</strong> traverser le fleuve. Comme celui-ci<br />

s’étonnait d’une telle hâte, Mélanchthon lui dit :<br />

'Un vieillard d’une appar<strong>en</strong>ce grave et sol<strong>en</strong>nelle,<br />

mais qui m’est inconnu, vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> se prés<strong>en</strong>ter à moi<br />

et m’a dit : Dans un instant, <strong><strong>de</strong>s</strong> archers, <strong>en</strong>voyés<br />

par Ferdinand, vont arrêter Simon Grynéus.' »<br />

Ce même jour, Grynéus, scandalisé par un<br />

sermon <strong>de</strong> Faber, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux docteurs<br />

364


catholiques, s’était r<strong>en</strong>du chez lui et l’avait supplié<br />

<strong>de</strong> ne plus faire la guerre à la vérité. Faber avait<br />

dissimulé sa colère, mais s’était aussitôt r<strong>en</strong>du chez<br />

le roi et il avait obt<strong>en</strong>u <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres contre l’importun<br />

professeur <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>lberg. Mélanchthon ne doutait<br />

pas que Dieu avait sauvé son ami par l’<strong>en</strong>voi d’un<br />

<strong>de</strong> ses saints anges. « Immobile au bord du Rhin, il<br />

att<strong>en</strong>dait que les eaux du fleuve euss<strong>en</strong>t dérobé<br />

Grynéus à ses persécuteurs. Enfin, s’écria-t-il, <strong>en</strong> le<br />

voyant sur l’autre bord, le voilà arraché aux d<strong>en</strong>ts<br />

cruelles <strong>de</strong> ceux qui boiv<strong>en</strong>t le sang innoc<strong>en</strong>t. » De<br />

retour dans sa maison, Mélanchthon apprit que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

archers v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fouiller sa <strong>de</strong>meure, à la<br />

recherche <strong>de</strong> Grynéus.<br />

<strong>La</strong> Réforme <strong>de</strong>vait, d’une manière plus<br />

pressante <strong>en</strong>core, s’imposer à l’att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> grands<br />

<strong>de</strong> la terre. <strong>Le</strong> roi Ferdinand ayant refusé une<br />

audi<strong>en</strong>ce aux princes évangéliques, ces <strong>de</strong>rniers<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t avoir l’occasion <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter leur cause<br />

<strong>de</strong>vant l’empereur et les dignitaires <strong>de</strong> l’Église et<br />

<strong>de</strong> l’État réunis. Pour apaiser les diss<strong>en</strong>sions qui<br />

troublai<strong>en</strong>t l’empire un an après la protestation <strong>de</strong><br />

Spire, Charles Quint convoqua à Augsbourg une<br />

365


diète qu’il voulut prési<strong>de</strong>r <strong>en</strong> personne. <strong>Le</strong>s chefs<br />

protestants y fur<strong>en</strong>t convoqués.<br />

De grands dangers m<strong>en</strong>açai<strong>en</strong>t la Réforme,<br />

mais ses amis et ses déf<strong>en</strong>seurs remettai<strong>en</strong>t leur<br />

cause <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Dieu et s'<strong>en</strong>gageai<strong>en</strong>t à<br />

t<strong>en</strong>ir ferme pour l’Évangile. L’<strong>en</strong>tourage <strong>de</strong><br />

l’électeur <strong>de</strong> Saxe lui conseillait <strong>de</strong> ne pas s’y<br />

r<strong>en</strong>dre. L’empereur, lui disait-on, convoque les<br />

princes pour leur t<strong>en</strong>dre un piège. « N’est-ce pas<br />

courir un trop grand risque, disai<strong>en</strong>t-ils, que d’aller<br />

s’<strong>en</strong>fermer dans les murs d’une ville avec un<br />

puissant <strong>en</strong>nemi? » D’autres lui disai<strong>en</strong>t, pleins<br />

d’une noble confiance : « Que les princes se<br />

comport<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t avec courage, et la cause <strong>de</strong><br />

Dieu sera sauvée! » « Dieu est fidèle, et il ne nous<br />

abandonnera pas », disait Luther. Accompagné <strong>de</strong><br />

sa suite, l’électeur se mit <strong>en</strong> route pour Augsbourg.<br />

Tous connaissai<strong>en</strong>t le péril que courait ce prince, et<br />

beaucoup se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à la diète le coeur troublé<br />

par <strong>de</strong> sombres press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Mais Luther, qui<br />

les accompagna jusqu’à Cobourg, ranima leur foi<br />

par le chant du fameux cantique : « C’est un<br />

rempart que notre Dieu », écrit <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> route.<br />

366


Maint lugubre présage fut dissipé, et maint coeur<br />

accablé fut soulagé à l’ouïe <strong>de</strong> ces strophes<br />

immortelles.<br />

<strong>Le</strong>s princes réformés avai<strong>en</strong>t décidé <strong>de</strong><br />

prés<strong>en</strong>ter à la diète un exposé systématique <strong>de</strong> leur<br />

foi, avec les passages <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures à<br />

l’appui. Cette confession, rédigée par Luther,<br />

Mélanchthon et leurs collaborateurs, fut adoptée<br />

comme l’exposé <strong>de</strong> leurs convictions religieuses<br />

par les protestants réunis, qui apposèr<strong>en</strong>t leurs<br />

signatures sur cet important docum<strong>en</strong>t. C’était un<br />

mom<strong>en</strong>t sol<strong>en</strong>nel et critique. <strong>Le</strong>s réformateurs<br />

désirai<strong>en</strong>t surtout ne pas mêler leur cause à la<br />

politique. Ils étai<strong>en</strong>t convaincus que la Réforme ne<br />

<strong>de</strong>vait pas exercer d’influ<strong>en</strong>ce étrangère à celle <strong>de</strong><br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Aussi, comme les princes s’avançai<strong>en</strong>t pour<br />

signer la confession, Mélanchthon s’interposa <strong>en</strong><br />

disant : « Ceci regar<strong>de</strong> les théologi<strong>en</strong>s et les<br />

ministres; réservons d’autres questions à l’autorité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> grands <strong>de</strong> la terre. À Dieu ne plaise que vous<br />

m’excluiez! rétorqua l’électeur Jean <strong>de</strong> Saxe; je<br />

367


suis prêt à faire mon <strong>de</strong>voir sans m’inquiéter <strong>de</strong> ma<br />

couronne; je veux confesser le Seigneur. Mon<br />

chapeau électoral et mon hermine ne val<strong>en</strong>t pas<br />

pour moi la croix <strong>de</strong> Jésus-Christ. Je laisserai sur la<br />

terre ces insignes <strong>de</strong> ma gran<strong>de</strong>ur, mais la croix <strong>de</strong><br />

mon Maître m’accompagnera jusqu’aux étoiles! »<br />

Cela dit, il apposa sa signature. Un autre dit : « Si<br />

l’honneur <strong>de</strong> Jésus-Christ, mon Seigneur, le<br />

requiert, je suis prêt à laisser <strong>de</strong>rrière moi mes<br />

bi<strong>en</strong>s et ma vie.... Plutôt r<strong>en</strong>oncer à mes sujets et à<br />

mes États, plutôt partir du pays <strong>de</strong> mes pères un<br />

bâton à la main, plutôt gagner ma vie <strong>en</strong> ôtant la<br />

poussière <strong><strong>de</strong>s</strong> souliers <strong>de</strong> l’étranger, que <strong>de</strong><br />

recevoir une doctrine différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> celle qui est<br />

cont<strong>en</strong>ue dans cette confession! » Telles étai<strong>en</strong>t la<br />

foi et l’intrépidité <strong>de</strong> ces hommes <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong> mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> comparaître <strong>de</strong>vant l’empereur<br />

arriva <strong>en</strong>fin. Charles Quint, assis sur son trône, et<br />

<strong>en</strong>touré <strong><strong>de</strong>s</strong> électeurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> princes, accorda<br />

audi<strong>en</strong>ce aux réformateurs protestants. Ces <strong>de</strong>rniers<br />

donnèr<strong>en</strong>t lecture <strong>de</strong> leur confession <strong>de</strong> foi.<br />

L’auguste assemblée <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit un clair exposé <strong>de</strong> la<br />

vérité évangélique et l’énumération <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs <strong>de</strong><br />

368


l’Église papale. C’est à juste titre que l’on a appelé<br />

cette journée, « le plus grand jour <strong>de</strong> la Réforme, et<br />

l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus beaux <strong>de</strong> l’histoire du christianisme et<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’humanité ».<br />

Quelques courtes années seulem<strong>en</strong>t s’étai<strong>en</strong>t<br />

écoulées <strong>de</strong>puis que le moine <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg avait<br />

dû se prés<strong>en</strong>ter seul <strong>de</strong>vant la diète <strong>de</strong> Worms.<br />

Maint<strong>en</strong>ant, à sa place, comparaissai<strong>en</strong>t les princes<br />

les plus nobles et les plus puissants <strong>de</strong> l’empire.<br />

Luther n’avait pas été autorisé à se r<strong>en</strong>dre à<br />

Augsbourg, mais il s’y trouvait par ses prières et<br />

par ses paroles : « Je tressaille <strong>de</strong> joie, disait-il, <strong>de</strong><br />

ce qu’il m’est donné <strong>de</strong> vivre à une époque où<br />

Jésus-Christ est publiquem<strong>en</strong>t exalté par <strong>de</strong> si<br />

illustres confesseurs, et dans une si glorieuse<br />

assemblée. » Ainsi s’accomplit cette déclaration <strong>de</strong><br />

l’Écriture : « Je parlerai <strong>de</strong> tes préceptes <strong>de</strong>vant les<br />

rois, et je ne rougirai point. » ( Psaume 119.46 )<br />

Au temps <strong>de</strong> l’apôtre Paul, et grâce à sa<br />

captivité, l’Évangile avait été porté dans la ville<br />

impériale et jusqu’à la cour. De même, <strong>en</strong> ce jour<br />

mémorable, le message que l’empereur avait<br />

369


déf<strong>en</strong>du <strong>de</strong> prêcher du haut <strong>de</strong> la chaire était<br />

annoncé dans son palais. <strong>Le</strong>s paroles que plusieurs<br />

avai<strong>en</strong>t considérées comme malséantes <strong>de</strong>vant les<br />

serviteurs, étai<strong>en</strong>t écoutées avec étonnem<strong>en</strong>t par les<br />

maîtres <strong>de</strong> la terre. Rois et grands seigneurs<br />

formai<strong>en</strong>t l’auditoire; <strong><strong>de</strong>s</strong> princes couronnés<br />

jouai<strong>en</strong>t le rôle <strong>de</strong> prédicateurs, et le sermon était<br />

consacré à la vie éternelle. « Depuis le temps <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

apôtres, disait-on, il n’a pas eu d’oeuvre plus<br />

gran<strong>de</strong>, ni <strong>de</strong> confession plus magnifique. »<br />

« Tout ce que les Luthéri<strong>en</strong>s ont dit est vrai,<br />

s’écriait l’évêque d’Augsbourg; nous ne pouvons le<br />

nier. » « Pouvez-vous, avec <strong>de</strong> bonnes raisons,<br />

réfuter la confession <strong>de</strong> foi établie par l’électeur et<br />

ses alliés? <strong>de</strong>mandait-on au docteur Eck.. Avec les<br />

écrits <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres et <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes, non...; mais<br />

avec ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères et <strong><strong>de</strong>s</strong> conciles, oui! Je<br />

compr<strong>en</strong>ds, reprit vivem<strong>en</strong>t son interlocuteur; selon<br />

vous, les luthéri<strong>en</strong>s sont dans l’Écriture, et nous <strong>en</strong><br />

<strong>de</strong>hors. »<br />

Quelques princes allemands fur<strong>en</strong>t gagnés à la<br />

foi réformée. L’empereur lui-même déclara que les<br />

370


articles protestants exprimai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t la<br />

vérité. <strong>La</strong> confession fut traduite <strong>en</strong> plusieurs<br />

langues et répandue dans toute l’Europe; elle a été,<br />

<strong>de</strong>puis, et jusqu’à nos jours, acceptée comme<br />

l’expression <strong>de</strong> leur foi par <strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong><br />

croyants.<br />

<strong>Le</strong>s fidèles serviteurs <strong>de</strong> Dieu ne travaillai<strong>en</strong>t<br />

pas seuls. Alors que les « dominations, les<br />

autorités, les princes <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> ténèbres et les<br />

esprits méchants dans les lieux célestes » se<br />

liguai<strong>en</strong>t contre eux, le Seigneur ne les oubliait pas.<br />

Si leurs yeux avai<strong>en</strong>t été ouverts, ils aurai<strong>en</strong>t vu, <strong>de</strong><br />

même que le prophète Élisée, <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves<br />

manifestes <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce et du secours <strong>de</strong> Dieu.<br />

Quand son serviteur lui montrait les armées<br />

<strong>en</strong>nemies qui les <strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t et r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t inutile<br />

toute t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> fuite, le prophète, s’adressant à<br />

Dieu, avait prié : « Éternel, ouvre ses yeux, pour<br />

qu’il voie. » ( 2 Rois 6.17 ) Et voici, la montagne<br />

était « pleine <strong>de</strong> chevaux et <strong>de</strong> chars <strong>de</strong> feu » tout<br />

autour d’Élisée. <strong>Le</strong>s cohortes célestes étai<strong>en</strong>t là<br />

pour protéger l’homme <strong>de</strong> Dieu. C’est ainsi que les<br />

anges veillai<strong>en</strong>t sur les ouvriers <strong>de</strong> la Réforme.<br />

371


Luther avait pour principe <strong>de</strong> ne pas recourir à<br />

la puissance séculière ni aux armes pour déf<strong>en</strong>dre<br />

la cause <strong>de</strong> Dieu. Il se réjouissait <strong>de</strong> voir l’Évangile<br />

confessé par les princes <strong>de</strong> l’empire; mais quand<br />

ces <strong>de</strong>rniers proposèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faire une alliance<br />

déf<strong>en</strong>sive, il déclara que « la doctrine <strong>de</strong> l’Évangile<br />

<strong>de</strong>vait être déf<strong>en</strong>due par Dieu seul ». Il « croyait<br />

que moins les hommes s’<strong>en</strong> mêlerai<strong>en</strong>t, plus<br />

l’interv<strong>en</strong>tion divine serait éclatante ». Toutes les<br />

précautions humaines <strong>en</strong>visagées lui semblai<strong>en</strong>t<br />

dictées par un coupable manque <strong>de</strong> foi.<br />

Quand <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis puissants s’unissai<strong>en</strong>t pour<br />

r<strong>en</strong>verser la foi, quand <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’épées<br />

semblai<strong>en</strong>t prêtes à sortir du fourreau pour la faire<br />

disparaître, Luther écrivait : « Satan fait éclater sa<br />

fureur; <strong><strong>de</strong>s</strong> pontifes impies conspir<strong>en</strong>t; et l’on nous<br />

m<strong>en</strong>ace <strong>de</strong> la guerre. Exhortez le peuple à<br />

combattre vaillamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le trône du Seigneur<br />

par la foi et par la prière, afin que nos <strong>en</strong>nemis,<br />

vaincus par l’Esprit <strong>de</strong> Dieu, soi<strong>en</strong>t contraints à la<br />

paix. <strong>Le</strong> premier besoin, le premier travail, c’est la<br />

prière; que le peuple sache qu’il est maint<strong>en</strong>ant<br />

372


exposé aux tranchants <strong><strong>de</strong>s</strong> épées et aux fureurs du<br />

diable, et qu’il se mette à prier. »<br />

Plus tard <strong>en</strong>core, faisant allusion à l’alliance<br />

projetée par les États évangéliques, Luther disait<br />

que « l’épée <strong>de</strong> l’Esprit » était la seule arme qu’il<br />

fallait employer dans cette guerre. Il écrivait, à<br />

l’électeur <strong>de</strong> Saxe : « Nous ne pouvons <strong>en</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce approuver l’alliance qu’on nous<br />

propose. Plutôt mourir dix fois que <strong>de</strong> voir notre<br />

Évangile faire couler une seule goutte <strong>de</strong> sang!<br />

Nous <strong>de</strong>vons accepter d’être comme <strong><strong>de</strong>s</strong> brebis<br />

m<strong>en</strong>ées à la boucherie. <strong>La</strong> croix du Christ doit être<br />

portée. Que votre Altesse soit sans aucune crainte.<br />

Nous ferons plus par nos prières que nos <strong>en</strong>nemis<br />

par leurs fanfaronna<strong><strong>de</strong>s</strong>. Surtout, que vos mains ne<br />

se souill<strong>en</strong>t pas du sang <strong>de</strong> vos adversaires. Si<br />

l’empereur exige qu’on nous livre à ses tribunaux,<br />

nous sommes prêts à comparaître. Vous ne pouvez<br />

pas déf<strong>en</strong>dre notre foi. C’est à ses risques et périls<br />

que chacun doit croire. »<br />

<strong>La</strong> puissance qui ébranla le mon<strong>de</strong> au temps <strong>de</strong><br />

la Réforme prov<strong>en</strong>ait du sanctuaire <strong>de</strong> la prière.<br />

373


Dans une sainte assurance, les serviteurs <strong>de</strong> Dieu<br />

posèr<strong>en</strong>t leur pied sur le rocher <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses<br />

divines. P<strong>en</strong>dant la diète d’Augsbourg, Luther ne<br />

passa pas un jour sans consacrer à la prière trois<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> meilleures heures <strong>de</strong> la journée. Dans le secret<br />

<strong>de</strong> son cabinet <strong>de</strong> travail, il répandait son âme<br />

<strong>de</strong>vant Dieu <strong>en</strong> paroles pleines d’adoration mêlées<br />

d’expressions <strong>de</strong> crainte et d’espérance. « Je sais<br />

que tu es notre Père et notre Dieu », disait le<br />

réformateur, « et que tu dissiperas les persécuteurs<br />

<strong>de</strong> tes <strong>en</strong>fants; car tu es toi-même <strong>en</strong> danger avec<br />

nous. Toute cette affaire est la ti<strong>en</strong>ne, et ce n’est<br />

que contraints par toi que nous y avons mis la<br />

main. Déf<strong>en</strong>ds-nous donc, ô Père! »<br />

Il écrivait à Mélanchthon, que rongeait<br />

l’inquiétu<strong>de</strong> : « Grâce et paix par Jésus-Christ! Par<br />

Jésus-Christ, dis-je, et non par le mon<strong>de</strong>! Am<strong>en</strong>. Je<br />

hais d’une haine véhém<strong>en</strong>te ces soucis extrêmes<br />

qui te consum<strong>en</strong>t. Si la cause est injuste,<br />

abandonnons-la; si elle est juste, pourquoi ferionsnous<br />

m<strong>en</strong>tir les promesses <strong>de</strong> celui qui nous<br />

comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> dormir sans crainte! <strong>Le</strong> Christ ne<br />

fera pas défaut à l’oeuvre <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> la<br />

374


vérité. Il vit, il règne : par quelle crainte pouvonsnous<br />

être troublés? »<br />

Dieu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit les cris <strong>de</strong> Ses serviteurs. Il<br />

donna aux princes et aux ministres grâce et courage<br />

pour sout<strong>en</strong>ir la vérité contre le prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres<br />

<strong>de</strong> ce siècle. « Voici, je mets <strong>en</strong> Sion une pierre<br />

angulaire, choisie, précieuse; et celui qui croit <strong>en</strong><br />

elle ne sera point confus. » ( 1 Pierre 2.6 ) <strong>Le</strong>s<br />

réformateurs protestants avai<strong>en</strong>t édifié sur Jésus-<br />

Christ, et les portes <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fer ne prévalur<strong>en</strong>t point<br />

contre eux.<br />

375


Chapitre 12<br />

<strong>La</strong> réforme <strong>en</strong> France<br />

<strong>La</strong> protestation <strong>de</strong> Spire et la confession <strong>de</strong> foi<br />

d’Augsbourg, qui marquèr<strong>en</strong>t l’apogée <strong>de</strong> la<br />

Réforme <strong>en</strong> Allemagne, fur<strong>en</strong>t suivies d’années <strong>de</strong><br />

luttes et <strong>de</strong> ténèbres. Affaibli par <strong><strong>de</strong>s</strong> divisions<br />

intestines et assailli par <strong>de</strong> puissants <strong>en</strong>nemis, le<br />

protestantisme semblait condamné à disparaître.<br />

Des milliers <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants scellai<strong>en</strong>t leur<br />

témoignage <strong>de</strong> leur sang. <strong>La</strong> guerre civile éclata; la<br />

cause protestante fut trahie par l’un <strong>de</strong> ses<br />

principaux adhér<strong>en</strong>ts; les plus nobles d’<strong>en</strong>tre les<br />

princes réformés tombèr<strong>en</strong>t au pouvoir <strong>de</strong> Charles<br />

Quint et fur<strong>en</strong>t traînés <strong>de</strong> ville <strong>en</strong> ville. Mais au<br />

mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce triomphe appar<strong>en</strong>t, l’empereur dut se<br />

déclarer vaincu. <strong>La</strong> proie qu’il croyait t<strong>en</strong>ir lui<br />

échappa et il se vit obligé <strong>de</strong> tolérer une doctrine<br />

dont la suppression avait été l’ambition <strong>de</strong> sa vie.<br />

Pour extirper l’hérésie, il avait joué son royaume,<br />

ses trésors, sa vie même. Il voyait maint<strong>en</strong>ant ses<br />

armées <strong>en</strong> déroute, ses ressources épuisées et<br />

376


plusieurs <strong>de</strong> ses royaumes à la veille <strong>de</strong> la révolte,<br />

tandis que la foi qu’il s’était efforcé <strong>de</strong> supprimer<br />

se répandait. Charles Quint avait combattu le Tout-<br />

Puissant. Dieu avait dit : « Que la lumière soit! » et<br />

le monarque avait voulu conserver les ténèbres.<br />

Incapable <strong>de</strong> réaliser ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, vieilli<br />

prématurém<strong>en</strong>t, usé par une lutte déjà longue, il<br />

abdiqua le trône et alla s’<strong>en</strong>sevelir dans un cloître.<br />

En Suisse, comme <strong>en</strong> Allemagne, la Réforme<br />

connut <strong>de</strong> sombres jours. Plusieurs cantons avai<strong>en</strong>t<br />

accepté la foi réformée, mais d’autres se<br />

cramponnai<strong>en</strong>t avec une aveugle ténacité au credo<br />

<strong>de</strong> Rome. <strong>La</strong> persécution contre les partisans <strong>de</strong> la<br />

foi nouvelle aboutit à la guerre civile. Zwingle et<br />

plusieurs <strong>de</strong> ses collaborateurs tombèr<strong>en</strong>t sur le<br />

champ <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> Cappel. OEcolampa<strong>de</strong>,<br />

terrassé par ces désastres, mourut peu après. Rome<br />

exultait et semblait sur le point <strong>de</strong> recouvrer tout ce<br />

qu’elle avait perdu. Mais celui dont les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins<br />

sont éternels n’avait délaissé ni Sa cause ni Son<br />

peuple. De Sa main <strong>de</strong>vait sortir la délivrance. En<br />

d’autres pays, Il suscitait <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers pour faire<br />

triompher Son oeuvre.<br />

377


L’aurore <strong>de</strong> la Réforme comm<strong>en</strong>ça à poindre <strong>en</strong><br />

France avant même que le nom <strong>de</strong> Luther fût<br />

connu. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers à recevoir la lumière fut<br />

un vieillard, <strong>Le</strong>fèvre d’Étaples, papiste zélé, savant<br />

professeur <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Paris, que ses travaux<br />

sur la littérature anci<strong>en</strong>ne avai<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>é à son<strong>de</strong>r<br />

les saintes Écritures dont il introduisit l’étu<strong>de</strong><br />

parmi ses élèves.<br />

Invocateur <strong>en</strong>thousiaste <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, <strong>Le</strong>fèvre<br />

avait <strong>en</strong>trepris d’écrire une histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs<br />

basée sur les lég<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l’Église. Ce travail, qui<br />

exigeait bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches, était déjà<br />

considérablem<strong>en</strong>t avancé, quand, p<strong>en</strong>sant que les<br />

Écritures pourrai<strong>en</strong>t l’ai<strong>de</strong>r dans sa tâche, il <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>treprit l’étu<strong>de</strong>. Il trouva, <strong>en</strong> effet, <strong><strong>de</strong>s</strong> saints dans<br />

la Bible, mais bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux du cal<strong>en</strong>drier<br />

romain. Ébloui par le faisceau <strong>de</strong> lumière qu’il vit<br />

jaillir <strong>de</strong>vant lui, il se détourna dès lors avec dégoût<br />

<strong>de</strong> la tâche qu’il s’était imposée. Se consacrant tout<br />

<strong>en</strong>tier à la Parole <strong>de</strong> Dieu, il ne tarda pas à<br />

<strong>en</strong>seigner les précieuses vérités qu’il y découvrait.<br />

378


En 1512, avant que Luther ou Zwingle euss<strong>en</strong>t<br />

comm<strong>en</strong>cé leurs travaux <strong>de</strong> réforme, <strong>Le</strong>fèvre<br />

écrivait : « C’est Dieu seul qui, par sa grâce et par<br />

la foi, justifie pour la vie éternelle. » « Échange<br />

ineffable! l’innoc<strong>en</strong>ce est condamnée, et le<br />

coupable est absous; la bénédiction est maudite, et<br />

celui qui était maudit est béni; la vie meurt, et la<br />

mort reçoit la vie; la gloire est couverte <strong>de</strong><br />

confusion, et celui qui était confus est couvert <strong>de</strong><br />

gloire. »<br />

Tout <strong>en</strong> déclarant que la gloire du salut<br />

apparti<strong>en</strong>t à Dieu seul, il disait que le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong><br />

l’obéissance est la part <strong>de</strong> l’homme. « Si tu es <strong>de</strong><br />

l’Église du Christ, tu es du corps du Christ, et si tu<br />

es du corps du Christ, tu es rempli <strong>de</strong> la divinité,<br />

car la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la divinité habite <strong>en</strong> lui<br />

corporellem<strong>en</strong>t. Oh! si les hommes pouvai<strong>en</strong>t<br />

compr<strong>en</strong>dre ce privilège, comme ils se<br />

mainti<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t purs, chastes et saints, et comme<br />

ils estimerai<strong>en</strong>t toute la gloire du mon<strong>de</strong> une<br />

ignominie, <strong>en</strong> comparaison <strong>de</strong> cette gloire<br />

intérieure, qui est cachée aux yeux <strong>de</strong> la chair! »<br />

379


Parmi les élèves <strong>de</strong> <strong>Le</strong>fèvre, certains<br />

recueillir<strong>en</strong>t ses paroles comme <strong><strong>de</strong>s</strong> trésors et,<br />

longtemps après la mort du maître, les fir<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre au mon<strong>de</strong>. L’un d’eux était Guillaume<br />

Farel. Élevé par <strong><strong>de</strong>s</strong> par<strong>en</strong>ts pieux, il avait appris à<br />

se soumettre aveuglém<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

l’Église. Comme l’apôtre Paul, il eût pu dire : «<br />

J’ai vécu pharisi<strong>en</strong>, selon la secte la plus rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

notre religion. » ( Actes 26.5 ) Romaniste ferv<strong>en</strong>t,<br />

il désirait ar<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t détruire tout ce qui s’opposait<br />

à l’Église. « Ent<strong>en</strong>dait-il parler contre le pape tant<br />

vénéré, il grinçait <strong><strong>de</strong>s</strong> d<strong>en</strong>ts comme un loup furieux<br />

», et il eût voulu que la foudre frappât le coupable<br />

<strong>en</strong> sorte qu’il <strong>en</strong> fût « du tout abattu et ruiné ».<br />

Inlassable dans le culte qu’il r<strong>en</strong>dait aux saints, il<br />

faisait avec <strong>Le</strong>fèvre le tour <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong> Paris<br />

pour y adorer <strong>de</strong>vant les autels, et déposer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

offran<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>vant les reliques. Mais ces dévotions<br />

ne lui apportai<strong>en</strong>t pas la paix <strong>de</strong> l’âme. Tous ses<br />

actes <strong>de</strong> piété et toutes ses pénit<strong>en</strong>ces ne<br />

parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas à le libérer <strong>de</strong> la conviction <strong>de</strong> son<br />

péché. <strong>La</strong> voix du réformateur qui annonçait le «<br />

salut par grâce » fut pour lui comme une voix<br />

céleste. « L’innoc<strong>en</strong>t est condamné, et le criminel<br />

380


est acquitté. » « Seule la croix du Christ ouvre les<br />

portes du ciel et ferme les portes <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fer. »<br />

Farel accepta joyeusem<strong>en</strong>t la vérité. Par une<br />

conversion comparable à celle <strong>de</strong> l’apôtre Paul, il<br />

passa <strong>de</strong> l’esclavage <strong>de</strong> la tradition à la liberté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu. Au lieu <strong>de</strong> ressembler à un « loup<br />

<strong>en</strong>ragé », il <strong>de</strong>vint « paisible, doux et aimable<br />

comme un agneau, le coeur <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t retiré du<br />

pape et adonné à Jésus-Christ ».<br />

Tandis que <strong>Le</strong>fèvre continuait à communiquer<br />

la lumière à ses élèves, Farel, aussi zélé pour la<br />

cause du Christ qu’il l’avait été pour celle du pape,<br />

allait prêcher la vérité <strong>en</strong> public. Un dignitaire <strong>de</strong><br />

l’Église, Briçonnet, évêque <strong>de</strong> Meaux, se joignit<br />

bi<strong>en</strong>tôt à eux. D’autres docteurs, aussi émin<strong>en</strong>ts par<br />

leur sci<strong>en</strong>ce que par leur piété, se mir<strong>en</strong>t eux aussi<br />

à proclamer l’Évangile. <strong>La</strong> foi nouvelle fit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

adhér<strong>en</strong>ts dans toutes les classes <strong>de</strong> la société,<br />

<strong>de</strong>puis les artisans et les paysans, jusqu’aux nobles<br />

et aux princes. <strong>La</strong> soeur <strong>de</strong> François Ier,<br />

Marguerite <strong>de</strong> Navarre, ayant embrassé la foi<br />

réformée, le roi lui-même et la reine-mère<br />

381


semblèr<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant un temps la considérer avec<br />

faveur. <strong>Le</strong>s réformateurs, éblouis, voyai<strong>en</strong>t déjà<br />

approcher le jour où la France serait gagnée à la<br />

cause <strong>de</strong> la Réforme.<br />

Ils allai<strong>en</strong>t être déçus dans leur att<strong>en</strong>te. Des<br />

épreuves et <strong><strong>de</strong>s</strong> persécutions, miséricordieusem<strong>en</strong>t<br />

voilées à leurs yeux, att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t ces disciples du<br />

Christ. Dans l’intervalle, un temps <strong>de</strong> paix leur<br />

permit <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> l’orage à<br />

v<strong>en</strong>ir, et la cause <strong>de</strong> la Réforme fit <strong>de</strong> rapi<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

progrès. Dans son diocèse, l’évêque <strong>de</strong> Meaux<br />

travaillait avec zèle à instruire le clergé et les<br />

laïques. <strong>Le</strong>s prêtres ignorants et dépravés fur<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>voyés et, dans la mesure du possible, remplacés<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes instruits et pieux.<br />

L’évêque, qui désirait ar<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t mettre la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> ses ouailles, ne<br />

tarda pas à voir son désir se réaliser. <strong>Le</strong>fèvre avait<br />

<strong>en</strong>trepris la traduction du Nouveau Testam<strong>en</strong>t, et, à<br />

l’époque même où Luther faisait paraître les<br />

Écritures <strong>en</strong> allemand à Witt<strong>en</strong>berg, le Nouveau<br />

Testam<strong>en</strong>t était publié <strong>en</strong> français à Meaux.<br />

382


Briçonnet n’épargna ni peines ni arg<strong>en</strong>t pour le<br />

répandre dans toutes les paroisses <strong>de</strong> son diocèse,<br />

et bi<strong>en</strong>tôt les paysans fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> possession <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures.<br />

Ces âmes recevai<strong>en</strong>t le message du ciel comme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> voyageurs altérés salu<strong>en</strong>t une source d’eau<br />

vive. <strong>Le</strong>s cultivateurs aux champs, les artisans dans<br />

leur atelier s’<strong>en</strong>courageai<strong>en</strong>t dans leur travail<br />

quotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong> s’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ant <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités précieuses <strong>de</strong><br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> soir, au lieu <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>contrer<br />

dans les cabarets, ils se réunissai<strong>en</strong>t les uns chez<br />

les autres pour lire l’Écriture sainte, prier et louer<br />

Dieu. Un grand changem<strong>en</strong>t ne tarda pas à se<br />

produire dans ces localités. <strong>Le</strong>s ru<strong><strong>de</strong>s</strong> paysans euxmêmes,<br />

qui avai<strong>en</strong>t vécu dans l’ignorance,<br />

éprouvai<strong>en</strong>t la puissance transformatrice <strong>de</strong> la<br />

grâce divine. Ils <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t humbles, probes, pieux<br />

et témoignai<strong>en</strong>t par là <strong>de</strong> l’action bi<strong>en</strong>faisante <strong>de</strong><br />

l’Évangile sur les âmes sincères.<br />

<strong>La</strong> lumière qui brillait à Meaux projetait ses<br />

rayons au loin, et le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> convertis allait<br />

chaque jour <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant. <strong>La</strong> fureur <strong>de</strong> la<br />

383


hiérarchie fut un mom<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> échec par le roi,<br />

qui détestait le fanatisme <strong><strong>de</strong>s</strong> moines. Mais les<br />

partisans du pape finir<strong>en</strong>t par l’emporter, et les<br />

bûchers s’allumèr<strong>en</strong>t.<br />

L’évêque <strong>de</strong> Meaux, mis <strong>en</strong> <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> choisir<br />

<strong>en</strong>tre le feu et la rétractation, prit le chemin le plus<br />

facile. <strong>Le</strong> troupeau, <strong>en</strong> revanche, <strong>de</strong>meura ferme <strong>en</strong><br />

dépit <strong>de</strong> la chute <strong>de</strong> son chef. Plusieurs r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t<br />

témoignage à la vérité au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes. Par<br />

leur foi et leur constance jusque sur le bûcher, ces<br />

martyrs annoncèr<strong>en</strong>t l’Évangile à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

d’âmes qui n’avai<strong>en</strong>t pas eu l’occasion <strong>de</strong><br />

l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> temps <strong>de</strong> paix.<br />

<strong>Le</strong>s humbles et les pauvres ne fur<strong>en</strong>t pas seuls à<br />

confesser leur Sauveur au milieu du mépris et <strong>de</strong><br />

l’opposition. Dans les salles somptueuses <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

châteaux et <strong><strong>de</strong>s</strong> palais, <strong>de</strong> nobles âmes plaçai<strong>en</strong>t la<br />

vérité plus haut que le rang, la fortune et la vie<br />

même. Ceux qui étai<strong>en</strong>t revêtus <strong><strong>de</strong>s</strong> armures<br />

royales se révélai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t plus droits et plus<br />

fermes que ceux qui portai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> soutanes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mitres épiscopales. Louis <strong>de</strong> Berquin, d’une famille<br />

384


noble <strong>de</strong> l’Artois, était <strong>de</strong> ceux-là. Chevalier <strong>de</strong> la<br />

cour, coeur intrépi<strong>de</strong>, g<strong>en</strong>tilhomme doublé d’un<br />

savant, il était bon, affable et <strong>de</strong> moeurs<br />

irréprochables. « Il était, dit Crespin, grand<br />

sectateur <strong><strong>de</strong>s</strong> constitutions papistiques, grand<br />

auditeur <strong><strong>de</strong>s</strong> messes et <strong><strong>de</strong>s</strong> sermons, observateur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> jeûnes et jours <strong>de</strong> fête.... <strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> Luther,<br />

alors bi<strong>en</strong> nouvelle <strong>en</strong> France, lui était <strong>en</strong> extrême<br />

abomination. « Mais, provid<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>é,<br />

comme tant d’autres, à l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, il fut<br />

stupéfait d’y trouver non les doctrines <strong>de</strong> Rome,<br />

mais celles <strong>de</strong> Luther. Dès ce mom<strong>en</strong>t, il fut<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t acquis à la cause <strong>de</strong> l’Évangile.<br />

T<strong>en</strong>u pour « le plus instruit <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong> la<br />

noblesse française », favori du roi, il apparaissait à<br />

plusieurs, par son esprit, son éloqu<strong>en</strong>ce, son<br />

indomptable courage, son zèle héroïque et son<br />

influ<strong>en</strong>ce à la cour, comme le futur réformateur <strong>de</strong><br />

son pays. « Aussi Théodore <strong>de</strong> Bèze dit-il que la<br />

France eût peut-être trouvé <strong>en</strong> Berquin un autre<br />

Luther, si lui-même eût trouvé <strong>en</strong> François Ier un<br />

autre Électeur. » « Il est pire que Luther », criai<strong>en</strong>t<br />

les papistes. Et, <strong>en</strong> effet, il était plus redouté que lui<br />

385


par les romanistes <strong>de</strong> France. François Ier, inclinant<br />

alternativem<strong>en</strong>t vers Rome et vers la Réforme,<br />

tantôt tolérait, tantôt modérait le zèle viol<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moines. Trois fois, Berquin fut emprisonné par les<br />

autorités papales et trois fois relâché par le roi qui,<br />

admirant sa noblesse <strong>de</strong> caractère et son génie,<br />

refusait <strong>de</strong> le sacrifier à la malignité <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie. <strong>La</strong> lutte dura <strong><strong>de</strong>s</strong> années.<br />

Maintes fois, Berquin fut averti <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers<br />

qu’il courait <strong>en</strong> France et pressé <strong>de</strong> suivre<br />

l’exemple <strong>de</strong> ceux qui étai<strong>en</strong>t allés chercher la<br />

sécurité dans un exil volontaire. <strong>Le</strong> timi<strong>de</strong> et<br />

opportuniste Érasme, qui, <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> toute sa<br />

sci<strong>en</strong>ce, ne réussit jamais à s’élever jusqu’à la<br />

gran<strong>de</strong>ur morale qui ti<strong>en</strong>t moins à la vie et aux<br />

honneurs qu’à la vérité, lui écrivait : « Deman<strong>de</strong>z<br />

une légation <strong>en</strong> pays étranger, voyagez <strong>en</strong><br />

Allemagne. Vous connaissez Bè<strong>de</strong> et ses pareils :<br />

c’est une hydre à mille têtes qui lance <strong>de</strong> tous côtés<br />

son v<strong>en</strong>in. Vos adversaires s’appell<strong>en</strong>t légion.<br />

Votre cause fût-elle meilleure que celle <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ, ils ne vous lâcheront pas qu’ils ne vous<br />

ai<strong>en</strong>t fait périr cruellem<strong>en</strong>t. Ne vous fiez pas trop à<br />

386


la protection du roi. Dans tous les cas, ne me<br />

compromettez pas avec la faculté <strong>de</strong> théologie. »<br />

(G. <strong>de</strong> Félice, Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Protestants <strong>de</strong> France<br />

(6e éd.), p. 33.)<br />

Mais le zèle <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Berquin augm<strong>en</strong>tait<br />

avec le danger. Loin d’adopter la politique<br />

prud<strong>en</strong>te que lui conseillait Érasme, il eut recours à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures plus hardies <strong>en</strong>core. Non seulem<strong>en</strong>t il<br />

prêchait la vérité, mais il attaquait l’erreur.<br />

L’accusation d’hérésie que les romanistes lançai<strong>en</strong>t<br />

contre lui, il la retournait contre eux. Ses<br />

adversaires les plus actifs et les plus viol<strong>en</strong>ts<br />

étai<strong>en</strong>t les savants et les moines <strong>de</strong> la Sorbonne,<br />

faculté <strong>de</strong> théologie <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Paris, l’une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plus hautes autorités ecclésiastiques, non<br />

seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la ville, mais <strong>de</strong> la nation. Berquin<br />

tira <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits <strong>de</strong> ces docteurs douze propositions<br />

qu’il déclara publiquem<strong>en</strong>t « contraires aux<br />

Écritures et par conséqu<strong>en</strong>t hérétiques »; et il<br />

<strong>de</strong>manda au roi <strong>de</strong> se faire juge <strong>de</strong> la controverse.<br />

<strong>Le</strong> monarque, heureux <strong>de</strong> mettre à l’épreuve la<br />

puissance et la finesse <strong><strong>de</strong>s</strong> champions adverses,<br />

387


aussi bi<strong>en</strong> que d’humilier l’orgueil et la morgue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moines, <strong>en</strong>joignit aux romanistes <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>dre leur<br />

cause par la Parole <strong>de</strong> Dieu. Ces <strong>de</strong>rniers savai<strong>en</strong>t<br />

que cette arme ne les servirait guère;<br />

l’emprisonnem<strong>en</strong>t, la torture et le bûcher leur<br />

étai<strong>en</strong>t plus familiers. Maint<strong>en</strong>ant, les rôles étai<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>versés, et ils se voyai<strong>en</strong>t sur le point <strong>de</strong> tomber<br />

dans la fosse qu’ils avai<strong>en</strong>t creusée à l’int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong><br />

Berquin. Ils se <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t avec inquiétu<strong>de</strong><br />

comm<strong>en</strong>t ils sortirai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette impasse.<br />

À ce mom<strong>en</strong>t, on trouva, à l’angle d’une rue,<br />

une image mutilée <strong>de</strong> la Vierge. L’émotion fut<br />

gran<strong>de</strong> dans la ville. Des foules accourur<strong>en</strong>t sur les<br />

lieux, jetant <strong><strong>de</strong>s</strong> cris <strong>de</strong> douleur et d’indignation. <strong>Le</strong><br />

roi fut profondém<strong>en</strong>t affecté, et les moines ne<br />

manquèr<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> tirer parti <strong>de</strong> cet incid<strong>en</strong>t. « Ce<br />

sont là les fruits <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines du chevalier,<br />

s’écrièr<strong>en</strong>t-ils; tout est sur le point <strong>de</strong> s’écrouler par<br />

cette conspiration luthéri<strong>en</strong>ne : la religion, les lois,<br />

le trône lui-même. »<br />

Louis <strong>de</strong> Berquin fut <strong>de</strong> nouveau arrêté.<br />

François Ier ayant quitté Paris pour Blois, les<br />

388


moines pur<strong>en</strong>t agir à leur guise. <strong>Le</strong> réformateur fut<br />

jugé et condamné à mort. Dans la crainte que le roi<br />

n’intervînt une fois <strong>en</strong>core, la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce fut exécutée<br />

le jour même où elle fut prononcée. À midi sonné,<br />

il fut conduit au lieu <strong>de</strong> l’exécution. Une foule<br />

imm<strong>en</strong>se se réunit pour assister à sa mort. Plusieurs<br />

constatèr<strong>en</strong>t avec épouvante que la victime avait<br />

été choisie parmi les hommes les plus nobles et les<br />

plus illustres <strong>de</strong> France. L’effroi, l’indignation, le<br />

mépris et la haine se lisai<strong>en</strong>t sur bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> visages;<br />

mais il y avait là un homme sur les traits duquel ne<br />

planait aucune ombre. <strong>Le</strong>s p<strong>en</strong>sées du martyr<br />

étai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> éloignées <strong>de</strong> cette scène <strong>de</strong> tumulte; il<br />

était pénétré du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu.<br />

Il ne pr<strong>en</strong>ait gar<strong>de</strong> ni à la grossière charrette sur<br />

laquelle on l’avait hissé, ni aux visages rébarbatifs<br />

<strong>de</strong> ses tortionnaires, ni à la mort douloureuse vers<br />

laquelle il marchait. Celui qui était mort, et qui vit<br />

aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, qui ti<strong>en</strong>t les clés <strong>de</strong> la mort<br />

et du séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts était à ses côtés. <strong>Le</strong> visage<br />

du prisonnier rayonnait <strong>de</strong> la lumière et <strong>de</strong> la paix<br />

du ciel. Revêtu <strong>de</strong> son plus beau costume – une<br />

robe <strong>de</strong> velours, <strong><strong>de</strong>s</strong> vêtem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> satin et damas et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chausses d’or (Merle d’Aubigné, Hist. <strong>de</strong> la<br />

389


Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin, liv. II, chap. XVI,<br />

p. 60.) – il allait r<strong>en</strong>dre témoignage <strong>de</strong> sa foi <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce du rois <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et <strong>de</strong> l’univers, et ri<strong>en</strong> ne<br />

<strong>de</strong>vait dém<strong>en</strong>tir sa joie.<br />

Tandis que le cortège avançait l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans<br />

les rues <strong>en</strong>combrées, on était frappé du calme, <strong>de</strong> la<br />

paix, voire du joyeux triomphe que révélait toute<br />

l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce noble. « Vous eussiez dit, raconte<br />

Érasme d’après un témoin oculaire, qu’il était dans<br />

un temple à méditer sur les choses saintes. »<br />

Arrivé au bûcher, le martyr t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> parler à la<br />

foule, mais les moines, qui redoutai<strong>en</strong>t son<br />

éloqu<strong>en</strong>ce, couvrir<strong>en</strong>t sa voix <strong>en</strong> poussant <strong><strong>de</strong>s</strong> cris,<br />

tandis que les soldats faisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le cliquetis<br />

<strong>de</strong> leurs armes. » Ainsi la Sorbonne <strong>de</strong> 1529, la<br />

plus haute autorité littéraire et ecclésiastique <strong>de</strong><br />

France, avait donné à la commune <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1793<br />

le lâche exemple d’étouffer sur l’échafaud les<br />

paroles sacrées <strong><strong>de</strong>s</strong> mourants. » (G. <strong>de</strong> Félice, ouv.<br />

cité, p. 34.)<br />

Louis <strong>de</strong> Berquin fut étranglé et son corps livré<br />

390


aux flammes. <strong>La</strong> nouvelle <strong>de</strong> sa mort eut un<br />

contrecoup douloureux chez les amis <strong>de</strong> la<br />

Réforme dans toute la France. Mais son exemple<br />

ne fut pas perdu. « Nous voulons, se disai<strong>en</strong>t l’un à<br />

l’autre les hommes et les femmes <strong>de</strong> la Réforme,<br />

nous voulons aller au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la mort d’un bon<br />

coeur, n’ayant <strong>en</strong> vue que la vie qui vi<strong>en</strong>t après<br />

elle. »<br />

Privés du droit <strong>de</strong> prêcher à Meaux, les<br />

réformateurs se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t dans d’autres champs <strong>de</strong><br />

travail. <strong>Le</strong>fèvre ne tarda pas à passer <strong>en</strong><br />

Allemagne. Farel, r<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> Dauphiné, porta la<br />

Parole <strong>de</strong> vie à Gap et dans les <strong>en</strong>virons, où il avait<br />

passé son <strong>en</strong>fance. On y avait déjà appris ce qui se<br />

passait à Meaux, et les vérités que le réformateur<br />

annonçait avec une gran<strong>de</strong> hardiesse trouvèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

auditeurs. Mais, bi<strong>en</strong>tôt, les autorités s’émur<strong>en</strong>t et<br />

le bannir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la ville. Ne pouvant plus travailler<br />

publiquem<strong>en</strong>t, il parcourait les plaines et les<br />

villages, <strong>en</strong>seignant dans les maisons particulières.<br />

« Et s’il y courait quelque danger, ces forêts, ces<br />

grottes, ces rochers escarpés qu’il avait si souv<strong>en</strong>t<br />

parcourus dans sa jeunesse... lui offrai<strong>en</strong>t un asile.<br />

391


» Dieu le préparait <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

épreuves. <strong>Le</strong>s « croix, les persécutions, les<br />

machinations <strong>de</strong> Satan que l’on m’annonçait ne<br />

m’ont pas manqué, dit-il; elles sont même<br />

beaucoup plus fortes que <strong>de</strong> moi-même je n’eusse<br />

pu les supporter; mais Dieu est mon Père, il m’a<br />

fourni et me fournira toujours les forces dont j’ai<br />

besoin ».<br />

Comme aux jours apostoliques, la persécution<br />

avait « plutôt contribué aux progrès <strong>de</strong> l’Évangile<br />

». ( Philippi<strong>en</strong>s 1.12 ) Chassés <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong><br />

Meaux, « ceux qui avai<strong>en</strong>t été dispersés allai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

lieu <strong>en</strong> lieu, annonçant la bonne nouvelle <strong>de</strong> la<br />

parole ». ( Actes 8.4 ) C’est ainsi que la lumière fut<br />

portée dans les provinces les plus reculées <strong>de</strong><br />

France.<br />

Mais Dieu préparait d’autres ouvriers pour Sa<br />

cause. Dans une <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles <strong>de</strong> Paris, un jeune<br />

homme calme et réfléchi, doué d’un esprit<br />

pénétrant, se faisait remarquer par la pureté <strong>de</strong> ses<br />

moeurs, par son ar<strong>de</strong>ur à l’étu<strong>de</strong> et par sa piété.<br />

C’était Jean Calvin. Ses tal<strong>en</strong>ts et son application<br />

392


ne tardèr<strong>en</strong>t pas à faire <strong>de</strong> lui l’honneur du collège<br />

<strong>de</strong> la Marche, et ses supérieurs se flattai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l’espoir qu’il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drait l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus distingués<br />

déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> l’Église. Mais un rayon <strong>de</strong> lumière<br />

illumina la profon<strong>de</strong>ur <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres répandues par<br />

la scolastique et la superstition dans l’esprit du<br />

jeune homme. Il avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, non sans effroi,<br />

parler <strong>de</strong> la nouvelle doctrine et ne doutait pas que<br />

les hérétiques n’euss<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t mérité le bûcher<br />

sur lequel on les faisait monter. Sans le vouloir, il<br />

fut mis face à face avec l’hérésie et se vit contraint<br />

<strong>de</strong> confronter la théologie romaine avec<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t protestant.<br />

Calvin avait à Paris un cousin – connu sous le<br />

nom d’Olivétan – qui avait accepté la Réforme. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux jeunes g<strong>en</strong>s se r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t pour<br />

discuter <strong>en</strong>semble <strong><strong>de</strong>s</strong> questions qui divisai<strong>en</strong>t la<br />

chréti<strong>en</strong>té. « Il y a beaucoup <strong>de</strong> religions fausses,<br />

disait Olivétan; une seule est vraie. <strong>Le</strong>s fausses, ce<br />

sont celles que les hommes ont inv<strong>en</strong>tées et selon<br />

lesquelles nos propres oeuvres nous sauv<strong>en</strong>t; la<br />

vraie, c’est celle qui vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, selon laquelle le<br />

salut est donné gratuitem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong> haut... – Je ne<br />

393


veux pas <strong>de</strong> vos doctrines, répondait Calvin; leur<br />

nouveauté m’off<strong>en</strong>se; je ne puis vous écouter.<br />

Vous imaginez-vous que j’aie vécu toute ma vie<br />

dans l’erreur?... » (Merle d’Aubigné, Hist. <strong>de</strong> la<br />

Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin, liv. I, p. 565,<br />

566.)<br />

Cep<strong>en</strong>dant, dans l’esprit du jeune étudiant, une<br />

sem<strong>en</strong>ce avait été jetée dont il ne pouvait se<br />

débarrasser. Seul dans sa chambre, il réfléchissait<br />

aux paroles <strong>de</strong> son cousin. Bi<strong>en</strong>tôt convaincu <strong>de</strong><br />

péché, il se vit sans intercesseur <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un<br />

Dieu saint et juste. <strong>La</strong> médiation <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, ses<br />

bonnes oeuvres et les cérémonies <strong>de</strong> l’Église étant<br />

incapables d’expier ses péchés, il ne voyait <strong>de</strong>vant<br />

lui que ténèbres et désespoir. En vain <strong><strong>de</strong>s</strong> docteurs<br />

<strong>de</strong> l’Église s’efforcèr<strong>en</strong>t-ils <strong>de</strong> le rassurer. En vain<br />

eut-il recours à la confession et à la pénit<strong>en</strong>ce; ri<strong>en</strong><br />

ne parv<strong>en</strong>ait à le réconcilier avec Dieu.<br />

En proie à ces luttes stériles, Calvin, passant un<br />

jour sur une place publique, eut l’occasion<br />

d’assister au supplice d’un hérétique condamné au<br />

bûcher et fut frappé <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> paix que<br />

394


espirait le visage du martyr. Au milieu <strong>de</strong> ses<br />

souffrances et, ce qui était pire, sous la redoutable<br />

excommunication <strong>de</strong> l’Église, le condamné<br />

manifestait une foi et une sérénité que le jeune<br />

homme mettait péniblem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> contraste avec son<br />

désespoir, avec les ténèbres où il tâtonnait, lui, le<br />

strict observateur <strong><strong>de</strong>s</strong> ordonnances <strong>de</strong> l’Église.<br />

Sachant que les hérétiques fondai<strong>en</strong>t leur foi sur les<br />

saintes Écritures, il prit la résolution <strong>de</strong> les étudier<br />

pour y découvrir, si possible, le secret <strong>de</strong> leur joie.<br />

Il y trouva Jésus-Christ. « O Père! s’écria-t-il,<br />

son sacrifice a apaisé ta colère; son sang a nettoyé<br />

mes souillures; sa croix a porté ma malédiction; sa<br />

mort a satisfait pour moi.... Nous nous étions forgé<br />

plusieurs inutiles sottises...; mais tu as mis <strong>de</strong>vant<br />

moi ta Parole comme un flambeau, et tu as touché<br />

mon coeur afin que j’eusse <strong>en</strong> abomination tout<br />

autre mérite que celui <strong>de</strong> Jésus. » (Id., p. 575.)<br />

Calvin avait été <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à la prêtrise. À l’âge <strong>de</strong><br />

douze ans, nommé chapelain <strong>de</strong> la petite église <strong>de</strong><br />

la Gésine, il avait été tonsuré selon les canons <strong>de</strong><br />

l’Église par l’évêque <strong>de</strong> Noyon. Il n’avait pas reçu<br />

395


les ordres, ni rempli <strong>de</strong> fonctions sacerdotales, mais<br />

il était <strong>en</strong>tré dans le clergé et portait le titre <strong>de</strong> sa<br />

charge, dont il recevait les bénéfices.<br />

Voyant qu’il ne pouvait plus <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir prêtre, il<br />

se tourna vers l’étu<strong>de</strong> du droit, <strong><strong>de</strong>s</strong>sein qu’il<br />

abandonna bi<strong>en</strong>tôt pour se consacrer <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à<br />

l’Évangile. Il hésitait toutefois à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir<br />

prédicateur. Naturellem<strong>en</strong>t timi<strong>de</strong>, il avait une<br />

haute idée <strong><strong>de</strong>s</strong> responsabilités <strong>de</strong> cette vocation et<br />

songeait à poursuivre ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. L’insistance <strong>de</strong><br />

ses amis finit cep<strong>en</strong>dant par vaincre ses scrupules.<br />

« C’est une chose merveilleuse, disait-il, qu’un être<br />

<strong>de</strong> si basse extraction puisse être élevé à une telle<br />

dignité. »<br />

Pru<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, il s’était mis à l’oeuvre et ses<br />

paroles étai<strong>en</strong>t semblables à la rosée qui rafraîchit<br />

la terre. Obligé <strong>de</strong> quitter Paris, il avait cherché un<br />

refuge à Angoulême chez la princesse Marguerite<br />

<strong>de</strong> Navarre, amie et protectrice <strong>de</strong> l’Évangile. Là,<br />

Calvin se remit au travail, allant <strong>de</strong> maison <strong>en</strong><br />

maison, ouvrant l’Écriture sainte <strong>de</strong>vant les<br />

familles assemblées et leur prés<strong>en</strong>tant les vérités du<br />

396


salut. Ceux qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t ce jeune homme<br />

aimable et mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te <strong>en</strong> parlai<strong>en</strong>t à d’autres, et<br />

bi<strong>en</strong>tôt l’évangéliste, quittant la ville, se r<strong>en</strong>dit dans<br />

les villages et les hameaux. Accueilli dans les<br />

châteaux comme dans les chaumières, il jeta ainsi<br />

les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> plusieurs églises qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>dre un courageux témoignage à la vérité.<br />

Quelques mois plus tard, il se retrouvait à Paris,<br />

où une agitation insolite régnait dans les milieux<br />

intellectuels. L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> langues anci<strong>en</strong>nes avait<br />

attiré l’att<strong>en</strong>tion sur les saintes <strong>Le</strong>ttres, et maints<br />

savants dont le coeur n’était pas touché par la grâce<br />

discutai<strong>en</strong>t vivem<strong>en</strong>t la vérité et, parfois même,<br />

combattai<strong>en</strong>t les champions du romanisme. Bi<strong>en</strong><br />

que passé maître dans les controverses<br />

théologiques, Calvin avait une mission plus élevée<br />

que celle <strong>de</strong> ces bruyants dialectici<strong>en</strong>s. Mais les<br />

esprits étai<strong>en</strong>t agités et le mom<strong>en</strong>t était propice<br />

pour leur prés<strong>en</strong>ter la vérité. P<strong>en</strong>dant que les salles<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> universités ret<strong>en</strong>tissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la clameur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

disputes théologiques, Calvin allait <strong>de</strong> maison <strong>en</strong><br />

maison expliquant les Écritures et ne parlant que <strong>de</strong><br />

Jésus et <strong>de</strong> Jésus crucifié.<br />

397


Par la grâce <strong>de</strong> Dieu, Paris <strong>de</strong>vait recevoir une<br />

nouvelle invitation au festin évangélique. L’appel<br />

<strong>de</strong> <strong>Le</strong>fèvre et <strong>de</strong> Farel ayant été rejeté, le message<br />

<strong>de</strong>vait <strong>en</strong>core être prés<strong>en</strong>té dans la capitale à toutes<br />

les classes <strong>de</strong> la société. Sous l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

préoccupations politiques, le roi n’avait pas <strong>en</strong>core<br />

pris tout à fait position avec Rome contre la<br />

Réforme. Sa soeur Marguerite, nourrissant toujours<br />

l’espoir <strong>de</strong> voir le protestantisme triompher <strong>en</strong><br />

France, voulut que la foi réformée fût annoncée à<br />

Paris. En l’abs<strong>en</strong>ce du roi, elle ordonna à un<br />

ministre protestant, Gérard Roussel, <strong>de</strong> prêcher<br />

dans les églises <strong>de</strong> la capitale. <strong>Le</strong> haut clergé s’y<br />

étant opposé, la princesse ouvrit les portes du<br />

Louvre, y fit transformer un appartem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

chapelle et annonça qu’il y aurait prédication<br />

chaque jour à une heure déterminée. Des foules<br />

accourur<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> chapelle était bondée <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

tous rangs et l’auditoire refluait dans les<br />

antichambres et les vestibules. Nobles, diplomates,<br />

avocats, marchands et artisans s’y réunissai<strong>en</strong>t<br />

chaque jour par milliers. Loin d’interdire ces<br />

assemblées, le roi ordonna que <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong><br />

398


Paris leur fuss<strong>en</strong>t ouvertes. Jamais <strong>en</strong>core la ville<br />

n’avait été aussi remuée par la Parole <strong>de</strong> Dieu :<br />

L’Esprit <strong>de</strong> vie v<strong>en</strong>u d’<strong>en</strong> haut semblait passer sur<br />

le peuple. <strong>La</strong> tempérance, la chasteté, l’ordre et<br />

l’industrie succédai<strong>en</strong>t à l’ivrognerie, au<br />

libertinage, aux querelles et à l’indol<strong>en</strong>ce.<br />

Mais la hiérarchie ne restait pas inactive. <strong>Le</strong> roi<br />

refusant <strong>en</strong>core d’interdire les prédications, elle se<br />

tourna vers la populace. Ri<strong>en</strong> ne fut négligé pour<br />

exciter les craintes, les préjugés et le fanatisme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

foules ignorantes et superstitieuses. Aveuglém<strong>en</strong>t<br />

soumis à ses faux docteurs, Paris, comme autrefois<br />

Jérusalem, « ne connut pas; le temps où [il] était<br />

visité, ni les choses qui appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à sa paix ».<br />

Deux années durant, la Parole <strong>de</strong> Dieu fut prêchée<br />

dans la capitale. Beaucoup <strong>de</strong> personnes<br />

acceptèr<strong>en</strong>t l’Évangile, mais la majorité le rejeta.<br />

François Ier ne s’était montré tolérant que dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vues politiques et le clergé réussit à repr<strong>en</strong>dre son<br />

asc<strong>en</strong>dant. De nouveau, les églises se fermèr<strong>en</strong>t et<br />

les bûchers s’allumèr<strong>en</strong>t.<br />

Calvin était <strong>en</strong>core à Paris, où tout <strong>en</strong><br />

399


continuant à répandre la lumière autour <strong>de</strong> lui, il se<br />

préparait <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> son activité future par l’étu<strong>de</strong>,<br />

la méditation et la prière. Mais il ne tarda pas à être<br />

signalé aux autorités, qui décidèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> le<br />

condamner au supplice du bûcher. Il se croyait <strong>en</strong><br />

sécurité dans sa retraite quand ses amis accourur<strong>en</strong>t<br />

dans sa chambre pour lui annoncer que les ag<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> la force publique étai<strong>en</strong>t sur le point <strong>de</strong> s’assurer<br />

<strong>de</strong> sa personne. Au même instant, on frappa<br />

violemm<strong>en</strong>t à la porte extérieure. Il n’y avait pas<br />

un instant à perdre. Quelques amis <strong>en</strong>tretinr<strong>en</strong>t les<br />

ag<strong>en</strong>ts à la porte, tandis que les autres le fir<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre par une f<strong>en</strong>être. Se dirigeant <strong>en</strong> toute<br />

hâte vers les faubourgs extérieurs, il <strong>en</strong>tra chez un<br />

ouvrier ami <strong>de</strong> la Réforme, emprunta les vêtem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> son hôte, et, une houe sur l’épaule, continua son<br />

voyage. Cheminant vers le sud, il retrouva <strong>de</strong><br />

nouveau un asile dans les États <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong><br />

Navarre.<br />

Grâce à la protection <strong>de</strong> puissants amis, Calvin<br />

passa quelques mois <strong>en</strong> sécurité à Angoulême, où il<br />

se livra, comme précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, à l’étu<strong>de</strong>. Mais,<br />

poursuivi par le besoin d’évangéliser son pays, il<br />

400


ne put rester longtemps inactif, et, dès que l’orage<br />

se fut un peu calmé, il alla chercher un nouveau<br />

champ d’activité. À Poitiers, siège d’une université<br />

où les nouvelles opinions étai<strong>en</strong>t favorablem<strong>en</strong>t<br />

accueillies, <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> toutes les classes<br />

écoutèr<strong>en</strong>t joyeusem<strong>en</strong>t les paroles <strong>de</strong> la vie<br />

éternelle qu’il prés<strong>en</strong>tait <strong>en</strong> privé, soit chez le<br />

premier magistrat <strong>de</strong> la ville, soit à son domicile<br />

particulier, soit <strong>en</strong>core dans un jardin public.<br />

Comme le nombre <strong>de</strong> ses auditeurs allait <strong>en</strong><br />

augm<strong>en</strong>tant, on jugea prud<strong>en</strong>t <strong>de</strong> s’assembler <strong>en</strong><br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la ville. Une caverne située au bord<br />

d’une gorge étroite et profon<strong>de</strong>, et masquée par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rochers et <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres, fut choisie comme lieu <strong>de</strong><br />

réunion, et les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la ville s’y r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t par<br />

petits groupes <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins différ<strong>en</strong>ts.<br />

C’est dans cette retraite que la Parole <strong>de</strong> Dieu était<br />

lue et méditée; c’est là que la sainte Cène fut<br />

célébrée pour la première fois par les protestants <strong>de</strong><br />

France. De cette petite église sortir<strong>en</strong>t plusieurs<br />

évangélistes fidèles.<br />

Ne pouvant abandonner l’espoir <strong>de</strong> voir la<br />

France accepter la Réforme, Calvin r<strong>en</strong>tra <strong>en</strong>core<br />

401


une fois à Paris. Mais il trouva presque toutes les<br />

portes fermées : <strong>en</strong>seigner l’Évangile, c’était<br />

marcher au bûcher. Cet état <strong>de</strong> choses le décida à<br />

se r<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> Allemagne. À peine avait-il passé la<br />

frontière, qu’un orage éclatait sur les protestants <strong>de</strong><br />

France. S’il était resté dans son pays, le jeune<br />

évangéliste aurait certainem<strong>en</strong>t péri dans une tuerie<br />

générale. Voici ce qui s’était passé :<br />

Désireux <strong>de</strong> voir leur pays marcher <strong>de</strong> pair avec<br />

l’Allemagne et la Suisse, les réformateurs français<br />

s’étai<strong>en</strong>t décidés à frapper contre les superstitions<br />

<strong>de</strong> Rome un coup hardi qui secouât la nation tout<br />

<strong>en</strong>tière. En conséqu<strong>en</strong>ce, ils fir<strong>en</strong>t afficher dans<br />

toute la France <strong><strong>de</strong>s</strong> placards attaquant la messe. Au<br />

lieu d’avancer la cause <strong>de</strong> la Réforme, cet acte d’un<br />

zèle inconsidéré déchaîna la persécution non<br />

seulem<strong>en</strong>t sur ses auteurs, mais aussi sur les amis<br />

<strong>de</strong> l’Évangile dans tout le pays. Il donna à la<br />

hiérarchie ce qu’elle att<strong>en</strong>dait <strong>de</strong>puis longtemps :<br />

un prétexte pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’extirpation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hérétiques, considérés comme dangereux pour la<br />

stabilité du trône et la paix <strong>de</strong> la nation.<br />

402


Une main secrète – celle d’un ami imprud<strong>en</strong>t<br />

ou d’un <strong>en</strong>nemi perfi<strong>de</strong>, ce mystère n’a jamais été<br />

éclairci – plaça l’une <strong>de</strong> ces affiches sur la porte <strong>de</strong><br />

la chambre particulière du roi. Ce placard attaquait<br />

avec virul<strong>en</strong>ce une superstition <strong>en</strong>tourée <strong>de</strong> respect<br />

<strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. Devant la hardiesse incroyable<br />

qui osait porter cette accusation effrayante sous ses<br />

yeux, François Ier <strong>en</strong>tra dans une viol<strong>en</strong>te colère.<br />

Dans sa consternation, il resta quelques instants<br />

tout interdit. Rev<strong>en</strong>u à lui, il laissa éclater sa<br />

fureur. Il s’écria : « Qu’on saisisse indistinctem<strong>en</strong>t<br />

tous ceux qui sont suspects <strong>de</strong> luthérésie..., je veux<br />

tout exterminer. » (Id., liv. IV, chap.x.) <strong>Le</strong>s dés <strong>en</strong><br />

étai<strong>en</strong>t jetés : le roi s’était rangé du côté <strong>de</strong> Rome.<br />

Des mesures fur<strong>en</strong>t aussitôt prises pour arrêter<br />

tous les luthéri<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Paris. Un pauvre artisan<br />

adhér<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la foi nouvelle, qui s’était employé à<br />

convoquer les croyants aux assemblées secrètes, fut<br />

sommé, sous peine d’être brûlé, <strong>de</strong> conduire<br />

l’émissaire du pape au domicile <strong>de</strong> tous les<br />

protestants <strong>de</strong> Paris. Tout d’abord, il recula<br />

d’horreur <strong>de</strong>vant une telle besogne : mais la crainte<br />

du bûcher finit par l’emporter et il cons<strong>en</strong>tit à trahir<br />

403


ses frères. Accompagné du traître précédé <strong>de</strong><br />

l’hostie et <strong>en</strong>touré d’un cortège <strong>de</strong> prêtres, <strong>de</strong><br />

porteurs d’<strong>en</strong>c<strong>en</strong>soirs, <strong>de</strong> moines et <strong>de</strong> soldats,<br />

Morin, le policier royal, parcourut l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t les<br />

rues <strong>de</strong> Paris. <strong>La</strong> démonstration était<br />

ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’honneur du « saint sacrem<strong>en</strong>t<br />

»; <strong>en</strong> réalité, c’était une réplique hypocrite,<br />

meurtrière et impitoyable à l’attaque malavisée<br />

dirigée contre la messe par les réformateurs. Arrivé<br />

<strong>en</strong> face <strong>de</strong> la maison d’un luthéri<strong>en</strong>, le traître, sans<br />

proférer une parole, faisait un signe. <strong>La</strong> procession<br />

s’arrêtait; on <strong>en</strong>trait dans la maison; les occupants<br />

étai<strong>en</strong>t aussitôt <strong>en</strong>chaînés, et la procession<br />

continuait sa marche à la recherche <strong>de</strong> quelque<br />

nouvelle victime. « Il n’épargnait maisons, gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ou petites, dit le chroniqueur, comme aussi tous les<br />

collèges <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Paris.... Morin faisait<br />

trembler toute la ville.... C’était le règne <strong>de</strong> la<br />

terreur. » (Ibid.)<br />

<strong>Le</strong>s victimes fur<strong>en</strong>t mises à mort au milieu <strong>de</strong><br />

véritables tortures : on avait, <strong>en</strong> effet, spécialem<strong>en</strong>t<br />

ordonné d’adoucir le feu, afin <strong>de</strong> prolonger leur<br />

agonie. Mais elles mourur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vainqueurs; leur<br />

404


constance ne se dém<strong>en</strong>tit pas et ri<strong>en</strong> ne vint<br />

troubler leur paix. <strong>Le</strong>s persécuteurs, incapables<br />

d’ébranler l’inflexible fermeté <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs, se<br />

s<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t vaincus. « Des bûchers fur<strong>en</strong>t dressés,<br />

dans tous les quartiers <strong>de</strong> Paris, et les victimes y<br />

étai<strong>en</strong>t brûlées p<strong>en</strong>dant plusieurs jours successifs,<br />

afin <strong>de</strong> répandre davantage la terreur <strong>de</strong> l’hérésie.<br />

En définitive, l’Évangile triompha. Tout Paris eut<br />

l’occasion <strong>de</strong> voir quel g<strong>en</strong>re d’hommes les<br />

nouvelles opinions pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer. Aucune<br />

chaire n’eût été comparable au bûcher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

victimes. <strong>La</strong> joie sereine que respirait le visage <strong>de</strong><br />

ces hommes qui se r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t au lieu <strong>de</strong> l’exécution,<br />

leur héroïsme au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes, la charité<br />

avec laquelle ils pardonnai<strong>en</strong>t à leurs persécuteurs<br />

transformai<strong>en</strong>t dans nombre <strong>de</strong> cas la colère <strong>en</strong><br />

pitié, la haine <strong>en</strong> amour, et plaidai<strong>en</strong>t avec une<br />

irrésistible éloqu<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l’Évangile. »<br />

Désireux d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir la fureur populaire, les<br />

prêtres répandai<strong>en</strong>t contre les protestants les plus<br />

noires calomnies. On les accusait <strong>de</strong> conspirer le<br />

massacre <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques, le r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’État<br />

et l’assassinat du roi. On ne pouvait pas avancer<br />

405


l’ombre d’une preuve à l’appui <strong>de</strong> ces allégations.<br />

Ces sombres prophéties <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t toutefois<br />

s’accomplir dans <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes<br />

et pour <strong><strong>de</strong>s</strong> causes d’une tout autre nature. <strong>Le</strong> sort<br />

qu’on disait alors immin<strong>en</strong>t, et qu’on accusait les<br />

réformés <strong>de</strong> préparer au pays, tomba, <strong>en</strong> effet, sur<br />

la France quelques siècles plus tard. Mais<br />

l’avalanche effroyable qui s’abattit alors sur le roi,<br />

sur son gouvernem<strong>en</strong>t et sur ses sujets, eut pour<br />

cause directe les cruautés exercées par les<br />

catholiques contre d’innoc<strong>en</strong>ts protestants.<br />

Seulem<strong>en</strong>t, les fauteurs <strong>de</strong> cette catastrophe fur<strong>en</strong>t<br />

les incrédules et les partisans du pape. Ce ne fut<br />

pas l’établissem<strong>en</strong>t du protestantisme, mais son<br />

écrasem<strong>en</strong>t qui, trois siècles plus tard, précipita ce<br />

cataclysme sur la France.<br />

<strong>La</strong> suspicion et la terreur se répandir<strong>en</strong>t dans<br />

toutes les classes <strong>de</strong> la société. Au milieu <strong>de</strong><br />

l’alarme générale, on vit à quel point les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts luthéri<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t pénétré les<br />

hommes qui occupai<strong>en</strong>t le premier rang dans<br />

l’estime publique par leur sci<strong>en</strong>ce, leur influ<strong>en</strong>ce et<br />

l’excell<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur caractère. Soudain, <strong><strong>de</strong>s</strong> postes<br />

406


d’honneur et <strong>de</strong> confiance se trouvèr<strong>en</strong>t vacants.<br />

Des artisans, <strong><strong>de</strong>s</strong> imprimeurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

professeurs d’université et même <strong><strong>de</strong>s</strong> courtisans<br />

disparur<strong>en</strong>t. Des c<strong>en</strong>taines d’hommes s’<strong>en</strong>fuir<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> Paris et s’exilèr<strong>en</strong>t volontairem<strong>en</strong>t. Beaucoup<br />

d’<strong>en</strong>tre eux donnèr<strong>en</strong>t alors la première preuve <strong>de</strong><br />

leur sympathie pour la foi réformée. <strong>Le</strong>s papistes,<br />

voyant avec stupéfaction le grand nombre<br />

d’hérétiques insoupçonnés qui avai<strong>en</strong>t été tolérés<br />

au milieu d’eux, tournèr<strong>en</strong>t leur fureur contre la<br />

multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> victimes plus humbles qui tombai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> leur pouvoir. <strong>Le</strong>s prisons regorgeai<strong>en</strong>t, et<br />

l’atmosphère elle-même semblait obscurcie par la<br />

fumée <strong><strong>de</strong>s</strong> bûchers allumés pour brûler les<br />

confesseurs <strong>de</strong> l’Évangile.<br />

François Ier s’était glorifié d’être un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

créateurs <strong>de</strong> la R<strong>en</strong>aissance <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres qui marqua<br />

le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du XVIe siècle. Il s’était plu à<br />

attirer à sa cour <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes érudits <strong>de</strong> tous pays.<br />

C’est à son amour <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres et à son mépris pour<br />

l’ignorance et la superstition <strong><strong>de</strong>s</strong> moines qu’était<br />

dû, au moins <strong>en</strong> partie, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> tolérance qu’il<br />

avait accordé à la Réforme. Mais dans l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

407


son zèle contre l’hérésie, « le père <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres fit<br />

une ordonnance portant, sous peine <strong>de</strong> la hart,<br />

l’abolition <strong>de</strong> l’imprimerie dans toute la France!<br />

Cet édit ne fut pas exécuté; il est, toutefois, un<br />

indice <strong>de</strong> l’esprit qui animait les <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la<br />

Réforme. » (Id., chap. XII, p. 183.) François Ier est<br />

l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux exemples <strong>de</strong> l’histoire montrant<br />

que l’intolérance religieuse et la persécution<br />

peuv<strong>en</strong>t fort bi<strong>en</strong> être le fait <strong>de</strong> personnes éprises<br />

<strong>de</strong> culture intellectuelle.<br />

Par une cérémonie sol<strong>en</strong>nelle et publique, la<br />

France <strong>de</strong>vait pr<strong>en</strong>dre définitivem<strong>en</strong>t parti contre le<br />

protestantisme. <strong>Le</strong>s prêtres <strong>de</strong>mandèr<strong>en</strong>t que<br />

l’affront fait au ciel par les attaques contre la messe<br />

fût lavé dans le sang et que le roi, au nom du<br />

peuple, sanctionnât cette barbare <strong>en</strong>treprise. Un<br />

chroniqueur du temps, Simon Fontaine, docteur <strong>de</strong><br />

Sorbonne, nous <strong>en</strong> a laissé le récit détaillé.<br />

<strong>Le</strong> 21 janvier 1535, une foule innombrable était<br />

rassemblée <strong>de</strong> toute la contrée <strong>en</strong>vironnante. « Il<br />

n’y avait tant soit petit bout <strong>de</strong> bois ou <strong>de</strong> pierre<br />

saillant <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles qui ne fût chargé, pourvu<br />

408


qu’il y eût place pour une personne. <strong>Le</strong>s toits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maisons étai<strong>en</strong>t couverts d’hommes petits et<br />

grands, et on eût jugé les rues pavées <strong>de</strong> têtes<br />

humaines. Jamais tant <strong>de</strong> reliques n’avai<strong>en</strong>t été<br />

prom<strong>en</strong>ées par les rues <strong>de</strong> Paris. » (G. <strong>de</strong> félice,<br />

Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Protestants <strong>de</strong> France, p. 46, 47.)<br />

« <strong>Le</strong>s reliques passées, v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t un grand<br />

nombre <strong>de</strong> cardinaux, archevêques, évêques, abbés<br />

chapés et mitrés. Puis, sous un dais magnifique,<br />

dont les quatre bâtons étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us par les trois fils<br />

du roi et le duc <strong>de</strong> V<strong>en</strong>dôme, premier prince du<br />

sang, se trouvait l’hostie portée par l’évêque <strong>de</strong><br />

Paris.... Alors paraissait <strong>en</strong>fin François Ier, sans<br />

faste, à pied, tête nue, une torche ard<strong>en</strong>te à la main,<br />

comme un pénit<strong>en</strong>t chargé d’expier les sacrilèges<br />

<strong>de</strong> son peuple. À chaque reposoir, il remettait sa<br />

torche au cardinal <strong>de</strong> Lorraine, joignait les mains et<br />

se prosternait, s’humiliant, non pour ses adultères,<br />

ses m<strong>en</strong>songes ou ses faux serm<strong>en</strong>ts, il n’y p<strong>en</strong>sait<br />

pas, mais pour l’audace <strong>de</strong> ceux qui ne voulai<strong>en</strong>t<br />

pas la messe. Il était suivi <strong>de</strong> la reine, <strong><strong>de</strong>s</strong> princes et<br />

princesses, <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs étrangers, <strong>de</strong> toute la<br />

cour, du chancelier <strong>de</strong> France, du Conseil, du<br />

409


Parlem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> robes écarlates, <strong>de</strong> l’Université, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autres compagnies <strong>de</strong> sa gar<strong>de</strong>. Tous marchai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux, 'donnant toutes les marques d’une<br />

piété extraordinaire', chacun, dans un profond<br />

sil<strong>en</strong>ce, t<strong>en</strong>ant son flambeau allumé. Des chants<br />

spirituels et <strong><strong>de</strong>s</strong> airs funèbres interrompai<strong>en</strong>t seuls,<br />

<strong>de</strong> temps <strong>en</strong> temps, le calme <strong>de</strong> cette morne et l<strong>en</strong>te<br />

procession. » (Merle d’Aubigné, Hist. <strong>de</strong> la<br />

Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin, liv. IV, chap. XI,<br />

p. 169, 170.)<br />

Au programme figurait un discours du roi<br />

<strong>de</strong>vant les dignitaires <strong>de</strong> l’État, dans la gran<strong>de</strong> salle<br />

<strong>de</strong> l’archevêché. L’air désolé, le monarque prit la<br />

parole : « O crime! dit-il, ô blasphème! ô jour <strong>de</strong><br />

douleur et d’opprobre! pourquoi a-t-il fallu que<br />

vous ayez lui sur nous?... » (Id., p. 175) Il invita<br />

tous ses fidèles sujets à le secon<strong>de</strong>r dans ses efforts<br />

<strong>en</strong> vue d’extirper l’hérésie pestil<strong>en</strong>tielle qui<br />

m<strong>en</strong>açait la France. « Aussi vrai, Messieurs,<br />

continua-t-il, que je suis votre roi, si je savais l’un<br />

<strong>de</strong> mes propres membres maculé, infecté <strong>de</strong> cette<br />

détestable pourriture, je vous le donnerais à<br />

couper.... Bi<strong>en</strong> plus, si j’apercevais un <strong>de</strong> mes<br />

410


<strong>en</strong>fants <strong>en</strong>taché, je ne l’épargnerais pas.... Je le<br />

voudrais bailler moi-même et je le sacrifierais à<br />

Dieu. » (Id., p. 176, 177.) Il s’arrêta suffoqué par<br />

les larmes, et toute l’assemblée s’écria au milieu<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sanglots : « Nous voulons vivre et mourir pour<br />

la religion catholique. »<br />

Une nuit sombre était <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>due sur une nation<br />

qui avait rejeté la vérité. « <strong>La</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu, source<br />

<strong>de</strong> salut pour tous les hommes », avait été<br />

manifestée; mais après <strong>en</strong> avoir contemplé la<br />

puissance et la sainteté, après que <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

ses <strong>en</strong>fants eur<strong>en</strong>t été attirés par sa divine beauté,<br />

après que ses villes et ses hameaux eur<strong>en</strong>t été<br />

illuminés <strong>de</strong> son éclat, la France s’<strong>en</strong> était<br />

détournée et avait préféré les ténèbres à la lumière.<br />

Repoussant le don divin qui lui était offert, elle<br />

avait appelé le mal bi<strong>en</strong> et le bi<strong>en</strong> mal, et elle était<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue la victime <strong>de</strong> son égarem<strong>en</strong>t volontaire.<br />

Elle avait beau croire maint<strong>en</strong>ant r<strong>en</strong>dre service à<br />

Dieu <strong>en</strong> persécutant Son peuple, sa sincérité<br />

n’atténuait point sa culpabilité. Elle avait<br />

volontairem<strong>en</strong>t rejeté la lumière qui l’eût empêchée<br />

<strong>de</strong> se laisser leurrer et <strong>de</strong> se baigner dans le sang<br />

411


innoc<strong>en</strong>t.<br />

« Après avoir déployé son éloqu<strong>en</strong>ce, le roi<br />

allait déployer sa cruauté. À Notre-Dame, où,<br />

moins <strong>de</strong> trois siècles plus tard, une nation<br />

oublieuse du Dieu vivant allait introniser la déesse<br />

'Raison', on jura sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t l’extirpation <strong>de</strong><br />

l’hérésie. 'François Ier, toujours extrême, dit un<br />

histori<strong>en</strong> très catholique, ne dédaigna pas <strong>de</strong><br />

souiller ses yeux d’un spectacle plein <strong>de</strong> barbarie et<br />

d’horreur.' Sur la route <strong>de</strong> Sainte-G<strong>en</strong>eviève au<br />

Louvre, <strong>de</strong>ux bûchers avai<strong>en</strong>t été dressés, l’un à la<br />

Croix du Tirouer, rue Saint-Honoré, et l’autre aux<br />

Halles. Quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes les plus<br />

excell<strong>en</strong>ts que r<strong>en</strong>fermât la France allai<strong>en</strong>t être<br />

brûlés, après d’affreux tourm<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> roi, sa<br />

famille, les nobles et tout le cortège, s’étant mis <strong>en</strong><br />

marche, fir<strong>en</strong>t d’abord halte à la Croix du Tirouer.<br />

<strong>Le</strong> cruel lieut<strong>en</strong>ant Morin fit avancer alors trois<br />

chréti<strong>en</strong>s évangéliques <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à être brûlés 'pour<br />

apaiser l’ire <strong>de</strong> Dieu'. C’étai<strong>en</strong>t l’excell<strong>en</strong>t Valeton,<br />

le receveur <strong>de</strong> Nantes, maître Nicole, clerc <strong>de</strong><br />

greffier du Châtelet, et un autre.... <strong>Le</strong>s prêtres,<br />

sachant que Valeton était homme <strong>de</strong> crédit et...<br />

412


désirant le gagner, s’approchèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lui et lui<br />

dir<strong>en</strong>t : 'Nous avons avec nous l’Église universelle;<br />

hors d’elle point <strong>de</strong> salut; r<strong>en</strong>trez-y; votre foi vous<br />

perd.' Ce fidèle chréti<strong>en</strong> répondit : 'Je ne crois que<br />

ce que les prophètes et les apôtres ont jadis prêché,<br />

et ce qu’a cru toute la compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. Ma foi<br />

a <strong>en</strong> Dieu une confiance qui résistera à toutes les<br />

puissances <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fer.' <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> qui se<br />

trouvai<strong>en</strong>t épars dans la foule admirai<strong>en</strong>t sa<br />

fermeté, et la p<strong>en</strong>sée qu’il laissait <strong>de</strong>rrière lui une<br />

femme désolée touchait tous les coeurs...<br />

» François et ses courtisans n’<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>en</strong>core assez. 'Aux Halles, aux Halles!' s’écriait-on,<br />

et une masse <strong>de</strong> curieux courai<strong>en</strong>t précipitamm<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> ce côté, sachant que les bourreaux y avai<strong>en</strong>t<br />

préparé un second divertissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> même nature.<br />

À peine le roi et son cortège y fur<strong>en</strong>t-ils arrivés,<br />

qu’on comm<strong>en</strong>ça à faire l’effroyable estrapa<strong>de</strong>...<br />

» François Ier r<strong>en</strong>tra satisfait au Louvre; les<br />

courtisans qui l’<strong>en</strong>tourai<strong>en</strong>t disai<strong>en</strong>t que le<br />

triomphe <strong>de</strong> la sainte Église était à jamais affermi<br />

dans le beau royaume <strong>de</strong> France.... <strong>Le</strong> 29 janvier, le<br />

413


oi 'r<strong>en</strong>dit un édit pour l’extirpation <strong>de</strong> la secte<br />

luthéri<strong>en</strong>ne, qui a pullulé et pullule dans le<br />

royaume; avec comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dénoncer ses<br />

sectateurs'. En même temps, il adressa une<br />

circulaire à tous les parlem<strong>en</strong>ts, leur prescrivant <strong>de</strong><br />

donner 'ai<strong>de</strong> et prisons', pour que l’hérésie fût<br />

promptem<strong>en</strong>t extirpée. » (Id., chap XII, p. 177-178,<br />

180, 181-183.)<br />

L’Évangile <strong>de</strong> paix, rejeté par la France, allait<br />

<strong>en</strong> effet être banni du royaume, mais à quel prix!<br />

<strong>Le</strong> 21 janvier 1793, <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t cinquante-huit ans<br />

après ces lam<strong>en</strong>tables scènes, une procession d’un<br />

autre g<strong>en</strong>re parcourait les rues <strong>de</strong> Paris, pour une<br />

raison tout à fait différ<strong>en</strong>te. <strong>Le</strong> roi <strong>en</strong> était <strong>de</strong><br />

nouveau le principal personnage; <strong>de</strong> nouveau on<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait les clameurs <strong>de</strong> la populace <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

d’autres victimes; <strong>de</strong> nouveau se dressai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

noirs échafauds pour servir à d’affreuses<br />

exécutions. « Louis XVI, se débattant <strong>en</strong>tre les<br />

mains <strong>de</strong> ses geôliers et <strong>de</strong> ses bourreaux, était<br />

traîné sur la planche et maint<strong>en</strong>u <strong>de</strong> vive force, <strong>en</strong><br />

att<strong>en</strong>dant que le couperet fît tomber sa tête. » ( Cf.<br />

Histoire Mo<strong>de</strong>rne et Contemporaine, Dufayard et<br />

414


Suérus, p. 488, 489.) <strong>Le</strong> roi <strong>de</strong> France ne <strong>de</strong>vait pas<br />

périr seul; près du même lieu, p<strong>en</strong>dant les jours<br />

sanglants <strong>de</strong> la Terreur, <strong>de</strong>ux mille huit c<strong>en</strong>ts<br />

hommes et femmes fur<strong>en</strong>t décapités.<br />

<strong>La</strong> Réforme avait ouvert le Livre <strong>de</strong> Dieu<br />

<strong>de</strong>vant le mon<strong>de</strong>; elle avait rappelé les préceptes <strong>de</strong><br />

la loi divine et proclamé ses droits sur les<br />

consci<strong>en</strong>ces. L’Amour infini avait fait connaître<br />

aux hommes les statuts et les principes du ciel.<br />

Dieu avait dit : « Vous les observerez et vous les<br />

mettrez <strong>en</strong> pratique; car ce sera là votre sagesse et<br />

votre intellig<strong>en</strong>ce aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples, qui<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dront parler <strong>de</strong> toutes ces lois et qui diront :<br />

Cette gran<strong>de</strong> nation est un peuple absolum<strong>en</strong>t sage<br />

et intellig<strong>en</strong>t! » ( Deutéronome 4.6 ) En rejetant le<br />

don du ciel, la France répandait <strong><strong>de</strong>s</strong> sem<strong>en</strong>ces<br />

d’anarchie et <strong>de</strong> ruine dont la moisson inévitable<br />

fut récoltée sous la Révolution et le règne <strong>de</strong> la<br />

Terreur.<br />

Longtemps avant la persécution provoquée par<br />

les placards, l’intrépi<strong>de</strong> et ard<strong>en</strong>t Farel avait été<br />

obligé <strong>de</strong> quitter le pays <strong>de</strong> sa naissance. Il s’était<br />

415


etiré <strong>en</strong> Suisse où, secondant Zwingle dans ses<br />

travaux, il contribua à faire triompher la Réforme.<br />

C’est à ce pays qu’il <strong>de</strong>vait consacrer les <strong>de</strong>rnières<br />

années <strong>de</strong> sa vie. Il continua, toutefois, à exercer<br />

une influ<strong>en</strong>ce décisive sur la Réforme <strong>en</strong> France.<br />

P<strong>en</strong>dant les premières années <strong>de</strong> son exil, il<br />

consacra beaucoup <strong>de</strong> temps à évangéliser ses<br />

compatriotes du Jura d’où, avec une inlassable<br />

vigilance, il surveillait le conflit qui sévissait dans<br />

son pays natal, prodiguant ses paroles<br />

d’exhortation et ses conseils. Grâce à ses<br />

<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts et au concours d’autres exilés, les<br />

écrits <strong><strong>de</strong>s</strong> réformateurs allemands aussi bi<strong>en</strong> que<br />

l’Écriture sainte étai<strong>en</strong>t traduits <strong>en</strong> français et<br />

imprimés à grands tirages. Ces ouvrages fur<strong>en</strong>t<br />

largem<strong>en</strong>t répandus <strong>en</strong> France par <strong><strong>de</strong>s</strong> colporteurs –<br />

auxquels ils étai<strong>en</strong>t cédés à bas prix – ce qui leur<br />

donnait la possibilité <strong>de</strong> vivre du produit <strong>de</strong> leurs<br />

v<strong>en</strong>tes et <strong>de</strong> poursuivre leur oeuvre.<br />

Farel avait comm<strong>en</strong>cé sa mission <strong>en</strong> Suisse <strong>en</strong><br />

exerçant l’humble fonction <strong>de</strong> maître d’école, se<br />

vouant à l’éducation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants dans une paroisse<br />

isolée. Afin d’atteindre les par<strong>en</strong>ts, il ajoutait<br />

416


pru<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t aux branches ordinaires<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures. Quelques-uns<br />

ayant reçu la Parole, les prêtres intervinr<strong>en</strong>t et<br />

soulevèr<strong>en</strong>t contre le réformateur les campagnards<br />

superstitieux. « Ce ne peut être l’Évangile du<br />

Christ, disai<strong>en</strong>t les prêtres, puisque sa prédication<br />

amène non la paix, mais la guerre. » Comme les<br />

disciples <strong>de</strong> Jésus, lorsqu’il était persécuté <strong>en</strong> un<br />

lieu, Farel fuyait dans un autre, allant <strong>de</strong> village <strong>en</strong><br />

village et <strong>de</strong> ville <strong>en</strong> ville, voyageant à pied, exposé<br />

au froid, à la faim, à la fatigue. Partout <strong>en</strong> danger<br />

<strong>de</strong> mort, il prêchait sur les places <strong>de</strong> marché, dans<br />

les églises et, à l’occasion, dans la chaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cathédrales. Il lui arrivait <strong>de</strong> se trouver sans<br />

auditeurs. Parfois, sa prédication était interrompue<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> cris et <strong><strong>de</strong>s</strong> moqueries; d’autres fois, il était<br />

violemm<strong>en</strong>t expulsé du lieu <strong>de</strong> l’assemblée. À<br />

maintes reprises, poursuivi et frappé par la<br />

populace, il fut laissé pour mort. Mais il ne se<br />

décourageait pas. Repoussé, il rev<strong>en</strong>ait<br />

opiniâtrem<strong>en</strong>t à l’assaut et finissait par voir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

villes, <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgs et <strong><strong>de</strong>s</strong> villages, autrefois<br />

forteresses <strong>de</strong> la papauté, ouvrir leurs portes à<br />

l’Évangile. <strong>La</strong> petite paroisse d’Aigle, qui fut le<br />

417


théâtre <strong>de</strong> ses premiers travaux, ne tarda pas à se<br />

ranger sous la bannière <strong>de</strong> la Réforme. <strong>Le</strong>s villes<br />

<strong>de</strong> Morat et <strong>de</strong> Neuchâtel, abandonnant aussi les<br />

rites du romanisme, <strong>en</strong>levèr<strong>en</strong>t les idoles <strong>de</strong> leurs<br />

églises.<br />

Depuis longtemps, Farel aspirait à planter<br />

l’ét<strong>en</strong>dard protestant à G<strong>en</strong>ève. Si cette ville<br />

pouvait être gagnée, p<strong>en</strong>sait-il, elle <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drait un<br />

c<strong>en</strong>tre pour la Réforme <strong>en</strong> Suisse, <strong>en</strong> France et <strong>en</strong><br />

Italie. Dans cette perspective, il avait réussi à<br />

rallier à la cause <strong>de</strong> l’Évangile plusieurs bourgs et<br />

villages <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>virons. Accompagné d’un<br />

collaborateur nommé Antoine Saunier, il <strong>en</strong>tra dans<br />

G<strong>en</strong>ève. Mais il ne put y prêcher que <strong>de</strong>ux fois. <strong>Le</strong>s<br />

prêtres, ayant échoué dans leurs efforts pour le<br />

faire condamner par l’autorité civile, le sommèr<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> comparaître <strong>de</strong>vant un tribunal ecclésiastique,<br />

où ils se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t avec <strong><strong>de</strong>s</strong> armes cachées sous<br />

leurs soutanes, déterminés à lui ôter la vie. En<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la salle, une populace furieuse, armée <strong>de</strong><br />

gourdins et d’épées, s’apprêtait à le tuer dans le cas<br />

où il réussirait à s’échapper du tribunal. Farel fut<br />

sauvé grâce à la prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats civils et<br />

418


d’une troupe armée. De bonne heure, le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main,<br />

il était, avec son compagnon, conduit <strong>en</strong> lieu sûr <strong>de</strong><br />

l’autre côté du lac. Ainsi se termina sa première<br />

t<strong>en</strong>tative d’évangélisation à G<strong>en</strong>ève.<br />

<strong>La</strong> secon<strong>de</strong> fois, on choisit un instrum<strong>en</strong>t plus<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te; c’était un jeune homme <strong>de</strong> si chétive<br />

appar<strong>en</strong>ce qu’il fut froi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t reçu, même par les<br />

amis <strong>de</strong> la Réforme. Que pouvait faire cet homme<br />

inexpérim<strong>en</strong>té là où Farel avait échoué? Comm<strong>en</strong>t<br />

pourrait-il résister à la tempête <strong>de</strong>vant laquelle le<br />

vaillant réformateur avait dû battre <strong>en</strong> Retraite? «<br />

Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais<br />

c’est par mon esprit, dit l’Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées. » (<br />

Zacharie 4.6 ) En effet, « Dieu a choisi les choses<br />

folles du mon<strong>de</strong> pour confondre les sages; Dieu a<br />

choisi les choses faibles du mon<strong>de</strong> pour confondre<br />

les fortes ». « Car la folie <strong>de</strong> Dieu est plus sage que<br />

les hommes, et la faiblesse <strong>de</strong> Dieu est plus forte<br />

que les hommes. » ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 1.27, 25 )<br />

From<strong>en</strong>t – c’était le nom du jeune homme – se<br />

mit à l’oeuvre comme maître d’école. <strong>Le</strong>s vérités<br />

<strong>en</strong>seignées par lui <strong>en</strong> classe étai<strong>en</strong>t répétées à la<br />

419


maison par les <strong>en</strong>fants. Bi<strong>en</strong>tôt, les par<strong>en</strong>ts vinr<strong>en</strong>t<br />

aussi pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre exposer les saintes Écritures, et<br />

la salle d’école ne tarda pas à être trop petite pour<br />

cont<strong>en</strong>ir les auditeurs att<strong>en</strong>tifs qui s’y pressai<strong>en</strong>t.<br />

De nombreux traités et Nouveaux Testam<strong>en</strong>ts<br />

fur<strong>en</strong>t distribués et lus par bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui<br />

n’euss<strong>en</strong>t pas osé écouter un exposé public <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nouvelles doctrines. Au bout <strong>de</strong> quelque temps,<br />

From<strong>en</strong>t fut aussi obligé <strong>de</strong> s’<strong>en</strong>fuir; mais les<br />

vérités qu’il avait <strong>en</strong>seignées avai<strong>en</strong>t gagné les<br />

coeurs. Une fois implantée, la Réforme continua <strong>de</strong><br />

se fortifier et <strong>de</strong> s’ét<strong>en</strong>dre. <strong>Le</strong>s prédicateurs<br />

revinr<strong>en</strong>t, et, grâce à leurs travaux, le culte<br />

protestant finit par s’établir à G<strong>en</strong>ève.<br />

<strong>La</strong> ville s’était déclarée pour la Réforme<br />

lorsque Calvin, après bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> voyages, <strong>en</strong>tra dans<br />

ses murs. Rev<strong>en</strong>ant d’une vi<strong>site</strong> dans son pays<br />

natal, il se r<strong>en</strong>dait à Bâle pour y poursuivre ses<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong>; mais, trouvant la route barrée par les<br />

troupes <strong>de</strong> Charles Quint, il fut obligé <strong>de</strong> faire un<br />

détour qui l’am<strong>en</strong>a à passer par G<strong>en</strong>ève.<br />

Farel reconnut la main <strong>de</strong> Dieu dans cette<br />

420


vi<strong>site</strong>. G<strong>en</strong>ève avait accepté la Réforme, mais une<br />

gran<strong>de</strong> oeuvre y restait à faire. Ce n’est point par<br />

collectivités, mais individuellem<strong>en</strong>t que l’on se<br />

convertit à Dieu. C’est par le Saint-Esprit et non<br />

par les décrets <strong><strong>de</strong>s</strong> Chambres législatives que<br />

l’oeuvre <strong>de</strong> la régénération doit s’accomplir dans<br />

les coeurs et les consci<strong>en</strong>ces. <strong>Le</strong>s G<strong>en</strong>evois avai<strong>en</strong>t<br />

brisé le joug <strong>de</strong> Rome, mais ils se montrai<strong>en</strong>t<br />

moins empressés à rompre avec les vices qui<br />

avai<strong>en</strong>t fleuri sous sa domination. Établir dans cette<br />

ville les principes du pur Évangile et préparer sa<br />

population à remplir dignem<strong>en</strong>t le rôle auquel elle<br />

paraissait appelée, ce n’était pas une tâche aisée.<br />

Farel fut convaincu d’avoir trouvé <strong>en</strong> Calvin<br />

l’homme qu’il <strong>de</strong>vait s’adjoindre <strong>en</strong> vue d’une telle<br />

oeuvre. Au nom <strong>de</strong> Dieu, il adjura sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t<br />

le jeune évangéliste <strong>de</strong> rester dans cette ville pour<br />

<strong>en</strong> faire son champ <strong>de</strong> travail. Calvin, effrayé,<br />

hésitait. Timi<strong>de</strong> et ami <strong>de</strong> la paix, il redoutait<br />

d’<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> conflit avec l’esprit hardi, indép<strong>en</strong>dant<br />

et fron<strong>de</strong>ur <strong><strong>de</strong>s</strong> G<strong>en</strong>evois. Sa santé délicate et ses<br />

habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> studieuses lui faisai<strong>en</strong>t désirer la retraite.<br />

P<strong>en</strong>sant qu’il pourrait mieux servir la cause <strong>de</strong> la<br />

421


Réforme par la plume, il cherchait un lieu paisible<br />

où il pût se livrer à l’étu<strong>de</strong> et, <strong>de</strong> là, instruire et<br />

édifier les églises au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> la presse. Mais,<br />

dans la sommation <strong>de</strong> Farel, il crut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la voix<br />

<strong>de</strong> Dieu et n’osa plus résister. Il lui sembla, dit-il<br />

plus tard, « que la main <strong>de</strong> Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dait du ciel,<br />

qu’elle le saisissait, et qu’elle le fixait<br />

irrévocablem<strong>en</strong>t à la place qu’il était si impati<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> quitter ». (Merle d’Aubigné, Histoire <strong>de</strong> la<br />

Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin, liv. IX, chap.<br />

XVII, p. 589.)<br />

De grands périls m<strong>en</strong>açai<strong>en</strong>t alors la cause<br />

protestante. <strong>Le</strong> pape fulminait ses foudres contre<br />

G<strong>en</strong>ève, et <strong><strong>de</strong>s</strong> nations puissantes méditai<strong>en</strong>t sa<br />

ruine. Comm<strong>en</strong>t cette petite cité pourrait-elle<br />

échapper à la puissante hiérarchie qui avait<br />

subjugué tant <strong>de</strong> rois et d’empereurs? Comm<strong>en</strong>t<br />

pourrait-elle résister aux armées <strong><strong>de</strong>s</strong> grands<br />

conquérants <strong>de</strong> la terre?<br />

Dans toute la chréti<strong>en</strong>té, les protestants étai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>tourés d’<strong>en</strong>nemis formidables. <strong>Le</strong>s premiers<br />

triomphes <strong>de</strong> la Réforme passés, Rome rassemblait<br />

422


<strong>de</strong> nouvelles forces dans l’espoir <strong>de</strong> l’écraser. C’est<br />

alors que se fonda l’ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites, le déf<strong>en</strong>seur<br />

<strong>de</strong> la papauté le moins scrupuleux, le plus puissant<br />

et le plus cruel. Affranchis <strong>de</strong> toute obligation et <strong>de</strong><br />

tout intérêt humains, morts aux droits <strong>de</strong> l’affection<br />

naturelle, sourds à la voix <strong>de</strong> leur raison et <strong>de</strong> leur<br />

consci<strong>en</strong>ce, les Jésuites ne connaissai<strong>en</strong>t d’autre<br />

li<strong>en</strong>s et d’autres règles que ceux <strong>de</strong> leur ordre, ni<br />

d’autre <strong>de</strong>voir que celui d’<strong>en</strong> accroître la puissance.<br />

L’Évangile <strong>de</strong> Jésus-Christ donnait à ceux qui<br />

l’acceptai<strong>en</strong>t la force d’affronter le danger, <strong>de</strong><br />

supporter sans découragem<strong>en</strong>t la souffrance, le<br />

froid, la faim, la fatigue et la pauvreté. Il les r<strong>en</strong>dait<br />

capables <strong>de</strong> prêcher la vérité sans craindre ni la<br />

roue, ni la prison, ni le bûcher. Pour les combattre,<br />

le jésuitisme inspira à ses disciples un fanatisme<br />

qui leur permettait d’affronter les mêmes dangers<br />

et d’opposer à la vérité toutes les armes <strong>de</strong> l’erreur.<br />

Pour arriver à leurs fins, il n’y avait pour eux ni<br />

crime trop hi<strong>de</strong>ux, ni duplicité trop basse, ni<br />

stratagème trop audacieux. Ayant fait voeu <strong>de</strong><br />

pauvreté et d’humilité perpétuelles, ils ne<br />

recherchai<strong>en</strong>t la fortune et le pouvoir que pour les<br />

faire servir à la suppression du protestantisme et au<br />

423


établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la suprématie papale. » (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a19)<br />

En fonction <strong>de</strong> leur ordre, ils revêtai<strong>en</strong>t une<br />

appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> sainteté, visitai<strong>en</strong>t les prisons et les<br />

hôpitaux, secourai<strong>en</strong>t les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et les pauvres,<br />

professai<strong>en</strong>t avoir r<strong>en</strong>oncé au mon<strong>de</strong> et se<br />

réclamai<strong>en</strong>t du nom <strong>de</strong> ce Jésus qui allait <strong>de</strong> lieu <strong>en</strong><br />

lieu <strong>en</strong> faisant du bi<strong>en</strong>. Mais cet extérieur<br />

irréprochable cachait souv<strong>en</strong>t les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins les plus<br />

noirs et les plus odieux. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> principes<br />

fondam<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> cet ordre était que « la fin justifie<br />

les moy<strong>en</strong>s ». En vertu <strong>de</strong> ce principe, le<br />

m<strong>en</strong>songe, le vol, le parjure, le meurtre étai<strong>en</strong>t non<br />

seulem<strong>en</strong>t pardonnables, mais méritoires quand ils<br />

servai<strong>en</strong>t les intérêts <strong>de</strong> l’Église. Sous <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

déguisem<strong>en</strong>ts divers, les Jésuites s’insinuai<strong>en</strong>t dans<br />

les bureaux <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t conseillers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois et dirigeai<strong>en</strong>t la politique <strong><strong>de</strong>s</strong> nations. Ils se<br />

faisai<strong>en</strong>t serviteurs pour espionner leurs maîtres. Ils<br />

fondai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> collèges pour les fils <strong><strong>de</strong>s</strong> princes et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nobles et, pour le peuple, <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles, où ils<br />

attirai<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> par<strong>en</strong>ts protestants, qu’ils<br />

accoutumai<strong>en</strong>t à observer les rites <strong>de</strong> l’Église.<br />

424


Toute la pompe <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies romaines était mise<br />

à réquisition pour éblouir et captiver les<br />

imaginations, et il arrivait ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> fils<br />

trahissai<strong>en</strong>t la foi pour laquelle leurs pères avai<strong>en</strong>t<br />

souffert. L’ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites se répandit<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t dans toutes les parties <strong>de</strong> l’Europe, et<br />

partout on assistait à une recru<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>ce du<br />

papisme.<br />

Pour ajouter à la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites, une<br />

bulle papale rétablit l’Inquisition. (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a20) Malgré l’horreur qu’il inspirait, même dans<br />

les pays catholiques, ce terrible tribunal fonctionna<br />

<strong>de</strong> nouveau sous la direction <strong><strong>de</strong>s</strong> émissaires <strong>de</strong><br />

Rome, et <strong><strong>de</strong>s</strong> atrocités trop odieuses pour être<br />

décrites fur<strong>en</strong>t répétées dans ses cachots. Dans<br />

plusieurs pays, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers et <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

d’hommes – la fleur <strong>de</strong> la nation, purs parmi les<br />

purs, g<strong>en</strong>tilshommes et lettrés, pieux pasteurs et<br />

philanthropes, citoy<strong>en</strong>s industrieux et loyaux<br />

patriotes, savants émin<strong>en</strong>ts, artistes distingués et<br />

habiles artisans – fur<strong>en</strong>t mis à mort ou contraints <strong>de</strong><br />

s’<strong>en</strong>fuir à l’étranger.<br />

425


Tels étai<strong>en</strong>t les moy<strong>en</strong>s auxquels Rome<br />

recourait pour éteindre la lumière <strong>de</strong> la Réforme,<br />

pour <strong>en</strong>lever aux hommes la Parole <strong>de</strong> Dieu, et<br />

pour rétablir le règne <strong>de</strong> l’ignorance et les<br />

superstitions du Moy<strong>en</strong> Age. Mais grâce aux<br />

successeurs <strong>de</strong> Luther suscités par Dieu, le<br />

protestantisme ne fut pas anéanti. Ce n’est point à<br />

la faveur ni aux armes <strong><strong>de</strong>s</strong> princes qu’il dut sa<br />

force. <strong>Le</strong>s plus petits pays, les nations les plus<br />

humbles <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t ses forteresses et ses déf<strong>en</strong>seurs<br />

: la froi<strong>de</strong> et stérile Suè<strong>de</strong>; la mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te G<strong>en</strong>ève, au<br />

milieu d’<strong>en</strong>nemis redoutables qui conspirai<strong>en</strong>t sa<br />

ruine; la Hollan<strong>de</strong> sablonneuse gémissant sous la<br />

tyrannie <strong>de</strong> l’Espagne, alors le plus puissant et le<br />

plus opul<strong>en</strong>t royaume <strong>de</strong> l’Europe.<br />

Calvin passa près <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te ans à G<strong>en</strong>ève, où il<br />

consacra ses forces d’abord à l’établissem<strong>en</strong>t d’une<br />

Église qui adhérât à la moralité exigée par la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu, puis à la déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> la Réforme dans toute<br />

l’Europe. Sa carrière publique ne fut pas<br />

irréprochable, ni ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts exempts<br />

d’erreur. Mais il fut l’instrum<strong>en</strong>t dont Dieu se<br />

servit pour maint<strong>en</strong>ir les principes du<br />

426


protestantisme contre une rapi<strong>de</strong> recru<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>ce du<br />

papisme et pour introduire dans les Églises <strong>de</strong> la<br />

Réforme la pureté et la simplicité <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs, <strong>en</strong><br />

lieu et place <strong>de</strong> l’orgueil et la corruption <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés<br />

par les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Rome.<br />

De G<strong>en</strong>ève partai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs qui<br />

allai<strong>en</strong>t répandre la doctrine réformée et <strong>de</strong> là aussi<br />

étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à faire<br />

connaître l’Évangile. C’est là que, <strong>de</strong> tous les pays,<br />

les persécutés s’adressai<strong>en</strong>t pour recevoir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

instructions, <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>La</strong> cité <strong>de</strong> Calvin <strong>de</strong>vint le refuge <strong><strong>de</strong>s</strong> réformés<br />

traqués dans toute l’Europe occid<strong>en</strong>tale. Fuyant la<br />

tempête séculaire <strong>de</strong> la persécution, les fugitifs<br />

affluai<strong>en</strong>t aux portes <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève. Affamés, blessés,<br />

arrachés à leurs foyers et à leurs familles, ils y<br />

r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t un accueil chaleureux et les soins les<br />

plus t<strong>en</strong>dres. En retour du foyer que leur offrait<br />

cette ville hospitalière, ces réfugiés lui apportai<strong>en</strong>t<br />

leurs arts, leur sci<strong>en</strong>ce et leur piété. Plusieurs <strong>de</strong><br />

ceux qui avai<strong>en</strong>t trouvé un asile <strong>en</strong> repartai<strong>en</strong>t pour<br />

aller combattre la tyrannie <strong>de</strong> Rome dans leur<br />

patrie. Jean Knox, le brave réformateur <strong>de</strong><br />

427


l’Écosse, nombre <strong>de</strong> Puritains anglais, les<br />

protestants <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong> et d’Espagne, comme les<br />

Hugu<strong>en</strong>ots <strong>de</strong> France, emportai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève le<br />

flambeau <strong>de</strong> la vérité, <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à dissiper les<br />

ténèbres qui pesai<strong>en</strong>t sur leurs patries.<br />

428


Chapitre 13<br />

En Hollan<strong>de</strong> et <strong>en</strong> Scandinavie<br />

Dès les temps les plus reculés, la tyrannie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

papes provoqua aux Pays-Bas une protestation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plus énergiques. Sept siècles avant Luther, <strong>de</strong>ux<br />

évêques <strong>en</strong>voyés <strong>en</strong> ambassa<strong>de</strong> à Rome, où ils<br />

avai<strong>en</strong>t appris à connaître les moeurs du « Saint-<br />

Siège », faisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre au pape ces dures<br />

paroles : « Dieu a donné à l’Église, sa reine et son<br />

épouse, pour elle et sa famille, une dot riche et<br />

éternelle, un douaire qui ne se peut ni corrompre ni<br />

flétrir, et il lui a remis une couronne et un sceptre<br />

impérissables;... tous ces avantages, comme un<br />

larron, vous les avez détournés à votre profit. Vous<br />

vous asseyez dans le temple <strong>de</strong> Dieu; au lieu d’un<br />

pasteur, vous êtes <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u un loup pour les brebis;...<br />

vous voudriez passer à nos yeux pour l’évêque<br />

suprême, mais vous vous comportez plutôt comme<br />

un tyran. Alors que vous <strong>de</strong>vriez être le serviteur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs, comme vous aimez à le dire, vous<br />

aspirez à être le Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> seigneurs.... Vous<br />

429


attirez le mépris sur les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu.<br />

C’est le Saint-Esprit qui édifie les églises partout<br />

où elles se trouv<strong>en</strong>t... <strong>La</strong> cité <strong>de</strong> notre Dieu, dont<br />

nous sommes citoy<strong>en</strong>s, embrasse toutes les régions;<br />

elle est plus gran<strong>de</strong> que la ville dénommée<br />

Babylone par les saints prophètes, et qui, se disant<br />

d’origine divine, s’élève jusqu’au ciel, prét<strong>en</strong>d<br />

possé<strong>de</strong>r une sagesse immortelle et affirme, bi<strong>en</strong> à<br />

tort, n’avoir jamais erré et ne pouvoir errer. »<br />

(Brandt, History of the Reformation in and about<br />

the Low Countries, liv. I, p. 6.)<br />

De siècle <strong>en</strong> siècle, cette protestation fut<br />

répétée par <strong>de</strong> zélés prédicateurs du g<strong>en</strong>re <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missionnaires vaudois. Sous différ<strong>en</strong>ts noms, ces<br />

<strong>de</strong>rniers voyageai<strong>en</strong>t d’un pays à l’autre, portant <strong>en</strong><br />

tous lieux la connaissance <strong>de</strong> l’Évangile. Pénétrant<br />

aussi aux Pays-Bas, leur doctrine s’y répandit<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> Bible vaudoise fut traduite par eux<br />

<strong>en</strong> vers dans la langue néerlandaise. Sa supériorité<br />

consistait, disai<strong>en</strong>t-ils, <strong>en</strong> ce qu’elle ne cont<strong>en</strong>ait «<br />

ni plaisanteries, ni fables, ni niaiseries, ni erreurs,<br />

mais seulem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> vérité; on y trouvait<br />

bi<strong>en</strong>, ici et là, une coquille dure à casser, mais la<br />

430


moelle et la douceur <strong>de</strong> ce qui était bon et saint<br />

étai<strong>en</strong>t faciles à extraire ». (Id., liv. I, p. 14.) Ainsi<br />

écrivai<strong>en</strong>t, dès le douzième siècle, les amis <strong>de</strong><br />

l’anci<strong>en</strong>ne foi.<br />

C’est alors que comm<strong>en</strong>ça l’ère <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

persécutions romaines. Malgré les bûchers et les<br />

tortures, les croyants continuai<strong>en</strong>t à se multiplier;<br />

ils déclarai<strong>en</strong>t que les Écritures sont la seule<br />

autorité religieuse infaillible, et « que nul ne doit<br />

être contraint <strong>de</strong> croire, mais, que chacun doit être<br />

gagné par la prédication ».<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Luther trouvèr<strong>en</strong>t aux<br />

Pays-Bas un sol fertile. Des hommes ferv<strong>en</strong>ts et<br />

sincères se mir<strong>en</strong>t à y prêcher l’Évangile. De l’une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> provinces <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong> sortit M<strong>en</strong>no Simons,<br />

homme instruit dans l’Église catholique et ordonné<br />

prêtre. Ignorant totalem<strong>en</strong>t les saintes Écritures, il<br />

se refusait à les lire, <strong>de</strong> crainte <strong>de</strong> tomber dans<br />

l’hérésie. Ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> doutes sur la<br />

transsubstantiation, il les considéra comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

t<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> Satan et s’efforça <strong>de</strong> les repousser par<br />

la prière et la confession. Ce fut <strong>en</strong> vain.<br />

431


Il t<strong>en</strong>ta <strong>en</strong>suite <strong>de</strong> calmer les clameurs <strong>de</strong> sa<br />

consci<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> s’associant à <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong><br />

dissipation, mais <strong>en</strong>core sans succès. Il <strong>en</strong> vint<br />

<strong>en</strong>fin à étudier le Nouveau Testam<strong>en</strong>t. Cette étu<strong>de</strong>,<br />

à laquelle il joignit plus tard celle <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits <strong>de</strong><br />

Luther, l’am<strong>en</strong>a à accepter la foi réformée. Il<br />

assista peu après, dans un village voisin, à la<br />

décapitation d’un homme coupable <strong>de</strong> s’être fait<br />

rebaptiser. Cela l’am<strong>en</strong>a à étudier l’Écriture sainte<br />

touchant le baptême <strong><strong>de</strong>s</strong> petits <strong>en</strong>fants. Il n’y trouva<br />

aucune preuve <strong>en</strong> sa faveur, mais remarqua que la<br />

conversion et la foi sont <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions<br />

indisp<strong>en</strong>sables à la réception du baptême.<br />

Sorti <strong>de</strong> l’Église romaine, M<strong>en</strong>no consacra sa<br />

vie à <strong>en</strong>seigner les vérités qu’il avait découvertes.<br />

Comme <strong>en</strong> Allemagne, on vit aux Pays-Bas se<br />

lever <strong><strong>de</strong>s</strong> fanatiques sout<strong>en</strong>ant <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines<br />

absur<strong><strong>de</strong>s</strong>, séditieuses et indéc<strong>en</strong>tes, ne craignant<br />

pas <strong>de</strong> recourir à la viol<strong>en</strong>ce et à l’insurrection.<br />

M<strong>en</strong>no prévit les abominables conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> ces<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts; aussi s’opposa-t-il <strong>de</strong> toutes ses<br />

forces aux erreurs <strong>de</strong> ces égarés, se consacrant<br />

432


surtout avec zèle et succès aux victimes désabusées<br />

<strong>de</strong> ces illuminés, comme aussi aux anci<strong>en</strong>s<br />

chréti<strong>en</strong>s issus <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> vaudoise.<br />

Vingt-cinq années durant, accompagné <strong>de</strong> sa<br />

femme et <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants, subissant fatigues et<br />

privations, et souv<strong>en</strong>t exposé à la mort, il parcourut<br />

les Pays-Bas et le nord <strong>de</strong> l’Allemagne, travaillant<br />

tout spécialem<strong>en</strong>t parmi les classes pauvres et y<br />

exerçant quoique peu instruit, mais naturellem<strong>en</strong>t<br />

éloqu<strong>en</strong>t, une influ<strong>en</strong>ce considérable. D’une pureté<br />

incorruptible, humble, d’un commerce agréable et<br />

d’une piété sincère et ferv<strong>en</strong>te, il justifiait ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts par sa vie et inspirait partout la<br />

confiance. Ses travaux provoquèr<strong>en</strong>t un grand<br />

nombre <strong>de</strong> conversions. Ses disciples dispersés et<br />

opprimés eur<strong>en</strong>t beaucoup à souffrir du fait qu’on<br />

les confondait souv<strong>en</strong>t avec les fanatiques <strong>de</strong><br />

Munster.<br />

Nulle part, les doctrines réformées ne fur<strong>en</strong>t<br />

aussi généralem<strong>en</strong>t reçues qu’aux Pays-Bas. En<br />

revanche, il y eut peu <strong>de</strong> pays où leurs adhér<strong>en</strong>ts<br />

eur<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>durer <strong>de</strong> plus cruelles persécutions. En<br />

433


Allemagne, où Charles Quint avait banni la<br />

Réforme, et eût volontiers livré tous ses a<strong>de</strong>ptes au<br />

supplice du feu, les princes élevai<strong>en</strong>t une barrière<br />

contre sa tyrannie. Mais aux Pays-Bas, où sa<br />

puissance était plus gran<strong>de</strong>, les édits <strong>de</strong> persécution<br />

se suivai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> près. Lire les Écritures, les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

prêcher ou <strong>en</strong> parler étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes passibles du<br />

bûcher. Prier <strong>en</strong> secret, refuser <strong>de</strong> se prosterner<br />

<strong>de</strong>vant les images ou chanter <strong><strong>de</strong>s</strong> Psaumes, c’était<br />

égalem<strong>en</strong>t s’exposer à la mort. Ceux qui abjurai<strong>en</strong>t<br />

leurs erreurs étai<strong>en</strong>t condamnés quand même, les<br />

hommes à périr par l’épée et les femmes à être<br />

<strong>en</strong>terrées vivantes. Des milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s périr<strong>en</strong>t<br />

sous le règne <strong>de</strong> ce prince comme sous celui <strong>de</strong> son<br />

fils Philippe II.<br />

Un jour, une famille <strong>en</strong>tière fut am<strong>en</strong>ée <strong>de</strong>vant<br />

l’Inqui<strong>site</strong>ur sous l’inculpation <strong>de</strong> ne pas assister à<br />

la messe et <strong>de</strong> célébrer son culte sous son toit. <strong>Le</strong><br />

plus jeune <strong><strong>de</strong>s</strong> fils, interrogé sur ses pratiques<br />

religieuses, répondit : « Nous nous mettons à<br />

g<strong>en</strong>oux, et nous <strong>de</strong>mandons à Dieu <strong>de</strong> nous éclairer<br />

et <strong>de</strong> pardonner nos péchés; nous le prions pour<br />

que le règne <strong>de</strong> notre souverain soit prospère et sa<br />

434


vie heureuse, et lui <strong>de</strong>mandons <strong>de</strong> protéger nos<br />

magistrats. » Quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> juges fur<strong>en</strong>t émus,<br />

ce qui n’empêcha pas le père et l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> fils d’être<br />

condamnés au bûcher.<br />

<strong>La</strong> rage <strong><strong>de</strong>s</strong> persécuteurs n’était égalée que par<br />

la foi <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs. Non seulem<strong>en</strong>t les hommes,<br />

mais <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes délicates et <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes filles<br />

déployai<strong>en</strong>t un invincible courage. « Des épouses<br />

se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t auprès du bûcher <strong>de</strong> leurs maris pour<br />

leur adresser <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> consolation ou leur<br />

chanter <strong><strong>de</strong>s</strong> Psaumes p<strong>en</strong>dant que les flammes les<br />

dévorai<strong>en</strong>t. » « Des jeunes filles <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t vivantes<br />

dans leur tombeau, comme si elles allai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre<br />

le repos <strong>de</strong> la nuit; ou elles montai<strong>en</strong>t sur le bûcher<br />

dans leur plus belle toilette, comme s’il se fût agi<br />

<strong>de</strong> leurs noces. »<br />

De même qu’aux jours où le paganisme t<strong>en</strong>tait<br />

<strong>de</strong> détruire l’Église, <strong>de</strong> même le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait une sem<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong>s<br />

persécutions ne servai<strong>en</strong>t qu’à multiplier les<br />

témoins <strong>de</strong> la vérité. Année après année, le<br />

monarque, fou <strong>de</strong> rage <strong>de</strong>vant l’invincible<br />

435


détermination du peuple, activait <strong>en</strong> vain son<br />

oeuvre cruelle. Sous le noble Guillaume d’Orange,<br />

la révolution assura <strong>en</strong>fin à la Hollan<strong>de</strong> la liberté<br />

d’adorer Dieu.<br />

Dans les montagnes du Piémont, dans les<br />

plaines <strong>de</strong> France et sur les plages <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>, les<br />

progrès <strong>de</strong> l’Évangile s’inscrivai<strong>en</strong>t avec le sang <strong>de</strong><br />

ses disciples. Dans les pays sept<strong>en</strong>trionaux, <strong>en</strong><br />

revanche, ils fur<strong>en</strong>t tout pacifiques. Des étudiants<br />

scandinaves, r<strong>en</strong>trant <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg, apportèr<strong>en</strong>t la<br />

Réforme dans leurs foyers. <strong>La</strong> diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits<br />

<strong>de</strong> Luther servit égalem<strong>en</strong>t à la répandre. <strong>Le</strong>s<br />

peuples du Nord, simples et robustes, se<br />

détournèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la pompe et <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions <strong>de</strong><br />

Rome pour accueillir la pureté et la simplicité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vérités salutaires <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures.<br />

Taus<strong>en</strong>, le réformateur du Danemark, était le<br />

fils d’un paysan. De bonne heure, il montra une<br />

vive intellig<strong>en</strong>ce. Il était altéré <strong>de</strong> connaissances.<br />

Ses par<strong>en</strong>ts ne pouvant lui payer <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, il <strong>en</strong>tra<br />

dans un monastère. <strong>La</strong> pureté <strong>de</strong> sa vie, jointe à son<br />

application et à sa fidélité, lui valut l’estime <strong>de</strong> ses<br />

436


supérieurs. On lui découvrit <strong><strong>de</strong>s</strong> tal<strong>en</strong>ts qui<br />

pouvai<strong>en</strong>t, par la suite, r<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> grands services à<br />

l’Église, et on décida <strong>de</strong> le faire instruire <strong>en</strong><br />

Allemagne ou <strong>en</strong> Hollan<strong>de</strong>, dans une université <strong>de</strong><br />

son choix, à la seule condition que ce ne fût pas<br />

celle <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg. Il ne fallait pas, disai<strong>en</strong>t les<br />

moines, exposer l’étudiant <strong>de</strong> l’Église au poison <strong>de</strong><br />

l’hérésie.<br />

Taus<strong>en</strong> se r<strong>en</strong>dit à Cologne qui était alors,<br />

comme aujourd’hui <strong>en</strong>core, l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> forteresses du<br />

romanisme, mais il ne tarda pas à être dégoûté du<br />

mysticisme <strong>de</strong> ses maîtres. C’est alors que les écrits<br />

<strong>de</strong> Luther lui tombèr<strong>en</strong>t sous la main. Il les lut avec<br />

étonnem<strong>en</strong>t et délices, et éprouva un véhém<strong>en</strong>t<br />

désir <strong>de</strong> suivre l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t du réformateur. Au<br />

risque d’<strong>en</strong>courir le déplaisir <strong>de</strong> ses supérieurs et<br />

<strong>de</strong> perdre ses avantages matériels, il ne tarda pas à<br />

s’inscrire à l’université <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg.<br />

De retour au Danemark, il r<strong>en</strong>tra dans son<br />

monastère. Personne ne le soupçonnant <strong>en</strong>core <strong>de</strong><br />

luthéranisme, il ne révéla pas immédiatem<strong>en</strong>t son<br />

secret, mais s’efforça discrètem<strong>en</strong>t d’am<strong>en</strong>er ses<br />

437


compagnons à une foi plus pure et à une vie plus<br />

sainte. Bi<strong>en</strong>tôt, il se mit à leur lire les Écritures et à<br />

les comm<strong>en</strong>ter, leur prés<strong>en</strong>tant Jésus comme la<br />

justice et la seule espérance <strong>de</strong> salut du pécheur.<br />

Gran<strong>de</strong> fut la colère du supérieur, qui espérait<br />

beaucoup le voir <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un vaillant déf<strong>en</strong>seur <strong>de</strong><br />

Rome. Il fut aussitôt transféré dans un autre cloître,<br />

consigné dans une cellule et placé sous une étroite<br />

surveillance.<br />

À la gran<strong>de</strong> terreur <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux gardi<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

Taus<strong>en</strong>, plusieurs moines se déclarèr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt<br />

convertis au protestantisme. À travers les barreaux<br />

<strong>de</strong> sa cellule, il avait communiqué la connaissance<br />

<strong>de</strong> la vérité à ses compagnons. Si ces bons pères<br />

danois avai<strong>en</strong>t été rompus aux métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

l’Église à l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> hérétiques, la voix <strong>de</strong> Taus<strong>en</strong><br />

n’aurait plus eu l’occasion <strong>de</strong> se faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre;<br />

mais au lieu <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>terrer vivant dans quelque<br />

cachot souterrain, ils l’expulsèr<strong>en</strong>t du couv<strong>en</strong>t. Et<br />

comme un réc<strong>en</strong>t édit royal accordait protection<br />

aux prédicateurs <strong>de</strong> la nouvelle doctrine, Taus<strong>en</strong> se<br />

mit à prêcher. <strong>Le</strong>s églises lui fur<strong>en</strong>t ouvertes ainsi<br />

qu’à d’autres, et les foules accourur<strong>en</strong>t pour<br />

438


<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> Nouveau Testam<strong>en</strong>t,<br />

traduit <strong>en</strong> danois, était largem<strong>en</strong>t répandu. <strong>Le</strong>s<br />

efforts <strong><strong>de</strong>s</strong> papistes <strong>en</strong> vue d’<strong>en</strong>rayer l’oeuvre <strong>de</strong><br />

Dieu ne fir<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> accélérer les progrès, et le<br />

Danemark ne tarda pas à accepter la foi réformée.<br />

En Suè<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes g<strong>en</strong>s qui s’étai<strong>en</strong>t aussi<br />

désaltérés à la source <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg, portèr<strong>en</strong>t<br />

l’eau vive à leurs concitoy<strong>en</strong>s. Deux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

promoteurs <strong>de</strong> la Réforme suédoise, Olaf et<br />

<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tius Petri, fils d’un forgeron d’Orebro,<br />

avai<strong>en</strong>t étudié sous Luther et Mélanchthon et<br />

s’étai<strong>en</strong>t empressés <strong>de</strong> communiquer ce qu’ils<br />

avai<strong>en</strong>t appris. Comme le grand réformateur<br />

allemand, Olaf secouait la torpeur du peuple par<br />

son zèle et son éloqu<strong>en</strong>ce, tandis que <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tius,<br />

semblable à Mélanchthon, le secondait par le calme<br />

réfléchi du savant. L’un et l’autre étai<strong>en</strong>t animés<br />

d’une ard<strong>en</strong>te piété, versés dans la théologie et<br />

doués d’un courage inébranlable. L’opposition ne<br />

leur fit pas défaut. <strong>Le</strong>s prêtres soulevèr<strong>en</strong>t contre<br />

eux une populace ignorante et superstitieuse. Olaf<br />

Petri fut souv<strong>en</strong>t assailli par la foule et sa vie fut<br />

maintes fois <strong>en</strong> danger. En revanche, ces<br />

439


éformateurs jouissai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> faveurs et <strong>de</strong> la<br />

protection du roi.<br />

Sous la domination <strong>de</strong> l’Église romaine, le<br />

peuple croupissait dans la pauvreté et gémissait<br />

sous l’oppression. Privé <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures,<br />

attaché à une religion consistant uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

rites et <strong>en</strong> cérémonies dans lesquelles l’esprit ne<br />

trouvait aucun alim<strong>en</strong>t, il retournait aux croyances<br />

superstitieuses et aux pratiques <strong>de</strong> ses ancêtres<br />

idolâtres. <strong>La</strong> nation était divisée <strong>en</strong> partis hostiles<br />

dont les luttes perpétuelles augm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t la misère<br />

générale. Décidé à opérer une réforme dans<br />

l’Église et dans l’État, le roi accueillit avec<br />

empressem<strong>en</strong>t le concours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux frères dans sa<br />

guerre contre Rome.<br />

En prés<strong>en</strong>ce du monarque et <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes les<br />

plus émin<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong>, Olaf Petri déf<strong>en</strong>dit la foi<br />

réformée contre les champions <strong>de</strong> Rome. Il affirma<br />

que les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères ne doiv<strong>en</strong>t être<br />

reçus que s’ils concord<strong>en</strong>t avec les saintes<br />

Écritures, et déclara que les doctrines ess<strong>en</strong>tielles<br />

<strong>de</strong> la foi sont <strong>en</strong>seignées dans la Bible d’une façon<br />

440


si simple et si claire que tous peuv<strong>en</strong>t les<br />

compr<strong>en</strong>dre. Il ajouta: « Jésus-Christ a dit : 'Ma<br />

doctrine n’est pas <strong>de</strong> moi, mais <strong>de</strong> celui qui m’a<br />

<strong>en</strong>voyé' ( Jean 7.16 ); et saint Paul a déclaré que<br />

s’il prêchait un autre Évangile que celui qu’il avait<br />

reçu, il serait anathème. ( Galates 1.8 ) Qui donc,<br />

<strong>de</strong>mandait le réformateur, oserait prét<strong>en</strong>dre établir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> dogmes nouveaux et les imposer comme<br />

condition <strong>de</strong> salut? » Et il prouvait que les décrets<br />

<strong>de</strong> l’Église sont sans autorité dès qu’ils s’oppos<strong>en</strong>t<br />

à la Parole <strong>de</strong> Dieu, dont découle le grand principe<br />

protestant d’après lequel « les Écritures, et elles<br />

seules », constitu<strong>en</strong>t la règle suffisante <strong>de</strong> la foi et<br />

<strong>de</strong> la vie.<br />

Bi<strong>en</strong> qu’il se soit déroulé sur une scène<br />

relativem<strong>en</strong>t restreinte, ce conflit montre <strong>de</strong> quels<br />

hommes était formée l’armée <strong><strong>de</strong>s</strong> réformateurs. «<br />

Ce n’était pas d’ignorants sectaires, ni <strong>de</strong> bruyants<br />

controversistes. Loin <strong>de</strong> là : c’étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

qui avai<strong>en</strong>t étudié la Parole <strong>de</strong> Dieu, et qui savai<strong>en</strong>t<br />

manier les armes qu’ils tirai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ars<strong>en</strong>al <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures. Sous le rapport <strong>de</strong> l’érudition, ils<br />

<strong>de</strong>vançai<strong>en</strong>t leur siècle. Ceux qui considérèr<strong>en</strong>t<br />

441


seulem<strong>en</strong>t les c<strong>en</strong>tres brillants <strong>de</strong> Witt<strong>en</strong>berg et <strong>de</strong><br />

Zurich, et les noms illustres <strong>de</strong> Luther, <strong>de</strong><br />

Mélanchthon, <strong>de</strong> Zwingle et d’OEcolampa<strong>de</strong>, nous<br />

dis<strong>en</strong>t volontiers que ces hommes, les chefs du<br />

mouvem<strong>en</strong>t, possédai<strong>en</strong>t sans doute <strong>de</strong> rares<br />

facultés et <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances extraordinaires, mais<br />

que leurs lieut<strong>en</strong>ants ne leur ressemblai<strong>en</strong>t guère.<br />

Pourtant, si nous nous tournons vers le théâtre<br />

obscur <strong>de</strong> la Suè<strong>de</strong>, où figur<strong>en</strong>t les noms mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes<br />

d’Olaf et <strong>de</strong> <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tius Petri; si <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres nous<br />

passons aux disciples, que trouvons-nous?... Des<br />

savants et <strong><strong>de</strong>s</strong> théologi<strong>en</strong>s; <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

parfaitem<strong>en</strong>t familiarisés avec toutes les vérités<br />

évangéliques, et qui triomphai<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sophistes <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles et <strong><strong>de</strong>s</strong> dignitaires <strong>de</strong> Rome. »<br />

(Wylie, liv. X, chap. IV.)<br />

Comme conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la dispute, le roi <strong>de</strong><br />

Suè<strong>de</strong> embrassa la foi réformée, et, peu après,<br />

l’assemblée nationale se déclarait <strong>en</strong> sa faveur. <strong>Le</strong><br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t avait été traduit <strong>en</strong> langue<br />

suédoise par Olaf Petri. À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du roi, les<br />

<strong>de</strong>ux frères <strong>en</strong>treprir<strong>en</strong>t la traduction <strong>de</strong> l’Anci<strong>en</strong><br />

Testam<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> Suè<strong>de</strong> posséda ainsi la Bible dans sa<br />

442


propre langue. Un édit <strong>de</strong> la diète ordonna à tous<br />

les ministres du culte d’<strong>en</strong>seigner la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu, et aux <strong>en</strong>fants d’appr<strong>en</strong>dre à la lire dans les<br />

écoles.<br />

Peu à peu, mais sûrem<strong>en</strong>t, les ténèbres <strong>de</strong><br />

l’ignorance et <strong>de</strong> la superstition se dissipai<strong>en</strong>t sous<br />

la lumière bénie <strong>de</strong> l’Évangile. Affranchi <strong>de</strong><br />

l’oppression romaine, le peuple suédois parvint à<br />

un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> puissance qu’il n’avait<br />

pas <strong>en</strong>core connu, et <strong>de</strong>vint l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> remparts du<br />

protestantisme. Un siècle plus tard, à une heure <strong>de</strong><br />

grand péril, cette petite et jusqu’alors faible nation<br />

fut la seule, dans toute l’Europe, qui eut le courage<br />

<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ir au secours <strong>de</strong> l’Allemagne dans la longue<br />

et terrible lutte que fut la Guerre <strong>de</strong> Tr<strong>en</strong>te ans.<br />

Alors que tout le nord <strong>de</strong> l’Europe semblait sur le<br />

point d’être ram<strong>en</strong>é sous la tyrannie <strong>de</strong> Rome, ce<br />

fur<strong>en</strong>t les armées suédoises qui permir<strong>en</strong>t à<br />

l’Allemagne d’<strong>en</strong>rayer les succès du papisme,<br />

d’assurer la tolérance aux protestants – calvinistes<br />

et luthéri<strong>en</strong>s – et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce<br />

aux pays qui avai<strong>en</strong>t accepté la Réforme.<br />

443


Chapitre 14<br />

Progrès <strong>de</strong> la réforme <strong>en</strong><br />

Angleterre<br />

P<strong>en</strong>dant que Luther prés<strong>en</strong>tait au peuple<br />

allemand le volume ouvert <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures,<br />

Tyndale, poussé par l’Esprit <strong>de</strong> Dieu, <strong>en</strong> faisait<br />

autant <strong>en</strong> Angleterre. <strong>La</strong> traduction <strong>de</strong> Wiclef, faite<br />

sur le texte fautif <strong>de</strong> la Vulgate, n’avait jamais été<br />

imprimée, et le prix <strong><strong>de</strong>s</strong> copies manuscrites était<br />

tellem<strong>en</strong>t élevé que seuls les riches et les nobles<br />

pouvai<strong>en</strong>t se les procurer. D’ailleurs, strictem<strong>en</strong>t<br />

proscrite par l’Église, elle avait été peu diffusée.<br />

En 1516, un an avant l’apparition <strong><strong>de</strong>s</strong> thèses <strong>de</strong><br />

Luther, Érasme éditait sa version grecque et latine<br />

du Nouveau Testam<strong>en</strong>t. C’était la première fois<br />

que la Parole <strong>de</strong> Dieu était imprimée dans la langue<br />

originale. Dans ce travail, un bon nombre d’erreurs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> anci<strong>en</strong>nes versions étai<strong>en</strong>t corrigées, et le s<strong>en</strong>s<br />

du texte était plus clairem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du. Cette édition<br />

am<strong>en</strong>a les g<strong>en</strong>s cultivés à une meilleure<br />

compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> la vérité, et donna une nouvelle<br />

444


impulsion à la Réforme. Mais le peuple était <strong>en</strong>core<br />

<strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie privé <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. En la<br />

lui donnant, Tyndale <strong>de</strong>vait achever l’oeuvre <strong>de</strong><br />

Wiclef.<br />

Ce savant docteur, ard<strong>en</strong>t chercheur <strong>de</strong> la<br />

vérité, avait reçu l’Évangile par le moy<strong>en</strong> du<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t d’Érasme. Prêchant hardim<strong>en</strong>t<br />

ses convictions, il déclarait que toute doctrine doit<br />

être éprouvée par les Écritures. À l’affirmation<br />

papiste que l’Église a donné la Bible, et a seule le<br />

droit <strong>de</strong> l’interpréter, Tyndale répliquait : « Savezvous<br />

qui a <strong>en</strong>seigné à l’aigle à trouver sa proie? Eh<br />

bi<strong>en</strong>, ce même Dieu appr<strong>en</strong>d à ses <strong>en</strong>fants à trouver<br />

leur Père dans sa Parole. Loin <strong>de</strong> nous avoir donné<br />

les Écritures, c’est vous qui nous les cachez; c’est<br />

vous qui brûlez ceux qui les <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t, et qui, si<br />

vous le pouviez, jetteriez au feu le Saint Livre luimême.<br />

»<br />

<strong>La</strong> prédication <strong>de</strong> Tyndale soulevait un grand<br />

intérêt, et beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s appréciai<strong>en</strong>t la vérité.<br />

Mais les prêtres étai<strong>en</strong>t sur le qui-vive; le<br />

prédicateur n’avait pas plus tôt quitté une localité<br />

445


qu’ils s’efforçai<strong>en</strong>t, par leurs m<strong>en</strong>aces et leurs<br />

calomnies, <strong>de</strong> démolir son oeuvre. Ils n’y réussir<strong>en</strong>t<br />

que trop souv<strong>en</strong>t. « Que faire? s’écriait-il. P<strong>en</strong>dant<br />

que je sème <strong>en</strong> un lieu, l’<strong>en</strong>nemi ravage le champ<br />

que je vi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> quitter. Je ne puis être partout à la<br />

fois. Oh! si les chréti<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leur langue la<br />

sainte Écriture, ils pourrai<strong>en</strong>t eux-mêmes résister<br />

aux sophistes. Sans la Bible il est impossible<br />

d’affermir les laïques dans la vérité. »<br />

Ses préoccupations se portèr<strong>en</strong>t dès lors sur ce<br />

<strong>de</strong>rnier objet. « C’est dans la langue même d’Israël,<br />

se dit-il, que les Psaumes ret<strong>en</strong>tissai<strong>en</strong>t dans le<br />

temple <strong>de</strong> Jéhovah; et l’Évangile ne parlerait pas<br />

parmi nous la langue <strong>de</strong> l’Angleterre?... L’Église<br />

aurait-elle moins <strong>de</strong> lumière <strong>en</strong> plein midi qu’à<br />

l’heure <strong>de</strong> son aurore?... Il faut que les chréti<strong>en</strong>s<br />

lis<strong>en</strong>t le Nouveau Testam<strong>en</strong>t dans leur langue<br />

maternelle. » <strong>Le</strong>s docteurs et les prédicateurs <strong>de</strong><br />

l’Église ne s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>tre eux; il fallait<br />

donc chercher la vérité dans la Parole <strong>de</strong> Dieu ellemême.<br />

Tyndale ajoutait : « Vous suivez les uns<br />

Duns Scot; les autres, Thomas d’Aquin; et tant<br />

d’autres <strong>en</strong>core... Or, chacun <strong>de</strong> ces auteurs<br />

446


contredit l’autre! Comm<strong>en</strong>t donc discerner celui<br />

qui dit faux <strong>de</strong> celui qui dit vrai?... Comm<strong>en</strong>t? Par<br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu. »<br />

Peu après, au cours d’une dispute avec lui, un<br />

savant docteur catholique s’écriait : « Mieux vaut<br />

être sans les lois <strong>de</strong> Dieu que sans celles du pape. »<br />

À quoi Tyndale répliqua : « Je brave le pape et<br />

toutes ses lois, et si Dieu m’accor<strong>de</strong> la vie, je veux<br />

qu’avant peu un valet <strong>de</strong> ferme qui conduit sa<br />

charrue ait <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures une meilleure<br />

connaissance que vous. » (An<strong>de</strong>rson, Annals of the<br />

English Bible, p. 39.)<br />

Déterminé plus que jamais à donner le<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t à son peuple dans la langue du<br />

pays, il se mit aussitôt à la tâche. Chassé <strong>de</strong> chez<br />

lui par la persécution, il se r<strong>en</strong>dit à Londres où il<br />

put se livrer quelque temps à son travail sans<br />

empêchem<strong>en</strong>t. Mais la viol<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> papistes<br />

l’obligea <strong>de</strong> nouveau à pr<strong>en</strong>dre la fuite. Toute<br />

l’Angleterre lui paraissant fermée, il résolut d’aller<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’hospitalité à l’Allemagne, et c’est dans<br />

ce pays qu’il comm<strong>en</strong>ça l’impression <strong>de</strong> son<br />

447


Nouveau Testam<strong>en</strong>t. Quand on lui déf<strong>en</strong>dait<br />

d’imprimer dans une ville, il partait dans une autre.<br />

Deux fois, le travail dut être interrompu. Il se r<strong>en</strong>dit<br />

<strong>en</strong>fin à Worms, où, quelques années auparavant,<br />

Luther avait plaidé la cause <strong>de</strong> la vérité <strong>de</strong>vant la<br />

diète. Dans cette ville anci<strong>en</strong>ne, où résidai<strong>en</strong>t<br />

beaucoup d’amis <strong>de</strong> la Réforme, Tyndale acheva<br />

son travail sans nouvelle interruption. Trois mille<br />

exemplaires du Nouveau Testam<strong>en</strong>t fur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt<br />

imprimés, suivis d’une secon<strong>de</strong> édition, la même<br />

année.<br />

Malgré la gran<strong>de</strong> vigilance exercée par les<br />

autorités dans tous les ports d’Angleterre, la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu pénétrait dans Londres par différ<strong>en</strong>tes<br />

voies, et <strong>de</strong> là se répandait dans tout le pays. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité cherchèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain à la<br />

supprimer. Un jour l’évêque <strong>de</strong> Durham acheta à<br />

un libraire, ami <strong>de</strong> Tyndale, tout son stock <strong>de</strong><br />

Bibles et le livra aux flammes, espérant ainsi<br />

<strong>en</strong>traver la diffusion du saint Livre. Ce fut le<br />

contraire qui arriva. Avec l’arg<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’évêque, on<br />

put imprimer une nouvelle édition, meilleure que la<br />

précéd<strong>en</strong>te. Lorsque, plus tard, Tyndale fut<br />

448


incarcéré, et qu’on lui offrit la liberté à condition<br />

<strong>de</strong> révéler le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui avai<strong>en</strong>t<br />

contribué par leurs dons à l’impression <strong><strong>de</strong>s</strong> Bibles,<br />

il répondit que l’évêque <strong>de</strong> Durham avait été son<br />

plus fort souscripteur; <strong>en</strong> achetant à un bon prix<br />

tout le stock <strong>en</strong> magasin, il lui avait donné les<br />

moy<strong>en</strong>s d’aller courageusem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’avant.<br />

Livré, par trahison, <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>nemis, Tyndale passa plusieurs mois <strong>en</strong> prison et<br />

finit par sceller son témoignage <strong>de</strong> son sang; mais<br />

les armes qu’il avait préparées donnèr<strong>en</strong>t à d’autres<br />

soldats la possibilité <strong>de</strong> lutter avec succès jusqu’à<br />

nos jours.<br />

<strong>La</strong>timer sout<strong>en</strong>ait du haut <strong>de</strong> la chaire qu’il faut<br />

lire la Bible dans la langue du peuple. L’Auteur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures, disait-il, « c’est Dieu lui-même »,<br />

et l’Écriture participe <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> son<br />

Auteur. « Il n’y a ni roi, ni empereur, ni magistrat<br />

qui ne soit t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> lui r<strong>en</strong>dre obéissance... Ne<br />

pr<strong>en</strong>ons pas <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> traverse; que la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu nous conduise. Ne suivons pas la voie <strong>de</strong> nos<br />

pères, et ne nous informons pas <strong>de</strong> ce qu’ils ont<br />

449


fait, mais <strong>de</strong> ce qu’ils aurai<strong>en</strong>t dû faire. » (<strong>La</strong>timer,<br />

First Sermon preached before King Edward VI -<br />

Ed. Parker Soc.)<br />

Deux fidèles amis <strong>de</strong> Tyndale, Barnes et Frith,<br />

se mir<strong>en</strong>t à déf<strong>en</strong>dre la vérité. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux Ridley et<br />

Cranmer suivir<strong>en</strong>t. Ces chefs <strong>de</strong> la Réforme<br />

anglaise étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> savants, et la plupart d’<strong>en</strong>tre<br />

eux avai<strong>en</strong>t été hautem<strong>en</strong>t estimés dans la<br />

communion romaine à cause <strong>de</strong> leur zèle et <strong>de</strong> leur<br />

piété. <strong>Le</strong>ur opposition à la papauté v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> ce<br />

qu’ils avai<strong>en</strong>t remarqué les erreurs du Saint-Siège.<br />

<strong>Le</strong>ur connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> mystères <strong>de</strong> Babylone<br />

ajoutait à la puissance <strong>de</strong> leur témoignage contre<br />

elle.<br />

« Je vous poserai maint<strong>en</strong>ant une étrange<br />

question, disait <strong>La</strong>timer. Savez-vous quel est le<br />

plus zélé <strong>de</strong> tous les prélats <strong>de</strong> l’Angleterre?... Je<br />

vois que vous vous att<strong>en</strong><strong>de</strong>z que je vous le<br />

nomme.... Eh bi<strong>en</strong>! je vous le dirai.... C’est le<br />

diable. Cet évêque-la, je vous l’assure, n’est jamais<br />

abs<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son diocèse, et à quelque heure que vous<br />

vous approchiez <strong>de</strong> lui, vous le trouvez à<br />

450


l’oeuvre.... Partout où il rési<strong>de</strong>, les mots d’ordre<br />

sont : 'À bas les Bibles et viv<strong>en</strong>t les chapelets! À<br />

bas la lumière <strong>de</strong> l’Évangile, et vive la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cierges, fût-ce <strong>en</strong> plein midi! À bas la croix <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ qui ôte les péchés du mon<strong>de</strong>, et vive le<br />

purgatoire qui vi<strong>de</strong> les poches <strong><strong>de</strong>s</strong> dévots! À bas les<br />

vêtem<strong>en</strong>ts donnés aux pauvres et aux impot<strong>en</strong>ts, et<br />

viv<strong>en</strong>t les ornem<strong>en</strong>ts d’or et <strong>de</strong> pierres précieuses<br />

prodigués à <strong><strong>de</strong>s</strong> morceaux <strong>de</strong> bois et <strong>de</strong> pierre! À<br />

bas les traditions <strong>de</strong> Dieu, c’est-à-dire sa très sainte<br />

Parole, et viv<strong>en</strong>t les traditions et les lois humaines!'<br />

Oh! si seulem<strong>en</strong>t nos prélats voulai<strong>en</strong>t s’employer<br />

aussi activem<strong>en</strong>t à jeter la bonne sem<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

saine doctrine, que Satan à semer la nielle et<br />

l’ivraie! » (<strong>La</strong>timer, Sermon of the Plough.)<br />

<strong>Le</strong> grand principe rev<strong>en</strong>diqué par ces<br />

réformateurs – celui que sout<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les Vaudois,<br />

Wiclef, Jean Hus, Luther, Zwingle et leurs<br />

collaborateurs – c’est l’autorité infaillible <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saintes Écritures <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> morale. Ils<br />

déniai<strong>en</strong>t aux papes, aux conciles et aux rois le<br />

droit <strong>de</strong> dominer sur les consci<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière<br />

religieuse. <strong>Le</strong>s Écritures étai<strong>en</strong>t leur autorité, et<br />

451


c’est par elles qu’ils éprouvai<strong>en</strong>t toutes les<br />

doctrines et toutes les prét<strong>en</strong>tions. C’est la foi <strong>en</strong><br />

Dieu et <strong>en</strong> sa Parole qui sout<strong>en</strong>ait ces saints<br />

hommes quand ils étai<strong>en</strong>t appelés à monter sur le<br />

bûcher. « Ayez bon courage », disait <strong>La</strong>timer à<br />

ceux qui subissai<strong>en</strong>t le martyre avec lui, alors que<br />

leur voix était près <strong>de</strong> s’éteindre; « par la grâce <strong>de</strong><br />

Dieu, nous allumerons aujourd’hui <strong>en</strong> Angleterre<br />

un flambeau qui, j’<strong>en</strong> ai la certitu<strong>de</strong>, ne sera jamais<br />

éteint. » (Works of Hugh <strong>La</strong>timer, vol. I, p. 13.)<br />

En Écosse, la sem<strong>en</strong>ce jetée par Colomban et<br />

ses collaborateurs n’avait jamais <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

disparu. Des siècles après que les églises<br />

d’Angleterre eur<strong>en</strong>t fait leur soumission à Rome,<br />

celles d’Écosse conservai<strong>en</strong>t leurs libertés. Au<br />

douzième siècle, toutefois, le papisme s’établit<br />

dans ce pays et y exerça une autorité plus absolue<br />

qu’<strong>en</strong> aucun autre. Nulle part les ténèbres ne fur<strong>en</strong>t<br />

plus d<strong>en</strong>ses. Néanmoins, au sein <strong>de</strong> ces ténèbres,<br />

quelques rayons <strong>de</strong> lumière brillai<strong>en</strong>t, qui<br />

annonçai<strong>en</strong>t l’aurore. <strong>Le</strong>s Lollards, v<strong>en</strong>us<br />

d’Angleterre avec les saintes Écritures et les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Wiclef, fir<strong>en</strong>t beaucoup pour<br />

452


conserver la connaissance <strong>de</strong> l’Évangile dans ce<br />

pays où chaque siècle eut ses témoins et ses<br />

martyrs.<br />

À l’aube <strong>de</strong> la Réforme, les écrits <strong>de</strong> Luther et<br />

la traduction anglaise du Nouveau Testam<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Tyndale pénétrèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Écosse. Inaperçus par la<br />

hiérarchie, parcourant sil<strong>en</strong>cieusem<strong>en</strong>t monts et<br />

vaux, ces messagers rallumèr<strong>en</strong>t dans cette région<br />

le flambeau <strong>de</strong> la vérité sur le point <strong>de</strong> s’éteindre,<br />

et démolir<strong>en</strong>t ce qu’avai<strong>en</strong>t accompli quatre siècles<br />

d’oppression romaine.<br />

Puis le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs donna au mouvem<strong>en</strong>t<br />

un nouvel essor. <strong>Le</strong>s chefs papistes, s’apercevant<br />

soudain du danger qui m<strong>en</strong>açait leur cause, fir<strong>en</strong>t<br />

monter sur le bûcher quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> plus nobles<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> plus respectés fils <strong>de</strong> l’Écosse. Ils ne<br />

parvinr<strong>en</strong>t ainsi qu’à ériger une chaire du haut <strong>de</strong><br />

laquelle la voix <strong>de</strong> ces martyrs fut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due <strong>de</strong> tout<br />

le pays et inspira au peuple la détermination <strong>de</strong><br />

secouer les chaînes <strong>de</strong> Rome.<br />

Hamilton et Wishart, aussi distingués par leur<br />

453


caractère que par leur naissance, terminèr<strong>en</strong>t leur<br />

vie sur le bûcher, suivis d’une foule <strong>de</strong> disciples <strong>de</strong><br />

plus humble origine. Mais du lieu où périt Wishart<br />

sortit un homme que les flammes ne pur<strong>en</strong>t réduire<br />

au sil<strong>en</strong>ce, un homme qui, <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Dieu,<br />

<strong>de</strong>vait porter le coup <strong>de</strong> grâce à la domination du<br />

pape <strong>en</strong> Écosse.<br />

John Knox – tel était son nom – se détourna <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traditions et du mysticisme <strong>de</strong> l’Église pour se<br />

nourrir <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Wishart le confirmèr<strong>en</strong>t dans sa détermination <strong>de</strong><br />

répudier Rome pour se joindre aux réformés<br />

persécutés. Pressé par ses compagnons <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre<br />

les fonctions <strong>de</strong> prédicateur, il reculait <strong>en</strong> tremblant<br />

<strong>de</strong>vant une telle responsabilité et ne l’assuma<br />

qu’après <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> retraite et <strong>de</strong> ru<strong><strong>de</strong>s</strong> combats<br />

intérieurs. Mais, dès lors, il alla <strong>de</strong> l’avant avec une<br />

détermination et un courage qui ne se dém<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t<br />

pas un seul instant jusqu’à sa mort. Ce courageux<br />

réformateur ne craignait pas d’affronter les<br />

hommes. <strong>Le</strong>s feux du martyre qu’il voyait flamber<br />

tout autour <strong>de</strong> lui ne faisai<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong>flammer son<br />

zèle. Indiffér<strong>en</strong>t à la hache du tyran constamm<strong>en</strong>t<br />

454


levée au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> sa tête, il n’<strong>en</strong> frappait pas<br />

moins à droite et à gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> coups, redoublés<br />

contre les murailles <strong>de</strong> l’idolâtrie.<br />

Appelé <strong>de</strong>vant la reine d’Écosse, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> laquelle le zèle <strong>de</strong> plusieurs chefs <strong>de</strong> la Réforme<br />

avait fléchi, John Knox r<strong>en</strong>dit un témoignage<br />

inflexible à la vérité. Inaccessible aux flatteries, il<br />

ne se laissa pas intimi<strong>de</strong>r par les m<strong>en</strong>aces. <strong>La</strong> reine<br />

l’accusa d’hérésie. Il avait, disait-elle, <strong>en</strong>gagé le<br />

peuple à recevoir une religion prohibée par l’État et<br />

avait ainsi transgressé le comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu<br />

<strong>en</strong>joignant aux sujets d’obéir à leurs princes. Knox<br />

lui répondit fermem<strong>en</strong>t :<br />

« <strong>La</strong> vraie religion ne doit pas sa puissance<br />

originelle et son autorité aux princes temporels,<br />

mais seulem<strong>en</strong>t au Dieu éternel; par conséqu<strong>en</strong>t,<br />

les sujets ne sont pas t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> conformer leur<br />

religion aux caprices <strong><strong>de</strong>s</strong> princes. Car il arrive<br />

souv<strong>en</strong>t que ceux-ci soi<strong>en</strong>t plus ignorants <strong>de</strong> la<br />

vraie religion <strong>de</strong> Dieu que le reste du mon<strong>de</strong>.... Si<br />

tous les fils d’Abraham avai<strong>en</strong>t embrassé la<br />

religion <strong>de</strong> Pharaon dont ils étai<strong>en</strong>t sujets, je vous<br />

455


le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, Madame, quelle eût été la religion du<br />

mon<strong>de</strong>? Ou <strong>en</strong>core si, aux jours <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, tous<br />

les hommes euss<strong>en</strong>t été <strong>de</strong> la religion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empereurs romains, quelle religion eût régné sur la<br />

face <strong>de</strong> la terre?... Vous le voyez donc, Madame, si<br />

les sujets doiv<strong>en</strong>t obéissance à leurs princes, ils ne<br />

sont cep<strong>en</strong>dant pas t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> pratiquer leur religion.<br />

»<br />

« Vous interprétez les Écritures d’une façon, dit<br />

la reine, et les docteurs catholiques les interprèt<strong>en</strong>t<br />

d’une autre; qui faut-il croire, et qui sera juge? »<br />

« Il faut croire Dieu qui nous parle clairem<strong>en</strong>t<br />

dans sa Parole, répondit le réformateur. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

ce qui est écrit, il ne faut croire ni les uns ni les<br />

autres. <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu s’explique elle-même; et<br />

s’il semble y avoir quelque obscurité dans un<br />

passage, le Saint-Esprit, qui n’est jamais <strong>en</strong><br />

contradiction avec lui-même, s’exprime plus<br />

clairem<strong>en</strong>t dans un autre, <strong>de</strong> telle sorte que le doute<br />

ne subsiste que pour ceux qui veul<strong>en</strong>t obstiném<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>meurer dans l’ignorance. » (<strong>La</strong>ing, Works of<br />

John Knox, vol. II, p. 281, 284.)<br />

456


Telles étai<strong>en</strong>t les vérités qu’au péril <strong>de</strong> sa vie<br />

l’intrépi<strong>de</strong> réformateur faisait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre à la reine.<br />

Avec ce courage indomptable, puisé dans la prière,<br />

il poursuivit les batailles <strong>de</strong> l’Éternel jusqu’à ce<br />

que l’Écosse eût brisé le joug <strong>de</strong> la papauté.<br />

L’établissem<strong>en</strong>t du protestantisme comme<br />

religion nationale <strong>en</strong> Angleterre atténua la<br />

persécution sans toutefois l’abolir <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong><br />

peuple avait r<strong>en</strong>oncé à plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines <strong>de</strong><br />

Rome, mais il conservait <strong>en</strong>core nombre <strong>de</strong> ses<br />

cérémonies. <strong>La</strong> suprématie du pape avait été<br />

remplacée par celle du roi. Dans le culte, on était<br />

<strong>en</strong>core bi<strong>en</strong> éloigné <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la simplicité<br />

évangéliques. <strong>Le</strong> grand principe <strong>de</strong> la liberté<br />

religieuse était méconnu. <strong>Le</strong>s souverains<br />

protestants eur<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t recours aux atrocités<br />

exercées par Rome contre l’hérésie; toutefois, ils<br />

ne reconnaissai<strong>en</strong>t pas à chacun le droit <strong>de</strong> servir<br />

Dieu selon sa consci<strong>en</strong>ce. Il fallait accepter les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et suivre la forme <strong>de</strong> culte <strong>de</strong><br />

l’Église établie; aussi, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, les<br />

dissid<strong>en</strong>ts fur<strong>en</strong>t-ils plus ou moins cruellem<strong>en</strong>t<br />

457


traités.<br />

Au dix-septième siècle, il était interdit au<br />

peuple, sous peine <strong>de</strong> fortes am<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> prison ou<br />

<strong>de</strong> bannissem<strong>en</strong>t, d’assister aux assemblées non<br />

autorisées par l’Église. Des milliers <strong>de</strong> pasteurs<br />

fur<strong>en</strong>t arrachés à leurs troupeaux. <strong>Le</strong>s âmes fidèles,<br />

ne pouvant r<strong>en</strong>oncer à adorer Dieu à leur manière,<br />

se retrouvai<strong>en</strong>t dans d’étroites allées, dans <strong>de</strong><br />

sombres gr<strong>en</strong>iers, et, à certaines saisons <strong>de</strong> l’année,<br />

au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> bois et à minuit. C’est dans les<br />

profon<strong>de</strong>urs protectrices <strong><strong>de</strong>s</strong> temples <strong>de</strong> la nature<br />

que ces <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu se réunissai<strong>en</strong>t pour faire<br />

monter au ciel leurs louanges et leurs prières. Mais,<br />

<strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> toutes leurs précautions, une foule<br />

d’<strong>en</strong>tre eux fur<strong>en</strong>t appelés à souffrir pour leur foi.<br />

<strong>Le</strong>s prisons regorgeai<strong>en</strong>t. Des familles étai<strong>en</strong>t<br />

disloquées ou s’expatriai<strong>en</strong>t. Mais Dieu était avec<br />

ses <strong>en</strong>fants, et la persécution ne parv<strong>en</strong>ait pas à<br />

réduire leur témoignage au sil<strong>en</strong>ce. D’ailleurs, un<br />

grand nombre d’<strong>en</strong>tre eux, contraints <strong>de</strong> traverser<br />

les mers, se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Amérique où ils jetèr<strong>en</strong>t<br />

les bases d’une république fondée sur le double<br />

principe <strong>de</strong> la liberté civile et religieuse, qui a fait<br />

458


la sécurité et la gloire <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis.<br />

On vit alors, comme aux jours <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, la<br />

persécution contribuer aux progrès <strong>de</strong> l’Évangile.<br />

John Bunyan, jeté dans une infecte prison, au<br />

milieu <strong>de</strong> débauchés et <strong>de</strong> voleurs, y respirait<br />

néanmoins l’atmosphère même du ciel, et écrivit là<br />

sa merveilleuse allégorie du voyage du chréti<strong>en</strong><br />

allant du pays <strong>de</strong> la perdition à la cité céleste.<br />

Depuis plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux siècles, cette voix sortie <strong>de</strong> la<br />

prison <strong>de</strong> Bedford ne cesse <strong>de</strong> remuer les coeurs.<br />

<strong>Le</strong>s ouvrages <strong>de</strong> Bunyan, le Voyage du chréti<strong>en</strong> et<br />

Grâce abondante, ont am<strong>en</strong>é un grand nombre<br />

d’âmes sur le s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong> la vie.<br />

Baxter, Flavel, Aleine et d’autres hommes<br />

doués, cultivés, et d’une vie chréti<strong>en</strong>ne austère, se<br />

levèr<strong>en</strong>t à leur tour pour déf<strong>en</strong>dre vaillamm<strong>en</strong>t « la<br />

foi qui a été transmise aux saints une fois pour<br />

toutes ». L’oeuvre accomplie par ces hommes<br />

proscrits par les autorités civiles est impérissable.<br />

<strong>La</strong> Source <strong>de</strong> la Vie et la Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Grâce, <strong>de</strong><br />

Flavel, ont montré à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’âmes comm<strong>en</strong>t<br />

on se donne à Jésus. <strong>Le</strong> Pasteur chréti<strong>en</strong>, <strong>de</strong> Baxter,<br />

459


a été <strong>en</strong> bénédiction à ceux qui désirai<strong>en</strong>t un réveil<br />

<strong>de</strong> l’oeuvre <strong>de</strong> Dieu, et son Repos éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> saints<br />

a fait connaître à <strong>de</strong> nombreux lecteurs « le repos<br />

qui reste pour le peuple <strong>de</strong> Dieu ».<br />

Un siècle plus tard, <strong>en</strong> un temps <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres spirituelles, parur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nouveaux portelumière;<br />

c’étai<strong>en</strong>t Whitefield et les <strong>de</strong>ux Wesley.<br />

Sous la domination <strong>de</strong> l’Église établie, l’Angleterre<br />

avait subi un déclin religieux qui l’avait ram<strong>en</strong>ée à<br />

un état voisin du paganisme. <strong>La</strong> religion naturelle<br />

constituait l’étu<strong>de</strong> favorite du clergé et r<strong>en</strong>fermait<br />

presque toute sa théologie. <strong>Le</strong>s classes supérieures<br />

se moquai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la piété et se flattai<strong>en</strong>t d’être au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> ce qu’elles appelai<strong>en</strong>t du fanatisme. <strong>Le</strong>s<br />

classes inférieures étai<strong>en</strong>t plongées dans<br />

l’ignorance et le vice, et l’Église n’avait ni le<br />

courage ni la foi nécessaires pour sout<strong>en</strong>ir la cause<br />

chancelante <strong>de</strong> la vérité.<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> doctrine <strong>de</strong> la justification par la foi,<br />

si bi<strong>en</strong> mise <strong>en</strong> relief par Luther, était tombée dans<br />

l’oubli; elle avait cédé le pas à la doctrine romaine<br />

du salut par les bonnes oeuvres. Whitefield et les<br />

460


Wesley, membres <strong>de</strong> l’Église établie et honnêtes<br />

chercheurs <strong>de</strong> la grâce <strong>de</strong> Dieu, avai<strong>en</strong>t appris à la<br />

trouver dans une vie vertueuse et dans<br />

l’observation <strong><strong>de</strong>s</strong> rites <strong>de</strong> la religion.<br />

Un jour où Charles Wesley, gravem<strong>en</strong>t mala<strong>de</strong>,<br />

att<strong>en</strong>dait sa fin, on lui <strong>de</strong>manda sur quoi reposait<br />

son espérance <strong>de</strong> vie éternelle. « J’ai servi Dieu au<br />

mieux <strong>de</strong> mes connaissances », répondit-il. L’ami<br />

qui lui avait posé cette question ne paraissant pas<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t satisfait <strong>de</strong> la réponse, Wesley se dit :<br />

« Quoi! mes efforts ne serai<strong>en</strong>t pas une base<br />

suffisante? Voudrait-il me priver <strong>de</strong> mes mérites?<br />

Je n’ai pas autre chose sur quoi me reposer. » (John<br />

Whitehead, Life of the Rev. Charles Wesley, p.<br />

102 - 2e éd. améric. 1845.) Telles étai<strong>en</strong>t les<br />

ténèbres qui avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vahi l’Église, voilant le<br />

dogme <strong>de</strong> l’expiation, ravissant au Christ sa gloire<br />

et détournant l’att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> leur<br />

unique espérance <strong>de</strong> salut : le sang du Ré<strong>de</strong>mpteur<br />

crucifié.<br />

Wesley et ses collaborateurs fur<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és à<br />

compr<strong>en</strong>dre que la vraie religion a son siège dans<br />

461


le coeur, et que la loi <strong>de</strong> Dieu embrasse non<br />

seulem<strong>en</strong>t les paroles et les actions, mais aussi les<br />

p<strong>en</strong>sées. <strong>La</strong> sainteté intérieure ne leur parut pas<br />

moins nécessaire que la correction extérieure, et ils<br />

voulur<strong>en</strong>t vivre une vie nouvelle. Par la prière et la<br />

vigilance, ils s’efforçai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> combattre les<br />

inclinations du coeur naturel. Pratiquant le<br />

r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t, la charité, l’humilité, ils observai<strong>en</strong>t<br />

rigoureusem<strong>en</strong>t tout ce qui leur paraissait<br />

susceptible <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à atteindre leur but, à savoir<br />

: un état <strong>de</strong> sainteté qui assure la faveur <strong>de</strong> Dieu.<br />

Mais ils n’y parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas. <strong>Le</strong>urs efforts ne les<br />

délivrai<strong>en</strong>t ni du poids terrible du péché, ni <strong>de</strong> sa<br />

puissance. Ils passai<strong>en</strong>t par l’expéri<strong>en</strong>ce qui avait<br />

été celle <strong>de</strong> Luther dans sa cellule d’Erfurt, obsédés<br />

par la question même qui avait fait son supplice : «<br />

Comm<strong>en</strong>t l’homme serait-il juste <strong>de</strong>vant Dieu? » (<br />

Job 9.2 )<br />

<strong>La</strong> flamme <strong>de</strong> la vérité divine qui s’était<br />

presque éteinte sur les autels du protestantisme<br />

<strong>de</strong>vait être ranimée par l’anci<strong>en</strong> flambeau que les<br />

chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Bohême s’étai<strong>en</strong>t transmis d’une<br />

génération à l’autre. Après la Réforme, le<br />

462


protestantisme <strong>de</strong> Bohême avait été foulé aux pieds<br />

par les sicaires <strong>de</strong> Rome. Tous ceux qui n’avai<strong>en</strong>t<br />

pas voulu r<strong>en</strong>oncer à la vérité avai<strong>en</strong>t dû<br />

s’expatrier. Quelques-uns d’<strong>en</strong>tre eux, ayant trouvé<br />

un refuge <strong>en</strong> Saxe, y avai<strong>en</strong>t conservé leur foi. Ce<br />

fur<strong>en</strong>t leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants, les Moraves, qui<br />

communiquèr<strong>en</strong>t la lumière à Wesley et à ses<br />

associés. Voici dans quelles circonstances.<br />

Après avoir été consacrés au saint ministère,<br />

Jean et Charles Wesley fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés <strong>en</strong> mission<br />

<strong>en</strong> Amérique. À bord <strong>de</strong> leur vaisseau se trouvait<br />

un groupe <strong>de</strong> Moraves. De viol<strong>en</strong>tes tempêtes<br />

éclatèr<strong>en</strong>t au cours <strong>de</strong> cette traversée. Mis <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la mort, Jean Wesley gémissait <strong>de</strong> ne<br />

pas être <strong>en</strong> paix avec Dieu, tandis que les Saxons,<br />

au contraire, manifestai<strong>en</strong>t une assurance et une<br />

sérénité auxquelles le jeune clergyman était<br />

étranger.<br />

« Depuis longtemps, écrivait-il plus tard,<br />

j’avais observé le grand sérieux <strong>de</strong> leur mainti<strong>en</strong>.<br />

Ils avai<strong>en</strong>t donné <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves constantes <strong>de</strong> leur<br />

humilité <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant aux autres passagers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

463


services auxquels les Anglais n’euss<strong>en</strong>t pas voulu<br />

s’abaisser, et pour lesquels ils ne désirai<strong>en</strong>t ni<br />

n’acceptai<strong>en</strong>t aucune rémunération. 'Il est bon,<br />

disai<strong>en</strong>t-ils, que notre coeur orgueilleux soit soumis<br />

à <strong>de</strong> telles humiliations, car notre bon Sauveur a<br />

fait bi<strong>en</strong> davantage pour nous.' Chaque jour ils<br />

avai<strong>en</strong>t manifesté une douceur à toute épreuve.<br />

Étai<strong>en</strong>t-ils heurtés, frappés ou jetés à terre, ils se<br />

relevai<strong>en</strong>t tranquillem<strong>en</strong>t, sans faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la<br />

moindre plainte.<br />

» Ils eur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt l’occasion <strong>de</strong> prouver qu’ils<br />

étai<strong>en</strong>t libres <strong>de</strong> la crainte comme ils l’étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l’orgueil, <strong>de</strong> la colère et <strong>de</strong> la rancune... Un jour,<br />

p<strong>en</strong>dant un <strong>de</strong> leurs services religieux, la tempête<br />

se déchaîna avec viol<strong>en</strong>ce; les vagues, se<br />

précipitant sur le navire, l’inondèr<strong>en</strong>t et mir<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

pièces la gran<strong>de</strong> voile. Un cri <strong>de</strong> détresse s’échappa<br />

<strong>de</strong> bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> poitrines. <strong>Le</strong>s Moraves seuls ne<br />

parur<strong>en</strong>t pas émus; ils n’interrompir<strong>en</strong>t pas même<br />

le chant du Psaume qu’ils avai<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé. Je<br />

<strong>de</strong>mandai plus tard à l’un d’eux : 'N’étiez-vous<br />

donc pas effrayés?' Il me répondit : 'Grâce à Dieu,<br />

non.' – 'Mais vos femmes et vos <strong>en</strong>fants n’avai<strong>en</strong>t-<br />

464


ils pas peur?' 'Non, reprit-il simplem<strong>en</strong>t; nos<br />

femmes et nos <strong>en</strong>fants n’ont pas peur <strong>de</strong> mourir.' »<br />

(M. <strong>Le</strong>lièvre, John Wesley – 4e éd.- p. 72, 73.)<br />

Arrivé à Savannah, Jean Wesley, lors d’un<br />

court séjour au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> Moraves, fut vivem<strong>en</strong>t<br />

impressionné par leur vie chréti<strong>en</strong>ne. Il exprime <strong>en</strong><br />

ces termes le contraste frappant d’un <strong>de</strong> leurs cultes<br />

avec le vain formalisme <strong><strong>de</strong>s</strong> églises d’Angleterre :<br />

« <strong>La</strong> gran<strong>de</strong> simplicité et la sol<strong>en</strong>nité <strong>de</strong> cette scène<br />

me transportèr<strong>en</strong>t dix-sept siècles <strong>en</strong> arrière, au<br />

milieu d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> assemblées présidées par Paul, le<br />

faiseur <strong>de</strong> t<strong>en</strong>tes, ou Pierre, le pêcheur : assemblée<br />

sans apparat, mais animée par une démonstration<br />

d’esprit et <strong>de</strong> puissance. » (Id., p. 75.)<br />

De retour <strong>en</strong> Angleterre, Wesley parvint, sous<br />

la direction d’un prédicateur morave, à une claire<br />

intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la foi qui sauve. Il comprit que,<br />

pour obt<strong>en</strong>ir le salut, il faut r<strong>en</strong>oncer à ses propres<br />

oeuvres et s’<strong>en</strong> remettre <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à « l’agneau<br />

<strong>de</strong> Dieu qui ôte le péché du mon<strong>de</strong>. » Lors d’une<br />

réunion <strong>de</strong> la société morave <strong>de</strong> Londres, on lut<br />

une page <strong>de</strong> Luther sur le changem<strong>en</strong>t que l’Esprit<br />

465


<strong>de</strong> Dieu opère dans le coeur du croyant. Cette<br />

lecture <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dra la foi dans le coeur <strong>de</strong> Wesley. «<br />

Je s<strong>en</strong>tis, dit-il, que mon coeur se réchauffait<br />

étrangem<strong>en</strong>t. J’eus la s<strong>en</strong>sation que je me confiais<br />

<strong>en</strong> Jésus, <strong>en</strong> Jésus seul pour mon salut; et je reçus<br />

l’assurance qu’il m’avait <strong>en</strong>levé mes péchés, oui,<br />

les mi<strong>en</strong>s, et qu’il me sauvait <strong>de</strong> la loi du péché et<br />

<strong>de</strong> la mort. » (Id., p. 87.)<br />

Il v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> longues et mornes années<br />

<strong>de</strong> luttes, <strong>de</strong> privations volontaires et <strong>de</strong> remords<br />

dans le seul <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> trouver la paix <strong>de</strong> Dieu; et<br />

maint<strong>en</strong>ant, il l’avait trouvée; il v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> découvrir<br />

que cette grâce, qu’il avait <strong>en</strong> vain <strong>de</strong>mandée aux<br />

prières, aux aumônes et aux actes d’abnégation, est<br />

un pur don accordé « sans arg<strong>en</strong>t et sans aucun prix<br />

»!<br />

Quand il fut affermi dans la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ,<br />

Wesley conçut l’ard<strong>en</strong>t désir <strong>de</strong> répandre <strong>en</strong> tous<br />

lieux le glorieux Évangile <strong>de</strong> la grâce gratuite <strong>de</strong><br />

Dieu. « Je considère le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier comme ma<br />

paroisse, par quoi je veux dire que partout où je me<br />

trouve, je considère que j’ai le droit et le <strong>de</strong>voir<br />

466


strict d’annoncer la bonne nouvelle du salut à tous<br />

ceux qui veul<strong>en</strong>t m’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. » (Id., p. 118.)<br />

Il persévéra dans sa vie <strong>de</strong> frugalité et <strong>de</strong><br />

r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t, où il ne voyait plus la condition,<br />

mais la conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> sa foi; non la racine, mais<br />

le fruit <strong>de</strong> la sainteté. <strong>La</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> Jésus-<br />

Christ est le fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> espérances du chréti<strong>en</strong>,<br />

et cette grâce se manifeste par l’obéissance.<br />

Wesley consacra sa vie à la proclamation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités qu’il avait reçues : la justification<br />

par la foi au sang expiatoire du Sauveur et la<br />

puissance régénératrice du Saint-Esprit dans le<br />

coeur, vérités dont le fruit est une vie conforme à<br />

celle <strong>de</strong> Jésus.<br />

Whitefield et les <strong>de</strong>ux Wesley avai<strong>en</strong>t été<br />

préparés <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> leur mission par le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t vif<br />

et prolongé <strong>de</strong> leur état <strong>de</strong> perdition; <strong>en</strong> outre, afin<br />

<strong>de</strong> pouvoir tout <strong>en</strong>durer comme <strong>de</strong> bons soldats du<br />

Christ, ils dur<strong>en</strong>t passer par la fournaise du mépris<br />

et <strong>de</strong> la persécution, et cela tant à l’université<br />

qu’après leur <strong>en</strong>trée dans le ministère. Par dérision,<br />

leurs condisciples impies leur donnèr<strong>en</strong>t, à eux et à<br />

467


leurs amis, le nom <strong>de</strong> « méthodistes », dont<br />

s’honore aujourd’hui l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus puissantes<br />

Églises d’Angleterre et d’Amérique.<br />

En leur qualité <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> l’Église<br />

anglicane, ils étai<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t attachés aux formes<br />

<strong>de</strong> son culte; mais le Seigneur leur prés<strong>en</strong>ta dans Sa<br />

Parole un idéal plus élevé. <strong>Le</strong> Saint-Esprit les<br />

poussa à prêcher Jésus et Jésus-Christ crucifié;<br />

aussi la puissance divine se manifesta-t-elle dans<br />

leurs travaux. Des milliers <strong>de</strong> personnes,<br />

convaincues <strong>de</strong> péché, passèr<strong>en</strong>t par une<br />

conversion réelle. Et comme il fallait que ces<br />

brebis fuss<strong>en</strong>t protégées <strong><strong>de</strong>s</strong> loups ravisseurs, et<br />

qu’il n’<strong>en</strong>trait pas dans l’int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> Wesley <strong>de</strong><br />

former une Église nouvelle, il organisa ses<br />

convertis <strong>en</strong> ce qu’il appela la Branche méthodiste.<br />

Une dure et mystérieuse opposition du côté <strong>de</strong><br />

l’Église établie att<strong>en</strong>dait ces prédicateurs. Mais<br />

Dieu, dans Sa sagesse, veilla à ce que la Réforme<br />

comm<strong>en</strong>çât au sein même <strong>de</strong> l’Église. Si elle était<br />

v<strong>en</strong>ue du <strong>de</strong>hors, elle n’eût pu pénétrer là où elle<br />

était surtout nécessaire. Comme les prédicateurs du<br />

468


éveil étai<strong>en</strong>t eux-mêmes membres <strong>de</strong> l’Église, et<br />

prêchai<strong>en</strong>t sous son égi<strong>de</strong> partout où ils <strong>en</strong><br />

trouvai<strong>en</strong>t l’occasion, la vérité se faisait jour dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> milieux qui leur fuss<strong>en</strong>t autrem<strong>en</strong>t restés<br />

fermés. Ainsi, certains membres du clergé se<br />

réveillèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur torpeur, et <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> zélés<br />

pasteurs <strong>de</strong> leurs paroisses. Des églises jusque-là<br />

pétrifiées par le formalisme r<strong>en</strong>aquir<strong>en</strong>t à une vie<br />

nouvelle.<br />

Au temps <strong>de</strong> Wesley, comme dans tous les<br />

siècles, on vit l’oeuvre <strong>de</strong> Dieu s’accomplir par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes qui avai<strong>en</strong>t reçu <strong><strong>de</strong>s</strong> dons différ<strong>en</strong>ts. Ils<br />

n’étai<strong>en</strong>t pas d’accord sur tous les points <strong>de</strong><br />

doctrine, mais, comme ils étai<strong>en</strong>t tous animés <strong>de</strong><br />

l’Esprit <strong>de</strong> Dieu, ils se laissèr<strong>en</strong>t absorber par un<br />

seul et même objectif; gagner <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes au Sauveur.<br />

Des diverg<strong>en</strong>ces d’opinion faillir<strong>en</strong>t un mom<strong>en</strong>t<br />

provoquer une rupture <strong>en</strong>tre Whitefield et les<br />

Wesley; mais comme ils avai<strong>en</strong>t acquis à l’école du<br />

Seigneur un esprit d’humilité et <strong>de</strong> conciliation, la<br />

charité triompha. Ils comprir<strong>en</strong>t qu’ils n’avai<strong>en</strong>t<br />

pas <strong>de</strong> temps à perdre <strong>en</strong> controverses, alors que<br />

l’erreur et l’iniquité débordai<strong>en</strong>t et que, <strong>de</strong> toutes<br />

469


parts, les pécheurs allai<strong>en</strong>t à la ruine.<br />

<strong>Le</strong> chemin <strong>de</strong> ces serviteurs <strong>de</strong> Dieu était<br />

raboteux. Des hommes influ<strong>en</strong>ts et instruits<br />

s’opposai<strong>en</strong>t à eux avec acharnem<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong>tôt,<br />

quelques membres du clergé leur manifestèr<strong>en</strong>t une<br />

hostilité ouverte, et les portes <strong>de</strong> l’Église se<br />

fermèr<strong>en</strong>t au réveil et à ses a<strong>de</strong>ptes. En les<br />

dénonçant du haut <strong>de</strong> la chaire, le clergé déchaîna<br />

contre eux <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s ignorants et pervers. Jean<br />

Wesley n’échappa à la mort que grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

miracles répétés. Plusieurs fois, au milieu d’une<br />

populace furieuse, alors que toute fuite semblait<br />

impossible, un ange, sous une forme humaine,<br />

écarta la foule et conduisit le serviteur <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong><br />

lieu sûr.<br />

Voici comm<strong>en</strong>t Wesley raconte la manière dont<br />

il fut arraché à une meute <strong>de</strong> forc<strong>en</strong>és qui le<br />

poursuivai<strong>en</strong>t : « Plusieurs t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> me<br />

précipiter sur le raidillon d’une colline, <strong>en</strong> se disant<br />

sans doute que, si j’étais jeté à terre, il y avait peu<br />

<strong>de</strong> chance que je me relevasse. Mais je ne fis ni un<br />

faux pas, ni la moindre glissa<strong>de</strong>, jusqu’à ce que je<br />

470


me trouvasse hors <strong>de</strong> leur atteinte.... Quelques-uns<br />

voulur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain me saisir par le col ou par mes<br />

vêtem<strong>en</strong>ts pour me jeter à terre, un homme<br />

seulem<strong>en</strong>t arriva à s’emparer du pan <strong>de</strong> mon habit,<br />

qui ne tarda pas à lui rester dans la main, tandis que<br />

l’autre pan, dans lequel se trouvait un billet <strong>de</strong><br />

banque, ne fut qu’à moitié déchiré... Un robuste<br />

garnem<strong>en</strong>t qui se trouvait <strong>de</strong>rrière moi brandit à<br />

plusieurs reprises un fort gourdin <strong>de</strong> chêne au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> ma tête; s’il m’<strong>en</strong> avait asséné un seul<br />

coup, c’<strong>en</strong> eût été fait <strong>de</strong> moi. Mais chaque fois,<br />

comme je ne pouvais aller ni à droite ni à gauche,<br />

le coup était mystérieusem<strong>en</strong>t détourné... Un autre<br />

f<strong>en</strong>dit la foule, le poing levé sur moi; mais il le<br />

laissa retomber, me caressa la tête et se cont<strong>en</strong>ta <strong>de</strong><br />

dire : 'Comme il a les cheveux fins!' »<br />

Wesley ajoute : « <strong>Le</strong>s premiers dont les coeurs<br />

fur<strong>en</strong>t touchés étai<strong>en</strong>t les bandits <strong>de</strong> la ville,<br />

toujours prêts à faire un mauvais coup; l’un d’eux<br />

avait été boxeur <strong>de</strong> profession dans les jardinsbrasseries...<br />

Avec quelle t<strong>en</strong>dre sollicitu<strong>de</strong> le<br />

Seigneur nous prépare ins<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t à faire sa<br />

volonté! Il y a <strong>de</strong>ux ans, un morceau <strong>de</strong> brique<br />

471


effleura mon épaule. L’année suivante, une pierre<br />

me frappa <strong>en</strong>tre les yeux. <strong>Le</strong> mois <strong>de</strong>rnier, j’ai reçu<br />

un coup, et <strong>de</strong>ux ce soir : un avant d’<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> ville<br />

et l’autre après <strong>en</strong> être sorti; mais je n’ai ress<strong>en</strong>ti ni<br />

l’un ni l’autre. <strong>Le</strong> premier agresseur m’a frappé <strong>de</strong><br />

toutes ses forces <strong>en</strong> pleine poitrine; l’autre sur la<br />

bouche, avec tant <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce que le sang a jailli;<br />

néanmoins, ces coups ne m’ont pas fait plus mal<br />

que si j’avais été touché avec une paille. »<br />

(Wesley’s Works, vol. III, p.297, 298.)<br />

<strong>Le</strong>s méthodistes <strong>de</strong> ce temps-là – prédicateurs<br />

et fidèles – étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> butte à la moquerie et à la<br />

persécution aussi bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong><br />

l’Église établie que <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules poussés<br />

par la calomnie. Souv<strong>en</strong>t brutalisés, ils étai<strong>en</strong>t<br />

traînés <strong>de</strong>vant les tribunaux, où la justice, rare à<br />

cette époque, n’existait que <strong>de</strong> nom. <strong>La</strong> populace<br />

allait <strong>de</strong> maison <strong>en</strong> maison, saccageant tout,<br />

s’emparant <strong>de</strong> ce qui lui conv<strong>en</strong>ait, et maltraitant<br />

honteusem<strong>en</strong>t hommes, femmes et <strong>en</strong>fants. Parfois,<br />

les g<strong>en</strong>s disposés à briser les f<strong>en</strong>êtres et à piller les<br />

maisons <strong><strong>de</strong>s</strong> méthodistes étai<strong>en</strong>t convoqués par<br />

voie d’affiches et se donnai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous pour tel<br />

472


jour, à telle heure et à tel <strong>en</strong>droit. Ce grossier déni<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lois divines et humaines se pratiquait à la vue<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autorités. Cette persécution systématique était<br />

dirigée contre une classe <strong>de</strong> personnes dont le seul<br />

crime était <strong>de</strong> chercher à détourner les pécheurs du<br />

s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong> la perdition et à les faire <strong>en</strong>trer dans celui<br />

<strong>de</strong> la sainteté!<br />

Parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> accusations portées contre lui et ses<br />

collaborateurs, Jean Wesley s’exprime ainsi : «<br />

Certains affirm<strong>en</strong>t que notre doctrine est fausse,<br />

erronée, <strong>en</strong>thousiaste; qu’on n’<strong>en</strong> a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler<br />

que récemm<strong>en</strong>t; que c’est du quakerisme, du<br />

fanatisme, du papisme. <strong>La</strong> fausseté <strong>de</strong> toutes ces<br />

allégations a été démontrée maintes fois jusqu’à<br />

l’évid<strong>en</strong>ce; il a été prouvé que chaque élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

cette doctrine n’est autre que l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l’Écriture tel que notre Église le compr<strong>en</strong>d. Or, si<br />

les Écritures sont vraies, cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ne peut<br />

être ni faux, ni erroné.... D’autres dis<strong>en</strong>t : '<strong>Le</strong>ur<br />

doctrine est trop étroite : ils font le chemin du ciel<br />

trop étroit. C’est là, <strong>en</strong> effet, l’objection originelle :<br />

p<strong>en</strong>dant un certain temps, elle a été la seule; elle est<br />

au fond d’une foule d’autres qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

473


différ<strong>en</strong>tes formes. Reste à savoir si nous faisons le<br />

chemin du ciel plus étroit que notre Seigneur et ses<br />

disciples. Notre doctrine est-elle plus stricte que<br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures? Considérons seulem<strong>en</strong>t<br />

quelques passages clairs et précis : 'Tu aimeras le<br />

Seigneur ton Dieu <strong>de</strong> tout ton coeur, <strong>de</strong> toute ton<br />

âme, <strong>de</strong> toute ta p<strong>en</strong>sée.' '<strong>Le</strong>s hommes r<strong>en</strong>dront<br />

compte au jour du jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toute parole vaine<br />

qu’ils auront dite.' 'Soit que vous mangiez, soit que<br />

vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre<br />

chose, faites tout pour la gloire <strong>de</strong> Dieu.'<br />

» Si notre doctrine est plus stricte que cela,<br />

nous sommes blâmables; mais vous savez – et<br />

votre consci<strong>en</strong>ce vous le dit – que ce n’est pas le<br />

cas. Celui qui ose être d’un iota moins strict falsifie<br />

la Parole <strong>de</strong> Dieu. L’administrateur <strong><strong>de</strong>s</strong> mystères<br />

<strong>de</strong> Dieu sera-t-il trouvé fidèle s’il change quoi que<br />

ce soit au dépôt qui lui a été confié? Non, il n’<strong>en</strong><br />

peut ri<strong>en</strong> supprimer ni ri<strong>en</strong> adoucir. Il est sous<br />

l’obligation <strong>de</strong> faire à tous cette déclaration : 'Je ne<br />

puis abaisser les Écritures à votre fantaisie. Il faut<br />

ou monter à leur niveau, ou périr éternellem<strong>en</strong>t.'<br />

C’est là la base réelle d’une autre accusation<br />

474


populaire : notre 'manque <strong>de</strong> charité'. Manquonsnous<br />

réellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> charité? Sous quel rapport? Ne<br />

donnons-nous pas <strong>de</strong> quoi manger à ceux qui ont<br />

faim, et <strong>de</strong> quoi se vêtir à ceux qui sont nus? –<br />

'Non, ce n’est pas ce que nous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons : vous<br />

êtes parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> règle sous ce rapport; mais<br />

vous manquez <strong>de</strong> charité dans vos jugem<strong>en</strong>ts : vous<br />

vous imaginez qu’on ne peut être sauvé qu’<strong>en</strong><br />

faisant comme vous.' » (Id., p. 152, 153.)<br />

<strong>Le</strong> déclin spirituel constaté <strong>en</strong> Angleterre avant<br />

les jours <strong>de</strong> Wesley était dû <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie à<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’antinomianisme. (Du grec anti<br />

-– contre – et nomos –- loi.) Plusieurs affirmai<strong>en</strong>t<br />

que, la loi morale étant abolie par Jésus-Christ,<br />

l’<strong>en</strong>fant <strong>de</strong> Dieu, affranchi <strong>de</strong> « l’esclavage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

oeuvres », n’est plus t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> l’observer. D’autres,<br />

tout <strong>en</strong> admettant la perpétuelle obligation <strong>de</strong> la loi,<br />

déclarai<strong>en</strong>t qu’il était superflu d’exhorter les<br />

auditeurs à <strong>en</strong> observer les préceptes, car ceux que<br />

Dieu a <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés au salut sont « irrésistiblem<strong>en</strong>t<br />

contraints, par la grâce divine, <strong>de</strong> pratiquer la piété<br />

et la vertu », tandis que ceux qui sont condamnés à<br />

la réprobation « n’ont pas la force d’obéir à Dieu ».<br />

475


D’autres <strong>en</strong>core, sous prétexte que « les élus ne<br />

peuv<strong>en</strong>t ni déchoir <strong>de</strong> la grâce, ni perdre la faveur<br />

<strong>de</strong> Dieu », <strong>en</strong> arrivai<strong>en</strong>t à cette conclusion, plus<br />

odieuse si possible, que « le mal qu’ils font n’est<br />

pas réellem<strong>en</strong>t un péché; qu’il ne peut donc être<br />

considéré comme une violation <strong>de</strong> la loi divine, et<br />

que, par conséqu<strong>en</strong>t, ils n’ont lieu ni <strong>de</strong> le<br />

confesser, ni d’y r<strong>en</strong>oncer ». (McClintock and<br />

Strong’s Cyclopedia, art. « Antinomians ».) Ils <strong>en</strong><br />

déduisai<strong>en</strong>t que certains péchés, même les plus<br />

scandaleux, et « universellem<strong>en</strong>t regardés comme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> infractions flagrantes <strong>de</strong> la loi divine, ne sont<br />

pas <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés aux yeux <strong>de</strong> Dieu » s’ils sont<br />

commis par <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, car « c’est une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> élus <strong>de</strong> ne pouvoir ri<strong>en</strong> faire<br />

qui déplaise à Dieu ou qui soit déf<strong>en</strong>du par sa loi! »<br />

Ces doctrines monstrueuses sont<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t celles <strong>de</strong> certains théologi<strong>en</strong>s<br />

mo<strong>de</strong>rnes qui ni<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce d’une ligne <strong>de</strong><br />

démarcation immuable <strong>en</strong>tre le bi<strong>en</strong> et le mal, et<br />

considèr<strong>en</strong>t la norme <strong>de</strong> la morale comme<br />

dép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> la société régnante et sujette, par<br />

476


conséqu<strong>en</strong>t, à <strong>de</strong> continuels changem<strong>en</strong>ts. Toutes<br />

ces théories sont inspirées par un même esprit :<br />

celui qui, parmi les purs habitants du ciel, a t<strong>en</strong>té<br />

d’abattre les justes restrictions imposées par la loi<br />

<strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> la pré<strong><strong>de</strong>s</strong>tination comprise dans<br />

le s<strong>en</strong>s que le caractère <strong>de</strong> tout homme a été<br />

irrévocablem<strong>en</strong>t fixé à l’avance, avait am<strong>en</strong>é<br />

beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s à rejeter l’autorité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong><br />

Dieu. Wesley prouvait que cette doctrine, qui<br />

conduit à l’antinomianisme, est contraire aux<br />

saintes Écritures. Il est écrit : « <strong>La</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu,<br />

source <strong>de</strong> salut pour tous les hommes, a été<br />

manifestée. » « Cela est bon et agréable <strong>de</strong>vant<br />

Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les hommes<br />

soi<strong>en</strong>t sauvés et parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la connaissance <strong>de</strong> la<br />

vérité. Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul<br />

médiateur <strong>en</strong>tre Dieu et les hommes, Jésus-Christ<br />

homme, qui s’est donné lui-même <strong>en</strong> rançon pour<br />

tous. » ( Tite 2.11; 1 Timothée 2.3-6 ) L’Esprit <strong>de</strong><br />

Dieu, libéralem<strong>en</strong>t répandu, peut mettre tout<br />

homme à même <strong>de</strong> saisir le salut. C’est ainsi que<br />

Jésus est « la véritable lumière, qui, <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant dans<br />

477


le mon<strong>de</strong>, éclaire tout homme ». ( Jean 1.9 ) Ceux<br />

qui ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas au salut sont ceux qui<br />

refus<strong>en</strong>t volontairem<strong>en</strong>t le don <strong>de</strong> la vie.<br />

Voici ce que Wesley répondait à ceux qui<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t que le Décalogue a été aboli à la mort<br />

<strong>de</strong> Jésus avec la loi cérémonielle : « Jésus n’a pas<br />

aboli la loi morale <strong><strong>de</strong>s</strong> dix comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts dont<br />

les prophètes ont rev<strong>en</strong>diqué la sainteté. L’objet <strong>de</strong><br />

sa v<strong>en</strong>ue n’était pas d’<strong>en</strong> révoquer une partie<br />

quelconque. Cette loi – fermem<strong>en</strong>t établie comme<br />

un fidèle témoin qui est dans le ciel – ne peut être<br />

abrogée. Elle existe dès le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du<br />

mon<strong>de</strong>, ayant été écrite, non sur <strong><strong>de</strong>s</strong> tables <strong>de</strong><br />

pierre, mais dans le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes quand ils<br />

sont sortis <strong><strong>de</strong>s</strong> mains du Créateur. Et bi<strong>en</strong> que ses<br />

caractères, tracés du doigt <strong>de</strong> Dieu, soi<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant profondém<strong>en</strong>t altérés par le péché, ils<br />

ne pourront être <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t effacés, aussi<br />

longtemps qu’il restera <strong>en</strong> nous quelque consci<strong>en</strong>ce<br />

du bi<strong>en</strong> et du mal. Toutes les parties <strong>de</strong> cette loi<br />

rest<strong>en</strong>t obligatoires pour la famille humaine et dans<br />

tous les siècles. Elle ne dép<strong>en</strong>d ni <strong><strong>de</strong>s</strong> temps, ni <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lieux, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances; elle repose sur la nature<br />

478


<strong>de</strong> Dieu, sur celle <strong>de</strong> l’homme et sur leurs<br />

immuables relations mutuelles.<br />

» 'Je suis v<strong>en</strong>u non pour abolir, mais pour<br />

accomplir.' Sans l’ombre d’un doute, le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> ces<br />

paroles <strong>de</strong> Jésus (d’après le contexte) est le suivant<br />

: Je suis v<strong>en</strong>u établir la loi dans sa plénitu<strong>de</strong>, <strong>en</strong><br />

dépit <strong>de</strong> toutes les gloses humaines. Je suis v<strong>en</strong>u<br />

mettre <strong>en</strong> pleine lumière tout ce qu’elle pouvait<br />

cont<strong>en</strong>ir d’obscur, révéler le s<strong>en</strong>s véritable <strong>de</strong><br />

chacune <strong>de</strong> ses déclarations, et montrer la longueur,<br />

la largeur et toute l’ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, ainsi que leur hauteur, leur<br />

profon<strong>de</strong>ur, la pureté et l’inconcevable spiritualité<br />

<strong>de</strong> toutes ses s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces. » (Wesley’s Works,<br />

sermon 25.)<br />

Wesley <strong>en</strong>seignait que l’harmonie est parfaite<br />

<strong>en</strong>tre la loi et l’Évangile. « Entre la loi et<br />

l’Évangile exist<strong>en</strong>t les rapports les plus intimes<br />

qu’il soit possible d’imaginer. D’une part, la loi<br />

prépare la voie à l’Évangile et nous y conduit;<br />

d’autre part, l’Évangile nous ramène à une plus<br />

parfaite observation <strong>de</strong> la loi. Par exemple, la loi<br />

479


<strong>en</strong>joint l’amour <strong>de</strong> Dieu et du prochain, la douceur,<br />

l’humilité, la sainteté. Or, nous nous s<strong>en</strong>tons<br />

incapables d’y atteindre; 'aux hommes cela est<br />

impossible'; mais Dieu nous a promis <strong>de</strong> nous<br />

donner cet amour et <strong>de</strong> nous r<strong>en</strong>dre humbles, doux,<br />

saints; à nous <strong>de</strong> nous saisir <strong>de</strong> cet Évangile, <strong>de</strong><br />

cette bonne nouvelle; il nous est fait selon notre<br />

foi; et 'la justice <strong>de</strong> la loi sera accomplie <strong>en</strong> nous'<br />

par la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ...<br />

» Au premier rang <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> l’Évangile,<br />

disait Wesley, il faut placer ceux qui, ouvertem<strong>en</strong>t<br />

et explicitem<strong>en</strong>t, 'parl<strong>en</strong>t mal <strong>de</strong> la loi et jug<strong>en</strong>t la<br />

loi'; ceux qui <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t aux hommes à violer<br />

(ébranler, supprimer, r<strong>en</strong>verser) non seulem<strong>en</strong>t un<br />

seul, fût-ce le plus petit ou le plus grand <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, mais tous... Ce qu’il y a <strong>de</strong> plus<br />

surpr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> tout ceci, c’est que les victimes <strong>de</strong><br />

cette puissante séduction s’imagin<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t<br />

honorer Jésus-Christ <strong>en</strong> r<strong>en</strong>versant Sa loi, et<br />

magnifier Son sacerdoce <strong>en</strong> détruisant Sa doctrine.<br />

Ils l’honor<strong>en</strong>t à la manière <strong>de</strong> Judas, qui lui disait:<br />

'Salut, Maître', et lui donnait un baiser. Avec tout<br />

autant d’à-propos, Jésus peut dire à chacun d’eux :<br />

480


'C’est par un baiser que tu livres le Fils <strong>de</strong><br />

l’homme?' Abolir une partie quelconque <strong>de</strong> Sa loi<br />

sous prétexte <strong>de</strong> hâter les progrès <strong>de</strong> Son Évangile<br />

équivaut à <strong>Le</strong> trahir par un baiser et à parler <strong>de</strong> Son<br />

sang purificateur tout <strong>en</strong> Lui ravissant Sa couronne.<br />

Comm<strong>en</strong>t donc pourra-t-il se soustraire à cette<br />

accusation, celui qui, directem<strong>en</strong>t ou indirectem<strong>en</strong>t,<br />

prêche la foi <strong>de</strong> façon à disp<strong>en</strong>ser les hommes<br />

d’une parcelle quelconque <strong>de</strong> leur obéissance, et<br />

qui prés<strong>en</strong>te le Sauveur <strong>de</strong> manière à annuler ou<br />

affaiblir le moindre <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu?<br />

» (Ibid.)<br />

Certains docteurs <strong>en</strong>seignai<strong>en</strong>t que la<br />

prédication <strong>de</strong> l’Évangile t<strong>en</strong>ait lieu <strong>de</strong> loi. Wesley<br />

leur répondait: « Nous le nions absolum<strong>en</strong>t. Elle ne<br />

ti<strong>en</strong>t pas lieu du tout premier objet <strong>de</strong> la loi, qui est<br />

<strong>de</strong> convaincre <strong>de</strong> péché, <strong>de</strong> réveiller ceux qui<br />

dorm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core sur le seuil même <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fer.<br />

L’apôtre Paul déclare que 'c’est la loi qui donne la<br />

connaissance du péché'; or, l’on n’éprouve le<br />

besoin du sang expiatoire du Sauveur que quand on<br />

a été convaincu <strong>de</strong> péché... 'Ce ne sont pas ceux qui<br />

se port<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>', remarque notre Seigneur lui-<br />

481


même, 'qui ont besoin <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin, mais les<br />

mala<strong><strong>de</strong>s</strong>'. Il est absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> proposer un mé<strong>de</strong>cin à<br />

ceux qui se port<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>, ou qui, du moins, se<br />

croi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> portants. Il faut d’abord les convaincre<br />

qu’ils sont mala<strong><strong>de</strong>s</strong>; autrem<strong>en</strong>t, ils ne vous sauront<br />

pas gré <strong>de</strong> vos bons offices. Il est égalem<strong>en</strong>t<br />

absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> parler du Sauveur à ceux dont le coeur<br />

n’a pas <strong>en</strong>core été brisé. » (Id., sermon 35.)<br />

Ainsi, tout <strong>en</strong> prêchant l’Évangile <strong>de</strong> la grâce<br />

<strong>de</strong> Dieu, Wesley, à l’instar <strong>de</strong> son Maître,<br />

s’efforçait <strong>de</strong> « r<strong>en</strong>dre sa loi gran<strong>de</strong> et magnifique<br />

». Il s’acquitta fidèlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la tâche que le<br />

Seigneur lui avait confiée et il lui fut permis d’<strong>en</strong><br />

contempler les glorieux résultats. À la fin d’une vie<br />

longue <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> quatre-vingts ans – plus d’un<br />

<strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong> ministère itinérant – ses partisans<br />

déclarés se chiffrai<strong>en</strong>t à plus d’un <strong>de</strong>mi-million.<br />

Mais la multitu<strong>de</strong> d’âmes arrachées à la ruine et à<br />

la perdition par le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> son labeur, et toutes<br />

celles que ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts ont am<strong>en</strong>ées à une vie<br />

chréti<strong>en</strong>ne plus profon<strong>de</strong>, ne seront connues que<br />

dans le royaume éternel. <strong>La</strong> vie <strong>de</strong> Wesley offre à<br />

tout chréti<strong>en</strong> un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t d’une valeur<br />

482


incalculable. Plût à Dieu que la foi et l’humilité, le<br />

zèle inlassable, l’abnégation et la vraie piété <strong>de</strong> ce<br />

serviteur <strong>de</strong> Dieu fuss<strong>en</strong>t l’apanage <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong><br />

nos jours! »<br />

483


Chapitre 15<br />

<strong>La</strong> Bible et la révolution<br />

Française<br />

Au seizième siècle, une Bible ouverte à la<br />

main, la Réforme avait frappé à la porte <strong>de</strong> tous les<br />

pays d'Europe. Certaines nations l'avai<strong>en</strong>t<br />

accueillie comme une messagère céleste. D'autres,<br />

influ<strong>en</strong>cées par la papauté, lui avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> gran<strong>de</strong><br />

partie fermé l'accès <strong>de</strong> leur territoire, qui resta ainsi<br />

presque totalem<strong>en</strong>t privé <strong>de</strong> la connaissance et <strong>de</strong><br />

l'influ<strong>en</strong>ce bi<strong>en</strong>faisante <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Parmi<br />

ces <strong>de</strong>rniers, il faut ranger la France, où la lumière<br />

pénétra <strong>de</strong> bonne heure, où, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, la<br />

vérité et l'erreur fur<strong>en</strong>t aux prises, et où le mal finit<br />

par triompher et la lumière céleste par être bannie.<br />

« <strong>La</strong> lumière étant v<strong>en</strong>ue dans le mon<strong>de</strong>, les<br />

hommes ont préféré les ténèbres à la lumière. » (<br />

Jean 3.19 ) Aussi la nation française tout <strong>en</strong>tière at-elle<br />

récolté les fruits <strong>de</strong> ses semailles. <strong>La</strong><br />

puissance protectrice <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu ayant<br />

cessé d'<strong>en</strong>tourer un peuple qui avait méprisé le don<br />

484


<strong>de</strong> Sa grâce, les ferm<strong>en</strong>ts du mal sont parv<strong>en</strong>us à<br />

maturité, et le mon<strong>de</strong> a pu contempler les résultats<br />

auxquels on s'expose volontairem<strong>en</strong>t lorsqu'on<br />

ferme sa porte au Prince <strong>de</strong> la Paix et à la pure<br />

lumière <strong>de</strong> Son Évangile.<br />

<strong>La</strong> guerre faite à l'Évangile sur le sol <strong>de</strong> France<br />

atteignit son point culminant sous la Révolution.<br />

Cet effroyable bouleversem<strong>en</strong>t fut la conséqu<strong>en</strong>ce<br />

naturelle <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

(Voir App<strong>en</strong>dice a21) Il est la démonstration la<br />

plus frappante <strong>de</strong> l'aboutissem<strong>en</strong>t auquel peut<br />

arriver une nation après plus d'un millénaire passé<br />

à l'école <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Rome.<br />

<strong>La</strong> suppression <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures durant la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la suprématie papale avait été prédite<br />

par les prophéties; d'autre part, l'Apocalypse avait<br />

annoncé les terribles résultats qu'aurait, pour la<br />

France <strong>en</strong> particulier, la domination <strong>de</strong> « l'homme<br />

<strong>de</strong> péché ».<br />

« [<strong>Le</strong>s nations] fouleront aux pieds la ville<br />

sainte p<strong>en</strong>dant quarante-<strong>de</strong>ux mois, avait dit saint<br />

485


Jean. Je donnerai à mes <strong>de</strong>ux témoins le pouvoir <strong>de</strong><br />

prophétiser, revêtus <strong>de</strong> sacs, p<strong>en</strong>dant mille <strong>de</strong>ux<br />

c<strong>en</strong>t soixante jours.... Quand ils auront achevé leur<br />

témoignage, la bête qui monte <strong>de</strong> l'abîme leur fera<br />

la guerre, les vaincra, et les tuera. Et leurs cadavres<br />

seront sur la place <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ville, qui est<br />

appelée, dans un s<strong>en</strong>s spirituel, Sodome et Égypte,<br />

là même où leur Seigneur a été crucifié.... Et à<br />

cause d'eux les habitants <strong>de</strong> la terre se réjouiront et<br />

seront dans l'allégresse, et ils s'<strong>en</strong>verront <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prés<strong>en</strong>ts les uns aux autres, parce que ces <strong>de</strong>ux<br />

prophètes ont tourm<strong>en</strong>té les habitants <strong>de</strong> la terre.<br />

Après les trois jours et <strong>de</strong>mi, un esprit <strong>de</strong> vie,<br />

v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Dieu, <strong>en</strong>tra <strong>en</strong> eux, et ils se tinr<strong>en</strong>t sur<br />

leurs pieds; et une gran<strong>de</strong> crainte s'empara <strong>de</strong> ceux<br />

qui les voyai<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse 11.2-11 )<br />

<strong>Le</strong>s pério<strong><strong>de</strong>s</strong> « quarante-<strong>de</strong>ux mois » et « mille<br />

<strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante jours » m<strong>en</strong>tionnées dans ce<br />

passage sont un seul et même laps <strong>de</strong> temps, à<br />

savoir celui p<strong>en</strong>dant lequel l'Église <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vait<br />

être opprimée par celle <strong>de</strong> Rome. <strong>Le</strong>s mille <strong>de</strong>ux<br />

c<strong>en</strong>t soixante années <strong>de</strong> la suprématie papale<br />

comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l'an 538 <strong>de</strong> notre ère, et <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t<br />

486


par conséqu<strong>en</strong>t se terminer <strong>en</strong> 1798. (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a22) À cette <strong>de</strong>rnière date, une armée<br />

française <strong>en</strong>tra dans Rome, s'empara du pape et le<br />

conduisit <strong>en</strong> exil à Val<strong>en</strong>ce, où il mourut. On ne<br />

tarda pas à élire un nouveau pape, mais la Curie fut<br />

incapable <strong>de</strong> rétablir son anci<strong>en</strong>ne puissance.<br />

Cep<strong>en</strong>dant la persécution <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles disciples<br />

du Sauveur ne dura pas jusqu'à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante années. Dans sa<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>en</strong>vers son peuple, Dieu abrégea la<br />

durée <strong>de</strong> cette cruelle épreuve. En prédisant la «<br />

gran<strong>de</strong> affliction » qui allait être le lot <strong>de</strong> son<br />

Église, le Sauveur avait dit : « Et si ces jours<br />

n'étai<strong>en</strong>t abrégés, personne ne serait sauvé; mais, à<br />

cause <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, ces jours seront abrégés. » (<br />

Matthieu 24.22 ) Grâce à l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la Réforme,<br />

la persécution prit fin avant 1798.<br />

Au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux témoins, le prophète ajoute :<br />

« Ce sont les <strong>de</strong>ux oliviers et les <strong>de</strong>ux chan<strong>de</strong>liers<br />

qui se ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le Seigneur <strong>de</strong> la terre. » (<br />

Apocalypse 11.4 ) « Ta Parole, dit le Psalmiste, est<br />

une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon<br />

487


s<strong>en</strong>tier. » ( Psaumes 119.105 ) <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux témoins<br />

représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les Écritures <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong> et du<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t. L'un et l'autre témoign<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'origine et <strong>de</strong> la perpétuité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu. L'un<br />

et l'autre proclam<strong>en</strong>t le plan <strong>de</strong> la Ré<strong>de</strong>mption. <strong>Le</strong>s<br />

symboles, les sacrifices et les prophéties <strong>de</strong><br />

l'Anci<strong>en</strong> Testam<strong>en</strong>t annonc<strong>en</strong>t un Sauveur à v<strong>en</strong>ir.<br />

<strong>Le</strong>s évangiles et les épîtres du Nouveau Testam<strong>en</strong>t<br />

nous parl<strong>en</strong>t d'un Sauveur déjà v<strong>en</strong>u, et qui répond<br />

exactem<strong>en</strong>t aux symboles et aux prophéties.<br />

« Je donnerai à mes <strong>de</strong>ux témoins, lisons-nous<br />

dans l'Apocalypse, le pouvoir <strong>de</strong> prophétiser,<br />

revêtus <strong>de</strong> sacs, p<strong>en</strong>dant mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante<br />

jours. »<br />

Durant la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>,<br />

les <strong>de</strong>ux témoins <strong>de</strong> Dieu ont connu une pério<strong>de</strong><br />

d'obscurité relative. <strong>La</strong> puissance papale s'est<br />

efforcée <strong>de</strong> soustraire au peuple la Parole <strong>de</strong> vérité<br />

et <strong>de</strong> produire <strong>de</strong> faux témoins qui <strong>en</strong><br />

contredisai<strong>en</strong>t le témoignage. » (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a23) <strong>Le</strong> temps où les <strong>de</strong>ux témoins prophétisèr<strong>en</strong>t,<br />

vêtus <strong>de</strong> sacs, est celui où les saintes Écritures<br />

488


étai<strong>en</strong>t proscrites par les autorités civiles et<br />

religieuses, où leur témoignage était falsifié, où<br />

l'effort réuni <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et <strong><strong>de</strong>s</strong> démons t<strong>en</strong>dait à<br />

<strong>en</strong> détourner les esprits, où ceux qui osai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

proclamer les vérités sacrées étai<strong>en</strong>t traqués,<br />

<strong>en</strong>sevelis dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cachots, torturés, martyrisés<br />

pour leur foi ou obligés d'aller <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une<br />

retraite aux forteresses <strong>de</strong> la nature, aux rochers et<br />

aux antres <strong>de</strong> la terre; c'est alors que les <strong>de</strong>ux<br />

témoins « prophétisèr<strong>en</strong>t vêtus <strong>de</strong> sacs ». Ce<br />

ministère, ils le poursuivir<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant toute la<br />

pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante années. Aux<br />

époques les plus sombres, il y eut <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

fidèles qui aimai<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong> Dieu et qui, jaloux<br />

<strong>de</strong> Sa gloire, reçur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Son Auteur sagesse,<br />

puissance et autorité pour annoncer la vérité.<br />

« Si quelqu'un veut leur faire du mal, du feu<br />

sort <strong>de</strong> leur bouche et dévore leurs <strong>en</strong>nemis; et si<br />

quelqu'un veut leur faire du mal, il faut qu'il soit<br />

tué <strong>de</strong> cette manière. » ( Apocalypse 11.5 ) Ce n'est<br />

jamais impuném<strong>en</strong>t qu'on foule aux pieds la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> cette terrible s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce est<br />

donné dans le <strong>de</strong>rnier chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse : '<br />

489


Je le déclare à quiconque <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d les paroles <strong>de</strong> la<br />

prophétie <strong>de</strong> ce livre : Si quelqu'un y ajoute<br />

quelque chose, Dieu le frappera <strong><strong>de</strong>s</strong> fléaux décrits<br />

dans ce livre; et si quelqu'un retranche quelque<br />

chose <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles du livre <strong>de</strong> cette prophétie, Dieu<br />

retranchera sa part <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> la ville<br />

sainte, décrits dans ce livre. » ( Apocalypse 22.18,<br />

19 )<br />

Tels sont les avertissem<strong>en</strong>ts que Dieu nous<br />

donne pour nous mettre <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre la t<strong>en</strong>tation<br />

d'apporter la moindre altération à ce qu'il a révélé<br />

ou ordonné. Ces sol<strong>en</strong>nelles instructions<br />

s'appliqu<strong>en</strong>t à tous ceux dont l'influ<strong>en</strong>ce pousse les<br />

hommes à faire peu <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> la loi divine. Elles<br />

<strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t faire trembler ceux qui trait<strong>en</strong>t à la légère<br />

l'obéissance aux saints comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu.<br />

Tous ceux qui mett<strong>en</strong>t leurs opinions au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

la révélation divine, qui altèr<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>s clair et<br />

évid<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> se procurer un<br />

avantage particulier ou afin <strong>de</strong> se conformer au<br />

mon<strong>de</strong>, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur eux une redoutable<br />

responsabilité. <strong>Le</strong> critère qui servira à éprouver<br />

tous les hommes, c'est la Parole écrite, la sainte loi<br />

490


<strong>de</strong> Dieu; tous ceux que ce co<strong>de</strong> infaillible déclarera<br />

coupables seront condamnés.<br />

« Quand ils auront achevé [ou seront sur le<br />

point d'achever ] (Trad. littérale. Voir Emphatic<br />

Diaglott.) leur témoignage, la bête qui monte <strong>de</strong><br />

l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera. »<br />

<strong>La</strong> pério<strong>de</strong> p<strong>en</strong>dant laquelle les <strong>de</strong>ux témoins<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre leur témoignage revêtus <strong>de</strong> sacs se<br />

termina <strong>en</strong> 1798. Vers la fin <strong>de</strong> leur ministère<br />

exercé dans l'ombre, la puissance représ<strong>en</strong>tée par la<br />

« bête qui monte <strong>de</strong> l'abîme » allait leur faire la<br />

guerre. Durant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, les autorités civiles et<br />

ecclésiastiques <strong>de</strong> plusieurs États europé<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t<br />

été, par l'intermédiaire <strong>de</strong> la papauté, dirigées par<br />

Satan. Mais ici on assiste à une nouvelle<br />

manifestation <strong>de</strong> sa puissance.<br />

Sous prétexte d'une gran<strong>de</strong> vénération pour les<br />

saintes Écritures, la tactique constante <strong>de</strong> Rome<br />

avait été <strong>de</strong> les t<strong>en</strong>ir scellées dans une langue<br />

inconnue, et <strong>de</strong> les mettre ainsi hors <strong>de</strong> la portée du<br />

peuple. Sous cette domination, les <strong>de</strong>ux témoins<br />

491


avai<strong>en</strong>t prophétisé vêtus <strong>de</strong> sacs. Mais un nouveau<br />

pouvoir – la « bête qui monte <strong>de</strong> l'abîme » – <strong>de</strong>vait<br />

surgir et livrer une guerre ouverte à la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

« Et leurs cadavres seront sur la place <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> ville, qui est appelée, dans un s<strong>en</strong>s spirituel,<br />

Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été<br />

crucifié. »<br />

<strong>La</strong> « gran<strong>de</strong> ville » dans les rues <strong>de</strong> laquelle les<br />

<strong>de</strong>ux témoins sont tués, et où gis<strong>en</strong>t leurs cadavres,<br />

« est appelée, dans un s<strong>en</strong>s spirituel,... Égypte ».<br />

De toutes les nations dont l'Écriture nous rapporte<br />

l'histoire, c'est l'Égypte qui a le plus effrontém<strong>en</strong>t<br />

nié l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu et foulé aux pieds ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts. Aucun monarque ne s'était<br />

jamais révolté plus audacieusem<strong>en</strong>t contre<br />

l'autorité du ciel que le pharaon d'Égypte. Quand<br />

Moïse lui apporta un message <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Dieu, il<br />

lui répondit avec hauteur : « Qui est l'Éternel, pour<br />

que j'obéisse à sa voix, <strong>en</strong> laissant aller Israël? Je<br />

ne connais point l'Éternel, et je ne laisserai point<br />

aller Israël. » ( Exo<strong>de</strong> 5.2 ) Tel est le langage <strong>de</strong><br />

492


l'athéisme. Or, la nation représ<strong>en</strong>tée ici par l'Égypte<br />

<strong>de</strong>vait égalem<strong>en</strong>t refuser <strong>de</strong> reconnaître les droits<br />

du Dieu vivant; elle <strong>de</strong>vait faire preuve d'une<br />

incrédulité semblable, et défier <strong>de</strong> la même façon le<br />

Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux et <strong>de</strong> la terre. <strong>La</strong> « gran<strong>de</strong> ville<br />

» est aussi appelée, « dans un s<strong>en</strong>s spirituel,<br />

Sodome ». <strong>La</strong> corruption <strong>de</strong> Sodome se manifestait<br />

plus spécialem<strong>en</strong>t par sa luxure. Ce péché <strong>de</strong>vait<br />

égalem<strong>en</strong>t caractériser la nation qui allait<br />

accomplir cette prophétie.<br />

Il ressort donc <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles du prophète que, peu<br />

avant l'an 1798, un gouvernem<strong>en</strong>t sortant <strong>de</strong> «<br />

l'abîme » <strong>de</strong>vait s'élever pour faire la guerre à la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. Dans le pays où les <strong>de</strong>ux témoins<br />

allai<strong>en</strong>t être réduits au sil<strong>en</strong>ce, on <strong>de</strong>vait voir<br />

s'étaler l'athéisme <strong>de</strong> Pharaon et la luxure <strong>de</strong><br />

Sodome.<br />

Cette prophétie a reçu l'accomplissem<strong>en</strong>t le<br />

plus frappant dans l'histoire <strong>de</strong> la France. Au cours<br />

<strong>de</strong> la Révolution, <strong>en</strong> 1793, « le mon<strong>de</strong> vit pour la<br />

première fois une assemblée d'hommes nés et<br />

élevés <strong>en</strong> pays civilisé, et s'arrogeant le droit <strong>de</strong><br />

493


gouverner la nation la plus policée <strong>de</strong> l'Europe,<br />

s'unir pour r<strong>en</strong>ier unanimem<strong>en</strong>t la vérité la plus<br />

haute qui soit accessible à l'homme : la foi <strong>en</strong> la<br />

divinité et <strong>en</strong> son culte. » (Voir App<strong>en</strong>dice a24) «<br />

<strong>La</strong> France est la seule nation du mon<strong>de</strong> qui ait<br />

officiellem<strong>en</strong>t osé lever la main contre l'Auteur <strong>de</strong><br />

l'univers. Il y a eu, et il y a <strong>en</strong>core, bon nombre <strong>de</strong><br />

blasphémateurs et d'incrédules <strong>en</strong> Angleterre, <strong>en</strong><br />

Allemagne, <strong>en</strong> Espagne et ailleurs; mais la France<br />

occupe une place à part dans les annales <strong>de</strong><br />

l'humanité, étant le seul État qui, par une décision<br />

<strong>de</strong> son assemblée législative, ait déclaré<br />

l'inexist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu, et dont la vaste majorité <strong>de</strong><br />

sa population, tant dans la capitale qu'<strong>en</strong> province,<br />

ait accueilli cette nouvelle par <strong><strong>de</strong>s</strong> danses et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chants <strong>de</strong> joie. » (Voir App<strong>en</strong>dice a24)<br />

À la même époque, la France manifesta aussi le<br />

caractère <strong>de</strong> Sodome. Au cours <strong>de</strong> la Révolution,<br />

on put constater un état <strong>de</strong> corruption analogue à<br />

celui qui attira la colère <strong>de</strong> Dieu sur cette ville<br />

coupable <strong>de</strong> l'antiquité. L'histoire, comme la<br />

prophétie, établit un rapport <strong>en</strong>tre l'athéisme et<br />

l'impudicité. « En relation intime avec les lois<br />

494


contre la religion se trouvait celle qui attaquait le<br />

mariage. L'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t le plus sacré existant <strong>en</strong>tre<br />

<strong>de</strong>ux êtres humains, et dont la perman<strong>en</strong>ce est<br />

indisp<strong>en</strong>sable à la conservation <strong>de</strong> la société, était<br />

réduit à l'état <strong>de</strong> simple contrat civil <strong>de</strong> nature<br />

transitoire, et que <strong>de</strong>ux personnes peuv<strong>en</strong>t<br />

contracter et rompre à volonté.... Si <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong><br />

la société s'étai<strong>en</strong>t imposé la tâche <strong>de</strong> détruire tout<br />

ce qu'il y a <strong>de</strong> gracieux, <strong>de</strong> vénérable et <strong>de</strong> constant<br />

dans la vie domestique par un mal qui se perpétuât<br />

<strong>de</strong> génération <strong>en</strong> génération, ils n'aurai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> pu<br />

trouver <strong>de</strong> plus efficace que la dégradation du<br />

mariage.... Sophie Arnould, actrice célèbre par son<br />

esprit, appelait l'union libre « le sacrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'adultère. »<br />

« Où leur Seigneur a été crucifié », dit la<br />

prophétie. Ce détail prophétique s'était égalem<strong>en</strong>t<br />

réalisé. Aucun pays – au cours <strong>de</strong> son histoire –<br />

n'avait manifesté autant d'inimitié que la France<br />

contre Jésus-Christ, contre Sa Parole et contre Ses<br />

vrais disciples. Par les persécutions qu'elle avait<br />

fait subir au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles aux confesseurs <strong>de</strong><br />

l'Évangile, elle avait réellem<strong>en</strong>t « crucifié le<br />

495


Seigneur » dans la personne <strong>de</strong> Ses disciples.<br />

Siècle après siècle, le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints avait<br />

coulé à flots. P<strong>en</strong>dant que les Vaudois, dans les<br />

montagnes du Piémont, donnai<strong>en</strong>t leur vie pour « la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu et le témoignage <strong>de</strong> Jésus », les<br />

Albigeois faisai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> France, le même sacrifice et<br />

pour la même cause. Aux jours <strong>de</strong> la Réforme, les<br />

Hugu<strong>en</strong>ots avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t versé leur sang pour<br />

conserver ce qu'il y a <strong>de</strong> plus cher au coeur humain<br />

: la consci<strong>en</strong>ce. Traités <strong>en</strong> parias, ils avai<strong>en</strong>t vu leur<br />

tête mise à prix. Pourchassés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> fauves, ils<br />

avai<strong>en</strong>t subi la mort après d'affreuses tortures. <strong>Le</strong><br />

roi et les nobles, <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>de</strong> haute naissance et<br />

<strong>de</strong> délicates jeunes filles s'étai<strong>en</strong>t rassasiés du<br />

spectacle <strong>de</strong> l'agonie <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs <strong>de</strong> Jésus.<br />

Ceux <strong>de</strong> leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants qui restai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

<strong>en</strong> France au dix-huitième siècle se cachai<strong>en</strong>t dans<br />

les montagnes du Midi, et là, sous le nom d'«<br />

Église du Désert », ils conservai<strong>en</strong>t la foi <strong>de</strong> leurs<br />

pères. Quand ils osai<strong>en</strong>t se réunir <strong>de</strong> nuit sur le<br />

flanc <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes ou dans les lan<strong><strong>de</strong>s</strong> désertes,<br />

c'était au risque d'être traqués par les dragons du<br />

496


oi et condamnés à une vie d'esclavage sur les<br />

galères. <strong>Le</strong>s hommes les plus purs, les plus nobles<br />

et les plus distingués <strong>de</strong> France vivai<strong>en</strong>t dans les<br />

chaînes, ou exposés aux plus horribles tortures<br />

dans la promiscuité <strong><strong>de</strong>s</strong> bandits et <strong><strong>de</strong>s</strong> assassins.<br />

Plus humainem<strong>en</strong>t traités étai<strong>en</strong>t ceux qui, sans<br />

armes et sans déf<strong>en</strong>se, tombant à g<strong>en</strong>oux et se<br />

recommandant à Dieu, étai<strong>en</strong>t fusillés <strong>de</strong> sangfroid.<br />

Des c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> vieillards, <strong>de</strong> femmes<br />

inoff<strong>en</strong>sives et d'<strong>en</strong>fants innoc<strong>en</strong>ts, surpris <strong>en</strong><br />

pleine assemblée, étai<strong>en</strong>t laissés inanimés sur les<br />

lieux. En parcourant le versant <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes où<br />

ces infortunés chréti<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t coutume <strong>de</strong> se<br />

réunir, on voyait souv<strong>en</strong>t, « tous les quatre pas, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

corps morts qui jonchai<strong>en</strong>t le chemin et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cadavres susp<strong>en</strong>dus aux arbres ». <strong>Le</strong>ur pays,<br />

dévasté par l'épée, la hache et le bûcher, fut<br />

transformé <strong>en</strong> un vaste et lugubre désert. « Ces<br />

atrocités se perpétrai<strong>en</strong>t non pas <strong>en</strong> un temps <strong>de</strong><br />

ténèbres et d'ignorance, mais dans le siècle poli <strong>de</strong><br />

Louis XIV, siècle où les arts et les sci<strong>en</strong>ces étai<strong>en</strong>t<br />

cultivés, où les lettres florissai<strong>en</strong>t et où les<br />

théologi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la cour et <strong>de</strong> la capitale, savants et<br />

éloqu<strong>en</strong>ts, se parai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> grâces <strong>de</strong> la douceur et<br />

497


<strong>de</strong> la charité. » (Voir App<strong>en</strong>dice a25)<br />

Mais le plus noir <strong><strong>de</strong>s</strong> forfaits, le plus atroce <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

crimes <strong>en</strong>registrés par l'histoire, fut le massacre <strong>de</strong><br />

la Saint-Barthélemy. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> frémit <strong>en</strong>core<br />

d'horreur au souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> ce lâche et cruel att<strong>en</strong>tat.<br />

Sous la pression <strong><strong>de</strong>s</strong> dignitaires <strong>de</strong> l'Église, ce<br />

crime fut autorisé par le roi <strong>de</strong> France. Une cloche<br />

<strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Saint-Germains-l'Auxerrois,<br />

ret<strong>en</strong>tissant dans le sil<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la nuit, donna le<br />

signal <strong>de</strong> la tuerie. Des milliers <strong>de</strong> protestants qui,<br />

comptant sur la parole d'honneur <strong>de</strong> leur roi,<br />

reposai<strong>en</strong>t tranquillem<strong>en</strong>t dans leurs lits, fur<strong>en</strong>t<br />

assaillis dans leurs <strong>de</strong>meures et massacrés.<br />

De même que le Christ avait été le Conducteur<br />

invisible <strong>de</strong> Son peuple lorsqu'il l'arracha à<br />

l'esclavage <strong>de</strong> l'Égypte, <strong>de</strong> même Satan fut le chef<br />

invisible <strong>de</strong> ses sujets dans cet horrible égorgem<strong>en</strong>t<br />

qui se poursuivit dans Paris sept jours durant, les<br />

trois premiers avec une indicible fureur. Mais cette<br />

oeuvre <strong>de</strong> mort ne se borna pas à la capitale : par<br />

ordre du roi, elle s'ét<strong>en</strong>dit à toutes les provinces et<br />

à toutes les villes où vivai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants. On<br />

498


n'eut égard ni à l'âge ni au sexe. On n'épargna ni<br />

l'<strong>en</strong>fant à la mamelle, ni le vieillard aux cheveux<br />

blancs. Nobles et paysans, jeunes et vieux, mères et<br />

<strong>en</strong>fants, tous étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t immolés. <strong>Le</strong><br />

massacre dura <strong>de</strong>ux mois <strong>en</strong>tiers dans toutes les<br />

parties <strong>de</strong> la France. Soixante-dix mille âmes<br />

<strong>en</strong>viron, la fleur <strong>de</strong> la nation, périr<strong>en</strong>t.<br />

« Quand la nouvelle <strong>de</strong> ce crime parvint à<br />

Rome, la joie du clergé ne connut pas <strong>de</strong> bornes.<br />

<strong>Le</strong> cardinal <strong>de</strong> Lorraine récomp<strong>en</strong>sa le messager<br />

d'un don <strong>de</strong> mille couronnes; le canon <strong>de</strong> Saint-<br />

Ange se fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> signe <strong>de</strong> joyeux salut; les<br />

cloches <strong>de</strong> toutes les églises sonnèr<strong>en</strong>t à toute<br />

volée; les feux <strong>de</strong> joie transformèr<strong>en</strong>t la nuit <strong>en</strong><br />

jour; et Grégoire XIII, accompagné <strong><strong>de</strong>s</strong> cardinaux<br />

et d'autres dignitaires ecclésiastiques, se r<strong>en</strong>dit <strong>en</strong><br />

procession à l'église <strong>de</strong> Saint-Louis, où le cardinal<br />

<strong>de</strong> Lorraine chanta le Te Deum.... Une médaille fut<br />

frappée pour commémorer l'événem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> pape<br />

Grégoire <strong>en</strong>voya la Rose d'or à Charles IX et,<br />

quatre mois après,... il écoutait complaisamm<strong>en</strong>t le<br />

sermon d'un prêtre français célébrant ce jour <strong>de</strong><br />

joie et d'allégresse où le Saint-Père reçut l'heureuse<br />

499


nouvelle, et alla sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre grâces à<br />

Dieu et à Saint Louis. » (Voir App<strong>en</strong>dice a26) On<br />

peut <strong>en</strong>core voir au Vatican les trois fresques <strong>de</strong><br />

Vasari représ<strong>en</strong>tant le meurtre <strong>de</strong> Coligny, le roi<br />

décidant le massacre <strong>en</strong> conseil, et le massacre luimême.<br />

L'esprit infernal qui poussa à la Saint-<br />

Barthélemy présida aussi aux scènes <strong>de</strong> la<br />

Révolution. Jésus-Christ y fut déclaré un<br />

imposteur, et le cri <strong>de</strong> ralliem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules qui<br />

le désignai<strong>en</strong>t était : « Écrasons l'infâme » (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a27) <strong>Le</strong> blasphème et la luxure<br />

marchai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> pair; <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes abjects, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

monstres <strong>de</strong> cruauté et <strong>de</strong> vice étai<strong>en</strong>t comblés<br />

d'honneur : hommage suprême r<strong>en</strong>du à Satan,<br />

tandis que Jésus-Christ, la personnification <strong>de</strong> la<br />

vérité, <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> l'amour désintéressé, était<br />

crucifié à nouveau.<br />

« <strong>La</strong> bête qui monte <strong>de</strong> l'abîme leur fera la<br />

guerre; elle les vaincra et les tuera. »<br />

Comme on vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> le voir, la puissance athée<br />

500


qui gouverna la France sous la Révolution et le<br />

règne <strong>de</strong> la Terreur livra <strong>en</strong> effet à Dieu et à Sa<br />

Parole une guerre sans précéd<strong>en</strong>t dans l'histoire.<br />

L'Assemblée nationale abolit le culte <strong>de</strong> la divinité.<br />

<strong>Le</strong>s exemplaires <strong>de</strong> la sainte Écriture fur<strong>en</strong>t<br />

ramassés et brûlés publiquem<strong>en</strong>t avec toutes les<br />

marques du mépris. <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu était foulée aux<br />

pieds. <strong>La</strong> célébration publique du culte chréti<strong>en</strong>, du<br />

baptême et <strong>de</strong> la cène fut interdite; le repos<br />

hebdomadaire fut supprimé et remplacé par le<br />

décadi. Des inscriptions placées bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> vue sur les<br />

cimetières déclarai<strong>en</strong>t que la mort est un sommeil<br />

éternel.<br />

On affirmait que, loin d'être « le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sagesse », la crainte <strong>de</strong> Dieu<br />

était le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la folie. Tout culte<br />

religieux, sauf celui <strong>de</strong> la liberté et <strong>de</strong> la patrie, fut<br />

prohibé. « L'évêque constitutionnel <strong>de</strong> Paris eut le<br />

principal rôle dans une comédie impud<strong>en</strong>te et<br />

scandaleuse qui fut jouée <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

l'Assemblée nationale.... Il vint, recouvert <strong>de</strong> ses<br />

ornem<strong>en</strong>ts sacerdotaux, pour déclarer à la barre <strong>de</strong><br />

la Conv<strong>en</strong>tion que la religion qu'il avait <strong>en</strong>seignée<br />

501


tant d'années avait été inv<strong>en</strong>tée <strong>de</strong> toutes pièces par<br />

les prêtres et qu'elle n'avait aucun fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ni<br />

dans l'histoire ni dans la vérité sacrée. Dans les<br />

termes les plus sol<strong>en</strong>nels et les plus explicites, il<br />

nia l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la divinité dont il avait été le<br />

prêtre, annonçant qu'il allait désormais dédier sa<br />

vie au culte <strong>de</strong> la liberté, <strong>de</strong> l'égalité, <strong>de</strong> la vertu et<br />

<strong>de</strong> la morale. Il déposa alors <strong>de</strong>vant l'Assemblée<br />

ses insignes épiscopaux et reçut du présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

Conv<strong>en</strong>tion l'accola<strong>de</strong> fraternelle. Plusieurs prêtres<br />

apostats suivir<strong>en</strong>t l'exemple <strong>de</strong> ce prélat. » (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a28)<br />

« Et à cause d'eux les habitants <strong>de</strong> la terre se<br />

réjouiront et seront dans l'allégresse, et ils<br />

s'<strong>en</strong>verront <strong><strong>de</strong>s</strong> prés<strong>en</strong>ts les uns aux autres, parce<br />

que ces <strong>de</strong>ux prophètes ont tourm<strong>en</strong>té les habitants<br />

<strong>de</strong> la terre. » <strong>La</strong> France avait réduit au sil<strong>en</strong>ce la<br />

voix <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux témoins. <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> vérité,<br />

ét<strong>en</strong>due comme un cadavre dans ses rues, mettait<br />

dans la joie ceux qui haïssai<strong>en</strong>t les restrictions et<br />

les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la loi divine. On outrageait<br />

publiquem<strong>en</strong>t le Dieu du ciel.<br />

502


Comme certains pécheurs d'autrefois, on<br />

s'écriait : « Comm<strong>en</strong>t Dieu saurait-il, comm<strong>en</strong>t le<br />

Très-Haut connaîtrait-il? » (Psaumes 73.11)<br />

Avec une hardiesse dans le blasphème<br />

dépassant presque toute conception, un prêtre du<br />

nouvel ordre s'écriait : « Dieu, si tu existes, v<strong>en</strong>ge<br />

les injures faites à ton nom. Je te défie!... Tu gar<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

le sil<strong>en</strong>ce.... Tu n'oses pas lancer les éclats <strong>de</strong> ton<br />

tonnerre!... Qui, après ceci, croira <strong>en</strong>core à ton<br />

exist<strong>en</strong>ce? » (<strong>La</strong>cretelle, Histoire, vol. XVI, p. 309.<br />

Cité dans Alison's History of Europe, vol.I, chap.<br />

X..) Écho frappant <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> Pharaon : « Qui<br />

est l'Éternel pour que j'obéisse à sa voix? Je ne<br />

connais pas l'Éternel! »<br />

« L'ins<strong>en</strong>sé dit <strong>en</strong> son coeur : Il n'y a point <strong>de</strong><br />

Dieu. » ( Psaumes 14.1 ) De ceux qui pervertiss<strong>en</strong>t<br />

la vérité, il est dit : « <strong>Le</strong>ur folie sera manifeste pour<br />

tous » ( 2 Timothée 3.9 ) Quand la foule eut<br />

répudié le culte du Dieu vivant, <strong>de</strong> celui « dont la<br />

<strong>de</strong>meure est éternelle », elle ne tarda pas à glisser<br />

dans une idolâtrie dégradante. En la personne d'une<br />

comédi<strong>en</strong>ne, le culte <strong>de</strong> la Raison fut inauguré sous<br />

503


les auspices <strong>de</strong> l'Assemblée nationale et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autorités civiles et législatives.<br />

« <strong>Le</strong>s portes <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion s'ouvrir<strong>en</strong>t toutes<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> pour livrer passage à une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

musici<strong>en</strong>s, à la suite <strong>de</strong> laquelle les membres du<br />

Conseil municipal <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> procession<br />

sol<strong>en</strong>nelle, chantant un hymne à la liberté et<br />

escortant, comme objet <strong>de</strong> leur culte futur, une<br />

femme voilée dénommée la déesse Raison. Dès<br />

qu'elle se trouva dans l'<strong>en</strong>ceinte, on la dépouilla<br />

sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son voile, et elle prit place à la<br />

droite du présid<strong>en</strong>t. On reconnut alors une actrice<br />

<strong>de</strong> l'Opéra. C'est à cette femme, considérée comme<br />

le meilleur emblème <strong>de</strong> la raison, qu'allèr<strong>en</strong>t les<br />

hommages publics <strong>de</strong> la Conv<strong>en</strong>tion nationale.<br />

» Cette cérémonie impie et ridicule eut une<br />

certaine vogue; l'instauration <strong>de</strong> la déesse Raison<br />

fut r<strong>en</strong>ouvelée et imitée dans toutes les parties <strong>de</strong> la<br />

France où l'on voulut se montrer à la hauteur <strong>de</strong> la<br />

Révolution. » (Voir App<strong>en</strong>dice a29)<br />

Chaumette introduisit le culte <strong>de</strong> la Raison <strong>en</strong><br />

504


ces termes : « Législateurs, le fanatisme a cédé la<br />

place à la Raison. Ses yeux louches n'ont pu<br />

sout<strong>en</strong>ir l'éclat <strong>de</strong> la lumière. Aujourd'hui, un<br />

peuple imm<strong>en</strong>se s'est porté sous ces voûtes<br />

gothiques où, pour la première fois, on a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du la<br />

vérité. Là, les Français ont célébré le seul vrai<br />

culte, celui <strong>de</strong> la liberté, celui <strong>de</strong> la raison. Là, nous<br />

avons formé <strong><strong>de</strong>s</strong> voeux pour la prospérité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

armes <strong>de</strong> la République. Là, nous avons échangé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> idoles inanimées pour la Raison, pour cette<br />

image animée, le chef d'oeuvre <strong>de</strong> la nature. »<br />

(Thiers, Hist. <strong>de</strong> la Révolution française, liv. I, p.<br />

260.)<br />

Lorsque la déesse fut am<strong>en</strong>ée <strong>de</strong>vant la<br />

Conv<strong>en</strong>tion, le présid<strong>en</strong>t la prit par la main et dit <strong>en</strong><br />

se tournant vers l'Assemblée : 'Mortels, cessez <strong>de</strong><br />

trembler <strong>de</strong>vant le Dieu que vos prêtres ont créé.<br />

Ne reconnaissez plus désormais d'autre divinité que<br />

la Raison. Je vous prés<strong>en</strong>te sa plus noble et sa plus<br />

pure image; s'il vous faut <strong><strong>de</strong>s</strong> idoles, n'apportez<br />

plus vos hommages qu'à celle-ci... Tombe <strong>de</strong>vant<br />

l'auguste Sénat <strong>de</strong> la Liberté, ô voile <strong>de</strong> la<br />

Raison!...<br />

505


» Après avoir reçu l'accola<strong>de</strong> du présid<strong>en</strong>t,<br />

l'idole, montée sur un char magnifique, fut<br />

conduite, au milieu d'un imm<strong>en</strong>se concours <strong>de</strong><br />

peuple, à la cathédrale Notre-Dame pour y figurer<br />

la divinité. Placée sur un autel élevé, elle reçut les<br />

adorations <strong>de</strong> tous les spectateurs. » (Alison, vol. I,<br />

chap. X..)<br />

Cette cérémonie fut suivie d'un autodafé <strong>de</strong><br />

livres pieux, y compris la Bible. « <strong>La</strong> Société<br />

populaire <strong>de</strong> la section du Musée <strong>en</strong>tra au Conseil<br />

<strong>en</strong> criant : Vive la Raison! et, portant au bout d'un<br />

bâton les restes d'un livre <strong>en</strong>core fumant, elle<br />

annonce que les bréviaires, les missels, les heures,<br />

les oraisons <strong>de</strong> Sainte-Brigitte, l'Anci<strong>en</strong> et le<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t ont expié, dans un grand feu,<br />

sur la place du Temple <strong>de</strong> la Raison, toutes les<br />

sottises qu'ils ont fait commettre à l'espèce<br />

humaine. » (Journal <strong>de</strong> Paris, 1793, numéro 318.<br />

Cité par Buchez-Roux, vol. XXX, p. 200, 201.)<br />

<strong>Le</strong> papisme avait comm<strong>en</strong>cé le travail<br />

qu'achevait l'athéisme. <strong>Le</strong>s leçons <strong>de</strong> Rome avai<strong>en</strong>t<br />

506


<strong>en</strong>traîné la France dans une crise sociale, politique<br />

et religieuse qui la précipitait vers la ruine. En<br />

parlant <strong><strong>de</strong>s</strong> horreurs <strong>de</strong> la Révolution, certains<br />

auteurs <strong>en</strong> jett<strong>en</strong>t la responsabilité à la fois sur le<br />

Trône et sur l'Église. (Voir App<strong>en</strong>dice a30) En<br />

toute justice, ces excès doiv<strong>en</strong>t être attribués à<br />

l'Église, qui avait empoisonné l'esprit <strong><strong>de</strong>s</strong> rois au<br />

sujet <strong>de</strong> la Réforme, qualifiée par elle d'<strong>en</strong>nemie <strong>de</strong><br />

la couronne et d'élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> discor<strong>de</strong> fatal à la paix<br />

<strong>de</strong> la nation. <strong>Le</strong> génie <strong>de</strong> Rome avait inspiré les<br />

cruautés inouïes et la terrible oppression exercées<br />

par l'autorité royale.<br />

En revanche, l'esprit <strong>de</strong> liberté avait marché <strong>de</strong><br />

pair avec la Parole <strong>de</strong> Dieu. Partout où l'Évangile<br />

avait été reçu, les yeux s'étai<strong>en</strong>t ouverts. <strong>Le</strong>s<br />

chaînes <strong>de</strong> l'ignorance, du vice et <strong>de</strong> la superstition,<br />

le plus avilissant <strong><strong>de</strong>s</strong> esclavages, avai<strong>en</strong>t été<br />

brisées... On s'était mis à p<strong>en</strong>ser et à agir <strong>en</strong><br />

hommes. Ce que voyant, les monarques avai<strong>en</strong>t<br />

tremblé pour leur <strong><strong>de</strong>s</strong>potisme et Rome s'était<br />

empressée d'attiser leurs craintes jalouses. En 1525,<br />

le pape disait au rég<strong>en</strong>t <strong>de</strong> France : « Cette<br />

forcènerie [le protestantisme] ne se cont<strong>en</strong>tera pas<br />

507


<strong>de</strong> brouiller la religion et <strong>de</strong> la détruire, mais aussi<br />

principautés, lois, ordres et même rangs. » (G. <strong>de</strong><br />

Félice, Hist, <strong><strong>de</strong>s</strong> Protestants <strong>de</strong> France - 6e éd. - liv.<br />

I, chap. II, p.28.) Quelques années plus tard, le<br />

nonce du pape donnait au roi cet avertissem<strong>en</strong>t : «<br />

Sire, ne vous y trompez pas, les protestants<br />

porteront atteinte à l'ordre civil comme à l'ordre<br />

religieux. <strong>Le</strong> trône est <strong>en</strong> danger tout autant que<br />

l'autel. L'introduction d'une religion nouvelle doit<br />

<strong>en</strong>traîner nécessairem<strong>en</strong>t un gouvernem<strong>en</strong>t<br />

nouveau. » (Merle d'Aubigné, Hist. <strong>de</strong> la<br />

Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin, liv. II, chap.<br />

XXXVI.) Et les théologi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> faire appel aux<br />

préjugés populaires <strong>en</strong> déclarant que la doctrine<br />

protestante « <strong>en</strong>traîne les hommes vers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nouveautés et <strong><strong>de</strong>s</strong> folies; qu'elle prive le roi <strong>de</strong><br />

l'affection <strong>de</strong> ses sujets et dévaste à la fois l'Église<br />

et l'État ». C'est ainsi que Rome avait réussi à<br />

dresser la France contre la Réforme.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures aurai<strong>en</strong>t au<br />

contraire implanté dans les esprits et les coeurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes <strong>de</strong> justice, <strong>de</strong> tempérance, <strong>de</strong> vérité,<br />

d'équité et <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>veillance, principes qui sont la<br />

508


pierre angulaire <strong>de</strong> la prospérité nationale. « <strong>La</strong><br />

justice élève une nation. » « C'est par la justice que<br />

le trône s'affermit. » « L'oeuvre <strong>de</strong> la justice sera la<br />

paix, et le fruit <strong>de</strong> la justice le repos et la sécurité<br />

pour toujours. » ( Proverbes 14.34; 16.12; Ésaïe<br />

32.17 ) Celui qui est soumis à la loi divine ne<br />

faillira pas non plus au respect <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> son pays.<br />

Celui qui craint Dieu « honorera le roi » dans<br />

l'exercice <strong>de</strong> ses attributions justes et légitimes. <strong>Le</strong>s<br />

dirigeants <strong>de</strong> la France ne se doutai<strong>en</strong>t guère, hélas!<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leur fatale politique lorsqu'ils<br />

prohibèr<strong>en</strong>t les Écritures et bannir<strong>en</strong>t ses disciples,<br />

lorsque, siècle après siècle, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes intègres,<br />

éclairés, consci<strong>en</strong>cieux, ayant le courage <strong>de</strong> leurs<br />

convictions et la foi qui cons<strong>en</strong>t à souffrir pour la<br />

vérité, avai<strong>en</strong>t été condamnés aux galères,<br />

consumés sur les bûchers ou <strong>en</strong>terrés vifs dans <strong>de</strong><br />

sombres cachots. Des myria<strong><strong>de</strong>s</strong> d'autres avai<strong>en</strong>t<br />

cherché leur salut <strong>en</strong> passant à l'étranger. Et cela<br />

dura <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t cinquante ans à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> débuts <strong>de</strong><br />

la Réforme!<br />

« Il n'y eut peut-être pas une génération <strong>de</strong><br />

Français, au cours <strong>de</strong> cette longue pério<strong>de</strong>, qui ne<br />

509


fût témoin <strong>de</strong> la fuite éperdue <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples <strong>de</strong><br />

l'Évangile <strong>de</strong>vant la fureur <strong>de</strong> leurs persécuteurs.<br />

Emportant avec eux leurs arts et leurs industries<br />

(dans lesquels ils excellai<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t), leur<br />

intellig<strong>en</strong>ce et leur esprit d'ordre, ils allèr<strong>en</strong>t, au<br />

détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la France, <strong>en</strong>richir les pays qui leur<br />

donnai<strong>en</strong>t asile.<br />

» Si, au cours <strong>de</strong> ces trois siècles, la main<br />

active <strong>de</strong> ces exilés avait cultivé le sol national; si<br />

leurs tal<strong>en</strong>ts industriels avai<strong>en</strong>t perfectionné ses<br />

usines; si leur génie créateur avait <strong>en</strong>richi sa<br />

littérature et cultivé ses sci<strong>en</strong>ces; si leur sagesse<br />

avait dirigé ses conseils; si leur bravoure s'était<br />

donné libre carrière sur ses champs <strong>de</strong> bataille; si<br />

leur équité avait rédigé ses lois et si la religion <strong>de</strong><br />

l'Évangile avait formé les consci<strong>en</strong>ces, quelle ne<br />

serait pas, aujourd'hui, la gloire <strong>de</strong> la France!<br />

Gran<strong>de</strong>, prospère, heureuse, elle eût servi <strong>de</strong><br />

modèle à tous les peuples <strong>de</strong> la terre!<br />

» Au lieu <strong>de</strong> cela, un fanatisme aveugle et<br />

inexorable chassait du sol français les maîtres <strong>de</strong> la<br />

vertu, les champions <strong>de</strong> l'ordre et les vrais souti<strong>en</strong>s<br />

510


du trône. En disant aux hommes qui aurai<strong>en</strong>t pu<br />

assurer la gloire <strong>de</strong> leur patrie : Vous avez le choix<br />

<strong>en</strong>tre l'exil et le bûcher, on consomma la ruine <strong>de</strong><br />

l'État. Et comme il ne resta plus <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce à<br />

proscrire, plus <strong>de</strong> religion à traîner sur la roue, plus<br />

<strong>de</strong> patriotisme à exiler, on eut la Révolution et ses<br />

horreurs.<br />

» <strong>La</strong> fuite <strong><strong>de</strong>s</strong> Hugu<strong>en</strong>ots avait été suivie <strong>en</strong><br />

France d'une décad<strong>en</strong>ce générale. Des villes<br />

industrielles florissantes tombèr<strong>en</strong>t à ri<strong>en</strong>; <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

régions fertiles <strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> friche. À une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> progrès sans précéd<strong>en</strong>t succédèr<strong>en</strong>t le<br />

marasme intellectuel et le déclin moral. Paris<br />

<strong>de</strong>vint une vaste aumônerie où <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t mille<br />

personnes, au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Révolution,<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t leur subsistance <strong><strong>de</strong>s</strong> largesses royales.<br />

Seuls, au sein <strong>de</strong> la décad<strong>en</strong>ce, les Jésuites<br />

prospérai<strong>en</strong>t et faisai<strong>en</strong>t peser le joug <strong>de</strong> leur<br />

tyrannie sur les Églises, sur les écoles, dans les<br />

prisons et sur les galères. »<br />

L'Évangile aurait apporté à la France la<br />

solution <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes politiques et sociaux qui<br />

511


déjouai<strong>en</strong>t l'habileté <strong>de</strong> son clergé, <strong>de</strong> son roi et <strong>de</strong><br />

ses législateurs et qui finir<strong>en</strong>t par plonger le pays<br />

dans l'anarchie et la ruine. Malheureusem<strong>en</strong>t, sous<br />

la tutelle <strong>de</strong> Rome, le peuple avait oublié les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts bénis du Sauveur se résumant dans<br />

l'amour du prochain. On l'avait détourné <strong>de</strong> la voie<br />

du désintéressem<strong>en</strong>t. On n'avait pas c<strong>en</strong>suré le<br />

riche opprimant le pauvre ni secouru le pauvre<br />

dans sa servitu<strong>de</strong> et sa dégradation. L'égoïsme du<br />

riche et du puissant était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus dur<br />

et cruel. Depuis <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, une noblesse prodigue<br />

et dissolue écrasait le paysan; le riche pillait le<br />

pauvre et chez le pauvre la haine allait <strong>en</strong><br />

grandissant.<br />

Dans plusieurs provinces, les nobles étai<strong>en</strong>t<br />

seuls propriétaires fonciers, et la classe laborieuse,<br />

à la merci <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétaires, était soumise aux<br />

exig<strong>en</strong>ces les plus exorbitantes. Accablées d'impôts<br />

par les autorités civiles et par le clergé, la classe<br />

moy<strong>en</strong>ne et la classe ouvrière étai<strong>en</strong>t chargées<br />

d'<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir à la fois l'Église et l'État. « <strong>Le</strong> bon<br />

plaisir <strong><strong>de</strong>s</strong> nobles était considéré comme la loi<br />

suprême; les fermiers et les paysans pouvai<strong>en</strong>t<br />

512


mourir <strong>de</strong> faim : leurs oppresseurs n'<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t<br />

cure... <strong>Le</strong>s intérêts exclusifs <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétaires<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t toujours passer <strong>en</strong> premier. <strong>La</strong> vie du<br />

travailleur agricole était une exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> misère;<br />

ses plaintes, si jamais il s'avisait d'<strong>en</strong> faire<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, étai<strong>en</strong>t accueillies avec un superbe<br />

mépris. <strong>Le</strong>s tribunaux donnai<strong>en</strong>t toujours raison au<br />

noble contre le paysan. <strong>Le</strong>s juges se laissai<strong>en</strong>t<br />

publiquem<strong>en</strong>t acheter et les caprices <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aristocrates avai<strong>en</strong>t force <strong>de</strong> loi. En vertu <strong>de</strong> ce<br />

système, la corruption était générale. Des impôts<br />

arrachés au peuple, la moitié à peine trouvait le<br />

chemin du trésor royal ou épiscopal; le reste était<br />

gaspillé. Et les hommes qui appauvrissai<strong>en</strong>t ainsi<br />

leurs concitoy<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t eux-mêmes exempts<br />

d'impôts et avai<strong>en</strong>t droit, <strong>de</strong> par la loi ou la<br />

coutume, à toutes les charges <strong>de</strong> l'État. <strong>La</strong> Cour<br />

vivait dans le luxe et la dissipation. <strong>Le</strong>s classes<br />

privilégiées comptai<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>t cinquante mille<br />

membres et, pour suffire à leur gaspillage, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

millions <strong>de</strong> leurs concitoy<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t condamnés à<br />

une vie <strong>de</strong> dégradation sans issue. » (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a31)<br />

513


<strong>La</strong> cour se livrait au luxe et à la dissipation.<br />

Toutes les mesures du gouvernem<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t<br />

considérées avec méfiance par les administrés.<br />

Avec une aristocratie <strong>en</strong>durcie et corrompue, avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> classes inférieures indig<strong>en</strong>tes et ignorantes,<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> finances obérées et un peuple exaspéré, il<br />

n'était pas nécessaire d'être prophète pour prédire<br />

ce qui <strong>de</strong>vait arriver. En ces temps <strong>de</strong> relâchem<strong>en</strong>t,<br />

Louis XV se signala p<strong>en</strong>dant plus d'un <strong>de</strong>mi-siècle<br />

par son indol<strong>en</strong>ce, sa frivolité et sa s<strong>en</strong>sualité.<br />

C'était <strong>en</strong> vain qu'on le pressait <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformes. S'il voyait le mal, il n'avait ni le courage<br />

ni le pouvoir d'y parer. Aux avertissem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ses<br />

conseillers, il répondait invariablem<strong>en</strong>t : « Tâchez<br />

<strong>de</strong> faire durer les choses aussi longtemps que je<br />

vivrai. Après ma mort, il arrivera ce qu'il pourra. »<br />

Il ne prédisait que trop bi<strong>en</strong> le sort qui att<strong>en</strong>dait la<br />

France par cette parole souverainem<strong>en</strong>t égoïste : «<br />

Après moi le déluge! »<br />

En jouant sur la jalousie <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et <strong><strong>de</strong>s</strong> classes<br />

dirigeantes, Rome les avait poussés à maint<strong>en</strong>ir le<br />

peuple dans un état <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong>, sachant très bi<strong>en</strong><br />

qu'<strong>en</strong> affaiblissant l'État, elle affermissait d'autant<br />

514


son asc<strong>en</strong>dant sur la nation <strong>en</strong>tière. Sa politique<br />

clairvoyante lui <strong>en</strong>seignait que, pour asservir les<br />

peuples, il faut <strong>en</strong>chaîner les âmes et leur ôter toute<br />

velléité <strong>de</strong> liberté. Or la dégradation morale<br />

résultant <strong>de</strong> cette politique était mille fois plus<br />

lam<strong>en</strong>table que les souffrances physiques. Privé du<br />

pur Évangile, saturé <strong>de</strong> fanatisme, le peuple était<br />

plongé dans l'ignorance, la superstition et le vice,<br />

et, par conséqu<strong>en</strong>t, il ne savait pas se gouverner.<br />

Tel était le plan <strong>de</strong> Rome. Mais le dénouem<strong>en</strong>t<br />

fut tout autre. Au lieu <strong>de</strong> ret<strong>en</strong>ir les foules dans une<br />

aveugle soumission à ses dogmes, elle avait fait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

incrédules et <strong><strong>de</strong>s</strong> révolutionnaires. Considéré par le<br />

peuple comme inféodé aux oppresseurs, le<br />

romanisme récolta sa haine. <strong>Le</strong> seul dieu, la seule<br />

religion que l'on connût étant le dieu <strong>de</strong> Rome et<br />

les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Rome, on considéra l'avarice<br />

et la cruauté <strong>de</strong> l'Église comme les fruits légitimes<br />

<strong>de</strong> l'Évangile et l'on ne voulut plus <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

parler.<br />

Rome ayant dénaturé le caractère <strong>de</strong> Dieu et<br />

perverti ses exig<strong>en</strong>ces, on rejeta et la Bible et Son<br />

515


Auteur. Au nom <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, la papauté avait<br />

exigé une foi aveugle <strong>en</strong> ses dogmes. Par réaction,<br />

Voltaire et ses collaborateurs rejetèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

la Parole divine et semèr<strong>en</strong>t à pleines mains le<br />

poison <strong>de</strong> l'incrédulité, Rome avait écrasé le peuple<br />

sous son talon <strong>de</strong> fer et maint<strong>en</strong>ant, dans leur<br />

horreur <strong>de</strong> la tyrannie, les masses dégradées et<br />

brutalisées rejetai<strong>en</strong>t toute contrainte. Furieux<br />

d'avoir trop longtemps r<strong>en</strong>du hommage à une<br />

brillante fiction, le peuple rejeta égalem<strong>en</strong>t la vérité<br />

et le m<strong>en</strong>songe. Confondant la liberté avec la<br />

lic<strong>en</strong>ce, les esclaves du vice exultèr<strong>en</strong>t dans leur<br />

liberté imaginaire.<br />

Au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Révolution, par<br />

concession royale, le peuple obtint aux États<br />

généraux une représ<strong>en</strong>tation supérieure <strong>en</strong> nombre<br />

à celles du clergé et <strong>de</strong> la noblesse. <strong>La</strong> majorité<br />

gouvernem<strong>en</strong>tale se trouvait donc <strong>en</strong>tre ses mains;<br />

mais il n'était pas <strong>en</strong> état d'<strong>en</strong> user avec sagesse et<br />

modération. Dans sa hâte <strong>de</strong> redresser les torts dont<br />

elle avait souffert, une populace aigrie par la<br />

souffrance et par le souv<strong>en</strong>ir <strong><strong>de</strong>s</strong> vieilles injustices<br />

<strong>en</strong>treprit aussitôt <strong>de</strong> reconstruire la société et <strong>de</strong> se<br />

516


v<strong>en</strong>ger <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs <strong>de</strong> son dénuem<strong>en</strong>t. Mettant à<br />

profit les leçons qu'on leur avait données, les<br />

opprimés <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t les oppresseurs <strong>de</strong> leurs tyrans.<br />

Malheureuse France! Elle récoltait dans le sang<br />

la moisson <strong>de</strong> ses semailles et buvait au calice amer<br />

<strong>de</strong> sa soumission à la puissance <strong>de</strong> Rome. C'est sur<br />

l'emplacem<strong>en</strong>t même où, sous l'influ<strong>en</strong>ce du clergé,<br />

avait été élevé le premier bûcher à l'int<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformés que la Révolution dressa la première<br />

guillotine. C'est à l'<strong>en</strong>droit même où, au seizième<br />

siècle, les premiers martyrs <strong>de</strong> la foi réformée<br />

avai<strong>en</strong>t été brûlés, qu'au dix-huitième fur<strong>en</strong>t<br />

guillotinées les premières victimes <strong>de</strong> la vindicte<br />

populaire. En rejetant l'Évangile qui lui eût apporté<br />

la guérison, la France avait ouvert toute gran<strong>de</strong> la<br />

porte à l'incrédulité et à la ruine. <strong>Le</strong> joug <strong><strong>de</strong>s</strong> lois<br />

divines secoué, on s'aperçut que les lois <strong>de</strong><br />

l'homme étai<strong>en</strong>t impuissantes à <strong>en</strong>diguer la marée<br />

montante <strong><strong>de</strong>s</strong> passions humaines, et la nation<br />

sombra dans la révolte et l'anarchie. <strong>La</strong> guerre à la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu inaugura une ère connue dans<br />

l'histoire sous le nom <strong>de</strong> « règne <strong>de</strong> la Terreur ». <strong>La</strong><br />

paix et le bonheur fur<strong>en</strong>t bannis <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

517


coeurs. Personne n'était <strong>en</strong> sécurité. Celui qui<br />

triomphait aujourd'hui était, <strong>de</strong>main, accusé et<br />

condamné. <strong>La</strong> viol<strong>en</strong>ce et la luxure avai<strong>en</strong>t libre<br />

cours.<br />

<strong>Le</strong> roi, le clergé et la noblesse fur<strong>en</strong>t livrés aux<br />

atrocités d'une populace <strong>en</strong> dém<strong>en</strong>ce. L'exécution<br />

du roi excitant la soif <strong>de</strong> v<strong>en</strong>geance, les hommes<br />

qui avai<strong>en</strong>t décrété sa mort le suivir<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt à la<br />

guillotine. <strong>Le</strong> massacre général <strong>de</strong> tous ceux qui<br />

étai<strong>en</strong>t suspects d'hostilité à la Révolution fut<br />

décidé. <strong>Le</strong>s prisons étai<strong>en</strong>t combles : un certain<br />

mom<strong>en</strong>t, elles n'abritai<strong>en</strong>t pas moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t<br />

mille captifs. Dans les villes <strong>de</strong> province, on<br />

n'assistait qu'à <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes d'horreur. <strong>La</strong> France était<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue un champ clos où s'affrontai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> foules<br />

<strong>en</strong> proie à la fureur <strong>de</strong> leurs passions. « À Paris, où<br />

les tumultes succédai<strong>en</strong>t aux tumultes, les citoy<strong>en</strong>s<br />

étai<strong>en</strong>t partagés <strong>en</strong> factions ne visant qu'à leur<br />

extermination mutuelle. » Pour comble <strong>de</strong> malheur,<br />

la France avait sur les bras une guerre dévastatrice<br />

avec les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> puissances. « <strong>Le</strong> pays était acculé<br />

à la faillite; les armées réclamai<strong>en</strong>t leur sol<strong>de</strong><br />

arriérée; Paris était réduit à la famine; les provinces<br />

518


étai<strong>en</strong>t ravagées par <strong><strong>de</strong>s</strong> brigands, et la civilisation<br />

faisait place à l'anarchie. »<br />

<strong>Le</strong> peuple, hélas! n'avait que trop bi<strong>en</strong> ret<strong>en</strong>u<br />

les néfastes leçons <strong>de</strong> cruauté que Rome lui avait si<br />

patiemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seignées, et le jour <strong><strong>de</strong>s</strong> rétributions<br />

était <strong>en</strong>fin v<strong>en</strong>u. Ce n'étai<strong>en</strong>t plus maint<strong>en</strong>ant les<br />

disciples <strong>de</strong> Jésus qu'on jetait dans les cachots et<br />

qu'on <strong>en</strong>traînait à l'échafaud. Il y avait longtemps<br />

qu'ils avai<strong>en</strong>t été ou égorgés ou contraints <strong>de</strong><br />

s'exiler. Rome recevait maint<strong>en</strong>ant les coups<br />

mortels <strong>de</strong> ceux qu'elle avait habitués à verser, d'un<br />

coeur léger, le sang <strong>de</strong> leurs frères. « <strong>La</strong><br />

persécution dont le clergé <strong>de</strong> France avait donné<br />

l'exemple p<strong>en</strong>dant tant <strong>de</strong> siècles se retournait<br />

maint<strong>en</strong>ant contre lui avec une redoutable rigueur.<br />

<strong>Le</strong> sang <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres ruisselait sur les échafauds. <strong>Le</strong>s<br />

galères et les prisons, autrefois pleines <strong>de</strong><br />

Hugu<strong>en</strong>ots, se peuplai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> leurs<br />

persécuteurs. Enchaînés à leur banc et tirant<br />

l'aviron, <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres expérim<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t à leur tour les<br />

supplices qu'ils avai<strong>en</strong>t si gaiem<strong>en</strong>t infligés aux<br />

doux hérétiques. » (Voir App<strong>en</strong>dice a32)<br />

519


« Puis vinr<strong>en</strong>t les jours où le plus barbare <strong>de</strong><br />

tous les co<strong><strong>de</strong>s</strong> fut appliqué par un tribunal plus<br />

barbare <strong>en</strong>core; où nul ne pouvait saluer son voisin<br />

ni faire sa prière sans s'exposer à commettre un<br />

crime capital; où <strong><strong>de</strong>s</strong> espions étai<strong>en</strong>t apostés à tous<br />

les coins <strong>de</strong> rue; où la guillotine fonctionnait avec<br />

acharnem<strong>en</strong>t toute la matinée; où les égoûts <strong>de</strong><br />

Paris emportai<strong>en</strong>t à la Seine <strong><strong>de</strong>s</strong> flots <strong>de</strong> sang<br />

humain....; où <strong><strong>de</strong>s</strong> tombereaux parcourai<strong>en</strong>t<br />

journellem<strong>en</strong>t les rues <strong>de</strong> Paris conduisant au lieu<br />

d'exécution leurs chargem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> victimes; où les<br />

consuls <strong>en</strong>voyés dans les départem<strong>en</strong>ts par le<br />

Comité <strong>de</strong> Salut public se livrai<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> orgies <strong>de</strong><br />

cruauté inconnues même dans la capitale. <strong>Le</strong><br />

couperet <strong>de</strong> la fatale machine montait et retombait<br />

trop l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t pour suffire à sa tâche et <strong>de</strong> longues<br />

files <strong>de</strong> captifs étai<strong>en</strong>t fauchées par la mitraille.<br />

Pour les noya<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong> masse, on défonçait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barques chargées <strong>de</strong> malheureuses victimes. Lyon<br />

fut réduit <strong>en</strong> désert. À Arras, on refusa même aux<br />

prisonniers la cruelle miséricor<strong>de</strong> d'une mort<br />

immédiate. Tout le long <strong>de</strong> la Loire, <strong>de</strong> Saumur<br />

jusqu'à la mer, <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> troupes <strong>de</strong> corbeaux et<br />

<strong>de</strong> vautours se repaissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la chair <strong><strong>de</strong>s</strong> cadavres<br />

520


nus, <strong>en</strong>trelacés dans <strong>de</strong> hi<strong>de</strong>uses étreintes. On ne<br />

faisait grâce ni au sexe ni à l'âge. Des jeunes g<strong>en</strong>s<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes filles au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> dix-sept ans<br />

étai<strong>en</strong>t immolés par c<strong>en</strong>taines. <strong>Le</strong>s Jacobins se<br />

lançai<strong>en</strong>t d'une pique à l'autre <strong>de</strong> petits <strong>en</strong>fants,<br />

arrachés au sein maternel. » (Voir App<strong>en</strong>dice a33)<br />

Dans le court espace <strong>de</strong> dix ans, <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

d'êtres humains avai<strong>en</strong>t péri <strong>de</strong> mort viol<strong>en</strong>te. Tout<br />

cela était conforme aux désirs du prince <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres et au but qu'il poursuit <strong>de</strong> siècle <strong>en</strong> siècle<br />

avec une invariable fourberie. Son objet est <strong>de</strong><br />

plonger l'homme, créature <strong>de</strong> Dieu, dans la<br />

désolation, <strong>de</strong> le défigurer, <strong>de</strong> le souiller et par là<br />

<strong>de</strong> contrister le ciel <strong>en</strong> <strong>en</strong>travant les plans <strong>de</strong> la<br />

bi<strong>en</strong>veillance et <strong>de</strong> l'amour divins. Cela fait,<br />

aveuglant les esprits, il rejette sur Dieu la<br />

responsabilité <strong>de</strong> son oeuvre, qu'il fait passer pour<br />

le résultat <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>seins originels du Créateur. Et<br />

lorsque ceux qu'il a longtemps brutalisés et<br />

dégradés finiss<strong>en</strong>t par secouer leur chaîne, il les<br />

pousse à <strong><strong>de</strong>s</strong> excès et à <strong><strong>de</strong>s</strong> atrocités que les tyrans<br />

et les oppresseurs cit<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite comme les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces légitimes <strong>de</strong> la liberté.<br />

521


Mais il y a plus. Lorsqu'une certaine forme<br />

d'erreur est dévoilée, Satan la prés<strong>en</strong>te sous un<br />

autre déguisem<strong>en</strong>t, qui est reçu par la multitu<strong>de</strong><br />

avec tout autant <strong>de</strong> faveur que le précéd<strong>en</strong>t. Voyant<br />

que le romanisme était démasqué et qu'il ne<br />

pouvait plus s'<strong>en</strong> servir pour égarer les foules,<br />

l'<strong>en</strong>nemi les poussa dans l'extrême opposé. On<br />

rejeta toutes les religions comme m<strong>en</strong>songères et la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu comme un tissu <strong>de</strong> fables, pour se<br />

livrer sans remords à l'iniquité.<br />

Ce qui attira tant <strong>de</strong> calamités sur la France,<br />

c'est l'ignorance fatale <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> vérité, à<br />

savoir que la véritable liberté se trouve dans<br />

l'obéissance à la loi <strong>de</strong> Dieu. « Oh! si tu étais<br />

att<strong>en</strong>tif à mes comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts! Ton bi<strong>en</strong>-être<br />

serait comme un fleuve, et ton bonheur comme les<br />

flots <strong>de</strong> la mer. » « Il n'y a point <strong>de</strong> paix pour les<br />

méchants, dit l'Éternel. » « Mais celui qui m'écoute<br />

reposera avec assurance, il vivra tranquille et sans<br />

craindre aucun mal. » ( Ésaïe 48.18, 22; Proverbes<br />

1.33 )<br />

522


<strong>Le</strong>s athées, les incrédules et les apostats<br />

peuv<strong>en</strong>t repousser et combattre la loi <strong>de</strong> Dieu, les<br />

résultats <strong>de</strong> leur oeuvre prouv<strong>en</strong>t que la prospérité<br />

<strong>de</strong> l'homme dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong> l'obéissance aux statuts<br />

divins. Que ceux qui ne veul<strong>en</strong>t pas croire le Livre<br />

<strong>de</strong> Dieu se donn<strong>en</strong>t la peine <strong>de</strong> lire ce fait dans<br />

l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> nations.<br />

Quand Satan se servait <strong>de</strong> l'Église romaine pour<br />

<strong>en</strong>traîner les hommes loin du s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong><br />

l'obéissance, sa main était si bi<strong>en</strong> dissimulée qu'on<br />

ne voyait pas dans les maux qui <strong>en</strong> découlai<strong>en</strong>t les<br />

résultats naturels <strong>de</strong> l'erreur. En outre, sa puissance<br />

était à tel point neutralisée par l'Esprit <strong>de</strong> Dieu que<br />

son système ne pouvait produire tous ses fruits. On<br />

ne remontait pas <strong><strong>de</strong>s</strong> effets à la cause, et on ne<br />

découvrait pas la source <strong><strong>de</strong>s</strong> misères publiques.<br />

C'est lors <strong>de</strong> la Révolution, où la loi <strong>de</strong> Dieu fut<br />

ouvertem<strong>en</strong>t supprimée par l'Assemblée nationale,<br />

et surtout sous le règne <strong>de</strong> la Terreur qui suivit, que<br />

chacun put voir les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l'abandon <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

préceptes divins.<br />

Quand la France r<strong>en</strong>ia Dieu publiquem<strong>en</strong>t et<br />

523


ejeta la Bible, les impies – comme aussi les<br />

démons – exultèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voir <strong>en</strong>fin la réalisation <strong>de</strong><br />

leur plus cher désir : un royaume affranchi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

restrictions <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu! « Parce qu'une<br />

s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce contre les mauvaises actions ne s'exécute<br />

pas promptem<strong>en</strong>t, le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> l'homme se<br />

remplit <strong>en</strong> eux du désir <strong>de</strong> faire le mal. » (<br />

Ecclésiaste 8.11 ) Ils ignor<strong>en</strong>t que la violation<br />

d'une loi juste <strong>en</strong>traîne nécessairem<strong>en</strong>t une pénalité<br />

et que, si le châtim<strong>en</strong>t ne suit pas toujours <strong>de</strong> près<br />

la transgression, il n'<strong>en</strong> est pas moins certain. Des<br />

siècles d'apostasie et d'iniquité avai<strong>en</strong>t accumulé «<br />

un trésor <strong>de</strong> colère pour le jour <strong>de</strong> la colère »;<br />

aussi, une fois la coupe <strong>de</strong> leur iniquité comblée,<br />

les prévaricateurs et les impies apprir<strong>en</strong>t que lasser<br />

la pati<strong>en</strong>ce divine est une chose terrible. L'Esprit <strong>de</strong><br />

Dieu, dont la puissance protectrice imposait un<br />

frein à la cruauté <strong>de</strong> Satan, s'étant partiellem<strong>en</strong>t<br />

retiré, l'être implacable qui trouve ses délices à<br />

faire souffrir les hommes put agir à sa guise. Ceux<br />

qui avai<strong>en</strong>t choisi le s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong> la révolte eur<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong>tôt l'occasion d'<strong>en</strong> mesurer les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

sur une terre couverte <strong>de</strong> forfaits in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptibles.<br />

524


« À cette heure-là, il y eut un grand<br />

tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre, et la dixième partie <strong>de</strong> la<br />

ville [<strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ville : la chréti<strong>en</strong>té, à savoir la<br />

France] tomba. »<br />

Des provinces dévastées et <strong><strong>de</strong>s</strong> villes ruinées<br />

monta, lam<strong>en</strong>table et amère, une clameur<br />

désespérée. <strong>La</strong> France était secouée comme par un<br />

« tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre ». <strong>La</strong> religion, la loi, l'ordre<br />

social, la famille, l'Église et l'État, tout était abattu<br />

par la main impie qui s'était levée contre la loi <strong>de</strong><br />

Dieu. Ces paroles du Sage se justifiai<strong>en</strong>t : « <strong>Le</strong><br />

bonheur n'est pas pour le méchant. » « Cep<strong>en</strong>dant,<br />

quoique le pécheur fasse c<strong>en</strong>t fois le mal et qu'il y<br />

persévère longtemps, je sais aussi que le bonheur<br />

est pour ceux qui craign<strong>en</strong>t Dieu, parce qu'ils ont<br />

<strong>de</strong> la crainte <strong>de</strong>vant lui. » ( Ecclésiaste 8.12, 13 ) «<br />

Parce qu'ils ont haï la sci<strong>en</strong>ce, et qu'ils n'ont pas<br />

choisi la crainte <strong>de</strong> l'Éternel,... ils se nourriront du<br />

fruit <strong>de</strong> leur voie, et ils se rassasieront <strong>de</strong> leurs<br />

propres conseils. » ( Proverbes 1 : 29-31 )<br />

Bi<strong>en</strong> qu'immolés par la puissance<br />

blasphématrice « qui monte <strong>de</strong> l'abîme », les<br />

525


témoins <strong>de</strong> Dieu ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong>meurer<br />

longtemps sil<strong>en</strong>cieux. « Après les trois jours et<br />

<strong>de</strong>mi, un esprit <strong>de</strong> vie, v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Dieu, <strong>en</strong>tra <strong>en</strong><br />

eux, et ils se tinr<strong>en</strong>t sur leurs pieds; et une gran<strong>de</strong><br />

crainte s'empara <strong>de</strong> ceux qui les voyai<strong>en</strong>t. » (<br />

Apocalypse 11.11 ) C'est <strong>en</strong> 1793 que l'Assemblée<br />

nationale avait décrété l'abolition <strong>de</strong> la religion<br />

chréti<strong>en</strong>ne et la suppression <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures.<br />

Trois ans et <strong>de</strong>mi plus tard, la même Assemblée<br />

rapportait son décret et tolérait ainsi la libre<br />

circulation du Livre saint. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong>, épouvanté à<br />

la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> débor<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts qui avai<strong>en</strong>t suivi la<br />

répudiation <strong>de</strong> l'Évangile, reconnut la nécessité <strong>de</strong><br />

la foi <strong>en</strong> Dieu et <strong>en</strong> sa Parole comme base <strong>de</strong> la<br />

vertu et <strong>de</strong> la morale. Cela était écrit : « Qui as-tu<br />

insulté et outragé? Contre qui as-tu élevé la voix?<br />

Tu as porté tes yeux <strong>en</strong> haut sur le Saint d'Israël. »<br />

« C'est pourquoi voici, je leur fais connaître, cette<br />

fois, je leur fais connaître ma puissance et ma<br />

force; et ils sauront que mon nom est l'Éternel. » (<br />

Ésaïe 37.23; Jérémie 16.21 )<br />

<strong>Le</strong> prophète ajoute, au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux témoins :<br />

« Et ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t du ciel une voix qui leur disait :<br />

526


Montez ici! Et ils montèr<strong>en</strong>t au ciel dans la nuée; et<br />

leurs <strong>en</strong>nemis les vir<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse 11.12 )<br />

Depuis que la France a fait la guerre aux témoins<br />

<strong>de</strong> Dieu, ils ont été plus honorés que jamais. En<br />

1804 fut fondée la Société biblique britannique et<br />

étrangère. Elle fut suivie <strong>de</strong> l'organisation <strong>en</strong><br />

Europe <strong>de</strong> plusieurs sociétés auxiliaires. En 1816<br />

avait lieu la fondation <strong>de</strong> la Société biblique<br />

américaine et, <strong>en</strong> 1818, celle <strong>de</strong> la Société biblique<br />

protestante <strong>de</strong> Paris. Quand fut organisé la Société<br />

biblique britannique, les saintes Écritures étai<strong>en</strong>t<br />

imprimées <strong>en</strong> cinquante langues; <strong>de</strong>puis, elles l'ont<br />

été <strong>en</strong> plus <strong>de</strong> huit c<strong>en</strong>t langues et dialectes. (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a34)<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> cinquante années qui précédèr<strong>en</strong>t<br />

l'année 1792, on ne s'était guère occupé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missions étrangères. Aucune société nouvelle ne<br />

s'était formée et peu d'églises se préoccupai<strong>en</strong>t<br />

d'évangéliser les paï<strong>en</strong>s. Mais vers la fin du dixhuitième<br />

siècle, un grand changem<strong>en</strong>t se produisit.<br />

On se lassa du rationalisme et l'on comm<strong>en</strong>ça à<br />

éprouver le besoin d'une révélation divine et d'une<br />

religion expérim<strong>en</strong>tale. À partir <strong>de</strong> cette époque,<br />

527


l'oeuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> missions a pris un développem<strong>en</strong>t sans<br />

précéd<strong>en</strong>t. (Voir App<strong>en</strong>dice a35)<br />

<strong>Le</strong>s progrès dans l'art <strong>de</strong> l'imprimerie ont très<br />

s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t aidé à la propagation <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures. <strong>Le</strong>s facilités <strong>de</strong> communication d'un pays<br />

à l'autre, la disparition <strong><strong>de</strong>s</strong> barrières élevées par les<br />

préjugés et les exclusivismes nationaux, ainsi que<br />

la chute du pouvoir temporel ont frayé la voie à la<br />

diffusion <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Depuis 1871, les<br />

saintes Écritures se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t sans <strong>en</strong>trave dans les<br />

rues <strong>de</strong> Rome et elles se répand<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t<br />

dans toutes les régions habitées du globe.<br />

L'incrédule Voltaire disait : Je suis las<br />

d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre répéter que douze hommes ont fondé la<br />

religion chréti<strong>en</strong>ne. Je prouverai qu'il suffit d'un<br />

seul homme pour la r<strong>en</strong>verser. » Il y a bi<strong>en</strong>tôt <strong>de</strong>ux<br />

siècles que cet écrivain est mort. Des millions <strong>de</strong><br />

sceptiques se sont joints à lui dans la guerre contre<br />

les oracles <strong>de</strong> Dieu. Or loin d'être extirpés, là où il<br />

y avait c<strong>en</strong>t exemplaires aux jours <strong>de</strong> Voltaire, il y<br />

<strong>en</strong> a dix mille, que dis-je? il y <strong>en</strong> a c<strong>en</strong>t mille<br />

aujourd'hui. Pour parler avec un réformateur, « les<br />

528


Écritures sont une <strong>en</strong>clume qui a déjà usé bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

marteaux ». <strong>Le</strong> Seigneur ajoute : « Toute arme<br />

forgée contre toi sera sans effet; et toute langue qui<br />

s'élèvera <strong>en</strong> justice contre toi, tu la condamneras. »<br />

( Ésaïe 54.17 )<br />

« <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> notre Dieu subsiste<br />

éternellem<strong>en</strong>t. » « <strong>Le</strong>s oeuvres <strong>de</strong> ses mains sont<br />

fidélité et justice; toutes ses ordonnances sont<br />

véritables, affermies pour l'éternité, faites avec<br />

fidélité et droiture. » ( Ésaïe 40.18; Psaume 111.7,<br />

8 ) Ce qui est édifié sur l'autorité humaine tombera;<br />

mais ce qui repose sur le rocher immuable <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu subsistera éternellem<strong>en</strong>t.<br />

529


Chapitre 16<br />

<strong>Le</strong>s pères pèlerins<br />

Tout <strong>en</strong> r<strong>en</strong>onçant aux doctrines du<br />

catholicisme, les réformateurs anglais avai<strong>en</strong>t<br />

ret<strong>en</strong>u plusieurs formes <strong>de</strong> son culte et l'Église<br />

anglicane avait incorporé à son rituel beaucoup <strong>de</strong><br />

ses coutumes et <strong>de</strong> ses cérémonies. On prét<strong>en</strong>dait<br />

que ces questions n'avai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> à voir avec la<br />

consci<strong>en</strong>ce, que ces rites, sans être <strong>en</strong>joints par les<br />

Écritures, n'étai<strong>en</strong>t pas non plus interdits et que, par<br />

conséqu<strong>en</strong>t, ils étai<strong>en</strong>t sans danger. On assurait que<br />

leur observance t<strong>en</strong>dait à atténuer la distance<br />

séparant Rome <strong><strong>de</strong>s</strong> églises réformées et qu'elle<br />

ai<strong>de</strong>rait les catholiques à accepter la Réforme.<br />

Pour les conservateurs et les opportunistes,<br />

l'argum<strong>en</strong>t était concluant. Mais tous<br />

n'<strong>en</strong>visageai<strong>en</strong>t pas les choses sous cet angle. <strong>Le</strong><br />

fait même que ces observances t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à combler<br />

l'abîme <strong>en</strong>tre Rome et la Réforme était pour<br />

plusieurs une excell<strong>en</strong>te raison <strong>de</strong> les proscrire. Ils<br />

530


les considérai<strong>en</strong>t comme <strong><strong>de</strong>s</strong> insignes <strong>de</strong><br />

l'esclavage auquel ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d'échapper et sous<br />

lequel ils n'étai<strong>en</strong>t nullem<strong>en</strong>t disposés à se replacer.<br />

Ils affirmai<strong>en</strong>t que les règles du culte ayant été<br />

fixées par Dieu, son peuple n'a pas le droit d'y<br />

ajouter ou d'<strong>en</strong> retrancher quoi que ce soit. <strong>Le</strong><br />

premier pas dans l'apostasie a été la conséqu<strong>en</strong>ce<br />

du désir <strong>de</strong> joindre l'autorité <strong>de</strong> l'Église à celle <strong>de</strong><br />

Dieu. Rome a comm<strong>en</strong>cé par prescrire ce que Dieu<br />

n'a pas déf<strong>en</strong>du et elle a fini par interdire ce qu'il a<br />

expressém<strong>en</strong>t ordonné.<br />

Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui désirai<strong>en</strong>t ar<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t<br />

remonter à la pureté et à la simplicité <strong>de</strong> la<br />

primitive Église voyai<strong>en</strong>t dans plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> usages<br />

<strong>de</strong> l'Église anglicane <strong><strong>de</strong>s</strong> vestiges d'idolâtrie et ne<br />

pouvai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> consci<strong>en</strong>ce, participer à son culte. De<br />

son côté, l'Église, appuyée par l'autorité civile, ne<br />

voulait souffrir aucune dissid<strong>en</strong>ce. <strong>La</strong> fréqu<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong> ses offices était exigée par la loi, et ceux qui<br />

participai<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> cultes non autorisés étai<strong>en</strong>t<br />

passibles <strong>de</strong> peines d'emprisonnem<strong>en</strong>t, d'exil ou <strong>de</strong><br />

mort.<br />

531


Au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du dix-septième siècle, le<br />

souverain qui v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> monter sur le trône<br />

d'Angleterre se déclara résolu à contraindre les<br />

Puritains à « se conformer,... sous peine <strong>de</strong><br />

bannissem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong> quelque chose <strong>de</strong> pire ».<br />

Pourchassés, persécutés, emprisonnés, sans espoir<br />

d'un av<strong>en</strong>ir meilleur, plusieurs <strong>en</strong> arrivèr<strong>en</strong>t à la<br />

conclusion que l'Angleterre n'était plus habitable<br />

pour ceux qui voulai<strong>en</strong>t servir Dieu selon leur<br />

consci<strong>en</strong>ce. Quelques-uns se décidèr<strong>en</strong>t à aller<br />

chercher un refuge <strong>en</strong> Hollan<strong>de</strong>. Arrêtés par les<br />

difficultés, par <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes matérielles, par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

séjours <strong>en</strong> prison, par <strong><strong>de</strong>s</strong> échecs et <strong><strong>de</strong>s</strong> trahisons,<br />

ils finir<strong>en</strong>t par triompher grâce à leur indomptable<br />

persévérance et trouvèr<strong>en</strong>t asile sur les rives<br />

hospitalières <strong>de</strong> la République <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas.<br />

Dans leur fuite, ils avai<strong>en</strong>t abandonné leurs<br />

maisons, leurs bi<strong>en</strong>s et leurs moy<strong>en</strong>s d'exist<strong>en</strong>ce.<br />

Étrangers à ce pays dont ils ne connaissai<strong>en</strong>t ni la<br />

langue ni les usages, ils dur<strong>en</strong>t, pour gagner leur<br />

pain, chercher <strong><strong>de</strong>s</strong> occupations nouvelles. Des<br />

hommes d'âge mûr, qui avai<strong>en</strong>t passé leur vie à<br />

cultiver le sol, se vir<strong>en</strong>t obligés d'appr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

532


métiers et le fir<strong>en</strong>t volontiers. Bi<strong>en</strong> que réduits à<br />

l'indig<strong>en</strong>ce, ils remerciai<strong>en</strong>t Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> bi<strong>en</strong>faits dont<br />

ils jouissai<strong>en</strong>t, trouvant leur joie dans la libre<br />

pratique <strong>de</strong> leur foi. « Se sachant pèlerins, ils ne se<br />

mettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> peine <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> et se consolai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

levant les yeux vers le ciel, leur patrie la plus<br />

chère. »<br />

L'exil et l'adversité ne faisai<strong>en</strong>t que fortifier<br />

leur foi dans les promesses <strong>de</strong> celui qui ne les<br />

décevait pas au mom<strong>en</strong>t du besoin. Ses anges, à<br />

leurs côtés, r<strong>en</strong>ouvelai<strong>en</strong>t et sout<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t leur<br />

courage. Aussi, lorsqu'il leur sembla que la main <strong>de</strong><br />

Dieu leur ouvrait, au-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> mers, un pays où ils<br />

pourrai<strong>en</strong>t fon<strong>de</strong>r un État et léguer à leurs <strong>en</strong>fants<br />

le précieux héritage <strong>de</strong> la liberté religieuse, prir<strong>en</strong>tils<br />

sans hé<strong>site</strong>r le chemin que la Provid<strong>en</strong>ce leur<br />

indiquait.<br />

Dieu avait fait passer le petit troupeau par la<br />

fournaise <strong>de</strong> l'épreuve afin <strong>de</strong> le préparer à<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t d'un grand <strong><strong>de</strong>s</strong>sein. Il était sur le<br />

point <strong>de</strong> manifester sa puissance <strong>en</strong> sa faveur et <strong>de</strong><br />

prouver au mon<strong>de</strong>, une fois <strong>de</strong> plus, qu'il<br />

533


n'abandonne pas ceux qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Lui leur<br />

confiance. <strong>La</strong> colère <strong>de</strong> Satan et les complots <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

méchants allai<strong>en</strong>t servir à glorifier Dieu et à mettre<br />

Son peuple <strong>en</strong> lieu sûr. <strong>La</strong> persécution et l'exil<br />

avai<strong>en</strong>t préparé le chemin <strong>de</strong> la liberté.<br />

Lorsqu'ils s'étai<strong>en</strong>t vus dans la nécessité <strong>de</strong><br />

quitter l'Église anglicane, les Puritains s'étai<strong>en</strong>t<br />

unis <strong>en</strong>tre eux par un pacte sol<strong>en</strong>nel. Libres<br />

serviteurs <strong>de</strong> l'Éternel, ils s'<strong>en</strong>gageai<strong>en</strong>t à « marcher<br />

<strong>en</strong>semble dans toutes les voies que Dieu leur avait<br />

fait connaître ou qu'il leur ferait connaître par la<br />

suite ». (J. Brown, The Pilgrim Fathers, p. 74.)<br />

C'était le véritable esprit <strong>de</strong> la Réforme, le principe<br />

vital du protestantisme que les Pèlerins emportai<strong>en</strong>t<br />

avec eux <strong>en</strong> quittant la Hollan<strong>de</strong> à <strong><strong>de</strong>s</strong>tination du<br />

Nouveau Mon<strong>de</strong>. John Robinson, leur pasteur,<br />

empêché provid<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> les accompagner,<br />

leur dit dans son discours d'adieu :<br />

« Mes frères, nous sommes sur le point <strong>de</strong> nous<br />

séparer, et Dieu sait s'il me sera jamais donné <strong>de</strong><br />

vous revoir. Que le Seigneur <strong>en</strong> ait ainsi décidé ou<br />

non, je vous conjure <strong>de</strong>vant Dieu et <strong>de</strong>vant ses<br />

534


saints anges <strong>de</strong> ne me suivre que dans la mesure où<br />

j'ai suivi Jésus-Christ. Si, par quelque autre<br />

instrum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son choix, Dieu v<strong>en</strong>ait à vous faire<br />

quelque révélation, accueillez-la avec le même<br />

empressem<strong>en</strong>t que vous avez mis à recevoir la<br />

vérité par mon ministère; car je suis persuadé que<br />

le Seigneur fera <strong>en</strong>core jaillir <strong>de</strong> sa Parole <strong>de</strong><br />

nouvelles vérités et <strong>de</strong> nouvelles lumières. »<br />

(Martyn, vol. V, p. 70.)<br />

« Pour ma part, je ne saurais assez regretter la<br />

condition <strong><strong>de</strong>s</strong> Églises réformées qui, ayant<br />

parcouru un certain bout <strong>de</strong> chemin dans la<br />

réforme, se refus<strong>en</strong>t à faire un pas <strong>de</strong> plus que leurs<br />

gui<strong><strong>de</strong>s</strong>. On ne peut persua<strong>de</strong>r les Luthéri<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

faire un pas plus loin que Luther.... Et les<br />

Calvinistes, vous le voyez, <strong>en</strong> rest<strong>en</strong>t là où les a<br />

laissés le grand réformateur qui, cep<strong>en</strong>dant, n'a pas<br />

tout vu. C'est un malheur qu'on ne saurait trop<br />

déplorer. Car si ces hommes ont été <strong>en</strong> leur temps<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lampes brillantes, ils n'ont pas connu tout le<br />

conseil <strong>de</strong> Dieu; et s'ils vivai<strong>en</strong>t aujourd'hui, ils<br />

accepterai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nouvelles lumières avec autant<br />

d'empressem<strong>en</strong>t que celles qu'ils ont proclamées. »<br />

535


(D. Neal, History of the Puritans, vol. I, p. 269.)<br />

« Souv<strong>en</strong>ez-vous <strong>de</strong> votre <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vers<br />

Dieu et vos frères, <strong>de</strong> recevoir tout rayon <strong>de</strong><br />

lumière, toute vérité qui, <strong>de</strong> sa Parole, pourrait<br />

jaillir sur votre s<strong>en</strong>tier; car il n'est pas possible que<br />

le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>, si récemm<strong>en</strong>t sorti <strong>de</strong> ténèbres<br />

profon<strong><strong>de</strong>s</strong>, soit parv<strong>en</strong>u d'un seul coup à la<br />

plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la lumière. Mais pr<strong>en</strong>ez aussi gar<strong>de</strong> à<br />

ce que vous recevez comme la vérité; ayez bi<strong>en</strong><br />

soin <strong>de</strong> tout comparer avec les textes <strong>de</strong> l'Écriture.<br />

» (Martyn, vol. V, p. 70, 71.)<br />

C'est l'amour <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce qui<br />

poussa les Pèlerins à affronter les périls d'un long<br />

voyage à travers les mers, à braver les privations et<br />

les dangers d'un pays désert, pour aller jeter, avec<br />

la bénédiction <strong>de</strong> Dieu, les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts d'une<br />

puissante nation sur les rivages <strong>de</strong> l'Amérique. Et<br />

pourtant, malgré leur sincérité et leur piété, ces<br />

chréti<strong>en</strong>s n'avai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core réellem<strong>en</strong>t compris<br />

le principe <strong>de</strong> la liberté religieuse. Ils n'étai<strong>en</strong>t pas<br />

disposés à concé<strong>de</strong>r à d'autres cette liberté à<br />

laquelle ils attachai<strong>en</strong>t un si grand prix. « Rares<br />

536


étai<strong>en</strong>t, même parmi les p<strong>en</strong>seurs les plus émin<strong>en</strong>ts<br />

du dix-septième siècle, ceux qui s'étai<strong>en</strong>t élevés à<br />

la hauteur du grand principe r<strong>en</strong>fermé dans le<br />

Nouveau Testam<strong>en</strong>t, et d'après lequel Dieu est seul<br />

juge <strong>de</strong> la foi. » (Id., p. 297.)<br />

<strong>La</strong> doctrine affirmant que Dieu a donné à son<br />

Église le droit <strong>de</strong> dominer les consci<strong>en</strong>ces, <strong>de</strong><br />

définir et <strong>de</strong> punir l'hérésie, est l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs<br />

papales les plus invétérées. <strong>Le</strong>s réformateurs, tout<br />

<strong>en</strong> répudiant le credo <strong>de</strong> Rome, ne sur<strong>en</strong>t pas<br />

s'affranchir <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son intolérance. <strong>Le</strong>s<br />

profon<strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres dont Rome avait <strong>en</strong>veloppé le<br />

mon<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> sa domination séculaire<br />

n'étai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core dissipées. L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux<br />

pasteurs <strong>de</strong> la colonie <strong>de</strong> Massachusetts Bay disait :<br />

« C'est la tolérance qui a r<strong>en</strong>du le mon<strong>de</strong><br />

antichréti<strong>en</strong>; jamais l'Église n'a eu lieu <strong>de</strong> regretter<br />

sa sévérité <strong>en</strong>vers les hérétiques. » (Martyn, vol. V,<br />

p. 335.) Un statut adopté par les colons réservait le<br />

droit <strong>de</strong> vote <strong>en</strong> matière civile aux seuls membres<br />

<strong>de</strong> la congrégation. Celle-ci était une Église d'État<br />

dans laquelle chacun était t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> contribuer à<br />

l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> du culte, et où il incombait aux<br />

537


magistrats <strong>de</strong> veiller à la suppression <strong>de</strong> l'hérésie.<br />

<strong>Le</strong> pouvoir civil ainsi placé <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong><br />

l'Église ne tarda pas à produire le fruit qu'il fallait<br />

<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre : la persécution.<br />

Onze ans après l'établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la première<br />

colonie, arrivait dans le Nouveau Mon<strong>de</strong> Roger<br />

Williams, <strong>en</strong> quête, lui aussi, <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce. Mais il la concevait autrem<strong>en</strong>t que les<br />

Pèlerins. À l'<strong>en</strong>contre <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> son temps, il<br />

avait compris que cette liberté est le droit<br />

inaliénable <strong>de</strong> tout homme, quelle que soit sa<br />

confession. Avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> vérité, il lui paraissait<br />

impossible, comme à Robinson, qu'on eût déjà reçu<br />

toute la lumière <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. « Williams a<br />

été le premier dans la chréti<strong>en</strong>té mo<strong>de</strong>rne à établir<br />

le gouvernem<strong>en</strong>t civil sur le principe <strong>de</strong> la liberté<br />

religieuse et <strong>de</strong> l'égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> opinions <strong>de</strong>vant la loi.<br />

» (Bancroft, Ire part., chap. XV, par. 16.) Il<br />

affirmait que le <strong>de</strong>voir du magistrat était <strong>de</strong> punir le<br />

crime, mais non <strong>de</strong> dominer sur les consci<strong>en</strong>ces. «<br />

<strong>Le</strong> magistrat, disait-il, peut déci<strong>de</strong>r ce que l'homme<br />

doit à son semblable; mais quand il s'avise <strong>de</strong> lui<br />

prescrire ses <strong>de</strong>voirs <strong>en</strong>vers son Dieu, il sort <strong>de</strong> ses<br />

538


attributions. L'État peut établir un credo<br />

aujourd'hui et <strong>de</strong>main un autre, comme cela s'est vu<br />

sous divers rois et reines d'Angleterre, et comme<br />

l'ont fait différ<strong>en</strong>ts papes et conciles <strong>de</strong> l'Église<br />

romaine, ce qui r<strong>en</strong>d la croyance incertaine et<br />

donne libre cours à l'arbitraire. » (Martyn, vol. p.<br />

340.)<br />

<strong>La</strong> prés<strong>en</strong>ce aux services religieux était<br />

obligatoire sous peine d'am<strong>en</strong><strong>de</strong> et <strong>de</strong> prison.<br />

Williams bravait cette loi, qu'il appelait « le pire<br />

article <strong>de</strong> la loi anglaise ». « Forcer un homme à<br />

adorer Dieu avec <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes ne partageant pas<br />

ses croyances c'était, selon lui, une violation<br />

flagrante du droit privé; traîner au culte <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s<br />

irréligieux et indiffér<strong>en</strong>ts, c'était cultiver<br />

l'hypocrisie. Nul ne doit être contraint d'adorer<br />

Dieu ou <strong>de</strong> contribuer aux frais du culte. – Quoi!<br />

s'écriai<strong>en</strong>t ses antagonistes, scandalisés <strong>de</strong> sa<br />

doctrine, Jésus ne dit-il pas que l'ouvrier mérite<br />

d'être nourri? – Assurém<strong>en</strong>t, répliquait-il, mais par<br />

ceux qui l'emploi<strong>en</strong>t. » (Bancroft, Ire part., chap.<br />

XV, par. 2.)<br />

539


Roger Williams était reconnu et aimé comme<br />

un fidèle ministre <strong>de</strong> l'Évangile. Sa haute<br />

intellig<strong>en</strong>ce, sa charité, son intégrité incorruptible<br />

lui avai<strong>en</strong>t gagné le respect <strong>de</strong> la colonie. Mais on<br />

ne voulut pas tolérer sa ferme opposition à<br />

l'ingér<strong>en</strong>ce du magistrat dans le domaine <strong>de</strong><br />

l'Église, ni ses plaidoyers <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la liberté<br />

religieuse. L'introduction <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

doctrine, disait-on, ébranlera les bases du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la colonie, et on le condamna au<br />

bannissem<strong>en</strong>t. Williams se vit ainsi obligé <strong>de</strong><br />

s'<strong>en</strong>fuir et <strong>de</strong> chercher, <strong>en</strong> plein hiver, un refuge<br />

dans la forêt vierge.<br />

« Quatorze semaines durant, dit-il, par un froid<br />

glacial, j'errai sans asile et sans pain, nourri par les<br />

corbeaux du désert, et m'abritant le plus souv<strong>en</strong>t<br />

dans le creux d'un arbre. » (Martyn, vol. p. 349,<br />

350.) Il finit par trouver un refuge auprès d'une<br />

tribu indi<strong>en</strong>ne dont il avait gagné l'affection et la<br />

confiance <strong>en</strong> s'efforçant <strong>de</strong> lui <strong>en</strong>seigner l'Évangile.<br />

Au bout <strong>de</strong> plusieurs mois, Williams arriva sur<br />

les rives <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Narragansett, où il fonda le<br />

540


premier État <strong><strong>de</strong>s</strong> temps mo<strong>de</strong>rnes qui ait reconnu,<br />

d'une façon complète, le droit à la liberté <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong> principe fondam<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> la nouvelle<br />

colonie fut ainsi formulé : « Chacun aura la liberté<br />

<strong>de</strong> servir Dieu selon les lumières <strong>de</strong> sa consci<strong>en</strong>ce.<br />

» (Id., p. 354.) <strong>Le</strong> petit État <strong>de</strong> Rho<strong>de</strong>-Island était<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir l'asile <strong><strong>de</strong>s</strong> opprimés. Son<br />

influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>vait s'accroître à tel point que son<br />

principe fondam<strong>en</strong>tal – la liberté civile et religieuse<br />

– est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u la pierre angulaire <strong>de</strong> la République<br />

américaine.<br />

Dans la Déclaration <strong>de</strong> l'Indép<strong>en</strong>dance, auguste<br />

docum<strong>en</strong>t dont ils ont fait la charte <strong>de</strong> leurs<br />

libertés, les fondateurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> République<br />

dis<strong>en</strong>t : « Nous maint<strong>en</strong>ons – à titre <strong>de</strong> vérités<br />

évid<strong>en</strong>tes – que tous les hommes sont créés égaux,<br />

et que le Créateur leur a donné <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

inaliénables parmi lesquels se trouv<strong>en</strong>t : la vie, la<br />

liberté et la recherche du bonheur. » D'autre part, la<br />

Constitution américaine garantit l'inviolabilité <strong>de</strong> la<br />

consci<strong>en</strong>ce dans les termes les plus positifs. Elle dit<br />

: « Aucune formalité ou croyance religieuse ne<br />

pourra jamais être exigée comme condition<br />

541


d'aptitu<strong>de</strong> à une fonction ou charge publique aux<br />

États-Unis. » « <strong>Le</strong> Congrès ne pourra faire aucune<br />

loi relative à l'établissem<strong>en</strong>t d'une religion ou qui<br />

<strong>en</strong> interdise le libre exercice. »<br />

« <strong>Le</strong>s auteurs <strong>de</strong> la Constitution ont reconnu le<br />

principe immortel <strong>en</strong> vertu duquel les relations <strong>de</strong><br />

l'homme avec son Dieu – donc les droits <strong>de</strong> la<br />

consci<strong>en</strong>ce – sont inaliénables et échapp<strong>en</strong>t à toute<br />

législation humaine. Il n'était pas nécessaire<br />

d'argum<strong>en</strong>ter longuem<strong>en</strong>t pour établir cette vérité<br />

dont chacun est consci<strong>en</strong>t dans son for intérieur.<br />

Cette certitu<strong>de</strong> a sout<strong>en</strong>u les martyrs au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tortures et <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes <strong><strong>de</strong>s</strong> bûchers. Ils croyai<strong>en</strong>t<br />

que les <strong>de</strong>voirs <strong>en</strong>vers Dieu prim<strong>en</strong>t les lois<br />

humaines et que l'homme n'avait aucun droit sur<br />

leur consci<strong>en</strong>ce. C'est là un principe inné que<br />

personne ne peut extirper. » (Congressional<br />

Docum<strong>en</strong>ts - U.S.A.-, Ser. 200, Doc. 271.)<br />

Lorsqu'on apprit <strong>en</strong> Europe qu'il existait un<br />

pays où chacun pouvait jouir du fruit <strong>de</strong> ses labeurs<br />

et vivre selon sa consci<strong>en</strong>ce, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s<br />

affluèr<strong>en</strong>t sur les rivages du Nouveau Mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

542


colonies se multiplièr<strong>en</strong>t rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. « Par une loi<br />

spéciale, le Massachusetts offrit bon accueil et<br />

assistance, aux frais <strong>de</strong> l'État, aux chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

toute nationalité qui fuirai<strong>en</strong>t à travers l'Atlantique<br />

"pour échapper à la guerre, à la famine ou à<br />

l'oppression <strong>de</strong> leurs persécuteurs". Ainsi, les<br />

fugitifs et les opprimés <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> par la loi, les<br />

hôtes <strong>de</strong> la nation. » (Martyn, vol. V, p. 417.) Dans<br />

les vingt années qui suivir<strong>en</strong>t le premier<br />

débarquem<strong>en</strong>t à Plymouth, un nombre égal <strong>de</strong><br />

milliers <strong>de</strong> Pèlerins s'établir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Nouvelle-<br />

Angleterre.<br />

En retour <strong>de</strong> cette liberté, les immigrants<br />

s'estimai<strong>en</strong>t heureux <strong>de</strong> gagner leur pain quotidi<strong>en</strong><br />

par leur travail et leur sobriété. « Ils ne<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t au sol qu'une rémunération<br />

raisonnable <strong>de</strong> leur labeur. Sans se laisser leurrer<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> visions dorées,... ils se cont<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

progrès l<strong>en</strong>ts, mais constants <strong>de</strong> leur économie<br />

sociale. Ils <strong>en</strong>durai<strong>en</strong>t patiemm<strong>en</strong>t les privations <strong>de</strong><br />

la vie du désert, arrosant <strong>de</strong> leurs larmes et <strong>de</strong> leurs<br />

sueurs l'arbre <strong>de</strong> la liberté, qui <strong>en</strong>fonçait dans le sol<br />

ses profon<strong><strong>de</strong>s</strong> racines. »<br />

543


L'Écriture sainte était la base <strong>de</strong> leur foi, la<br />

source <strong>de</strong> leur sagesse, la charte <strong>de</strong> leurs libertés.<br />

Ses principes, diligemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seignés dans la<br />

famille, à l'école et à l'église, portai<strong>en</strong>t comme<br />

fruits l'industrie, l'intellig<strong>en</strong>ce, la chasteté, la<br />

tempérance. On eût pu passer <strong><strong>de</strong>s</strong> années dans les<br />

colonies <strong><strong>de</strong>s</strong> Puritains « sans r<strong>en</strong>contrer un ivrogne,<br />

sans <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre un blasphème, sans voir un m<strong>en</strong>diant<br />

». (Bancroft, Ire., chap. XIX, par. 25.) Ce fait<br />

démontrait que les principes <strong>de</strong> la Bible offr<strong>en</strong>t les<br />

plus sûres garanties <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur nationale. <strong>Le</strong>s<br />

colonies, d'abord faibles et isolées, finir<strong>en</strong>t par<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir une puissante fédération d'États, et le<br />

mon<strong>de</strong> a vu avec étonnem<strong>en</strong>t se développer, dans<br />

la paix et la prospérité, une « Église sans pape, et<br />

un État sans roi ».<br />

Mais les foules sans cesse plus nombreuses,<br />

attirées vers les rives <strong>de</strong> l'Amérique, étai<strong>en</strong>t<br />

poussées par <strong><strong>de</strong>s</strong> mobiles bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> premiers Pèlerins. <strong>La</strong> foi et les vertus <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

premiers temps, bi<strong>en</strong> que continuant à exercer sur<br />

la masse une influ<strong>en</strong>ce bi<strong>en</strong>faisante, diminuèr<strong>en</strong>t<br />

544


dans la mesure où augm<strong>en</strong>tait le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nouveaux v<strong>en</strong>us, uniquem<strong>en</strong>t avi<strong><strong>de</strong>s</strong> d'avantages<br />

matériels.<br />

<strong>Le</strong>s règlem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la première colonie<br />

attribuai<strong>en</strong>t les charges publiques aux seuls<br />

membres <strong>de</strong> l'Église; les résultats <strong>en</strong> fur<strong>en</strong>t<br />

pernicieux. Cette mesure, considérée comme<br />

propre à maint<strong>en</strong>ir l'intégrité <strong>de</strong> l'État, <strong>en</strong>traîna la<br />

corruption <strong>de</strong> l'Église. Une simple profession <strong>de</strong><br />

religion étant suffisante pour aspirer à une charge<br />

publique, un grand nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s étrangers à la<br />

vie chréti<strong>en</strong>ne <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t dans l'Église. Peu à peu,<br />

les églises se remplir<strong>en</strong>t d'inconvertis. Dans le<br />

corps pastoral même, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, non seulem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>seignai<strong>en</strong>t l'erreur, mais ignorai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

la puissance transformatrice du Saint-Esprit. Une<br />

fois <strong>de</strong> plus, l'histoire démontrait les funestes<br />

conséqu<strong>en</strong>ces du régime – introduit sous<br />

Constantin – <strong>de</strong> l'édification, avec l'appui du<br />

pouvoir séculier, <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> celui qui a dit : «<br />

Mon royaume n'est pas <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. » (Jean<br />

18.36) L'union <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong> l'État, à quelque<br />

<strong>de</strong>gré que ce soit, si elle paraît rapprocher le mon<strong>de</strong><br />

545


<strong>de</strong> l'Église, n'a <strong>en</strong> réalité d'autre conséqu<strong>en</strong>ce que<br />

<strong>de</strong> mondaniser l'Église.<br />

<strong>Le</strong> grand principe si noblem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>u par<br />

Robinson et Roger Williams, à savoir que la<br />

lumière <strong>de</strong> la vérité est progressive et que le<br />

chréti<strong>en</strong> doit se t<strong>en</strong>ir prêt à recevoir tout rayon<br />

nouveau émanant <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu fut perdu <strong>de</strong><br />

vue par leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants. <strong>Le</strong>s Églises protestantes<br />

d'Amérique, comme aussi celles d'Europe, qui ont<br />

eu l'insigne privilège <strong>de</strong> participer aux bi<strong>en</strong>faits <strong>de</strong><br />

la Réforme, n'ont pas continué d'avancer dans cette<br />

voie. De loin <strong>en</strong> loin, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes se sont levés<br />

pour proclamer <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités nouvelles et dénoncer<br />

d'anci<strong>en</strong>nes erreurs; mais les masses – suivant<br />

l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs au temps <strong>de</strong> Jésus et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peuples restés catholiques au seizième siècle –<br />

n'ont pas voulu recevoir autre chose que ce que<br />

leurs pères avai<strong>en</strong>t cru et se sont refusées à<br />

modifier leur manière <strong>de</strong> vivre. En s'attachant à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

erreurs et à <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions qu'on eût délaissées si<br />

l'on avait reçu les lumières <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, on<br />

a fait dégénérer la religion <strong>en</strong> formalisme. Ainsi,<br />

l'esprit <strong>de</strong> la Réforme s'est graduellem<strong>en</strong>t affaibli.<br />

546


Envahi par la mondanité et la torpeur spirituelle,<br />

attaché à l'opinion publique et aux théories<br />

humaines, le protestantisme <strong>en</strong> est v<strong>en</strong>u à avoir tout<br />

aussi besoin <strong>de</strong> réforme que le catholicisme aux<br />

jours <strong>de</strong> Luther.<br />

<strong>La</strong> vaste diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures au<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du dix-neuvième siècle et la<br />

gran<strong>de</strong> lumière ainsi répandue sur le mon<strong>de</strong> n'ont<br />

pas été suivies d'un progrès correspondant dans la<br />

vérité révélée ou la vie religieuse. Ne pouvant plus,<br />

comme dans les siècles passés, cacher au mon<strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu désormais à la portée <strong>de</strong> tous, Satan<br />

a imaginé une tactique nouvelle. Il a poussé un<br />

grand nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s à faire peu <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> la<br />

Bible. Ainsi, sans se mettre <strong>en</strong> peine d'interroger<br />

diligemm<strong>en</strong>t les Écritures, on a continué d'<strong>en</strong><br />

accepter <strong>de</strong> fausses interprétations et <strong>de</strong> conserver<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines dépourvues <strong>de</strong> base scripturaire.<br />

Voyant qu'il ne réussirait pas à supprimer la<br />

vérité par la persécution, Satan a eu <strong>de</strong> nouveau<br />

recours à l'expédi<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> compromis qui lui avait si<br />

bi<strong>en</strong> réussi aux jours <strong>de</strong> Constantin, et qui avait<br />

547


abouti à la gran<strong>de</strong> apostasie. Il a am<strong>en</strong>é les<br />

chréti<strong>en</strong>s à contracter alliance non plus avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paï<strong>en</strong>s proprem<strong>en</strong>t dits, mais avec un mon<strong>de</strong> que le<br />

culte pour <strong><strong>de</strong>s</strong> choses d'ici-bas a r<strong>en</strong>du tout aussi<br />

idolâtre que les adorateurs d'images taillées. Et les<br />

résultats <strong>de</strong> cette union n'ont pas été moins<br />

pernicieux que dans les siècles précéd<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> luxe<br />

et l'extravagance ont été cultivés sous le manteau<br />

<strong>de</strong> la religion et les églises se sont mondanisées.<br />

Satan a continué <strong>de</strong> pervertir les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

l'Écriture; <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions funestes à <strong><strong>de</strong>s</strong> millions<br />

d'âmes ont jeté <strong>de</strong> profon<strong><strong>de</strong>s</strong> racines dans les<br />

coeurs, et l'Église, au lieu <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir la foi<br />

primitive, a sout<strong>en</strong>u et rev<strong>en</strong>diqué ces traditions.<br />

Ainsi se sont effrités les principes <strong>en</strong> faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>quels les réformateurs ont tant travaillé et tant<br />

souffert.<br />

548


Chapitre 17<br />

<strong>Le</strong>s précurseurs du matin<br />

Une <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités les plus glorieuses et les plus<br />

sol<strong>en</strong>nelles du christianisme est celle qui annonce<br />

une secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus-Christ pour achever la<br />

gran<strong>de</strong> oeuvre <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. Pour les <strong>en</strong>fants<br />

<strong>de</strong> Dieu, pèlerins séculaires <strong>de</strong> « la vallée <strong>de</strong><br />

l'ombre <strong>de</strong> la mort », la certitu<strong>de</strong> que celui qui est «<br />

la résurrection et la vie » va rev<strong>en</strong>ir pour les<br />

emm<strong>en</strong>er avec lui dans la « maison du Père », est<br />

une perspective ineffable. <strong>La</strong> doctrine du second<br />

avènem<strong>en</strong>t est la clé <strong>de</strong> voûte <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Dès le<br />

jour où nos premiers par<strong>en</strong>ts ont eu le malheur <strong>de</strong><br />

se voir exilés <strong>de</strong> l'Éd<strong>en</strong>, les vrais croyants ont eu<br />

les regards fixés sur Celui qui doit v<strong>en</strong>ir briser la<br />

puissance <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi et les réintroduire dans le<br />

paradis perdu.<br />

<strong>Le</strong>s hommes pieux <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles passés ont vu<br />

dans la v<strong>en</strong>ue du Messie <strong>en</strong> gloire la consommation<br />

<strong>de</strong> leurs espérances. Énoch, le septième homme<br />

549


<strong>de</strong>puis Adam, « qui marcha avec Dieu trois c<strong>en</strong>ts<br />

ans », put contempler <strong>de</strong> loin la v<strong>en</strong>ue du<br />

Libérateur. « Voici, dit-il, le Seigneur est v<strong>en</strong>u<br />

avec ses saintes myria<strong><strong>de</strong>s</strong>, pour exercer un<br />

jugem<strong>en</strong>t contre tous, et pour faire r<strong>en</strong>dre compte à<br />

tous les impies parmi eux <strong>de</strong> tous les actes<br />

d'impiété qu'ils ont commis et <strong>de</strong> toutes les paroles<br />

injurieuses qu'ont proférées contre lui <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs<br />

impies. » (Ju<strong>de</strong> 14, 15) <strong>Le</strong> patriarche Job, dans la<br />

nuit <strong>de</strong> son affliction, s'écrie <strong>en</strong> acc<strong>en</strong>ts d'une foi<br />

inébranlable : « Mais je sais que mon Ré<strong>de</strong>mpteur<br />

est vivant, et qu'il se lèvera le <strong>de</strong>rnier sur la terre...<br />

Quand je n'aurai plus <strong>de</strong> chair, je verrai Dieu... Mes<br />

yeux le verront et non ceux d'un autre. » (Job<br />

19.25-27)<br />

<strong>La</strong> v<strong>en</strong>ue du Seigneur pour instaurer le règne<br />

<strong>de</strong> la justice a inspiré les exclamations les plus<br />

<strong>en</strong>thousiastes <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains sacrés. <strong>Le</strong>s poètes et les<br />

prophètes <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong> ont parlé <strong>en</strong> stances<br />

inspirées. <strong>Le</strong> psalmiste a chanté la puissance et la<br />

majesté du Roi d'Israël : « De Sion, beauté parfaite,<br />

Dieu respl<strong>en</strong>dit. Il vi<strong>en</strong>t, notre Dieu, il ne reste pas<br />

<strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce;... il crie vers les cieux <strong>en</strong> haut, et vers la<br />

550


terre, pour juger son peuple. » « Que les cieux se<br />

réjouiss<strong>en</strong>t, et que la terre soit dans l'allégresse...<br />

<strong>de</strong>vant l'Éternel! Car il vi<strong>en</strong>t, car il vi<strong>en</strong>t pour juger<br />

la terre; il jugera le mon<strong>de</strong> avec justice, et les<br />

peuples selon sa fidélité. » (Psaumes 50.2-4; 96.11,<br />

13)<br />

<strong>Le</strong> prophète Ésaïe s'écrie : « Réveillez-vous et<br />

tressaillez <strong>de</strong> joie, habitants <strong>de</strong> la poussière; car ta<br />

rosée est une rosée vivifiante, et la terre redonnera<br />

le jour aux ombres.... Il anéantit la mort pour<br />

toujours; le Seigneur, l'Éternel, essuie les larmes <strong>de</strong><br />

tous les visages, il fait disparaître <strong>de</strong> toute la terre<br />

l'opprobre <strong>de</strong> son peuple; car l'Éternel a parlé. En<br />

ce jour l'on dira : Voici, c'est notre Dieu, <strong>en</strong> qui<br />

nous avons confiance, et c'est lui qui nous sauve;<br />

c'est l'Éternel, <strong>en</strong> qui nous avons confiance; soyons<br />

dans l'allégresse, et réjouissons-nous <strong>de</strong> son salut!<br />

» (Ésaïe 26.19; 25.8, 9)<br />

Émerveillé, Habakuk assiste, dans une vision<br />

céleste, au retour <strong>de</strong> Jésus-Christ : « Dieu vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Théman, le Saint vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la montagne <strong>de</strong> Paran....<br />

Sa majesté couvre les cieux, et sa gloire remplit la<br />

551


terre. C'est comme l'éclat <strong>de</strong> la lumière; <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons<br />

part<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sa main; là rési<strong>de</strong> sa force... Il s'arrête, et<br />

<strong>de</strong> l'oeil il mesure la terre; il regar<strong>de</strong>, et il fait<br />

trembler les nations; les montagnes éternelles se<br />

bris<strong>en</strong>t, les collines antiques s'abaiss<strong>en</strong>t; les<br />

s<strong>en</strong>tiers d'autrefois s'ouvr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant lui... Tu es<br />

monté sur tes chevaux, sur ton char <strong>de</strong> victoire... À<br />

ton aspect, les montagnes trembl<strong>en</strong>t;... l'abîme fait<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa voix, il lève ses mains <strong>en</strong> haut. <strong>Le</strong><br />

soleil et la lune s'arrêt<strong>en</strong>t dans leur <strong>de</strong>meure, à la<br />

lumière <strong>de</strong> tes flèches qui part<strong>en</strong>t, à la clarté <strong>de</strong> ta<br />

lance qui brille... Tu sors pour délivrer ton peuple,<br />

pour délivrer ton oint. » (Habakuk 3.3-13)<br />

Sur le point <strong>de</strong> quitter ses disciples, le Seigneur<br />

les console par l'assurance <strong>de</strong> Son retour : « Que<br />

votre coeur ne se trouble point... Il y a plusieurs<br />

<strong>de</strong>meures dans la maison <strong>de</strong> mon Père... Je vais<br />

vous préparer une place. Et, lorsque je m'<strong>en</strong> serai<br />

allé, et que je vous aurai préparé une place, je<br />

revi<strong>en</strong>drai, et je vous pr<strong>en</strong>drai avec moi, afin que là<br />

où je suis vous y soyez aussi. » « Lorsque le Fils <strong>de</strong><br />

l'homme vi<strong>en</strong>dra dans sa gloire, avec tous les<br />

anges, il s'assiéra sur le trône <strong>de</strong> sa gloire. Toutes<br />

552


les nations seront assemblées <strong>de</strong>vant lui. » (Jean<br />

14.1-3; Matthieu 25.31, 32)<br />

<strong>Le</strong>s anges restés sur la montagne <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers<br />

après l'asc<strong>en</strong>sion du Sauveur réitèr<strong>en</strong>t aux disciples<br />

la promesse <strong>de</strong> son retour : « Ce Jésus, qui a été<br />

<strong>en</strong>levé au ciel du milieu <strong>de</strong> vous, vi<strong>en</strong>dra <strong>de</strong> la<br />

même manière que vous l'avez vu allant au ciel. »<br />

Et l'apôtre Paul, sous l'inspiration <strong>de</strong> l'Esprit, écrit<br />

aux Thessalonici<strong>en</strong>s : « Car le Seigneur lui-même,<br />

à un signal donné, à la voix d'un archange, et au<br />

son <strong>de</strong> la trompette <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dra du ciel. »<br />

<strong>Le</strong> voyant <strong>de</strong> Patmos écrit : « Voici, il vi<strong>en</strong>t avec<br />

les nuées. Et tout oeil le verra. » (Actes 1.11; 1<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16; Apocalypse 1.7)<br />

C'est autour <strong>de</strong> cette v<strong>en</strong>ue que respl<strong>en</strong>dit la<br />

gloire du « rétablissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes choses, dont<br />

Dieu a parlé anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t par la bouche <strong>de</strong> ses<br />

saints prophètes «. À ce mom<strong>en</strong>t-la pr<strong>en</strong>dra fin le<br />

long règne du péché, « le royaume du mon<strong>de</strong> sera<br />

remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera<br />

aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles ». « Alors la gloire <strong>de</strong><br />

l'Éternel sera révélée, et au même instant toute<br />

553


chair la verra. » « Ainsi le Seigneur, l'Éternel, fera<br />

germer le salut et la louange, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> toutes<br />

les nations. » « En ce jour, l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées<br />

sera une couronne éclatante et une parure<br />

magnifique pour le reste <strong>de</strong> son peuple. » (Actes<br />

3.21; Apocalypse 11.15; Ésaïe 40.5; 61.11; 28.5)<br />

C'est alors que le règne messianique <strong>de</strong> la paix,<br />

règne si longtemps att<strong>en</strong>du, sera établi « sous tous<br />

les cieux ». « Ainsi l'Éternel a pitié <strong>de</strong> Sion, il a<br />

pitié <strong>de</strong> toutes ses ruines; il r<strong>en</strong>dra son désert<br />

semblable à un Éd<strong>en</strong>, et sa terre ari<strong>de</strong> à un jardin <strong>de</strong><br />

l'Éternel. » « <strong>La</strong> gloire du Liban lui sera donnée, la<br />

magnific<strong>en</strong>ce du Carmel et <strong>de</strong> Saron. » « On ne te<br />

nommera plus délaissée, on ne nommera plus ta<br />

terre désolation; mais on t'appellera mon plaisir <strong>en</strong><br />

elle, et l'on appellera ta terre épouse... Comme un<br />

jeune homme s'unit à une vierge, ainsi tes fils<br />

s'uniront à toi; et comme la fiancée fait la joie <strong>de</strong><br />

son fiancé, ainsi tu feras la joie <strong>de</strong> ton Dieu. »<br />

(Ésaïe 51.3; 35.2; 62.4, 5)<br />

De tout temps, la v<strong>en</strong>ue du Seigneur a été<br />

l'espérance <strong>de</strong> ses disciples. Cette <strong>de</strong>rnière<br />

554


promesse du Sauveur, faite du haut <strong>de</strong> la montagne<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers : « Je revi<strong>en</strong>drai », a illuminé leur<br />

av<strong>en</strong>ir et rempli leurs coeurs d'un bonheur que les<br />

tristesses et les épreuves n'ont pu ni éteindre ni<br />

atténuer. Au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

persécutions, cette perspective « <strong>de</strong> la gloire du<br />

grand Dieu et <strong>de</strong> notre Seigneur Jésus-Christ » est<br />

restée « la bi<strong>en</strong>heureuse espérance » <strong>de</strong> l'Église<br />

fidèle. Quand les Thessalonici<strong>en</strong>s pleurai<strong>en</strong>t la<br />

perte d'êtres chers qu'ils avai<strong>en</strong>t espéré conserver<br />

jusqu'au retour du Seigneur, l'apôtre Paul les<br />

consolait <strong>en</strong> leur parlant <strong>de</strong> la résurrection qui<br />

accompagnera ce retour. Alors, ceux qui sont morts<br />

dans la foi au Sauveur se réveilleront et seront<br />

<strong>en</strong>levés avec les vivants, dans les airs, pour aller à<br />

la r<strong>en</strong>contre du Seigneur; et « ainsi, ajoute-t-il,<br />

nous serons toujours avec le Seigneur. Consolezvous<br />

donc les uns les autres par ces paroles. » (1<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16-18)<br />

Sur les rochers désolés <strong>de</strong> Patmos, le « disciple<br />

que Jésus aimait » <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d cette promesse : « Je<br />

vi<strong>en</strong>s bi<strong>en</strong>tôt », et sa réponse ard<strong>en</strong>te exprime la<br />

prière séculaire <strong>de</strong> l'Église : « Am<strong>en</strong>! Vi<strong>en</strong>s<br />

555


Seigneur Jésus! » (Apocalypse 22.20)<br />

Du fond <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons, du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> bûchers et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

échafauds où les saints et les martyrs ont r<strong>en</strong>du<br />

témoignage à la vérité, nous parvi<strong>en</strong>t à travers les<br />

siècles ce même cri <strong>de</strong> foi et d'espérance. «<br />

Certains <strong>de</strong> la résurrection <strong>de</strong> Jésus et par<br />

conséqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la leur, lors <strong>de</strong> sa v<strong>en</strong>ue, dit un <strong>de</strong><br />

ces chréti<strong>en</strong>s, ils triomphai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la mort. » Ils<br />

cons<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t volontiers à <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre dans la tombe,<br />

puisqu'ils <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ressortir affranchis. Ils<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t le retour du Seigneur dans les nuées,<br />

<strong>en</strong>touré <strong>de</strong> la gloire du Père, et v<strong>en</strong>ant inaugurer «<br />

les jours du royaume ». <strong>Le</strong>s Vaudois se<br />

nourrissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la même foi. Wiclef considérait<br />

l'apparition du Ré<strong>de</strong>mpteur comme l'espérance <strong>de</strong><br />

l'Église.<br />

Luther disait : « Je suis persuadé qu'il ne<br />

s'écoulera pas trois siècles avant le jour du<br />

jugem<strong>en</strong>t. Dieu ne supportera pas, ne pourra pas<br />

supporter ce mon<strong>de</strong> impie plus longtemps.... <strong>Le</strong><br />

grand jour approche où le règne <strong><strong>de</strong>s</strong> abominations<br />

pr<strong>en</strong>dra fin. »<br />

556


« Ce vieux mon<strong>de</strong> touche à sa fin », disait<br />

Mélanchthon. Calvin exhortait les chréti<strong>en</strong>s à ne<br />

pas hé<strong>site</strong>r <strong>de</strong> désirer avec ar<strong>de</strong>ur le jour <strong>de</strong> la<br />

v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus-Christ comme l'événem<strong>en</strong>t, pour<br />

eux, le plus heureux ». Il ajoutait : « Que toute la<br />

famille <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles ait les yeux fixés sur ce jour... Il<br />

faut soupirer après le Christ, le rechercher, le<br />

contempler jusqu'à l'aube du grand jour où le<br />

Seigneur manifestera pleinem<strong>en</strong>t son royaume. »<br />

« Notre Seigneur Jésus-Christ n'a-t-il pas<br />

transporté notre chair dans les cieux? » dit Knox, le<br />

réformateur <strong>de</strong> l'Écosse, « et ne revi<strong>en</strong>dra-t-il pas?<br />

Nous savons qu'il revi<strong>en</strong>dra, et qu'il ne tar<strong>de</strong>ra pas.<br />

» Ridley et <strong>La</strong>timer, qui donnèr<strong>en</strong>t leur vie pour la<br />

vérité, att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t avec foi le retour du Seigneur,<br />

Ridley écrivait : « Je puis le dire sans le moindre<br />

doute : le mon<strong>de</strong> tire à sa fin. Avec Jean, disons <strong>de</strong><br />

tout notre coeur : 'Vi<strong>en</strong>s, Seigneur Jésus!' »<br />

« <strong>La</strong> p<strong>en</strong>sée du retour du Seigneur, disait<br />

Baxter, m'est <strong><strong>de</strong>s</strong> plus douces et <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

précieuses. » « C'est l'oeuvre <strong>de</strong> la foi et la<br />

557


caractéristique <strong><strong>de</strong>s</strong> saints d'aimer son apparition et<br />

d'att<strong>en</strong>dre la réalisation <strong>de</strong> la bi<strong>en</strong>heureuse<br />

espérance. » « <strong>La</strong> mort étant le <strong>de</strong>rnier <strong>en</strong>nemi qui<br />

sera détruit à la résurrection, appr<strong>en</strong>ons quelle doit<br />

être la ferveur <strong>de</strong> nos prières pour hâter la secon<strong>de</strong><br />

v<strong>en</strong>ue du Seigneur qui nous apportera cette victoire<br />

définitive... C'est le jour sur lequel tous les<br />

croyants doiv<strong>en</strong>t compter, que tous doiv<strong>en</strong>t<br />

att<strong>en</strong>dre, après lequel ils doiv<strong>en</strong>t tous soupirer; car<br />

il sera l'achèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur ré<strong>de</strong>mption, le<br />

couronnem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> aspirations <strong>de</strong> leur âme...<br />

Seigneur, hâte cet heureux jour! » Telle était<br />

l'espérance <strong>de</strong> l'Église apostolique, celle <strong>de</strong> «<br />

l'Église du désert » et celle <strong><strong>de</strong>s</strong> réformateurs.<br />

<strong>La</strong> prophétie ne nous dit pas seulem<strong>en</strong>t le mo<strong>de</strong><br />

et l'objet <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue du Seigneur; elle nous donne<br />

les signes annonciateurs <strong>de</strong> sa proximité. « Il y<br />

aura, dit Jésus, <strong><strong>de</strong>s</strong> signes dans le soleil, dans la<br />

lune et dans les étoiles. » « <strong>Le</strong> soleil s'obscurcira, la<br />

lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles<br />

tomberont du ciel, et les puissances qui sont dans<br />

les cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils <strong>de</strong><br />

l'homme v<strong>en</strong>ant sur les nuées avec une gran<strong>de</strong><br />

558


puissance et avec gloire. » <strong>Le</strong>s premiers signes<br />

précurseurs du retour du Seigneur sont m<strong>en</strong>tionnés<br />

comme suit par le voyant <strong>de</strong> Patmos : « Il y eut un<br />

grand tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre, le soleil <strong>de</strong>vint noir<br />

comme un sac <strong>de</strong> crin, la lune <strong>en</strong>tière <strong>de</strong>vint<br />

comme du sang. » (Luc 21.25; Marc 13.24-26;<br />

Apocalypse 6.12)<br />

Ces signes apparur<strong>en</strong>t avant le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

du dix-neuvième siècle. Conformém<strong>en</strong>t à cette<br />

prophétie, eut lieu, <strong>en</strong> 1755, le tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

terre le plus <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur que l'histoire ait <strong>en</strong>registré.<br />

Quoique connu sous le nom <strong>de</strong> « tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

terre <strong>de</strong> Lisbonne », il secoua une partie<br />

considérable <strong>de</strong> l'Europe, <strong>de</strong> l'Afrique et <strong>de</strong><br />

l'Amérique. Il fut ress<strong>en</strong>ti au Gro<strong>en</strong>land, aux<br />

Antilles, à l'île Madère, <strong>en</strong> Norvège, <strong>en</strong> Suè<strong>de</strong>, <strong>en</strong><br />

Angleterre et <strong>en</strong> Irlan<strong>de</strong>, soit sur une ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> six millions <strong>de</strong> kilomètres carrés. En<br />

Afrique, il fut presque aussi viol<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong> Europe.<br />

<strong>La</strong> ville d'Alger fut <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie détruite; au<br />

Maroc, un village <strong>de</strong> huit à dix mille habitants<br />

disparut. Un terrible raz-<strong>de</strong>-marée submergea les<br />

côtes d'Espagne et d'Afrique, <strong>en</strong>vahit <strong><strong>de</strong>s</strong> villes et<br />

559


occasionna <strong><strong>de</strong>s</strong> dégâts énormes.<br />

« C'est <strong>en</strong> Espagne et au Portugal que la<br />

secousse se fit s<strong>en</strong>tir avec le plus <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce. On<br />

affirme qu'à Cadix le raz-<strong>de</strong>-marée atteignit dixhuit<br />

mètres <strong>de</strong> hauteur. Quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

hautes montagnes du Portugal fur<strong>en</strong>t violemm<strong>en</strong>t<br />

secouées; plusieurs s'ouvrir<strong>en</strong>t par le sommet; <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

flammes <strong>en</strong> jaillir<strong>en</strong>t et d'énormes blocs <strong>de</strong> rochers<br />

fur<strong>en</strong>t précipités dans les vallées voisines. »<br />

(Charles Lyell, Principles of Geology, p. 495.) À<br />

Lisbonne, « le tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre qui détruisit la<br />

ville fut précédé <strong>de</strong> sourds gron<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

souterrains. Puis on vit la mer se retirer, laissant ses<br />

rives à sec, pour rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>suite sur elle-même et<br />

s'élever à quelque quinze mètres au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> son<br />

niveau ordinaire.... Au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts<br />

extraordinaires qui se produisir<strong>en</strong>t à Lisbonne, on<br />

cite la disparition d'un quai tout <strong>en</strong> marbre,<br />

construit <strong>de</strong>puis peu et à grands frais. Une imm<strong>en</strong>se<br />

foule s'y était réfugiée, comme l'<strong>en</strong>droit le plus sûr<br />

pour échapper au danger <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons croulantes.<br />

Mais tout à coup le quai s'effondra avec toute sa<br />

cargaison humaine; pas un cadavre ne revint à la<br />

560


surface.<br />

» Ce tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre <strong>en</strong>traîna la chute <strong>de</strong><br />

toutes les églises, <strong>de</strong> tous les couv<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> presque<br />

tous les édifices publics et <strong>de</strong> plus du quart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maisons. Deux heures <strong>en</strong>viron après la secousse, un<br />

inc<strong>en</strong>die éclata dans les différ<strong>en</strong>ts quartiers <strong>de</strong> la<br />

ville et sévit avec tant <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong>viron<br />

trois jours que Lisbonne fut <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t détruite.<br />

<strong>La</strong> catastrophe tomba sur un jour <strong>de</strong> fête, alors que<br />

les églises et les couv<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t combles; peu <strong>de</strong><br />

personnes échappèr<strong>en</strong>t... <strong>La</strong> terreur était<br />

in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptible. Personne ne pleurait; il n'y avait pas<br />

<strong>de</strong> larmes <strong>de</strong>vant un tel désastre. En proie au délire,<br />

la population courait çà et là, hurlant, se frappant le<br />

visage et la poitrine <strong>en</strong> s'écriant : Misericordia!<br />

C'est la fin du mon<strong>de</strong>! Des mères, oubliant leurs<br />

<strong>en</strong>fants, parcourai<strong>en</strong>t les rues, chargées <strong>de</strong> crucifix.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, beaucoup d'<strong>en</strong>tre elles<br />

cherchèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain asile dans les églises où était<br />

exposé le saint-sacrem<strong>en</strong>t, et embrassai<strong>en</strong>t les<br />

autels : images, prêtres et g<strong>en</strong>s du peuple fur<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>veloppés dans une commune ruine. »<br />

(Encyclopedia Americana, art. Lisbon, note.) On<br />

561


évalue à plus <strong>de</strong> quatre-vingt-dix mille le nombre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui perdir<strong>en</strong>t la vie <strong>en</strong> ce jour<br />

néfaste.<br />

<strong>Le</strong> signe m<strong>en</strong>tionné <strong>en</strong>suite dans la prophétie :<br />

l'obscurcissem<strong>en</strong>t du soleil et <strong>de</strong> la lune, parut<br />

vingt-cinq ans plus tard. Son accomplissem<strong>en</strong>t fut<br />

d'autant plus frappant que le mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son<br />

apparition avait été clairem<strong>en</strong>t indiqué. Dans son<br />

<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec ses disciples sur la montagne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Oliviers, le Sauveur décrit la longue détresse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

croyants : les mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante années <strong>de</strong> la<br />

persécution papale, persécution qu'il déclare <strong>de</strong>voir<br />

être abrégée. Puis il m<strong>en</strong>tionne <strong>en</strong> ces termes<br />

certains événem<strong>en</strong>ts qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t précé<strong>de</strong>r sa<br />

v<strong>en</strong>ue, <strong>en</strong> précisant comme suit le temps <strong>de</strong><br />

l'apparition du premier <strong>de</strong> ces signes : « Mais dans<br />

ces jours, après cette détresse, le soleil s'obscurcira,<br />

la lune ne donnera plus sa lumière. » (Marc 13.24)<br />

<strong>Le</strong>s mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante jours ou années<br />

prir<strong>en</strong>t fin <strong>en</strong> 1798, les persécutions ayant presque<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t cessé un quart <strong>de</strong> siècle plus tôt. Or,<br />

c'est après la persécution que, selon la prédiction<br />

<strong>de</strong> Jésus, le soleil <strong>de</strong>vait s'obscurcir. Cette<br />

562


prophétie s'est accomplie le 19 mai 1780.<br />

« À peu près unique parmi les phénomènes <strong>de</strong><br />

ce g<strong>en</strong>re est l'événem<strong>en</strong>t mystérieux, inexpliqué<br />

jusqu'à ce jour, connu sous le nom <strong>de</strong> jour obscur<br />

du 19 mai 1780, que fut l'obscurcissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tout<br />

le ciel visible et <strong>de</strong> l'atmosphère <strong>de</strong> la Nouvelle<br />

Angleterre. » (R. H. Dev<strong>en</strong>s, Our First C<strong>en</strong>tury, p.<br />

89.)<br />

Un témoin oculaire, qui se trouvait au<br />

Massachusetts, le décrit comme suit :<br />

« Radieux à son lever, le soleil ne tarda pas à<br />

perdre son éclat. D'épais nuages s'accumulèr<strong>en</strong>t,<br />

bi<strong>en</strong>tôt sillonnés par <strong><strong>de</strong>s</strong> éclairs; le tonnerre gronda<br />

et la pluie tomba. Vers les neuf heures, les nuages,<br />

moins opaques, prir<strong>en</strong>t une teinte cuivrée ou<br />

bronzée qui se refléta sur la terre, sur les rochers,<br />

les arbres, les maisons, l'eau et les personnes.<br />

Quelques minutes plus tard, le ciel <strong>en</strong>tier s'étant<br />

couvert d'un épais nuage noir, qui ne laissa qu'une<br />

légère frange à l'horizon, l'obscurité <strong>de</strong>vint aussi<br />

gran<strong>de</strong> qu'elle l'est <strong>en</strong> général à neuf heures du soir<br />

563


par une nuit d'été....<br />

» <strong>La</strong> crainte, l'angoisse, la terreur s'emparèr<strong>en</strong>t<br />

graduellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tous les esprits. Sur le seuil <strong>de</strong><br />

leur porte, les femmes considérai<strong>en</strong>t le lugubre<br />

paysage; les laboureurs rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> champs; les<br />

charp<strong>en</strong>tiers laissai<strong>en</strong>t là leurs outils, les<br />

maréchaux quittai<strong>en</strong>t leur forge et les marchands<br />

leur comptoir. <strong>Le</strong>s écoliers, congédiés, regagnai<strong>en</strong>t<br />

leur <strong>de</strong>meure <strong>en</strong> tremblant. <strong>Le</strong>s voyageurs allai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r asile à la première ferme se trouvant sur<br />

leur chemin. Que va-t-il arriver? Cette question<br />

était sur toutes les lèvres et dans tous les coeurs. Il<br />

semblait qu'une furieuse tempête allait éclater ou<br />

que le jour <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> toutes choses<br />

était arrivé.<br />

» On alluma les chan<strong>de</strong>lles, et les âtres<br />

brillai<strong>en</strong>t d'un aussi vif éclat que par une nuit<br />

d'automne, sans lune... <strong>Le</strong>s hôtes <strong>de</strong> la basse-cour<br />

se retirèr<strong>en</strong>t sur leurs perchoirs et s'<strong>en</strong>dormir<strong>en</strong>t; le<br />

bétail, mugissant, se réunit à la sortie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pâturages; les gr<strong>en</strong>ouilles se mir<strong>en</strong>t à coasser; les<br />

oiseaux fir<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre leur chant du soir et les<br />

564


chauve-souris s'adonnèr<strong>en</strong>t à leur ron<strong>de</strong> nocturne.<br />

Mais les hommes savai<strong>en</strong>t que ce n'était pas la<br />

nuit...<br />

« <strong>Le</strong> docteur Nathanael Whittaker, pasteur <strong>de</strong><br />

l'église du Tabernacle, à Salem, y présida <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services religieux; au cours d'un sermon, il soutint<br />

que ces ténèbres étai<strong>en</strong>t surnaturelles. Des<br />

congrégations se réunir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> maints <strong>en</strong>droits...<br />

Partout les prédicateurs choisir<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> textes<br />

bibliques paraissant indiquer un accomplissem<strong>en</strong>t<br />

prophétique. » (The Essex Antiquarian, Salem,<br />

Mass., Avril 1899, vol. III, number 4, p. 53, 54.)<br />

C'est un peu après onze heures que les ténèbres<br />

fur<strong>en</strong>t le plus d<strong>en</strong>ses. « Dans presque toute<br />

l'ét<strong>en</strong>due du pays, l'obscurité fut telle p<strong>en</strong>dant la<br />

journée qu'il ne fut pas possible sans bougies <strong>de</strong><br />

voir l'heure à sa montre, ni <strong>de</strong> manger ou <strong>de</strong> vaquer<br />

à ses <strong>de</strong>voirs domestiques...<br />

» Ces ténèbres s'ét<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t très loin. On les<br />

observa jusqu'à Falmouth, à l'est, et jusqu'à<br />

l'extrémité du Connecticut, à l'ouest; au sud, jusque<br />

sur les côtes <strong>de</strong> la mer, et au nord, aussi loin que<br />

565


s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t les colonies américaines. » (Dr Wm<br />

Gordon, Hist. of the Rise,Progress, and Estab. of<br />

the In<strong>de</strong>p. of the U.S.A., p. 57.)<br />

Aux ténèbres int<strong>en</strong>ses <strong>de</strong> ce jour succéda, une<br />

heure ou <strong>de</strong>ux avant le coucher du soleil, un ciel<br />

partiellem<strong>en</strong>t clair, et le soleil brilla au travers d'un<br />

épais brouillard. « Après le coucher du soleil, le<br />

ciel se couvrit <strong>de</strong> nouveau, et les ténèbres <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t très d<strong>en</strong>ses.... <strong>Le</strong>s ténèbres <strong>de</strong> cette nuit<br />

ne fur<strong>en</strong>t pas moins extraordinaires et terrifiantes<br />

que celles <strong>de</strong> la journée. Bi<strong>en</strong> que la lune fût<br />

presque dans son plein, on ne pouvait ri<strong>en</strong><br />

distinguer sans la lumière artificielle qui, vue <strong>de</strong><br />

près ou <strong>de</strong> loin, semblait barbouillée <strong>de</strong> ténèbres à<br />

peu près opaques. » (Thomas, Massachusetts Spy;<br />

or American Oracle of Liberty, vol. X, number<br />

472, 25 mai 1780.)<br />

Un témoin oculaire écrivait : « Je ne pouvais<br />

m'empêcher <strong>de</strong> me dire alors que si tous les corps<br />

lumineux <strong>de</strong> l'univers avai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>veloppés<br />

d'impénétrables ténèbres, ou s'ils avai<strong>en</strong>t été<br />

supprimés, l'obscurité n'eût pas pu être plus<br />

566


complète. » (Mass. Hist. collections, 1792, vol. I,<br />

p. 97. <strong>Le</strong>ttre du Dr Samuel T<strong>en</strong>ney, d'Exeter, N. H.,<br />

déc. 1785.) Bi<strong>en</strong> que la lune se fut levée vers les<br />

neuf heures, elle n'eut aucun effet sur cette lugubre<br />

nuit. Après minuit, l'obscurité se dissipa, et la lune,<br />

au mom<strong>en</strong>t où elle parut, avait la couleur du sang.<br />

<strong>Le</strong> « Jour obscur » du 19 mai 1780 est <strong>en</strong>tré<br />

dans l'histoire. Depuis les plaies d'Égypte,<br />

l'humanité n'a pas <strong>en</strong>registré un obscurcissem<strong>en</strong>t<br />

aussi ét<strong>en</strong>du, aussi d<strong>en</strong>se et aussi prolongé. <strong>La</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> cet événem<strong>en</strong>t, faite par <strong><strong>de</strong>s</strong> témoins<br />

oculaires, n'est qu'un écho <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

transmise par le moy<strong>en</strong> du prophète Joël, vingtcinq<br />

siècles à l'avance : « <strong>Le</strong> soleil se changera <strong>en</strong><br />

ténèbres, et la lune <strong>en</strong> sang, avant l'arrivée du jour<br />

<strong>de</strong> l'Éternel, <strong>de</strong> ce jour grand et terrible. » (Joël<br />

2.31)<br />

Jésus avait exhorté ses disciples à surveiller les<br />

signes <strong>de</strong> son retour et à se réjouir à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gages <strong>de</strong> sa prochaine v<strong>en</strong>ue. « Quand ces choses<br />

comm<strong>en</strong>ceront à arriver, leur avait-il dit, redressezvous<br />

et levez vos têtes, parce que votre délivrance<br />

567


approche. » Appelant leur att<strong>en</strong>tion sur les arbres<br />

qui bourgeonn<strong>en</strong>t au printemps, il ajouta : « Dès<br />

qu'ils ont poussé, vous connaissez <strong>de</strong> vous-mêmes,<br />

<strong>en</strong> regardant, que déjà l'été est proche. De même,<br />

quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le<br />

royaume <strong>de</strong> Dieu est proche. » (Luc 21.28, 30, 31)<br />

Hélas! dans la mesure où l'humilité et la piété<br />

avai<strong>en</strong>t fait place, dans l'Église, à l'orgueil et au<br />

formalisme, l'amour pour le Sauveur et la foi <strong>en</strong><br />

son retour s'étai<strong>en</strong>t refroidis. Absorbés par la<br />

mondanité et la recherche du plaisir, ceux qui<br />

professai<strong>en</strong>t être le peuple <strong>de</strong> Dieu étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us<br />

aveugles aux signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. <strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> la<br />

secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du Seigneur avait été négligée; les<br />

textes <strong>de</strong> l'Écriture s'y rapportant avai<strong>en</strong>t été<br />

obscurcis par <strong>de</strong> fausses interprétations. Tel était<br />

tout spécialem<strong>en</strong>t le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> Églises d'Amérique.<br />

<strong>La</strong> liberté et le confort dont jouissai<strong>en</strong>t toutes les<br />

classes <strong>de</strong> la société, la soif <strong>de</strong> richesses et <strong>de</strong> luxe,<br />

la hantise <strong>de</strong> la popularité et <strong>de</strong> l'influ<strong>en</strong>ce, qui<br />

semblai<strong>en</strong>t à la portée <strong>de</strong> tous, avai<strong>en</strong>t poussé les<br />

g<strong>en</strong>s à conc<strong>en</strong>trer leurs intérêts et leurs espérances<br />

sur les choses <strong>de</strong> cette vie, et à reléguer dans un<br />

568


lointain av<strong>en</strong>ir le jour sol<strong>en</strong>nel où le mon<strong>de</strong> actuel<br />

disparaîtra.<br />

En attirant l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> Ses disciples sur les<br />

signes <strong>de</strong> Son retour, le Sauveur leur avait annoncé<br />

une apostasie générale <strong>de</strong>vant précé<strong>de</strong>r<br />

immédiatem<strong>en</strong>t ce grand événem<strong>en</strong>t. Comme dans<br />

les jours <strong>de</strong> Noé, on constatera la fièvre <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires<br />

et la recherche <strong><strong>de</strong>s</strong> plaisirs; on v<strong>en</strong>dra, on achètera;<br />

on plantera, on se mariera et on donnera <strong>en</strong><br />

mariage, sans p<strong>en</strong>ser à Dieu et à la vie à v<strong>en</strong>ir.<br />

L'exhortation du Sauveur à ceux qui viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce<br />

temps est celle-ci : « Pr<strong>en</strong>ez gar<strong>de</strong> à vous-mêmes,<br />

<strong>de</strong> crainte que vos coeurs ne s'appesantiss<strong>en</strong>t par<br />

les excès du manger et du boire, et par les soucis <strong>de</strong><br />

la vie, et que ce jour ne vi<strong>en</strong>ne sur vous à<br />

l'improviste. » « Veillez donc et priez <strong>en</strong> tout<br />

temps, afin que vous ayez la force d'échapper à<br />

toutes ces choses qui arriveront, et <strong>de</strong> paraître<br />

<strong>de</strong>bout <strong>de</strong>vant le Fils <strong>de</strong> l'homme. » (Luc 21.34,<br />

36)<br />

Dans l'Apocalypse, le Sauveur indique <strong>en</strong> ces<br />

termes l'état <strong>de</strong> l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers temps : « Tu<br />

569


passes pour être vivant, et tu es mort. » À ceux qui<br />

ne veul<strong>en</strong>t pas sortir <strong>de</strong> leur indiffér<strong>en</strong>ce, cet<br />

avertissem<strong>en</strong>t est donné : « Si tu ne veilles pas, je<br />

vi<strong>en</strong>drai comme un voleur, et tu ne sauras pas à<br />

quelle heure je vi<strong>en</strong>drai sur toi. » (Apocalypse<br />

3.1,3)<br />

<strong>Le</strong>s hommes <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t être<br />

prév<strong>en</strong>us du danger qu'ils courai<strong>en</strong>t, mais réveillés<br />

et exhortés à se préparer <strong>en</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts<br />

sol<strong>en</strong>nels <strong>de</strong>vant surv<strong>en</strong>ir à la fin du temps <strong>de</strong><br />

grâce. <strong>Le</strong>s prophètes l'avai<strong>en</strong>t dit : « <strong>Le</strong> jour <strong>de</strong><br />

l'Éternel est grand, il est terrible : Qui pourra le<br />

sout<strong>en</strong>ir? Qui pourra subsister <strong>de</strong>vant Celui dont<br />

les « yeux sont trop purs pour voir le mal », et qui<br />

« ne peut pas regar<strong>de</strong>r l'iniquité »? Pour ceux qui,<br />

tout <strong>en</strong> disant : « Mon Dieu, nous te connaissons »,<br />

« viol<strong>en</strong>t son alliance », « cour<strong>en</strong>t après les dieux<br />

étrangers », cach<strong>en</strong>t leurs transgressions et aim<strong>en</strong>t<br />

les s<strong>en</strong>tiers <strong>de</strong> l'iniquité, le jour du Seigneur sera un<br />

jour <strong>de</strong> « ténèbres, et non <strong>de</strong> lumière » (Joël 2.11;<br />

Habakuk 1.13; Osée 8.2, 1; Psaume 16.4; Amos<br />

5.20), d'obscurité, et non <strong>de</strong> clarté. « En ce tempslà,<br />

dit l'Éternel, je fouillerai Jérusalem avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

570


lampes, et je châtierai les hommes qui repos<strong>en</strong>t sur<br />

leurs lies, et qui dis<strong>en</strong>t dans leur coeur : L'Éternel<br />

ne fait ni bi<strong>en</strong> ni mal. » « Je punirai le mon<strong>de</strong> pour<br />

sa malice, et les méchants pour leurs iniquités; je<br />

ferai cesser l'orgueil <strong><strong>de</strong>s</strong> hautains, et j'abattrai<br />

l'arrogance <strong><strong>de</strong>s</strong> tyrans. » « Ni leur arg<strong>en</strong>t ni leur or<br />

ne pourront les délivrer. » « <strong>Le</strong>urs bi<strong>en</strong>s seront au<br />

pillage, et leurs maisons seront dévastées. »<br />

(Sophonie 1.12, 18, 13; Ésaïe 13.9)<br />

Contemplant <strong>de</strong> loin ce temps redoutable, le<br />

prophète Jérémie s'écrie : « Je souffre au-<strong>de</strong>dans <strong>de</strong><br />

mon coeur.... Je ne puis me taire; car tu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds,<br />

mon âme, le son <strong>de</strong> la trompette, le cri <strong>de</strong> guerre.<br />

On annonce ruine sur ruine, car tout le pays est<br />

ravagé. » (Jérémie 4.19, 20)<br />

« Ce jour est un jour <strong>de</strong> fureur, un jour <strong>de</strong><br />

détresse et d'angoisse, un jour <strong>de</strong> ravage et <strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction, un jour <strong>de</strong> ténèbres et d'obscurité, un<br />

jour <strong>de</strong> nuées et <strong>de</strong> brouillards, un jour où<br />

ret<strong>en</strong>tiront la trompette et les cris <strong>de</strong> guerre contre<br />

les villes fortes et les tours élevées. » « Voici, le<br />

jour <strong>de</strong> l'Éternel arrive, jour cruel; jour <strong>de</strong> colère et<br />

571


d'ard<strong>en</strong>te fureur, qui réduira la terre <strong>en</strong> solitu<strong>de</strong>, et<br />

<strong>en</strong> exterminera les pécheurs. » (Sophonie 1.15, 16;<br />

Ésaïe 13.9)<br />

En vue <strong>de</strong> ce jour, redoutable <strong>en</strong>tre tous, Dieu,<br />

par Sa Parole, adjure Son peuple dans les termes<br />

les plus émouvants à sortir <strong>de</strong> sa léthargie<br />

spirituelle et à rechercher Sa face par la prière et<br />

l'humiliation : « Sonnez du cor <strong>en</strong> Sion, poussez<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cris sur la montagne <strong>de</strong> ma sainteté! Qu'ils<br />

trembl<strong>en</strong>t, tous les habitants <strong>de</strong> la terre, car le jour<br />

<strong>de</strong> l'Éternel vi<strong>en</strong>t! oui, il est proche! » « Publiez un<br />

jeûne, une convocation sol<strong>en</strong>nelle! Assemblez le<br />

peuple, formez une sainte réunion! Assemblez les<br />

vieillards, assemblez les <strong>en</strong>fants, même les<br />

nourrissons à la mamelle! Que l'époux sorte <strong>de</strong> sa<br />

<strong>de</strong>meure, et l'épouse <strong>de</strong> sa chambre! Qu'<strong>en</strong>tre le<br />

portique et l'autel pleur<strong>en</strong>t les sacrificateurs,<br />

serviteurs <strong>de</strong> l'Éternel. » « Rev<strong>en</strong>ez à moi <strong>de</strong> tout<br />

votre coeur, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> jeûnes, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pleurs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lam<strong>en</strong>tations! Déchirez vos coeurs et non vos<br />

vêtem<strong>en</strong>ts, et rev<strong>en</strong>ez à l'Éternel votre Dieu; car il<br />

est compatissant et miséricordieux, l<strong>en</strong>t à la colère<br />

et riche <strong>en</strong> bonté. » (Joël 2.1, vers. <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne,<br />

572


15-17, 12, 13)<br />

Une gran<strong>de</strong> réforme <strong>de</strong>vait se produire pour<br />

préparer un peuple digne <strong>de</strong> subsister au jour <strong>de</strong><br />

Dieu. Voyant que plusieurs <strong>de</strong> ceux qui<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t être ses <strong>en</strong>fants n'édifiai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> vue<br />

<strong>de</strong> l'éternité, Dieu, dans Sa miséricor<strong>de</strong>, allait leur<br />

adresser un message d'avertissem<strong>en</strong>t pour les<br />

arracher à leur torpeur et les am<strong>en</strong>er à se préparer<br />

pour la v<strong>en</strong>ue du Seigneur.<br />

Cet avertissem<strong>en</strong>t se lit dans le quatorzième<br />

chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse, où est relatée la<br />

proclamation, par trois anges <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dus du ciel,<br />

d'un triple message immédiatem<strong>en</strong>t suivi <strong>de</strong> la<br />

v<strong>en</strong>ue du Fils <strong>de</strong> l'homme pour moissonner la terre.<br />

<strong>Le</strong> premier <strong>de</strong> ces avertissem<strong>en</strong>ts annonce au<br />

mon<strong>de</strong> l'approche du jugem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> prophète<br />

contemple un ange « qui vole par le milieu du ciel,<br />

ayant un Évangile éternel, pour l'annoncer aux<br />

habitants <strong>de</strong> la terre, à toute nation, à toute tribu, à<br />

toute langue, et à tout peuple. Il dit d'une voix forte<br />

: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l'heure <strong>de</strong><br />

son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue; et adorez celui qui a fait le<br />

573


ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux. »<br />

(Apocalypse 14.6, 7)<br />

Ce message, est-il dit, fait partie <strong>de</strong> l'« Évangile<br />

éternel ». Or, la proclamation <strong>de</strong> l'Évangile n'a pas<br />

été confiée aux anges, mais aux hommes. <strong>Le</strong>s trois<br />

anges sont chargés <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> cette oeuvre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à assurer le salut <strong>de</strong> la race humaine; mais<br />

la prédication <strong>de</strong> l'Évangile proprem<strong>en</strong>t dite est<br />

faite par les serviteurs <strong>de</strong> Dieu vivant sur la terre.<br />

Cet avertissem<strong>en</strong>t fut effectivem<strong>en</strong>t donné au<br />

mon<strong>de</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes fidèles, att<strong>en</strong>tifs aux<br />

directions du Saint-Esprit et à l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes respectueux <strong>de</strong> la « parole<br />

prophétique » « plus certaine », comparée par<br />

l'apôtre Pierre à « une lampe qui brille dans un lieu<br />

obscur, jusqu'a ce que le jour vi<strong>en</strong>ne à paraître et<br />

que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs ». Ils<br />

<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t recherché la connaissance comme un<br />

trésor plus précieux que l'arg<strong>en</strong>t et l'or. (2 Pierre<br />

1.19; voir Proverbes 3.14) C'est à ces hommes-là<br />

que le Seigneur révéla ce qui concerne son<br />

royaume. « L'amitié <strong>de</strong> l'Éternel est pour ceux qui<br />

574


le craign<strong>en</strong>t, et son alliance leur donne instruction.<br />

» (Psaume 25.14)<br />

Ce ne fur<strong>en</strong>t pas les savants théologi<strong>en</strong>s qui<br />

reçur<strong>en</strong>t cette vérité et qui la fir<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre au<br />

mon<strong>de</strong>. S'ils avai<strong>en</strong>t été <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tinelles fidèles,<br />

sondant les Écritures avec prière, ils euss<strong>en</strong>t connu<br />

l'heure <strong>de</strong> la nuit; ils euss<strong>en</strong>t appris, par les<br />

prophéties, les événem<strong>en</strong>ts qui se préparai<strong>en</strong>t. À<br />

cause <strong>de</strong> leur indiffér<strong>en</strong>ce, le message fut confié à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes plus humbles. Jésus dit : « Marchez<br />

p<strong>en</strong>dant que vous avez la lumière, afin que les<br />

ténèbres ne vous surpr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t point. » Ceux qui se<br />

détourn<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la lumière que Dieu leur a donnée,<br />

ou qui ne la reçoiv<strong>en</strong>t pas p<strong>en</strong>dant qu'elle est à leur<br />

portée, rest<strong>en</strong>t dans les ténèbres. En revanche le<br />

Sauveur dit : « Celui qui me suit ne marchera pas<br />

dans les ténèbres, mais il aura la lumière <strong>de</strong> la vie.<br />

» (Jean 12.35; 8.12) Celui qui recherche<br />

sincèrem<strong>en</strong>t la volonté <strong>de</strong> Dieu et se conforme aux<br />

connaissances qu'il possè<strong>de</strong> recevra <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières<br />

plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong>; quelque étoile d'un éclat céleste lui<br />

sera <strong>en</strong>voyée pour le conduire dans toute la vérité.<br />

575


Au temps du Sauveur, les sacrificateurs et les<br />

scribes <strong>de</strong> la ville sainte, à qui avait été confié le<br />

dépôt <strong><strong>de</strong>s</strong> Oracles divins, aurai<strong>en</strong>t pu discerner les<br />

signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps et proclamer la v<strong>en</strong>ue du Messie<br />

promis. <strong>La</strong> prophétie <strong>de</strong> Michée indiquait le lieu <strong>de</strong><br />

sa naissance, et Daniel <strong>en</strong> fixait la date. (Michée<br />

5.1; Daniel 9.25) Dieu ayant confié ces prophéties<br />

aux principaux d'<strong>en</strong>tre les Juifs, ils étai<strong>en</strong>t sans<br />

excuse d'ignorer la v<strong>en</strong>ue immin<strong>en</strong>te du Messie et<br />

<strong>de</strong> ne point l'annoncer au peuple. <strong>Le</strong>ur ignorance<br />

était la conséqu<strong>en</strong>ce d'une néglig<strong>en</strong>ce coupable.<br />

<strong>Le</strong>s Juifs érigeai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> monum<strong>en</strong>ts aux prophètes<br />

martyrs, mais, par leur complaisance <strong>en</strong>vers les<br />

grands <strong>de</strong> la terre, ils r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t hommage aux<br />

serviteurs <strong>de</strong> Satan. Absorbés par le conflit <strong>de</strong> leurs<br />

ambitions terrestres, ils perdai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vue les<br />

honneurs que le Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois leur avait conférés.<br />

<strong>Le</strong>s anci<strong>en</strong>s d'Israël aurai<strong>en</strong>t dû, avec un<br />

respectueux intérêt, s'<strong>en</strong>quérir du lieu, <strong>de</strong> la date et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> circonstances <strong>en</strong>tourant le plus grand<br />

événem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'histoire : la v<strong>en</strong>ue du Fils <strong>de</strong> Dieu<br />

pour le salut <strong>de</strong> l'humanité. <strong>Le</strong> peuple <strong>en</strong>tier aurait<br />

dû être <strong>en</strong> état d'alerte, afin d'être le premier à<br />

576


souhaiter la bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue au Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong>.<br />

Mais que vit-on? À Bethléhem, <strong>de</strong>ux voyageurs<br />

fatigués, <strong>en</strong> quête d'un abri pour la nuit, long<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

vain toute la rue étroite <strong>de</strong> la ville jusqu'à son<br />

extrémité ori<strong>en</strong>tale. Aucune porte ne s'ouvrant pour<br />

les accueillir, ils trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin un refuge dans un<br />

misérable abri <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné au bétail, et c'est là que le<br />

Sauveur vi<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s anges – qui avai<strong>en</strong>t contemplé la gloire du<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu auprès du Père avant que le mon<strong>de</strong> fût<br />

– att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t avec émotion l'apparition sur la terre<br />

<strong>de</strong> l'événem<strong>en</strong>t qui <strong>de</strong>vait être pour tout le peuple<br />

le sujet d'une joie imm<strong>en</strong>se. Une cohorte angélique<br />

fut <strong>en</strong>voyée pour <strong>en</strong> porter l'heureuse nouvelle à<br />

ceux qui étai<strong>en</strong>t préparés à la recevoir et à la faire<br />

connaître aux habitants <strong>de</strong> la terre. <strong>Le</strong> Messie s'était<br />

abaissé jusqu'à revêtir la nature humaine pour<br />

donner son âme <strong>en</strong> sacrifice pour le péché au prix<br />

d'un poids infini <strong>de</strong> souffrances. Néanmoins, les<br />

anges désirai<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong> son humiliation le Fils du<br />

Très-Haut fît son <strong>en</strong>trée au sein <strong>de</strong> la famille<br />

humaine avec la dignité et la gloire dues à son<br />

rang. <strong>Le</strong>s grands <strong>de</strong> la terre ne se réuniront-ils pas<br />

577


dans la capitale d'Israël pour l'acclamer et les<br />

légions célestes ne le prés<strong>en</strong>teront-elles pas à la<br />

foule qui l'att<strong>en</strong>d?<br />

L'un d'eux parcourt la terre pour voir si elle se<br />

prépare à accueillir le Sauveur. Mais il ne voit ri<strong>en</strong><br />

et n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d aucun chant <strong>de</strong> triomphe annoncer que<br />

le temps du Messie est <strong>en</strong>fin arrivé. Il s'attar<strong>de</strong> sur<br />

la sainte Cité et s'arrête un instant au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du<br />

temple où, durant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, Dieu a manifesté Sa<br />

prés<strong>en</strong>ce. Mais, là aussi, règne la même<br />

indiffér<strong>en</strong>ce. Dans leur pompe orgueilleuse, les<br />

sacrificateurs offr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vains sacrifices. <strong>Le</strong>s<br />

pharisi<strong>en</strong>s adress<strong>en</strong>t au peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> discours<br />

sonores, ou répèt<strong>en</strong>t au coin <strong><strong>de</strong>s</strong> rues <strong>de</strong><br />

prét<strong>en</strong>tieuses prières. Ni dans les palais <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, ni<br />

dans les cénacles <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes, ni dans les<br />

écoles <strong><strong>de</strong>s</strong> rabbins, on ne se préoccupe <strong>de</strong><br />

l'événem<strong>en</strong>t salué dans les parvis célestes par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

symphonies d'allégresse.<br />

Ri<strong>en</strong> sur la terre ne trahit l'att<strong>en</strong>te du Messie;<br />

nulle part on n'aperçoit <strong>de</strong> préparatifs pour recevoir<br />

le Prince <strong>de</strong> la vie. Stupéfait, le céleste messager<br />

578


est sur le point <strong>de</strong> remonter au ciel pour y porter la<br />

honteuse nouvelle, quand il découvre un groupe <strong>de</strong><br />

bergers passant la nuit à veiller sur leurs troupeaux.<br />

Ceux-ci, <strong>en</strong> contemplant la voûte étoilée,<br />

s'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties messianiques et<br />

soupir<strong>en</strong>t après la v<strong>en</strong>ue du Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong>.<br />

Évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, ces g<strong>en</strong>s sont prêts à recevoir le<br />

message divin. Soudain, l'ange leur apparaît pour<br />

leur apporter la gran<strong>de</strong> nouvelle. <strong>La</strong> plaine est<br />

inondée <strong>de</strong> la gloire céleste; puis une multitu<strong>de</strong><br />

étincelante frappe leurs regards et, pour exprimer<br />

dignem<strong>en</strong>t la joie du ciel <strong>en</strong>tier, d'innombrables<br />

voix <strong>en</strong>tonn<strong>en</strong>t l'hymne que les élus <strong>de</strong> toutes les<br />

nations chanteront un jour : « Gloire à Dieu dans<br />

les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les<br />

hommes qu'il agrée! » (Luc 2.14)<br />

Une grave leçon, une verte c<strong>en</strong>sure, se dégage<br />

<strong>de</strong> cette merveilleuse histoire <strong>de</strong> Bethléhem à<br />

l'adresse <strong>de</strong> notre incrédulité et <strong>de</strong> notre orgueil!<br />

Quel avertissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nous t<strong>en</strong>ir sur nos gar<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong><br />

peur qu'une indiffér<strong>en</strong>ce criminelle ne nous cache<br />

les signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps et le jour où nous sommes<br />

visités!<br />

579


Ce ne fut pas seulem<strong>en</strong>t dans les montagnes <strong>de</strong><br />

Juda, parmi d'humbles bergers, que les messagers<br />

célestes trouvèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes prêtes à accueillir la<br />

v<strong>en</strong>ue du Messie. Il y <strong>en</strong> eut aussi dans les pays<br />

paï<strong>en</strong>s. Des philosophes ori<strong>en</strong>taux, hommes sages,<br />

nobles et riches, qui étudiai<strong>en</strong>t la nature, avai<strong>en</strong>t<br />

découvert Dieu dans ses oeuvres. Dans les écrits<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Hébreux, ils avai<strong>en</strong>t trouvé la prédiction <strong>de</strong> «<br />

l'astre [qui] sort <strong>de</strong> Jacob (Nombres 24.17), et ils<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t avec impati<strong>en</strong>ce la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> celui qui<br />

<strong>de</strong>vait être non seulem<strong>en</strong>t « la consolation d'Israël<br />

», mais aussi une « lumière pour éclairer les<br />

nations » et le salut <strong>de</strong> tous les peuples. (Luc 2.25,<br />

32; Actes 13.47) Ils cherchai<strong>en</strong>t la lumière, et la<br />

lumière céleste illumina leur s<strong>en</strong>tier. Tandis que les<br />

sacrificateurs et les rabbins <strong>de</strong> Jérusalem,<br />

dépositaires et interprètes attitrés <strong>de</strong> la vérité,<br />

étai<strong>en</strong>t plongés dans les ténèbres, le ciel <strong>en</strong>voyait<br />

une étoile pour gui<strong>de</strong>r ces étrangers vers le lieu <strong>de</strong><br />

naissance du roi nouveau-né.<br />

C'est égalem<strong>en</strong>t à « ceux qui l'att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t » que<br />

Jésus-Christ « apparaîtra sans péché, une secon<strong>de</strong><br />

580


fois », « pour leur salut ». <strong>Le</strong> message du retour du<br />

Sauveur, <strong>de</strong> même que la nouvelle <strong>de</strong> Sa naissance,<br />

ne fut pas confié aux conducteurs religieux. Ces<br />

<strong>de</strong>rniers, ayant rompu leur communion avec Dieu<br />

et refusé la lumière céleste, n'étai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> ceux<br />

dont Paul parle <strong>en</strong> ces termes : « Mais vous, frères,<br />

vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour<br />

vous surpr<strong>en</strong>ne comme un voleur; vous êtes tous<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> la lumière et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants du jour.<br />

Nous ne sommes point <strong>de</strong> la nuit ni <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres. »<br />

(Hébreux 9.28; 1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.4, 5)<br />

<strong>Le</strong>s « s<strong>en</strong>tinelles » postées « sur les murs <strong>de</strong><br />

Sion » aurai<strong>en</strong>t dû être les premières à recevoir la<br />

nouvelle <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue du Seigneur, à <strong>en</strong> proclamer<br />

l'immin<strong>en</strong>ce, à exhorter leurs auditeurs à s'y<br />

préparer. Mais, rêvant <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> sécurité, elles<br />

vivai<strong>en</strong>t dans une douce quiétu<strong>de</strong>, tandis que le<br />

peuple sommeillait dans ses péchés. Perçant les<br />

siècles du regard, Jésus avait vu son Église<br />

semblable au figuier stérile, couvert d'un feuillage<br />

prét<strong>en</strong>tieux, mais dépourvu <strong>de</strong> fruits. On y<br />

observait ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les formes <strong>de</strong> la religion,<br />

tandis que la vraie humilité, la conversion et la foi,<br />

581


seules agréables à Dieu, faisai<strong>en</strong>t défaut. Au lieu<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> grâces <strong>de</strong> l'Esprit, on y manifestait l'orgueil, le<br />

formalisme, la propre justice, l'égoïsme et<br />

l'oppression. Une Église refroidie fermait les yeux<br />

aux signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Dieu ne l'avait pas<br />

abandonnée, il n'avait pas manqué <strong>de</strong> fidélité<br />

<strong>en</strong>vers elle, mais elle s'était elle-même soustraite à<br />

son amour. Ayant refusé <strong>de</strong> se soumettre aux<br />

conditions requises, elle n'avait point bénéficié <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

promesses <strong>de</strong> Dieu la concernant.<br />

Telle est la conséqu<strong>en</strong>ce inévitable <strong>de</strong><br />

l'indiffér<strong>en</strong>ce à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> privilèges que Dieu<br />

accor<strong>de</strong> aux si<strong>en</strong>s. Dès que l'Église cesse <strong>de</strong><br />

marcher dans la lumière, dès qu'elle néglige d'<strong>en</strong><br />

mettre à profit tous les rayons et d'accomplir tous<br />

les <strong>de</strong>voirs qu'elle impose, la religion dégénère <strong>en</strong><br />

un formalisme exempt <strong>de</strong> piété vivante. Cette<br />

vérité s'est maintes fois confirmée dans l'histoire <strong>de</strong><br />

l'Église. Dieu <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à son peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> actes <strong>de</strong><br />

foi et d'obéissance proportionnés aux bénédictions<br />

reçues. Or l'obéissance exige un sacrifice et<br />

implique une croix. Voilà la raison pour laquelle<br />

tant <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s qui se disai<strong>en</strong>t disciples <strong>de</strong> Jésus-<br />

582


Christ refusèr<strong>en</strong>t la lumière du ciel et, comme jadis<br />

les Juifs, ne connur<strong>en</strong>t pas le temps où ils étai<strong>en</strong>t<br />

visités. (Luc 19.44) En raison <strong>de</strong> leur orgueil et <strong>de</strong><br />

leur incrédulité, Dieu les abandonna pour révéler<br />

Sa vérité à ceux qui, semblables aux bergers <strong>de</strong><br />

Bethléhem et aux mages d'Ori<strong>en</strong>t, avai<strong>en</strong>t profité<br />

<strong>de</strong> toutes les lumières qu'ils avai<strong>en</strong>t reçues.<br />

583


Chapitre 18<br />

Un réformateur Américain<br />

Pour lancer la proclamation du retour <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ, Dieu choisit un simple cultivateur, au coeur<br />

droit et loyal, qui <strong>en</strong> était v<strong>en</strong>u à douter <strong>de</strong><br />

l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, mais qui désirait<br />

sincèrem<strong>en</strong>t connaître la vérité. Né à Low<br />

Hampton, dans l'État <strong>de</strong> New York, <strong>en</strong> 1782,<br />

William Miller, comme bi<strong>en</strong> d'autres réformateurs,<br />

avait passé sa jeunesse à l'école <strong>de</strong> la pauvreté où il<br />

avait puisé <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons d'énergie et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s traits caractéristiques <strong>de</strong> sa famille, fortem<strong>en</strong>t<br />

marqués chez lui, étai<strong>en</strong>t l'amour <strong>de</strong> l'indép<strong>en</strong>dance<br />

et <strong>de</strong> la liberté, l'<strong>en</strong>durance et un ard<strong>en</strong>t<br />

patriotisme. Son père avait été capitaine dans<br />

l'armée <strong>de</strong> la Révolution, et c'est aux sacrifices et<br />

aux souffrances qu'il avait cons<strong>en</strong>tis au cours <strong>de</strong><br />

cette pério<strong>de</strong> orageuse, qu'il faut attribuer la<br />

pauvreté <strong>de</strong> la jeunesse <strong>de</strong> William.<br />

En plus d'une constitution robuste, le jeune<br />

584


Miller posséda dès son <strong>en</strong>fance une intellig<strong>en</strong>ce<br />

s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la moy<strong>en</strong>ne. Sa soif <strong>de</strong><br />

connaissance, son amour <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>, son esprit<br />

investigateur et son jugem<strong>en</strong>t pondéré, qui allèr<strong>en</strong>t<br />

sans cesse <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant, suppléèr<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t à<br />

son manque d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> universitaires. D'une moralité<br />

irréprochable, il était estimé pour sa probité, son<br />

industrie et sa générosité. À force d'énergie et<br />

d'application, tout <strong>en</strong> conservant ses habitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

studieuses, il acquit <strong>de</strong> bonne heure une certaine<br />

aisance. Et comme il avait occupé avec honneur<br />

divers postes civils et militaires, l'accès à la fortune<br />

et aux dignités paraissai<strong>en</strong>t lui être promis.<br />

De sa mère, profondém<strong>en</strong>t pieuse, il reçut dans<br />

son jeune âge une empreinte qui <strong>de</strong>vait s'atténuer<br />

lorsqu'il <strong>en</strong>tra, plus tard, <strong>en</strong> relation avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

déistes, pour la plupart respectables, humains et<br />

généreux. Ceux-ci, élevés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions<br />

chréti<strong>en</strong>nes, et re<strong>de</strong>vables à la Parole <strong>de</strong> Dieu du<br />

respect et <strong>de</strong> la confiance dont ils jouissai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

étai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant v<strong>en</strong>us à combattre la Bible. En<br />

leur compagnie, Miller avait fini par adopter leurs<br />

opinions. L'interprétation populaire <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

585


Écritures prés<strong>en</strong>tait <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés qui lui<br />

paraissai<strong>en</strong>t insurmontables. D'autre part, ses<br />

nouvelles croyances, qui faisai<strong>en</strong>t table rase <strong>de</strong><br />

l'Évangile, ne lui offrai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> meilleur et ne lui<br />

donnai<strong>en</strong>t aucune assurance <strong>de</strong> bonheur au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

la tombe. Aussi était-il loin d'<strong>en</strong> être satisfait et<br />

l'av<strong>en</strong>ir lui paraissait-il <strong>en</strong>veloppé <strong>de</strong> sombres<br />

nuages. Miller était resté douze ans dans ces<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, quand, arrivé à l'âge <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te-quatre<br />

ans, il fut convaincu <strong>de</strong> péché par le Saint-Esprit.<br />

Voici comm<strong>en</strong>t il raconta plus tard les luttes<br />

morales qu'il affronta alors :<br />

« <strong>La</strong> perspective <strong>de</strong> l'anéantissem<strong>en</strong>t avait pour<br />

moi quelque chose <strong>de</strong> lugubre et <strong>de</strong> glacial, tandis<br />

que celle d'un jugem<strong>en</strong>t futur équivalait à la<br />

perdition certaine <strong>de</strong> tous les hommes. <strong>Le</strong> ciel était<br />

d'airain au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> ma tête, la terre <strong>de</strong> fer sous<br />

mes pas. Qu'était-ce que l'éternité? Pourquoi la<br />

mort régnait-elle? Plus je raisonnais, plus je voyais<br />

s'éloigner les solutions. Plus je réfléchissais, plus<br />

mes idées étai<strong>en</strong>t confuses. Je t<strong>en</strong>tai <strong>de</strong> n'y plus<br />

p<strong>en</strong>ser, mais je n'<strong>en</strong> étais pas capable. Aussi étaisje<br />

vraim<strong>en</strong>t malheureux, mais sans savoir pourquoi.<br />

586


Je murmurais, mais sans savoir contre qui. Je<br />

discernais le mal, mais je ne savais ni où ni<br />

comm<strong>en</strong>t trouver le bi<strong>en</strong>. J'étais désolé et<br />

désespéré. »<br />

Miller <strong>de</strong>meura quelques mois dans cet état. «<br />

Soudain, dit-il, la p<strong>en</strong>sée d'un Sauveur se prés<strong>en</strong>ta<br />

vivem<strong>en</strong>t à mon esprit. Il me sembla compr<strong>en</strong>dre<br />

qu'il existait un Être assez bon et compatissant pour<br />

faire lui-même l'expiation <strong>de</strong> nos transgressions et<br />

porter la peine <strong>de</strong> nos péchés. Je s<strong>en</strong>tis aussitôt<br />

combi<strong>en</strong> un tel Être serait aimable, et il me parut<br />

que je pourrais sans hésitation me jeter dans ses<br />

bras et me confier <strong>en</strong> sa miséricor<strong>de</strong>. Constatant<br />

d'ailleurs qu'<strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures je ne<br />

trouverais aucune preuve ni <strong>de</strong> l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce<br />

Sauveur, ni <strong>de</strong> la vie à v<strong>en</strong>ir, j'<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çai<br />

l'étu<strong>de</strong>.<br />

» Voyant que les Écritures nous révèl<strong>en</strong>t<br />

exactem<strong>en</strong>t le Sauveur dont j'avais besoin, je me<br />

<strong>de</strong>mandai, avec un certain embarras, comm<strong>en</strong>t un<br />

livre non inspiré pouvait prés<strong>en</strong>ter <strong><strong>de</strong>s</strong> principes si<br />

bi<strong>en</strong> adaptés aux besoins <strong>de</strong> l'homme déchu, et je<br />

587


fus obligé d'admettre que la Bible <strong>de</strong>vait être<br />

inspirée <strong>de</strong> Dieu. Ce livre <strong>de</strong>vint mes délices et<br />

Jésus, mon unique et meilleur ami, mon Sauveur,<br />

celui 'qui se distingue <strong>en</strong>tre dix mille' <strong>Le</strong>s saintes<br />

Écritures, qui auparavant me paraissai<strong>en</strong>t obscures<br />

et contradictoires, fur<strong>en</strong>t désormais 'une lampe à<br />

mes pieds et une lumière sur mon s<strong>en</strong>tier'. Je<br />

trouvai le repos. <strong>Le</strong> Seigneur m'apparut comme un<br />

rocher au milieu <strong>de</strong> l'océan <strong>de</strong> la vie. Désormais, la<br />

Bible constitua ma principale étu<strong>de</strong>, et je m'y<br />

consacrai avec délices. Convaincu qu'on ne m'avait<br />

jamais fait contempler la moitié <strong>de</strong> sa beauté et <strong>de</strong><br />

sa gloire, je me <strong>de</strong>mandais avec étonnem<strong>en</strong>t<br />

comm<strong>en</strong>t j'avais pu la rejeter. J'y trouvai la<br />

satisfaction <strong>de</strong> toutes les aspirations <strong>de</strong> mon coeur<br />

et un remè<strong>de</strong> à toutes les maladies <strong>de</strong> mon âme.<br />

Perdant le goût <strong>de</strong> toute autre lecture, je<br />

m'appliquai désormais à rechercher <strong>en</strong> Dieu la<br />

sagesse dont mon coeur avait besoin. » (S. Bliss,<br />

memoirs of william Miller, p. 65-67) Miller fit une<br />

profession publique <strong>de</strong> sa foi <strong>en</strong> une religion qu'il<br />

avait méprisée. Ses amis incrédules ne se fir<strong>en</strong>t pas<br />

faute <strong>de</strong> lui servir tous les argum<strong>en</strong>ts qu'il avait luimême<br />

souv<strong>en</strong>t avancés contre l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

588


Écritures. Ne se trouvant pas alors <strong>en</strong> état <strong>de</strong> les<br />

réfuter, il se dit que si ce Livre est une révélation<br />

divine, il doit s'expliquer lui-même et être adapté à<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l'homme. En conséqu<strong>en</strong>ce, il prit la<br />

résolution <strong>de</strong> l'étudier par lui-même et <strong>de</strong> s'assurer<br />

si ces contradictions étai<strong>en</strong>t réelles ou seulem<strong>en</strong>t<br />

appar<strong>en</strong>tes.<br />

S'efforçant d'abandonner toute idée préconçue<br />

et se passant <strong>de</strong> comm<strong>en</strong>taires, il se mit à comparer<br />

les textes <strong>en</strong>tre eux à l'ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> référ<strong>en</strong>ces<br />

marginales et d'une « concordance ». Comm<strong>en</strong>çant<br />

par la G<strong>en</strong>èse, il poursuivit méthodiquem<strong>en</strong>t cette<br />

étu<strong>de</strong>, verset après verset, ne quittant un passage<br />

qu'après <strong>en</strong> avoir clairem<strong>en</strong>t saisi le s<strong>en</strong>s. Quand un<br />

point lui paraissait obscur, il le comparait avec tous<br />

les passages pouvant avoir quelque rapport avec le<br />

sujet, mais <strong>en</strong> laissant à chaque mot son s<strong>en</strong>s<br />

propre. Dès que son interprétation concordait avec<br />

tous les autres passages, il considérait la difficulté<br />

comme résolue. C'est ainsi qu'<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d'un<br />

texte difficile à compr<strong>en</strong>dre, il <strong>en</strong> trouvait<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce dans un autre. À mesure qu'il avançait<br />

dans son étu<strong>de</strong>, <strong>en</strong> <strong>de</strong>mandant à Dieu avec ferveur<br />

589


<strong>de</strong> lui accor<strong>de</strong>r Sa lumière, il constatait la véracité<br />

<strong>de</strong> cette parole du psalmiste : « <strong>La</strong> révélation <strong>de</strong> tes<br />

paroles éclaire; elle donne <strong>de</strong> l'intellig<strong>en</strong>ce aux<br />

simples. » (Psaumes 119.130)<br />

L'intérêt <strong>de</strong> Miller s'accrut <strong>en</strong>core quand il<br />

aborda l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> livres <strong>de</strong> Daniel et <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse. En leur appliquant les mêmes<br />

principes d'interprétation qu'aux autres livres <strong>de</strong><br />

l'Écriture, il ne tarda pas à découvrir, à sa gran<strong>de</strong><br />

joie, que les symboles prophétiques étai<strong>en</strong>t<br />

intelligibles. Il vit que les prophéties<br />

s'accomplissai<strong>en</strong>t littéralem<strong>en</strong>t et que toutes les<br />

figures, métaphores, paraboles et similitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, si<br />

elles n'étai<strong>en</strong>t pas expliquées dans le contexte,<br />

trouvai<strong>en</strong>t ailleurs leur définition <strong>en</strong> termes<br />

propres. « Je pus me convaincre, remarque-t-il, que<br />

la Bible est un système <strong>de</strong> vérités si clairem<strong>en</strong>t<br />

révélées et si simplem<strong>en</strong>t exposées que l'homme<br />

craignant Dieu, fût-il un ignorant, ne peut s'y<br />

tromper. » (S.Bliss, ouv. cité, p. 70.) Alors qu'il<br />

suivait l'une après l'autre, à travers l'histoire, les<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> chaînes prophétiques, leurs<br />

accomplissem<strong>en</strong>ts, se découvrant à ses yeux,<br />

590


v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t récomp<strong>en</strong>ser ses efforts. <strong>Le</strong>s anges <strong>de</strong><br />

Dieu dirigeai<strong>en</strong>t son esprit et lui donnai<strong>en</strong>t<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures.<br />

En étudiant les prophéties dont<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>core futur, Miller ne tarda<br />

pas à être persuadé que l'idée populaire qui place<br />

avant la fin du mon<strong>de</strong> un règne spirituel <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ connu sous le nom <strong>de</strong> « Millénium », n'est<br />

pas sanctionnée par l'Écriture. Cette doctrine d'une<br />

ère <strong>de</strong> mille ans <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> paix précédant le<br />

retour du Seigneur rejette naturellem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> loin<br />

dans l'av<strong>en</strong>ir les terreurs du grand jour <strong>de</strong> Dieu.<br />

Mais, bi<strong>en</strong> qu'elle soit séduisante, elle est <strong>en</strong><br />

opposition avec les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

et <strong>de</strong> ses apôtres, qui ont déclaré que le bon grain et<br />

l'ivraie doiv<strong>en</strong>t croître <strong>en</strong>semble jusqu'à la<br />

moisson, c'est-à-dire jusqu'à la fin du mon<strong>de</strong>, que «<br />

les hommes méchants et imposteurs avanceront<br />

toujours plus dans le mal, égarant les autres et<br />

égarés eux-mêmes »; que, « dans les <strong>de</strong>rniers jours,<br />

il y aura <strong><strong>de</strong>s</strong> temps difficiles », et que le royaume<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres durera jusqu'à l'avènem<strong>en</strong>t du<br />

Seigneur, pour être alors « consumé par le souffle<br />

591


<strong>de</strong> sa bouche et détruit par l'éclat <strong>de</strong> son avènem<strong>en</strong>t<br />

». (Matthieu 13.30, 38-41; 2 Timothée 3.13, 1; 2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.8)<br />

L'Église apostolique n'a pas connu la doctrine<br />

<strong>de</strong> la conversion du mon<strong>de</strong> et d'un règne spirituel<br />

du Christ avant son retour <strong>en</strong> gloire. Ce dogme n'a<br />

été adopté par les chréti<strong>en</strong>s que vers le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du XVIIIe siècle. Ses fruits,<br />

comme ceux <strong>de</strong> toutes les erreurs, ont été funestes.<br />

Reléguant le retour du Seigneur dans un av<strong>en</strong>ir<br />

lointain, il a empêché beaucoup <strong>de</strong> croyants <strong>de</strong><br />

pr<strong>en</strong>dre au sérieux les signes avant-coureurs <strong>de</strong> ce<br />

retour. Il t<strong>en</strong>d à créer un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sécurité<br />

illusoire et conduit un grand nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s à<br />

négliger la préparation exigée.<br />

Miller vit que les Écritures <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t<br />

formellem<strong>en</strong>t le retour personnel et visible <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ. Saint Paul écrit : « <strong>Le</strong> Seigneur luimême,<br />

à un signal donné, à la voix d'un archange,<br />

et au son <strong>de</strong> la trompette <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dra du<br />

ciel. » Et le Sauveur déclare que « les tribus <strong>de</strong> la<br />

terre... verront le Fils <strong>de</strong> l'homme v<strong>en</strong>ant sur les<br />

592


nuées du ciel avec puissance et une gran<strong>de</strong> gloire. »<br />

« Car, comme l'éclair part <strong>de</strong> l'ori<strong>en</strong>t et se montre<br />

jusqu'<strong>en</strong> occid<strong>en</strong>t, ainsi sera l'avènem<strong>en</strong>t du Fils <strong>de</strong><br />

l'homme. » Il sera accompagné <strong><strong>de</strong>s</strong> armées célestes<br />

: « <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> l'homme vi<strong>en</strong>dra dans sa gloire, avec<br />

tous les anges. » « Il <strong>en</strong>verra ses anges avec la<br />

trompette ret<strong>en</strong>tissante, et ils rassembleront ses<br />

élus. » (1 Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16; Matthieu 24.30,<br />

27, 31; 25.31)<br />

Alors les justes décédés ressusciteront et les<br />

justes vivants seront changés. « Nous ne mourrons<br />

pas tous, dit l'apôtre, mais tous nous serons<br />

changés, <strong>en</strong> un instant, <strong>en</strong> un clin d'oeil, à la<br />

<strong>de</strong>rnière trompette. <strong>La</strong> trompette sonnera, et les<br />

morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous<br />

serons changés. Car il faut que ce corps corruptible<br />

revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel<br />

revête l'immortalité. » Dans son épître aux<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s, après avoir décrit la v<strong>en</strong>ue du<br />

Seigneur, il ajoute : « <strong>Le</strong>s morts <strong>en</strong> Christ<br />

ressusciteront premièrem<strong>en</strong>t. Ensuite, nous les<br />

vivants, qui serons restés, nous serons tous<br />

<strong>en</strong>semble <strong>en</strong>levés avec eux sur <strong><strong>de</strong>s</strong> nuées, à la<br />

593


<strong>en</strong>contre, du Seigneur dans les airs, et ainsi nous<br />

serons toujours avec le Seigneur. » (1 Corinthi<strong>en</strong>s<br />

15.51-53; 1 Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16, 17)<br />

Ce n'est qu'à la v<strong>en</strong>ue personnelle <strong>de</strong> Jésus que<br />

ses disciples recevront le royaume, comme le<br />

prouv<strong>en</strong>t ces paroles du Sauveur : « Lorsque le Fils<br />

<strong>de</strong> l'homme vi<strong>en</strong>dra dans sa gloire, avec tous les<br />

anges, il s'assiéra sur le trône <strong>de</strong> sa gloire. Toutes<br />

les nations seront assemblées <strong>de</strong>vant lui. Il séparera<br />

les uns d'avec les autres, comme le berger sépare<br />

les brebis d'avec les boucs; et il mettra les brebis à<br />

sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira<br />

à ceux qui seront à sa droite : V<strong>en</strong>ez, vous qui êtes<br />

bénis <strong>de</strong> mon Père; pr<strong>en</strong>ez possession du royaume<br />

qui vous a été préparé dès la fondation du mon<strong>de</strong>. »<br />

Dans les passages cités, Miller apprit qu'à la<br />

v<strong>en</strong>ue du Fils <strong>de</strong> l'homme, les morts ressusciteront<br />

incorruptibles, et que les vivants seront changés.<br />

En effet, comme le dit Paul : « <strong>La</strong> chair et le sang<br />

ne peuv<strong>en</strong>t hériter le royaume <strong>de</strong> Dieu, ni la<br />

corruption hériter l'incorruptibilité. » (Mathieu<br />

25.31-34; 1 Corinthi<strong>en</strong>s 15.50) Il s'<strong>en</strong>suit que nous<br />

594


n'y pouvons <strong>en</strong>trer dans notre état actuel. Voilà<br />

pourquoi, à Sa v<strong>en</strong>ue, Jésus confère l'immortalité à<br />

Ses élus et les met <strong>en</strong> possession d'un royaume<br />

qu'ils n'ont eu, jusqu'alors, qu'<strong>en</strong> espérance.<br />

Ces passages et d'autres <strong>en</strong>core convainquir<strong>en</strong>t<br />

Miller que <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts généralem<strong>en</strong>t placés<br />

avant la v<strong>en</strong>ue du Sauveur, tels qu'un règne<br />

universel <strong>de</strong> paix et l'établissem<strong>en</strong>t du règne <strong>de</strong><br />

Dieu sur la terre, sont postérieurs à cette v<strong>en</strong>ue.<br />

D'ailleurs, tous les signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps et l'état du<br />

mon<strong>de</strong> correspondai<strong>en</strong>t à la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription<br />

prophétique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours. Il résultait donc <strong>de</strong><br />

la seule étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures à laquelle se livrait<br />

Miller, que le temps assigné à notre terre dans son<br />

état actuel touchait à sa fin.<br />

« Une autre preuve qui fut pour moi d'un grand<br />

poids, écrivait-il, c'est la chronologie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures.... Je découvris que <strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts<br />

prédits et accomplis se sont souv<strong>en</strong>t produits dans<br />

un temps déterminé. Ainsi, les c<strong>en</strong>t vingt ans du<br />

déluge (G<strong>en</strong>. 6.3); les sept jours qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t le<br />

précé<strong>de</strong>r, <strong>de</strong> même que les quarante jours <strong>de</strong> pluie<br />

595


(G<strong>en</strong>. 7.4); les quatre c<strong>en</strong>ts ans du séjour <strong>de</strong> la<br />

postérité d'Abraham <strong>en</strong> Égypte (G<strong>en</strong>. 15.13); les<br />

trois jours <strong>de</strong> l'échanson et du panetier <strong>de</strong> Pharaon<br />

(G<strong>en</strong>. 40.12-20); les sept années du songe <strong>de</strong><br />

Pharaon (G<strong>en</strong>. 41.28-54); les quarante années<br />

d'Israël au désert (Nom. 14.34); les trois années et<br />

<strong>de</strong>mie <strong>de</strong> famine (1 Rois 17.1);... <strong>Le</strong>s soixante-dix<br />

ans <strong>de</strong> captivité à Babylone (Jér. 25.11); les sept<br />

temps <strong>de</strong> Nébucadnetsar (Dan. 4.13-16) et les<br />

soixante-dix semaines accordées aux Juifs (Dan.<br />

9.24-27). Tous les événem<strong>en</strong>ts inclus dans ces<br />

diverses pério<strong><strong>de</strong>s</strong> se sont accomplis conformém<strong>en</strong>t<br />

à la prédiction. » (Bliss, ouv. cité, p. 74, 75.)<br />

Aussi, lorsqu'<strong>en</strong> étudiant les Écritures Miller<br />

trouva <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> dont il était convaincu qu'elles<br />

aboutissai<strong>en</strong>t au retour du Seigneur, il ne put<br />

s'empêcher <strong>de</strong> les considérer comme marquant les<br />

« temps annoncés d'avance par la bouche <strong>de</strong> tous<br />

ses prophètes ». « <strong>Le</strong>s choses cachées sont à<br />

l'Éternel, notre Dieu; les choses révélées sont à<br />

nous et à nos <strong>en</strong>fants à perpétuité », avait dit<br />

Moïse. Et, par la plume d'Amos, le Seigneur<br />

déclare qu'il « ne fait ri<strong>en</strong> sans avoir révélé son<br />

596


secret à ses serviteurs les prophètes ». (Actes 3.18;<br />

Deutéronome 29.29; Amos 3.7) Ceux qui étudi<strong>en</strong>t<br />

la Bible peuv<strong>en</strong>t donc s'att<strong>en</strong>dre à y trouver<br />

clairem<strong>en</strong>t signalé l'événem<strong>en</strong>t le plus important <strong>de</strong><br />

l'histoire humaine.<br />

« Pleinem<strong>en</strong>t convaincu comme je l'étais, écrit<br />

Miller, que toutes les Écritures inspirées <strong>de</strong> Dieu<br />

sont utiles; qu'elles ne sont pas le produit <strong>de</strong> la<br />

volonté <strong>de</strong> l'homme, mais que « c'est poussés par le<br />

Saint-Esprit que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes ont parlé <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />

Dieu »; (2 Thessalonici<strong>en</strong>s 3.16; 2 Pierre 1.21) que,<br />

d'autre part, elles ont été écrites « pour notre<br />

instruction, afin que, par la pati<strong>en</strong>ce, et par la<br />

consolation que donn<strong>en</strong>t les Écritures, nous<br />

possédions l'espérance », (Romains 15.4) je ne<br />

pouvais m'empêcher d'accor<strong>de</strong>r aux nombres et aux<br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques <strong>de</strong> la Bible la même<br />

att<strong>en</strong>tion qu'aux autres portions <strong><strong>de</strong>s</strong> livres saints. »<br />

(Bliss, ouv. cité, p. 75.)<br />

<strong>La</strong> prophétie qui lui parut révéler le plus<br />

nettem<strong>en</strong>t le temps <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue du Seigneur était<br />

celle du prophète Daniel (chapitre 8; verset 14) : «<br />

597


Deux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins; puis le<br />

sanctuaire sera purifié. » Pr<strong>en</strong>ant, suivant sa règle,<br />

les Écritures comme leur propre interprète, Miller<br />

apprit que, dans la prophétie symbolique, un jour<br />

représ<strong>en</strong>te une année, (Nombres 14.34; Ézéchiel<br />

4.6), et qu'ainsi la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts jours prophétiques s'ét<strong>en</strong>dait bi<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

la fin <strong>de</strong> la disp<strong>en</strong>sation judaïque et ne pouvait<br />

s'appliquer au sanctuaire <strong>de</strong> cette disp<strong>en</strong>sation.<br />

Adoptant l'idée généralem<strong>en</strong>t reçue que notre terre<br />

était le sanctuaire <strong>de</strong> la disp<strong>en</strong>sation chréti<strong>en</strong>ne,<br />

Miller <strong>en</strong> conclut que la purification du sanctuaire<br />

prédite par Daniel n'était autre que l'embrasem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> notre globe à l'apparition du Seigneur. Ensuite,<br />

il réfléchit que s'il lui était possible <strong>de</strong> déterminer<br />

le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts jours, ri<strong>en</strong> ne serait plus aisé que <strong>de</strong> trouver la<br />

date du retour du Seigneur. Ainsi serait révélée<br />

l'heure du grand dénouem<strong>en</strong>t, celle où la société<br />

actuelle, « avec son orgueil et sa puissance, sa<br />

pompe et sa vanité, sa méchanceté et son<br />

oppression, pr<strong>en</strong>dra fin », l'heure où la terre sera<br />

<strong>en</strong>fin affranchie « <strong>de</strong> la malédiction sous le poids<br />

<strong>de</strong> laquelle elle gémit; où la mort sera détruite; où<br />

598


les serviteurs <strong>de</strong> Dieu recevront leur récomp<strong>en</strong>se,<br />

aussi bi<strong>en</strong> que les prophètes et les saints et ceux qui<br />

craign<strong>en</strong>t le nom <strong>de</strong> Dieu, et où seront détruits ceux<br />

qui détruis<strong>en</strong>t la terre. » (Bliss, ouv. cité, p. 76.)<br />

Poursuivant l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette prophétie avec un<br />

redoublem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ferveur, y consacrant non<br />

seulem<strong>en</strong>t ses journées, mais <strong>en</strong>core <strong><strong>de</strong>s</strong> nuits<br />

<strong>en</strong>tières, il constata d'abord que le point <strong>de</strong> départ<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins ne se<br />

trouvait pas dans le huitième chapitre <strong>de</strong> Daniel.<br />

Bi<strong>en</strong> que l'ange Gabriel eût reçu ordre d'expliquer<br />

la vision à Daniel, il ne s'était que partiellem<strong>en</strong>t<br />

acquitté <strong>de</strong> sa mission; <strong>de</strong>vant le tableau <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

terribles persécutions qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t l'Église, le<br />

prophète avait s<strong>en</strong>ti ses forces le trahir et n'avait pu<br />

<strong>en</strong> supporter davantage; l'ange l'avait donc quitté<br />

pour un temps. « Je fus plusieurs jours languissant<br />

et mala<strong>de</strong>, raconte Daniel. J'étais étonné <strong>de</strong> la<br />

vision, et personne n'<strong>en</strong> eut connaissance. »<br />

Cep<strong>en</strong>dant, l'ordre <strong>de</strong> Dieu à son messager<br />

subsistant : « Explique-lui la vision », l'ange, pour<br />

s'<strong>en</strong> acquitter, était retourné auprès <strong>de</strong> Daniel et<br />

599


l'avait abordé ainsi : « Je suis v<strong>en</strong>u maint<strong>en</strong>ant pour<br />

ouvrir ton intellig<strong>en</strong>ce... Sois att<strong>en</strong>tif à la parole, et<br />

compr<strong>en</strong>ds la vision! » (Daniel 9.22-27 , vers. <strong>de</strong><br />

l'abbé Crampon.) Et tout <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>ant son exposé,<br />

Gabriel avait spécialem<strong>en</strong>t insisté sur le point <strong>de</strong> la<br />

vision resté inexpliqué, soit la chronologie <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours, <strong>en</strong> ces<br />

termes :<br />

« Soixante-dix semaines ont été déterminées<br />

sur ton peuple et sur ta ville sainte... Sache donc et<br />

compr<strong>en</strong>ds : Depuis la sortie d'une parole<br />

ordonnant <strong>de</strong> rebâtir Jérusalem jusqu'à un oint, un<br />

chef, il y a sept semaines, et soixante-<strong>de</strong>ux<br />

semaines; elle sera rétablie, places et <strong>en</strong>ceintes,<br />

dans la détresse <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Et après soixante-<strong>de</strong>ux<br />

semaines, un oint sera retranché, et personne pour<br />

lui... Il [ce chef] fera une alliance ferme avec un<br />

grand nombre p<strong>en</strong>dant une semaine; et, au milieu<br />

<strong>de</strong> la semaine, il fera cesser le sacrifice et<br />

l'oblation. » (Daniel 9.22-27, vers. <strong>de</strong> l'abbé<br />

Crampon.)<br />

L'ange avait été dépêché auprès <strong>de</strong> Daniel afin<br />

600


<strong>de</strong> lui faire compr<strong>en</strong>dre la portion <strong>de</strong> la vision<br />

restée inintelligible au prophète : celle relative à la<br />

pério<strong>de</strong> prophétique (chap. 8.14) : « Deux mille<br />

trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins; puis le sanctuaire sera<br />

purifié. » Aussi, après avoir dit à Daniel : « Sois<br />

att<strong>en</strong>tif à la parole, et compr<strong>en</strong>ds la vision », les<br />

premiers mots <strong>de</strong> l'ange fur<strong>en</strong>t : « Soixante-dix<br />

semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur<br />

ta ville sainte. » <strong>Le</strong> verbe traduit ici par «<br />

déterminées » signifie littéralem<strong>en</strong>t « retranchées ».<br />

Or, soixante-dix semaines représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t quatre c<strong>en</strong>t<br />

quatre-vingt-dix années. L'ange déclare donc que<br />

Cette pério<strong>de</strong> été « retranchée » et mise à part pour<br />

le peuple juif.<br />

Mais « retranchée » <strong>de</strong> quoi? <strong>La</strong> pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins étant seule<br />

m<strong>en</strong>tionnée dans la vision, les soixante-dix<br />

semaines ne peuv<strong>en</strong>t être « retranchées » que <strong>de</strong><br />

celle-là; il s'<strong>en</strong>suit que cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> soixantedix<br />

semaines fait partie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts<br />

jours, et que les <strong>de</strong>ux pério<strong><strong>de</strong>s</strong> ont le même point<br />

<strong>de</strong> départ. Or, l'ange annonce que « les soixante-dix<br />

semaines comm<strong>en</strong>ceront avec a la parole ordonnant<br />

601


<strong>de</strong> rétablir et <strong>de</strong> rebâtir Jérusalem ». Un seul point<br />

restait obscur. S'il était possible <strong>de</strong> déterminer la<br />

date <strong>de</strong> ce décret, se disait Miller, nous aurions<br />

donc trouvé le point <strong>de</strong> départ <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts soirs et matins.<br />

Or, ce décret et cette date se lis<strong>en</strong>t au septième<br />

chapitre d'Esdras, versets 12 à 26. <strong>Le</strong> décret fut<br />

promulgué par Artaxerxès, roi <strong>de</strong> Perse, <strong>en</strong> 457<br />

avant notre ère. On lit égalem<strong>en</strong>t dans le même<br />

livre (6.14) que la maison <strong>de</strong> l'Éternel se construisit<br />

« d'après l'ordre du Dieu d'Israël, et d'après l'ordre<br />

<strong>de</strong> Cyrus, <strong>de</strong> Darius, et d'Artaxerxès ». En<br />

rédigeant, <strong>en</strong> confirmant et <strong>en</strong> complétant le décret,<br />

ces trois rois l'am<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t à la perfection, requise<br />

par la prophétie pour lui permettre <strong>de</strong> marquer le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts ans. En<br />

pr<strong>en</strong>ant l'année 457 comme date <strong>de</strong> la<br />

promulgation du décret <strong>en</strong> question, on constata<br />

que tout ce qui <strong>de</strong>vait marquer les soixante-dix<br />

semaines s'était réalisé. <strong>Le</strong> texte disait :<br />

« Depuis la sortie d'une parole ordonnant <strong>de</strong><br />

rebâtir Jérusalem jusqu'à un Oint, un Chef, il y a<br />

602


sept semaines, et soixante-<strong>de</strong>ux semaines, soit<br />

soixante-neuf semaines prophétiques ou quatre c<strong>en</strong>t<br />

quatre-vingt-trois ans. C'est <strong>en</strong> l'automne <strong>de</strong> l'année<br />

457 que le décret d'Artaxerxès <strong>en</strong>tra <strong>en</strong> vigueur. En<br />

ajoutant à cette date quatre c<strong>en</strong>t quatre-vingt-trois<br />

ans, on arrive à l'automne <strong>de</strong> l'année 27 <strong>de</strong> notre<br />

ère, (Voir App<strong>en</strong>dice a36 et diagramme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques) où la prophétie fut<br />

accomplie. C'est <strong>en</strong> effet <strong>en</strong> l'automne <strong>de</strong> cette<br />

année 27 que Jésus reçut le baptême <strong><strong>de</strong>s</strong> mains <strong>de</strong><br />

Jean-Baptiste et fut oint du Saint-Esprit. L'apôtre<br />

Pierre y fait allusion <strong>en</strong> disant : « Dieu a oint du<br />

Saint-Esprit et <strong>de</strong> force Jésus <strong>de</strong> Nazareth. » (<br />

Actes 10.38 ) Et Jésus <strong>de</strong> même : « L'Esprit du<br />

Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour<br />

annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. » Après<br />

son baptême, Jésus se r<strong>en</strong>dit <strong>en</strong> Galilée, « prêchant<br />

l'Évangile <strong>de</strong> Dieu » et disant : « <strong>Le</strong> temps est<br />

accompli. » (Luc 4.18; Marc 1.14, 15; Mathieu<br />

10.5, 6)<br />

<strong>Le</strong> texte <strong>de</strong> Daniel continue : « Il fera une<br />

alliance ferme avec un grand nombre p<strong>en</strong>dant une<br />

semaine. » <strong>La</strong> « semaine » ici m<strong>en</strong>tionnée est la<br />

603


<strong>de</strong>rnière <strong><strong>de</strong>s</strong> soixante-dix; elle constitue les sept<br />

<strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> accordée aux Juifs.<br />

P<strong>en</strong>dant ce temps, soit <strong>de</strong> l'an 27 à l'an 34 <strong>de</strong> notre<br />

ère, Jésus, personnellem<strong>en</strong>t, puis par ses disciples,<br />

adressa tout spécialem<strong>en</strong>t aux Juifs l'invitation <strong>de</strong><br />

pr<strong>en</strong>dre part au festin évangélique. Lorsqu'il<br />

<strong>en</strong>voya ses disciples porter l'Évangile, il leur donna<br />

cette recommandation : « N'allez pas vers les<br />

paï<strong>en</strong>s, et n'<strong>en</strong>trez pas dans les villes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues <strong>de</strong><br />

la maison d'Israël. » (Luc 4.18; Marc 1.14, 15;<br />

Mathieu 10.5,6)<br />

« Et au milieu <strong>de</strong> la semaine, dit <strong>en</strong>core la<br />

prophétie, il fera cesser le sacrifice et l'oblation. »<br />

En l'an 31, trois années et <strong>de</strong>mie après son<br />

baptême, Jésus fut crucifié. <strong>La</strong> tragédie du Calvaire<br />

mettait fin au système <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices qui, durant<br />

quatre mille ans, avai<strong>en</strong>t attiré l'att<strong>en</strong>tion sur<br />

l'agneau <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> type avait trouvé son antitype.<br />

À partir <strong><strong>de</strong>s</strong> ce mom<strong>en</strong>t, tous les sacrifices et toutes<br />

les oblations du système mosaïque <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t cesser.<br />

<strong>Le</strong>s soixante-dix semaines, ou quatre c<strong>en</strong>t<br />

604


quatre-vingt-dix ans, assignées aux Juifs ayant<br />

expiré <strong>en</strong> l'an 34 <strong>de</strong> notre ère, on constata qu'à ce<br />

mom<strong>en</strong>t précis, par la décision du sanhédrin, par le<br />

martyre d'Éti<strong>en</strong>ne et la persécution <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s, la<br />

nation juive avait officiellem<strong>en</strong>t rejeté l'Évangile.<br />

Dès lors, le message du salut cessa d'être confiné<br />

aux Israélites et fut porté aux nations. Chassés par<br />

la persécution, les disciples « allai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lieu, <strong>en</strong><br />

lieu, annonçant la bonne nouvelle <strong>de</strong> la Parole ».<br />

Philippe, étant <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du <strong>en</strong> Samarie, « y prêcha le<br />

Christ ». Conduit par l'Esprit <strong>de</strong> Dieu, Pierre<br />

prés<strong>en</strong>ta l'Évangile au c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ier <strong>de</strong> Césarée, le<br />

pieux Corneille; et l'ard<strong>en</strong>t Paul, gagné à la foi<br />

chréti<strong>en</strong>ne, fut appelé à porter la Bonne Nouvelle «<br />

au loin vers les nations ». (Actes 8.4, 5; 22.21)<br />

Ainsi, tous les détails <strong>de</strong> la prophétie s'étai<strong>en</strong>t<br />

remarquablem<strong>en</strong>t accomplis, établissant d'une<br />

façon incontestable que les soixante-dix semaines<br />

comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 457 avant J.-C., et aboutissai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> 34 <strong>de</strong> notre ère. Désormais il était facile <strong>de</strong><br />

trouver la date <strong>de</strong> l'expiration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts jours. <strong>Le</strong>s quatre c<strong>en</strong>t quatre-vingt-dix jours<br />

qui constitu<strong>en</strong>t les soixante-dix semaines étant<br />

605


etranchés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts, il restait mille<br />

huit c<strong>en</strong>t dix jours. Or, <strong>en</strong> les faisant partir <strong>de</strong><br />

l'année 34, ces mille huit c<strong>en</strong>t dix années<br />

aboutissai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1844. Il s'<strong>en</strong>suivait que les <strong>de</strong>ux<br />

mille trois c<strong>en</strong>ts jours (années) <strong>de</strong> Daniel 8.14 se<br />

terminai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1844. Et, à l'expiration <strong>de</strong> cette<br />

gran<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> prophétique selon le témoignage <strong>de</strong><br />

l'ange, « le sanctuaire <strong>de</strong>vait être purifié ». Ainsi,<br />

l'année <strong>de</strong> la purification du sanctuaire – que la<br />

plupart, <strong><strong>de</strong>s</strong> exégètes confondai<strong>en</strong>t avec le retour<br />

du Seigneur – était définitivem<strong>en</strong>t établie.<br />

Miller et ses collaborateurs crur<strong>en</strong>t d'abord que<br />

les <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours se terminerai<strong>en</strong>t au<br />

printemps <strong>de</strong> l'année 1844, alors que, la prophétie<br />

indiquait l'automne <strong>de</strong> la même année. (Voir<br />

diagramme <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques, et<br />

App<strong>en</strong>dice a37) L'erreur commise sur ce point jeta<br />

dans le désappointem<strong>en</strong>t et la perplexité ceux qui<br />

avai<strong>en</strong>t compté sur le retour du Seigneur à la<br />

première date. Mais cela laissait intact l'argum<strong>en</strong>t<br />

établissant que les <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et<br />

matins se terminai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1844, et que le grand<br />

événem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>té par la purification du<br />

606


sanctuaire <strong>de</strong>vait avoir lieu <strong>en</strong> cette année là.<br />

En <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ant l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures pour<br />

établir qu'elles étai<strong>en</strong>t une révélation divine, Miller<br />

ne p<strong>en</strong>sait pas aboutir à <strong>de</strong> pareilles conclusions. Il<br />

eut même <strong>de</strong> la peine à croire au résultat <strong>de</strong> ses<br />

recherches. Mais le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures était<br />

trop clair, trop évid<strong>en</strong>t pour être rejeté.<br />

Il se consacrait à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong>ux ans quand il arriva, <strong>en</strong> 1818, à la conclusion<br />

sol<strong>en</strong>nelle que, dans le délai <strong>de</strong> vingt-cinq ans, le<br />

Christ revi<strong>en</strong>drait pour la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong> son<br />

peuple. « Je ne saurais dire, écrivait-il plus tard, la<br />

joie infinie qui remplit mon coeur à cette p<strong>en</strong>sée et<br />

à la perspective inimaginable et glorieuse <strong>de</strong><br />

participer à la joie <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés. <strong>Le</strong>s Écritures<br />

étai<strong>en</strong>t désormais, pour moi, un livre nouveau, un<br />

vrai festin <strong>de</strong> l'esprit. Tout ce qui m'avait paru<br />

obscur, mystérieux ou imprécis dans ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts s'était dissipé à la lumière émanant<br />

<strong>de</strong> ses pages sacrées. De quel éclat, <strong>de</strong> quelle gloire<br />

je voyais briller la vérité! Toutes les contradictions<br />

et les inconséqu<strong>en</strong>ces que j'avais auparavant<br />

607


<strong>en</strong>contrées dans la Parole s'étai<strong>en</strong>t évanouies; et<br />

quoiqu'elle r<strong>en</strong>fermât <strong>en</strong>core bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> choses dont<br />

je n'étais pas certain <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r une juste<br />

intellig<strong>en</strong>ce, tant <strong>de</strong> lumière avait jailli <strong>de</strong> ses pages<br />

pour dissiper les ténèbres <strong>de</strong> mon <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, que<br />

je trouvais dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Écriture <strong><strong>de</strong>s</strong> délices<br />

insoupçonnées. » (Bliss, ouv. cité, p. 76, 77.) Il<br />

ajoutait :<br />

« Sous la sol<strong>en</strong>nelle impression que les<br />

événem<strong>en</strong>ts prédits par les Écritures <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t se<br />

produire dans un laps <strong>de</strong> temps aussi court, je me<br />

<strong>de</strong>mandai, non sans effroi, quels <strong>de</strong>voirs <strong>en</strong>vers le<br />

mon<strong>de</strong> m'imposai<strong>en</strong>t les lumières, qui subjuguai<strong>en</strong>t<br />

ma p<strong>en</strong>sée. « Miller ne put se déf<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> la<br />

conviction que son <strong>de</strong>voir était d'<strong>en</strong> faire part à<br />

d'autres. Il s'att<strong>en</strong>dait à r<strong>en</strong>contrer <strong>de</strong> l'opposition<br />

<strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> impies; mais il était certain que tous<br />

les chréti<strong>en</strong>s se réjouirai<strong>en</strong>t à la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong><br />

contempler bi<strong>en</strong>tôt le Sauveur qu'ils professai<strong>en</strong>t<br />

aimer. Il craignait seulem<strong>en</strong>t que la perspective <strong>de</strong><br />

la délivrance prochaine ne parût trop glorieuse et<br />

que plusieurs chréti<strong>en</strong>s ne se donnass<strong>en</strong>t pas la<br />

peine <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les Écritures pour y asseoir leur<br />

608


foi. Il hésita donc à <strong>en</strong> parler. De peur d'être dans<br />

l'erreur et d'y <strong>en</strong>traîner ses semblables, il jugea<br />

prud<strong>en</strong>t <strong>de</strong> revoir les preuves sur lesquelles il avait<br />

étayé ses conclusions et <strong>de</strong> peser à nouveau toutes<br />

les objections qui pourrai<strong>en</strong>t se prés<strong>en</strong>ter à son<br />

esprit. À la lumière <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, il vit ces<br />

objections se dissiper comme la brume matinale<br />

<strong>de</strong>vant les rayons du soleil. Cinq années d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> le<br />

laissèr<strong>en</strong>t absolum<strong>en</strong>t convaincu <strong>de</strong> l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

ses conclusions.<br />

Et <strong>de</strong> nouveau, le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> faire connaître à<br />

d'autres ce qui lui paraissait clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seigné<br />

par la Bible se prés<strong>en</strong>ta vivem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant lui.<br />

« Quand je vaquais à mes occupations, écrit-il,<br />

j'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dais une voix me répéter sans cesse : 'Avertis<br />

le mon<strong>de</strong> du danger qu'il court.' Ce passage me<br />

rev<strong>en</strong>ait constamm<strong>en</strong>t à la mémoire : 'Quand je dis<br />

au méchant : Méchant, tu mourras! si tu ne parles<br />

pas pour détourner le méchant <strong>de</strong> sa voie, ce<br />

méchant mourra dans son iniquité, et je te<br />

re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai son sang. Mais si tu avertis le<br />

méchant pour le détourner <strong>de</strong> sa voie, et qu'il ne<br />

609


s'<strong>en</strong> détourne pas, il mourra dans son iniquité, et toi<br />

tu sauveras ton âme.' (Ézéchiel 33.8, 9) Et je me<br />

disais que, si les méchants étai<strong>en</strong>t sérieusem<strong>en</strong>t<br />

avertis, <strong><strong>de</strong>s</strong> foules d'<strong>en</strong>tre eux se rep<strong>en</strong>tirai<strong>en</strong>t; et<br />

que, s'ils n'étai<strong>en</strong>t pas avertis, leur sang me serait<br />

re<strong>de</strong>mandé. » ( Bliss, ouv. cité, p.92.)<br />

Miller comm<strong>en</strong>ça alors, selon que l'occasion lui<br />

<strong>en</strong> était offerte, à prés<strong>en</strong>ter ses vues <strong>en</strong> particulier,<br />

tout <strong>en</strong> <strong>de</strong>mandant à Dieu d'<strong>en</strong> convaincre un<br />

pasteur qui pourrait consacrer sa vie à les diffuser.<br />

Mais il ne parv<strong>en</strong>ait pas à se dérober à la<br />

conviction <strong>de</strong> son <strong>de</strong>voir personnel. Ces paroles<br />

étai<strong>en</strong>t toujours prés<strong>en</strong>tes à son esprit : « Va <strong>en</strong><br />

parler au mon<strong>de</strong>; sinon je te re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai son<br />

sang. » Après avoir porté ce poids sur la<br />

consci<strong>en</strong>ce durant neuf ans, il se décida <strong>en</strong>fin, <strong>en</strong><br />

1831, à exprimer pour la première fois<br />

publiquem<strong>en</strong>t les raisons <strong>de</strong> sa foi.<br />

De même qu'Élisée avait abandonné sa charrue<br />

pour revêtir le manteau du prophète, <strong>de</strong> même<br />

William Miller, appelé à quitter sa ferme, s'<strong>en</strong> alla,<br />

<strong>en</strong> tremblant, révéler au mon<strong>de</strong> les mystères du<br />

610


oyaume <strong>de</strong> Dieu. Il exposait à ses auditeurs, <strong>en</strong><br />

détail, le l<strong>en</strong>t accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> chaînes<br />

prophétiques jusqu'à l'époque <strong>de</strong> l'avènem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ. À chaque nouvelle t<strong>en</strong>tative, ses<br />

forces et son courage augm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t à la vue du vif<br />

intérêt suscité par ses paroles.<br />

Ce n'avait été qu'à la sollicitation <strong>de</strong> ses frères,<br />

dont l'appel lui parut être la voix <strong>de</strong> Dieu, qu'il<br />

avait cons<strong>en</strong>ti à exposer publiquem<strong>en</strong>t ses<br />

convictions. Il avait alors cinquante ans. N'ayant<br />

jamais parlé <strong>en</strong> public, il se s<strong>en</strong>tait comme écrasé<br />

par le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son incapacité. Mais, dès le<br />

début, son activité fut bénie et contribua au salut<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> âmes. Sa première confér<strong>en</strong>ce fut suivie d'un<br />

réveil au cours duquel treize familles, à l'exception<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnes, se convertir<strong>en</strong>t. On lui <strong>de</strong>manda<br />

aussitôt <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre la parole dans d'autres localités,<br />

et, presque partout où il portait ses pas, son travail<br />

était suivi d'un réveil spirituel. Des pécheurs se<br />

convertissai<strong>en</strong>t; <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t plus<br />

ferv<strong>en</strong>ts; <strong><strong>de</strong>s</strong> déistes et <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules<br />

reconnaissai<strong>en</strong>t la véracité <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures et <strong>de</strong> la<br />

religion chréti<strong>en</strong>ne. On r<strong>en</strong>dait <strong>de</strong> lui ce<br />

611


témoignage : « Il atteint une catégorie <strong>de</strong> personnes<br />

sur lesquelles d'autres, n'ont aucune prise. » (Bliss,<br />

ouv. cité, p. 138.) Ses prédications avai<strong>en</strong>t pour<br />

effet d'attirer l'att<strong>en</strong>tion du public sur les choses <strong>de</strong><br />

la religion et <strong>de</strong> réprimer la mondanité et la<br />

s<strong>en</strong>sualité du siècle.<br />

Dans chaque localité, ou à peu près, les<br />

convertis se comptai<strong>en</strong>t par vingtaines, parfois par<br />

c<strong>en</strong>taines. En bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>droits, les églises<br />

protestantes <strong>de</strong> toutes t<strong>en</strong>dances lui étai<strong>en</strong>t gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ouvertes et c'étai<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t les pasteurs <strong>de</strong><br />

ces églises qui l'invitai<strong>en</strong>t. Sa règle invariable était<br />

<strong>de</strong> ne se r<strong>en</strong>dre que là où il était invité. Néanmoins,<br />

il se trouva bi<strong>en</strong>tôt dans l'impossibilité <strong>de</strong> répondre<br />

ne fût-ce qu'à la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> appels qui lui étai<strong>en</strong>t<br />

adressés.<br />

Plusieurs <strong>de</strong> ceux qui n'acceptai<strong>en</strong>t pas les<br />

théories <strong>de</strong> Miller touchant le temps exact du retour<br />

du Seigneur n'<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t pas moins la conviction<br />

qu'il était proche et qu'il fallait s'y préparer. Dans<br />

quelques gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes, ses travaux fir<strong>en</strong>t une<br />

impression remarquable. Des cabaretiers<br />

612


abandonnèr<strong>en</strong>t leur trafic et transformèr<strong>en</strong>t leur<br />

débit <strong>en</strong> salle <strong>de</strong> réunions; <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons <strong>de</strong> jeu<br />

fermèr<strong>en</strong>t leurs portes; <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules, <strong><strong>de</strong>s</strong> déistes,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> universalistes, <strong><strong>de</strong>s</strong> débauchés se réformèr<strong>en</strong>t.<br />

Certains d'<strong>en</strong>tre eux n'avai<strong>en</strong>t pas mis les pieds<br />

dans un lieu <strong>de</strong> culte <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> années. Dans<br />

quelques villes, les différ<strong>en</strong>tes églises organisèr<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> réunions <strong>de</strong> prière dans tous les quartiers et<br />

presque à toute heure <strong>de</strong> la journée. Des hommes<br />

d'affaires se réunissai<strong>en</strong>t à midi pour la prière et<br />

l'édification. Pas trace d'excitation, ni<br />

d'extravagance, mais partout un profond sérieux.<br />

L'oeuvre <strong>de</strong> Miller, comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers<br />

réformateurs, t<strong>en</strong>dait à éclairer les intellig<strong>en</strong>ces et à<br />

réveiller les consci<strong>en</strong>ces plutôt qu'à émouvoir.<br />

En 1833, l'église baptiste, dont Miller était<br />

membre, lui donna une lic<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> prédicateur. En<br />

outre, un grand nombre <strong>de</strong> pasteurs <strong>de</strong> son Église<br />

approuvant ses travaux, c'est avec leur sanction<br />

explicite qu'il les poursuivit, tout <strong>en</strong> se bornant aux<br />

territoires <strong>de</strong> la Nouvelle-Angleterre et <strong><strong>de</strong>s</strong> États du<br />

c<strong>en</strong>tre. P<strong>en</strong>dant plusieurs années, il paya lui-même<br />

tous ses voyages et jamais, par la suite, ses frais <strong>de</strong><br />

613


déplacem<strong>en</strong>t ne lui fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t remboursés.<br />

Loin d'être lucrative, sa carrière publique greva<br />

lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ses ressources personnelles. Mais ses<br />

<strong>en</strong>fants étant sobres et industrieux, les rev<strong>en</strong>us <strong>de</strong><br />

sa ferme suffir<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir sa nombreuse<br />

famille et couvrir ses dép<strong>en</strong>ses.<br />

<strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier <strong><strong>de</strong>s</strong> signes précurseurs du retour du<br />

Sauveur eut lieu <strong>en</strong> 1833, <strong>de</strong>ux ans après que<br />

Miller eut comm<strong>en</strong>cé ses prédications. Jésus avait<br />

dit : « <strong>Le</strong>s étoiles tomberont du ciel. » ( Matthieu<br />

24.29) Et saint Jean, considérant les scènes<br />

annonciatrices du jour <strong>de</strong> Dieu, s'était écrié : « Et<br />

les étoiles du ciel tombèr<strong>en</strong>t sur la terre, comme<br />

lorsqu'un figuier secoué par un v<strong>en</strong>t viol<strong>en</strong>t jette<br />

ses figues vertes. » (Apocalypse 6.13)<br />

Cette prophétie fut accomplie d'une façon<br />

frappante par la pluie <strong>de</strong> météorites du 13<br />

novembre 1833. C'est le plus merveilleux spectacle<br />

d'étoiles filantes dont l'histoire conserve le<br />

souv<strong>en</strong>ir. « Dans toute l'ét<strong>en</strong>due <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis, le<br />

firmam<strong>en</strong>t semblait <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t. Aucun<br />

phénomène céleste ne s'est jamais produit dans ce<br />

614


pays, <strong>de</strong>puis son occupation par les Blancs, qui ait<br />

été contemplé avec autant d'admiration par une<br />

partie <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants et avec autant <strong>de</strong> crainte et <strong>de</strong><br />

frayeur par l'autre. <strong>La</strong> sublimité et la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

cette scène viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core dans le souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> bi<strong>en</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes. Jamais la pluie ne tomba plus dru<br />

que ces météores. Il <strong>en</strong> était <strong>de</strong> même à l'ori<strong>en</strong>t, à<br />

l'occid<strong>en</strong>t, au nord et au midi. En un mot, le ciel<br />

<strong>en</strong>tier semblait <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t.... Ce spectacle, tel<br />

que le professeur Silliman le décrit dans son<br />

journal, fut visible dans toute l'Amérique du<br />

Nord.... Depuis <strong>de</strong>ux heures du matin jusqu'au<br />

grand jour, le firmam<strong>en</strong>t étant sans nuages, on put<br />

contempler dans toutes les parties du ciel une gerbe<br />

incessante <strong>de</strong> traînées lumineuses. » (R. M.<br />

Dev<strong>en</strong>s, Americain Progress or the Great Ev<strong>en</strong>ts of<br />

the Greatest C<strong>en</strong>tury, chap. 28, part. 1-5.)<br />

« <strong>La</strong> plume est impuissante à décrire la<br />

spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ce spectacle.... Celui qui ne l'a pas vu<br />

ne peut s'<strong>en</strong> faire la moindre idée. Il semblait que<br />

toutes les étoiles du ciel se fuss<strong>en</strong>t donné r<strong>en</strong><strong>de</strong>zvous<br />

vers un point voisin du zénith, d'où elles<br />

s'élançai<strong>en</strong>t avec la rapidité <strong>de</strong> l'éclair dans toutes<br />

615


les directions <strong>de</strong> l'horizon; et pourtant, la provision<br />

ne s'<strong>en</strong> épuisait point; à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> météores <strong>en</strong><br />

succédai<strong>en</strong>t d'autres milliers, comme s'ils euss<strong>en</strong>t<br />

été créés pour l'occasion. » (F. Read, dans le<br />

Christian Advocate and Journal, 13 <strong>de</strong>c. 1833.) «<br />

Impossible <strong>de</strong> mieux représ<strong>en</strong>ter ce phénomène<br />

que par l'image d'un figuier qui, sous l'action d'un<br />

v<strong>en</strong>t puissant, jette au loin ses figues <strong>en</strong>core vertes.<br />

» (Portland ev<strong>en</strong>ing Advertiser, 26 nov. 1833.)<br />

<strong>Le</strong> journal of Commerce, <strong>de</strong> New York, du 14<br />

novembre, consacrait à l'événem<strong>en</strong>t un long article<br />

dont nous extrayons ce qui suit : « Je ne crois pas<br />

que jamais philosophe, ni savant ait décrit ou<br />

<strong>en</strong>registré un phénomène du g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> celui dont<br />

nous avons été témoins la nuit <strong>de</strong>rnière et ce matin.<br />

Il y a dix-huit siècles, un prophète <strong>en</strong> avait donné<br />

une exacte prédiction, ce dont chacun peut se<br />

r<strong>en</strong>dre compte s'il cons<strong>en</strong>t à admettre qu'une chute<br />

d'étoiles c'est une chute d'étoiles... dans le seul s<strong>en</strong>s<br />

où la chose soit littéralem<strong>en</strong>t possible. »<br />

Ainsi s'accomplit le <strong>de</strong>rnier signe avant-coureur<br />

du retour du Seigneur, au sujet duquel Jésus avait<br />

616


dit à ses disciples : « Quand vous verrez toutes ces<br />

choses, sachez que le Fils <strong>de</strong> l'homme est proche, à<br />

la porte. » (Matthieu 24.33) Après ces signes,<br />

l'exilé <strong>de</strong> Patmos vit le ciel se replier « comme un<br />

livre qu'on roule », tandis que la terre tremblait,<br />

que les montagnes et les îles étai<strong>en</strong>t remuées <strong>de</strong><br />

leur place, et que les méchants, terrifiés,<br />

s'<strong>en</strong>fuyai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le Fils <strong>de</strong> l'homme. " (Voir<br />

Apocalypse 6.12-17)<br />

Un grand nombre <strong>de</strong> ceux qui assistèr<strong>en</strong>t à cette<br />

chute d'étoiles la considérèr<strong>en</strong>t comme un signe<br />

annonciateur du jugem<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>ir, comme « un<br />

symbole sol<strong>en</strong>nel, un précurseur certain, un signe<br />

miséricordieux du jour grand et redoutable ».<br />

L'att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> populations fut ainsi attirée sur<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties, et beaucoup <strong>de</strong><br />

personnes <strong>en</strong> vinr<strong>en</strong>t à prêter l'oreille aux<br />

prédications relatives à la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du<br />

Seigneur.<br />

En 1840, un autre accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophéties provoqua le plus vif intérêt. Deux ans<br />

auparavant, Josiah Litch, l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux<br />

617


hérauts du retour du Christ, avait publié une<br />

explication du neuvième chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse<br />

où est prédite la chute <strong>de</strong> l'empire ottoman. Selon<br />

ses calculs, cette puissance <strong>de</strong>vait être r<strong>en</strong>versée <strong>en</strong><br />

août 1840. Quelques jours avant cette date, il<br />

écrivait <strong>en</strong>core : « En admettant que la première<br />

pério<strong>de</strong>, celle <strong>de</strong> c<strong>en</strong>t cinquante ans, se soit<br />

accomplie exactem<strong>en</strong>t avant l'accession au trône <strong>de</strong><br />

Dragasès muni <strong>de</strong> l'autorisation <strong><strong>de</strong>s</strong> Turcs, et que<br />

les trois c<strong>en</strong>t quatre-vingt-onze ans et quinze jours<br />

ai<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé à la fin <strong>de</strong> cette première pério<strong>de</strong>,<br />

elle finirait le 11 août 1840, date à laquelle on peut<br />

s'att<strong>en</strong>dre à la chute <strong>de</strong> l'empire ottoman à<br />

Constantinople. Or, je crois que ce Sera réellem<strong>en</strong>t<br />

le cas. » (Josiah Litch, dans les Signs of the Tintes<br />

and Expositor of Prophecy, 1er août 1840). <strong>Le</strong><br />

neuvième chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse donne à la<br />

cinquième trompette une durée <strong>de</strong> cinq mois ou<br />

150 jours, et à la sixième, une durée <strong>de</strong> 391 jours et<br />

une <strong>de</strong>mi-heure. Ces <strong>de</strong>ux pério<strong><strong>de</strong>s</strong> – selon la régie<br />

d'un jour pour un an – représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t<br />

150 ans et 391 ans et 15 jours.<br />

À l'époque spécifiée, la Turquie, par ses<br />

618


ambassa<strong>de</strong>urs, acceptait la protection <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

puissances europé<strong>en</strong>nes, et se plaçait ainsi sous la<br />

tutelle <strong><strong>de</strong>s</strong> nations chréti<strong>en</strong>nes. Cet événem<strong>en</strong>t<br />

accomplissait exactem<strong>en</strong>t la prédiction. (Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a38) Quand la chose fut connue, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

foules fur<strong>en</strong>t convaincues <strong>de</strong> l'exactitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes d'interprétation adoptés par Miller et ses<br />

collaborateurs, ce qui donna au mouvem<strong>en</strong>t<br />

adv<strong>en</strong>tiste une impulsion merveilleuse. Des<br />

hommes instruits et influ<strong>en</strong>ts s'unir<strong>en</strong>t à Miller<br />

pour prêcher et publier ses convictions. Aussi, <strong>de</strong><br />

1840 à 1844, l'oeuvre fit-elle <strong>de</strong> rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> progrès.<br />

Aux remarquables facultés intellectuelles <strong>de</strong><br />

William Miller; facultés fortifiées par la méditation<br />

et l'étu<strong>de</strong>, s'ajoutait la sagesse d'<strong>en</strong> haut, à laquelle<br />

il puisait constamm<strong>en</strong>t. Sa valeur morale ne<br />

pouvait, que s'imposer à l'estime et au respect <strong>de</strong><br />

tous ceux qui savai<strong>en</strong>t apprécier la probité <strong>de</strong> sa vie<br />

et l'excell<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> son caractère. Unissant la bonté<br />

et l'humilité chréti<strong>en</strong>ne à la douceur, il était<br />

prév<strong>en</strong>ant et affable <strong>en</strong>vers chacun, prêt à écouter<br />

les opinions adverses et à <strong>en</strong> peser les argum<strong>en</strong>ts.<br />

Sans vivacité ni impati<strong>en</strong>ce, il soumettait toutes les<br />

619


théories et toutes les doctrines à l'épreuve <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, et son raisonnem<strong>en</strong>t sain, joint à<br />

une connaissance approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, le<br />

r<strong>en</strong>dait capable <strong>de</strong> réfuter l'erreur et <strong>de</strong> démasquer<br />

la frau<strong>de</strong>.<br />

Mais ce ne fut pas sans une viol<strong>en</strong>te opposition<br />

qu'il poursuivit sa tâche. Comme tous les<br />

réformateurs religieux, il vit les vérités qu'il<br />

annonçait repoussées par les ministres populaires.<br />

Faute <strong>de</strong> pouvoir sout<strong>en</strong>ir leurs positions par les<br />

Écritures, ils <strong>en</strong> appelai<strong>en</strong>t aux doctrines <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes et à la tradition <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères. Alors que les<br />

prédicateurs du retour du Christ ne reconnaissai<strong>en</strong>t<br />

comme seule autorité que « l'Écriture et l'Écriture<br />

seule », ils avai<strong>en</strong>t recours au ridicule et à la<br />

moquerie, prodiguant leur temps, leur arg<strong>en</strong>t et leur<br />

énergie pour décrier <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s dont le seul crime<br />

était d'att<strong>en</strong>dre avec joie le retour du Sauveur, <strong>de</strong><br />

s'efforcer <strong>de</strong> vivre saintem<strong>en</strong>t et d'exhorter leur<br />

<strong>en</strong>tourage à se préparer à la r<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> leur Dieu.<br />

De grands efforts étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés pour détourner<br />

l'att<strong>en</strong>tion du public <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> l'avènem<strong>en</strong>t<br />

620


du Seigneur. On faisait passer pour un péché, pour<br />

une action répréh<strong>en</strong>sible le fait d'étudier les<br />

prophéties relatives à la fin du mon<strong>de</strong>, ne craignant<br />

pas <strong>de</strong> saper ainsi la foi <strong>en</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

L'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs populaires faisait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules, et beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

occasion pour marcher selon leurs convoitises<br />

charnelles, résultat que les auteurs du mal mettai<strong>en</strong>t<br />

sur le compte <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes. (Du latin adv<strong>en</strong>tus,<br />

arrivée.)<br />

Bi<strong>en</strong> que Miller attirât <strong><strong>de</strong>s</strong> foules d'auditeurs<br />

intellig<strong>en</strong>ts et att<strong>en</strong>tifs, son nom était rarem<strong>en</strong>t<br />

m<strong>en</strong>tionné par la presse religieuse, sauf pour le<br />

tourner <strong>en</strong> dérision et mettre les lecteurs <strong>en</strong> gar<strong>de</strong><br />

contre lui. Enhardis par l'attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> conducteurs<br />

religieux, les indiffér<strong>en</strong>ts et les impies recourai<strong>en</strong>t<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> épithètes injurieuses et à <strong>de</strong> vulgaires<br />

quolibets pour attirer le mépris sur sa personne et<br />

sur son oeuvre. Ce vieillard à cheveux blancs, qui<br />

avait quitté une <strong>de</strong>meure confortable pour aller <strong>de</strong><br />

ville <strong>en</strong> ville annoncer le fait sol<strong>en</strong>nel <strong>de</strong> la<br />

proximité du jugem<strong>en</strong>t, était dénoncé comme un<br />

fanatique, un m<strong>en</strong>teur, un imposteur.<br />

621


<strong>Le</strong> ridicule, le dédain et le m<strong>en</strong>songe, qu'on<br />

accumulait sur la tête <strong>de</strong> Miller provoquèr<strong>en</strong>t<br />

parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> protestations indignées <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la<br />

presse quotidi<strong>en</strong>ne. « Traiter avec légèreté et <strong>en</strong><br />

termes irrévér<strong>en</strong>cieux un sujet d'une telle majesté et<br />

aux conséqu<strong>en</strong>ces incalculables », disai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mondains, « ce n'est pas seulem<strong>en</strong>t bafouer les<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ses propagateurs, c'est tourner <strong>en</strong><br />

dérision le jour du jugem<strong>en</strong>t, se moquer <strong>de</strong> la<br />

Divinité elle-même et anéantir les terreurs <strong>de</strong> son<br />

tribunal. » (Bliss, ouv. cité, p. 183)<br />

L'instigateur <strong>de</strong> tout mal ne s'efforçait pas<br />

seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> neutraliser l'effet du message<br />

adv<strong>en</strong>tiste, mais <strong>de</strong> détruire le messager lui-même.<br />

Miller appliquait le tranchant <strong>de</strong> l'Écriture au coeur<br />

<strong>de</strong> ses auditeurs, c<strong>en</strong>surant leurs péchés et troublant<br />

leur paix; ses paroles claires et pénétrantes<br />

provoquai<strong>en</strong>t leur colère. Des g<strong>en</strong>s sans aveu<br />

résolur<strong>en</strong>t un jour <strong>de</strong> le tuer à la sortie d'une<br />

réunion. Mais, dans la foule, il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> anges;<br />

l'un d'eux, qui avait revêtu une forme humaine, prit<br />

le serviteur <strong>de</strong> Dieu par le bras, et l'emm<strong>en</strong>a sain et<br />

622


sauf loin <strong>de</strong> la populace irritée. <strong>La</strong> tâche <strong>de</strong> Miller<br />

n'était pas achevée; Satan et ses émissaires fur<strong>en</strong>t<br />

désappointés.<br />

En dépit <strong>de</strong> toute opposition, l'intérêt éveillé<br />

par le message du retour du Christ allait croissant.<br />

<strong>Le</strong>s auditeurs ne se comptèr<strong>en</strong>t plus par vingtaines<br />

ou par c<strong>en</strong>taines, mais par milliers. Après les<br />

réunions, les églises avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registré un grand<br />

nombre <strong>de</strong> nouveaux membres; mais ces néophytes<br />

ne tardèr<strong>en</strong>t pas à être eux-mêmes <strong>en</strong> butte à<br />

l'opposition. <strong>Le</strong>s églises comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre à<br />

leur égard <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures disciplinaires. Miller<br />

adressa alors une lettre ouverte aux chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

toutes les confessions, les mettant <strong>en</strong> <strong>de</strong>meure, si<br />

ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t erronés, <strong>de</strong> le lui prouver<br />

par les Écritures.<br />

« Que croyons-nous, disait-il, que nous n'ayons<br />

pas tiré directem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu que vous<br />

reconnaissez vous-mêmes comme unique règle <strong>de</strong><br />

foi et <strong>de</strong> vie? Que faisons-nous qui mérite une si<br />

viol<strong>en</strong>te condamnation <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> Églises et <strong>de</strong><br />

la presse, et qui vous autorise à nous exclure <strong>de</strong><br />

623


votre communion?... Si nous sommes sur une<br />

mauvaise voie, je vous supplie <strong>de</strong> nous dire <strong>en</strong> quoi<br />

nous avons tort. Montrez-nous par la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu quelle est notre erreur. Vous nous avez assez<br />

abreuvés <strong>de</strong> ridicule; jamais cela ne nous<br />

convaincra que nous faisons fausse route; seule la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu pourra changer notre manière <strong>de</strong><br />

voir, car c'est avec calme et avec prière, <strong>en</strong> nous<br />

basant sur les saintes Écritures, que nous sommes<br />

parv<strong>en</strong>us à nos conclusions. » (Bliss, ouv. cité,<br />

p.250,252.)<br />

De siècle <strong>en</strong> siècle, les avertissem<strong>en</strong>ts du<br />

Seigneur ont tous eu le même sort. Lorsque Dieu<br />

eut résolu <strong>de</strong> faire v<strong>en</strong>ir le déluge sur l'anci<strong>en</strong><br />

mon<strong>de</strong>, il <strong>en</strong> avertit les habitants et leur donna<br />

l'occasion <strong>de</strong> se détourner <strong>de</strong> leurs péchés. P<strong>en</strong>dant<br />

c<strong>en</strong>t vingt ans, l'avertissem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>tit aux oreilles<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs, les exhortant à se convertir et à<br />

échapper à la colère <strong>de</strong> Dieu. Mais ce message leur<br />

parut un conte, et nul n'y prit gar<strong>de</strong>. Enhardis dans<br />

leur méchanceté, les antédiluvi<strong>en</strong>s se moquèr<strong>en</strong>t du<br />

messager <strong>de</strong> Dieu, ridiculisèr<strong>en</strong>t ses appels et<br />

l'accusèr<strong>en</strong>t même <strong>de</strong> présomption. Comm<strong>en</strong>t un<br />

624


homme seul osait-il s'opposer à tous les sages <strong>de</strong> la<br />

terre? Si le message <strong>de</strong> Noé était vrai, pourquoi<br />

tout le mon<strong>de</strong> ne le recevait-il pas? Et ils se<br />

refusèr<strong>en</strong>t à croire le message et à chercher un<br />

refuge dans l'arche du salut.<br />

Ces moqueurs pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à témoin la nature : la<br />

succession invariable <strong><strong>de</strong>s</strong> saisons, la voûte azurée<br />

qui n'avait jamais laissé tomber une goutte <strong>de</strong><br />

pluie, les prairies verdoyantes fertilisées par les<br />

douces rosées <strong>de</strong> la nuit. Et après avoir déclaré<br />

avec mépris que le prédicateur <strong>de</strong> la justice n'était<br />

qu‘un exalté, ils allai<strong>en</strong>t leur chemin, plus que<br />

jamais absorbés dans la recherche <strong><strong>de</strong>s</strong> plaisirs et<br />

décidés à marcher dans la voie du mal. Mais leur<br />

incrédulité n'empêcha pas l'événem<strong>en</strong>t prédit<br />

d'arriver. Dieu avait longtemps supporté leur<br />

méchanceté; il leur avait donné suffisamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

temps pour se rep<strong>en</strong>tir. Aussi, au temps fixé, ses<br />

jugem<strong>en</strong>ts s'abattir<strong>en</strong>t-ils sur les contempteurs <strong>de</strong><br />

sa miséricor<strong>de</strong>.<br />

Jésus déclare que le mon<strong>de</strong> fera, preuve d'une<br />

incrédulité analogue au sujet <strong>de</strong> son retour. Comme<br />

625


les contemporains <strong>de</strong> Noé « ne se doutèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ri<strong>en</strong>,<br />

jusqu'à ce que le déluge vînt et les emportât tous, il<br />

<strong>en</strong> sera <strong>de</strong> même à l'avènem<strong>en</strong>t du Fils <strong>de</strong> l'homme<br />

». (Matthieu 24.39) Ceux qui se dis<strong>en</strong>t le peuple <strong>de</strong><br />

Dieu s'uniront au mon<strong>de</strong>, vivront <strong>de</strong> Sa vie,<br />

participeront avec lui aux plaisirs déf<strong>en</strong>dus, au luxe<br />

et à l'apparat; les cloches nuptiales tinteront<br />

gaiem<strong>en</strong>t, et le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier comptera sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années <strong>de</strong> prospérité. Alors, aussi soudainem<strong>en</strong>t<br />

que l'éclair déchire la nue, vi<strong>en</strong>dra la fin <strong>de</strong> leurs<br />

visions <strong>en</strong>chanteresses et <strong>de</strong> leurs fallacieuses<br />

espérances.<br />

De même que Dieu avait <strong>en</strong>voyé le serviteur <strong>de</strong><br />

son choix pour avertir le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'approche du<br />

déluge, il <strong>en</strong>voya ses messagers pour faire<br />

connaître l'approche du jugem<strong>en</strong>t. Et les moqueurs,<br />

qui n'avai<strong>en</strong>t pas fait défaut parmi les<br />

contemporains <strong>de</strong> Noé, ne manquèr<strong>en</strong>t pas non plus<br />

aux jours <strong>de</strong> Miller, même parmi ceux qui<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t être le peuple <strong>de</strong> Dieu.<br />

Mais pourquoi les Églises montrèr<strong>en</strong>t-elles une<br />

telle aversion pour la doctrine et la prédication du<br />

626


etour du Christ? Cet événem<strong>en</strong>t, cause <strong>de</strong><br />

désolation et <strong>de</strong> malheur pour les méchants, est<br />

pour les justes une source d'espérance et <strong>de</strong> joie.<br />

Cette gran<strong>de</strong> vérité a, <strong>de</strong> tout temps, fait la<br />

consolation <strong><strong>de</strong>s</strong> élus <strong>de</strong> Dieu; pourquoi, comme le<br />

Sauveur, était-elle <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue une « pierre<br />

d'achoppem<strong>en</strong>t, un rocher <strong>de</strong> scandale » pour ceux<br />

qui prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t constituer son Église? <strong>Le</strong> Seigneur<br />

lui-même n'avait-il pas fait à ses disciples cette<br />

promesse : Quand « je vous aurai préparé une<br />

place, je revi<strong>en</strong>drai, et je vous pr<strong>en</strong>drai avec moi »?<br />

(Jean 14.3) N'était-ce pas un Sauveur compatissant,<br />

celui qui, prévoyant la solitu<strong>de</strong> et la douleur <strong>de</strong> ses<br />

disciples, avait <strong>en</strong>voyé <strong><strong>de</strong>s</strong> anges pour les consoler<br />

par l'assurance <strong>de</strong> son retour personnel? Quand, au<br />

jour <strong>de</strong> l'asc<strong>en</strong>sion, les disciples avai<strong>en</strong>t jeté un<br />

<strong>de</strong>rnier regard éperdu sur celui qu'ils aimai<strong>en</strong>t,<br />

n'avai<strong>en</strong>t-ils pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ces paroles : « Hommes<br />

Galilé<strong>en</strong>s, pourquoi vous arrêtez-vous à regar<strong>de</strong>r au<br />

ciel? Ce Jésus, qui a été <strong>en</strong>levé au ciel du milieu <strong>de</strong><br />

vous, vi<strong>en</strong>dra <strong>de</strong> la même manière que vous l'avez<br />

vu allant au ciel. » (Actes 1.11) Ce message <strong>de</strong><br />

l'ange n'avait-il pas ranimé l'espérance <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples<br />

et ceux-ci n'étai<strong>en</strong>t-ils pas « retournés à Jérusalem<br />

627


avec une gran<strong>de</strong> joie », « louant et bénissant<br />

continuellem<strong>en</strong>t Dieu dans le temple »? (Luc<br />

24.52, 53)<br />

<strong>La</strong> proclamation <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus <strong>de</strong>vrait<br />

être aujourd'hui, comme elle le fut pour les bergers<br />

<strong>de</strong> la plaine <strong>de</strong> Bethléhem, un « sujet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> joie<br />

». Ceux qui aim<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t le Sauveur ne<br />

peuv<strong>en</strong>t s'empêcher d'acclamer le message divin<br />

annonçant le retour <strong>de</strong> celui <strong>en</strong> qui sont<br />

conc<strong>en</strong>trées leurs espérances <strong>de</strong> vie éternelle; <strong>de</strong><br />

celui qui revi<strong>en</strong>t, non plus pour être injurié,<br />

méprisé et rejeté, comme la première fois, mais <strong>en</strong><br />

puissance et <strong>en</strong> gloire, pour racheter Son peuple.<br />

Seuls ceux qui ne l'aim<strong>en</strong>t pas ne désir<strong>en</strong>t pas Sa<br />

v<strong>en</strong>ue. L'animosité manifestée par les Églises à<br />

l'ouïe du message céleste était la preuve la plus<br />

évid<strong>en</strong>te qu'elles s'étai<strong>en</strong>t éloignées <strong>de</strong> Dieu.<br />

Ceux qui acceptai<strong>en</strong>t le message du retour du<br />

Christ voyai<strong>en</strong>t la nécessité <strong>de</strong> s'humilier <strong>de</strong>vant<br />

Dieu et <strong>de</strong> se convertir. Un grand nombre d'<strong>en</strong>tre<br />

eux, qui avai<strong>en</strong>t longtemps hésité <strong>en</strong>tre le Christ et<br />

le mon<strong>de</strong>, compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t que le temps était<br />

628


maint<strong>en</strong>ant v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre position. « <strong>Le</strong>s choses<br />

éternelles <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pour eux une réalité vivante.<br />

<strong>Le</strong> ciel s'était rapproché, et ils se voyai<strong>en</strong>t<br />

coupables <strong>de</strong>vant Dieu. » (Bliss, ouv. cité, p. 146.)<br />

<strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t naître <strong>en</strong> eux une vie<br />

spirituelle nouvelle. Ils avai<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

brièveté du temps et <strong>de</strong> la nécessité d'<strong>en</strong> avertir<br />

promptem<strong>en</strong>t leurs semblables. L'éternité semblait<br />

s'ouvrir <strong>de</strong>vant eux et leurs préoccupations<br />

terrestres s'estompai<strong>en</strong>t. Ce qui se rapportait à leur<br />

bonheur ou à leur malheur éternel éclipsait à leurs<br />

yeux les choses temporelles. L'Esprit d'<strong>en</strong> haut<br />

reposant sur eux donnait une puissance particulière<br />

aux appels qu'ils adressai<strong>en</strong>t à leurs frères et aux<br />

pécheurs pour les <strong>en</strong>gager à se préparer <strong>en</strong> vue du<br />

jour <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> témoignage sil<strong>en</strong>cieux <strong>de</strong> leur vie<br />

quotidi<strong>en</strong>ne était une c<strong>en</strong>sure constante à l'adresse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s formalistes. Ces <strong>de</strong>rniers, ne désirant<br />

pas être troublés dans la poursuite <strong><strong>de</strong>s</strong> plaisirs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

richesses et <strong><strong>de</strong>s</strong> honneurs mondains, s'opposai<strong>en</strong>t à<br />

la foi adv<strong>en</strong>tiste et à ceux qui la proclamai<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s argum<strong>en</strong>ts tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques<br />

étant irréfutables, les contradicteurs <strong>en</strong><br />

629


déconseillai<strong>en</strong>t l'étu<strong>de</strong> sous prétexte que les<br />

prophéties étai<strong>en</strong>t scellées. <strong>Le</strong>s protestants<br />

marchai<strong>en</strong>t ainsi sur les brisées <strong>de</strong> Rome. Alors que<br />

l'église romaine prive le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures, (Voir App<strong>en</strong>dice a39) les églises<br />

protestantes prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t qu'une portion<br />

considérable <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits sacrés – celle qui met <strong>en</strong><br />

lumière les vérités relatives à notre temps – était<br />

inintelligible.<br />

Pasteurs et fidèles alléguai<strong>en</strong>t que les livres <strong>de</strong><br />

Daniel et <strong>de</strong> l'Apocalypse étai<strong>en</strong>t mystérieux et<br />

impénétrables. Ils oubliai<strong>en</strong>t que Jésus, invitant ses<br />

disciples à étudier le livre <strong>de</strong> Daniel pour s'instruire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts relatifs à leur temps, leur adressait<br />

cette exhortation : « Que celui qui lit fasse<br />

att<strong>en</strong>tion! » (Matthieu 24.15) Quant à l'affirmation<br />

que l'Apocalypse est un mystère insondable, elle<br />

est contredite par le titre même du livre : «<br />

Révélation <strong>de</strong> Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée<br />

pour montrer à ses serviteurs les choses qui doiv<strong>en</strong>t<br />

arriver bi<strong>en</strong>tôt... Heureux celui qui lit et ceux qui<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les paroles <strong>de</strong> la prophétie, et qui gard<strong>en</strong>t<br />

les choses qui y sont écrites! Car le temps est<br />

630


proche. » (Apocalyse 1.1, 3)<br />

« Révélation » est la traduction du mot «<br />

Apocalypse ».<br />

« Heureux celui qui lit! » dit le prophète. Cette<br />

bénédiction n'est donc pas pour les personnes qui<br />

se refus<strong>en</strong>t à lire. Il ajoute : « Et ceux qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

». Elle n'est pas non plus pour les personnes qui ne<br />

veul<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre parler <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties. <strong>Le</strong><br />

prophète dit <strong>en</strong>core : « Et qui gard<strong>en</strong>t les choses<br />

qui y sont écrites ». Or, aucun <strong>de</strong> ceux qui ne<br />

veul<strong>en</strong>t pas pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> aux avertissem<strong>en</strong>ts et<br />

aux exhortations <strong>de</strong> l'Apocalypse ne peut se<br />

réclamer <strong>de</strong> la bénédiction promise. Tous ceux qui<br />

tourn<strong>en</strong>t ces sujets <strong>en</strong> dérision et se moqu<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

symboles inspirés <strong><strong>de</strong>s</strong> livres prophétiques; tous<br />

ceux qui refus<strong>en</strong>t <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> se<br />

préparer pour la v<strong>en</strong>ue du Fils <strong>de</strong> l'homme,<br />

r<strong>en</strong>onc<strong>en</strong>t au bonheur attaché à ces étu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

En prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> affirmations qui précèd<strong>en</strong>t,<br />

comm<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes os<strong>en</strong>t-ils prét<strong>en</strong>dre que<br />

l'Apocalypse est un mystère au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la portée<br />

631


<strong>de</strong> l'intellig<strong>en</strong>ce humaine? C'est un mystère, oui,<br />

mais un mystère dévoilé; c'est un livre ouvert.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Apocalypse attire l'att<strong>en</strong>tion sur les<br />

prophéties <strong>de</strong> Daniel. Dans ces <strong>de</strong>ux livres, Dieu<br />

donne à ses <strong>en</strong>fants <strong><strong>de</strong>s</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts très<br />

importants touchant les événem<strong>en</strong>ts qui doiv<strong>en</strong>t se<br />

produire à la fin <strong>de</strong> l'histoire du mon<strong>de</strong>.<br />

L'Apocalypse <strong>de</strong> saint Jean est la révélation <strong>de</strong><br />

scènes d'un intérêt palpitant pour l'Église. Dans ce<br />

livre, l'apôtre décrit les dangers, les luttes et la<br />

délivrance finale du peuple <strong>de</strong> Dieu. Il y <strong>en</strong>registre<br />

les messages ultimes qui doiv<strong>en</strong>t mûrir la moisson<br />

<strong>de</strong> la terre. Il y contemple tour à tour les fidèles,<br />

gerbes <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées aux gr<strong>en</strong>iers célestes, et les<br />

<strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> Jésus-Christ, javelles réservées, au feu<br />

<strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. Des révélations d'une gran<strong>de</strong><br />

importance concernant tout spécialem<strong>en</strong>t l'Église<br />

<strong>de</strong> la fin lui ont été confiées, afin que ceux qui se<br />

détournerai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'erreur pour accepter la vérité<br />

fuss<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre les périls et les conflits<br />

qui les att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t. Nul n'<strong>en</strong> est réduit à ignorer ce<br />

qui doit arriver sur la terre.<br />

632


Pourquoi cette partie importante <strong><strong>de</strong>s</strong> Écrits<br />

sacrés est-elle si peu connue? D'où vi<strong>en</strong>t cette<br />

répugnance générale à <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts? C'est le fruit d'un effort calculé du<br />

prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres pour cacher aux hommes ceux<br />

qui dévoil<strong>en</strong>t ses pièges. Voilà pourquoi Jésus,<br />

auteur <strong>de</strong> cette Révélation, prévoyant la guerre qui<br />

serait faite à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Apocalypse, a prononcé<br />

une bénédiction sur « ceux qui la lis<strong>en</strong>t, sur ceux<br />

qui l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t et sur ceux qui gard<strong>en</strong>t les choses<br />

qui y sont écrites ».<br />

633


Chapitre 19<br />

Lumières et ténèbres<br />

Une gran<strong>de</strong> analogie caractérise les réformes<br />

qui, <strong>de</strong> siècle <strong>en</strong> siècle, jalonn<strong>en</strong>t les progrès <strong>de</strong><br />

l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu. Étant donné que les voies divines<br />

sont immuables et que les mouvem<strong>en</strong>ts importants<br />

du temps prés<strong>en</strong>t trouv<strong>en</strong>t leur parallèle dans<br />

l'histoire, les péripéties <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l'Église aux<br />

siècles passés nous offr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> précieux<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>La</strong> Bible laisse clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que les<br />

hommes choisis par Dieu pour diriger les grands<br />

mouvem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à poursuivre son oeuvre <strong>de</strong><br />

salut sur la terre sont tout spécialem<strong>en</strong>t placés sous<br />

la direction <strong>de</strong> son Esprit. Ces hommes ne sont que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> instrum<strong>en</strong>ts dont Dieu se sert <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> la<br />

réalisation <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. Chacun<br />

d'eux a son rôle à jouer; chacun reçoit la mesure <strong>de</strong><br />

lumière adaptée aux besoins <strong>de</strong> son temps et<br />

suffisante pour accomplir la tâche qui lui est<br />

634


confiée. Mais aucun <strong>de</strong> ces hommes, si honoré du<br />

ciel qu'il ait été, n'est parv<strong>en</strong>u à une parfaite<br />

intellig<strong>en</strong>ce du grand plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption, ni<br />

même à une juste appréciation du <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> Dieu<br />

pour son époque. L'homme ne peut compr<strong>en</strong>dre<br />

parfaitem<strong>en</strong>t ce que Dieu se propose d'accomplir<br />

par le mandat qu'il lui confie, ni voir toute la portée<br />

du message dont il est le héraut.<br />

« Prét<strong>en</strong>ds-tu son<strong>de</strong>r les p<strong>en</strong>sées <strong>de</strong> Dieu,<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> Job, parv<strong>en</strong>ir à la connaissance parfaite<br />

du Tout-Puissant? » « Mes p<strong>en</strong>sées ne sont pas vos<br />

p<strong>en</strong>sées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit<br />

l'Éternel. Autant les cieux sont élevés au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

la terre, autant mes voies sont élevées au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

vos voies, et mes p<strong>en</strong>sées au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> vos<br />

p<strong>en</strong>sées. » « Car je suis Dieu, et il n'y <strong>en</strong> a point<br />

d'autre, je suis Dieu et nul n'est semblable à moi.<br />

J'annonce dès le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t ce qui doit arriver,<br />

et longtemps d'avance ce qui n'est pas <strong>en</strong>core<br />

accompli. (Job 11.7 Ésaïe 55.8,9 Ésaïe 46.9,10)<br />

<strong>Le</strong>s prophètes eux-mêmes, pourtant<br />

spécialem<strong>en</strong>t éclairés par le Saint-Esprit, ne<br />

635


voyai<strong>en</strong>t pas toute la portée <strong>de</strong> leurs oracles. <strong>La</strong><br />

signification <strong>de</strong> ceux-ci se dégagea peu à peu au<br />

cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, et cela seulem<strong>en</strong>t à mesure que<br />

les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu avai<strong>en</strong>t besoin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts qu'ils cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t.<br />

Ainsi, touchant le salut mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par<br />

l'Évangile, l'apôtre Pierre pouvait écrire : « <strong>Le</strong>s<br />

prophètes... ont fait <strong>de</strong> ce salut l'objet <strong>de</strong> leurs<br />

recherches et <strong>de</strong> leurs investigations, voulant<br />

son<strong>de</strong>r l'époque et les circonstances marquées par<br />

l'Esprit <strong>de</strong> Christ qui était <strong>en</strong> eux, et qui attestait<br />

d'avance les souffrances <strong>de</strong> Christ et la gloire dont<br />

elles serai<strong>en</strong>t suivies. Il leur fut révélé que ce n'était<br />

pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils étai<strong>en</strong>t<br />

les disp<strong>en</strong>sateurs <strong>de</strong> ces choses, que vous ont<br />

annoncées maint<strong>en</strong>ant ceux qui ont prêché<br />

l'Évangile. (1 Pierre 1.10-12)<br />

Bi<strong>en</strong> qu'il ne leur fût pas donné <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre<br />

pleinem<strong>en</strong>t les choses qui leur étai<strong>en</strong>t révélées, les<br />

prophètes s'efforçai<strong>en</strong>t néanmoins <strong>de</strong> saisir toutes<br />

les lumières que Dieu jugeait bon <strong>de</strong> leur<br />

communiquer, faisant « <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

636


investigations » pour découvrir « l'époque et les<br />

circonstances marquées par l'Esprit ». Quel<br />

magnifique <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t se cache ici pour le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu vivant sous la disp<strong>en</strong>sation<br />

évangélique et au bénéfice duquel ces prophéties<br />

fur<strong>en</strong>t données! « Il leur fut révélé que ce n'était<br />

pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils étai<strong>en</strong>t<br />

les disp<strong>en</strong>sateurs <strong>de</strong> ces choses. » <strong>Le</strong>s voyez-vous,<br />

ces serviteurs <strong>de</strong> Dieu, scrutant diligemm<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

révélations <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées aux générations à v<strong>en</strong>ir?<br />

Comparez leur saint zèle avec l'indiffér<strong>en</strong>ce que<br />

notre époque favorisée manifeste à l'égard du don<br />

céleste! Quelle c<strong>en</strong>sure à l'adresse <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s<br />

insouciants et mondains qui se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dire<br />

que les prophéties sont incompréh<strong>en</strong>sibles!<br />

Bi<strong>en</strong> que l'esprit limité <strong>de</strong> l'homme soit<br />

insuffisant pour <strong>en</strong>trer dans les conseils <strong>de</strong> l'Infini<br />

ou pour <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre pleinem<strong>en</strong>t les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, il<br />

n'<strong>en</strong> est pas moins vrai que c'est souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison<br />

<strong>de</strong> quelque erreur ou <strong>de</strong> quelque néglig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

notre part que nous saisissons si imparfaitem<strong>en</strong>t les<br />

messages du ciel. Il arrive fréquemm<strong>en</strong>t que<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s, même <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs <strong>de</strong><br />

637


Dieu soit tellem<strong>en</strong>t obscurcie par les usages, les<br />

opinions courantes et les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts populaires,<br />

qu'ils ne perçoiv<strong>en</strong>t que partiellem<strong>en</strong>t les vérités<br />

révélées. Tel fut le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples <strong>de</strong> Jésus, alors<br />

même qu'il était personnellem<strong>en</strong>t avec eux. Imbus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conceptions courantes sur le Messie, ils<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t un prince temporel qui porterait Israël à<br />

la tête <strong>de</strong> l'univers! De là leur incapacité <strong>de</strong><br />

compr<strong>en</strong>dre le Sauveur quand il leur parlait <strong>de</strong> ses<br />

souffrances et <strong>de</strong> sa mort.<br />

<strong>Le</strong> message que Jésus lui-même leur avait<br />

confié : « <strong>Le</strong> temps est accompli, et le royaume <strong>de</strong><br />

Dieu est proche. Rep<strong>en</strong>tez-vous, et croyez à la<br />

bonne nouvelle » (Marc 1.15), était basé sur le livre<br />

<strong>de</strong> Daniel. Selon cette prophétie (Dan., ch. 9), le<br />

Messie, « l'oint », <strong>de</strong>vait paraître à l'expiration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soixante-neuf semaines. Pleins d'espérance et <strong>de</strong><br />

joie à la perspective du prochain établissem<strong>en</strong>t, à<br />

Jérusalem, d'un glorieux royaume messianique<br />

embrassant toute la terre, ils s'acquittèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

mission dont le Seigneur les avait chargés. Mais,<br />

aveuglés par l'erreur qu'ils caressai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>puis leur<br />

<strong>en</strong>fance, ils ne s'apercevai<strong>en</strong>t pas que le texte <strong>de</strong><br />

638


Daniel (9.25) annonçait, au verset suivant du même<br />

chapitre, que le Messie <strong>de</strong>vait être « retranché ».<br />

Aussi, au mom<strong>en</strong>t où ils croyai<strong>en</strong>t leur Maître sur<br />

le point <strong>de</strong> monter sur le trône <strong>de</strong> David, quelle ne<br />

fut pas leur déception <strong>de</strong> le voir arrêté comme un<br />

malfaiteur, battu <strong>de</strong> verges, tourné <strong>en</strong> dérision,<br />

condamné et susp<strong>en</strong>du sur la croix du Calvaire! De<br />

quelles angoisses et <strong>de</strong> quel désespoir leur coeur ne<br />

fut-il pas déchiré p<strong>en</strong>dant les jours qu'il passa dans<br />

le sommeil <strong>de</strong> la tombe!<br />

Et pourtant, Jésus était v<strong>en</strong>u dans le mon<strong>de</strong> à<br />

son heure et <strong>de</strong> la façon prédite. Chaque détail <strong>de</strong><br />

son ministère avait marqué un accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

la prophétie. Il avait annoncé le message du salut,<br />

et cela « avec puissance ». Ses auditeurs avai<strong>en</strong>t été<br />

convaincus qu'il v<strong>en</strong>ait du ciel. Tant la Parole que<br />

l'Esprit <strong>de</strong> Dieu avai<strong>en</strong>t attesté la divinité <strong>de</strong> sa<br />

mission.<br />

Restés attachés à leur Maître bi<strong>en</strong>-aimé par les<br />

li<strong>en</strong>s d'un indéfectible amour, les disciples fur<strong>en</strong>t<br />

pourtant <strong>en</strong>vahis par l'incertitu<strong>de</strong> et le doute. Dans<br />

leur détresse, ils ne se rappelèr<strong>en</strong>t pas les paroles<br />

639


du Maître relatives à ses souffrances et à sa mort.<br />

Si Jésus <strong>de</strong> Nazareth avait été le vrai Messie,<br />

serai<strong>en</strong>t-ils maint<strong>en</strong>ant acculés à ce douloureux<br />

échec? Cette question les torturait durant les<br />

pénibles heures du sabbat qui sépara la mort du<br />

Sauveur <strong>de</strong> sa résurrection.<br />

Enveloppés par une obscurité impénétrable, les<br />

disciples ne fur<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant pas abandonnés au<br />

désespoir. Un prophète avait écrit : « Si je suis<br />

assis dans les ténèbres, l'Éternel sera ma lumière...<br />

Il me conduira à la lumière, et je contemplerai sa<br />

justice. » Même les ténèbres ne sont pas obscures<br />

pour toi, la nuit brille comme le jour, et les<br />

ténèbres comme la lumière. » Et Dieu avait dit : «<br />

<strong>La</strong> lumière se lève dans les ténèbres pour les<br />

hommes droits. » « Je ferai marcher les aveugles<br />

sur un chemin qu'ils ne connaiss<strong>en</strong>t pas, je les<br />

conduirai par <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tiers qu'ils ignor<strong>en</strong>t; je<br />

changerai <strong>de</strong>vant eux les ténèbres <strong>en</strong> lumière, et les<br />

<strong>en</strong>droits tortueux <strong>en</strong> plaine: voilà ce que je ferai, et<br />

je ne les abandonnerai point. » (Michée 7.8,9;<br />

Psaumes 139.12; 112.4; Ésaïe 42.16)<br />

640


<strong>La</strong> proclamation faite par les apôtres au nom du<br />

Sauveur était exacte dans tous ses détails, et les<br />

événem<strong>en</strong>ts annoncés étai<strong>en</strong>t alors <strong>en</strong> voie<br />

d'accomplissem<strong>en</strong>t. « <strong>Le</strong> temps est accompli, et le<br />

royaume <strong>de</strong> Dieu est proche », tel avait été leur<br />

message. <strong>Le</strong> « temps » – c'étai<strong>en</strong>t les soixante-neuf<br />

semaines <strong>de</strong> Daniel 9 – <strong>de</strong>vait aboutir au « Messie<br />

», à « l'Oint », au « Conducteur ». Jésus avait été «<br />

oint » <strong>de</strong> l'Esprit lors <strong>de</strong> son baptême dans le<br />

Jourdain par Jean-Baptiste, et le royaume <strong>de</strong> Dieu,<br />

dont les apôtres avai<strong>en</strong>t annoncé la proximité, fut<br />

établi par la mort du Sauveur. Mais ce royaume<br />

n'était pas, comme on le leur avait <strong>en</strong>seigné, une<br />

monarchie terrestre. Il ne s'agissait pas du<br />

royaume, éternel qui sera fondé quand « le règne,<br />

la domination et la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> tous les royaumes<br />

qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> saints du Très-Haut », <strong>de</strong> ce règne où « tous les<br />

dominateurs le serviront et lui obéiront » (Daniel<br />

7.27) Dans les Écritures, l'expression « royaume <strong>de</strong><br />

Dieu sert à désigner à la fois le royaume <strong>de</strong> grâce et<br />

le royaume <strong>de</strong> gloire. <strong>Le</strong> royaume <strong>de</strong> grâce est<br />

m<strong>en</strong>tionné par saint Paul dans l'épître aux Hébreux.<br />

Après avoir appelé l'att<strong>en</strong>tion sur un Sauveur<br />

641


capable <strong>de</strong> « compatir à nos faiblesses », l'apôtre<br />

dit : « Approchons-nous donc avec assurance du<br />

trône <strong>de</strong> la grâce, afin d'obt<strong>en</strong>ir miséricor<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins.<br />

» (Hébreux 4.16) Or, un trône supposant<br />

nécessairem<strong>en</strong>t un royaume, le trône <strong>de</strong> la grâce<br />

représ<strong>en</strong>te le royaume <strong>de</strong> la grâce. Dans plusieurs<br />

<strong>de</strong> ses paraboles, le Sauveur se sert <strong>de</strong> l'expression<br />

« royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux » pour désigner l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />

grâce divine dans les coeurs.<br />

De même, le trône <strong>de</strong> la gloire représ<strong>en</strong>te le<br />

royaume <strong>de</strong> la gloire, et c'est à ce royaume que le<br />

Sauveur fait allusion quand il dit : « Lorsque le Fils<br />

<strong>de</strong> l'homme vi<strong>en</strong>dra dans sa gloire, avec tous les<br />

anges, il s'assiéra sur le trône <strong>de</strong> sa gloire. Toutes<br />

les nations seront assemblées <strong>de</strong>vant lui. (Matthieu<br />

25.31,32) Ce royaume est <strong>en</strong>core à v<strong>en</strong>ir, et ne sera<br />

établi qu'à la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus-Christ.<br />

<strong>Le</strong> royaume <strong>de</strong> la grâce date <strong>de</strong> la chute <strong>de</strong><br />

l'homme, époque où Dieu traça le plan <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption d'une race coupable. Ce royaume a<br />

existé dès lors dans les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins et <strong>en</strong> vertu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

642


promesses <strong>de</strong> Dieu. Mais ce royaume dont on<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait sujet par la foi n'a été définitivem<strong>en</strong>t<br />

confirmé qu'à la mort du Sauveur. En effet, même<br />

après être <strong>en</strong>tré dans son ministère terrestre, Jésus<br />

aurait pu, lassé <strong>de</strong> l'ingratitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'obstination<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, reculer <strong>de</strong>vant la croix du Calvaire.<br />

En Gethsémané, où la coupe amère trembla dans sa<br />

main, il aurait pu <strong>en</strong>core essuyer la sueur <strong>de</strong> sang<br />

ruisselant sur son front et laisser notre mon<strong>de</strong><br />

révolté périr dans ses iniquités. C'<strong>en</strong> eût été fait,<br />

alors, <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong> l'humanité. C'est quand<br />

le Sauveur eut donné sa vie, lorsqu'il s'écria, <strong>en</strong><br />

expirant : « Tout est accompli », que le plan <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption fut définitivem<strong>en</strong>t assuré. <strong>La</strong> promesse<br />

du salut faite au couple désobéissant <strong>de</strong> l'Éd<strong>en</strong> fut<br />

ratifiée, et le royaume <strong>de</strong> grâce, qui jusqu'alors<br />

n'existait qu'<strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> la promesse <strong>de</strong> Dieu, était<br />

fondé.<br />

Ainsi la mort du Sauveur, que les disciples<br />

<strong>en</strong>visageai<strong>en</strong>t comme la ruine définitive <strong>de</strong> toutes<br />

leurs espérances, confirma au contraire celles-ci<br />

pour l'éternité. Si elle fut pour eux un cruel<br />

désappointem<strong>en</strong>t, elle prouva <strong>de</strong> façon péremptoire<br />

643


l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur croyance. L'événem<strong>en</strong>t qui les<br />

avait plongés dans le désespoir était celui-là même<br />

qui ouvrait à tous les fils d'Adam la porte <strong>de</strong><br />

l'espérance, celui dont dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la vie future et<br />

le bonheur éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles <strong>de</strong> tous les siècles.<br />

<strong>Le</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>seins issus d'une miséricor<strong>de</strong> infinie<br />

s'accomplissai<strong>en</strong>t ainsi <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> la désillusion<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> disciples. <strong>Le</strong>urs coeurs avai<strong>en</strong>t été gagnés par<br />

la grâce divine et par la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> celui dont il pouvait être dit : «<br />

Jamais homme n'a parlé comme cet homme »;<br />

néanmoins, à l'or pur <strong>de</strong> leur attachem<strong>en</strong>t pour<br />

Jésus se mêlait le vil alliage <strong>de</strong> visées mondaines et<br />

d'ambitions égoïstes. Dans la chambre haute où ils<br />

pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t leur <strong>de</strong>rnière Pâque, à l'heure sol<strong>en</strong>nelle<br />

où les ombres <strong>de</strong> Gethsémané s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t déjà sur<br />

leur Maître, les disciples s'étai<strong>en</strong>t querellés pour<br />

savoir « lequel d'<strong>en</strong>tre eux <strong>de</strong>vait être estimé le<br />

plus grand » (Luc 22.24). Ils songeai<strong>en</strong>t à un trône<br />

et à une couronne terrestres, alors que se<br />

préparai<strong>en</strong>t l'agonie <strong>de</strong> Gethsémané et la croix du<br />

Calvaire.<br />

644


<strong>Le</strong>ur orgueil et leur soif <strong>de</strong> gloire terrestre,<br />

<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ant dans leurs coeurs les erreurs du temps,<br />

les avai<strong>en</strong>t exposés à méconnaître les paroles du<br />

Sauveur sur la véritable nature <strong>de</strong> son royaume, et<br />

à oublier la prédiction <strong>de</strong> ses souffrances et <strong>de</strong> sa<br />

mort. Et ces erreurs avai<strong>en</strong>t abouti à l'épreuve dure,<br />

mais nécessaire, qui les ram<strong>en</strong>a dans la bonne voie.<br />

Quoique les disciples se fuss<strong>en</strong>t mépris sur le s<strong>en</strong>s<br />

<strong>de</strong> leur message et euss<strong>en</strong>t vu leur att<strong>en</strong>te frustrée,<br />

ils avai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant prêché l'avertissem<strong>en</strong>t divin<br />

et le Seigneur allait honorer leur foi et récomp<strong>en</strong>ser<br />

leur obéissance. Aussi est-ce à eux que fut confiée<br />

la tâche <strong>de</strong> proclamer au mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier la bonne<br />

nouvelle d'un Sauveur ressuscité. C'était pour les<br />

préparer à cette oeuvre que le Sauveur avait permis<br />

cette amère leçon.<br />

Après sa résurrection, Jésus apparut sous<br />

l'aspect d'un étranger à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses disciples sur le<br />

chemin d'Émmaüs. « Et, comm<strong>en</strong>çant par Moïse et<br />

par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes<br />

les Écritures ce qui le concernait. » (Luc 24.27)<br />

Émus et émerveillés, ces <strong>de</strong>ux disciples s<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t<br />

leur foi se ranimer avant même que Jésus se fût fait<br />

645


econnaître d'eux. L'int<strong>en</strong>tion du Maître était<br />

d'éclairer leur <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et d'asseoir leur foi sur<br />

« la parole <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes » qui est certaine. Il<br />

désirait que la vérité s'<strong>en</strong>racinât dans leur esprit, et<br />

cela moins <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> son témoignage personnel<br />

que grâce aux preuves incontestables fournies par<br />

les symboles et les ombres <strong>de</strong> la loi cérémonielle,<br />

comme aussi par les prophètes <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong><br />

Testam<strong>en</strong>t. Pour proclamer au mon<strong>de</strong> la<br />

connaissance du Messie, il fallait que les disciples<br />

possédass<strong>en</strong>t une foi intellig<strong>en</strong>te. Or, comme<br />

sources <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, Jésus leur cita «<br />

Moïse et les prophètes ». Tel fut le témoignage<br />

r<strong>en</strong>du par le Sauveur ressuscité à l'importance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong> Testam<strong>en</strong>t.<br />

Aussi, quel changem<strong>en</strong>t dans le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

disciples lorsqu'ils revir<strong>en</strong>t le visage aimé <strong>de</strong> leur<br />

Maître! (Luc 24.32) Ils reconnur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui, plus<br />

distinctem<strong>en</strong>t qu'auparavant, « celui <strong>de</strong> qui Moïse a<br />

écrit dans la loi, et dont les prophètes ont parlé ».<br />

L'incertitu<strong>de</strong>, l'angoisse, le désespoir fir<strong>en</strong>t place à<br />

une parfaite assurance, à une foi sans nuage. Quoi<br />

d'étonnant si, après son asc<strong>en</strong>sion, ils étai<strong>en</strong>t «<br />

646


constamm<strong>en</strong>t dans le temple, louant et bénissant<br />

Dieu »? <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s qui ne connaissai<strong>en</strong>t que la mort<br />

ignominieuse du Nazaré<strong>en</strong> s'att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à lire sur le<br />

visage <strong>de</strong> ses disciples l'expression <strong>de</strong> la douleur,<br />

<strong>de</strong> la confusion, <strong>de</strong> la défaite; ils y vir<strong>en</strong>t, au<br />

contraire, briller une joie triomphante.<br />

Mais, aussi, par quelle préparation n'avai<strong>en</strong>t-ils<br />

point passé! Ils avai<strong>en</strong>t subi l'épreuve la plus<br />

douloureuse qu'il fût possible d'imaginer et avai<strong>en</strong>t<br />

vu la Parole <strong>de</strong> Dieu s'accomplir glorieusem<strong>en</strong>t<br />

alors qu'à vues humaines tout semblait perdu. Dès<br />

lors, ri<strong>en</strong> ne put ébranler leur foi, ni tempérer<br />

l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> leur amour. Dans les afflictions les plus<br />

amères, ils jouir<strong>en</strong>t « d'un puissant <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t<br />

» : leur espérance sera comme « une ancre <strong>de</strong><br />

l'âme, sûre et soli<strong>de</strong> » (Hébreux 6.18). Témoins <strong>de</strong><br />

la sagesse et <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> Dieu ils étai<strong>en</strong>t<br />

assurés « que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les<br />

dominations, ni les choses prés<strong>en</strong>tes ni les choses à<br />

v<strong>en</strong>ir, ni les puissances, ni la hauteur ni la<br />

profon<strong>de</strong>ur, ni aucune autre créature » ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

les « séparer <strong>de</strong> l'amour <strong>de</strong> Dieu manifesté <strong>en</strong><br />

Jésus-Christ » leur Seigneur. « Dans toutes ces<br />

647


choses, s'écriai<strong>en</strong>t-ils, nous sommes plus que<br />

vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Romains<br />

8.37-39). <strong>La</strong> Parole du Seigneur <strong>de</strong>meure<br />

éternellem<strong>en</strong>t. » (1 Pierre 1.25) « Qui nous<br />

condamnera? Christ est mort; bi<strong>en</strong> plus, il est<br />

ressuscité, il est à la droite <strong>de</strong> Dieu, et il intercè<strong>de</strong><br />

pour nous! » (Romains 3.34)<br />

« Mon peuple ne sera plus jamais dans la<br />

confusion, dit l'Éternel. » (Joël 2.26) « <strong>Le</strong> soir<br />

arriv<strong>en</strong>t les pleurs, et le matin l'allégresse. »<br />

(Psaumes 30.6) <strong>Le</strong> jour <strong>de</strong> la résurrection, quand<br />

les disciples revir<strong>en</strong>t leur Sauveur et écoutèr<strong>en</strong>t ses<br />

paroles avec <strong><strong>de</strong>s</strong> transports <strong>de</strong> joie; quand ils<br />

contemplèr<strong>en</strong>t cette tête, ces mains et ces pieds<br />

meurtris pour eux; quand, plus tard, Jésus les<br />

conduisit jusqu'à Béthanie et que, les mains levées<br />

sur eux dans un geste <strong>de</strong> bénédiction, il leur dit : «<br />

Allez par tout le mon<strong>de</strong>, et prêchez la bonne<br />

nouvelle à toute la création » (Marc 16.15), « et<br />

voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin<br />

du mon<strong>de</strong> » (Matthieu 28.20); quand, dix jours plus<br />

tard, le Consolateur <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dit sur eux, les revêtant<br />

<strong>de</strong> la puissance d'<strong>en</strong> haut et leur donnant la<br />

648


s<strong>en</strong>sation ineffable <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Jésus, alors,<br />

pour ri<strong>en</strong> au mon<strong>de</strong>, ils n'aurai<strong>en</strong>t cons<strong>en</strong>ti à<br />

échanger le ministère <strong>de</strong> l'Évangile et la « couronne<br />

<strong>de</strong> justice » qui leur était réservée, contre le trône<br />

terrestre qu'ils avai<strong>en</strong>t convoité dans les premiers<br />

temps <strong>de</strong> leur apostolat. « Celui qui peut faire...<br />

infinim<strong>en</strong>t au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> tout ce que nous <strong>de</strong>mandons<br />

et p<strong>en</strong>sons », leur avait accordé, avec « la<br />

communion <strong>de</strong> ses souffrances », la communion <strong>de</strong><br />

sa joie, celle <strong>de</strong> « conduire à la gloire beaucoup <strong>de</strong><br />

fils », c'est-à-dire un « poids éternel <strong>de</strong> gloire »,<br />

avec lequel les afflictions <strong>de</strong> l'heure prés<strong>en</strong>te ne<br />

peuv<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir aucune comparaison.<br />

L'épreuve <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples qui prêchèr<strong>en</strong>t «<br />

l'Évangile du royaume » lors <strong>de</strong> la première v<strong>en</strong>ue<br />

du Seigneur, a eu sa contrepartie dans l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prédicateurs <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue. <strong>Le</strong>s apôtres<br />

avai<strong>en</strong>t dit : « <strong>Le</strong> temps est accompli, et le royaume<br />

<strong>de</strong> Dieu est proche. » De même, Miller et ses<br />

collaborateurs annonçai<strong>en</strong>t que la <strong>de</strong>rnière et la<br />

plus longue pério<strong>de</strong> prophétique <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures tirait<br />

à sa fin, que le jour du jugem<strong>en</strong>t était immin<strong>en</strong>t et<br />

que le royaume éternel allait être établi. <strong>La</strong><br />

649


prédication <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers disciples touchant<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> temps était basée sur les<br />

soixante-dix semaines <strong>de</strong> Daniel 9. Il <strong>en</strong> était <strong>de</strong><br />

même du message <strong>de</strong> Miller et <strong>de</strong> ses associés, qui<br />

annonçait la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts jours <strong>de</strong> Daniel ( 8.14), dont les soixante-dix<br />

semaines faisai<strong>en</strong>t partie. Chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

messages était basé sur l'accomplissem<strong>en</strong>t d'une<br />

portion <strong>de</strong> la même gran<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> prophétique.<br />

Comme les premiers disciples, Miller et ses<br />

collaborateurs ne comprir<strong>en</strong>t pas exactem<strong>en</strong>t la<br />

portée du message qu'ils proclamai<strong>en</strong>t. Des erreurs<br />

ayant cours <strong>de</strong>puis longtemps dans l'Église les<br />

empêchai<strong>en</strong>t d'arriver à une interprétation correcte<br />

d'un point important <strong>de</strong> la prophétie. C'est<br />

pourquoi, bi<strong>en</strong> qu'ils fiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre au mon<strong>de</strong> le<br />

message que Dieu leur avait confié, ils subir<strong>en</strong>t une<br />

déception.<br />

En expliquant ces paroles <strong>de</strong> Daniel 8.14 : «<br />

Deux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins, puis le<br />

sanctuaire sera purifié », Miller, adoptant l'idée<br />

généralem<strong>en</strong>t admise que le sanctuaire était la<br />

650


terre, crut qu'il s'agissait <strong>de</strong> la purification <strong>de</strong> notre<br />

globe par le feu au jour <strong>de</strong> Dieu, et il <strong>en</strong> conclut<br />

que la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts années<br />

coïncidait avec la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du Christ. Son<br />

erreur prov<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> ce qu'il avait adopté une<br />

croyance populaire touchant le sanctuaire.<br />

Dans le système mosaïque, qui était une ombre,<br />

un symbole du sacrifice et du sacerdoce <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ, la purification du sanctuaire était la <strong>de</strong>rnière<br />

cérémonie accomplie par le souverain sacrificateur<br />

dans la série <strong><strong>de</strong>s</strong> services annuels. C'était l'oeuvre<br />

finale <strong>de</strong> l'expiation : l'<strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés<br />

d'Israël. Elle préfigurait le <strong>de</strong>rnier acte du ministère<br />

<strong>de</strong> notre souverain sacrificateur dans les cieux,<br />

alors qu'il <strong>en</strong>lèvera ou effacera les péchés <strong>de</strong> son<br />

peuple <strong>en</strong>registrés dans les livres du ciel. Ce<br />

service, qui comporte l'instruction d'un jugem<strong>en</strong>t,<br />

précè<strong>de</strong> immédiatem<strong>en</strong>t la v<strong>en</strong>ue du Christ sur les<br />

nuées du ciel, <strong>en</strong> puissance et <strong>en</strong> gloire. À ce<br />

mom<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, tous les cas auront fait l'objet<br />

d'une décision. Jésus dit : « Ma rétribution est avec<br />

moi, pour r<strong>en</strong>dre à chacun selon ce qu'est son<br />

oeuvre. » (Apocalypse 22.12) Cette instruction du<br />

651


jugem<strong>en</strong>t, précédant immédiatem<strong>en</strong>t le retour du<br />

Christ, est appelée la « purification du sanctuaire »<br />

(Daniel 8.14); elle est annoncée dans le premier<br />

message d'Apocalypse 14 « Craignez Dieu, et<br />

donnez-lui gloire, car l'heure <strong>de</strong> son jugem<strong>en</strong>t est<br />

v<strong>en</strong>ue. »<br />

<strong>Le</strong>s hérauts du retour du Christ proclamèr<strong>en</strong>t ce<br />

message au temps voulu. Mais il leur advint ce qui<br />

était arrivé aux apôtres lorsqu'ils disai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> se<br />

basant sur Daniel 9 : « <strong>Le</strong> temps est accompli, et le<br />

royaume <strong>de</strong> Dieu est proche », sans remarquer que<br />

le même passage annonçait la mort du Messie.<br />

Miller et ses collaborateurs prêchèr<strong>en</strong>t un message<br />

basé sur Daniel 8.14 et Apocalypse 14.7, sans<br />

s'apercevoir qu'on trouve, au même <strong>en</strong>droit,<br />

d'autres messages <strong>de</strong>vant être proclamés avant le<br />

retour du Seigneur. De même que les disciples<br />

s'étai<strong>en</strong>t mépris sur la nature du royaume qui <strong>de</strong>vait<br />

s'établir à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> soixante-dix semaines, les<br />

adv<strong>en</strong>tistes se méprir<strong>en</strong>t sur la nature <strong>de</strong><br />

l'événem<strong>en</strong>t qui <strong>de</strong>vait marquer l'expiration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours. Dans l'un comme dans<br />

l'autre cas, la vérité fut voilée par une erreur<br />

652


populaire, mais la volonté <strong>de</strong> Dieu fut accomplie et<br />

son message proclamé. Dans les <strong>de</strong>ux cas aussi,<br />

une compréh<strong>en</strong>sion imparfaite <strong>de</strong> leur message<br />

exposa les disciples à une méprise.<br />

Mais Dieu poursuivait ses bi<strong>en</strong>veillants<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seins. <strong>Le</strong> grand jour étant à la porte, il permit<br />

que le mon<strong>de</strong> fût éprouvé par l'annonce du retour<br />

du Christ à une date précise pour donner aux<br />

chréti<strong>en</strong>s l'occasion <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur<br />

état spirituel. <strong>Le</strong> message avait pour but <strong>de</strong> les<br />

purifier <strong>en</strong> leur permettant <strong>de</strong> constater si leurs<br />

affections étai<strong>en</strong>t placées sur le mon<strong>de</strong> ou sur Jésus<br />

et les bi<strong>en</strong>s célestes. Ils professai<strong>en</strong>t aimer le<br />

Sauveur : le mom<strong>en</strong>t était v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> le lui prouver.<br />

Étai<strong>en</strong>t-ils prêts à r<strong>en</strong>oncer à <strong><strong>de</strong>s</strong> espérances et à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ambitions mondaines pour accueillir leur<br />

Seigneur avec joie? <strong>Le</strong> message mettait l'Église <strong>en</strong><br />

mesure <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> son état spirituel.<br />

Dans sa miséricor<strong>de</strong>, Dieu le lui <strong>en</strong>voyait pour<br />

l'am<strong>en</strong>er à le rechercher par la rep<strong>en</strong>tance et<br />

l'humiliation.<br />

Ainsi, Dieu se proposait <strong>de</strong> faire concourir au<br />

653


i<strong>en</strong> <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants le désappointem<strong>en</strong>t qui allait<br />

résulter d'un manque <strong>de</strong> compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> son<br />

message. Il <strong>de</strong>vait être une pierre <strong>de</strong> touche pour<br />

ceux qui avai<strong>en</strong>t déclaré recevoir l'avertissem<strong>en</strong>t<br />

divin. Allai<strong>en</strong>t-ils brusquem<strong>en</strong>t abandonner leur<br />

profession <strong>de</strong> foi et r<strong>en</strong>oncer à leur confiance <strong>en</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, ou bi<strong>en</strong> se mettrai<strong>en</strong>t-ils<br />

pieusem<strong>en</strong>t et humblem<strong>en</strong>t à l'étu<strong>de</strong> pour voir quel<br />

détail <strong>de</strong> la prophétie ils n'avai<strong>en</strong>t pas compris?<br />

Combi<strong>en</strong> d'<strong>en</strong>tre eux avai<strong>en</strong>t cédé à la crainte, au<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t ou à l'<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t? Combi<strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t<br />

indécis et seulem<strong>en</strong>t à moitié convaincus?<br />

Beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s affirmai<strong>en</strong>t aimer l'avènem<strong>en</strong>t<br />

du Seigneur. <strong>Le</strong>s moqueries et le mépris du mon<strong>de</strong>,<br />

l'erreur et la déception allai<strong>en</strong>t-ils les faire r<strong>en</strong>oncer<br />

à leur foi? Rejetterai<strong>en</strong>t-ils <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités évid<strong>en</strong>tes <strong>de</strong><br />

la Bible parce qu'ils n'avai<strong>en</strong>t pas immédiatem<strong>en</strong>t<br />

compris les voies <strong>de</strong> Dieu à leur égard?<br />

Cette épreuve <strong>de</strong>vait révéler la force <strong>de</strong><br />

caractère <strong>de</strong> ceux qui, animés par une foi sincère,<br />

avai<strong>en</strong>t obéi à ce qu'ils croyai<strong>en</strong>t être les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'Esprit et <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Seule une telle leçon pouvait leur montrer le<br />

654


danger que l'on court <strong>en</strong> acceptant les théories et<br />

les interprétations <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, au lieu <strong>de</strong> laisser<br />

les Écritures s'expliquer elles-mêmes. <strong>Le</strong>s<br />

angoisses et les souffrances consécutives à leur<br />

erreur constituai<strong>en</strong>t le correctif dont les vrais<br />

croyants avai<strong>en</strong>t besoin. Elles allai<strong>en</strong>t les am<strong>en</strong>er à<br />

une étu<strong>de</strong> plus att<strong>en</strong>tive <strong>de</strong> la parole prophétique et<br />

leur montrer la nécessité d'examiner avec plus <strong>de</strong><br />

soin les bases <strong>de</strong> leur foi et <strong>de</strong> repousser toute<br />

doctrine qui ne repose pas sur la Parole <strong>de</strong> vérité,<br />

quels que soi<strong>en</strong>t le nombre et la qualité <strong>de</strong> ses<br />

adhér<strong>en</strong>ts.<br />

Pour ces croyants, comme pour les premiers<br />

disciples, ce qui paraissait mystérieux au mom<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> l'épreuve <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>drait évid<strong>en</strong>t par la suite. En<br />

voyant « la fin que le Seigneur » allait leur «<br />

accor<strong>de</strong>r », ils appr<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong> dépit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

épreuves qu'ils s'étai<strong>en</strong>t attirées par leur erreur, ses<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seins ne s'étai<strong>en</strong>t pas moins accomplis. Une<br />

heureuse expéri<strong>en</strong>ce leur montrerait que le Sauveur<br />

est miséricordieux et compatissant et que « tous les<br />

s<strong>en</strong>tiers <strong>de</strong> l'Éternel ne sont que bonté et fidélité<br />

pour ceux qui gard<strong>en</strong>t son alliance et ses<br />

655


comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts ».<br />

656


Chapitre 20<br />

Un grand réveil religieux<br />

<strong>La</strong> prophétie du quatorzième chapitre <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse annonce un grand réveil religieux<br />

consécutif à la proclamation du prochain retour du<br />

Christ. Il y est question d'« un ange qui volait par le<br />

milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour<br />

l'annoncer aux habitants <strong>de</strong> la terre, à toute nation,<br />

à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il<br />

disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnezlui<br />

gloire, car l'heure <strong>de</strong> son Jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue; et<br />

adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer,<br />

et les sources d'eaux » (Apocalypse 14.6,7).<br />

<strong>Le</strong> fait que cette proclamation est confiée à un<br />

ange est significatif. Dans sa sagesse, Dieu s'est plu<br />

à illustrer symboliquem<strong>en</strong>t la noblesse, la<br />

puissance et la gloire <strong>de</strong> ce message par la pureté,<br />

la gloire et la puissance d'un messager céleste. <strong>Le</strong><br />

vol <strong>de</strong> l'ange « par le milieu du ciel », la « voix<br />

forte » avec laquelle l'avertissem<strong>en</strong>t est proclamé «<br />

657


à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout<br />

peuple », témoign<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la rapidité et <strong>de</strong><br />

l'universalité <strong>de</strong> ce mouvem<strong>en</strong>t.<br />

Quant au message lui-même, il nous r<strong>en</strong>seigne<br />

sur l'époque <strong>de</strong> ce réveil : il fait partie <strong>de</strong> l'«<br />

Évangile éternel », et annonce l'inauguration du<br />

jugem<strong>en</strong>t. Si le message du salut a été prêché dans<br />

tous les siècles, ce message-ci r<strong>en</strong>ferme une<br />

portion <strong>de</strong> l'Évangile qui ne pouvait être prêchée<br />

que dans les <strong>de</strong>rniers jours, la seule époque où l'on<br />

pourrait dire : « l'heure <strong>de</strong> son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue<br />

». <strong>Le</strong>s prophéties nous prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une succession<br />

d'événem<strong>en</strong>ts qui aboutiss<strong>en</strong>t à l'inauguration du<br />

jugem<strong>en</strong>t. C'est surtout le cas du livre <strong>de</strong> Daniel.<br />

Mais ce prophète reçoit l'ordre <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ir « close et<br />

scellée » jusqu'au « temps <strong>de</strong> la fin » la partie <strong>de</strong> sa<br />

prophétie relative aux <strong>de</strong>rniers jours. C'est à cette<br />

époque-là seulem<strong>en</strong>t que l'on pourra proclamer un<br />

message se rapportant au jour du jugem<strong>en</strong>t et basé<br />

sur l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prophétie. En effet, le<br />

prophète nous dit qu'au temps <strong>de</strong> la fin, « plusieurs<br />

le liront (son livre), et que la connaissance<br />

augm<strong>en</strong>tera » (Daniel 12.4).<br />

658


L'apôtre Paul avertissait l'Église <strong>de</strong> son temps<br />

que le retour du Christ n'était pas immin<strong>en</strong>t. Il faut,<br />

disait-il, « que l'apostasie soit arrivée auparavant,<br />

et qu'on ait vu paraître l'homme du péché » (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.3). On ne <strong>de</strong>vait donc att<strong>en</strong>dre le<br />

second avènem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Jésus qu'après la gran<strong>de</strong><br />

apostasie et le règne <strong>de</strong> « l'homme du péché ». <strong>Le</strong>s<br />

expressions « homme du péché », « adversaire », «<br />

mystère d'iniquité », « fils <strong>de</strong> la perdition »<br />

désign<strong>en</strong>t la papauté, qui <strong>de</strong>vait, selon la prophétie,<br />

exercer sa suprématie p<strong>en</strong>dant mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t<br />

soixante ans. Cette pério<strong>de</strong> expirant <strong>en</strong> 1798, la<br />

v<strong>en</strong>ue du Christ ne pouvait avoir lieu avant cette<br />

date.<br />

Un message <strong>de</strong> ce g<strong>en</strong>re n'a jamais été annoncé<br />

dans les siècles passés. Paul, nous l'avons vu, ne l'a<br />

pas prêché; il plaçait le retour du Christ dans un<br />

lointain av<strong>en</strong>ir. <strong>Le</strong>s réformateurs ne l'ont pas<br />

proclamé non plus. Martin Luther voyait le jour du<br />

jugem<strong>en</strong>t à quelque trois siècles <strong>de</strong> son temps.<br />

Mais, <strong>de</strong>puis 1798, le livre <strong>de</strong> Daniel a été <strong><strong>de</strong>s</strong>cellé,<br />

la connaissance <strong>de</strong> la prophétie a augm<strong>en</strong>té, et le<br />

659


message sol<strong>en</strong>nel <strong>de</strong> la proximité du jugem<strong>en</strong>t a été<br />

proclamé.<br />

Comme la Réforme du seizième siècle, le<br />

mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste a éclaté simultaném<strong>en</strong>t dans<br />

différ<strong>en</strong>tes parties <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té. En Europe et <strong>en</strong><br />

Amérique, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> prière se sont<br />

s<strong>en</strong>tis poussés à étudier les prophéties. Dans divers<br />

pays, <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes isolés <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s sont parv<strong>en</strong>us,<br />

par la seule étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, à la<br />

conclusion que le retour du Christ est à la porte et<br />

que la fin <strong>de</strong> toutes choses est proche.<br />

En 1821, trois ans après que Miller fut arrivé à<br />

la conclusion que les prophéties aboutissai<strong>en</strong>t au<br />

temps du jugem<strong>en</strong>t, le missionnaire Joseph Wolff<br />

comm<strong>en</strong>ça à proclamer la proximité du retour du<br />

Christ. Il était né <strong>en</strong> Allemagne, <strong>de</strong> par<strong>en</strong>ts juifs.<br />

Son père était rabbin. Esprit vif et curieux, il<br />

écoutait, tout jeune <strong>en</strong>core, avec la plus gran<strong>de</strong><br />

att<strong>en</strong>tion, les conversations qui avai<strong>en</strong>t lieu chez<br />

son père, où <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs pieux se réunissai<strong>en</strong>t chaque<br />

jour pour s'<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l'av<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> leur peuple, <strong>de</strong><br />

la gloire du Messie à v<strong>en</strong>ir et <strong>de</strong> la restauration<br />

660


d'Israël. Ent<strong>en</strong>dant un jour parler <strong>de</strong> Jésus <strong>de</strong><br />

Nazareth, le jeune garçon <strong>de</strong>manda qui était cet<br />

homme. « Un Juif <strong>de</strong> génie, lui fut-il répondu; mais<br />

comme il se disait être le Messie, le sanhédrin l'a<br />

condamné à mort. » – Pourquoi Jérusalem est-elle<br />

détruite, et pourquoi sommes-nous <strong>en</strong> captivité?<br />

poursuivit l'<strong>en</strong>fant. – Hélas! fit le père, c'est parce<br />

que nos pères ont tué les prophètes. Dans l'esprit du<br />

jeune Wolff, cette réponse fit aussitôt surgir la<br />

question : « Jésus n'était-il pas lui aussi un<br />

prophète, et n'a-t-il pas été mis à mort alors qu'il<br />

était innoc<strong>en</strong>t? » (Travels and Adv<strong>en</strong>tures of Rev.<br />

Joseph Wolff, vol. I, p. 6.) Ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t fut si<br />

profond que Joseph, à qui son père avait déf<strong>en</strong>du<br />

d'<strong>en</strong>trer dans un lieu <strong>de</strong> culte chréti<strong>en</strong>, s'attardait<br />

souv<strong>en</strong>t sous les f<strong>en</strong>êtres d'une église pour écouter<br />

la prédication.<br />

À l'âge <strong>de</strong> sept ans, comme il parlait avec fierté,<br />

<strong>de</strong>vant un chréti<strong>en</strong> âgé, du triomphe d'Israël lors <strong>de</strong><br />

la v<strong>en</strong>ue du Messie, le vieillard lui répondit avec<br />

bi<strong>en</strong>veillance : « Mon cher <strong>en</strong>fant, je vais te dire<br />

qui est le vrai Messie : c'est Jésus <strong>de</strong> Nazareth, ...<br />

que tes ancêtres ont crucifié comme ils avai<strong>en</strong>t mis<br />

661


à mort les anci<strong>en</strong>s prophètes. R<strong>en</strong>tre à la maison,<br />

lis le cinquante-troisième chapitre d'Ésaïe, et tu<br />

seras convaincu que Jésus-Christ est le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu. » (Travels and Adv<strong>en</strong>tures of Rev. Joseph<br />

Wolff, vol. I, p. 7.) Vivem<strong>en</strong>t impressionné par ces<br />

paroles, Joseph r<strong>en</strong>tra chez lui, lut le chapitre<br />

indiqué et fut ébahi <strong>de</strong> voir avec quelle perfection<br />

la prophétie s'était accomplie <strong>en</strong> Jésus <strong>de</strong> Nazareth.<br />

« <strong>Le</strong> chréti<strong>en</strong> n'aurait-il pas raison? » se dit l'<strong>en</strong>fant.<br />

Ayant <strong>de</strong>mandé à son père une explication <strong>de</strong> ce<br />

chapitre, il se heurta à un sil<strong>en</strong>ce glacial et n'osa<br />

plus jamais <strong>en</strong>tamer ce sujet avec lui. En revanche,<br />

son désir <strong>de</strong> s'instruire sur la religion chréti<strong>en</strong>ne<br />

n'<strong>en</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait que plus int<strong>en</strong>se.<br />

<strong>Le</strong>s connaissances qu'il cherchait lui étant<br />

sévèrem<strong>en</strong>t refusées dans la société juive, le jeune<br />

Wolff, âgé <strong>de</strong> onze ans seulem<strong>en</strong>t, quitta la maison<br />

paternelle, décidé à s'instruire et à choisir lui-même<br />

sa religion et sa vocation. Trouvant un emploi<br />

provisoire chez un par<strong>en</strong>t, il <strong>en</strong> fut bi<strong>en</strong>tôt chassé<br />

comme apostat et se vit, seul et sans arg<strong>en</strong>t, obligé<br />

d'aller travailler chez <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers. Il alla <strong>de</strong> lieu<br />

<strong>en</strong> lieu, tout <strong>en</strong> étudiant, et subv<strong>en</strong>ait à ses besoins<br />

662


<strong>en</strong> <strong>en</strong>seignant l'hébreu. Sous l'influ<strong>en</strong>ce d'un maître<br />

catholique, il accepta la foi romaine et eut<br />

l'int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir missionnaire parmi son<br />

peuple. À cet effet, il se r<strong>en</strong>dit, quelques années<br />

plus tard, au Collège <strong>de</strong> la Propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Foi, à<br />

Rome, où il fut d'abord traité avec <strong>de</strong> grands égards<br />

par les dignitaires <strong>de</strong> l'Église. Mais son esprit<br />

indép<strong>en</strong>dant et son franc-parler le fir<strong>en</strong>t accuser<br />

d'hérésie; et comme il attaquait ouvertem<strong>en</strong>t les<br />

abus <strong>de</strong> l'Église <strong>en</strong> insistant sur la nécessité d'une<br />

réforme, on l'éloigna <strong>de</strong> Rome, tout <strong>en</strong> le<br />

surveillant. Enfin, déclaré incorrigible, il reçut la<br />

liberté d'aller où bon lui semblerait. Parti pour<br />

l'Angleterre, il y embrassa la foi protestante et fut<br />

reçu dans l'Église anglicane. Au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans<br />

d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>en</strong> 1821, il s'<strong>en</strong>gageait dans l'oeuvre à<br />

laquelle il consacra sa vie.<br />

Tout <strong>en</strong> acceptant la gran<strong>de</strong> vérité d'une<br />

première v<strong>en</strong>ue du Messie <strong>en</strong> qualité d'« homme <strong>de</strong><br />

douleur et habitué à la souffrance », Wolff se r<strong>en</strong>dit<br />

compte que les prophéties annonc<strong>en</strong>t avec une<br />

égale clarté sa secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> puissance et <strong>en</strong><br />

gloire. Et tout <strong>en</strong> s'efforçant <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter à ses<br />

663


anci<strong>en</strong>s coreligionnaires Jésus <strong>de</strong> Nazareth,<br />

l'agneau <strong>de</strong> Dieu immolé pour expier les péchés <strong>de</strong><br />

l'humanité, il leur parlait <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue<br />

comme Libérateur et Roi.<br />

« Jésus <strong>de</strong> Nazareth, le vrai Messie, disait-il,<br />

celui dont les mains et les pieds fur<strong>en</strong>t percés, celui<br />

qui fut m<strong>en</strong>é comme un agneau à la boucherie, qui<br />

"fut un homme <strong>de</strong> douleur et habitué à la<br />

souffrance", ce même Jésus revi<strong>en</strong>dra une secon<strong>de</strong><br />

fois, avec la trompette <strong>de</strong> l'archange, sur les nuées<br />

du ciel. » (Wolff, Researches and Missionary<br />

<strong>La</strong>bors, p. 62.) « Et il se ti<strong>en</strong>dra sur la montagne<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers, et la domination autrefois conférée à<br />

Adam sur toute la création et perdue par lui<br />

(G<strong>en</strong>èse 1.26; 3.17), lui sera donnée. Il sera Roi <strong>de</strong><br />

toute la terre. <strong>Le</strong>s soupirs et les gémissem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

création cesseront, et on n'y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra plus que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chants <strong>de</strong> louanges et d'actions <strong>de</strong> grâces... Lorsque<br />

Jésus vi<strong>en</strong>dra dans la gloire <strong>de</strong> son Père avec les<br />

saints anges... les croyants décédés ressusciteront<br />

d'abord. (1 Thes. 4.16; 1 Cor. 15.23) C'est ce que<br />

nous appelons, nous chréti<strong>en</strong>s, la première<br />

résurrection. Alors la création animale changera <strong>de</strong><br />

664


nature (Es. 11.6-9), et sera soumise à Jésus. (Ps. 8)<br />

Une paix universelle régnera. » (Journal of the<br />

Rev. Joseph Wolff, p. 378, 379) « Contemplant une<br />

fois <strong>en</strong>core la terre, le Seigneur dira : Elle est très<br />

bonne. » (Journal of the Rev. Joseph Wolff, p. 394)<br />

Wolff croyait à l'immin<strong>en</strong>ce du retour du<br />

Seigneur. Son interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques l'avait am<strong>en</strong>é à assigner à ce retour<br />

une date voisine <strong>de</strong> celle fixée par Miller. À ceux<br />

qui lui disai<strong>en</strong>t : Jésus affirme que « pour ce qui est<br />

du jour et <strong>de</strong> l'heure, personne ne le sait », il est<br />

donc impossible <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> savoir à ce sujet, Wolff<br />

répondait : « Jésus a-t-il dit que ce jour et cette<br />

heure ne serai<strong>en</strong>t jamais connus? Ne nous a-t-il pas<br />

donné <strong><strong>de</strong>s</strong> signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps pour nous faire<br />

connaître, tout au moins, l'approche <strong>de</strong> cette v<strong>en</strong>ue,<br />

<strong>de</strong> même que l'on connaît l'approche <strong>de</strong> l'été quand<br />

les arbres se couvr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> feuilles? (Mat. 24 32) Ne<br />

connaîtrons-nous jamais cette époque, alors qu'il<br />

nous exhorte non seulem<strong>en</strong>t à lire, mais à<br />

compr<strong>en</strong>dre le prophète Daniel? Or, dans ce même<br />

prophète, il est écrit que certaines paroles sont<br />

closes et scellées jusqu'au temps <strong>de</strong> la fin; que<br />

665


"plusieurs... les liront, et que la connaissance<br />

(concernant l'époque) augm<strong>en</strong>tera". (Dan. 12.4) En<br />

outre, Jésus ne veut pas dire qu'on ne connaîtra pas<br />

l'approche <strong>de</strong> cette époque, mais seulem<strong>en</strong>t le jour<br />

et l'heure exacts, et il ajoute que nous <strong>en</strong> saurons<br />

assez pour nous y préparer, comme autrefois Noé<br />

prépara son arche <strong>en</strong> vue du déluge. » (Wolff,<br />

Researches and Missionary <strong>La</strong>bors, p. 404, 405)<br />

Durant les vingt-quatre années qui s'ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

1821 à 1845, Wolff fit <strong>de</strong> longs voyages <strong>en</strong><br />

Afrique, où il visita l'Égypte et l'Abyssinie, et <strong>en</strong><br />

Asie, où il parcourut la Palestine, la Syrie, la Perse,<br />

la Boukharie et les In<strong><strong>de</strong>s</strong>. Il visita l'île Sainte-<br />

Hélène, puis il partit pour les États-Unis. Débarqué<br />

à New York, <strong>en</strong> août 1837, il prêcha dans cette<br />

ville, ainsi qu'à Phila<strong>de</strong>lphie et à Baltimore, et<br />

arriva <strong>en</strong>fin à Washington. Ici, écrit-il, « dans une<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> séances du Congrès, sur la motion <strong>de</strong> l'exprésid<strong>en</strong>t<br />

John Quincy Adams, la salle du Congrès<br />

me fut concédée à l'unanimité pour une confér<strong>en</strong>ce<br />

que je fis un samedi. Je fus honoré <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> tous les membres du Congrès, <strong>de</strong> l'évêque<br />

anglican <strong>de</strong> la Virginie, <strong><strong>de</strong>s</strong> membres du clergé et<br />

666


<strong>de</strong> bon nombre <strong>de</strong> citoy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Washington. <strong>Le</strong><br />

même honneur me fut accordé par les<br />

gouvernem<strong>en</strong>ts du New Jersey et <strong>de</strong> la<br />

P<strong>en</strong>nsylvanie, <strong>de</strong>vant lesquels je fis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

confér<strong>en</strong>ces sur mes recherches <strong>en</strong> Asie et sur le<br />

règne du Christ. » (Journal of the Rev. Joseph<br />

Wolff, p. 398, 399)<br />

Au cours <strong>de</strong> ses longs voyages, sans jamais<br />

recourir à la protection d'aucune puissance<br />

europé<strong>en</strong>ne, Wolff avait parcouru les contrées les<br />

plus barbares, <strong>en</strong>durant toutes sortes <strong>de</strong> souffrances<br />

et exposé aux plus grands périls. Il fut battu,<br />

détroussé par <strong><strong>de</strong>s</strong> voleurs, v<strong>en</strong>du comme esclave et<br />

trois fois condamné à mort. Il faillit parfois mourir<br />

<strong>de</strong> faim et <strong>de</strong> soif... Un jour, dépouillé <strong>de</strong> tout, il fut<br />

réduit à parcourir <strong><strong>de</strong>s</strong> c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> kilomètres à<br />

pied dans les montagnes, fouetté par la neige, le<br />

visage et les pieds nus <strong>en</strong>gourdis au contact du sol<br />

gelé.<br />

Quand on lui conseillait <strong>de</strong> ne pas voyager sans<br />

armes parmi <strong><strong>de</strong>s</strong> tribus sauvages et hostiles, il<br />

déclarait que ses armes étai<strong>en</strong>t « la prière, le zèle<br />

667


pour Jésus-Christ et la confiance <strong>en</strong> son secours ».<br />

« Revêtu <strong>de</strong> l'amour <strong>de</strong> Dieu et du prochain, disaitil,<br />

je ti<strong>en</strong>s <strong>en</strong> main l'épée <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. »<br />

(Journal of the Rev. Joseph Wolff, p. 398, 399) « Il<br />

avait toujours sur lui un exemplaire <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures <strong>en</strong> anglais et un <strong>en</strong> hébreu.<br />

À propos <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers voyages, il<br />

écrit : « J'avais toujours la Bible ouverte, persuadé<br />

que ma puissance résidait dans ce livre et que cette<br />

puissance me souti<strong>en</strong>drait. » (W. H. D. Adams, In<br />

perils oft, p. 192)<br />

Wolff persévéra ainsi dans ses travaux jusqu'à<br />

ce que le message du jugem<strong>en</strong>t eût ret<strong>en</strong>ti dans une<br />

gran<strong>de</strong> partie du mon<strong>de</strong>. Il distribua la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu parmi les Juifs, les Turcs, les Parsis, les<br />

Hindous et nombre d'autres peuples, proclamant<br />

partout l'approche du règne du Messie.<br />

Dans ses voyages <strong>en</strong> Boukharie, il trouva la<br />

doctrine du prochain retour du Seigneur au sein<br />

d'une peupla<strong>de</strong> isolée. « <strong>Le</strong>s Arabes du Yém<strong>en</strong>, ditil,<br />

possèd<strong>en</strong>t un livre intitulé : "Seera", qui annonce<br />

668


la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue et le règne glorieux <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ, et ils s'att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à <strong>de</strong> grands événem<strong>en</strong>ts<br />

pour 1840... Dans le Yém<strong>en</strong>, j'ai passé six jours au<br />

milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Réchab. Ils ne boiv<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong><br />

vin, ne sèm<strong>en</strong>t pas, ne plant<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> vignes, et ils<br />

viv<strong>en</strong>t sous <strong><strong>de</strong>s</strong> t<strong>en</strong>tes, <strong>en</strong> souv<strong>en</strong>ir du bon vieux<br />

Jonadab, fils <strong>de</strong> Réchab. J'y ai vu aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants<br />

d'Israël <strong>de</strong> la tribu <strong>de</strong> Dan... qui att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, comme<br />

les fils <strong>de</strong> Réchab, la prochaine v<strong>en</strong>ue du Messie<br />

sur les nuées du ciel. » (Journal of the Rev. Joseph<br />

Wolff, p. 377, 389)<br />

Un autre missionnaire trouva les mêmes<br />

croyances parmi les Tartares. Un prêtre, qui lui<br />

<strong>de</strong>mandait quand le Christ revi<strong>en</strong>drait, parut<br />

gran<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t surpris quand ce missionnaire lui dit<br />

qu'il n'<strong>en</strong> savait ri<strong>en</strong>; une telle ignorance lui parut<br />

inconcevable <strong>de</strong> la part d'un homme qui professait<br />

<strong>en</strong>seigner les Écritures, et il lui déclara, <strong>en</strong> se<br />

basant sur les prophéties, que, pour lui, Jésus-<br />

Christ revi<strong>en</strong>drait vers 1844.<br />

<strong>Le</strong> message du retour <strong>de</strong> Jésus comm<strong>en</strong>ça à être<br />

proclamé <strong>en</strong> Angleterre dès 1826. <strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

669


n'y eut pas la même ampleur ni la même précision<br />

qu'<strong>en</strong> Amérique; on n'y <strong>en</strong>seignait pas aussi<br />

généralem<strong>en</strong>t la date exacte <strong>de</strong> l'événem<strong>en</strong>t;<br />

toutefois, la gran<strong>de</strong> vérité <strong>de</strong> la prochaine v<strong>en</strong>ue du<br />

Christ <strong>en</strong> puissance et <strong>en</strong> gloire y pénétra d'une<br />

façon générale, et cela non pas seulem<strong>en</strong>t parmi les<br />

dissid<strong>en</strong>ts et les non-conformistes. Un auteur<br />

anglais, du nom <strong>de</strong> Mourant Brock, nous informe<br />

que dans ce pays sept c<strong>en</strong>ts pasteurs <strong>de</strong> l'Église<br />

anglicane annonçai<strong>en</strong>t « l'Évangile du royaume ».<br />

<strong>La</strong> conviction que la v<strong>en</strong>ue du Christ aurait lieu <strong>en</strong><br />

1844 y fut égalem<strong>en</strong>t propagée. Des publications<br />

v<strong>en</strong>ues <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis s'y répandir<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t, et<br />

on y réimprima livres et journaux. En 1842, Robert<br />

Winter, Anglais <strong>de</strong> naissance, qui avait reçu <strong>en</strong><br />

Amérique la foi adv<strong>en</strong>tiste, r<strong>en</strong>tra dans son pays<br />

natal pour y proclamer le retour du Christ.<br />

Plusieurs se joignir<strong>en</strong>t à lui, <strong>de</strong> sorte que le<br />

message du jugem<strong>en</strong>t fut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dans diverses<br />

parties du pays.<br />

En Amérique du Sud, un jésuite espagnol, du<br />

nom <strong>de</strong> <strong>La</strong>cunza, ayant eu accès aux Écritures, y<br />

trouva la vérité du prochain retour du Christ.<br />

670


Poussé à proclamer l'avertissem<strong>en</strong>t et désireux<br />

toutefois d'échapper à la c<strong>en</strong>sure <strong>de</strong> Rome, il se<br />

donna pour un Juif converti et publia ses croyances<br />

sous le pseudonyme <strong>de</strong> « Rabbi B<strong>en</strong> Ezra ».<br />

<strong>La</strong>cunza vivait au XVIIIème siècle; mais c'est<br />

seulem<strong>en</strong>t vers 1825 que son livre, parv<strong>en</strong>u à<br />

Londres, fut traduit <strong>en</strong> langue anglaise. Sa<br />

publication contribua à augm<strong>en</strong>ter l'intérêt que la<br />

doctrine du retour du Christ avait éveillé <strong>en</strong><br />

Angleterre.<br />

En Allemagne, ce message fut prêché au<br />

XVIIIème siècle par B<strong>en</strong>gel, pasteur luthéri<strong>en</strong>,<br />

savant critique et comm<strong>en</strong>tateur <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. En<br />

achevant ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, B<strong>en</strong>gel s'était « consacré à la<br />

théologie, vers laquelle l'attirait la gravité naturelle<br />

<strong>de</strong> son caractère, acc<strong>en</strong>tuée <strong>en</strong>core par sa première<br />

éducation. Comme beaucoup <strong>de</strong> jeunes g<strong>en</strong>s<br />

sérieux, après et avant lui, il fut assailli par le<br />

doute. Dans ses écrits, il m<strong>en</strong>tionne avec tact ces<br />

flèches qui avai<strong>en</strong>t transpercé son pauvre coeur et<br />

r<strong>en</strong>du sa jeunesse amère. » (Encyclopaedia<br />

Britanica (9ème éd.), art. B<strong>en</strong>gel) <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u membre<br />

du Consistoire du Wurtemberg, il se fit l'avocat <strong>de</strong><br />

671


la liberté religieuse. « Tout <strong>en</strong> sout<strong>en</strong>ant les droits<br />

et les prérogatives <strong>de</strong> l'Église luthéri<strong>en</strong>ne, il<br />

rev<strong>en</strong>diquait la liberté pour ceux qui, moralem<strong>en</strong>t,<br />

se s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> quitter cette église. » <strong>Le</strong>s<br />

heureux effets <strong>de</strong> cette attitu<strong>de</strong> se font <strong>en</strong>core s<strong>en</strong>tir<br />

dans sa province natale.<br />

Comme B<strong>en</strong>gel préparait un sermon sur le<br />

chapitre vingt et un <strong>de</strong> l'Apocalypse pour un<br />

dimanche <strong>de</strong> l'Av<strong>en</strong>t, son att<strong>en</strong>tion se porta sur la<br />

secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du Christ. Il comprit, comme jamais<br />

auparavant, les prophéties <strong>de</strong> l'Apocalypse.<br />

Subjugué par l'importance et la gloire <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong><br />

la fin, il se vit contraint d'abandonner ce sujet<br />

p<strong>en</strong>dant quelque temps. Un jour, <strong>en</strong> chaire, cette<br />

question se prés<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> nouveau à lui avec tine telle<br />

clarté et une telle puissance que dès ce mom<strong>en</strong>t il<br />

se consacra à l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties, mais surtout à<br />

celles <strong>de</strong> l'Apocalypse. Il y découvrit bi<strong>en</strong>tôt<br />

qu'elles annonçai<strong>en</strong>t la proximité <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue du<br />

Christ. Il <strong>en</strong> fixa la date qui était, à quelques années<br />

près, celle que Miller <strong>de</strong>vait fixer par la suite.<br />

<strong>Le</strong>s écrits <strong>de</strong> B<strong>en</strong>gel se répandir<strong>en</strong>t dans toute<br />

672


la chréti<strong>en</strong>té. Ses vues sur la prophétie fur<strong>en</strong>t plus<br />

généralem<strong>en</strong>t accueillies dans le Wurtemberg.<br />

Après sa mort, le mouvem<strong>en</strong>t se poursuivit <strong>en</strong><br />

Allemagne et dans les pays voisins. Bi<strong>en</strong>tôt,<br />

quelques croyants se r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Russie, où ils<br />

formèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> colonies dans lesquelles la foi au<br />

prochain retour du Christ s'est conservée jusqu'à ce<br />

jour.<br />

<strong>La</strong> lumière brilla aussi <strong>en</strong> France et <strong>en</strong> Suisse.<br />

À G<strong>en</strong>ève, où Farel et Calvin avai<strong>en</strong>t implanté la<br />

Réforme, le message du second avènem<strong>en</strong>t fut<br />

annoncé par Gauss<strong>en</strong>, pasteur et professeur <strong>de</strong><br />

théologie. Au cours <strong>de</strong> ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, il s'était trouvé<br />

<strong>en</strong> contact avec le rationalisme qui dominait <strong>en</strong><br />

Europe au XVIIIème siècle et au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

du XIXème. Quand il <strong>en</strong>tra dans le ministère, non<br />

seulem<strong>en</strong>t il ignorait la foi véritable, mais il était<br />

<strong>en</strong>clin au scepticisme. <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong> l'histoire<br />

universelle <strong>de</strong> Rollin, faite dans sa jeunesse, avait<br />

cep<strong>en</strong>dant attiré son att<strong>en</strong>tion sur le second chapitre<br />

du livre <strong>de</strong> Daniel. Frappé du merveilleux<br />

accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prophétie par l'histoire, il y<br />

vit un témoignage <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l'inspiration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

673


Écritures, qui fut pour lui comme une ancre au<br />

milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> périls <strong><strong>de</strong>s</strong> années subséqu<strong>en</strong>tes. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts du rationalisme ne lui donnant pas<br />

satisfaction, il étudia avec ar<strong>de</strong>ur la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

qui l'am<strong>en</strong>a à une foi positive. (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a40)<br />

Son étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la prophétie l'am<strong>en</strong>a à la certitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la proximité du retour du Seigneur. Convaincu<br />

<strong>de</strong> la sol<strong>en</strong>nité et <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong><br />

vérité, il voulut la prés<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> public. Mais la<br />

croyance populaire, selon laquelle les prophéties <strong>de</strong><br />

Daniel sont mystérieuses et incompréh<strong>en</strong>sibles,<br />

mettait obstacle à la réalisation <strong>de</strong> son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein. Il se<br />

décida – comme Farel l'avait fait avant lui pour<br />

évangéliser G<strong>en</strong>ève – à comm<strong>en</strong>cer par les <strong>en</strong>fants,<br />

pour atteindre <strong>en</strong>suite les par<strong>en</strong>ts. Exposant plus<br />

tard le but <strong>de</strong> son <strong>en</strong>treprise, il écrivait :<br />

« Je désire qu'on l'ait compris : ce n'est pas à<br />

cause <strong>de</strong> sa moindre importance, c'est au contraire<br />

<strong>en</strong> raison <strong>de</strong> sa haute valeur, que j'ai voulu<br />

prés<strong>en</strong>ter cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t sous cette forme<br />

familière, et que je l'adresse à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants. – Je<br />

674


voulais être écouté, et j'ai craint <strong>de</strong> ne l'être pas si<br />

je m'adressais d'abord aux grands. Ce sujet, bi<strong>en</strong><br />

que rempli <strong>de</strong> lumière, est réputé trop abstrus; bi<strong>en</strong><br />

qu'utile à tous, trop curieux; bi<strong>en</strong> qu'abondant <strong>en</strong><br />

nos Écritures, trop <strong>en</strong>veloppé d'incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong>! ... Je<br />

vais donc aux plus jeunes : les aînés vi<strong>en</strong>dront<br />

autour. Je me fais <strong>de</strong>vant eux un auditoire<br />

d'<strong>en</strong>fants; mais si le groupe grossit, si l'on voit qu'il<br />

écoute, qu'il jouit, qu'il s'intéresse, qu'il compr<strong>en</strong>d,<br />

qu'il explique même, alors je suis sûr d'avoir<br />

bi<strong>en</strong>tôt un second cercle, et qu'à leur tour les<br />

grands reconnaîtront qu'il vaut la peine <strong>de</strong> s'asseoir<br />

et d'étudier. Quand cela sera fait, la cause sera<br />

gagnée. » (L. Gauss<strong>en</strong>, Daniel le prophète, vol. II,<br />

Avertissem<strong>en</strong>t, p. XI, XII)<br />

Gauss<strong>en</strong> réussit. S'étant adressé aux <strong>en</strong>fants, il<br />

vit v<strong>en</strong>ir à lui <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes plus âgées. <strong>Le</strong>s<br />

galeries <strong>de</strong> son église ne tardèr<strong>en</strong>t pas à se remplir<br />

d'auditeurs att<strong>en</strong>tifs. Dans le nombre se trouvai<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> savants, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes influ<strong>en</strong>ts et <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers<br />

<strong>de</strong> passage à G<strong>en</strong>ève. Ainsi, le message se répandit<br />

au loin.<br />

675


Encouragé par ce premier succès, et afin <strong>de</strong><br />

faciliter l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la prophétie dans les églises <strong>de</strong><br />

langue française, Gauss<strong>en</strong> publia ses leçons. «<br />

Publier <strong><strong>de</strong>s</strong> instructions données à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants sur<br />

Daniel le prophète, dit-il, c'est dire aux adultes, qui<br />

trop souv<strong>en</strong>t néglig<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tels livres sous le vain<br />

prétexte <strong>de</strong> leur obscurité : Comm<strong>en</strong>t serai<strong>en</strong>t-ils<br />

obscurs, puisque vos <strong>en</strong>fants les compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t? ...<br />

J'avais profondém<strong>en</strong>t à coeur <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre populaire<br />

dans nos troupeaux, s'il m'était possible, la<br />

connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties. ... Il n'est pas d'étu<strong>de</strong>,<br />

<strong>en</strong> effet, qui me semble mieux répondre aux<br />

besoins du mom<strong>en</strong>t. ... C'est par là qu'il faut armer<br />

l'Église pour ses tribulations prochaines et l'exercer<br />

à l'att<strong>en</strong>te <strong>de</strong> Jésus-Christ. » (L. Gauss<strong>en</strong>, ouv. cité,<br />

vol. II, p. XXI.)<br />

Ses ouvrages sur la prophétie (Voir App<strong>en</strong>dice<br />

a41)<br />

soulevèr<strong>en</strong>t aussi un grand intérêt. Du haut <strong>de</strong><br />

sa chaire <strong>de</strong> théologie, par la presse et comme<br />

catéchiste, Gauss<strong>en</strong> continua, p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> années, à<br />

exercer une gran<strong>de</strong> influ<strong>en</strong>ce, et il am<strong>en</strong>a beaucoup<br />

676


<strong>de</strong> personnes à étudier les prophéties relatives aux<br />

<strong>de</strong>rniers temps.<br />

En Scandinavie, le message du retour du<br />

Seigneur provoqua un vif intérêt. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pécheurs, secouant leur torpeur, fur<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és à<br />

confesser leurs péchés et à <strong>en</strong> chercher le pardon au<br />

nom <strong>de</strong> Jésus-Christ. Mais le clergé <strong>de</strong> l'Église<br />

établie, hostile au mouvem<strong>en</strong>t, réussit à faire<br />

incarcérer plusieurs <strong>de</strong> ses propagateurs. À<br />

plusieurs reprises, là où les hérauts du message<br />

fur<strong>en</strong>t réduits au sil<strong>en</strong>ce, Dieu jugea bon <strong>de</strong> le faire<br />

proclamer <strong>de</strong> façon miraculeuse par <strong>de</strong> petits<br />

<strong>en</strong>fants. N'étant pas majeurs, ils pur<strong>en</strong>t parler sans<br />

être inquiétés par la loi.<br />

<strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t se <strong><strong>de</strong>s</strong>sina surtout parmi les<br />

ouvriers, dans les humbles habitations <strong><strong>de</strong>s</strong>quels on<br />

se réunissait pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre l'avertissem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>en</strong>fants-prédicateurs appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t eux-mêmes,<br />

pour la plupart, à <strong><strong>de</strong>s</strong> familles pauvres. Certains<br />

d'<strong>en</strong>tre eux n'avai<strong>en</strong>t pas plus <strong>de</strong> six à huit ans; et<br />

bi<strong>en</strong> que leur vie témoignât <strong>de</strong> leur amour pour le<br />

Sauveur, ils n'étai<strong>en</strong>t pas plus doués que les autres<br />

677


<strong>en</strong>fants <strong>de</strong> leur âge. Mais dès qu'ils parlai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

public, il était évid<strong>en</strong>t qu'un pouvoir supérieur<br />

s'emparait d'eux. <strong>Le</strong> ton <strong>de</strong> leur voix et leur attitu<strong>de</strong><br />

changeai<strong>en</strong>t subitem<strong>en</strong>t, et ils faisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t du jugem<strong>en</strong>t avec sol<strong>en</strong>nité et<br />

puissance. Dans les termes mêmes <strong>de</strong> l'Écriture, ils<br />

répétai<strong>en</strong>t : « Craignez Dieu et donnez-lui gloire,<br />

car l'heure <strong>de</strong> son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue. » En<br />

c<strong>en</strong>surant le péché, ils condamnai<strong>en</strong>t aussi bi<strong>en</strong> la<br />

mondanité et la tié<strong>de</strong>ur spirituelle que l'immoralité<br />

et le vice, et ils pressai<strong>en</strong>t leurs auditeurs <strong>de</strong> fuir la<br />

colère à v<strong>en</strong>ir.<br />

On les écoutait <strong>en</strong> tremblant. <strong>Le</strong> Saint-Esprit<br />

parlait aux coeurs. Plusieurs <strong>en</strong> vinr<strong>en</strong>t à son<strong>de</strong>r les<br />

Écritures avec un nouvel intérêt; les intempérants<br />

et les libertins se réformai<strong>en</strong>t, les cupi<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

abandonnai<strong>en</strong>t leurs pratiques malhonnêtes. Il se fit<br />

une oeuvre si puissante que même <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong><br />

l'Église établie dur<strong>en</strong>t y reconnaître la main <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

Dieu ne voulait pas que la proclamation du<br />

retour du Christ dans les pays scandinaves fût<br />

678


etardée. Quand Jésus s'était approché <strong>de</strong> Jérusalem<br />

escorté d'une foule qui agitait <strong><strong>de</strong>s</strong> palmes et<br />

l'acclamait comme Fils <strong>de</strong> David, les pharisi<strong>en</strong>s,<br />

jaloux, lui avai<strong>en</strong>t ordonné <strong>de</strong> les faire taire. Jésus<br />

leur avait répondu que tout cela était un<br />

accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prophétie, et que si le<br />

peuple se taisait, les pierres mêmes crierai<strong>en</strong>t.<br />

Intimidée par les m<strong>en</strong>aces <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrificateurs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principaux, la foule qui franchissait les portes <strong>de</strong><br />

Jérusalem se tut. Mais, dans les parvis du temple,<br />

les <strong>en</strong>fants, repr<strong>en</strong>ant leurs acclamations, se mir<strong>en</strong>t<br />

à crier, <strong>en</strong> agitant leurs palmes : « Hosanna au Fils<br />

<strong>de</strong> David! » Irrités, les pharisi<strong>en</strong>s dir<strong>en</strong>t à Jésus : «<br />

Ent<strong>en</strong>ds-tu ce qu'ils dis<strong>en</strong>t? Oui, leur répondit<br />

Jésus. N'avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> louanges <strong>de</strong> la bouche <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants et <strong>de</strong> ceux<br />

qui sont à la mamelle? » (Matthieu 21.8-16) De<br />

même que Dieu fit proclamer la messianité <strong>de</strong><br />

Jésus par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants, <strong>de</strong> même il se servit d'<strong>en</strong>fants<br />

pour annoncer l'avertissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue<br />

du Messie. Il fallait que la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

s'accomplit, et que la proclamation du retour du<br />

Sauveur fût <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due <strong>de</strong> toute nation, <strong>de</strong> toute<br />

tribu, <strong>de</strong> toute langue et <strong>de</strong> tout peuple.<br />

679


William Miller et ses collaborateurs fur<strong>en</strong>t<br />

chargés <strong>de</strong> faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le message aux États-<br />

Unis, où la prophétie <strong>de</strong> l'ange <strong>de</strong> l'Apocalypse (ch.<br />

14.6) eut son accomplissem<strong>en</strong>t le plus complet. Ce<br />

pays <strong>de</strong>vint le c<strong>en</strong>tre d'un grand mouvem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s<br />

écrits <strong>de</strong> Miller et <strong>de</strong> ses associés fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés<br />

jusque dans les pays les plus lointains. L'heureuse<br />

nouvelle du prochain retour du Christ atteignit les<br />

missionnaires dans toutes les parties du mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong><br />

cri <strong>de</strong> l'Évangile éternel ret<strong>en</strong>tit partout : «<br />

Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l'heure <strong>de</strong><br />

son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue! »<br />

L'explication <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties qui semblai<strong>en</strong>t<br />

faire coïnci<strong>de</strong>r le retour du Christ avec l'année<br />

1844 produisit une profon<strong>de</strong> impression aux États-<br />

Unis. Ce message passait d'un État à l'autre,<br />

soulevant partout un vif intérêt. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s,<br />

convaincus <strong>de</strong> l'exactitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts tirés <strong>de</strong> la<br />

prophétie, sacrifiai<strong>en</strong>t volontiers leurs idées<br />

préconçues et embrassai<strong>en</strong>t la vérité. Des pasteurs,<br />

abandonnant leurs vues sectaires et leurs<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts personnels, r<strong>en</strong>onçai<strong>en</strong>t à leur<br />

680


traitem<strong>en</strong>t et à leur église pour secon<strong>de</strong>r ceux qui<br />

proclamai<strong>en</strong>t la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus. Et comme le<br />

nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs qui acceptai<strong>en</strong>t ce message<br />

était relativem<strong>en</strong>t restreint, ce <strong>de</strong>rnier fut surtout<br />

confié à <strong><strong>de</strong>s</strong> laïques. Des fermiers quittai<strong>en</strong>t leurs<br />

champs, <strong><strong>de</strong>s</strong> artisans leurs outils, <strong><strong>de</strong>s</strong> négociants<br />

leurs marchandises et <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> carrières<br />

libérales leur profession. Mais le nombre <strong>de</strong> ces<br />

ouvriers restait bi<strong>en</strong> insuffisant. <strong>La</strong> condition d'une<br />

Église refroidie et d'un mon<strong>de</strong> plongé dans les<br />

ténèbres pesait lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t sur le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

véritables s<strong>en</strong>tinelles; aussi <strong>en</strong>durai<strong>en</strong>t-elles la<br />

fatigue et les privations pour appeler les hommes à<br />

la conversion et au salut. En dépit <strong>de</strong> l'opposition<br />

<strong>de</strong> Satan, l'oeuvre du Seigneur progressait<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d'âmes acceptai<strong>en</strong>t la<br />

bonne nouvelle du retour du Christ.<br />

Partout, mondains et membres d'église étai<strong>en</strong>t<br />

instamm<strong>en</strong>t exhortés à fuir la colère à v<strong>en</strong>ir.<br />

Comme Jean-Baptiste, le précurseur, les<br />

prédicateurs « mettai<strong>en</strong>t la cognée à la racine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

arbres » et invitai<strong>en</strong>t chacun à « produire du fruit<br />

digne <strong>de</strong> la rep<strong>en</strong>tance ». <strong>Le</strong>urs appels sol<strong>en</strong>nels<br />

681


offrai<strong>en</strong>t un contraste frappant avec les paroles <strong>de</strong><br />

paix et <strong>de</strong> sûreté qui ret<strong>en</strong>tissai<strong>en</strong>t du haut <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chaires populaires. Aussi, partout où il était prêché,<br />

leur message remuait les coeurs. <strong>Le</strong> témoignage<br />

simple, direct et convaincant <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures,<br />

accompagné <strong>de</strong> la puissance du Saint-Esprit, était<br />

irrésistible. Des chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> nom, sortant <strong>de</strong> leur<br />

fausse sécurité, confessai<strong>en</strong>t leur tié<strong>de</strong>ur, leur<br />

mondanité, leur incrédulité, leur orgueil et leur<br />

égoïsme. Ils <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t avec larmes : « Que fautil<br />

que je fasse pour être sauvé? » Un grand nombre<br />

se donnai<strong>en</strong>t à Dieu, changeai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vie et vouai<strong>en</strong>t<br />

désormais aux choses célestes <strong><strong>de</strong>s</strong> affections qu'ils<br />

avai<strong>en</strong>t auparavant réservées à celles <strong>de</strong> la terre.<br />

Animés <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu et le coeur ému, ils<br />

joignai<strong>en</strong>t leurs voix à cette proclamation : «<br />

Craignez Dieu, et donnez-lui gloire; car l'heure <strong>de</strong><br />

son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue. »<br />

Ceux qui avai<strong>en</strong>t causé quelque tort à leur<br />

prochain avai<strong>en</strong>t hâte <strong>de</strong> le réparer. Tous ceux qui<br />

avai<strong>en</strong>t trouvé la paix souhaitai<strong>en</strong>t la faire<br />

connaître à d'autres. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t à<br />

Dieu la conversion <strong>de</strong> leurs <strong>en</strong>fants. L'orgueil et les<br />

682


discor<strong><strong>de</strong>s</strong> au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> familles étai<strong>en</strong>t remplacés par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> confessions sincères, et les convertis<br />

travaillai<strong>en</strong>t au salut <strong>de</strong> ceux qui leur étai<strong>en</strong>t chers.<br />

Des prières ferv<strong>en</strong>tes montai<strong>en</strong>t vers le ciel. Partout<br />

on trouvait <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes angoissées qui plaidai<strong>en</strong>t avec<br />

Dieu. Plusieurs passai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> nuits <strong>en</strong>tières <strong>en</strong><br />

prière pour obt<strong>en</strong>ir l'assurance du pardon <strong>de</strong> leurs<br />

péchés ou la conversion <strong>de</strong> leurs proches ou <strong>de</strong><br />

leurs voisins. <strong>Le</strong> nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants augm<strong>en</strong>tait<br />

chaque jour.<br />

Riches et pauvres, grands et petits accourai<strong>en</strong>t<br />

aux réunions adv<strong>en</strong>tistes et se montrai<strong>en</strong>t avi<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons diverses, d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre annoncer le<br />

retour du Christ. Dieu t<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> échec l'esprit<br />

d'opposition. Parfois les instrum<strong>en</strong>ts dont il se<br />

servait étai<strong>en</strong>t faibles, mais son Esprit r<strong>en</strong>dait la<br />

vérité puissante. Dans ces assemblées, où <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

foules recueillies écoutai<strong>en</strong>t au milieu d'un sil<strong>en</strong>ce<br />

impressionnant les preuves du retour prochain du<br />

Christ, la prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> anges se faisait s<strong>en</strong>tir. <strong>Le</strong><br />

ciel et la terre semblai<strong>en</strong>t se rapprocher, et la<br />

puissance <strong>de</strong> Dieu reposait sur tous, jeunes et<br />

vieux. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s r<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t chez eux les louanges <strong>de</strong><br />

683


Dieu sur les lèvres, faisant vibrer <strong>de</strong> leurs chants le<br />

sil<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la nuit. Aucun témoin <strong>de</strong> ces scènes ne<br />

pourra jamais les oublier.<br />

<strong>La</strong> proclamation d'une date précise pour le<br />

retour du Christ déchaîna dans toutes les classes <strong>de</strong><br />

la société une viol<strong>en</strong>te opposition à laquelle prir<strong>en</strong>t<br />

part tant le pasteur du haut <strong>de</strong> sa chaire que le plus<br />

vil <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs. Alors s'accomplit cette prophétie :<br />

« Dans les <strong>de</strong>rniers jours, il vi<strong>en</strong>dra <strong><strong>de</strong>s</strong> moqueurs<br />

avec leurs railleries, marchant selon leurs propres<br />

convoitises, et disant : Où est la promesse <strong>de</strong> son<br />

avènem<strong>en</strong>t? Car, <strong>de</strong>puis que les pères sont morts,<br />

tout <strong>de</strong>meure comme dès le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

création. » (2 Pierre 3.3,4) Plusieurs, qui<br />

professai<strong>en</strong>t aimer le Sauveur, déclarai<strong>en</strong>t ne ri<strong>en</strong><br />

avoir contre la doctrine du retour du Christ et ne<br />

s'opposer qu'à la fixation d'une date précise. Mais<br />

Dieu lisait dans leurs coeurs : ils ne voulai<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre parler du jour où Dieu jugera le mon<strong>de</strong>,<br />

selon la justice. Ils étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs infidèles<br />

dont les oeuvres ne supportai<strong>en</strong>t pas le regard<br />

scrutateur du Dieu qui voit tout, et ils redoutai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> comparaître <strong>de</strong>vant lui. Non seulem<strong>en</strong>t ils<br />

684


efusai<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la Parole <strong>de</strong> Dieu, mais ils<br />

tournai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dérision ceux qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t leur<br />

Sauveur. Satan et ses suppôts exultai<strong>en</strong>t au<br />

spectacle <strong>de</strong> prét<strong>en</strong>dus disciples <strong>de</strong> Jésus si peu<br />

désireux <strong>de</strong> sa v<strong>en</strong>ue.<br />

« Quant à ce jour-là et à l'heure, nul ne le sait »,<br />

disai<strong>en</strong>t les adversaires <strong>de</strong> la foi adv<strong>en</strong>tiste. Mais le<br />

passage <strong>en</strong>tier se lit comme suit : « Quand à ce<br />

jour-la et à l'heure, nul ne le sait, pas même les<br />

anges <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux, mais mon Père seul. » (Matthieu<br />

24.36) Ceux qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t le retour du Christ <strong>en</strong><br />

donnai<strong>en</strong>t une explication claire, d'accord avec le<br />

contexte, et montrai<strong>en</strong>t que leurs adversaires<br />

tordai<strong>en</strong>t les Écritures. Cette parole avait été<br />

prononcée par Jésus lors <strong>de</strong> son mémorable<br />

<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec ses disciples sur le mont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Oliviers, après qu'il eut quitté le temple pour la<br />

<strong>de</strong>rnière fois. <strong>Le</strong>s disciples lui avai<strong>en</strong>t posé la<br />

question : « Quel sera le signe <strong>de</strong> ton avènem<strong>en</strong>t et<br />

<strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong>? » Jésus leur donna <strong><strong>de</strong>s</strong> signes,<br />

puis il ajouta : « Quand vous verrez toutes ces<br />

choses, sachez que le Fils <strong>de</strong> l'homme est proche, à<br />

la porte. » (Matthieu 24.3,33) Il ne faut pas annuler<br />

685


une déclaration du Seigneur par une autre. Bi<strong>en</strong><br />

que personne ne connaisse ni le jour, ni l'heure <strong>de</strong><br />

la v<strong>en</strong>ue du Christ, notre <strong>de</strong>voir est d'<strong>en</strong> connaître<br />

la proximité. Jésus ajoute que l'ignorance<br />

volontaire au sujet <strong>de</strong> l'immin<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> son retour<br />

sera aussi fatale que le fut l'ignorance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

antédiluvi<strong>en</strong>s quant au temps du déluge. Et il<br />

établit un contraste <strong>en</strong>tre le serviteur fidèle et le<br />

serviteur infidèle, <strong>en</strong>tre la fin <strong>de</strong> celui qui dit <strong>en</strong> son<br />

coeur : « Mon maître tar<strong>de</strong> à v<strong>en</strong>ir » et le sort du<br />

serviteur que le Seigneur trouvera veillant et<br />

parlant <strong>de</strong> sa v<strong>en</strong>ue. « Veillez donc », dit-il. «<br />

Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée,<br />

trouvera faisant ainsi! » (Matthieu 24.42-51) « Si tu<br />

ne veilles pas, je vi<strong>en</strong>drai comme un voleur, et tu<br />

ne sauras pas à quelle heure je vi<strong>en</strong>drai sur toi. »<br />

(Apocalypse 3.3)<br />

L'apôtre Paul nous parle d'une catégorie <strong>de</strong><br />

personnes que le jour du Seigneur pr<strong>en</strong>dra au<br />

dépourvu. « <strong>Le</strong> jour du Seigneur vi<strong>en</strong>dra comme un<br />

voleur dans la nuit. Quand les hommes diront :<br />

Paix et sûreté! alors une ruine soudaine les<br />

surpr<strong>en</strong>dra, comme les douleurs <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fantem<strong>en</strong>t<br />

686


surpr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la femme <strong>en</strong>ceinte, et ils n'échapperont<br />

point. » Mais il dit à ceux qui auront pris gar<strong>de</strong> à<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t du Seigneur : « Mais vous, frères,<br />

vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour<br />

vous surpr<strong>en</strong>ne comme un voleur; vous êtes tous<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> la lumière et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants du jour.<br />

Nous ne sommes point <strong>de</strong> la nuit ni <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres. »<br />

(1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.2-5)<br />

<strong>Le</strong>s Écritures n'autoris<strong>en</strong>t personne à ignorer la<br />

proximité du retour du Christ. Mais ceux qui<br />

cherchai<strong>en</strong>t un prétexte pour rejeter la vérité<br />

fermai<strong>en</strong>t l'oreille à ces explications, et les<br />

moqueurs, parmi lesquels <strong>de</strong> soi-disant ministres <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ, continuai<strong>en</strong>t à répéter : « On ne peut<br />

savoir ni le jour ni l'heure. » Dès que les g<strong>en</strong>s<br />

comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à sortir <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>gourdissem<strong>en</strong>t<br />

spirituel et à s'<strong>en</strong>quérir <strong>de</strong> la voie du salut, les<br />

conducteurs religieux se plaçai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux et la<br />

vérité, s'efforçant <strong>de</strong> calmer leurs craintes <strong>en</strong><br />

tordant la Parole <strong>de</strong> Dieu. Des s<strong>en</strong>tinelles infidèles<br />

unissai<strong>en</strong>t leurs efforts à ceux du grand séducteur<br />

<strong>en</strong> criant : Paix, paix! contrairem<strong>en</strong>t à<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t divin. À l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> pharisi<strong>en</strong>s,<br />

687


plusieurs refusai<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>trer dans le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cieux et <strong>en</strong> fermai<strong>en</strong>t l'accès aux autres. Dieu leur<br />

re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra le sang <strong>de</strong> ces âmes.<br />

<strong>Le</strong>s membres les plus humbles et les plus pieux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> églises étai<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t les premiers à<br />

accepter le message. Ils se donnai<strong>en</strong>t la peine<br />

d'étudier l'Écriture sainte et ne pouvai<strong>en</strong>t manquer,<br />

malgré l'influ<strong>en</strong>ce du clergé, <strong>de</strong> voir le caractère<br />

erroné <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts populaires touchant la<br />

prophétie.<br />

<strong>La</strong> persécution sévissant au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> églises,<br />

plusieurs âmes timi<strong><strong>de</strong>s</strong> cons<strong>en</strong>tir<strong>en</strong>t à taire leurs<br />

convictions; mais d'autres croyants fur<strong>en</strong>t<br />

persuadés que, s'ils cachai<strong>en</strong>t la vérité, ils ne<br />

serai<strong>en</strong>t pas fidèles au dépôt que Dieu leur avait<br />

confié. Ceux-là fur<strong>en</strong>t exclus <strong>de</strong> leurs églises<br />

uniquem<strong>en</strong>t pour avoir exprimé leur foi au<br />

prochain retour du Christ. Ils trouvèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

précieux <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts dans ces paroles du<br />

prophète : « Voici ce que dis<strong>en</strong>t vos frères, qui<br />

vous haïss<strong>en</strong>t et vous repouss<strong>en</strong>t à cause <strong>de</strong> mon<br />

nom : Que l'Éternel montre sa gloire, et que nous<br />

688


voyions votre joie! Mais ils seront confondus. »<br />

(Ésaïe 66.5)<br />

Surveillant avec le plus profond intérêt les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l'avertissem<strong>en</strong>t, les anges <strong>de</strong> Dieu<br />

se détournèr<strong>en</strong>t avec tristesse <strong><strong>de</strong>s</strong> églises qui<br />

décidai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rejeter le message. Mais nombreuses<br />

étai<strong>en</strong>t les personnes qui n'avai<strong>en</strong>t pas été<br />

éprouvées par la doctrine du retour du Christ, ou<br />

auxquelles une épouse, un mari, <strong><strong>de</strong>s</strong> par<strong>en</strong>ts ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>fants avai<strong>en</strong>t fait croire que c'était un péché <strong>de</strong><br />

prêter seulem<strong>en</strong>t l'oreille aux hérésies <strong>en</strong>seignées<br />

par les adv<strong>en</strong>tistes. Des anges reçur<strong>en</strong>t l'ordre <strong>de</strong><br />

veiller avec soin sur ces âmes, car une lumière<br />

nouvelle v<strong>en</strong>ant du trône <strong>de</strong> Dieu allait briller sur<br />

leur s<strong>en</strong>tier.<br />

<strong>Le</strong>s fidèles qui avai<strong>en</strong>t reçu le message<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la v<strong>en</strong>ue du Sauveur avec une ar<strong>de</strong>ur<br />

inexprimable. Dans un calme paisible et sol<strong>en</strong>nel,<br />

ils jouissai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la communion avec Dieu, gage<br />

d'un radieux av<strong>en</strong>ir. Ceux qui ont goûté cette<br />

espérance et cette assurance n'oublieront jamais la<br />

douceur infinie <strong>de</strong> ces heures d'att<strong>en</strong>te. Quelques<br />

689


semaines avant le temps fixé, ils abandonnèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

gran<strong>de</strong> partie leurs occupations temporelles. Ils<br />

scrutai<strong>en</strong>t les p<strong>en</strong>sées et les émotions <strong>de</strong> leur coeur<br />

avec le même soin que s'ils avai<strong>en</strong>t été sur leur lit<br />

<strong>de</strong> mort. Aucun d'eux, contrairem<strong>en</strong>t à ce dont on<br />

les accusa, ne songeait à se confectionner <strong><strong>de</strong>s</strong> «<br />

robes d'asc<strong>en</strong>sion ». (Voir App<strong>en</strong>dice a42) En<br />

revanche, tous éprouvai<strong>en</strong>t le besoin d'une<br />

préparation intérieure pour aller à la r<strong>en</strong>contre du<br />

Sauveur. <strong>Le</strong>urs « robes blanches », c'étai<strong>en</strong>t la<br />

pureté <strong>de</strong> leur âme et leur vie libérée du péché par<br />

le sang expiatoire <strong>de</strong> Jésus-Christ. Plût à Dieu que<br />

ceux qui, aujourd'hui, profess<strong>en</strong>t être le peuple <strong>de</strong><br />

Dieu ai<strong>en</strong>t toujours les mêmes dispositions à<br />

l'introspection, la même ferveur, la même foi! S'ils<br />

s'humiliai<strong>en</strong>t ainsi <strong>de</strong>vant le Seigneur et faisai<strong>en</strong>t<br />

monter leurs supplications <strong>de</strong>vant le propitiatoire,<br />

ils jouirai<strong>en</strong>t d'une vie intérieure infinim<strong>en</strong>t plus<br />

fécon<strong>de</strong> et plus riche. <strong>La</strong> prière, la vraie conviction<br />

du péché et la foi vivante sont trop rares; voilà<br />

pourquoi beaucoup se trouv<strong>en</strong>t privés <strong>de</strong> la grâce<br />

abondante que le Sauveur ti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réserve pour eux.<br />

Dieu avait voulu éprouver son peuple. Sa main<br />

690


avait couvert une erreur dans le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques. Elle ne fut pas plus remarquée par les<br />

adv<strong>en</strong>tistes que par leurs savants adversaires. Ces<br />

<strong>de</strong>rniers disai<strong>en</strong>t : « Votre calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques est exact; un grand événem<strong>en</strong>t doit se<br />

produire; mais ce n'est pas ce que Miller annonce :<br />

c'est la conversion du mon<strong>de</strong>, et non pas le retour<br />

du Christ. » (Voir App<strong>en</strong>dice a43)<br />

<strong>La</strong> date passa, et Jésus-Christ ne vint pas<br />

apporter la délivrance aux fidèles qui, débordants<br />

<strong>de</strong> foi et d'amour, l'att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> désappointem<strong>en</strong>t<br />

fut amer, mais les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Dieu<br />

s'accomplissai<strong>en</strong>t : les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux qui<br />

n'avai<strong>en</strong>t pas eu <strong>de</strong> mobile plus noble que la crainte<br />

avai<strong>en</strong>t été révélés. <strong>Le</strong>ur profession <strong>de</strong> foi n'avait<br />

changé ni leur coeur ni le cours <strong>de</strong> leur vie. Quand<br />

ils vir<strong>en</strong>t que l'événem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du n'arrivait pas, ils<br />

déclarèr<strong>en</strong>t qu'ils n'éprouvai<strong>en</strong>t pas la moindre<br />

déception : ils n'avai<strong>en</strong>t jamais cru au retour du<br />

Christ, et ils fur<strong>en</strong>t parmi les premiers à tourner <strong>en</strong><br />

dérision la douleur <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais croyants.<br />

Mais Jésus et le ciel tout <strong>en</strong>tier <strong>en</strong>veloppai<strong>en</strong>t<br />

691


ceux-ci <strong>de</strong> leur amour et <strong>de</strong> leur sympathie. Si le<br />

voile qui sépare le mon<strong>de</strong> visible du mon<strong>de</strong><br />

invisible avait été soulevé, on aurait vu les anges<br />

<strong>de</strong> Dieu se p<strong>en</strong>cher sur ces âmes résolues pour les<br />

<strong>en</strong>tourer et les protéger <strong><strong>de</strong>s</strong> traits <strong>en</strong>flammés <strong>de</strong><br />

Satan.<br />

692


Chapitre 21<br />

Un avertissem<strong>en</strong>t rejeté<br />

En prêchant la doctrine du retour du Seigneur,<br />

William Miller et ses collaborateurs n'avai<strong>en</strong>t eu<br />

d'autre objet que <strong>de</strong> réveiller le mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r<br />

à se préparer <strong>en</strong> vue du jugem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>ur seul but, <strong>en</strong><br />

rappelant la véritable espérance <strong>de</strong> l'Église à ceux<br />

qui professai<strong>en</strong>t la piété, avait été <strong>de</strong> les am<strong>en</strong>er à<br />

une vie chréti<strong>en</strong>ne plus réelle et <strong>de</strong> convaincre les<br />

inconvertis du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> se rep<strong>en</strong>tir et <strong>de</strong> se donner<br />

à Dieu sans retard. « Ils ne songèr<strong>en</strong>t pas à recruter<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> adhér<strong>en</strong>ts à une secte ou à un parti religieux. Ils<br />

travaillèr<strong>en</strong>t parmi tous les partis et toutes les<br />

sectes sans s'ingérer dans leur organisation ou leur<br />

discipline. »<br />

« Dans tous mes travaux, dit Miller, je n'ai<br />

jamais songé à établir une confession indép<strong>en</strong>dante<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> églises existantes, ou à favoriser l'une au<br />

détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'autre. Je désirais faire du bi<strong>en</strong> à<br />

toutes. Je supposais que tous les chréti<strong>en</strong>s se<br />

693


éjouirai<strong>en</strong>t à la perspective du retour du Christ et,<br />

croyant que ceux qui ne partagerai<strong>en</strong>t pas mes vues<br />

ne témoignerai<strong>en</strong>t aucune inimitié à ceux qui les<br />

adopterai<strong>en</strong>t, je n'avais jamais <strong>en</strong>visagé la nécessité<br />

<strong>de</strong> réunions séparées. Mon unique but était <strong>de</strong><br />

convertir <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes à Dieu, d'avertir le mon<strong>de</strong> d'un<br />

jugem<strong>en</strong>t immin<strong>en</strong>t, et d'am<strong>en</strong>er mes semblables à<br />

se préparer <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> leur r<strong>en</strong>contre avec le<br />

Sauveur. <strong>La</strong> majorité <strong>de</strong> ceux qui se sont convertis<br />

grâce à mes travaux est <strong>en</strong>trée dans diverses<br />

églises. » (Bliss, Memoirs of William Miller, p.<br />

328)<br />

Comme l'oeuvre <strong>de</strong> Miller t<strong>en</strong>dait à édifier les<br />

églises, elle fut un mom<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visagée avec faveur.<br />

Mais les pasteurs et les conducteurs religieux se<br />

prononcèr<strong>en</strong>t contre la doctrine adv<strong>en</strong>tiste et, pour<br />

que cette question cesse d'être agitée, ils ne se<br />

cont<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> manifester leur opposition du<br />

haut <strong>de</strong> la chaire, mais ils contestèr<strong>en</strong>t à leurs<br />

ouailles le droit d'aller <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> prédications et<br />

même <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> leurs convictions dans les<br />

réunions d'édification. <strong>Le</strong>s croyants se trouvèr<strong>en</strong>t<br />

ainsi dans une situation <strong><strong>de</strong>s</strong> plus embarrassantes.<br />

694


Ils ne t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas à se séparer <strong>de</strong> leurs églises<br />

qu'ils aimai<strong>en</strong>t; mais quand ils vir<strong>en</strong>t qu'on<br />

imposait le sil<strong>en</strong>ce au témoignage <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu et qu'on leur déniait le droit d'étudier la<br />

prophétie, ils jugèr<strong>en</strong>t que leur fidélité <strong>en</strong>vers Dieu<br />

leur interdisait <strong>de</strong> se soumettre. Ne pouvant plus<br />

considérer comme Église du Christ, comme «<br />

colonne et appui <strong>de</strong> la vérité » une assemblée qui<br />

supprimait le libre témoignage <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu, ils s'estimèr<strong>en</strong>t autorisés à se séparer <strong>de</strong> leurs<br />

anci<strong>en</strong>s frères. En conséqu<strong>en</strong>ce, dans le courant <strong>de</strong><br />

l'été <strong>de</strong> 1844, cinquante mille personnes <strong>en</strong>viron se<br />

retirèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> diverses confessions <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis.<br />

À partir <strong>de</strong> ce mom<strong>en</strong>t, on observa un<br />

changem<strong>en</strong>t radical dans la plupart <strong>de</strong> ces églises.<br />

Depuis quelques années, on avait remarqué <strong>en</strong> elles<br />

une t<strong>en</strong>dance graduelle mais constante vers la<br />

mondanité, et, parallèlem<strong>en</strong>t, un déclin <strong>de</strong> la vie<br />

spirituelle; mais, <strong>en</strong> cette même année, un<br />

affaissem<strong>en</strong>t soudain et bi<strong>en</strong> caractérisé se<br />

manifesta dans la plupart <strong>de</strong> ces congrégations. Ce<br />

fait, apparemm<strong>en</strong>t inexplicable, fut dûm<strong>en</strong>t<br />

constaté et comm<strong>en</strong>té, tant dans la presse que du<br />

695


haut <strong>de</strong> la chaire.<br />

Lors d'une réunion du syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> Phila<strong>de</strong>lphie,<br />

Charles Barnes, auteur d'un comm<strong>en</strong>taire fort<br />

estimé et pasteur <strong>de</strong> l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> principales églises <strong>de</strong><br />

la ville, déclara que, p<strong>en</strong>dant un ministère <strong>de</strong> vingt<br />

années, il n'avait jamais, jusqu'à la <strong>de</strong>rnière<br />

assemblée, célébré la sainte Cène sans recevoir<br />

dans l'église un certain nombre <strong>de</strong> nouveaux<br />

membres. « Maint<strong>en</strong>ant, dit-il, il n'y a pas <strong>de</strong><br />

réveils, pas <strong>de</strong> conversions, pas <strong>de</strong> croissance <strong>en</strong><br />

grâce appar<strong>en</strong>te chez les membres, et personne ne<br />

vi<strong>en</strong>t me trouver pour s'<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir avec moi <strong>de</strong> l'état<br />

<strong>de</strong> son âme. À la prospérité matérielle, aux progrès<br />

du commerce et <strong>de</strong> l'industrie, correspond un<br />

accroissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la mondanité. Et il <strong>en</strong> est ainsi<br />

dans toutes les églises. » (Congregational Journal,<br />

23 mai 1844)<br />

Au mois <strong>de</strong> février <strong>de</strong> la même année, le<br />

professeur Finney, du collège Oberlin, disait : «<br />

Nous avons pu constater qu'<strong>en</strong> règle générale les<br />

églises protestantes <strong>de</strong> notre pays sont ou<br />

indiffér<strong>en</strong>tes ou hostiles à presque toutes les<br />

696


éformes morales du siècle. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions,<br />

mais elles n'infirm<strong>en</strong>t pas la règle générale. Nous<br />

nous trouvons <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d'un autre fait :<br />

l'abs<strong>en</strong>ce presque universelle <strong>de</strong> tout réveil dans les<br />

églises. Presque partout, l'on constate un marasme<br />

spirituel terriblem<strong>en</strong>t prononcé; la presse religieuse<br />

<strong>de</strong> tout le pays <strong>en</strong> fait foi... D'une façon générale,<br />

les membres <strong>de</strong> nos églises <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les esclaves<br />

<strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> : ils particip<strong>en</strong>t aux parties <strong>de</strong> plaisir,<br />

aux danses et aux festivités <strong><strong>de</strong>s</strong> inconvertis... Mais<br />

ne nous ét<strong>en</strong>dons pas sur ce pénible sujet. Qu'il<br />

nous suffise <strong>de</strong> dire, et cela <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus<br />

évid<strong>en</strong>t et écrasant, que les églises <strong>en</strong> général<br />

dégénèr<strong>en</strong>t d'une façon lam<strong>en</strong>table. Elles se sont<br />

fort éloignées du Sauveur, et il s'est retiré d'elles. »<br />

Un correspondant du Religious Telescope<br />

écrivait : « Jamais on n'avait <strong>en</strong>core assisté à un tel<br />

déclin religieux. Vraim<strong>en</strong>t, l'Église <strong>de</strong>vrait se<br />

réveiller et rechercher les causes <strong>de</strong> cette situation<br />

qui, aux yeux <strong>de</strong> tous ceux qui aim<strong>en</strong>t Sion, est une<br />

véritable calamité. Quand on réfléchit à la rareté<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conversions réelles et à l'impertin<strong>en</strong>ce inouïe<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs, on s'écrie presque involontairem<strong>en</strong>t :<br />

697


"<strong>Le</strong> Seigneur ne serait-il plus miséricordieux? ou<br />

bi<strong>en</strong> la porte <strong>de</strong> la grâce serait-elle fermée?" »<br />

<strong>La</strong> cause <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> choses se trouvait<br />

forcém<strong>en</strong>t dans l'Église elle-même. <strong>Le</strong>s ténèbres<br />

spirituelles qui <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t les nations, les églises<br />

et les individus ne provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> ce que Dieu<br />

retire arbitrairem<strong>en</strong>t les secours <strong>de</strong> sa grâce, mais<br />

<strong>de</strong> l'attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes à l'égard <strong>de</strong> la lumière. Un<br />

exemple frappant <strong>de</strong> ce fait est r<strong>en</strong>fermé dans<br />

l'histoire <strong>de</strong> la nation juive au temps <strong>de</strong> Jésus. Par<br />

son attachem<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong> et par son oubli <strong>de</strong> Dieu<br />

et <strong>de</strong> sa Parole, l'anci<strong>en</strong> Israël était tombé dans<br />

l'obscurité morale et la s<strong>en</strong>sualité. Aussi alla-t-il,<br />

dans son orgueil et son incrédulité, jusqu'à rejeter<br />

son Ré<strong>de</strong>mpteur. Même alors, Dieu n'<strong>en</strong>leva pas au<br />

peuple juif la possibilité <strong>de</strong> connaître les bi<strong>en</strong>faits<br />

du salut et d'y participer. Mais ceux qui avai<strong>en</strong>t<br />

rejeté la vérité avai<strong>en</strong>t perdu tout désir <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r<br />

ce don céleste. Ils avai<strong>en</strong>t « changé les ténèbres <strong>en</strong><br />

lumière et la lumière <strong>en</strong> ténèbres »; et combi<strong>en</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> étai<strong>en</strong>t ces ténèbres!<br />

Il plaît à Satan <strong>de</strong> voir les hommes abandonner<br />

698


la piété vivante et ne ret<strong>en</strong>ir que les formes <strong>de</strong> la<br />

religion. Après avoir rejeté l'Évangile, les Juifs<br />

conservèr<strong>en</strong>t jalousem<strong>en</strong>t leurs anci<strong>en</strong>s rites; tout<br />

<strong>en</strong> reconnaissant que la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu ne se<br />

manifestait plus au milieu d'eux, ils restèr<strong>en</strong>t<br />

farouchem<strong>en</strong>t cantonnés dans leur exclusivisme<br />

national. <strong>La</strong> prophétie <strong>de</strong> Daniel indiquait <strong>de</strong> façon<br />

si précise le temps <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue du Messie et<br />

prédisait si clairem<strong>en</strong>t sa mort, qu'ils <strong>en</strong><br />

déf<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t l'étu<strong>de</strong>, et que les rabbins finir<strong>en</strong>t<br />

même par prononcer l'anathème contre ceux qui s'y<br />

adonnai<strong>en</strong>t. Dans son aveuglem<strong>en</strong>t et son<br />

impénit<strong>en</strong>ce, le peuple d'Israël est resté, p<strong>en</strong>dant<br />

dix-huit siècles, indiffér<strong>en</strong>t aux offres gracieuses<br />

du salut et aux bi<strong>en</strong>faits <strong>de</strong> l'Évangile : exemple<br />

effrayant et sol<strong>en</strong>nel <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers que court celui<br />

qui rejette la lumière du ciel.<br />

<strong>Le</strong>s mêmes causes produiront toujours les<br />

mêmes effets. Quiconque résiste à ses convictions<br />

parce qu'elles contrari<strong>en</strong>t ses inclinations finit par<br />

perdre la faculté <strong>de</strong> distinguer la vérité <strong>de</strong> l'erreur.<br />

L'<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t s'obscurcit, la consci<strong>en</strong>ce se<br />

cautérise, le coeur s'<strong>en</strong>durcit, et l'âme se sépare <strong>de</strong><br />

699


Dieu. Là où la vérité divine est méprisée ou<br />

négligée, l'Église est plongée dans les ténèbres. <strong>La</strong><br />

foi et l'amour font place à la més<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te et aux<br />

diss<strong>en</strong>sions; les croyants conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t leur att<strong>en</strong>tion<br />

et leur énergie sur les choses du mon<strong>de</strong>, et les<br />

pécheurs s'<strong>en</strong>durciss<strong>en</strong>t dans leur impénit<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>Le</strong> message <strong>de</strong> l'ange <strong>de</strong> l'Apocalypse<br />

annonçant « l'heure du jugem<strong>en</strong>t » et invitant le<br />

mon<strong>de</strong> à « craindre Dieu et a lui donner gloire »,<br />

était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à réveiller le peuple <strong>de</strong> Dieu et à le<br />

séparer <strong><strong>de</strong>s</strong> influ<strong>en</strong>ces corruptrices du mon<strong>de</strong>. Si<br />

les églises avai<strong>en</strong>t accepté cet avertissem<strong>en</strong>t, elles<br />

aurai<strong>en</strong>t banni <strong>de</strong> leur sein les péchés qui les<br />

séparai<strong>en</strong>t du ciel. Si elles avai<strong>en</strong>t reçu ce message<br />

<strong>en</strong> toute sincérité, si elles s'étai<strong>en</strong>t humiliées <strong>de</strong>vant<br />

Dieu et préparées à subsister <strong>de</strong>vant sa face, l'Esprit<br />

et la puissance d'<strong>en</strong> haut se serai<strong>en</strong>t manifestés au<br />

milieu d'elles. Elles serai<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>ues à l'unité, à la<br />

foi et à l'amour du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, alors que les<br />

croyants n'étai<strong>en</strong>t « qu'un coeur et qu'une âme »,<br />

qu'« ils annonçai<strong>en</strong>t la parole <strong>de</strong> Dieu avec<br />

assurance », et que « le Seigneur ajoutait chaque<br />

jour à l'Église ceux qui étai<strong>en</strong>t sauvés » (Actes<br />

700


4.32, 31; 2.47).<br />

Si le peuple <strong>de</strong> Dieu recevait la lumière telle<br />

qu'elle brille dans les Écritures, il réaliserait l'unité<br />

<strong>en</strong>trevue dans la prière <strong>de</strong> Jésus, et que l'apôtre<br />

appelle « l'unité <strong>de</strong> l'esprit par le li<strong>en</strong> <strong>de</strong> la paix ». «<br />

Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi<br />

vous avez été appelés à une seule espérance par<br />

votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule<br />

foi, un seul baptême. » (Éphési<strong>en</strong>s 4.3-5)<br />

Tels fur<strong>en</strong>t les résultats auxquels arrivèr<strong>en</strong>t<br />

ceux qui acceptèr<strong>en</strong>t le message adv<strong>en</strong>tiste. Issus<br />

<strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tes confessions, ils r<strong>en</strong>versèr<strong>en</strong>t leurs<br />

barrières confessionnelles et pulvérisèr<strong>en</strong>t leurs<br />

credo contradictoires. L'espérance, non conforme<br />

aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Bible, d'un millénium<br />

temporel fut abandonnée, les idées erronées sur le<br />

retour du Christ fur<strong>en</strong>t corrigées, l'orgueil et la<br />

conformité avec le mon<strong>de</strong> disparur<strong>en</strong>t, les torts<br />

fur<strong>en</strong>t réparés, les coeurs s'unir<strong>en</strong>t dans la plus<br />

douce communion, l'amour et la joie régnèr<strong>en</strong>t sans<br />

partage. Ces heureux effets accomplis pour un petit<br />

nombre, la doctrine du retour du Christ les eût<br />

701


épandus sur tous les chréti<strong>en</strong>s si tous l'avai<strong>en</strong>t<br />

accueillie.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, les églises, <strong>en</strong> général,<br />

n'acceptèr<strong>en</strong>t pas ce message d'avertissem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>urs pasteurs qui, <strong>en</strong> leur qualité <strong>de</strong> « s<strong>en</strong>tinelles<br />

<strong>de</strong> la maison d'Israël », aurai<strong>en</strong>t dû être les<br />

premiers à discerner les signes du retour <strong>de</strong> Jésus,<br />

n'avai<strong>en</strong>t aperçu la vérité ni dans le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophètes ni dans les signes <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Des<br />

espérances et <strong><strong>de</strong>s</strong> ambitions mondaines remplissant<br />

leurs coeurs, leur amour pour Dieu et leur foi <strong>en</strong> sa<br />

Parole se refroidir<strong>en</strong>t et, quand la doctrine du<br />

retour du Christ leur fut prés<strong>en</strong>tée, elle ne r<strong>en</strong>contra<br />

que préjugés et incrédulité. On avançait contre ce<br />

message le fait qu'il était prêché presque<br />

exclusivem<strong>en</strong>t par <strong><strong>de</strong>s</strong> laïques. Comme les Juifs<br />

autrefois, on répondait au témoignage clair et<br />

précis <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu par la question : « Y at-il<br />

un seul <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs et <strong><strong>de</strong>s</strong> pharisi<strong>en</strong>s qui ait cru <strong>en</strong><br />

lui? » D'autres, voyant combi<strong>en</strong> il était difficile <strong>de</strong><br />

réfuter les argum<strong>en</strong>ts tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques, déconseillai<strong>en</strong>t l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties<br />

sous prétexte qu'étant scellées, elles ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

702


être comprises. Des foules, qui avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leurs<br />

pasteurs une confiance aveugle, refusèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> à l'avertissem<strong>en</strong>t; d'autres, bi<strong>en</strong> que<br />

convaincus <strong>de</strong> la vérité, n'osai<strong>en</strong>t pas la confesser,<br />

<strong>de</strong> peur « d'être chassés <strong>de</strong> la synagogue ». <strong>Le</strong><br />

message <strong>en</strong>voyé par Dieu pour éprouver et purifier<br />

l'Église révéla combi<strong>en</strong> était grand le nombre <strong>de</strong><br />

ceux qui avai<strong>en</strong>t placé leurs affections sur le<br />

mon<strong>de</strong> et non sur Jésus-Christ. <strong>Le</strong>s li<strong>en</strong>s qui les<br />

ret<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à la terre étai<strong>en</strong>t plus puissants que ceux<br />

qui les attirai<strong>en</strong>t vers le ciel. Ils optèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> la sagesse humaine et se détournèr<strong>en</strong>t du<br />

message scrutateur <strong>de</strong> la vérité.<br />

En rejetant l'avertissem<strong>en</strong>t du premier ange, ils<br />

repoussèr<strong>en</strong>t le moy<strong>en</strong> que le ciel avait préparé <strong>en</strong><br />

vue <strong>de</strong> leur restauration. Ayant méprisé le<br />

messager miséricordieux capable <strong>de</strong> corriger les<br />

maux qui les séparai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, ils recherchèr<strong>en</strong>t<br />

avec plus d'ar<strong>de</strong>ur que jamais la faveur du mon<strong>de</strong>.<br />

Telle était la cause <strong>de</strong> la terrible condition <strong>de</strong><br />

mondanité, <strong>de</strong> tié<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> mort spirituelle qui<br />

régnait dans les églises <strong>en</strong> 1844.<br />

703


<strong>Le</strong> premier ange du quatorzième chapitre <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse est suivi d'un second, qui proclame :<br />

« Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la<br />

gran<strong>de</strong>, qui a abreuvé toutes les nations du vin <strong>de</strong> la<br />

fureur <strong>de</strong> son impudicité! » (Apocalypse 14.8) <strong>Le</strong><br />

terme « Babylone » dérive du mot « Babel » qui<br />

signifie confusion. Il est employé dans<br />

l'Apocalypse pour désigner les différ<strong>en</strong>tes formes<br />

d'une religion fausse ou apostate. Au dix-septième<br />

chapitre, Babylone est représ<strong>en</strong>tée sous le symbole<br />

d'une femme, image que les Écritures emploi<strong>en</strong>t<br />

pour désigner une église : une femme chaste, quand<br />

il s'agit d'une église pure; une femme corrompue,<br />

quand il s'agit d'une église apostate.<br />

Dans le saint Livre, les relations sacrées et<br />

perman<strong>en</strong>tes qui exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre Jésus-Christ et son<br />

Église sont symbolisées par les li<strong>en</strong>s du mariage.<br />

<strong>Le</strong> Seigneur s'est uni à son peuple par une alliance<br />

sol<strong>en</strong>nelle. Il lui promet d'être son Dieu, et son<br />

peuple, <strong>de</strong> son côté, s'<strong>en</strong>gage à n'appart<strong>en</strong>ir qu'à lui<br />

seul. Dieu lui dit : « Je serai ton fiancé pour<br />

toujours; je serai ton fiancé par la justice, la<br />

droiture, la grâce et la miséricor<strong>de</strong> » (Osée 2.21); «<br />

704


car je suis votre maître » (Jérémie 3.14). Et l'apôtre<br />

Paul se sert <strong>de</strong> la même figure dans le Nouveau<br />

Testam<strong>en</strong>t, quand il dit : « Je vous ai fiancés à un<br />

seul époux, pour vous prés<strong>en</strong>ter à Christ comme<br />

une vierge pure. » (2 Corinthi<strong>en</strong>s 11.2)<br />

Quand l'Église détourne ses affections <strong>de</strong> Jésus<br />

pour les reporter sur les choses du mon<strong>de</strong>, son<br />

infidélité est comparée à la violation du voeu<br />

conjugal. Israël s'éloignant du Seigneur est<br />

représ<strong>en</strong>té sous cette image, et le merveilleux<br />

amour <strong>de</strong> Dieu, méconnu, est ainsi dépeint : « Je te<br />

jurai fidélité, je fis alliance avec toi, dit le<br />

Seigneur, l'Éternel, et tu fus à moi. » « Tu étais<br />

d'une beauté accomplie, digne <strong>de</strong> la royauté. Et ta<br />

r<strong>en</strong>ommée se répandit parmi les nations, à cause <strong>de</strong><br />

ta beauté; car elle était parfaite, grâce à l'éclat dont<br />

je t'avais ornée... Mais tu t'es confiée dans ta<br />

beauté, et tu t'es prostituée, à la faveur <strong>de</strong> ton nom.<br />

» « Comme une femme est infidèle à celui qui<br />

l'aime, ainsi vous m'avez été infidèles, g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la<br />

maison d'Israël. » (Ézéchiel 16.8, 13-15, 32;<br />

Jérémie 3.20 vers. Synodale)<br />

705


<strong>Le</strong> Nouveau Testam<strong>en</strong>t se sert d'un langage<br />

analogue à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> soi-disant chréti<strong>en</strong>s qui<br />

appréci<strong>en</strong>t plus hautem<strong>en</strong>t la faveur du mon<strong>de</strong> que<br />

celle <strong>de</strong> Dieu, « Adultères que vous êtes! dit<br />

l'apôtre Jacques, ne savez-vous pas que l'amour du<br />

mon<strong>de</strong> est inimitié contre Dieu? Celui donc qui<br />

veut être ami du mon<strong>de</strong> se r<strong>en</strong>d <strong>en</strong>nemi <strong>de</strong> Dieu. »<br />

(Jacques 4.14)<br />

<strong>La</strong> femme du dix-septième chapitre <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse (appelée Babylone) est décrite<br />

comme « vêtue <strong>de</strong> pourpre et d'écarlate, et parée<br />

d'or, <strong>de</strong> pierres précieuses et <strong>de</strong> perles. Elle t<strong>en</strong>ait<br />

dans sa main une coupe d'or, remplie<br />

d'abominations et <strong><strong>de</strong>s</strong> impuretés <strong>de</strong> sa prostitution.<br />

Sur son front était écrit un nom, un mystère :<br />

Babylone la gran<strong>de</strong>, la mère <strong><strong>de</strong>s</strong> impudiques. » <strong>Le</strong><br />

prophète poursuit : « Je vis cette femme ivre du<br />

sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints et du sang <strong><strong>de</strong>s</strong> témoins <strong>de</strong> Jésus. » Il<br />

est dit, <strong>de</strong> plus, que Babylone « est la gran<strong>de</strong> ville<br />

qui a la royauté sur les rois <strong>de</strong> la terre ».<br />

(Apocalypse 17.4-6, 18) <strong>La</strong> puissance qui, durant<br />

tant <strong>de</strong> siècles, a exercé un règne <strong><strong>de</strong>s</strong>potique sur<br />

tous les monarques <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, c'est Rome. <strong>La</strong><br />

706


pourpre et l'écarlate, l'or, les pierres précieuses et<br />

les perles dont cette femme est parée rappell<strong>en</strong>t<br />

d'une manière frappante la magnific<strong>en</strong>ce et la<br />

pompe plus que royales <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> Rome. En<br />

outre, aucun pouvoir humain n'a été « ivre du sang<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> saints » comme l'église qui a si cruellem<strong>en</strong>t<br />

persécuté les disciples <strong>de</strong> Jésus-Christ. Babylone<br />

est aussi accusée <strong>de</strong> relations illicites avec « les<br />

rois <strong>de</strong> la terre ». En s'éloignant <strong>de</strong> Dieu et <strong>en</strong><br />

s'alliant avec les paï<strong>en</strong>s, l'église juive était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue<br />

une prostituée. Or, <strong>en</strong> recherchant l'appui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pouvoirs <strong>de</strong> la terre, Rome s'est r<strong>en</strong>due coupable du<br />

même péché, et <strong>en</strong>court la même inculpation.<br />

Babylone est appelée « la mère <strong><strong>de</strong>s</strong> impudiques<br />

». Ses filles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t les églises<br />

qui s'attach<strong>en</strong>t à ses doctrines et à ses traditions, et<br />

qui, comme elle, sacrifi<strong>en</strong>t la vérité et l'approbation<br />

<strong>de</strong> Dieu pour contracter une alliance illicite avec le<br />

mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> message annonçant la chute <strong>de</strong><br />

Babylone concerne <strong><strong>de</strong>s</strong> organisations religieuses<br />

qui, autrefois pures, se sont corrompues. Étant<br />

donné que ce message suit la proclamation <strong>de</strong> «<br />

l'heure du jugem<strong>en</strong>t » et se rapporte aux <strong>de</strong>rniers<br />

707


jours, il ne peut désigner l'église catholique seule, «<br />

tombée » il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. En outre, au dixhuitième<br />

chapitre, le « peuple <strong>de</strong> Dieu » est invité à<br />

sortir <strong>de</strong> Babylone. D'après ce passage, nombre<br />

d'<strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu se trouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core dans<br />

Babylone. Quels corps religieux recèl<strong>en</strong>t,<br />

actuellem<strong>en</strong>t, la plus forte proportion <strong>de</strong> disciples<br />

<strong>de</strong> Jésus? Ce sont, sans aucun doute, les diverses<br />

églises professant la foi protestante. Au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

leur naissance, ces églises ont pris noblem<strong>en</strong>t<br />

position pour Dieu et pour la vérité, et la<br />

bénédiction <strong>de</strong> Dieu a reposé sur elles. <strong>Le</strong>s noncroyants<br />

eux-mêmes ont dû reconnaître les<br />

bi<strong>en</strong>faits qui découl<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'acceptation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes <strong>de</strong> l'Évangile. Pour employer les termes<br />

du prophète, « ta r<strong>en</strong>ommée se répandit parmi les<br />

nations, à cause <strong>de</strong> ta beauté; car elle était parfaite,<br />

grâce à l'éclat dont je t'avais ornée, dit le Seigneur,<br />

l'Éternel ». Mais ces églises sont tombées par le<br />

péché même qui avait été la cause <strong>de</strong> la ruine<br />

d'Israël : le désir <strong>de</strong> suivre l'exemple et <strong>de</strong> gagner<br />

l'amitié <strong><strong>de</strong>s</strong> impies. « Tu t'es confiée dans ta<br />

beauté, et tu t'es prostituée, à la faveur <strong>de</strong> ton nom.<br />

» (Ézéchiel 16.14-15)<br />

708


Un grand nombre d'églises protestantes suiv<strong>en</strong>t<br />

l'exemple <strong>de</strong> Rome dans son commerce impur avec<br />

les rois <strong>de</strong> la terre; les églises nationales, <strong>en</strong><br />

s'alliant avec les gouvernem<strong>en</strong>ts civils; puis<br />

d'autres églises, <strong>en</strong> recherchant la faveur du mon<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong> terme « Babylone » (confusion) convi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à<br />

ces corps religieux qui, professant tous puiser leurs<br />

doctrines dans les Écritures, sont fractionnés <strong>en</strong><br />

sectes innombrables aux croyances et aux théories<br />

contradictoires.<br />

Outre leur union illégitime avec le mon<strong>de</strong>, les<br />

églises sorties <strong>de</strong> Rome lui ressembl<strong>en</strong>t à d'autres<br />

égards <strong>en</strong>core. Un ouvrage catholique affirme que,<br />

« si l'Église <strong>de</strong> Rome fut jamais coupable<br />

d'idolâtrie à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, sa fille, l'Église<br />

anglicane, qui a dix églises consacrées à Marie<br />

pour une consacrée à Jésus-Christ, participe à la<br />

même culpabilité ». (Dr Challoner, The Catholic<br />

Christian Instructed, préface, p. 21, 22)<br />

Dans son Traité sur le Millénium, le docteur<br />

Hopkins écrit : « Il n'y a pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> prét<strong>en</strong>dre<br />

709


que l'esprit et les rites antichréti<strong>en</strong>s sont le<br />

monopole <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> Rome. <strong>Le</strong>s églises<br />

protestantes ont conservé dans leur sein bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses prov<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> l'Antichrist, et elles sont loin<br />

d'être réformées <strong>de</strong>... toute corruption et <strong>de</strong> toute<br />

méchanceté. » (Samuel Hopkins, Works, vpl. II, p.<br />

328)<br />

Au sujet <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong> l'Église<br />

presbytéri<strong>en</strong>ne d'avec Rome, le docteur Guthrie<br />

s'exprime ainsi : « Il y a trois c<strong>en</strong>ts ans, notre église<br />

sortait du giron <strong>de</strong> Rome portant sur ses ét<strong>en</strong>dards<br />

une Bible ouverte et cette <strong>de</strong>vise : Son<strong>de</strong>z les<br />

Écritures. Puis il pose cette question significative :<br />

« Est-elle sortie pure <strong>de</strong> Babylone? » (John<br />

Guthrie, The Gospel in Ezechiel, p. 237)<br />

« L'Église anglicane, dit Spurgeon, semble être<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dévorée par le puseyisme; mais la<br />

dissid<strong>en</strong>ce paraît être tout aussi <strong>en</strong>tamée par<br />

l'incrédulité philosophique. Ceux dont nous<br />

att<strong>en</strong>dions <strong>de</strong> meilleures choses se détourn<strong>en</strong>t l'un<br />

après l'autre <strong><strong>de</strong>s</strong> bases <strong>de</strong> la foi. Je crois que le<br />

coeur <strong>de</strong> l'Angleterre est rongé par une damnable<br />

710


incrédulité qui ose <strong>en</strong>core monter <strong>en</strong> chaire et se<br />

dire chréti<strong>en</strong>ne. » (Voir App<strong>en</strong>dice a44)<br />

Quelle fut l'origine <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> apostasie?<br />

Comm<strong>en</strong>t l'Église s'est-elle éloignée, aux premiers<br />

siècles, <strong>de</strong> la simplicité <strong>de</strong> l'Évangile? C'est <strong>en</strong><br />

adoptant les pratiques paï<strong>en</strong>nes afin <strong>de</strong> faciliter la<br />

conversion <strong><strong>de</strong>s</strong> paï<strong>en</strong>s. L'apôtre Paul écrivait, au<br />

premier siècle : « <strong>Le</strong> mystère <strong>de</strong> l'iniquité agit déjà.<br />

» (2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.7) P<strong>en</strong>dant la vie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

apôtres, l'Église resta relativem<strong>en</strong>t pure. Mais «<br />

vers la fin du second siècle, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> églises<br />

se transformèr<strong>en</strong>t; la simplicité première disparut,<br />

et, ins<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t, à mesure que les anci<strong>en</strong>s<br />

disciples <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t dans la tombe, leurs <strong>en</strong>fants,<br />

<strong>en</strong> compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux convertis... <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> scène et donnèr<strong>en</strong>t une forme nouvelle à la<br />

cause ». (Robert Robinson, Ecclesiastical<br />

Reseatches, chap. VI, par. 17) Pour obt<strong>en</strong>ir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conversions, on abaissa le niveau <strong>de</strong> la foi<br />

chréti<strong>en</strong>ne; « le paganisme inonda l'Église et y<br />

introduisit ses coutumes, ses pratiques et ses idoles<br />

». (Gavazzi's <strong>Le</strong>ctures, p. 278) Assuré <strong>de</strong> la faveur<br />

et <strong>de</strong> l'appui <strong><strong>de</strong>s</strong> princes, le christianisme fut<br />

711


nominalem<strong>en</strong>t accepté par les foules, dont un grand<br />

nombre d'individus, apparemm<strong>en</strong>t chréti<strong>en</strong>s, «<br />

restai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t paï<strong>en</strong>s, et continuai<strong>en</strong>t d'adorer<br />

leurs idoles <strong>en</strong> secret ». (Gavazzi's <strong>Le</strong>ctures, p.<br />

278)<br />

<strong>Le</strong> même processus ne s'est-il pas répété dans<br />

presque toutes les Églises soi-disant protestantes?<br />

À mesure que disparur<strong>en</strong>t les hommes qui les<br />

avai<strong>en</strong>t fondées dans le véritable esprit <strong>de</strong> la<br />

Réforme, leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants donnèr<strong>en</strong>t une forme<br />

nouvelle à la cause. Fanatiquem<strong>en</strong>t attachés au<br />

credo <strong>de</strong> leurs pères mais refusant d'accepter toute<br />

vérité nouvelle, les <strong>en</strong>fants <strong><strong>de</strong>s</strong> réformateurs se sont<br />

écartés <strong>de</strong> l'exemple d'humilité, <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et<br />

<strong>de</strong> simplicité qu'ils avai<strong>en</strong>t reçu.<br />

Cet amour du mon<strong>de</strong>, qui est une « inimitié<br />

contre Dieu », est excessivem<strong>en</strong>t répandu parmi les<br />

soi-disant disciples du Christ. Dans toute la<br />

chréti<strong>en</strong>té, les églises populaires se sont beaucoup<br />

éloignées <strong>de</strong> l'humilité, du r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> la<br />

simplicité et <strong>de</strong> la piété <strong>en</strong>seignés par la Bible.<br />

Voici ce qu'a écrit Jean Wesley au sujet <strong>de</strong> l'usage<br />

712


légitime <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t : « Ne per<strong>de</strong>z aucune parcelle<br />

<strong>de</strong> ce précieux don pour satisfaire la convoitise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

yeux par <strong><strong>de</strong>s</strong> vêtem<strong>en</strong>ts superflus et coûteux, ou par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ornem<strong>en</strong>ts inutiles. N'<strong>en</strong> gaspillez ri<strong>en</strong> pour<br />

décorer votre maison d'objets d'art, pour la garnir<br />

<strong>de</strong> meubles superflus ou coûteux ou pour l'embellir<br />

<strong>de</strong> tableaux et <strong>de</strong> dorures... Ne le dép<strong>en</strong>sez pas<br />

pour satisfaire l'orgueil <strong>de</strong> la vie et attirer<br />

l'admiration ou la louange <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes... Tant que<br />

"tu te vêtiras <strong>de</strong> pourpre et <strong>de</strong> fin lin, et que chaque<br />

jour tu mèneras joyeuse et brillante vie", beaucoup<br />

<strong>de</strong> g<strong>en</strong>s, sans doute, applaudiront à la finesse <strong>de</strong> ton<br />

goût, à ta générosité et à ton hospitalité. Mais<br />

n'achète pas si cher leurs applaudissem<strong>en</strong>ts.<br />

Cont<strong>en</strong>te-toi plutôt <strong>de</strong> l'honneur qui vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu.<br />

» (Wesley's Works, sermon 50, « The Use of<br />

Money ») De nos jours, hélas! bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> églises<br />

dédaign<strong>en</strong>t ces exhortations.<br />

L'appart<strong>en</strong>ance à l'Église est un facteur <strong>de</strong><br />

considération. Dans certains pays, les dirigeants,<br />

les diplomates, les avocats, les docteurs, les<br />

négociants s'y font recevoir pour s'assurer le<br />

respect et la confiance <strong>de</strong> la société et soigner leurs<br />

713


propres intérêts, cherchant à dissimuler toutes leurs<br />

indélicatesses sous le manteau du christianisme.<br />

<strong>Le</strong>s différ<strong>en</strong>tes confessions religieuses, fortes <strong>de</strong> la<br />

richesse et <strong>de</strong> l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ces mondains baptisés,<br />

s'<strong>en</strong> serv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vue d'accroître la faveur dont elles<br />

jouiss<strong>en</strong>t auprès du public. De superbes églises,<br />

<strong>en</strong>richies <strong>de</strong> la façon la plus extravagante, s'érig<strong>en</strong>t<br />

sur les av<strong>en</strong>ues les plus fréqu<strong>en</strong>tées. <strong>Le</strong>s fidèles<br />

sont somptueusem<strong>en</strong>t vêtus. Des honoraires élevés<br />

sont offerts à <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>de</strong> tal<strong>en</strong>t capables<br />

d'attirer et <strong>de</strong> captiver <strong>de</strong> grands auditoires. On<br />

exige d'eux <strong><strong>de</strong>s</strong> sermons chatouillant agréablem<strong>en</strong>t<br />

les oreilles et ne dénonçant pas le péché. C'est ainsi<br />

que les noms <strong>de</strong> pécheurs <strong>de</strong> distinction<br />

<strong>en</strong>combr<strong>en</strong>t les registres <strong>de</strong> l'Église, et que les<br />

péchés à la mo<strong>de</strong> sont cachés sous l'appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

piété.<br />

Parlant <strong>de</strong> l'attitu<strong>de</strong> actuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> soi-disant<br />

chréti<strong>en</strong>s à l'égard du mon<strong>de</strong>, un grand quotidi<strong>en</strong><br />

écrivait : « Ins<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t, l'Église a cédé <strong>de</strong>vant<br />

l'esprit du siècle et a adapté ses formes <strong>de</strong> culte aux<br />

besoins mo<strong>de</strong>rnes... L'Église utilise actuellem<strong>en</strong>t<br />

tout ce qui peut r<strong>en</strong>dre la religion attrayante. »<br />

714


L'In<strong>de</strong>p<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> New York, disait du méthodisme<br />

tel qu'il est maint<strong>en</strong>ant : « <strong>La</strong> ligne <strong>de</strong> démarcation<br />

<strong>en</strong>tre les g<strong>en</strong>s pieux et les impies se perd dans une<br />

espèce <strong>de</strong> pénombre, et dans les <strong>de</strong>ux camps <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes zélés s'emploi<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>t à oblitérer<br />

toute différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre leurs façons d'agir et <strong>de</strong><br />

s'amuser... <strong>La</strong> popularité <strong>de</strong> la religion t<strong>en</strong>d à<br />

augm<strong>en</strong>ter s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t le nombre <strong>de</strong> ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t s'<strong>en</strong> assurer les avantages, sans <strong>en</strong> remplir<br />

honnêtem<strong>en</strong>t les <strong>de</strong>voirs. »<br />

Howard Crosby s'exprimait <strong>en</strong> ces termes : « Il<br />

est alarmant <strong>de</strong> constater que l'Église <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ répond si peu aux int<strong>en</strong>tions <strong>de</strong> son Maître.<br />

De même que les Juifs, par leur familiarité avec les<br />

idolâtres, s'étai<strong>en</strong>t autrefois éloignés <strong>de</strong> Dieu...<br />

l'Église <strong>de</strong> Jésus, par une intimité illicite avec un<br />

mon<strong>de</strong> incrédule, perd graduellem<strong>en</strong>t la vie divine<br />

et s'abandonne aux coutumes pernicieuses d'une<br />

société sceptique et irréligieuse. » (The Healthy<br />

Christian : An Appeal to the Chruch, p. 141, 142)<br />

Emportée par la marée montante <strong>de</strong> la<br />

mondanité, par l'amour du plaisir, l'Église perd la<br />

715


notion du r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et du sacrifice pour le nom<br />

<strong>de</strong> Jésus. « Plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes<br />

qui jou<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t un rôle dans nos églises ont<br />

appris, dans leur <strong>en</strong>fance, à cons<strong>en</strong>tir <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices<br />

pour subv<strong>en</strong>ir à l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu. » Mais «<br />

maint<strong>en</strong>ant, quand l'Église a besoin d'arg<strong>en</strong>t,<br />

songe-t-on à solliciter <strong><strong>de</strong>s</strong> dons? Oh non! On<br />

organise une v<strong>en</strong>te, une soirée récréative, une<br />

loterie, un banquet, n'importe quoi, pourvu que cela<br />

soit amusant! »<br />

Dans son message annuel du 9 janvier 1873, le<br />

gouverneur Washburn, du Wisconsin, faisait la<br />

déclaration suivante : « Une loi serait nécessaire<br />

pour fermer les écoles où se form<strong>en</strong>t les amateurs<br />

du jeu. On les voit partout. Il arrive même que<br />

l'Église – sans doute inconsciemm<strong>en</strong>t – contribue à<br />

l'oeuvre du diable. Je parle <strong><strong>de</strong>s</strong> concerts, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soirées, <strong><strong>de</strong>s</strong> tombolas, quelquefois organisés au<br />

profit d'oeuvres charitables, mais souv<strong>en</strong>t aussi à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fins moins utiles, consistant uniquem<strong>en</strong>t à<br />

obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t sans ri<strong>en</strong> donner <strong>en</strong> contrepartie.<br />

Ri<strong>en</strong> n'est si démoralisant, ni si alléchant, <strong>en</strong><br />

particulier pour la jeunesse, que <strong>de</strong> trouver le<br />

716


moy<strong>en</strong> d'obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t ou d'autres bi<strong>en</strong>s sans<br />

avoir à travailler. Puisque <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s respectables<br />

collabor<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>treprises où la chance joue le<br />

rôle principal, et tranquillis<strong>en</strong>t leur consci<strong>en</strong>ce par<br />

la p<strong>en</strong>sée que l'arg<strong>en</strong>t ainsi obt<strong>en</strong>u est <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à un<br />

bon but, il ne faut pas s'étonner que notre jeunesse<br />

pr<strong>en</strong>ne si facilem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> dont les jeux <strong>de</strong><br />

hasard sont presque infailliblem<strong>en</strong>t la cause. »<br />

<strong>La</strong> mondanité <strong>en</strong>vahit toutes les églises. Dans<br />

un sermon prêché à Londres, Robert Atkins traçait<br />

ce sombre tableau du déclin spirituel <strong>en</strong> Angleterre<br />

: « <strong>Le</strong> nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes réellem<strong>en</strong>t droits<br />

diminue, mais personne ne pr<strong>en</strong>d la chose à coeur.<br />

Dans toutes les églises, ceux qui profess<strong>en</strong>t la<br />

religion aim<strong>en</strong>t le mon<strong>de</strong> et s'y conform<strong>en</strong>t,<br />

recherch<strong>en</strong>t leurs aises et veul<strong>en</strong>t être considérés.<br />

Appelés à souffrir avec Jésus-Christ, le mépris<br />

suffit à les faire reculer. Apostasie, apostasie,<br />

apostasie, voilà le mot gravé sur le fronton <strong>de</strong><br />

toutes les églises. Si elles le savai<strong>en</strong>t, si elles <strong>en</strong><br />

avai<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t, il y aurait <strong>de</strong> l'espoir; mais<br />

hélas! elles s'écri<strong>en</strong>t : "Nous sommes riches, nous<br />

nous sommes <strong>en</strong>richies, nous n'avons besoin <strong>de</strong><br />

717


i<strong>en</strong>." (Second Adv<strong>en</strong>t Library, Tract no. 39) »<br />

<strong>Le</strong> grand péché imputé à Babylone, c'est d'avoir<br />

« fait boire à toutes les nations du vin <strong>de</strong> la fureur<br />

<strong>de</strong> son impudicité ». Cette coupe <strong>en</strong>ivrante qu'elle<br />

offre au mon<strong>de</strong> représ<strong>en</strong>te les fausses doctrines<br />

héritées par elle <strong>en</strong> courtisant les grands <strong>de</strong> la terre.<br />

L'amour du mon<strong>de</strong> a dénaturé sa foi, et l'église<br />

déchue exerce à son tour sur ce <strong>de</strong>rnier une<br />

influ<strong>en</strong>ce néfaste <strong>en</strong> <strong>en</strong>seignant <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines<br />

directem<strong>en</strong>t opposées aux déclarations les plus<br />

explicites <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes Écritures.<br />

Rome avait soustrait la Bible au peuple et lui<br />

avait offert <strong>en</strong> échange ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />

L'oeuvre <strong>de</strong> la Réforme consista à restituer la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu à l'humanité; mais n'est-il pas trop<br />

vrai que les églises <strong>de</strong> nos jours <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t à leurs<br />

membres à faire reposer leur foi sur leur credo<br />

plutôt que sur les saintes Écritures? <strong>Le</strong> pasteur<br />

Charles Beecher disait <strong><strong>de</strong>s</strong> églises protestantes : «<br />

Elles recul<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant toute parole sévère contre la<br />

confession <strong>de</strong> foi avec la même frayeur que les<br />

saints Pères l'euss<strong>en</strong>t fait <strong>de</strong>vant toute<br />

718


condamnation à l'<strong>en</strong>droit <strong>de</strong> la vénération <strong><strong>de</strong>s</strong> saints<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs qu'ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train <strong>de</strong> cultiver<br />

chez leurs contemporains... <strong>Le</strong>s églises<br />

évangéliques se sont lié les mains au point qu'il<br />

n'est plus possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir prédicateur sans se<br />

soumettre à quelque livre autre que la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu... Ce que je dis là n'est pas une fiction, mais<br />

un fait : la puissance du credo est maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />

train d'écarter les Écritures tout aussi réellem<strong>en</strong>t,<br />

quoique <strong>de</strong> faç<strong>en</strong> plus subtile, que Rome ne l'a fait<br />

dans le passé. » (Sermon on « The Bible, a<br />

Suffici<strong>en</strong>t Creed », <strong>de</strong>livered at Fort Wayne, Ind.<br />

Feb. 22, 1846)<br />

Quand <strong><strong>de</strong>s</strong> interprètes fidèles expliqu<strong>en</strong>t la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> savants exégètes prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que<br />

la saine doctrine est une hérésie, et détourn<strong>en</strong>t les<br />

g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> la vérité. Si le mon<strong>de</strong><br />

n'était pas désespérém<strong>en</strong>t ivre du vin <strong>de</strong> Babylone,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> foules se convertirai<strong>en</strong>t sous l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vérités claires et précises <strong>de</strong> la Bible. Mais la foi<br />

religieuse paraît si confuse et si contradictoire, que<br />

beaucoup se <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t ce qu'il faut croire.<br />

L'impénit<strong>en</strong>ce du mon<strong>de</strong> est imputable à l'Église.<br />

719


<strong>Le</strong> message du second ange, d'abord prêché<br />

dans le courant <strong>de</strong> l'été <strong>de</strong> 1844, s'appliquait alors<br />

plus directem<strong>en</strong>t aux églises <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis, où<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t relatif au jugem<strong>en</strong>t avait été plus<br />

généralem<strong>en</strong>t prêché et rejeté, et où le déclin avait<br />

été le plus rapi<strong>de</strong>. Pourtant, la proclamation <strong>de</strong> ce<br />

message ne s'acheva pas <strong>en</strong> 1844. <strong>Le</strong>s églises fir<strong>en</strong>t<br />

alors, il est vrai, une chute morale due à la réjection<br />

<strong>de</strong> la lumière du message adv<strong>en</strong>tiste. Mais cette<br />

chute ne fut pas totale. En persistant à fermer<br />

l'oreille aux vérités <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à notre temps, elles<br />

sont tombées <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus bas. Toutefois, on ne<br />

peut pas dire <strong>en</strong>core : « Elle est tombée, elle est<br />

tombée, Babylone la gran<strong>de</strong>... qui a abreuvé toutes<br />

les nations du vin <strong>de</strong> la fureur <strong>de</strong> son impudicité. »<br />

Elle n'a pas <strong>en</strong>core abreuvé toutes les nations.<br />

L'esprit <strong>de</strong> conformité au mon<strong>de</strong> et d'indiffér<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong>vers les vérités claires et précises <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à<br />

notre époque gagne du terrain dans les églises<br />

protestantes <strong>de</strong> toute la chréti<strong>en</strong>té, et ces églises<br />

sont comprises dans la terrible et sol<strong>en</strong>nelle<br />

dénonciation du second ange. Mais l'apostasie n'est<br />

pas <strong>en</strong>core parv<strong>en</strong>ue à son comble.<br />

720


<strong>La</strong> Bible déclare qu'avant la v<strong>en</strong>ue du Christ,<br />

Satan opérera « avec toutes sortes <strong>de</strong> miracles, <strong>de</strong><br />

signes et <strong>de</strong> prodiges m<strong>en</strong>songers, et avec toutes les<br />

séductions <strong>de</strong> l'iniquité », et que ceux qui « n'ont<br />

pas reçu l'amour <strong>de</strong> la vérité pour être sauvés »<br />

recevront « une puissance d'égarem<strong>en</strong>t, pour qu'ils<br />

croi<strong>en</strong>t au m<strong>en</strong>songe » (2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.9-11).<br />

Ce n'est que lorsque cet état <strong>de</strong> choses sera atteint,<br />

et que l'union <strong>de</strong> l'Église avec le mon<strong>de</strong> sera<br />

consommée dans toute la chréti<strong>en</strong>té, que la chute<br />

<strong>de</strong> Babylone sera complète. Ce changem<strong>en</strong>t est<br />

progressif, et l'accomplissem<strong>en</strong>t total du message<br />

du second ange est donc <strong>en</strong>core dans l'av<strong>en</strong>ir.<br />

Malgré les ténèbres spirituelles et l'éloignem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> Dieu qui règn<strong>en</strong>t dans les églises constituant<br />

Babylone, la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais disciples <strong>de</strong> Jésus<br />

se trouve <strong>en</strong>core dans leur sein. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

n'y ont pas <strong>en</strong>core eu connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

spéciales pour notre temps. Nombreux sont ceux<br />

qui soupir<strong>en</strong>t après plus <strong>de</strong> lumière, et qui<br />

cherch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain l'image du Christ dans leurs<br />

églises respectives. À mesure que ces églises<br />

721


s'éloign<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vérité et s'alli<strong>en</strong>t plus intimem<strong>en</strong>t<br />

avec le mon<strong>de</strong>, la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux classes<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t plus évid<strong>en</strong>te. Une séparation aura lieu. <strong>Le</strong><br />

temps vi<strong>en</strong>t où ceux qui aim<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t Dieu ne<br />

pourront plus rester <strong>en</strong> communion avec ceux qui «<br />

aim<strong>en</strong>t le plaisir plus que Dieu » (2 Timothée 3.4-<br />

5).<br />

<strong>Le</strong> dix-huitième chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse se<br />

rapporte au temps où, par suite <strong>de</strong> la réjection du<br />

triple avertissem<strong>en</strong>t du quatorzième chapitre (6-<br />

12), l'Église sera dans la condition prédite par le<br />

second ange, et où le peuple <strong>de</strong> Dieu resté dans<br />

Babylone sera exhorté à <strong>en</strong> sortir. Ce message est<br />

le <strong>de</strong>rnier qui sera jamais donné au mon<strong>de</strong>, et il<br />

accomplira sa mission. Quand « ceux qui n'ont pas<br />

cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice<br />

» (2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.12), seront abandonnés à<br />

une puissance d'égarem<strong>en</strong>t et croiront « au<br />

m<strong>en</strong>songe », la lumière <strong>de</strong> la vérité brillera sur<br />

ceux qui seront prêts à la recevoir. À ce mom<strong>en</strong>t-là,<br />

tous les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>meurés dans Babylone<br />

obéiront à l'appel : « Sortez du milieu d'elle, mon<br />

peuple. » (Apocalypse 18.4)<br />

722


Chapitre 22<br />

Prophéties accomplies<br />

Lorsque le printemps <strong>de</strong> 1844 fut passé, ceux<br />

qui avai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du le retour du Christ pour cette<br />

époque fur<strong>en</strong>t, durant quelque temps, plongés dans<br />

le doute et le désarroi. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> les considérait<br />

comme terrassés et convaincus <strong>de</strong> s'être attachés à<br />

une illusion; cep<strong>en</strong>dant, la Parole <strong>de</strong> Dieu restait<br />

leur source <strong>de</strong> consolation. Beaucoup d'<strong>en</strong>tre eux<br />

continuèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les Écritures. Ils soumir<strong>en</strong>t<br />

les bases <strong>de</strong> leur foi à un nouvel exam<strong>en</strong>, et<br />

étudièr<strong>en</strong>t les prophéties avec le plus grand soin<br />

pour y puiser <strong>de</strong> nouvelles lumières. <strong>Le</strong><br />

témoignage biblique semblait réellem<strong>en</strong>t confirmer<br />

leurs vues. Des signes incontestables indiquai<strong>en</strong>t la<br />

proximité du retour du Seigneur. <strong>La</strong> puissance du<br />

Saint-Esprit, qui s'était manifestée tant par la<br />

conversion <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs que par un r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong><br />

vie spirituelle parmi les croyants, avait prouvé que<br />

le message était du ciel. Et, bi<strong>en</strong> qu'ils ne fuss<strong>en</strong>t<br />

pas à même d'expliquer leur désappointem<strong>en</strong>t, ils<br />

723


étai<strong>en</strong>t convaincus que Dieu les avait dirigés.<br />

Dans les prophéties qui, croyai<strong>en</strong>t-ils,<br />

s'appliquai<strong>en</strong>t au temps <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du<br />

Christ, se trouvai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> instructions qui<br />

conv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t remarquablem<strong>en</strong>t à leur état<br />

d'incertitu<strong>de</strong> et les <strong>en</strong>courageai<strong>en</strong>t à att<strong>en</strong>dre<br />

patiemm<strong>en</strong>t et avec foi que leur situation s'éclaircit.<br />

Parmi ces prophéties se trouvait celle du livre<br />

d'Habacuc 2.1-4 : « J'étais à mon poste, et je me<br />

t<strong>en</strong>ais sur la tour; je veillais, pour voir ce que<br />

l'Éternel me dirait, et ce que je répliquerais après<br />

ma plainte. L'Éternel m'adressa la parole, et il dit :<br />

Écris la prophétie : grave-la sur <strong><strong>de</strong>s</strong> tables, afin<br />

qu'on la lise couramm<strong>en</strong>t. Car c'est une prophétie<br />

dont le temps est déjà fixé, elle marche vers son<br />

terme, et elle ne m<strong>en</strong>tira pas; si elle tar<strong>de</strong>, att<strong>en</strong>dsla,<br />

car elle s'accomplira, elle s'accomplira<br />

certainem<strong>en</strong>t... <strong>Le</strong> juste vivra par sa foi. »<br />

Dès 1842, le conseil donné dans cette prophétie<br />

d'écrire la vision prophétique et <strong>de</strong> la « graver sur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tables afin qu'on puisse la lire couramm<strong>en</strong>t »,<br />

724


avait suggéré à Charles Fitch la préparation d'un<br />

tableau prophétique illustrant les visions <strong>de</strong> Daniel<br />

et <strong>de</strong> l'Apocalypse. <strong>La</strong> publication <strong>de</strong> ce tableau fut<br />

considérée comme accomplissant l'ordre donné par<br />

Habacuc. Personne, toutefois, ne remarqua alors<br />

dans cette même prophétie un délai appar<strong>en</strong>t, un<br />

temps d'att<strong>en</strong>te. Après le désappointem<strong>en</strong>t, cette<br />

déclaration parut très significative : « Car c'est une<br />

prophétie dont le temps est déjà fixé, elle marche<br />

vers son terme, et elle ne m<strong>en</strong>tira pas : si elle tar<strong>de</strong>,<br />

att<strong>en</strong>ds-la, car elle s'accomplira, elle s'accomplira<br />

certainem<strong>en</strong>t... <strong>Le</strong> juste vivra par sa foi. »<br />

<strong>Le</strong> fragm<strong>en</strong>t suivant <strong>de</strong> la prophétie d'Ézéchiel<br />

était aussi une source <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> consolation<br />

pour les croyants : <strong>La</strong> parole <strong>de</strong> l'Éternel me fut<br />

adressée <strong>en</strong> ces mots : Fils <strong>de</strong> l'homme, que<br />

signifi<strong>en</strong>t ces discours moqueurs que vous t<strong>en</strong>ez<br />

dans le pays d'Israël : <strong>Le</strong>s jours se prolong<strong>en</strong>t, et<br />

toutes les visions rest<strong>en</strong>t sans effet? C'est pourquoi<br />

dis-leur : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel :... <strong>Le</strong>s<br />

jours approch<strong>en</strong>t, et toutes les visions<br />

s'accompliront... Je parlerai; ce que je dirai<br />

s'accomplira, et ne sera plus différé... Voici, la<br />

725


maison d'Israël dit : <strong>Le</strong>s visions qu'il a ne sont pas<br />

près <strong>de</strong> s'accomplir; il prophétise pour <strong><strong>de</strong>s</strong> temps<br />

éloignés. C'est pourquoi dis-leur : Ainsi parle le<br />

Seigneur, l'Éternel : Il n'y aura plus <strong>de</strong> délai dans<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mes paroles; la parole que je<br />

prononcerai s'accomplira, dit le Seigneur, l'Éternel.<br />

» (Ézéchiel 12.21-25, 27, 28)<br />

Ces paroles fur<strong>en</strong>t une source <strong>de</strong> joie pour les<br />

fidèles dans l'att<strong>en</strong>te. Celui qui, au travers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles, voit la fin dès le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t avait<br />

prévu leur désappointem<strong>en</strong>t, et leur avait <strong>en</strong>voyé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> paroles d'<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t et d'espérance. À<br />

cette heure critique, sans ces portions <strong>de</strong> l'Écriture<br />

qui les exhortai<strong>en</strong>t à att<strong>en</strong>dre patiemm<strong>en</strong>t et à ne<br />

pas perdre confiance <strong>en</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, leur foi<br />

eût sombré.<br />

<strong>La</strong> parabole <strong><strong>de</strong>s</strong> dix vierges illustre aussi la<br />

crise que traversait le peuple adv<strong>en</strong>tiste. En<br />

réponse à cette question <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples : « Quel sera<br />

le signe <strong>de</strong> ton avènem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong>? »,<br />

le Sauveur avait esquissé à grands traits l'histoire<br />

du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong>puis sa première v<strong>en</strong>ue<br />

726


jusqu'à son retour. Il avait m<strong>en</strong>tionné la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction<br />

<strong>de</strong> Jérusalem, la gran<strong>de</strong> affliction <strong>de</strong> l'Église sous<br />

les persécutions paï<strong>en</strong>nes et papales,<br />

l'obscurcissem<strong>en</strong>t du soleil et <strong>de</strong> la lune et la chute<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles. Parlant <strong>en</strong>suite <strong>de</strong> l'établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

son royaume, Jésus leur avait donné une parabole<br />

représ<strong>en</strong>tant les <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> personnes qui<br />

att<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t sa v<strong>en</strong>ue. Puis il avait ajouté : « Alors<br />

le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux sera semblable à dix vierges.<br />

» Il est ici question <strong>de</strong> l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours,<br />

<strong>de</strong> celle qui est m<strong>en</strong>tionnée dans la <strong>de</strong>rnière partie<br />

du chapitre précéd<strong>en</strong>t. Son histoire est comparée<br />

aux incid<strong>en</strong>ts d'un mariage ori<strong>en</strong>tal.<br />

« Alors le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux sera semblable à<br />

dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèr<strong>en</strong>t à<br />

la r<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> l'époux. Cinq d'<strong>en</strong>tre elles étai<strong>en</strong>t<br />

folles, et cinq sages. <strong>Le</strong>s folles, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant leurs<br />

lampes, ne prir<strong>en</strong>t point d'huile avec elles; mais les<br />

sages prir<strong>en</strong>t, avec leurs lampes, <strong>de</strong> l'huile dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vases. Comme l'époux tardait, toutes s'assoupir<strong>en</strong>t<br />

et s'<strong>en</strong>dormir<strong>en</strong>t. Au milieu <strong>de</strong> la nuit, on cria :<br />

Voici l'époux; allez à sa r<strong>en</strong>contre! » (Matthieu<br />

25.1-6)<br />

727


Pour les croyants <strong>de</strong> 1844, la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> l'époux<br />

représ<strong>en</strong>tait le retour <strong>de</strong> Jésus annoncé par le<br />

message du premier ange. <strong>Le</strong> grand mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

réforme opéré par la proclamation <strong>de</strong> ce retour<br />

correspondait aux dix vierges allant à la r<strong>en</strong>contre<br />

<strong>de</strong> l'époux. Cette parabole représ<strong>en</strong>te <strong>de</strong>ux classes<br />

<strong>de</strong> personnes. Toutes les vierges avai<strong>en</strong>t pris leurs<br />

lampes – l'Écriture sainte – et étai<strong>en</strong>t sorties pour<br />

aller à la r<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> l'époux. Mais tandis que les<br />

folles, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant leurs lampes, n'avai<strong>en</strong>t pas fait<br />

provision d'huile, les sages avai<strong>en</strong>t pris, avec leurs<br />

lampes, <strong>de</strong> l'huile dans <strong><strong>de</strong>s</strong> vases. Ces <strong>de</strong>rnières<br />

avai<strong>en</strong>t reçu la grâce <strong>de</strong> Dieu, la puissance<br />

régénératrice et lumineuse du Saint-Esprit, qui fait<br />

<strong>de</strong> sa Parole une lampe « à nos pieds et une lumière<br />

sur notre s<strong>en</strong>tier ». Elles avai<strong>en</strong>t étudié les<br />

Écritures dans la crainte <strong>de</strong> Dieu pour y découvrir<br />

la vérité, et recherché avec ar<strong>de</strong>ur un coeur pur et<br />

une vie sainte. <strong>Le</strong>ur expéri<strong>en</strong>ce religieuse était<br />

personnelle, et leur foi <strong>en</strong> Dieu et <strong>en</strong> sa Parole était<br />

telle que ni les désappointem<strong>en</strong>ts ni les délais ne<br />

pouvai<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>verser.<br />

728


<strong>Le</strong>s autres vierges, « <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant leurs lampes,<br />

n'avai<strong>en</strong>t point pris d'huile avec elles ». <strong>Le</strong> message<br />

sol<strong>en</strong>nel qu'elles v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre avait excité<br />

leurs craintes, mais elles s'étai<strong>en</strong>t reposées sur la<br />

foi <strong>de</strong> leurs frères. Elles s'étai<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>tées <strong>de</strong> la<br />

lumière vacillante <strong>de</strong> leurs émotions, sans avoir<br />

parfaitem<strong>en</strong>t compris la vérité, et sans que l'oeuvre<br />

réelle <strong>de</strong> la grâce se fût opérée dans leur coeur.<br />

Elles étai<strong>en</strong>t allées au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> l'époux dans la<br />

joyeuse perspective d'une récomp<strong>en</strong>se immédiate,<br />

mais nullem<strong>en</strong>t préparées à un délai ou à une<br />

déception. Quand vint l'épreuve, leur lumière pâlit<br />

et leur foi les abandonna.<br />

« Comme l'époux tardait, toutes s'assoupir<strong>en</strong>t et<br />

s'<strong>en</strong>dormir<strong>en</strong>t. » <strong>Le</strong> retard <strong>de</strong> l'époux représ<strong>en</strong>te la<br />

vaine att<strong>en</strong>te du Seigneur au temps fixé, le<br />

désappointem<strong>en</strong>t qui s'<strong>en</strong>suivit et l'appar<strong>en</strong>t délai<br />

apporté à l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prophétie. En ce<br />

temps d'incertitu<strong>de</strong>, la foi <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants superficiels<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>mi-convertis ne tarda pas à fléchir; mais<br />

ceux dont la foi reposait sur une connaissance<br />

personnelle <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures avai<strong>en</strong>t pris pied sur un<br />

rocher que les vagues du désespoir ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

729


ébranler. Il est dit dans la parabole <strong><strong>de</strong>s</strong> dix vierges<br />

que « toutes s'assoupir<strong>en</strong>t et s'<strong>en</strong>dormir<strong>en</strong>t », les<br />

unes dans l'insouciance et l'abandon <strong>de</strong> leur foi, les<br />

autres dans l'att<strong>en</strong>te pati<strong>en</strong>te d'une plus abondante<br />

lumière. Ces <strong>de</strong>rnières elles-mêmes semblèr<strong>en</strong>t<br />

perdre une partie <strong>de</strong> leur zèle et <strong>de</strong> leur ard<strong>en</strong>te<br />

piété. Ainsi, lors du grand désappointem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

1844, chaque croyant dut t<strong>en</strong>ir ferme ou tomber<br />

pour son propre compte.<br />

Alors, on vit surgir une vague <strong>de</strong> fanatisme.<br />

Plusieurs <strong>de</strong> ceux qui avai<strong>en</strong>t professé un grand<br />

zèle pour le message, cessant <strong>de</strong> reconnaître la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu comme gui<strong>de</strong> unique et infaillible,<br />

<strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t, tout <strong>en</strong> se disant guidés par l'Esprit, les<br />

jouets <strong>de</strong> leurs s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> leurs impressions et<br />

<strong>de</strong> leur imagination. Ces exaltés s'élevai<strong>en</strong>t<br />

violemm<strong>en</strong>t contre tous ceux qui se refusai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

les suivre. <strong>Le</strong>urs extravagances, désapprouvées par<br />

la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes, n'<strong>en</strong> attirèr<strong>en</strong>t pas moins<br />

l'opprobre sur la cause <strong>de</strong> la vérité.<br />

Satan usait <strong>de</strong> ce moy<strong>en</strong> pour <strong>en</strong>rayer et<br />

détruire l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t été<br />

730


profondém<strong>en</strong>t ébranlés par le mouvem<strong>en</strong>t<br />

adv<strong>en</strong>tiste; <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> pécheurs s'étai<strong>en</strong>t<br />

convertis, et <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes fidèles continuai<strong>en</strong>t à se<br />

consacrer à la proclamation <strong>de</strong> la vérité. <strong>Le</strong> prince<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, qui perdait ses sujets, s'efforçait ainsi<br />

<strong>de</strong> pousser aux extrêmes, par ses séductions,<br />

certains croyants. Ses ag<strong>en</strong>ts, aux aguets,<br />

s'emparai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toute erreur, <strong>de</strong> toute faute, <strong>de</strong><br />

toute inconv<strong>en</strong>ance, les exagérai<strong>en</strong>t démesurém<strong>en</strong>t<br />

aux yeux du mon<strong>de</strong> et ridiculisai<strong>en</strong>t les adv<strong>en</strong>tistes<br />

et leurs croyances. De cette façon, plus étai<strong>en</strong>t<br />

nombreux les inconvertis que l'<strong>en</strong>nemi pouvait<br />

attirer à la foi adv<strong>en</strong>tiste et faire passer pour les<br />

représ<strong>en</strong>tants auth<strong>en</strong>tiques <strong>de</strong> celle-ci, plus était<br />

grand l'avantage qu'il pouvait <strong>en</strong> tirer pour sa<br />

cause.<br />

En sa qualité d'« accusateur <strong><strong>de</strong>s</strong> frères », Satan<br />

est toujours actif là où Dieu travaille au salut <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

âmes. Il pousse certains hommes à mettre <strong>en</strong><br />

évid<strong>en</strong>ce les erreurs et les défauts <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong><br />

Dieu, tout <strong>en</strong> passant sur leurs bonnes oeuvres.<br />

Dans tout réveil, il s'efforce d'introduire <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s<br />

non sanctifiés et mal équilibrés. Dès que ceux-ci<br />

731


ont accepté certains points <strong>de</strong> la vérité et se sont<br />

fait recevoir parmi les croyants, il se sert d'eux<br />

pour insinuer <strong><strong>de</strong>s</strong> théories propres à égarer les mal<br />

avisés. On n'est pas nécessairem<strong>en</strong>t un vrai chréti<strong>en</strong><br />

parce qu'on se trouve dans la société, dans<br />

l'assemblée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu, ou même auprès<br />

<strong>de</strong> la table sainte. Satan se trouve souv<strong>en</strong>t là aux<br />

mom<strong>en</strong>ts les plus sol<strong>en</strong>nels, dans la personne<br />

d'ag<strong>en</strong>ts à son service.<br />

<strong>Le</strong> prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres dispute chaque pouce <strong>de</strong><br />

terrain à ceux qui s'avanc<strong>en</strong>t vers la cité céleste.<br />

Toute l'histoire <strong>de</strong> l'Église prouve que jamais<br />

réforme n'a progressé sans se heurter à <strong>de</strong> sérieux<br />

obstacles. Il <strong>en</strong> fut ainsi aux jours <strong>de</strong> Paul. Partout<br />

où l'apôtre fondait <strong><strong>de</strong>s</strong> églises, il r<strong>en</strong>contrait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s qui, tout <strong>en</strong> professant la foi, s'efforçai<strong>en</strong>t d'y<br />

introduire <strong><strong>de</strong>s</strong> hérésies capables d'éclipser l'amour<br />

<strong>de</strong> la vérité. Luther connut <strong><strong>de</strong>s</strong> mom<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

véritable angoisse à cause d'individus prét<strong>en</strong>dant<br />

que Dieu parlait directem<strong>en</strong>t par leur bouche, et qui<br />

plaçai<strong>en</strong>t leurs opinions au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du témoignage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Ces g<strong>en</strong>s séduisai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits peu<br />

avancés dans la foi et la piété, mais présomptueux<br />

732


et amateurs <strong>de</strong> nouveautés, qui se joignai<strong>en</strong>t à eux<br />

pour r<strong>en</strong>verser ce que Dieu avait édifié. <strong>Le</strong>s frères<br />

Wesley et d'autres revivalistes, grands par leur foi<br />

et leur activité au service <strong>de</strong> Dieu, se sont <strong>de</strong> même<br />

vus à chaque pas exposés aux rets <strong>de</strong> Satan par la<br />

faute <strong>de</strong> personnes trop zélées, mal équilibrées et<br />

inconverties, ayant versé dans toutes les formes du<br />

fanatisme.<br />

William Miller ne se montra pas t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>vers<br />

la t<strong>en</strong>dance au fanatisme. Il déclara, comme<br />

Luther, qu'il fallait éprouver tous les esprits par la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. « <strong>Le</strong> diable, disait-il, exerce <strong>de</strong> nos<br />

jours un puissant asc<strong>en</strong>dant sur une certaine classe<br />

<strong>de</strong> g<strong>en</strong>s. Comm<strong>en</strong>t distinguer l'esprit dont ils sont<br />

animés? <strong>Le</strong> Seigneur répond que c'est à leurs fruits<br />

qu'on les reconnaîtra... "Plusieurs faux prophètes<br />

ayant paru dans le mon<strong>de</strong>", il nous est ordonné<br />

d'éprouver les esprits. Un esprit qui ne nous pousse<br />

pas à vivre sagem<strong>en</strong>t, sobrem<strong>en</strong>t et pieusem<strong>en</strong>t<br />

dans le temps prés<strong>en</strong>t n'est pas celui <strong>de</strong> Dieu. Je<br />

suis <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus convaincu que Satan est pour<br />

beaucoup dans ces idées exc<strong>en</strong>triques... Il <strong>en</strong> est<br />

plusieurs parmi nous qui, se disant <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

733


sanctifiés, suiv<strong>en</strong>t les traditions <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et sont<br />

apparemm<strong>en</strong>t aussi ignorants <strong>de</strong> la vérité que<br />

d'autres qui n'ont pas <strong>de</strong> telles prét<strong>en</strong>tions. » (Bliss,<br />

Memoirs of William Miller, p. 236, 237) « L'esprit<br />

d'erreur nous <strong>en</strong>traîne loin <strong>de</strong> la vérité, tandis que<br />

l'Esprit <strong>de</strong> Dieu nous conduit dans la vérité. Vous<br />

direz peut-être qu'on peut se trouver dans l'erreur<br />

tout <strong>en</strong> se croyant dans la vérité. Que faut-il <strong>en</strong><br />

conclure? Voici notre réponse : L'Esprit et la<br />

Parole sont d'accord. Celui qui, soumis à la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu, se trouve <strong>en</strong> parfait accord avec elle, prise<br />

dans son intégralité, a le droit <strong>de</strong> se croire dans la<br />

vérité. Mais s'il s'aperçoit que l'esprit dont il est<br />

animé ne s'accor<strong>de</strong> pas avec tout ce qui est écrit<br />

dans la loi, dans le livre <strong>de</strong> Dieu, qu'il se gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

tomber dans les pièges du diable. » (The Adv<strong>en</strong>t<br />

Herald and Signs of the Times Reporter, vol. VIII,<br />

no 23, 15 janvier 1845) « Un regard brillant, une<br />

joue humi<strong>de</strong>, un sanglot m'ont souv<strong>en</strong>t donné <strong>de</strong><br />

meilleures preuves <strong>de</strong> la piété intérieure d'une<br />

personne que tout le bruit <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té. » (Bliss,<br />

Memoirs of William Miller, p. 282)<br />

<strong>Le</strong>s adversaires <strong>de</strong> la Réforme r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />

734


esponsables du fanatisme les hommes mêmes qui<br />

travaillai<strong>en</strong>t avec le plus <strong>de</strong> zèle à le combattre. <strong>Le</strong>s<br />

détracteurs du mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste eur<strong>en</strong>t une<br />

attitu<strong>de</strong> semblable. Non cont<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> déformer les<br />

faits et d'exagérer les erreurs <strong><strong>de</strong>s</strong> extrémistes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fanatiques, ils répandai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> bruits malveillants<br />

dénués <strong>de</strong> toute véracité : Ces g<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t poussés<br />

par les préjugés et par la haine. <strong>La</strong> proclamation <strong>de</strong><br />

l'immin<strong>en</strong>ce du retour du Christ troublait leur paix.<br />

Ils craignai<strong>en</strong>t que ce message ne fût vrai, tout <strong>en</strong><br />

espérant qu'il n'<strong>en</strong> fût ri<strong>en</strong>. Tel était le secret <strong>de</strong><br />

leur guerre contre les adv<strong>en</strong>tistes et leurs<br />

croyances.<br />

<strong>Le</strong> fait que quelques fanatiques s'étai<strong>en</strong>t<br />

introduits dans les rangs <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes n'était pas<br />

une raison plus plausible <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre parti contre ce<br />

mouvem<strong>en</strong>t que la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> fanatiques et <strong>de</strong><br />

séducteurs dans l'Église aux jours <strong>de</strong> Paul ou <strong>de</strong><br />

Luther ne fut un motif <strong>de</strong> condamner l'oeuvre <strong>de</strong><br />

l'apôtre et celle du réformateur. Que le peuple <strong>de</strong><br />

Dieu se réveille et <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ne une oeuvre sérieuse<br />

<strong>de</strong> conversion et <strong>de</strong> réforme, qu'il son<strong>de</strong> les<br />

Écritures pour y trouver la vérité telle qu'elle est <strong>en</strong><br />

735


Jésus, qu'il se consacre <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à Dieu, et l'on<br />

ne tar<strong>de</strong>ra pas à voir Satan, toujours sur le qui-vive,<br />

manifester sa puissance par toute espèce <strong>de</strong><br />

séductions et appeler à son ai<strong>de</strong> tous les anges<br />

déchus <strong>de</strong> son empire.<br />

<strong>Le</strong> fanatisme et la division ne fur<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par la proclamation <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue<br />

du Christ. Ces manifestations apparur<strong>en</strong>t dans le<br />

courant <strong>de</strong> l'été <strong>de</strong> 1844, alors que les adv<strong>en</strong>tistes<br />

étai<strong>en</strong>t dans le doute et la perplexité quant à leur<br />

position. <strong>La</strong> proclamation du message du premier<br />

ange et du « cri <strong>de</strong> minuit avait eu pour effet direct<br />

<strong>de</strong> combattre le fanatisme et la diss<strong>en</strong>sion. <strong>La</strong><br />

concor<strong>de</strong> régnait parmi ceux qui participai<strong>en</strong>t à<br />

cette oeuvre sol<strong>en</strong>nelle. Ils avai<strong>en</strong>t le coeur<br />

débordant d'amour les uns pour les autres, ainsi que<br />

pour celui qu'ils espérai<strong>en</strong>t voir sous peu. <strong>Le</strong>ur foi<br />

et leur bi<strong>en</strong>heureuse espérance les élevai<strong>en</strong>t au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> toute influ<strong>en</strong>ce humaine et leur servai<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> bouclier contre les assauts <strong>de</strong> Satan.<br />

« Comme l'époux tardait, toutes s'assoupir<strong>en</strong>t et<br />

s'<strong>en</strong>dormir<strong>en</strong>t. Au milieu <strong>de</strong> la nuit, on cria : Voici<br />

736


l'époux, allez à sa r<strong>en</strong>contre! Alors toutes ces<br />

vierges se réveillèr<strong>en</strong>t et préparèr<strong>en</strong>t leurs lampes.<br />

» Dans le courant <strong>de</strong> l'été <strong>de</strong> 1844, ce message fut<br />

proclamé dans les termes mêmes <strong>de</strong> l'Écriture : «<br />

Voici l'époux! Voici l'époux! » Ce mom<strong>en</strong>t<br />

marquait le milieu <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> comprise <strong>en</strong>tre la<br />

date où l'on avait d'abord p<strong>en</strong>sé que les <strong>de</strong>ux mille<br />

trois c<strong>en</strong>ts jours pr<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t fin et l'automne <strong>de</strong> la<br />

même année où l'on avait découvert <strong>en</strong>suite qu'ils<br />

aboutissai<strong>en</strong>t.<br />

Ce mouvem<strong>en</strong>t fut déterminé par la découverte<br />

du fait que le décret d'Artaxerxès ordonnant la<br />

restauration <strong>de</strong> Jérusalem, décret qui fixe le point<br />

<strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts<br />

ans, était <strong>en</strong>tré <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong> l'automne <strong>de</strong> l'année<br />

457 avant Jésus-Christ, et non au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t,<br />

comme on l'avait cru d'abord. En pr<strong>en</strong>ant l'automne<br />

<strong>de</strong> l'année 457 pour point <strong>de</strong> départ <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille<br />

trois c<strong>en</strong>ts ans, cette pério<strong>de</strong> se terminait <strong>en</strong><br />

l'automne <strong>de</strong> 1844. (Voir le diagramme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques, dans le chapitre intitulé : Un<br />

réformateur américain, et l'App<strong>en</strong>dice a45)<br />

737


Des argum<strong>en</strong>ts tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong><br />

Testam<strong>en</strong>t montrai<strong>en</strong>t aussi que c'était <strong>en</strong> automne<br />

que <strong>de</strong>vait avoir lieu l'événem<strong>en</strong>t figuré par la «<br />

purification du sanctuaire ». <strong>La</strong> chose <strong>de</strong>vint<br />

évid<strong>en</strong>te quand on prit gar<strong>de</strong> à la façon dont ces<br />

symboles s'étai<strong>en</strong>t accomplis lors <strong>de</strong> la première<br />

v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus.<br />

L'immolation <strong>de</strong> l'agneau pascal préfigurait la<br />

mort du Sauveur; saint Paul le dit : « Christ, notre<br />

Pâque, a été immolé. » (1 Corinthi<strong>en</strong>s 5.7) <strong>La</strong><br />

gerbe <strong><strong>de</strong>s</strong> prémices, agitée <strong>de</strong>vant l'Éternel au<br />

temps <strong>de</strong> la Pâque, était un type <strong>de</strong> la résurrection<br />

<strong>de</strong> Jésus. En effet, <strong>en</strong> parlant <strong>de</strong> la résurrection du<br />

Seigneur et <strong>de</strong> tous les élus, Paul écrit : « Tous<br />

revivront <strong>en</strong> Christ... Christ comme prémices; puis,<br />

ceux qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à Christ lors <strong>de</strong> son<br />

avènem<strong>en</strong>t. » Comme la gerbe agitée représ<strong>en</strong>tait<br />

les premières céréales cueillies avant la moisson,<br />

Jésus est les prémices <strong>de</strong> l'immortelle moisson <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rachetés qui sera introduite dans les gr<strong>en</strong>iers<br />

célestes au grand jour <strong>de</strong> la résurrection.<br />

Ces types s'accomplir<strong>en</strong>t non seulem<strong>en</strong>t quant à<br />

738


l'événem<strong>en</strong>t, mais aussi quant au temps. Au<br />

quatorzième jour du premier mois juif, qui était la<br />

date immuable où, <strong>de</strong>puis quinze longs siècles,<br />

l'agneau pascal était immolé, Jésus – après avoir<br />

participé à la Pâque avec ses disciples – institua le<br />

symbole qu'il <strong><strong>de</strong>s</strong>tinait à commémorer sa mort <strong>en</strong><br />

sa qualité d'« agneau <strong>de</strong> Dieu qui ôte le péché du<br />

mon<strong>de</strong> ». En cette même nuit, Jésus était saisi par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mains brutales et conduit au supplice <strong>de</strong> la<br />

croix. Enfin, <strong>en</strong> sa qualité d'antitype <strong>de</strong> la première<br />

gerbe, comme « prémices <strong>de</strong> ceux qui sont morts »,<br />

notre Seigneur fut ressuscité le troisième jour.<br />

C'était une représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> tous les justes qui<br />

ressusciteront lorsque le « corps <strong>de</strong> leur humiliation<br />

» sera r<strong>en</strong>du semblable « au corps <strong>de</strong> sa gloire ».<br />

(Philippi<strong>en</strong>s 3.21)<br />

<strong>Le</strong>s types se rapportant à la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du<br />

Christ doiv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> même s'accomplir conformém<strong>en</strong>t<br />

au symbolisme lévitique. Sous le régime mosaïque,<br />

la purification du sanctuaire au grand jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

propitiations tombait sur le dixième jour du<br />

septième mois juif. (Lévitique 16.29-34) Ce jourlà,<br />

le souverain sacrificateur – après avoir fait<br />

739


propitiation pour tout Israël et éliminé ainsi tous les<br />

péchés accumulés dans le sanctuaire – sortait du<br />

lieu très saint pour bénir le peuple. On <strong>en</strong> conclut<br />

que Jésus-Christ, notre souverain sacrificateur<br />

suprême, apparaîtrait pour purifier notre terre par la<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction du péché et <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs, et apporterait<br />

à son peuple la couronne <strong>de</strong> l'immortalité. <strong>Le</strong><br />

dixième jour du septième mois, grand jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

propitiations et <strong>de</strong> la purification du sanctuaire, qui,<br />

<strong>en</strong> 1844, tombait sur le 22 octobre, fut considéré<br />

comme étant la date du retour du Christ. Cela était<br />

conforme aux preuves établissant que les <strong>de</strong>ux<br />

mille trois c<strong>en</strong>ts jours aboutissai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> automne, et<br />

la conclusion semblait évid<strong>en</strong>te.<br />

Dans la parabole <strong><strong>de</strong>s</strong> dix vierges, le temps<br />

d'att<strong>en</strong>te et <strong>de</strong> somnol<strong>en</strong>ce est suivi <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong><br />

l'époux. Cela concordait avec les argum<strong>en</strong>ts qui<br />

précèd<strong>en</strong>t, tirés à la fois <strong>de</strong> la prophétie et <strong>de</strong> la<br />

symbolique mosaïque. Tout cela parut aux fidèles<br />

d'une solidité inébranlable et <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> voix<br />

s'unir<strong>en</strong>t pour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre « le cri <strong>de</strong> minuit ».<br />

<strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t se répandit dans le pays comme<br />

740


un raz <strong>de</strong> marée et se propagea <strong>de</strong> ville <strong>en</strong> ville et<br />

<strong>de</strong> village <strong>en</strong> village jusque dans les localités les<br />

plus reculées. Devant ce réveil et cette<br />

proclamation, le fanatisme disparut comme la gelée<br />

blanche sous les chauds rayons du soleil. <strong>Le</strong>s<br />

doutes et les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants se<br />

dissipèr<strong>en</strong>t; l'espérance et le courage ranimèr<strong>en</strong>t<br />

tous les coeurs. L'oeuvre était exempte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

exc<strong>en</strong>tricités <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées par l'agitation humaine<br />

non contrôlée par l'Esprit et la Parole <strong>de</strong> Dieu. Ce<br />

mouvem<strong>en</strong>t était pareil aux temps d'humiliation et<br />

<strong>de</strong> retour à Dieu qui, chez l'anci<strong>en</strong> Israël,<br />

accompagnai<strong>en</strong>t parfois l'interv<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophètes. Il portait les caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais<br />

réveils <strong>de</strong> tous les siècles : peu d'exaltation, mais<br />

beaucoup <strong>de</strong> sincérité dans la confession <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés et dans le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong>. On<br />

persévérait dans la prière et on se consacrait<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à Dieu. Se préparer pour la v<strong>en</strong>ue du<br />

Seigneur, tel était le grand souci <strong>de</strong> chacun.<br />

Miller décrivait ainsi ce réveil : « On ne voit<br />

pas <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> manifestations <strong>de</strong> joie : il semble<br />

qu'on les réserve pour le jour où le ciel et la terre<br />

741


s'uniront dans une allégresse inénarrable et<br />

glorieuse. On n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d point d'acclamations : cela<br />

aussi est réservé pour le mom<strong>en</strong>t où ret<strong>en</strong>tira la<br />

voix <strong>de</strong> l'archange. <strong>Le</strong>s chanteurs sont sil<strong>en</strong>cieux :<br />

ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t le mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> se joindre aux choeurs<br />

angéliques... Il n'y a pas <strong>de</strong> diverg<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> vues :<br />

tous ne sont qu'un coeur et qu'une âme. » (Bliss,<br />

Memoirs of William Miller, p. 270, 271)<br />

Un autre témoin oculaire r<strong>en</strong>dait ce témoignage<br />

: « L'att<strong>en</strong>te du Christ produisait partout un sérieux<br />

retour sur soi-même et une profon<strong>de</strong> humiliation<br />

<strong>de</strong>vant le Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux. Elle bannissait les choses<br />

du mon<strong>de</strong>, remplaçait les controverses et les<br />

animosités par la confession réciproque <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

off<strong>en</strong>ses. D'humbles et ferv<strong>en</strong>tes prières, arrosées<br />

<strong>de</strong> larmes, implorai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu l'assurance <strong>de</strong> son<br />

pardon. L'abdication et la reddition du moi <strong>de</strong>vant<br />

Dieu dépassai<strong>en</strong>t tout ce que nous avions jamais<br />

vu. Selon la prédication <strong>de</strong> Joël relative au jour <strong>de</strong><br />

l'Éternel, on "déchirait son coeur et non ses<br />

vêtem<strong>en</strong>ts", on "retournait à l'Éternel avec jeûnes,<br />

larmes et lam<strong>en</strong>tations". Conformém<strong>en</strong>t à la<br />

promesse <strong>de</strong> Dieu à Zacharie, un "esprit <strong>de</strong> grâce et<br />

742


<strong>de</strong> supplication était répandu" sur ses <strong>en</strong>fants; ils<br />

"tournai<strong>en</strong>t les regards vers celui qu'ils avai<strong>en</strong>t<br />

percé", "le <strong>de</strong>uil était grand dans le pays... et ceux<br />

qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t le Seigneur humiliai<strong>en</strong>t leur âme"<br />

<strong>de</strong>vant lui. » (Bliss, dans le Adv<strong>en</strong>t Shield and<br />

Review, vol. I, p. 271 (janv. 1845)<br />

De tous les grands mouvem<strong>en</strong>ts religieux qui se<br />

sont succédé <strong>de</strong>puis les jours <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, aucun n'a<br />

été moins <strong>en</strong>taché par les imperfections humaines<br />

et les pièges <strong>de</strong> Satan que celui <strong>de</strong> l'automne <strong>de</strong><br />

1844. (Ces lignes s'écrivai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1884) Aujourd'hui<br />

<strong>en</strong>core, après bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> années, tous ceux qui<br />

participèr<strong>en</strong>t à ce mouvem<strong>en</strong>t et qui sont restés<br />

dans les mêmes convictions, ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l'influ<strong>en</strong>ce<br />

bénie <strong>de</strong> ce puissant réveil et témoign<strong>en</strong>t qu'il fut<br />

l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu.<br />

Au cri <strong>de</strong> : « Voici l'époux, allez à sa r<strong>en</strong>contre!<br />

» les vierges « se réveillèr<strong>en</strong>t, et préparèr<strong>en</strong>t leurs<br />

lampes ». On s'était mis à étudier la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

avec un intérêt et une ferveur inconnus jusqu'alors.<br />

Des anges du ciel avai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>voyés auprès <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fidèles abattus pour relever leur courage et les<br />

743


préparer à recevoir le message. Cette oeuvre ne<br />

s'appuyait pas sur la sagesse ou l'érudition <strong>de</strong><br />

l'homme, mais sur la puissance <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s<br />

hommes qui, les premiers, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t l'appel et<br />

obéir<strong>en</strong>t n'étai<strong>en</strong>t pas les mieux doués, mais les<br />

plus humbles et les plus pieux. Versant <strong><strong>de</strong>s</strong> larmes<br />

<strong>de</strong> joie, <strong><strong>de</strong>s</strong> fermiers avai<strong>en</strong>t délaissé leur moisson<br />

dans les champs, et <strong><strong>de</strong>s</strong> artisans avai<strong>en</strong>t quitté leurs<br />

outils pour aller porter l'avertissem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s chefs<br />

spirituels fur<strong>en</strong>t parmi les <strong>de</strong>rniers à adhérer à ce<br />

mouvem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s églises, <strong>en</strong> général, fermèr<strong>en</strong>t<br />

leurs portes à ce message, et fur<strong>en</strong>t abandonnées<br />

par un grand nombre <strong>de</strong> ceux qui le reçur<strong>en</strong>t. Par la<br />

volonté <strong>de</strong> Dieu, cette proclamation se joignait à<br />

celle du second message et redoublait sa puissance.<br />

<strong>Le</strong> message : « Voici l'époux! » ne <strong>de</strong>vait pas,<br />

bi<strong>en</strong> qu'il fut basé sur <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves bibliques<br />

formelles, se diffuser au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> controverses<br />

mais grâce à sa puissance irrésistible qui remuait<br />

les âmes. <strong>Le</strong>s douteurs et les ergoteurs se taisai<strong>en</strong>t.<br />

Lors <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>trée triomphale à Jérusalem, les g<strong>en</strong>s<br />

v<strong>en</strong>us <strong>de</strong> toutes les parties du pays pour la fête <strong>de</strong><br />

Pâque s'étai<strong>en</strong>t portés <strong>en</strong> foule vers le mont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

744


Oliviers à la r<strong>en</strong>contre du cortège qui escortait<br />

Jésus. Emportés par l'<strong>en</strong>thousiasme général, ils<br />

avai<strong>en</strong>t joint leurs voix au cri : « Béni soit celui qui<br />

vi<strong>en</strong>t au nom du Seigneur! » (Matthieu 21.9 Il <strong>en</strong><br />

fut <strong>de</strong> même <strong><strong>de</strong>s</strong> incroyants qui se pressai<strong>en</strong>t dans<br />

les réunions adv<strong>en</strong>tistes, soit par curiosité, soit par<br />

dérision : tous étai<strong>en</strong>t subjugués par la puissance <strong>de</strong><br />

ce message : « Voici l'époux! »<br />

À ce mom<strong>en</strong>t-là, on vit se manifester la foi que<br />

Dieu exauce, la foi qui compte sur la rémunération.<br />

Comme <strong><strong>de</strong>s</strong> ondées sur une terre altérée, l'Esprit <strong>de</strong><br />

grâce <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dit sur ceux qui cherchai<strong>en</strong>t Dieu avec<br />

ferveur. Sachant qu'ils se trouverai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt face<br />

à face avec leur Ré<strong>de</strong>mpteur, ils éprouvai<strong>en</strong>t une<br />

joie sol<strong>en</strong>nelle et inexprimable. <strong>La</strong> puissance du<br />

Saint-Esprit, richem<strong>en</strong>t répandue sur les âmes<br />

fidèles, remuait, att<strong>en</strong>drissait, fondait les coeurs<br />

<strong>en</strong>durcis. <strong>Le</strong> temps où ils s'att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à recevoir<br />

leur Sauveur les trouva circonspects et graves.<br />

Chaque matin, leur premier souci était <strong>de</strong> s'assurer<br />

qu'ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> paix avec Dieu. Ils priai<strong>en</strong>t<br />

beaucoup les uns avec les autres et les uns pour les<br />

autres, se réunissant fréquemm<strong>en</strong>t dans <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux<br />

745


etirés pour <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> communion avec Dieu. Des<br />

champs et <strong><strong>de</strong>s</strong> bosquets, montai<strong>en</strong>t vers le ciel <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

louanges et <strong><strong>de</strong>s</strong> supplications. L'approbation du<br />

Seigneur leur était plus précieuse que la nourriture<br />

corporelle. Si quelque nuage v<strong>en</strong>ait obscurcir leur<br />

âme, ils n'avai<strong>en</strong>t ni trêve ni repos qu'il ne fût<br />

dissipé. <strong>Le</strong> témoignage intime du pardon divin les<br />

faisait aspirer à contempler celui qu'ils adorai<strong>en</strong>t.<br />

Mais une nouvelle déception att<strong>en</strong>dait les<br />

fidèles. <strong>Le</strong> temps fixé passa et, bi<strong>en</strong> qu'ils l'euss<strong>en</strong>t<br />

att<strong>en</strong>du avec une confiance inébranlable, le<br />

Sauveur n'était pas v<strong>en</strong>u. Ils éprouvèr<strong>en</strong>t alors une<br />

douleur semblable à celle que ress<strong>en</strong>tit Marie<br />

lorsqu'elle vit que le tombeau du Seigneur était<br />

vi<strong>de</strong>, et qu'elle s'écria <strong>en</strong> sanglotant : « Ils ont<br />

<strong>en</strong>levé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis!<br />

» (Jean 20.13)<br />

<strong>La</strong> foule <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules, <strong>en</strong> proie à une terreur<br />

secrète à la p<strong>en</strong>sée que le message pût être vrai,<br />

avait observé une certaine réserve, et ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

ne disparut pas aussitôt après la date fatidique. Ils<br />

n'osèr<strong>en</strong>t pas, tout d'abord, <strong>de</strong>vant ces g<strong>en</strong>s plongés<br />

746


dans la tristesse, se prévaloir <strong>de</strong> leur triomphe.<br />

Mais, ne voyant paraître aucun signe <strong>de</strong> la colère<br />

<strong>de</strong> Dieu, ils s'<strong>en</strong>hardir<strong>en</strong>t et donnèr<strong>en</strong>t libre cours<br />

aux moqueries et aux sarcasmes. Beaucoup <strong>de</strong> ceux<br />

qui avai<strong>en</strong>t prét<strong>en</strong>du croire au retour du Christ<br />

r<strong>en</strong>oncèr<strong>en</strong>t à leur foi. Quelques-uns, qui avai<strong>en</strong>t<br />

affiché une gran<strong>de</strong> assurance, étai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t<br />

blessés dans leur amour-propre qu'ils aurai<strong>en</strong>t<br />

voulu se retirer du mon<strong>de</strong>. Comme Jonas, ils<br />

murmurai<strong>en</strong>t contre Dieu, la mort leur paraissant<br />

préférable à la vie. Ceux qui avai<strong>en</strong>t fait reposer<br />

leur foi sur les opinions <strong><strong>de</strong>s</strong> autres et non sur la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu étai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant prêts à changer<br />

<strong>de</strong> croyance. <strong>Le</strong>s moqueurs attirèr<strong>en</strong>t les faibles et<br />

les lâches dans leurs rangs, et tous s'unir<strong>en</strong>t pour<br />

affirmer que, désormais, il n'y avait plus <strong>de</strong> raisons<br />

<strong>de</strong> craindre ou d'att<strong>en</strong>dre quoi que ce fût. <strong>Le</strong> temps<br />

avait passé, le Seigneur n'était pas rev<strong>en</strong>u et le<br />

mon<strong>de</strong> pouvait rester tel quel <strong>en</strong>core <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

d'années!<br />

<strong>Le</strong>s croyants sincères avai<strong>en</strong>t tout abandonné<br />

pour leur Sauveur. Jouissant <strong>de</strong> sa prés<strong>en</strong>ce comme<br />

jamais auparavant, ils étai<strong>en</strong>t convaincus d'avoir<br />

747


donné au mon<strong>de</strong> l'avertissem<strong>en</strong>t suprême.<br />

S'att<strong>en</strong>dant à être bi<strong>en</strong>tôt reçus auprès <strong>de</strong> leur divin<br />

Maître et <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, ils s'étai<strong>en</strong>t presque<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t retirés <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> ceux qui avai<strong>en</strong>t<br />

refusé le message. Ils avai<strong>en</strong>t fait monter vers le<br />

ciel cette prière ard<strong>en</strong>te : « Vi<strong>en</strong>s, Seigneur Jésus!<br />

» Et il n'était pas v<strong>en</strong>u! Repr<strong>en</strong>dre le harnais <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tracas et <strong><strong>de</strong>s</strong> soucis <strong>de</strong> la vie, et, surtout, affronter<br />

les lazzis et les railleries d'un mon<strong>de</strong> profane,<br />

c'était pour leur foi et leur pati<strong>en</strong>ce une épreuve<br />

effrayante.<br />

Pourtant, cette déception n'était pas aussi<br />

gran<strong>de</strong> que l'avait été celle <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples lorsque le<br />

Sauveur était <strong>en</strong>tré triomphalem<strong>en</strong>t dans Jérusalem.<br />

Croyant leur Maître sur le point <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre<br />

possession du trône <strong>de</strong> David et <strong>de</strong> délivrer Israël<br />

<strong>de</strong> ses oppresseurs, débordants <strong>de</strong> joie, ils avai<strong>en</strong>t<br />

rivalisé <strong>de</strong> zèle pour honorer leur Roi. Plusieurs<br />

avai<strong>en</strong>t fait <strong>de</strong> leurs vêtem<strong>en</strong>ts ou <strong>de</strong> branches <strong>de</strong><br />

palmiers un tapis sur son chemin. Dans leur<br />

<strong>en</strong>thousiasme, ils avai<strong>en</strong>t poussé cette joyeuse<br />

acclamation : « Hosanna au Fils <strong>de</strong> David! » Quand<br />

les pharisi<strong>en</strong>s, troublés et irrités par ces joyeuses<br />

748


manifestations, avai<strong>en</strong>t invité Jésus à repr<strong>en</strong>dre ses<br />

disciples, il leur avait répondu : « S'ils se tais<strong>en</strong>t,<br />

les pierres crieront. » (Luc 19.40) Cette scène<br />

prédite <strong>de</strong>vait s'accomplir, et la joie <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples,<br />

bi<strong>en</strong> qu'ils allass<strong>en</strong>t au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la plus cruelle<br />

désillusion, réalisa le <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> Dieu. En effet,<br />

quelques jours après cette scène, ils voyai<strong>en</strong>t<br />

l'effondrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leurs espérances <strong>de</strong>vant leur<br />

Sauveur agonisant sur la croix, puis couché dans la<br />

tombe. Ils ne discernèr<strong>en</strong>t l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophéties que lorsqu'ils eur<strong>en</strong>t constaté la victoire<br />

<strong>de</strong> Jésus sur le sépulcre. (Actes 17.3)<br />

Cinq siècles auparavant, par le prophète<br />

Zacharie, Dieu avait dit : « Sois transportée<br />

d'allégresse, fille <strong>de</strong> Sion! Pousse <strong><strong>de</strong>s</strong> cris <strong>de</strong> joie,<br />

fille <strong>de</strong> Jérusalem! Voici, ton roi vi<strong>en</strong>t à toi; il est<br />

juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur<br />

un âne, le petit d'une ânesse. » (Zacharie 9.9) Si les<br />

disciples avai<strong>en</strong>t su que Jésus allait au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la<br />

mort, jamais ils n'aurai<strong>en</strong>t pu accomplir cette<br />

prophétie.<br />

En donnant leur message au mon<strong>de</strong>, Miller et<br />

749


ses collaborateurs avai<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> même, accompli une<br />

prédiction qu'ils n'aurai<strong>en</strong>t jamais pu réaliser s'ils<br />

avai<strong>en</strong>t compris les prophéties annonçant leur<br />

désappointem<strong>en</strong>t et la prédication d'un message<br />

ultérieur <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à toutes les nations avant le retour<br />

du Seigneur. <strong>Le</strong>s messages du premier et du second<br />

ange fur<strong>en</strong>t proclamés au temps marqué; ils<br />

remplir<strong>en</strong>t le but que Dieu leur avait assigné.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong>, qui avait observé les événem<strong>en</strong>ts,<br />

comptait bi<strong>en</strong> que, si la date passait sans que le<br />

Seigneur vînt, tout l'édifice <strong>de</strong> l'adv<strong>en</strong>tisme<br />

s'écroulerait. Ceux <strong>de</strong> ses adhér<strong>en</strong>ts qui ne pur<strong>en</strong>t<br />

supporter le ridicule abandonnèr<strong>en</strong>t la foi. <strong>Le</strong>s<br />

autres <strong>de</strong>meurèr<strong>en</strong>t fermes. <strong>Le</strong>s fruits qui avai<strong>en</strong>t<br />

caractérisé le mouvem<strong>en</strong>t : l'humilité, l'exam<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce, le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong> et la<br />

transformation <strong>de</strong> nombreuses vies prouvai<strong>en</strong>t à<br />

ces croyants qu'il v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> Dieu, dont la puissance<br />

avait indubitablem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du témoignage à leur<br />

prédication. D'autre part, ils ne découvrai<strong>en</strong>t<br />

aucune erreur dans le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques, et leurs adversaires les plus<br />

redoutables n'avai<strong>en</strong>t pas réussi à démolir leur<br />

750


système d'interprétation. Ils ne pouvai<strong>en</strong>t donc<br />

cons<strong>en</strong>tir, sans preuves scripturaires, à r<strong>en</strong>oncer<br />

aux conclusions auxquelles ils étai<strong>en</strong>t arrivés par la<br />

prière et une étu<strong>de</strong> approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures,<br />

conclusions qui avai<strong>en</strong>t défié l'éloqu<strong>en</strong>ce, la<br />

critique la plus sagace et l'opposition la plus<br />

acharnée <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs populaires et <strong><strong>de</strong>s</strong> sages<br />

selon le mon<strong>de</strong>. Ils restai<strong>en</strong>t donc ins<strong>en</strong>sibles aux<br />

quolibets et aux ricanem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> haut et <strong>de</strong><br />

bas étage.<br />

Il est vrai qu'il y avait eu méprise quant à<br />

l'événem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du; mais ce fait lui-même ne<br />

pouvait pas ébranler leur foi <strong>en</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Quand le prophète Jonas avait proclamé dans les<br />

rues <strong>de</strong> Ninive que dans quarante jours la ville<br />

serait détruite, le Seigneur agréa l'humiliation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ninivites et prolongea leur temps <strong>de</strong> grâce; le<br />

message <strong>de</strong> Jonas n'<strong>en</strong> était pas moins <strong>de</strong> Dieu, et<br />

c'était conformém<strong>en</strong>t à sa volonté que Ninive avait<br />

été mise à l'épreuve. <strong>Le</strong>s adv<strong>en</strong>tistes comprir<strong>en</strong>t<br />

que, <strong>de</strong> la même façon, Dieu les avait chargés<br />

d'annoncer la proximité du jugem<strong>en</strong>t. « Ce<br />

message, dir<strong>en</strong>t-ils, a éprouvé les coeurs <strong>de</strong> tous<br />

751


ceux qui l'ont <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du; d'une part, il a suscité<br />

l'amour <strong>de</strong> l'avènem<strong>en</strong>t du Christ, et, d'autre part, il<br />

a éveillé contre cette v<strong>en</strong>ue une haine plus ou<br />

moins visible, mais connue <strong>de</strong> Dieu. Il a tiré une<br />

ligne <strong>de</strong> démarcation... permettant à ceux qui<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la peine <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r leur coeur <strong>de</strong> savoir <strong>de</strong><br />

quel côté ils se serai<strong>en</strong>t trouvés si le Seigneur était<br />

v<strong>en</strong>u : s'ils se fuss<strong>en</strong>t écriés : "Voici, c'est notre<br />

Dieu, <strong>en</strong> qui nous avons confiance, et c'est lui qui<br />

nous sauve", ou s'ils euss<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandé "aux<br />

montagnes et aux rochers" <strong>de</strong> tomber sur eux et <strong>de</strong><br />

les cacher "<strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> celui qui est assis sur<br />

le trône, et <strong>de</strong>vant la colère <strong>de</strong> l'agneau". De cette<br />

façon, croyons-nous, Dieu a éprouvé la foi <strong>de</strong> son<br />

peuple afin <strong>de</strong> démontrer si, <strong>de</strong>vant une crise, ce<br />

peuple abandonnerait le poste où il l'avait placé, ou<br />

si, tournant le dos au mon<strong>de</strong>, il s'appuierait avec<br />

une confiance inébranlable sur la Parole <strong>de</strong> Dieu. »<br />

(The Adv<strong>en</strong>t Herald and Signs of the Times<br />

Reporter, vol. VIII, no 14)<br />

<strong>Le</strong>s s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux qui conservai<strong>en</strong>t<br />

l'assurance que Dieu les avait dirigés dans les<br />

circonstances qu'ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> traverser sont ainsi<br />

752


exprimés par William Miller : « Si je <strong>de</strong>vais<br />

recomm<strong>en</strong>cer ma vie, écrivait cet homme <strong>de</strong> Dieu,<br />

avec les preuves que j'avais alors <strong>en</strong> main, je<br />

<strong>de</strong>vrais, pour rester honnête <strong>de</strong>vant le Seigneur et<br />

<strong>de</strong>vant les hommes, refaire ce que j'ai fait... Je<br />

considère mes vêtem<strong>en</strong>ts comme nets du sang <strong>de</strong><br />

mes semblables. J'ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'avoir fait tout<br />

ce qui dép<strong>en</strong>dait <strong>de</strong> moi pour n'être <strong>en</strong> ri<strong>en</strong><br />

responsable <strong>de</strong> leur condamnation... Quoique <strong>de</strong>ux<br />

fois désappointé dans mes espérances, je ne suis ni<br />

abattu ni découragé... Mon espérance dans le retour<br />

du Seigneur est aussi forte que jamais. Je n'ai fait<br />

que ce que j'ai considéré comme étant mon <strong>de</strong>voir,<br />

après <strong><strong>de</strong>s</strong> années d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> approfondies. Si je me<br />

suis trompé, c'est <strong>en</strong> voulant manifester <strong>de</strong> la<br />

charité, <strong>de</strong> l'amour à mes semblables et <strong>en</strong><br />

cherchant à accomplir mon <strong>de</strong>voir <strong>en</strong>vers Dieu...<br />

Une chose est bi<strong>en</strong> certaine : ce que j'ai prêché, je<br />

l'ai cru, et Dieu a été avec moi; sa puissance a été<br />

manifeste, et beaucoup <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> est résulté...<br />

Autant qu'il soit possible d'<strong>en</strong> juger par les<br />

appar<strong>en</strong>ces, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> personnes ont été<br />

am<strong>en</strong>ées, par la prédication <strong>de</strong> la date [du retour du<br />

Christ] à étudier les Écritures et se sont<br />

753


éconciliées avec Dieu par la foi et par l'aspersion<br />

du sang <strong>de</strong> Jésus. » (Bliss, Memoirs of William<br />

Miller, p. 256, 255, 277, 280, 281) « Je n'ai jamais<br />

brigué les sourires <strong><strong>de</strong>s</strong> grands, ni tremblé <strong>de</strong>vant la<br />

colère du mon<strong>de</strong>. Je n'achèterai pas maint<strong>en</strong>ant leur<br />

faveur ni ne provoquerai inutilem<strong>en</strong>t leur haine. Je<br />

ne leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai jamais <strong>de</strong> m'épargner la vie, ni<br />

ne refuserai, j'espère, <strong>de</strong> la sacrifier si Dieu le<br />

jugeait à propos. » (James White, Life of William<br />

Miller, p. 315)<br />

Dieu ne délaissa pas son peuple; son Esprit<br />

continua <strong>de</strong> reposer sur ceux qui ne rejetèr<strong>en</strong>t pas<br />

inconsidérém<strong>en</strong>t la lumière qu'ils avai<strong>en</strong>t reçue et<br />

ne se tournèr<strong>en</strong>t pas contre le mouvem<strong>en</strong>t<br />

adv<strong>en</strong>tiste. On trouva dans l'épître aux Hébreux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paroles d'<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t et d'avertissem<strong>en</strong>t à<br />

l'adresse <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu éprouvés et dans<br />

l'att<strong>en</strong>te à cette heure <strong>de</strong> crise : « N'abandonnez<br />

donc pas votre assurance, à laquelle est attachée<br />

une gran<strong>de</strong> rémunération. Car vous avez besoin <strong>de</strong><br />

persévérance, afin qu'après avoir accompli la<br />

volonté <strong>de</strong> Dieu, vous obt<strong>en</strong>iez ce qui vous est<br />

promis. Encore un peu, un peu <strong>de</strong> temps : celui qui<br />

754


doit v<strong>en</strong>ir vi<strong>en</strong>dra, et il ne tar<strong>de</strong>ra pas. Et mon juste<br />

vivra par la foi; mais, s'il se retire, mon âme ne<br />

pr<strong>en</strong>d pas plaisir <strong>en</strong> lui. Nous, nous ne sommes pas<br />

<strong>de</strong> ceux qui se retir<strong>en</strong>t pour se perdre, mais <strong>de</strong> ceux<br />

qui ont la foi pour sauver leur âme. » (Hébreux<br />

10:35-39)<br />

Cette exhortation est adressée à l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>rniers jours, car il est dit : « Encore un peu, un<br />

peu <strong>de</strong> temps : celui qui doit v<strong>en</strong>ir vi<strong>en</strong>dra, et il ne<br />

tar<strong>de</strong>ra point. » En outre, on y remarque l'annonce<br />

voilée d'un retard appar<strong>en</strong>t. Ces conseils<br />

s'appliquai<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à la situation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes à ce mom<strong>en</strong>t-là. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s visés<br />

dans ce passage étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> danger <strong>de</strong> faire naufrage<br />

quant à la foi. Ils avai<strong>en</strong>t accompli la volonté <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>en</strong> suivant les directions <strong>de</strong> son Esprit et <strong>de</strong> sa<br />

Parole; toutefois, ne compr<strong>en</strong>ant pas son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein<br />

dans ce qui leur était arrivé, et ne voyant pas leur<br />

chemin, ils étai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés <strong>de</strong> douter que Dieu les eût<br />

conduits. Alors, cette parole pr<strong>en</strong>ait pour eux tout<br />

son s<strong>en</strong>s : « Mon juste vivra par la foi. »<br />

P<strong>en</strong>dant que la lumière éclatante du « cri <strong>de</strong><br />

755


minuit » avait éclairé leur s<strong>en</strong>tier, que les sceaux <strong>de</strong><br />

la prophétie avai<strong>en</strong>t été rompus et que les signes <strong>de</strong><br />

l'immin<strong>en</strong>ce du retour du Christ s'accomplissai<strong>en</strong>t<br />

sous leurs yeux <strong>en</strong> rapi<strong>de</strong> succession, ils avai<strong>en</strong>t,<br />

pour ainsi dire, marché par la vue. Mais<br />

maint<strong>en</strong>ant, écrasés sous le poids <strong>de</strong> leurs<br />

espérances déçues, ils ne pouvai<strong>en</strong>t subsister que<br />

par la foi <strong>en</strong> Dieu et <strong>en</strong> sa Parole. Un mon<strong>de</strong><br />

moqueur leur disait : « On vous a trompés.<br />

Abandonnez votre foi, et reconnaissez que le<br />

message adv<strong>en</strong>tiste est <strong>de</strong> Satan. » Mais la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu répondait: « Si quelqu'un se retire, mon<br />

âme ne pr<strong>en</strong>d pas plaisir <strong>en</strong> lui. » R<strong>en</strong>oncer<br />

maint<strong>en</strong>ant à leur foi et r<strong>en</strong>ier la puissance du<br />

Saint-Esprit qui avait accompagné le message,<br />

c'eût été courir à la perdition. Ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>couragés<br />

à <strong>de</strong>meurer fermes par ces paroles <strong>de</strong> Paul : «<br />

N'abandonnez donc pas votre assurance... car vous<br />

avez besoin <strong>de</strong> persévérance... <strong>en</strong>core un peu, un<br />

peu <strong>de</strong> temps : celui qui doit v<strong>en</strong>ir, vi<strong>en</strong>dra, et il ne<br />

tar<strong>de</strong>ra pas. » <strong>Le</strong>ur seule sécurité était <strong>de</strong> serrer<br />

précieusem<strong>en</strong>t la lumière que Dieu leur avait déjà<br />

donnée, <strong>de</strong> ret<strong>en</strong>ir fermem<strong>en</strong>t ses promesses, <strong>de</strong><br />

persévérer dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa Parole et d'att<strong>en</strong>dre<br />

756


patiemm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nouvelles lumières.<br />

757


Chapitre 23<br />

Qu'est-ce que le sanctuaire ?<br />

« Deux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins; puis le<br />

sanctuaire sera purifié. » (Daniel 8.14) Cette<br />

déclaration, la base et la colonne c<strong>en</strong>trale <strong>de</strong> la foi<br />

adv<strong>en</strong>tiste, était familière à tous les amis du<br />

prochain retour du Christ. Répétée par <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> bouches, elle était comme le mot d'ordre <strong>de</strong> leur<br />

foi. Tous étai<strong>en</strong>t convaincus que leurs espérances<br />

les plus glorieuses et les plus chères dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> événem<strong>en</strong>ts prédits dans ce passage dont la<br />

pério<strong>de</strong> prophétique expirait <strong>en</strong> l'automne <strong>de</strong> 1844.<br />

Avec tout le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>, les adv<strong>en</strong>tistes<br />

croyai<strong>en</strong>t alors que la terre, <strong>en</strong> totalité ou <strong>en</strong> partie,<br />

constituait le sanctuaire, et que la « purification du<br />

sanctuaire » signifiait l'embrasem<strong>en</strong>t du globe par<br />

le feu au <strong>de</strong>rnier jour, c'est-à-dire au mom<strong>en</strong>t du<br />

retour du Seigneur, qui, selon cette interprétation,<br />

<strong>de</strong>vait se produire <strong>en</strong> 1844.<br />

Or, le temps fixé avait passé et le Seigneur<br />

758


n'était pas rev<strong>en</strong>u. Mais les croyants savai<strong>en</strong>t que la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu ne peut faillir. Il fallait donc qu'il y<br />

eût quelque erreur dans leur interprétation <strong>de</strong> la<br />

prophétie; mais où était cette erreur? Un grand<br />

nombre p<strong>en</strong>sèr<strong>en</strong>t avoir résolu le problème <strong>en</strong> niant<br />

que les <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours se fuss<strong>en</strong>t<br />

terminés <strong>en</strong> 1844. Sur quoi basai<strong>en</strong>t-ils leur<br />

affirmation? Uniquem<strong>en</strong>t sur le fait que Jésus<br />

n'était pas rev<strong>en</strong>u au mom<strong>en</strong>t où on l'att<strong>en</strong>dait. Ils<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t que si les <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours<br />

avai<strong>en</strong>t pris fin <strong>en</strong> 1844, le Seigneur serait v<strong>en</strong>u<br />

pour purifier la terre par le feu, et que, du mom<strong>en</strong>t<br />

qu'il n'était pas v<strong>en</strong>u, l'aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

prophétie <strong>en</strong> question ne coïncidait pas avec cette<br />

date.<br />

Accepter cette conclusion, c'était r<strong>en</strong>oncer au<br />

calcul adopté pour les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques. On<br />

avait constaté que les <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours<br />

partai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'automne <strong>de</strong> l'année 457 avant notre<br />

ère, date à laquelle était <strong>en</strong>tré <strong>en</strong> vigueur le décret<br />

d'Artaxerxès ordonnant la restauration et la<br />

reconstruction <strong>de</strong> Jérusalem. En pr<strong>en</strong>ant cette date<br />

comme point <strong>de</strong> départ, on se r<strong>en</strong>dit compte que<br />

759


tous les événem<strong>en</strong>ts jalonnant cette pério<strong>de</strong> d'après<br />

le texte <strong>de</strong> Daniel (chap. 9, versets 25-27) s'étai<strong>en</strong>t<br />

parfaitem<strong>en</strong>t accomplis. Soixante-neuf semaines,<br />

soit les quatre c<strong>en</strong>t quatre-vingt-trois premières<br />

années <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t aboutir « au<br />

Christ », à « l'Oint » (ou Messie); or, le baptême et<br />

l'onction <strong>de</strong> Jésus, qui eur<strong>en</strong>t lieu <strong>en</strong> l'an 27, se<br />

produisir<strong>en</strong>t exactem<strong>en</strong>t à la date fixée. Au milieu<br />

<strong>de</strong> la soixante-dixième semaine, le Messie <strong>de</strong>vait<br />

être « retranché ». Or, Jésus avait été crucifié juste<br />

trois ans et <strong>de</strong>mi après son baptême, au printemps<br />

<strong>de</strong> l'an 31 <strong>de</strong> notre ère. Et comme les soixante-dix<br />

semaines (ou quatre c<strong>en</strong>t quatre-vingt-dix ans)<br />

étai<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t réservées au peuple juif, à<br />

l'expiration <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, <strong>en</strong> l'an 34 <strong>de</strong> notre ère,<br />

Israël ayant définitivem<strong>en</strong>t rejeté le Christ <strong>en</strong><br />

persécutant ses disciples, les apôtres s'étai<strong>en</strong>t<br />

tournés vers les G<strong>en</strong>tils. <strong>Le</strong>s quatre c<strong>en</strong>t quatrevingt-dix<br />

premières années écoulées, il restait<br />

<strong>en</strong>core mille huit c<strong>en</strong>t dix ans <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts. Si l'on ajoute 1810 à l'an 34,<br />

on aboutit à l'année 1844. C'est alors, dit l'ange,<br />

que « le sanctuaire sera purifié ». Tous les détails<br />

<strong>de</strong> la prophétie s'étai<strong>en</strong>t donc accomplis à point<br />

760


nommé.<br />

Avec ce calcul tout cela était clair et<br />

concordant, sauf un seul point : aucun événem<strong>en</strong>t<br />

répondant à la purification du sanctuaire n'avait<br />

marqué l'année 1844. Nier que cette pério<strong>de</strong> aboutit<br />

à cette date, c'était tout remettre <strong>en</strong> question et<br />

r<strong>en</strong>oncer à <strong><strong>de</strong>s</strong> positions établies par d'indéniables<br />

accomplissem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la prophétie.<br />

Or, le Dieu qui avait conduit son peuple durant<br />

tout le cours du grand mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste, celui<br />

qui l'avait honoré <strong>de</strong> sa puissance et <strong>de</strong> sa gloire,<br />

n'allait pas permettre que son oeuvre sombrât dans<br />

les ténèbres et le désespoir, taxée d'imposture et <strong>de</strong><br />

fanatisme. Un grand nombre <strong>de</strong> croyants<br />

abandonnai<strong>en</strong>t leur anci<strong>en</strong> calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophétiques et r<strong>en</strong>iai<strong>en</strong>t le grand mouvem<strong>en</strong>t qui<br />

<strong>en</strong> était issu, mais d'autres n'étai<strong>en</strong>t pas disposés à<br />

abjurer <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> foi appuyés sur les faits, les<br />

Écritures et le témoignage <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu.<br />

Convaincus d'avoir adopté dans leur étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophéties <strong><strong>de</strong>s</strong> principes d'interprétation<br />

parfaitem<strong>en</strong>t sains, ils estimai<strong>en</strong>t que leur <strong>de</strong>voir<br />

761


était <strong>de</strong> rester fidèles à ce qui était acquis.<br />

Adressant à Dieu <strong>de</strong> ferv<strong>en</strong>tes prières, ils se<br />

remir<strong>en</strong>t à examiner les bases <strong>de</strong> leur foi, afin <strong>de</strong><br />

découvrir leur erreur. N'<strong>en</strong> trouvant aucune dans le<br />

calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques, ils <strong>en</strong> vinr<strong>en</strong>t à<br />

examiner avec plus <strong>de</strong> soin la question du<br />

sanctuaire.<br />

Cette étu<strong>de</strong> les am<strong>en</strong>a d'abord à la conclusion<br />

que ri<strong>en</strong> dans les Écritures ne sout<strong>en</strong>ait la croyance<br />

populaire selon laquelle la terre serait le sanctuaire.<br />

En revanche, ils y trouvèr<strong>en</strong>t un exposé complet <strong>de</strong><br />

la question du sanctuaire, <strong>de</strong> sa nature et <strong>de</strong> ses<br />

services. Au fait, le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs sacrés<br />

était si ét<strong>en</strong>du et si clair que l'hésitation était<br />

impossible. Dans l'épître aux Hébreux, l'apôtre<br />

Paul disait textuellem<strong>en</strong>t : « <strong>La</strong> première alliance<br />

avait aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> ordonnances relatives au culte, et le<br />

sanctuaire terrestre. Un tabernacle fut, <strong>en</strong> effet,<br />

construit. Dans la partie antérieure, appelée le lieu<br />

saint, étai<strong>en</strong>t le chan<strong>de</strong>lier, la table et les pains <strong>de</strong><br />

proposition. Derrière le second voile se trouvait la<br />

partie du tabernacle appelée le saint <strong><strong>de</strong>s</strong> saints,<br />

r<strong>en</strong>fermant l'autel d'or pour les parfums et l'arche<br />

762


<strong>de</strong> l'alliance, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t recouverte d'or. Il y avait<br />

dans l'arche un vase d'or cont<strong>en</strong>ant la manne, la<br />

verge d'Aaron, qui avait fleuri, et les tables <strong>de</strong><br />

l'alliance. Au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> l'arche étai<strong>en</strong>t les<br />

chérubins <strong>de</strong> la gloire, couvrant <strong>de</strong> leur ombre le<br />

propitiatoire. » (Hébreux 9.1-5)<br />

<strong>Le</strong> sanctuaire dont parlait l'apôtre, c'était le<br />

tabernacle que Moïse construisit sur l'ordre <strong>de</strong> Dieu<br />

pour être la <strong>de</strong>meure terrestre du Tout-Puissant. «<br />

Ils me feront un sanctuaire, et j'habiterai au milieu<br />

d'eux. » (Exo<strong>de</strong> 25.8) <strong>Le</strong>s Israélites voyageant<br />

alors dans le désert, le tabernacle fut construit <strong>de</strong><br />

façon à pouvoir être démonté et transporté <strong>de</strong> lieu<br />

<strong>en</strong> lieu. Néanmoins, cette construction était d'une<br />

gran<strong>de</strong> magnific<strong>en</strong>ce. Ses parois, faites <strong>de</strong> planches<br />

plaquées d'une forte couche d'or laminé, étai<strong>en</strong>t<br />

assemblées et <strong>en</strong>châssées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> socles d'arg<strong>en</strong>t.<br />

<strong>La</strong> toiture était formée d'une série <strong>de</strong> tapis<br />

superposés. <strong>La</strong> couverture extérieure était <strong>de</strong><br />

peaux, tandis que celle <strong>de</strong> l'intérieur se composait<br />

d'une tapisserie <strong>de</strong> fin lin sur laquelle étai<strong>en</strong>t<br />

brodées <strong><strong>de</strong>s</strong> figures <strong>de</strong> chérubins. Entouré d'une<br />

cour ou parvis extérieur, où se trouvait l'autel <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

763


holocaustes, le tabernacle – ou la t<strong>en</strong>te – consistait<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux pièces appelées respectivem<strong>en</strong>t le lieu<br />

saint et le lieu très saint (ou saint <strong><strong>de</strong>s</strong> saints). Ces<br />

<strong>de</strong>ux pièces étai<strong>en</strong>t séparées par une magnifique<br />

draperie. Un voile d'un tissu semblable, formant<br />

portière, fermait l'<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> la première pièce.<br />

Dans le lieu saint, au midi, se trouvait le<br />

chan<strong>de</strong>lier à sept lampes éclairant nuit et jour le<br />

sanctuaire; au nord il y avait la « table <strong><strong>de</strong>s</strong> pains <strong>de</strong><br />

proposition », et <strong>de</strong>vant le voile séparant le lieu<br />

saint du lieu très saint était l'autel d'or, ou « autel<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> parfums », duquel une nuée odoriférante<br />

montait chaque jour <strong>de</strong>vant Dieu avec les prières<br />

d'Israël.<br />

<strong>Le</strong> lieu très saint r<strong>en</strong>fermait « l'arche <strong>de</strong><br />

l'alliance », coffret <strong>de</strong> bois précieux, plaqué d'or,<br />

cont<strong>en</strong>ant les <strong>de</strong>ux tables <strong>de</strong> pierre sur lesquelles<br />

Dieu avait gravé les dix comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> «<br />

propitiatoire », qui <strong>en</strong> formait le couvercle, était<br />

une oeuvre d'art forgée d'une seule pièce d'or<br />

massif. À chaque extrémité, il portait un chérubin<br />

<strong>en</strong> or battu. Dans cette pièce, <strong>en</strong>tre les chérubins, se<br />

764


manifestait la prés<strong>en</strong>ce divine, voilée par une nuée<br />

respl<strong>en</strong>dissante.<br />

Après l'établissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Hébreux <strong>en</strong> Canaan,<br />

le tabernacle fut remplacé par le temple <strong>de</strong><br />

Salomon, édifice beaucoup plus vaste et<br />

perman<strong>en</strong>t, mais conservant les mêmes proportions<br />

et les mêmes pièces d'ameublem<strong>en</strong>t. C'est sous<br />

cette forme que le sanctuaire a subsisté – sauf<br />

p<strong>en</strong>dant la pério<strong>de</strong> où il resta <strong>en</strong> ruine, aux jours <strong>de</strong><br />

Daniel – jusqu'à sa <strong><strong>de</strong>s</strong>truction par les Romains <strong>en</strong><br />

l'an 70 <strong>de</strong> notre ère. Tel était le seul sanctuaire<br />

m<strong>en</strong>tionné dans les Écritures comme ayant existé<br />

sur la terre. Saint Paul nous informe que c'était le<br />

sanctuaire <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong>ne alliance. Mais la nouvelle<br />

alliance n'a-t-elle pas, elle aussi, un sanctuaire?<br />

Rev<strong>en</strong>ant à l'épître aux Hébreux, les croyants<br />

avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> lumière remarquèr<strong>en</strong>t que l'exist<strong>en</strong>ce d'un<br />

second sanctuaire, celui <strong>de</strong> la nouvelle alliance,<br />

était impliquée dans les paroles <strong>de</strong> Paul déjà citées<br />

: « <strong>La</strong> première alliance avait aussi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ordonnances relatives au culte, et le sanctuaire<br />

terrestre. » <strong>Le</strong> mot « aussi » rappelait que Paul<br />

765


avait déjà m<strong>en</strong>tionné un autre sanctuaire. On lit, <strong>en</strong><br />

effet, au chapitre 8 : « <strong>Le</strong> point capital <strong>de</strong> ce qui<br />

vi<strong>en</strong>t d'être dit, c'est que nous avons un tel<br />

souverain sacrificateur, qui s'est assis à la droite du<br />

trône <strong>de</strong> la majesté divine dans les cieux, comme<br />

ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle,<br />

qui a été dressé par le Seigneur et non par un<br />

homme. » (Hébreux 8.1, 2)<br />

Voici donc le sanctuaire <strong>de</strong> la nouvelle alliance.<br />

Celui <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong>ne alliance, construit par Moïse,<br />

avait été dressé par les hommes; celui-ci est dressé<br />

par le Seigneur, et non par un homme. Dans le<br />

premier, le service était assuré par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sacrificateurs terrestres; dans le second, c'est Jésus-<br />

Christ, notre souverain sacrificateur, qui officie à la<br />

droite <strong>de</strong> Dieu. L'un était sur la terre, l'autre est<br />

dans le ciel.<br />

En outre, le tabernacle construit par Moïse<br />

avait été fait d'après un modèle. <strong>Le</strong> Seigneur lui<br />

avait dit <strong>en</strong> effet : « Vous ferez le tabernacle et tous<br />

ses ust<strong>en</strong>siles d'après le modèle que je vais te<br />

montrer. » L'ordre est répété <strong>en</strong> ces termes : «<br />

766


Regar<strong>de</strong> et fais d'après le modèle qui t'est montré<br />

sur la montagne. » (Exo<strong>de</strong> 25.9, 40)<br />

Or, Paul déclare que le premier tabernacle « est<br />

une figure pour le temps actuel, où l'on prés<strong>en</strong>te<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices qui ne peuv<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>dre parfait sous le rapport <strong>de</strong> la consci<strong>en</strong>ce celui<br />

qui r<strong>en</strong>d ce culte »; que ses lieux saints sont « les<br />

images <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui sont dans les cieux »; que<br />

les sacrificateurs qui prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t les dons selon la<br />

loi célébrai<strong>en</strong>t un culte qui n'était « que l'image et<br />

l'ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> choses célestes », et que le Christ est «<br />

<strong>en</strong>tré dans le ciel même, afin <strong>de</strong> comparaître<br />

maint<strong>en</strong>ant pour nous <strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> Dieu ».<br />

(Hébreux 9.9, 23; 8.5; 9.24)<br />

<strong>Le</strong> sanctuaire céleste dans lequel Jésus exerce<br />

maint<strong>en</strong>ant son sacerdoce est l'auguste original<br />

dont le sanctuaire construit par Moïse était la copie.<br />

Dieu avait donné son Esprit aux constructeurs du<br />

sanctuaire terrestre, dont le génie artistique était<br />

une manifestation <strong>de</strong> la sagesse divine. Celle-ci<br />

éclatait partout : dans les parois du tabernacle, qui<br />

paraissai<strong>en</strong>t d'or massif et réfléchissai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tous<br />

767


s<strong>en</strong>s les sept lumières du chan<strong>de</strong>lier, dans la table<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pains <strong>de</strong> proposition et l'autel <strong><strong>de</strong>s</strong> parfums où<br />

rutilait l'or poli, dans la riche tapisserie formant le<br />

plafond, parsemée <strong>de</strong> figures <strong>de</strong> chérubins brodées<br />

<strong>en</strong> bleu, <strong>en</strong> pourpre et <strong>en</strong> écarlate. Au-<strong>de</strong>là du<br />

second voile, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du propitiatoire, la gloire<br />

<strong>de</strong> Dieu se manifestait dans la sainte Shékinah, <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> laquelle nul, sauf le souverain<br />

sacrificateur, ne pouvait pénétrer et vivre.<br />

L'incomparable spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur du sanctuaire<br />

terrestre reflétait aux regards d'Israël les gloires du<br />

tabernacle céleste où Jésus-Christ, notre<br />

précurseur, rési<strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

Dieu. <strong>Le</strong> palais du Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, <strong>en</strong>touré <strong>de</strong> mille<br />

milliers <strong>de</strong> servants et <strong>de</strong> dix mille millions<br />

d'assistants ( voir Daniel 7.10); ce temple embrasé<br />

<strong>de</strong> la gloire du trône éternel, où d'étincelants<br />

gardi<strong>en</strong>s, les séraphins, ador<strong>en</strong>t <strong>en</strong> se voilant la<br />

face, ne trouvait qu'une pâle image <strong>de</strong> son<br />

imm<strong>en</strong>sité et <strong>de</strong> sa gloire dans les constructions les<br />

plus luxueuses érigées par la main <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes.<br />

Néanmoins, les rites qui s'y déroulai<strong>en</strong>t révélai<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> faits importants touchant le sanctuaire céleste<br />

768


et l'oeuvre qui s'y poursuit pour la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong><br />

l'homme.<br />

<strong>Le</strong>s lieux saints du sanctuaire céleste sont<br />

figurés par les <strong>de</strong>ux pièces du sanctuaire terrestre.<br />

Lorsque saint Jean eut le privilège <strong>de</strong> contempler<br />

<strong>en</strong> vision « le temple <strong>de</strong> Dieu qui est dans le ciel »,<br />

il vit « <strong>de</strong>vant le trône sept lampes ard<strong>en</strong>tes »<br />

(Apocalypse 4.5); il y vit aussi un ange « ayant un<br />

<strong>en</strong>c<strong>en</strong>soir d'or », auquel on « donna beaucoup <strong>de</strong><br />

parfums, afin qu'il les offrit, avec les prières <strong>de</strong><br />

tous les saints, sur l'autel d'or qui est <strong>de</strong>vant le<br />

trône » (Apocalypse 8.3). L'<strong>en</strong>droit où avait lieu cet<br />

office était la première pièce du sanctuaire céleste,<br />

puisque le prophète y aperçut les sept lampes<br />

ard<strong>en</strong>tes et l'autel d'or, représ<strong>en</strong>tés par le chan<strong>de</strong>lier<br />

d'or et l'autel <strong><strong>de</strong>s</strong> parfums du sanctuaire terrestre.<br />

Puis, « le temple <strong>de</strong> Dieu dans le ciel s'étant ouvert<br />

» (Apocalypse 11.19), le révélateur, plongeant les<br />

regards au-<strong>de</strong>là du voile jusque dans le saint <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saints, y distingua « l'arche <strong>de</strong> son alliance »,<br />

représ<strong>en</strong>tée par le coffret sacré fait par Moïse pour<br />

cont<strong>en</strong>ir les tables <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu.<br />

769


Au cours <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, on trouva <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves<br />

indiscutables <strong>de</strong> l'exist<strong>en</strong>ce d'un sanctuaire dans le<br />

ciel. En effet, Moïse avait construit son sanctuaire<br />

d'après le modèle qui lui avait été montré; Paul<br />

<strong>en</strong>seigne que ce modèle était le tabernacle véritable<br />

qui est dans le ciel, et Jean affirme qu'il l'a<br />

contemplé!<br />

C'est dans ce temple, résid<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu, que<br />

son « trône est établi pour la justice et le jugem<strong>en</strong>t<br />

». Dans ce lieu très saint se trouve sa loi, la gran<strong>de</strong><br />

norme du bi<strong>en</strong> et du mal par laquelle le mon<strong>de</strong> sera<br />

jugé. Et c'est <strong>de</strong>vant l'arche où elle est r<strong>en</strong>fermée,<br />

recouverte du propitiatoire, que Jésus plai<strong>de</strong> les<br />

mérites <strong>de</strong> son sang <strong>en</strong> faveur du pécheur. C'est<br />

ainsi que, dans le plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption humaine,<br />

est représ<strong>en</strong>tée l'union <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> la<br />

miséricor<strong>de</strong>. Seule la sagesse infinie pouvait<br />

concevoir un tel accord, et seule la puissance<br />

infinie pouvait le réaliser. Il remplit le ciel<br />

d'étonnem<strong>en</strong>t et d'adoration. <strong>Le</strong>s chérubins du<br />

sanctuaire terrestre, les yeux respectueusem<strong>en</strong>t<br />

baissés sur le propitiatoire, représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t l'intérêt<br />

avec lequel les armées célestes contempl<strong>en</strong>t<br />

770


l'oeuvre <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. Cette oeuvre – mystère<br />

<strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> dans lequel « les anges désir<strong>en</strong>t<br />

plonger leurs regards » – révèle comm<strong>en</strong>t, tout <strong>en</strong><br />

restant juste, Dieu peut justifier le pécheur et<br />

r<strong>en</strong>ouer <strong><strong>de</strong>s</strong> relations avec une race déchue;<br />

comm<strong>en</strong>t Jésus-Christ a pu <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre dans l'abîme<br />

<strong>de</strong> la perdition pour <strong>en</strong> retirer <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

créatures qu'il couvre du vêtem<strong>en</strong>t immaculé <strong>de</strong> sa<br />

justice, pour les réunir aux anges fidèles et les<br />

introduire à tout jamais <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu.<br />

L'oeuvre du Sauveur comme intercesseur <strong>de</strong><br />

l'homme est prés<strong>en</strong>tée dans la belle prophétie <strong>de</strong><br />

Zacharie relative à celui dont le nom est « Germe<br />

». « Lui, il bâtira le palais <strong>de</strong> l'Éternel, dit le<br />

prophète, et lui, il portera la spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur; et il siégera<br />

et dominera sur son trône [celui <strong>de</strong> son Père]; et il<br />

sera sacrificateur sur son trône; et il y aura un<br />

conseil <strong>de</strong> paix <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux. » (Zacharie 6.13<br />

vers. <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne)<br />

« Il bâtira le temple <strong>de</strong> l'Éternel. » Par son<br />

sacrifice et sa médiation, Jésus-Christ est à la fois<br />

le fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et le constructeur <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> Dieu.<br />

771


L'apôtre Paul le désigne comme la « pierre<br />

angulaire » sur laquelle « tout l'édifice, bi<strong>en</strong><br />

coordonné, s'élève pour être un temple saint dans le<br />

Seigneur ». « En lui, ajoute-t-il, vous êtes aussi<br />

édifiés pour être une habitation <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> esprit. »<br />

(Éphési<strong>en</strong>s 2.20-22)<br />

« Il apportera la spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur. » C'est au Christ<br />

que revi<strong>en</strong>t la gloire <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong> l'espèce<br />

humaine. P<strong>en</strong>dant les siècles éternels, les rachetés<br />

chanteront : « À celui qui nous aime, qui nous a<br />

délivrés <strong>de</strong> nos péchés par son sang, ... à lui soi<strong>en</strong>t<br />

la gloire et la puissance, aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles! »<br />

(Apocalypse 1.5, 6)<br />

« Il siégera et dominera sur son trône; il sera<br />

sacrificateur sur son trône. » Il n'est pas <strong>en</strong>core,<br />

actuellem<strong>en</strong>t, « sur le trône <strong>de</strong> sa gloire »; le<br />

royaume <strong>de</strong> gloire n'a pas <strong>en</strong>core été inauguré. Ce<br />

n'est que lorsque son oeuvre sacerdotale sera<br />

achevée que « Dieu lui donnera le trône <strong>de</strong> David,<br />

son père », et que « son règne n'aura point <strong>de</strong> fin ».<br />

(Luc 1:32, 33) En sa qualité <strong>de</strong> sacrificateur, Jésus<br />

est maint<strong>en</strong>ant assis avec son Père sur son trône.<br />

772


(Apocalypse 3.21) Celui qui a « porté nos<br />

souffrances » et qui s'est « chargé <strong>de</strong> nos douleurs<br />

», celui « qui a été t<strong>en</strong>té comme nous <strong>en</strong> toutes<br />

choses, sans commettre <strong>de</strong> péché », afin <strong>de</strong> pouvoir<br />

« secourir ceux qui sont t<strong>en</strong>tés », c'est le même qui<br />

est maint<strong>en</strong>ant assis sur le trône <strong>de</strong> l'Être éternel, <strong>de</strong><br />

celui qui a la vie <strong>en</strong> lui-même. « Si quelqu'un a<br />

péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-<br />

Christ le juste. » (Ésaïe 53.4; Hébreux 4.15; 2.18; 1<br />

Jean 2.1) « Son intercession se fon<strong>de</strong> sur son corps<br />

meurtri et sa vie immaculée. Ses mains et ses pieds<br />

blessés, son côté percé, plaid<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong><br />

l'homme déchu, dont la ré<strong>de</strong>mption fut acquise à ce<br />

prix infini.<br />

« Il y aura un conseil <strong>de</strong> paix <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux. »<br />

L'amour du Père, non moins que celui du Fils, est<br />

la source du salut <strong>de</strong> notre race perdue. Avant <strong>de</strong><br />

les quitter, Jésus dit à ses disciples : « Je ne vous<br />

dis pas que je prierai le Père pour vous; car le Père<br />

lui-même vous aime. » (Jean 16.26, 27) « Dieu<br />

était <strong>en</strong> Christ, réconciliant le mon<strong>de</strong> avec luimême.<br />

» (2 Corinthi<strong>en</strong>s 5.19) Par l'oeuvre<br />

sacerdotale <strong>de</strong> Jésus dans le sanctuaire céleste, « il<br />

773


y aura un conseil <strong>de</strong> paix <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux ». « Dieu a<br />

tant aimé le mon<strong>de</strong> qu'il a donné son Fils unique,<br />

afin que quiconque croit <strong>en</strong> lui ne périsse point,<br />

mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16)<br />

<strong>Le</strong>s Écritures définissai<strong>en</strong>t donc clairem<strong>en</strong>t le<br />

sanctuaire. <strong>Le</strong> terme « sanctuaire » y désigne <strong>en</strong><br />

premier lieu le tabernacle construit par Moïse,<br />

comme ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> choses célestes, et, <strong>en</strong> second<br />

lieu, le « véritable tabernacle » sur lequel le<br />

terrestre était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à nous faire porter les regards.<br />

À la mort <strong>de</strong> Jésus, le service symbolique prit fin.<br />

<strong>Le</strong> « véritable tabernacle », le sanctuaire céleste,<br />

est le sanctuaire <strong>de</strong> la nouvelle alliance. Et comme<br />

la prophétie <strong>de</strong> Daniel 8.14 s'accomplit sous cette<br />

alliance, le sanctuaire m<strong>en</strong>tionné dans cette<br />

prophétie doit forcém<strong>en</strong>t être celui <strong>de</strong> la nouvelle<br />

alliance. À la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours,<br />

<strong>en</strong> 1844, il y avait plusieurs siècles que le<br />

sanctuaire terrestre avait disparu. Il s'<strong>en</strong>suit que la<br />

prédiction : « Deux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins;<br />

puis le sanctuaire sera purifié », se rapporte<br />

incontestablem<strong>en</strong>t au sanctuaire céleste.<br />

774


<strong>La</strong> question la plus importante restait à<br />

résoudre : Qu'est-ce que la purification du<br />

sanctuaire? L'Anci<strong>en</strong> Testam<strong>en</strong>t nous appr<strong>en</strong>d qu'il<br />

y avait une purification du sanctuaire terrestre.<br />

Mais peut-il y avoir quelque chose à purifier dans<br />

le ciel? Au neuvième chapitre <strong>de</strong> l'épître aux<br />

Hébreux, il est clairem<strong>en</strong>t question <strong>de</strong> la<br />

purification tant du sanctuaire terrestre que du<br />

sanctuaire céleste. « Presque tout, d'après la loi, est<br />

purifié avec du sang, et sans effusion <strong>de</strong> sang il n'y<br />

a pas <strong>de</strong> pardon. Il était donc nécessaire, puisque<br />

les images <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui sont dans les cieux<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être purifiées <strong>de</strong> cette manière [par le sang<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> animaux], que les choses célestes elles-mêmes<br />

le fuss<strong>en</strong>t par <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices plus excell<strong>en</strong>ts que<br />

ceux-là », c'est-à-dire par le sang précieux du<br />

Christ. (Hébreux 9.22, 23)<br />

Dans l'ombre comme dans la réalité, c'est par le<br />

sang que tout <strong>de</strong>vait être purifié; dans la première,<br />

par le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux; dans la secon<strong>de</strong>, par le<br />

sang <strong>de</strong> Jésus. <strong>La</strong> purification <strong>de</strong>vait se faire par le<br />

sang, nous dit Paul, parce que « sans effusion <strong>de</strong><br />

sang, il n'y a pas <strong>de</strong> pardon ». Ce pardon, c'est<br />

775


l'<strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés. Mais comm<strong>en</strong>t expliquer<br />

la prés<strong>en</strong>ce du péché dans le sanctuaire, soit sur la<br />

terre soit au ciel? C'est ce que nous appr<strong>en</strong>d le<br />

rituel symbolique, « image et ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

célestes ». (Hébreux 8.5)<br />

<strong>Le</strong>s cérémonies du sanctuaire terrestre<br />

comportai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux phases. Chaque jour <strong>de</strong> l'année,<br />

les sacrificateurs officiai<strong>en</strong>t dans le lieu saint,<br />

tandis qu'une fois l'an le souverain sacrificateur<br />

accomplissait dans le lieu très saint un rite spécial<br />

appelé la purification du sanctuaire. Jour après<br />

jour, le pécheur rep<strong>en</strong>tant am<strong>en</strong>ait son offran<strong>de</strong> à la<br />

porte du sanctuaire et confessait ses péchés <strong>en</strong><br />

plaçant ses mains sur la tête <strong>de</strong> la victime. Il<br />

transférait ainsi symboliquem<strong>en</strong>t sa culpabilité sur<br />

la tête <strong>de</strong> la victime innoc<strong>en</strong>te. L'animal était alors<br />

égorgé. « Sans effusion <strong>de</strong> sang, il n'y a pas <strong>de</strong><br />

pardon. » « L'âme <strong>de</strong> la chair est dans le sang. »<br />

(Lévitique 17.11) <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu violée exigeait la<br />

mort du transgresseur. <strong>Le</strong> sang, image <strong>de</strong> la vie du<br />

pécheur dont la victime portait la culpabilité, était<br />

introduit par le sacrificateur dans le lieu saint, et<br />

aspergé <strong>de</strong>vant le voile <strong>de</strong>rrière lequel se trouvait la<br />

776


loi transgressée. Par cette cérémonie, le péché était<br />

figurativem<strong>en</strong>t transféré par le sang dans le<br />

sanctuaire. Dans certains cas, le sang n'était pas<br />

porté dans le lieu saint; mais alors la chair <strong>de</strong> la<br />

victime expiatoire <strong>de</strong>vait être mangée par les fils<br />

d'Aaron, selon cette déclaration <strong>de</strong> Moïse : «<br />

L'Éternel vous l'a donnée, afin que vous portiez<br />

l'iniquité <strong>de</strong> l'assemblée. » (Lévitique 10.17) <strong>Le</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux cérémonies symbolisai<strong>en</strong>t le transfert <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés du pénit<strong>en</strong>t au sanctuaire.<br />

Telle est l'oeuvre qui s'accomplissait jour après<br />

jour, l'année durant. <strong>Le</strong>s péchés d'Israël étant ainsi<br />

portés au sanctuaire, il fallait, par quelque rite<br />

spécial, procé<strong>de</strong>r à leur <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t. Dieu avait<br />

ordonné une purification pour chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

pièces du lieu sacré. « Il fera l'expiation pour le<br />

sanctuaire à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> impuretés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants<br />

d'Israël et <strong>de</strong> toutes les transgressions par<br />

lesquelles ils ont péché. Il fera <strong>de</strong> même pour la<br />

t<strong>en</strong>te d'assignation, qui est avec eux au milieu <strong>de</strong><br />

leurs impuretés. » L'expiation <strong>de</strong>vait aussi servir<br />

pour l'autel : « Il le purifiera et le sanctifiera, à<br />

cause <strong><strong>de</strong>s</strong> impuretés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants d'Israël. »<br />

777


(Lévitique 16.16, 19)<br />

Une fois l'an, au grand jour <strong><strong>de</strong>s</strong> expiations, le<br />

souverain sacrificateur <strong>en</strong>trait dans le lieu très saint<br />

pour purifier le sanctuaire. <strong>Le</strong>s rites <strong>de</strong> ce jour<br />

achevai<strong>en</strong>t le cycle annuel <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonies. On<br />

am<strong>en</strong>ait à la porte du sanctuaire <strong>de</strong>ux boucs que<br />

l'on tirait au sort : « un sort pour l'Éternel, et un<br />

sort pour Azazel. » (Lévitique 16.8)<br />

<strong>Le</strong> bouc sur lequel tombait le sort pour l'Éternel<br />

était immolé <strong>en</strong> offran<strong>de</strong> pour les péchés du peuple.<br />

<strong>Le</strong> sacrificateur <strong>de</strong>vait <strong>en</strong> porter le sang au-<strong>de</strong>dans<br />

du voile, et <strong>en</strong> faire aspersion <strong>de</strong>vant et sur le<br />

propitiatoire, ainsi que sur l'autel <strong><strong>de</strong>s</strong> parfums qui<br />

était <strong>de</strong>vant le voile.<br />

Aaron <strong>de</strong>vait alors poser ses <strong>de</strong>ux mains sur la<br />

tête du bouc vivant, et se conformer aux<br />

instructions suivantes : « Et il confessera sur lui<br />

toutes les iniquités <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants d'Israël, et toutes les<br />

transgressions par lesquelles ils ont péché; il les<br />

mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans<br />

le désert, à l'ai<strong>de</strong> d'un homme qui aura cette charge.<br />

778


<strong>Le</strong> bouc emportera sur lui toutes leurs iniquités<br />

dans une terre désolée. » (Lévitique 16.21, 22) <strong>Le</strong><br />

bouc émissaire ne r<strong>en</strong>trait plus dans le camp<br />

d'Israël, et l'homme qui l'avait emm<strong>en</strong>é était t<strong>en</strong>u<br />

<strong>de</strong> laver son corps et ses vêtem<strong>en</strong>ts avant <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer<br />

au camp.<br />

Tout ce symbolisme était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à inculquer<br />

aux Israélites la sainteté <strong>de</strong> Dieu et son horreur du<br />

péché; il montrait, <strong>de</strong> plus, qu'il n'est pas possible<br />

d'<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> contact avec le péché sans <strong>en</strong> être<br />

souillé. Tant que durait ce rite <strong>de</strong> la propitiation,<br />

chacun était t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> s'humilier. Toutes les affaires<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être interrompues, et la congrégation<br />

d'Israël, appelée à faire <strong>de</strong>vant Dieu un sérieux<br />

exam<strong>en</strong> <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong>vait passer la journée<br />

dans la contrition, dans la prière et dans le jeûne.<br />

Cette cérémonie nous <strong>en</strong>seigne <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

importantes touchant l'expiation. <strong>Le</strong> sang <strong>de</strong><br />

l'offran<strong>de</strong> offerte par le pécheur n'annulait point<br />

son péché. <strong>Le</strong> sacrifice ne faisait que le transférer<br />

au sanctuaire. En prés<strong>en</strong>tant le sang d'une victime<br />

le pécheur reconnaissait les droits <strong>de</strong> la loi,<br />

779


confessait sa culpabilité et exprimait son désir<br />

d'être pardonné par la foi au Ré<strong>de</strong>mpteur à v<strong>en</strong>ir;<br />

mais il n'était pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t affranchi <strong>de</strong><br />

la condamnation <strong>de</strong> la loi. <strong>Le</strong> jour <strong><strong>de</strong>s</strong> expiations, le<br />

souverain sacrificateur recevait <strong>de</strong> la congrégation<br />

une victime, <strong>en</strong>trait dans le lieu très saint avec le<br />

sang <strong>de</strong> celle-ci et <strong>en</strong> aspergeait le propitiatoire,<br />

directem<strong>en</strong>t au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> tables <strong>de</strong> la loi à laquelle<br />

il fallait donner satisfaction. Puis, <strong>en</strong> sa qualité <strong>de</strong><br />

médiateur, il se chargeait <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés du peuple<br />

d'Israël, qu'il <strong>en</strong>levait du sanctuaire. Plaçant alors<br />

les mains sur la tête du bouc émissaire, il confessait<br />

tous les péchés d'Israël et les transférait ainsi <strong>en</strong><br />

image sur le bouc, qui les emportait au désert.<br />

Toutes les transgressions du peuple étai<strong>en</strong>t alors<br />

considérées comme ayant disparu pour toujours.<br />

Ce qui se faisait <strong>en</strong> figure dans le sanctuaire<br />

terrestre se fait <strong>en</strong> réalité dans le sanctuaire céleste.<br />

À son asc<strong>en</strong>sion, Jésus y revêtit ses fonctions <strong>de</strong><br />

souverain sacrificateur. Saint Paul le dit : « Christ<br />

n'est pas <strong>en</strong>tré dans un sanctuaire fait <strong>de</strong> main<br />

d'homme, <strong>en</strong> imitation du véritable, mais il est<br />

<strong>en</strong>tré dans le ciel même, afin <strong>de</strong> comparaître<br />

780


maint<strong>en</strong>ant pour nous <strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> Dieu. »<br />

(Hébreux 9.24; Voir App<strong>en</strong>dice a46)<br />

<strong>La</strong> fonction quotidi<strong>en</strong>ne <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrificateurs « au<strong>de</strong>là<br />

du voile » séparant le lieu saint du parvis<br />

représ<strong>en</strong>tait le sacerdoce exercé par Jésus dès son<br />

asc<strong>en</strong>sion. Il y plaidait <strong>de</strong>vant son Père les mérites<br />

<strong>de</strong> son sang <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs et lui<br />

prés<strong>en</strong>tait, avec le précieux parfum <strong>de</strong> sa justice,<br />

les prières <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants rep<strong>en</strong>tants. C'est là que la<br />

foi <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples suivit Jésus quand il fut dérobé à<br />

leur vue. C'est là qu'allait leur espérance, « cette<br />

espérance qui, comme une ancre <strong>de</strong> l'âme, sûre et<br />

soli<strong>de</strong>, pénètre au-<strong>de</strong>là du voile, là où Jésus est<br />

<strong>en</strong>tré pour nous comme précurseur, ayant été fait<br />

souverain sacrificateur pour toujours ». « Étant<br />

<strong>en</strong>tré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non<br />

par l'intermédiaire du sang <strong><strong>de</strong>s</strong> boucs et <strong><strong>de</strong>s</strong> veaux,<br />

mais par celui <strong>de</strong> son propre sang, ayant trouvé un<br />

rachat éternel. » (Hébreux 6.19, 20; Hébreux 9.12)<br />

P<strong>en</strong>dant dix-huit siècles, Jésus a exercé son<br />

sacerdoce dans la première pièce du sanctuaire; son<br />

sang a plaidé <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants rep<strong>en</strong>tants,<br />

781


assurant leur pardon et leur réconciliation avec le<br />

Père. Cep<strong>en</strong>dant, leurs péchés subsistai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

sur les registres du ciel. De même que dans le culte<br />

mosaïque l'année se terminait par un acte <strong>de</strong><br />

propitiation, <strong>de</strong> même le ministère du Sauveur pour<br />

la ré<strong>de</strong>mption <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes est complété par une<br />

oeuvre d'expiation ayant pour but d'éliminer les<br />

péchés du sanctuaire céleste. Cette oeuvre<br />

comm<strong>en</strong>ça à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours.<br />

À ce mom<strong>en</strong>t, selon la prophétie <strong>de</strong> Daniel, notre<br />

souverain sacrificateur <strong>en</strong>tra dans le lieu très saint,<br />

où il s'acquitte <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> sa mission<br />

sacrée : la purification du sanctuaire.<br />

De même qu'anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t les péchés du<br />

peuple étai<strong>en</strong>t placés, par la foi, sur la victime pour<br />

le péché, et, par le sang <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, transférés<br />

<strong>en</strong> image dans le sanctuaire terrestre, ainsi, dans la<br />

nouvelle alliance, les péchés <strong>de</strong> ceux qui se<br />

rep<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>t placés figurativem<strong>en</strong>t par la foi sur<br />

le Sauveur, et, littéralem<strong>en</strong>t, dans le sanctuaire<br />

céleste. Et <strong>de</strong> même que le sanctuaire terrestre<br />

<strong>de</strong>vait être symboliquem<strong>en</strong>t purifié par<br />

l'<strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés qui l'avai<strong>en</strong>t souillé, ainsi<br />

782


il faut que le sanctuaire céleste subisse une<br />

purification réelle par l'élimination, par<br />

l'effacem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés qui y sont inscrits. Mais<br />

cela n'est possible que si les registres du ciel ont été<br />

préalablem<strong>en</strong>t examinés, pour déterminer quels<br />

sont les mortels qui, par la foi <strong>en</strong> Jésus, se sont mis<br />

au bénéfice <strong>de</strong> son expiation. <strong>La</strong> purification du<br />

sanctuaire comporte donc une <strong>en</strong>quête judiciaire.<br />

Or, cette <strong>en</strong>quête doit précé<strong>de</strong>r la v<strong>en</strong>ue du<br />

Seigneur, puisqu'il vi<strong>en</strong>t « pour r<strong>en</strong>dre à chacun<br />

selon ce qu'est son oeuvre ». (Apocalypse 22.12)<br />

Et voilà comm<strong>en</strong>t les adv<strong>en</strong>tistes qui<br />

marchai<strong>en</strong>t dans la lumière <strong>de</strong> la parole<br />

prophétique comprir<strong>en</strong>t que leur Sauveur, au lieu<br />

<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre du ciel à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois<br />

c<strong>en</strong>ts ans, <strong>en</strong> 1844, était <strong>en</strong>tré dans le lieu très saint<br />

du sanctuaire céleste pour y achever l'oeuvre <strong>de</strong><br />

propitiation <strong>de</strong>vant préparer sa v<strong>en</strong>ue sur la terre.<br />

On vit égalem<strong>en</strong>t que si, d'une part, l'offran<strong>de</strong><br />

pour le péché figurait le Sauveur comme victime<br />

expiatoire, et le souverain sacrificateur comme<br />

médiateur, le bouc émissaire, d'autre part,<br />

783


eprés<strong>en</strong>tait Satan, l'auteur du péché, sur qui les<br />

fautes <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais convertis seront placées. Quand le<br />

souverain sacrificateur, <strong>en</strong> vertu du sang <strong>de</strong> la<br />

victime, <strong>en</strong>levait les péchés du sanctuaire, il les<br />

plaçait sur le bouc émissaire. De même, quand – à<br />

l'issue <strong>de</strong> son sacerdoce et <strong>en</strong> vertu <strong><strong>de</strong>s</strong> mérites <strong>de</strong><br />

son sang – Jésus éliminera du sanctuaire céleste les<br />

péchés <strong>de</strong> son peuple, il les placera sur Satan, qui<br />

<strong>en</strong> portera la pénalité <strong>de</strong>rnière. <strong>Le</strong> bouc émissaire<br />

emm<strong>en</strong>é dans un lieu désert pour ne plus jamais<br />

reparaître dans la congrégation d'Israël signifiait<br />

que Satan sera à tout jamais banni <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> son peuple, et anéanti lors <strong>de</strong> la<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction finale du péché et <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs.<br />

784


Chapitre 24<br />

Dans le lieu très saint<br />

<strong>La</strong> clef <strong>de</strong> l'énigme <strong>de</strong> 1844 se trouvait dans le<br />

sujet du sanctuaire. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce sujet révéla tout<br />

un système harmonieux <strong>de</strong> vérités. On y vit la main<br />

<strong>de</strong> Dieu, lequel avait dirigé le grand mouvem<strong>en</strong>t<br />

adv<strong>en</strong>tiste, éclairant la position et la mission <strong>de</strong> son<br />

peuple, et lui signalant ses <strong>de</strong>voirs prés<strong>en</strong>ts. De<br />

même que les disciples <strong>de</strong> Jésus fur<strong>en</strong>t heureux <strong>de</strong><br />

revoir le Seigneur après <strong>de</strong>ux nuits et un jour <strong>de</strong><br />

douleur et <strong>de</strong> désespoir, <strong>de</strong> même la joie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

adv<strong>en</strong>tistes fut gran<strong>de</strong>. Ils avai<strong>en</strong>t espéré voir leur<br />

Sauveur rev<strong>en</strong>ir dans sa gloire pour récomp<strong>en</strong>ser<br />

ses serviteurs, mais leur chagrin le leur ayant fait<br />

perdre <strong>de</strong> vue, ils s'étai<strong>en</strong>t écriés, comme Marie au<br />

sépulcre : « On a <strong>en</strong>levé le Seigneur, et nous ne<br />

savons où on l'a mis! » Ils le retrouvai<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant dans le lieu très saint <strong>en</strong> qualité <strong>de</strong><br />

souverain sacrificateur compatissant, près<br />

d'apparaître comme Roi et comme Libérateur. <strong>La</strong><br />

lumière émanant du sanctuaire éclairait le passé, le<br />

785


prés<strong>en</strong>t et l'av<strong>en</strong>ir. Ils savai<strong>en</strong>t que l'infaillible<br />

provid<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu les avait conduits. Bi<strong>en</strong> que,<br />

comme les premiers disciples, ils n'euss<strong>en</strong>t pas vu<br />

la portée du message qui leur avait été confié,<br />

celui-ci n'<strong>en</strong> avait pas moins été exact sous tous les<br />

rapports. En le proclamant, ils avai<strong>en</strong>t réalisé les<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Dieu et leurs travaux n'avai<strong>en</strong>t pas été<br />

vains <strong>de</strong>vant le Seigneur. « Régénérés pour une<br />

espérance vivante », ils se réjouissai<strong>en</strong>t d'une « joie<br />

ineffable et glorieuse ».<br />

<strong>La</strong> prophétie <strong>de</strong> Daniel 8.14 : « Deux mille<br />

trois c<strong>en</strong>ts soirs et matins; puis le sanctuaire sera<br />

purifié », et le message du premier ange : «<br />

Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l'heure <strong>de</strong><br />

son jugem<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>ue », signalai<strong>en</strong>t le ministère<br />

<strong>de</strong> Jésus dans le lieu très saint pour y instruire le<br />

jugem<strong>en</strong>t, et non pas sa v<strong>en</strong>ue pour racheter son<br />

peuple et détruire les méchants. L'erreur ne se<br />

trouvait pas dans le calcul du temps prophétique,<br />

mais dans l'événem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

mille trois c<strong>en</strong>ts jours. Bi<strong>en</strong> que cette erreur fût la<br />

cause du désappointem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants, tout ce que<br />

la prophétie déclarait et tout ce que les Écritures<br />

786


promettai<strong>en</strong>t avait été accompli. Au mom<strong>en</strong>t même<br />

où ils pleurai<strong>en</strong>t leurs espérances déçues,<br />

l'événem<strong>en</strong>t annoncé par le message se produisait,<br />

événem<strong>en</strong>t qui <strong>de</strong>vait nécessairem<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>ir<br />

avant que le Seigneur revi<strong>en</strong>ne pour récomp<strong>en</strong>ser<br />

ses serviteurs.<br />

Jésus était v<strong>en</strong>u, non sur la terre, comme ils s'y<br />

étai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dus, mais dans le lieu très saint du<br />

sanctuaire céleste, comme le rite l'avait annoncé.<br />

<strong>Le</strong> prophète Daniel nous le montre se dirigeant, à<br />

ce mom<strong>en</strong>t même, vers l'anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours : « Je<br />

regardais, dit-il, p<strong>en</strong>dant mes visions nocturnes, et<br />

voici, sur les nuées <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux arriva quelqu'un <strong>de</strong><br />

semblable à un fils <strong>de</strong> l'homme; il s'avança vers<br />

l'anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours [et non pas vers la terre], et on le<br />

fit approcher <strong>de</strong> lui. » (Daniel 7.13)<br />

Cette v<strong>en</strong>ue est aussi prédite par le prophète<br />

Malachie : « Et soudain <strong>en</strong>trera dans son temple le<br />

Seigneur que vous cherchez; et le messager <strong>de</strong><br />

l'alliance que vous désirez. » (Malachie 3.1)<br />

L'<strong>en</strong>trée du Seigneur dans Son temple fut, pour Son<br />

peuple, soudaine et inatt<strong>en</strong>due. Ce n'était pas là<br />

787


qu'on l'att<strong>en</strong>dait. On l'att<strong>en</strong>dait sur la terre « au<br />

milieu d'une flamme <strong>de</strong> feu, pour punir ceux qui ne<br />

connaiss<strong>en</strong>t pas Dieu et ceux qui n'obéiss<strong>en</strong>t pas à<br />

l'Évangile <strong>de</strong> notre Seigneur Jésus. » (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 1.8)<br />

Mais le peuple <strong>de</strong> Dieu n'était pas <strong>en</strong>core prêt à<br />

aller à la r<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> son Seigneur. Une oeuvre<br />

préparatoire restait à faire. Des lumières nouvelles<br />

allai<strong>en</strong>t attirer son att<strong>en</strong>tion sur le temple <strong>de</strong> Dieu<br />

qui est dans le ciel; <strong>de</strong> nouveaux <strong>de</strong>voirs allai<strong>en</strong>t se<br />

prés<strong>en</strong>ter aux fidèles qui suivrai<strong>en</strong>t leur souverain<br />

sacrificateur dans ses nouvelles fonctions. L'Église<br />

<strong>de</strong>vait recevoir un nouveau message<br />

d'avertissem<strong>en</strong>t et d'instruction.<br />

<strong>Le</strong> prophète avait dit : « Qui pourra sout<strong>en</strong>ir le<br />

jour <strong>de</strong> sa v<strong>en</strong>ue? Qui restera <strong>de</strong>bout quand il<br />

paraîtra? Car il sera comme le feu du fon<strong>de</strong>ur,<br />

comme la potasse <strong><strong>de</strong>s</strong> foulons. Il s'assiéra, fondra,<br />

et purifiera l'arg<strong>en</strong>t; il purifiera les fils <strong>de</strong> Lévi, il<br />

les épurera comme on épure l'or et l'arg<strong>en</strong>t, et ils<br />

prés<strong>en</strong>teront à l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong> avec justice .<br />

» (Malachie 3.2, 3) Ceux qui vivront sur la terre<br />

788


quand cessera dans le sanctuaire céleste<br />

l'intercession du Seigneur <strong>de</strong>vront subsister sans<br />

Médiateur <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>urs robes<br />

<strong>de</strong>vront être immaculées, et leur caractères purifié<br />

<strong>de</strong> toute souillure par le sang <strong>de</strong> l'aspersion. Par la<br />

grâce <strong>de</strong> Dieu et par <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts persévérants, ils<br />

<strong>de</strong>vront être vainqueurs dans leur guerre contre le<br />

mal. P<strong>en</strong>dant que le jugem<strong>en</strong>t s'instruit dans le ciel<br />

et que les fautes <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants rep<strong>en</strong>tants s'effac<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> registres célestes, il faut que, sur la terre, le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu r<strong>en</strong>once définitivem<strong>en</strong>t au péché.<br />

Ce fait est plus clairem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té par les<br />

messages du quatorzième chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse.<br />

Cette oeuvre accomplie, les disciples <strong>de</strong> Jésus<br />

seront prêts pour son retour. « Alors l'offran<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Juda et <strong>de</strong> Jérusalem sera agréable à l'Éternel,<br />

comme aux anci<strong>en</strong>s jours, comme aux années<br />

d'autrefois. » (Malachie 3.4) Alors, l'Église que le<br />

Seigneur vi<strong>en</strong>dra chercher à son retour sera «<br />

glorieuse, sans tache, ni ri<strong>de</strong>, ni ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> semblable,<br />

mais sainte et irrépréh<strong>en</strong>sible ». (Éphési<strong>en</strong>s 5.27)<br />

Alors elle paraîtra « comme l'aurore, belle comme<br />

la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme<br />

789


<strong><strong>de</strong>s</strong> troupes sous leurs bannières ». (Cantique 6.10)<br />

Outre l'<strong>en</strong>trée du Seigneur dans Son temple,<br />

Malachie prédit aussi Sa secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue pour<br />

exécuter le jugem<strong>en</strong>t : « Je m'approcherai <strong>de</strong> vous,<br />

pour le jugem<strong>en</strong>t, et je me hâterai <strong>de</strong> témoigner<br />

contre les <strong>en</strong>chanteurs et les adultères, contre ceux<br />

qui jur<strong>en</strong>t faussem<strong>en</strong>t, contre ceux qui reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le<br />

salaire du merc<strong>en</strong>aire, qui opprim<strong>en</strong>t la veuve et<br />

l'orphelin, qui font tort à l'étranger, et ne me<br />

craign<strong>en</strong>t pas, dit l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées. » (Malachie<br />

3.5) En contemplant la même scène, Ju<strong>de</strong> écrit : «<br />

Voici, le Seigneur est v<strong>en</strong>u avec ses saintes<br />

myria<strong><strong>de</strong>s</strong>, pour exercer un jugem<strong>en</strong>t contre tous, et<br />

pour faire r<strong>en</strong>dre compte à tous les impies parmi<br />

eux <strong>de</strong> tous les actes d'impiété qu'ils ont commis et<br />

<strong>de</strong> toutes les paroles injurieuses qu'ont proférées<br />

contre lui <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs impies. » (Ju<strong>de</strong> 14, 15)<br />

Cette v<strong>en</strong>ue et celle du Seigneur dans son temple<br />

sont <strong>de</strong>ux événem<strong>en</strong>ts distincts et séparés.<br />

En revanche, la v<strong>en</strong>ue du Seigneur <strong>en</strong> qualité<br />

<strong>de</strong> souverain sacrificateur dans le lieu très saint<br />

pour purifier le sanctuaire, m<strong>en</strong>tionnée dans Daniel<br />

790


8.14, la v<strong>en</strong>ue du Fils <strong>de</strong> l'homme auprès <strong>de</strong><br />

l'anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours (7.13) et la v<strong>en</strong>ue du Seigneur<br />

dans son temple, dont parle Malachie, sont autant<br />

<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions du même événem<strong>en</strong>t; à quoi il faut<br />

ajouter l'arrivée <strong>de</strong> l'époux m<strong>en</strong>tionnée dans la<br />

parabole <strong><strong>de</strong>s</strong> dix vierges.<br />

P<strong>en</strong>dant l'été et l'automne <strong>de</strong> 1844, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit<br />

proclamer : « Voici l'époux! » Alors se formèr<strong>en</strong>t<br />

les <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> croyants représ<strong>en</strong>tés par les<br />

vierges sages et les vierges folles : les uns,<br />

att<strong>en</strong>dant avec joie le retour du Seigneur, s'étai<strong>en</strong>t<br />

soigneusem<strong>en</strong>t préparés à le r<strong>en</strong>contrer; les autres,<br />

poussés par la peur, mais dépourvus <strong>de</strong> la grâce <strong>de</strong><br />

Dieu, s'étai<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>tés <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> la vérité.<br />

Dans la parabole, quand l'époux vint, « celles qui<br />

étai<strong>en</strong>t prêtes <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t avec lui dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

noces ». Cette v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> l'époux a lieu avant les<br />

noces, qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le mom<strong>en</strong>t où Jésus <strong>en</strong>tre<br />

<strong>en</strong> possession du royaume. <strong>La</strong> sainte cité, la<br />

nouvelle Jérusalem, qui est la capitale du royaume,<br />

est appelée « l'épouse, la femme <strong>de</strong> l'agneau ».<br />

L'ange dit à Jean : « Vi<strong>en</strong>s, je te montrerai l'épouse,<br />

la femme <strong>de</strong> l'agneau. Et il me transporta <strong>en</strong> esprit,<br />

791


dit le prophète, sur une gran<strong>de</strong> et haute montagne.<br />

Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dait du ciel d'auprès <strong>de</strong> Dieu. » (Apocalypse<br />

21.9-10) Il est donc évid<strong>en</strong>t que l'épouse représ<strong>en</strong>te<br />

la sainte cité, et que les vierges allant à la r<strong>en</strong>contre<br />

<strong>de</strong> l'époux symbolis<strong>en</strong>t l'Église. Dans l'Apocalypse,<br />

les serviteurs <strong>de</strong> Dieu sont les invités au souper.<br />

(Voir Apocalypse 19.9) Étant les invités, ils ne<br />

saurai<strong>en</strong>t être aussi l'épouse. Jésus-Christ doit,<br />

selon le prophète Daniel, recevoir dans les cieux,<br />

<strong>de</strong> la main du Père, « la domination, la gloire et le<br />

règne ». Il reçoit la nouvelle Jérusalem, la capitale<br />

<strong>de</strong> Son royaume, « préparée comme une épouse qui<br />

s'est parée pour son époux ». (Daniel 7.14;<br />

Apocalypse 21.2) Mis <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> Son<br />

royaume, Jésus vi<strong>en</strong>dra comme Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et<br />

Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> seigneurs, pour chercher Son peuple,<br />

et le faire asseoir « à table avec Abraham, Isaac et<br />

Jacob », dans Son royaume, pour participer au<br />

souper <strong><strong>de</strong>s</strong> noces <strong>de</strong> l'agneau. » (Matthieu 8.11;<br />

voir Luc 22.30)<br />

<strong>La</strong> proclamation : « Voici l'époux! » qui ret<strong>en</strong>tit<br />

durant l'été <strong>de</strong> 1844, porta <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

792


personnes à att<strong>en</strong>dre le retour immédiat du<br />

Seigneur. Au temps fixé, l'époux était v<strong>en</strong>u, non<br />

sur la terre, comme on l'avait cru, mais dans le ciel,<br />

<strong>de</strong>vant l'anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours, au mariage, à la réception<br />

<strong>de</strong> Son royaume. « Celles qui étai<strong>en</strong>t prêtes<br />

<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t avec lui dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> noces, et la porte<br />

fut fermée. » <strong>Le</strong>s fidèles ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t pas assister<br />

personnellem<strong>en</strong>t au mariage, qui a lieu dans le ciel,<br />

tandis que les croyants sont sur la terre. <strong>Le</strong>s<br />

serviteurs doiv<strong>en</strong>t « att<strong>en</strong>dre que leur Maître<br />

revi<strong>en</strong>ne <strong><strong>de</strong>s</strong> noces ». (Luc 12.36) Mais il faut<br />

qu'ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t Sa mission et qu'ils <strong>Le</strong> suiv<strong>en</strong>t<br />

par la foi quand Il se prés<strong>en</strong>te <strong>de</strong>vant le Père. C'est<br />

dans ce s<strong>en</strong>s que les vierges <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t avec l'époux<br />

dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> noces.<br />

Dans la parabole, ce sont celles qui avai<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'huile dans <strong><strong>de</strong>s</strong> vases, avec leurs lampes, qui<br />

<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t dans la salle du festin. Ceux qui, <strong>en</strong> 1844,<br />

possédai<strong>en</strong>t, outre la connaissance <strong>de</strong> la vérité<br />

scripturaire, l'Esprit et la grâce <strong>de</strong> Dieu, et qui,<br />

dans les ténèbres <strong>de</strong> leur amer désappointem<strong>en</strong>t,<br />

avai<strong>en</strong>t patiemm<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du, étudiant la Parole pour<br />

obt<strong>en</strong>ir un supplém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lumières, trouvèr<strong>en</strong>t la<br />

793


vérité concernant le sanctuaire céleste et le<br />

changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fonctions du Sauveur. Par la foi, ils<br />

<strong>Le</strong> suivir<strong>en</strong>t dans le sanctuaire. De même, tous<br />

ceux qui accept<strong>en</strong>t ces vérités sur le témoignage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, qui suiv<strong>en</strong>t Jésus par la foi, alors<br />

qu'Il Se prés<strong>en</strong>te <strong>de</strong>vant Dieu pour Son oeuvre<br />

ultime <strong>de</strong> médiation à l'issue <strong>de</strong> laquelle Il <strong>en</strong>tre <strong>en</strong><br />

possession <strong>de</strong> Son royaume – tous ceux-là sont<br />

représ<strong>en</strong>tés comme <strong>en</strong>trant dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> noces.<br />

Au chapitre 22 <strong>de</strong> saint Matthieu, où l'on<br />

retrouve l'image d'un mariage, on voit clairem<strong>en</strong>t<br />

que l'instruction du jugem<strong>en</strong>t précè<strong>de</strong> les noces.<br />

Avant la cérémonie, le roi <strong>en</strong>tre dans la salle et<br />

examine les invités (Voir Matthieu 22.11) pour<br />

voir si tous ont revêtu l'habit <strong>de</strong> noces, la robe<br />

immaculée qui représ<strong>en</strong>te un caractère purifié dans<br />

le sang <strong>de</strong> l'agneau (Voir Apocalypse 7.14).<br />

Quiconque ne porte pas cet habit est jeté <strong>de</strong>hors;<br />

mais ceux qui <strong>en</strong> sont trouvés revêtus sont acceptés<br />

et jugés dignes <strong>de</strong> participer au royaume <strong>de</strong> Dieu et<br />

d'occuper une place sur le trône <strong>de</strong> l'agneau. Cet<br />

exam<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères, ce choix <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets propres<br />

au royaume <strong>de</strong> Dieu, c'est l'instruction du jugem<strong>en</strong>t<br />

794


par laquelle se termine l'oeuvre du sanctuaire<br />

céleste.<br />

Quand cette instruction sera terminée, quand<br />

tous ceux qui, au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> âges, ont professé la foi<br />

chréti<strong>en</strong>ne auront été examinés et classés, alors<br />

seulem<strong>en</strong>t le temps <strong>de</strong> grâce pr<strong>en</strong>dra fin et la porte<br />

<strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> se fermera. Cette seule et courte<br />

phrase : « Celles qui étai<strong>en</strong>t prêtes <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t avec<br />

lui dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> noces, et la porte fut fermée »,<br />

nous conduit à travers le ministère final du<br />

Sauveur, jusqu'au mom<strong>en</strong>t où la gran<strong>de</strong> oeuvre du<br />

salut <strong>de</strong> l'homme sera consommée.<br />

Dans le sanctuaire terrestre qui est, nous l'avons<br />

vu, l'image <strong><strong>de</strong>s</strong> services du sanctuaire céleste, dès<br />

que le souverain sacrificateur <strong>en</strong>trait dans le lieu<br />

très saint, tout travail cessait dans le lieu saint.<br />

Dieu avait dit : « Il n'y aura personne dans la t<strong>en</strong>te<br />

d'assignation lorsqu'il <strong>en</strong>trera pour faire l'expiation<br />

dans le sanctuaire, jusqu'à ce qu'il <strong>en</strong> sorte. »<br />

(Lévitique 16.17) De la même manière, Jésus, <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>trant dans le lieu très saint pour y achever Son<br />

oeuvre, a mis fin aux services du lieu saint, tout <strong>en</strong><br />

795


continuant à plai<strong>de</strong>r <strong>de</strong>vant le Père les mérites <strong>de</strong><br />

son sang <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs.<br />

<strong>Le</strong>s adv<strong>en</strong>tistes <strong>de</strong> 1844 ne compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas ce<br />

sujet. Une fois la gran<strong>de</strong> date passée, croyant être<br />

arrivés au mom<strong>en</strong>t critique où l'oeuvre <strong>de</strong> Jésus<br />

comme intercesseur <strong>de</strong>vant le Père avait pris fin, ils<br />

continuèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> croire que la v<strong>en</strong>ue du Seigneur<br />

était proche. Il leur semblait voir dans les Écritures<br />

que le temps <strong>de</strong> grâce <strong>de</strong>vait se terminer peu avant<br />

le retour du Seigneur sur les nuées du ciel. Cela<br />

leur paraissait prouvé par les passages qui<br />

décriv<strong>en</strong>t le temps où l'on cherchera, où l'on<br />

frappera, où l'on pleurera, mais <strong>en</strong> vain, <strong>de</strong>vant la<br />

porte <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong>. Et ils étai<strong>en</strong>t à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

si ce temps n'était pas v<strong>en</strong>u. Ayant averti le mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'approche du jugem<strong>en</strong>t, ils crur<strong>en</strong>t avoir achevé<br />

leur oeuvre et se désintéressèr<strong>en</strong>t du salut <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pécheurs. <strong>Le</strong>s moqueries blasphématoires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impies étai<strong>en</strong>t pour eux une preuve <strong>de</strong> plus que<br />

l'Esprit <strong>de</strong> Dieu avait abandonné les contempteurs<br />

<strong>de</strong> sa miséricor<strong>de</strong>. Tout cela les confirmait dans la<br />

conviction que le temps <strong>de</strong> grâce avait pris fin; ou,<br />

pour nous servir <strong>de</strong> leur expression, que la « porte<br />

796


<strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> était fermée ».<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la question du sanctuaire leur<br />

apporta <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières nouvelles. Elle leur apprit<br />

qu'ils avai<strong>en</strong>t eu raison <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser qu'un fait<br />

important <strong>de</strong>vait se produire à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille<br />

trois c<strong>en</strong>ts jours, donc <strong>en</strong> 1844. <strong>La</strong> porte <strong>de</strong> la<br />

miséricor<strong>de</strong> par laquelle l'humanité avait eu accès<br />

auprès <strong>de</strong> Dieu p<strong>en</strong>dant dix-huit siècles s'était<br />

effectivem<strong>en</strong>t fermée, mais une autre s'était<br />

ouverte, et le salut était offert aux hommes par<br />

l'intercession du Sauveur dans le lieu très saint.<br />

Une partie <strong>de</strong> sa tâche n'avait pris fin que pour faire<br />

place à l'autre. Il restait une « porte ouverte » dans<br />

le sanctuaire céleste où Jésus intercédait <strong>en</strong> faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs.<br />

On comprit alors ces paroles <strong>de</strong> Jésus à Son<br />

Église : « Voici ce que dit le Saint, le Véritable,<br />

celui qui a la clef <strong>de</strong> David, celui qui ouvre, et<br />

personne ne fermera, celui qui ferme, et personne<br />

n'ouvrira : Je connais tes oeuvres... J'ai mis <strong>de</strong>vant<br />

toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer.<br />

» (Apocalypse 3,7-8)<br />

797


Ce sont ceux qui, par la foi, suiv<strong>en</strong>t le Sauveur<br />

dans son oeuvre d'expiation et qui reçoiv<strong>en</strong>t les<br />

avantages <strong>de</strong> Son intercession; tandis que ceux qui<br />

refus<strong>en</strong>t <strong>de</strong> s'éclairer sur cette oeuvre n'<strong>en</strong> retireront<br />

aucun profit. <strong>Le</strong>s Juifs qui rejetèr<strong>en</strong>t la lumière<br />

donnée lors <strong>de</strong> la première v<strong>en</strong>ue du Seigneur et<br />

refusèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>Le</strong> recevoir comme Sauveur du<br />

mon<strong>de</strong>, ne pur<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ir le pardon <strong>en</strong> Lui. Quand<br />

Jésus, à son asc<strong>en</strong>sion, <strong>en</strong>tra dans le sanctuaire<br />

avec son propre sang pour répandre sur Ses<br />

disciples les bi<strong>en</strong>faits <strong>de</strong> Sa médiation, les Juifs,<br />

abandonnés à d'épaisses ténèbres, continuèr<strong>en</strong>t<br />

leurs offran<strong><strong>de</strong>s</strong> et leurs sacrifices inutiles. <strong>La</strong><br />

disp<strong>en</strong>sation <strong><strong>de</strong>s</strong> types et <strong><strong>de</strong>s</strong> ombres était passée.<br />

<strong>La</strong> porte par laquelle les hommes avai<strong>en</strong>t autrefois<br />

accédé auprès <strong>de</strong> Dieu s'était fermée. <strong>Le</strong>s Juifs<br />

ayant refusé <strong>de</strong> l'invoquer <strong>de</strong> la seule façon par<br />

laquelle il fût possible <strong>de</strong> le trouver, c'est-à-dire par<br />

le ministère du sanctuaire céleste, ils perdir<strong>en</strong>t tout<br />

rapport avec Dieu. Pour eux, la porte était fermée.<br />

Ils me connaissai<strong>en</strong>t pas Jésus comme le véritable<br />

sacrifice et comme l'unique Médiateur auprès <strong>de</strong><br />

Dieu; ils ne pouvai<strong>en</strong>t donc être admis au bénéfice<br />

798


<strong>de</strong> sa médiation.<br />

<strong>La</strong> condition <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs non croyants illustre<br />

l'état dans lequel se trouv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les<br />

chréti<strong>en</strong>s insouciants qui rest<strong>en</strong>t volontairem<strong>en</strong>t<br />

dans l'ignorance <strong>de</strong> l'oeuvre <strong>de</strong> notre<br />

miséricordieux souverain sacrificateur. Dans le<br />

service typique, quand le souverain sacrificateur<br />

<strong>en</strong>trait dans le lieu très saint, tout Israël était t<strong>en</strong>u<br />

<strong>de</strong> s'assembler autour du sanctuaire et <strong>de</strong> s'humilier<br />

<strong>de</strong>vant Dieu <strong>de</strong> la façon la plus sol<strong>en</strong>nelle, pour<br />

recevoir le pardon <strong>de</strong> ses péchés et ne pas être<br />

retranché <strong>de</strong> la congrégation. Combi<strong>en</strong> n'est-il pas<br />

plus important, <strong>en</strong> ce grand jour antitype <strong>de</strong> la fête<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> expiations, <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre l'oeuvre <strong>de</strong> notre<br />

souverain sacrificateur et <strong>de</strong> savoir ce qui est requis<br />

<strong>de</strong> nous!<br />

On ne rejette jamais impuném<strong>en</strong>t les<br />

avertissem<strong>en</strong>ts du Seigneur. Au temps <strong>de</strong> Noé,<br />

Dieu <strong>en</strong>voya un message d'avertissem<strong>en</strong>t dont<br />

dép<strong>en</strong>dait le salut du mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s antédiluvi<strong>en</strong>s<br />

repoussèr<strong>en</strong>t ce message, et l'Esprit <strong>de</strong> Dieu se<br />

retira <strong>de</strong> cette génération pécheresse, qui périt dans<br />

799


les eaux du déluge. Au temps d'Abraham, la<br />

miséricor<strong>de</strong> cessa <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r pour les coupables<br />

habitants <strong>de</strong> Sodome qui tous, sauf Lot, sa femme<br />

et <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses filles, fur<strong>en</strong>t consumés par le feu du<br />

ciel. Il <strong>en</strong> fut <strong>de</strong> même aux jours du Sauveur, qui<br />

disait aux Juifs incrédules <strong>de</strong> Sa génération : «<br />

Votre maison vous sera laissée déserte! » (Matthieu<br />

23.38) Au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours, la<br />

Parole inspirée s'exprime comme suit : « Ils n'ont<br />

pas reçu l'amour <strong>de</strong> la vérité pour être sauvés.<br />

Aussi Dieu leur <strong>en</strong>voie une puissance d'égarem<strong>en</strong>t,<br />

pour qu'ils croi<strong>en</strong>t au m<strong>en</strong>songe, afin que tous ceux<br />

qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris<br />

plaisir à l'injustice, soi<strong>en</strong>t condamnés. » (2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.10-12) Parce qu'ils rejett<strong>en</strong>t les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Sa Parole, Dieu leur retire Son<br />

Esprit et les abandonne aux égarem<strong>en</strong>ts qu'ils<br />

affectionn<strong>en</strong>t.<br />

Malgré tout, Jésus intercè<strong>de</strong> <strong>en</strong>core <strong>en</strong> faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, et ceux qui cherch<strong>en</strong>t la lumière la<br />

trouveront. Ce fait ne fut pas immédiatem<strong>en</strong>t<br />

compris par les adv<strong>en</strong>tistes; mais il leur <strong>de</strong>vint<br />

évid<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> qu'ils comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t à saisir le s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

800


passages <strong>de</strong> l'Écriture relatifs à leur position.<br />

L'échéance <strong>de</strong> 1844 fut suivie d'une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

crise. Quelques-uns perdir<strong>en</strong>t confiance dans leur<br />

anci<strong>en</strong> calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques et<br />

attribuèr<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> influ<strong>en</strong>ces humaines ou<br />

sataniques la puissance qui avait accompagné le<br />

mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste. Ceux qui persistèr<strong>en</strong>t dans<br />

leur foi trouvèr<strong>en</strong>t un imm<strong>en</strong>se soulagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

recevant la lumière touchant le sanctuaire céleste.<br />

Conservant l'assurance que le Seigneur les avait<br />

dirigés, ils att<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t les directions divines et<br />

découvrir<strong>en</strong>t que leur souverain sacrificateur était<br />

<strong>en</strong>tré dans une nouvelle phase <strong>de</strong> Son ministère; <strong>en</strong><br />

l'y suivant par la foi, ils comprir<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t la<br />

mission finale <strong>de</strong> l'Église. Éclairés sur le premier et<br />

le second message, ils fur<strong>en</strong>t ainsi préparés à<br />

recevoir et à communiquer au mon<strong>de</strong> le message<br />

du troisième ange, rapporté dans le quatorzième<br />

chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse.<br />

801


Chapitre 25<br />

<strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu est immuable<br />

« Et le temple <strong>de</strong> Dieu dans le ciel fut ouvert, et<br />

l’arche <strong>de</strong> son alliance apparut dans son temple. » (<br />

Apocalypse 11.19 ) L’arche <strong>de</strong> l’alliance se trouve<br />

dans le saint <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, la secon<strong>de</strong> pièce du<br />

sanctuaire. Dans le ritualisme du sanctuaire<br />

terrestre, qui était l’image et l’ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

célestes, cette pièce ne s’ouvrait qu’au grand jour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> expiations, pour la purification du sanctuaire.<br />

<strong>La</strong> déclaration concernant l’ouverture du temple <strong>de</strong><br />

Dieu et la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’arche <strong>de</strong> son<br />

alliance se rapporte donc à l’ouverture du lieu très<br />

saint du sanctuaire céleste <strong>en</strong> 1844, lorsque Jésus-<br />

Christ y <strong>en</strong>tra pour achever son oeuvre expiatoire.<br />

Ceux qui, par la foi, avai<strong>en</strong>t suivi leur souverain<br />

sacrificateur dans le lieu très saint y découvrir<strong>en</strong>t<br />

l’arche <strong>de</strong> son alliance. En étudiant le sujet du<br />

sanctuaire, ils comprir<strong>en</strong>t le changem<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>u<br />

dans les fonctions sacerdotales du Sauveur, et le<br />

contemplèr<strong>en</strong>t, plaidant, <strong>de</strong>vant l’arche <strong>de</strong> Dieu, les<br />

802


mérites <strong>de</strong> Son sang <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs.<br />

L’arche du tabernacle terrestre r<strong>en</strong>fermait les<br />

<strong>de</strong>ux tables <strong>de</strong> pierre sur lesquelles étai<strong>en</strong>t gravés<br />

les préceptes <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> fait que cette<br />

arche était le réceptacle du décalogue lui conférait<br />

son caractère sacré. On vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lire que « le temple<br />

<strong>de</strong> Dieu dans le ciel s’étant ouvert », « l’arche <strong>de</strong><br />

son alliance apparut dans son temple ». C’est donc<br />

dans le lieu très saint du sanctuaire céleste que se<br />

trouve précieusem<strong>en</strong>t conservée la loi que Dieu<br />

proclama lui-même au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnerres du<br />

Sinaï et qu’il écrivit <strong>de</strong> Son doigt sur les tables <strong>de</strong><br />

pierre.<br />

<strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu déposée dans le sanctuaire<br />

céleste est l’auguste original du co<strong>de</strong> dont les<br />

préceptes gravés sur les tables <strong>de</strong> pierre et<br />

reproduits par Moïse dans le P<strong>en</strong>tateuque étai<strong>en</strong>t<br />

une copie conforme. <strong>La</strong> constatation <strong>de</strong> ce fait<br />

important am<strong>en</strong>a les adv<strong>en</strong>tistes à compr<strong>en</strong>dre la<br />

nature sacrée et l’immutabilité <strong>de</strong> la loi divine. Ils<br />

vir<strong>en</strong>t comme jamais auparavant la portée <strong>de</strong> ces<br />

paroles du Sauveur : « Tant que le ciel et la terre ne<br />

803


passeront point, il ne disparaîtra pas <strong>de</strong> la loi un<br />

seul iota ou un seul trait <strong>de</strong> lettre, jusqu’à ce que<br />

tout soit arrivé. » ( Matthieu 5.18 ) Révélation <strong>de</strong> la<br />

volonté <strong>de</strong> Dieu, transcription <strong>de</strong> son caractère, la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu, <strong>en</strong> sa qualité <strong>de</strong> « témoin fidèle qui est<br />

dans les cieux », est impérissable. Aucun <strong>de</strong> Ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts n’<strong>en</strong> a été aboli; nul trait <strong>de</strong> lettre<br />

n’<strong>en</strong> a été effacé. <strong>Le</strong> psalmiste s’écrie : « À<br />

toujours, ô Éternel! ta parole subsiste dans les<br />

cieux. » « Tous ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts sont<br />

immuables. Ils sont inébranlables pour toujours, à<br />

perpétuité.» ( Psaumes 119.89; 111.7, 8, version<br />

synodale.)<br />

Au c<strong>en</strong>tre même du décalogue se trouve<br />

<strong>en</strong>châssé le quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t tel qu’il fut<br />

proclamé à l’origine : Souvi<strong>en</strong>s-toi du jour du<br />

repos pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et<br />

tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est<br />

le jour du repos <strong>de</strong> l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras<br />

aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton<br />

serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger<br />

qui est dans tes portes. Car <strong>en</strong> six jours l’Éternel a<br />

fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est<br />

804


cont<strong>en</strong>u, et il s’est reposé le septième jour : c’est<br />

pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a<br />

sanctifié. » ( Exo<strong>de</strong> 20.8-11 )<br />

Continuant à étudier ainsi la Parole <strong>de</strong> Dieu, le<br />

coeur att<strong>en</strong>dri par son Esprit, ils constatèr<strong>en</strong>t avec<br />

surprise qu’ils avai<strong>en</strong>t inconsciemm<strong>en</strong>t transgressé<br />

ce précepte <strong>en</strong> méconnaissant le jour <strong>de</strong> repos du<br />

Créateur, et ils se mir<strong>en</strong>t à examiner les raisons qui<br />

avai<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>é les chréti<strong>en</strong>s à l’observation du<br />

premier jour <strong>de</strong> la semaine au lieu du jour que Dieu<br />

avait sanctifié. Mais ils ne trouvèr<strong>en</strong>t dans les<br />

Écritures aucune trace <strong>de</strong> l’abolition du quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, d’un changem<strong>en</strong>t du jour <strong>de</strong><br />

repos, ou d’un texte prouvant que la bénédiction<br />

prononcée sur le septième jour à l’origine lui eût<br />

jamais été retirée. Et, comme ils s’étai<strong>en</strong>t<br />

honnêtem<strong>en</strong>t efforcés <strong>de</strong> connaître et d’accomplir<br />

la volonté <strong>de</strong> Dieu, s’avouant, avec chagrin,<br />

coupables <strong>de</strong>vant la loi <strong>de</strong> Dieu, mais décidés à<br />

rester fidèles à leur Créateur, ils se mir<strong>en</strong>t à<br />

sanctifier son jour <strong>de</strong> repos.<br />

Des efforts nombreux et sérieux fur<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés<br />

805


<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> les am<strong>en</strong>er à r<strong>en</strong>oncer à cette résolution.<br />

Mais ils avai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> compris que si le sanctuaire<br />

terrestre était une image, une ombre du céleste, la<br />

loi déposée dans l’arche du terrestre était une copie<br />

exacte <strong>de</strong> celle du céleste. Or, pour eux,<br />

l’acceptation <strong>de</strong> la vérité concernant le sanctuaire<br />

céleste <strong>en</strong>traînait la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu et l’obligation d’observer le sabbat du<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Cela suscita une<br />

opposition acharnée contre l’exposé clair et<br />

scripturaire du ministère <strong>de</strong> Jésus-Christ dans le<br />

sanctuaire céleste. On s’efforça <strong>de</strong> fermer la porte<br />

que Dieu avait ouverte, et d’ouvrir celle qu’il avait<br />

fermée. Mais « celui qui ouvre, et personne ne<br />

fermera, qui ferme, et personne n’ouvrira », avait<br />

dit : « J’ai mis <strong>de</strong>vant toi une porte ouverte que<br />

personne ne peut fermer. » ( Apocalypse 3.7, 8 )<br />

Jésus avait ouvert la porte du lieu très saint; par<br />

cette porte avait jailli un flot <strong>de</strong> lumière, et l’on<br />

avait compris que le quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

faisait partie <strong>de</strong> la loi r<strong>en</strong>fermée dans l’arche sainte.<br />

Ce que Dieu avait établi, nul ne pouvait le<br />

r<strong>en</strong>verser.<br />

806


On découvrit ces mêmes vérités au quatorzième<br />

chapitre <strong>de</strong> l’Apocalypse. <strong>Le</strong>s trois messages <strong>de</strong> ce<br />

chapitre constitu<strong>en</strong>t un triple avertissem<strong>en</strong>t qui doit<br />

préparer les habitants <strong>de</strong> la terre pour la secon<strong>de</strong><br />

v<strong>en</strong>ue du Seigneur. (Voir App<strong>en</strong>dice a47) <strong>La</strong><br />

proclamation : « L’heure <strong>de</strong> son jugem<strong>en</strong>t est<br />

v<strong>en</strong>ue attire l’att<strong>en</strong>tion sur l’oeuvre <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

<strong>en</strong> faveur du salut <strong>de</strong> l’homme. Elle révèle une<br />

vérité qui doit être proclamée jusqu’à ce que cesse<br />

l’intercession du Sauveur et qu’il <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong><strong>de</strong> du ciel<br />

sur la terre pour chercher Son peuple. L’instruction<br />

du jugem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> 1844 se poursuivra<br />

jusqu'à ce que les cas <strong><strong>de</strong>s</strong> morts et <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants ai<strong>en</strong>t<br />

tous été examinés; elle durera donc jusqu’à la fin<br />

du temps <strong>de</strong> grâce. Pour donner aux hommes la<br />

possibilité <strong>de</strong> subsister <strong>de</strong>vant le Seigneur, le<br />

message les invite à « craindre Dieu, à lui donner<br />

gloire » et à « adorer celui qui a fait le ciel, et la<br />

terre, et la mer, et les sources d’eaux ». <strong>Le</strong> résultat<br />

<strong>de</strong> l’obéissance à ces messages est indiqué <strong>en</strong> ces<br />

termes : « C’est ici la persévérance <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, qui<br />

gard<strong>en</strong>t les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et la foi <strong>de</strong><br />

Jésus. » En effet, pour oser affronter l’épreuve<br />

redoutable du jugem<strong>en</strong>t, il faut nécessairem<strong>en</strong>t<br />

807


observer la loi <strong>de</strong> Dieu. L’apôtre Paul dit : « Tous<br />

ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la<br />

loi... au jour où... Dieu jugera par Jésus-Christ les<br />

actions secrètes <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes.» Il ajoute que ce sont<br />

« ceux qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pratique la loi qui seront<br />

justifiés. » ( Romains 2.12-16 ) C’est par la foi<br />

seulem<strong>en</strong>t que l’on peut observer la loi; car « sans<br />

la foi il est impossible d’être agréable à Dieu.»<br />

L’apôtre sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d ici ce qu’il dit ailleurs, quand<br />

il déclare : « tout ce qu’on ne fait pas avec foi est<br />

un péché. » ( Hébreux 11.6; Romains 14.23,<br />

version Synodale.)<br />

<strong>Le</strong> premier ange invite le mon<strong>de</strong>, à « craindre<br />

Dieu, à lui donner gloire », et à l’adorer comme<br />

Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux et <strong>de</strong> la terre. Cela équivaut à<br />

une exhortation à se conformer à Sa loi. <strong>Le</strong> Sage<br />

dit : « Crains Dieu et gar<strong>de</strong> ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts;<br />

c’est le <strong>de</strong>voir qui s’impose à tout homme. » (<br />

Ecclésiastes 12.15 (vers. Synodale).) Hors <strong>de</strong><br />

l’observation <strong>de</strong> ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, aucun culte<br />

ne peut être agréable à Dieu. « L’amour <strong>de</strong> Dieu<br />

consiste à gar<strong>de</strong>r ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts. » « Si<br />

quelqu’un détourne l’oreille pour ne pas écouter la<br />

808


loi, sa prière même est une abomination. » ( 1 Jean<br />

5.3; Proverbes 28.9 )<br />

<strong>Le</strong> <strong>de</strong>voir d’adorer Dieu découle <strong>de</strong> sa qualité<br />

<strong>de</strong> Créateur à qui tous les êtres doiv<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce.<br />

Chaque fois que les Écritures font valoir les droits<br />

<strong>de</strong> Dieu à être adoré plutôt que les divinités<br />

paï<strong>en</strong>nes, c’est à Sa puissance créatrice qu’elles <strong>en</strong><br />

appell<strong>en</strong>t. « Tous les dieux <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

idoles, et l’Éternel a fait les cieux. » ( Psaumes<br />

96.5 )« À qui me comparerez-vous, pour que je lui<br />

ressemble? dit le Saint. <strong>Le</strong>vez vos yeux <strong>en</strong> haut, et<br />

regar<strong>de</strong>z! Qui a créé ces choses? » « Ainsi parle,<br />

l’Éternel, le Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux, le seul Dieu, qui a<br />

formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie.... Je<br />

suis l’Éternel, et il n’y <strong>en</strong> a point d’autre. » ( Ésaïe<br />

40.25, 26; 45.18 ) <strong>Le</strong> psalmiste écrit d’autre part : «<br />

Sachez que l’Éternel est Dieu! c’est lui qui nous a<br />

faits, et nous lui appart<strong>en</strong>ons. » « Fléchissons le<br />

g<strong>en</strong>ou <strong>de</strong>vant l’Éternel, notre Créateur. » ( Psaumes<br />

100.3; 95.6 ) Et les êtres saints qui ador<strong>en</strong>t Dieu<br />

dans le ciel donn<strong>en</strong>t comme suit la raison du culte<br />

qu’ils lui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t : « Tu es digne, notre Seigneur et<br />

notre Dieu, <strong>de</strong> recevoir la gloire et l’honneur et la<br />

809


puissance; car tu as créé toutes choses. » (<br />

Apocalypse 4.11 )<br />

<strong>Le</strong> triple message du quatorzième chapitre <strong>de</strong><br />

l’Apocalypse , qui invite les hommes à adorer le<br />

Créateur, signale comme résultat <strong>de</strong> son appel la<br />

formation d’un peuple qui observe les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. Or l’un <strong>de</strong> ces<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts rappelle formellem<strong>en</strong>t que Dieu<br />

est le Créateur. <strong>Le</strong> quatrième précepte dit <strong>en</strong> effet :<br />

« <strong>Le</strong> septième jour est le jour, du repos <strong>de</strong> l'Éternel,<br />

ton Dieu... Car <strong>en</strong> six jours l’Éternel a fait les<br />

cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est cont<strong>en</strong>u,<br />

et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi<br />

l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié. » (<br />

Exo<strong>de</strong> 20.10, 11 ) Parlant <strong>de</strong> son jour <strong>de</strong> repos, le<br />

Seigneur ajoute : « Qu’il soit <strong>en</strong>tre moi et vous un<br />

signe auquel on connaisse que je suis l’Éternel,<br />

votre Dieu. » ( Ézéchiel 20.20 ) Et la raison <strong>en</strong> est<br />

donnée : « Car <strong>en</strong> six jours l’Éternel a fait les cieux<br />

et la terre, et le septième jour il a cessé son oeuvre<br />

et il s’est reposé. » ( Exo<strong>de</strong> 31.17 )<br />

« Ce qui fait l’importance du sabbat comme<br />

810


mémorial <strong>de</strong> la création, c’est qu’il rappelle<br />

constamm<strong>en</strong>t la raison pour laquelle il faut adorer<br />

Dieu », à savoir qu’il est le Créateur et que nous<br />

sommes ses créatures. « <strong>Le</strong> sabbat est par<br />

conséqu<strong>en</strong>t à la base même du culte du vrai Dieu,<br />

puisqu’il <strong>en</strong>seigne cette gran<strong>de</strong> vérité <strong>de</strong> la façon la<br />

plus frappante, ce que ne fait nulle autre institution.<br />

<strong>La</strong> véritable raison d’être du culte r<strong>en</strong>du à l'Être<br />

suprême, non pas le septième jour seulem<strong>en</strong>t, mais<br />

constamm<strong>en</strong>t, se trouve dans la distinction qui<br />

existe <strong>en</strong>tre le Créateur et ses créatures. Jamais ce<br />

grand fait ne sera aboli, et jamais il ne sera oublié.<br />

» (J. N. Andrews, Hist. of The Sabbath, chap.<br />

XXVII.) C’est pour nous le rappeler constamm<strong>en</strong>t<br />

que Dieu institua le sabbat <strong>en</strong> Éd<strong>en</strong>, et aussi<br />

longtemps que son attribut <strong>de</strong> Créateur <strong>de</strong>meurera<br />

la raison pour laquelle il faut l’adorer, le jour du<br />

repos béni par lui restera Son signe et Son<br />

mémorial. Si ce jour avait été universellem<strong>en</strong>t<br />

observé, les p<strong>en</strong>sées et les affections <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

se serai<strong>en</strong>t tournées vers le Créateur comme objet<br />

<strong>de</strong> leur adoration et <strong>de</strong> leur culte, et jamais on<br />

n’aurait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler d’un idolâtre, d’un<br />

incrédule ou d’un athée. L’observation du repos <strong>de</strong><br />

811


l’Éternel est un signe <strong>de</strong> fidélité au vrai Dieu, qui a<br />

« fait les cieux, la terre et la mer et tout ce qui y est<br />

cont<strong>en</strong>u ». De ce fait, le message qui ordonne aux<br />

hommes d’adorer Dieu et <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r Ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts les exhortera tout spécialem<strong>en</strong>t à<br />

observer le quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

En contraste avec ceux qui gard<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et qui ont la foi <strong>de</strong> Jésus,<br />

le troisième ange signale une autre classe <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s<br />

contre les erreurs <strong><strong>de</strong>s</strong>quels il profère ce sol<strong>en</strong>nel et<br />

terrible avertissem<strong>en</strong>t : « Si quelqu’un adore la bête<br />

et son image, et reçoit une marque sur son front ou<br />

sur sa main, il boira, lui aussi, du vin <strong>de</strong> la fureur<br />

<strong>de</strong> Dieu, versé sans mélange dans la coupe <strong>de</strong> sa<br />

colère.» ( Apocalypse 14.9 ) L’intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce<br />

message exige une interprétation correcte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

symboles employés. Or, que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

respectivem<strong>en</strong>t la bête, l’image, la marque?<br />

<strong>La</strong> chaîne prophétique dans laquelle<br />

apparaiss<strong>en</strong>t ces symboles comm<strong>en</strong>ce au douzième<br />

chapitre <strong>de</strong> l’Apocalypse, avec le dragon qui t<strong>en</strong>te<br />

<strong>de</strong> supprimer Jésus à sa naissance. <strong>Le</strong> dragon, nous<br />

812


est-il dit, c’est Satan; ( Apocalypse 12.9 ) c’est lui,<br />

<strong>en</strong> effet, qui poussa Héro<strong>de</strong> à att<strong>en</strong>ter aux jours du<br />

Sauveur. Mais l’empire romain, dont le paganisme<br />

était la religion officielle, fut le principal<br />

instrum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Satan dans sa guerre contre le Christ<br />

et Son peuple, au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers siècles <strong>de</strong><br />

l’ère chréti<strong>en</strong>ne. Il <strong>en</strong> résulte que si le dragon<br />

représ<strong>en</strong>te Satan, il représ<strong>en</strong>te aussi, à un point <strong>de</strong><br />

vue secondaire, l’empire romain sous sa forme<br />

paï<strong>en</strong>ne.<br />

<strong>Le</strong> treizième chapitre nous donne la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription<br />

d’un autre animal ( Apocalypse 13.1-10 ) qui «<br />

ressemblait à un léopard », auquel « le dragon<br />

donna sa puissance, et son trône, et une gran<strong>de</strong><br />

autorité ». Comme la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants l’ont<br />

cru, ce symbole représ<strong>en</strong>te la papauté, qui réussit à<br />

s’emparer <strong>de</strong> « la puissance, du trône et <strong>de</strong><br />

l’autorité » <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong> empire romain. Concernant<br />

cette bête semblable à un léopard, on lit : « Et il lui<br />

fut donné une bouche qui proférait <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles<br />

arrogantes et <strong><strong>de</strong>s</strong> blasphèmes... Elle ouvrit sa<br />

bouche pour proférer <strong><strong>de</strong>s</strong> blasphèmes contre Dieu,<br />

pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et<br />

813


ceux qui habit<strong>en</strong>t dans le ciel. Et il lui fut donné <strong>de</strong><br />

faire la guerre aux saints, et <strong>de</strong> les vaincre. Et il lui<br />

fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute<br />

langue, et toute nation. » Cette prophétie, dont les<br />

termes sont presque id<strong>en</strong>tiques à ceux dans lesquels<br />

est décrite la onzième corne du septième chapitre<br />

<strong>de</strong> Daniel, désigne indubitablem<strong>en</strong>t la papauté.<br />

« Il lui fut donné le pouvoir d’agir p<strong>en</strong>dant<br />

quarante-<strong>de</strong>ux mois.» <strong>Le</strong> prophète ajoute : « L’une<br />

<strong>de</strong> ses têtes » fut « comme blessée à mort », Et<br />

<strong>en</strong>core : « Si quelqu’un mène <strong>en</strong> captivité, il ira <strong>en</strong><br />

captivité; si quelqu’un tue par l’épée; il faut qu’il<br />

soit tué par l’épée. » <strong>Le</strong>s quarante-<strong>de</strong>ux mois sont<br />

id<strong>en</strong>tiques à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> « un temps, <strong><strong>de</strong>s</strong> temps et<br />

la moitié d’un temps » – trois années et <strong>de</strong>mie ou<br />

mille <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>t soixante jours – <strong>de</strong> Daniel, et<br />

p<strong>en</strong>dant lesquels la papauté <strong>de</strong>vait opprimer le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu. Nous l’avons déjà dit dans les<br />

chapitres précéd<strong>en</strong>ts : cette pério<strong>de</strong>, a comm<strong>en</strong>cé<br />

avec la suprématie papale <strong>en</strong> l’an 538 <strong>de</strong> notre ère<br />

et s’est terminée <strong>en</strong> 1798. C’est alors que le pape<br />

fut fait prisonnier par les troupes françaises, et que<br />

la papauté reçut une « blessure mortelle ». Ainsi<br />

814


s’accomplit cette prophétie : « Si quelqu’un mène<br />

<strong>en</strong> captivité, il ira <strong>en</strong> captivité. » ( Apocalypse<br />

13.10 )<br />

Ici apparaît un symbole nouveau. <strong>Le</strong> prophète<br />

dit : « Puis je vis monter <strong>de</strong> la terre une autre bête,<br />

qui avait <strong>de</strong>ux cornes semblables à celles d’un<br />

agneau. » ( Apocalypse 13.11 ) L’aspect <strong>de</strong> cette<br />

bête et la façon dont elle se révèle indiqu<strong>en</strong>t une<br />

nation différ<strong>en</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong> puissances représ<strong>en</strong>tées par<br />

les autres symboles. <strong>Le</strong>s grands empires qui ont<br />

dominé sur le mon<strong>de</strong> ont paru aux yeux du<br />

prophète Daniel sous l’image <strong>de</strong> bêtes <strong>de</strong> proie<br />

montant <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> mer, sur laquelle soufflai<strong>en</strong>t<br />

les quatre v<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux. » (Voir Daniel 7.2) Au<br />

dix-septième chapitre <strong>de</strong> l’Apocalypse (verset 15),<br />

un ange annonce que les eaux représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t « <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peuples, <strong><strong>de</strong>s</strong> foules, <strong><strong>de</strong>s</strong> nations et <strong><strong>de</strong>s</strong> langues ».<br />

<strong>Le</strong>s v<strong>en</strong>ts symbolis<strong>en</strong>t la guerre. <strong>Le</strong>s quatre v<strong>en</strong>ts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cieux agitant la mer sont l’emblème <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

guerres cruelles et <strong><strong>de</strong>s</strong> révolutions qui port<strong>en</strong>t ces<br />

puissances au pouvoir suprême.<br />

Il n’<strong>en</strong> est pas ainsi <strong>de</strong> la bête aux cornes<br />

815


semblables à celles d’un agneau, et qui « monte <strong>de</strong><br />

la terre ». Au lieu d’abattre d’autres États pour<br />

s’établir à leur place, la nation <strong>en</strong> question doit<br />

s’élever sur un territoire jusqu’alors inoccupé, et se<br />

développer d’une façon graduelle et pacifique, Elle<br />

ne surgit donc point du sein <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses<br />

populations <strong>de</strong> l’Anci<strong>en</strong> Mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> cette mer<br />

furieuse représ<strong>en</strong>tant « <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples, <strong><strong>de</strong>s</strong> foules, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nations et <strong><strong>de</strong>s</strong> langues ». Il faut la chercher au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’Atlantique.<br />

Quelle est la nation du Nouveau Mon<strong>de</strong> qui,<br />

jeune <strong>en</strong>core vers 1798, attirait l’att<strong>en</strong>tion du<br />

mon<strong>de</strong> et présageait un av<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> force et <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur? L’application du symbole ne permet pas<br />

un instant d’hésitation. Une nation, une seule,<br />

remplit les conditions <strong>de</strong> notre prophétie : les États-<br />

Unis d’Amérique. À diverses reprises, la p<strong>en</strong>sée et<br />

parfois même les termes du prophète ont été<br />

employés par <strong><strong>de</strong>s</strong> histori<strong>en</strong>s et <strong><strong>de</strong>s</strong> orateurs pour<br />

décrire la naissance et le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette<br />

nation. <strong>La</strong> bête « montait <strong>de</strong> la terre ». Or, selon les<br />

comm<strong>en</strong>tateurs, le terme <strong>de</strong> l’original r<strong>en</strong>du ici par<br />

« monter <strong>de</strong> la terre » signifierait « croître, sortir du<br />

816


sol comme une plante ». En outre, comme on l’a<br />

vu, cette nation doit s’établir sur un territoire<br />

jusqu’alors inoccupé. Un écrivain estimé, décrivant<br />

la naissance <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis, parle <strong>de</strong> « ce peuple<br />

qui sort mystérieusem<strong>en</strong>t du néant », et <strong>de</strong> cette «<br />

sem<strong>en</strong>ce sil<strong>en</strong>cieuse qui <strong>de</strong>vint un empire ». ( G.<br />

A.Towns<strong>en</strong>d, The New World compared with The<br />

Old, p.462.) En 1850, un journal europé<strong>en</strong> voyait<br />

les États-Unis comme un empire merveilleux «<br />

émergeant... au milieu du sil<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la terre, et<br />

ajoutant chaque jour à sa puissance et à son orgueil<br />

» (The Dublin Nation). Dans un discours sur les<br />

Pères pèlerins, fondateurs <strong>de</strong> cette nation, Edward<br />

Everett disait : « Recherchai<strong>en</strong>t-ils un lieu retiré,<br />

inoff<strong>en</strong>sif <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> son obscurité, et protégé <strong>en</strong><br />

raison <strong>de</strong> son éloignem<strong>en</strong>t, où la petite église <strong>de</strong><br />

<strong>Le</strong>y<strong>de</strong> pût jouir <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce?<br />

Considérez les puissantes régions sur lesquelles,<br />

par une conquête pacifique,... ils ont fait flotter la<br />

bannière <strong>de</strong> la croix! » (Speech <strong>de</strong>livered at<br />

Plymouth, Mass., déc. 1824, p. 11.)<br />

Elle « avait <strong>de</strong>ux cornes semblables à celles<br />

d’un agneau ». Ces cornes d’agneau symbolis<strong>en</strong>t la<br />

817


jeunesse, l’innoc<strong>en</strong>ce, la douceur. Elles<br />

représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> les États-Unis au mom<strong>en</strong>t où le<br />

prophète les voit « monter <strong>de</strong> la terre », <strong>en</strong> 1798.<br />

Parmi les croyants exilés qui s’<strong>en</strong>fuir<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

Amérique pour se soustraire à l’oppression <strong><strong>de</strong>s</strong> rois<br />

et à l’intolérance <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres, plusieurs étai<strong>en</strong>t<br />

déterminés à établir un État sur les larges bases <strong>de</strong><br />

la liberté civile et religieuse. <strong>Le</strong>urs aspirations ont<br />

été consignées dans la Déclaration d’Indép<strong>en</strong>dance,<br />

qui proclame cette gran<strong>de</strong> vérité : « tous les<br />

hommes sont créés égaux » et possèd<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

inaliénables « à la vie, à la liberté et à la recherche<br />

du bonheur ». En outre, la Constitution garantit au<br />

peuple le droit <strong>de</strong> se gouverner lui-même par<br />

l’élection <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tants chargés par lui<br />

d’élaborer et <strong>de</strong> faire observer les lois. <strong>La</strong> liberté<br />

religieuse elle aussi a été assurée, chacun étant<br />

déclaré libre <strong>de</strong> servir Dieu selon sa consci<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong><br />

républicanisme et le protestantisme, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us les<br />

principes fondam<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> cette nation, constitu<strong>en</strong>t<br />

le secret <strong>de</strong> sa puissance et <strong>de</strong> sa prospérité. <strong>Le</strong>s<br />

opprimés <strong>de</strong> toute la chréti<strong>en</strong>té ont tourné vers ce<br />

pays <strong><strong>de</strong>s</strong> regards pleins d’espérance. Des millions<br />

d’émigrés ont débarqué sur ses rives, et les États-<br />

818


Unis ont fini par pr<strong>en</strong>dre place parmi les nations les<br />

plus puissantes <strong>de</strong> la terre.<br />

Mais la bête aux cornes d’agneau « parlait<br />

comme un dragon. Elle exerçait toute l’autorité <strong>de</strong><br />

la première bête <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce, et elle faisait que<br />

la terre et ses habitants adorai<strong>en</strong>t la première bête,<br />

dont la blessure mortelle avait été guérie ». Elle<br />

disait « aux habitants <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> faire une image<br />

à la bête qui avait la blessure <strong>de</strong> l’épée et qui vivait<br />

» ( Apocalypse 13.11-14 ).<br />

<strong>Le</strong>s cornes semblables à celles d’un agneau et<br />

le langage du dragon chez cette bête indiqu<strong>en</strong>t une<br />

contradiction frappante <strong>en</strong>tre la profession <strong>de</strong> foi et<br />

les actes <strong>de</strong> la nation qu’elle représ<strong>en</strong>te. C’est par<br />

ses lois et par ses décisions judiciaires qu’une<br />

nation « parle », et c’est par ces mêmes organes<br />

que ladite bête dém<strong>en</strong>tira les principes libéraux et<br />

pacifiques qu’elle a mis à la base <strong>de</strong> la chose<br />

publique. <strong>La</strong> prédiction disant qu’elle parlera «<br />

comme un dragon », et qu’elle exercera toute<br />

l’autorité <strong>de</strong> la première bête <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce » ,<br />

annonce clairem<strong>en</strong>t l’apparition d’un esprit<br />

819


d’intolérance et <strong>de</strong> persécution analogue à l’esprit<br />

manifesté par les nations représ<strong>en</strong>tées par le dragon<br />

et le léopard. Et la déclaration : « Elle faisait que la<br />

terre et ses habitants adorai<strong>en</strong>t la première bête »<br />

montre que cette nation usera <strong>de</strong> son autorité pour<br />

imposer certaine pratique religieuse qui constituera<br />

un hommage r<strong>en</strong>du à la papauté.<br />

De telles mesures serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> opposition avec<br />

les principes <strong>de</strong> ce gouvernem<strong>en</strong>t et contraires au<br />

génie <strong>de</strong> ses libres institutions comme aussi aux<br />

affirmations les plus sol<strong>en</strong>nelles <strong>de</strong> la Déclaration<br />

d’Indép<strong>en</strong>dance et <strong>de</strong> la Constitution. Afin d’éviter<br />

tout retour <strong>de</strong> l’intolérance et <strong>de</strong> la persécution, les<br />

fondateurs <strong>de</strong> la nation ont veillé avec soin à ce que<br />

l’Église ne pût jamais s’emparer du pouvoir civil.<br />

<strong>La</strong> Constitution déclare que « le Congrès ne pourra<br />

faire aucune loi permettant l’établissem<strong>en</strong>t d’une<br />

religion d’État, ou qui <strong>en</strong> interdise le libre exercice<br />

» ; elle ajoute « qu’aucune condition religieuse ne<br />

pourra jamais être exigée comme qualification<br />

indisp<strong>en</strong>sable à l’exercice d’une fonction ou charge<br />

publique aux États-Unis ». Ce n’est qu’<strong>en</strong><br />

supprimant ces garanties <strong>de</strong> la liberté nationale que<br />

820


l’autorité civile pourrait imposer <strong><strong>de</strong>s</strong> observances<br />

religieuses. Or, telle est, d’après le symbole<br />

prophétique, l’inconséqu<strong>en</strong>ce flagrante où tombera<br />

cette bête aux cornes d’agneau – professant être<br />

pure, douce, inoff<strong>en</strong>sive, mais parlant comme le<br />

dragon.<br />

« Disant aux habitants <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> faire une<br />

image à la bête. » Nous nous trouvons ici <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce d’une forme <strong>de</strong> gouvernem<strong>en</strong>t dont le<br />

pouvoir législatif est <strong>en</strong>tre les mains du peuple, ce<br />

qui prouve une fois <strong>de</strong> plus que la prophétie<br />

désigne les États-Unis.<br />

Mais qu’est-ce que « l’image <strong>de</strong> la bête », et<br />

comm<strong>en</strong>t se formera-t-elle? Notons qu’il s’agit<br />

d’une image <strong>de</strong> la première bête érigée par la bête à<br />

<strong>de</strong>ux cornes. Pour savoir ce que sera cette image et<br />

comm<strong>en</strong>t elle, se formera, il faut étudier les<br />

caractéristiques <strong>de</strong> la bête elle-même, c’est-à-dire<br />

celles <strong>de</strong> la papauté.<br />

Lorsque la primitive Église eut perdu l’Esprit et<br />

la puissance <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> abandonnant la simplicité<br />

821


<strong>de</strong> l’Évangile et <strong>en</strong> adoptant les rites et les<br />

coutumes <strong><strong>de</strong>s</strong> paï<strong>en</strong>s, elle voulut opprimer les<br />

consci<strong>en</strong>ces et rechercha pour cela l’appui <strong>de</strong><br />

l’État. Ainsi naquit la papauté, c’est-à-dire une<br />

Église dominant l’État au profit <strong>de</strong> ses intérêts, et<br />

tout spécialem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> bannir « l’hérésie ». Si<br />

les États-Unis <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un jour à « former une<br />

image à la bête », cela signifie que l’élém<strong>en</strong>t<br />

religieux aura assez d’asc<strong>en</strong>dant sur le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t civil pour se servir <strong>de</strong> sa puissance.<br />

Or, chaque fois que l’Église a pu dominer le<br />

pouvoir civil, elle a t<strong>en</strong>u à réprimer la dissid<strong>en</strong>ce.<br />

<strong>Le</strong>s églises protestantes qui ont marché sur les<br />

traces <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong> s’unissant au pouvoir séculier<br />

ont, elles aussi, manifesté le désir <strong>de</strong> limiter la<br />

liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce. On <strong>en</strong> a un exemple<br />

caractéristique dans la longue persécution dirigée<br />

par l’Église anglicane contre les dissid<strong>en</strong>ts. Au<br />

cours <strong><strong>de</strong>s</strong> seizième et dix-septième siècles, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers <strong>de</strong> pasteurs non conformistes ont dû quitter<br />

leurs églises, et un grand nombre <strong>de</strong> personnes,<br />

prédicateurs et fidèles, ont été condamnées à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

am<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> ou ont subi la prison, la torture et le<br />

822


martyre.<br />

C’est l’apostasie qui am<strong>en</strong>a la primitive Église<br />

à rechercher l’appui du gouvernem<strong>en</strong>t et prépara la<br />

voie à la papauté, c’est-à-dire à la bête. Saint Paul<br />

l’avait dit : « Il faut que l’apostasie soit arrivée<br />

auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du<br />

péché. » ( 2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.3 ) Ainsi l’apostasie<br />

<strong>de</strong> l’Église préparera la voie à l’image <strong>de</strong> la bête.<br />

<strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu annonce qu’avant le retour<br />

du Seigneur, on verra un déclin religieux analogue<br />

à celui <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers siècles. « Dans les <strong>de</strong>rniers<br />

jours, il y aura <strong><strong>de</strong>s</strong> temps difficiles. Car les<br />

hommes seront égoïstes, amis <strong>de</strong> l’arg<strong>en</strong>t,<br />

fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à<br />

leurs par<strong>en</strong>ts, ingrats, irréligieux, ins<strong>en</strong>sibles,<br />

déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels,<br />

<strong>en</strong>nemis <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>, traîtres, emportés, <strong>en</strong>flés<br />

d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant<br />

l'appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la piété, mais r<strong>en</strong>iant ce qui <strong>en</strong> fait la<br />

force. » ( 2 Timothée 3.15 ) « Mais l’Esprit dit<br />

expressém<strong>en</strong>t que, dans les <strong>de</strong>rniers temps,<br />

quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher<br />

823


à <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits séducteurs et à <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines <strong>de</strong><br />

démons. » ( 1 Timothée 4.1 ) Satan agira par «<br />

toutes sortes <strong>de</strong> miracles, <strong>de</strong> signes et <strong>de</strong> prodiges<br />

m<strong>en</strong>songers, et avec toutes les séductions <strong>de</strong><br />

l’iniquité ». Et tous ceux « qui n’ont pas reçu<br />

l’amour <strong>de</strong> la vérité pour être sauvés » seront<br />

abandonnés à une puissance d’égarem<strong>en</strong>t, pour<br />

qu’ils croi<strong>en</strong>t au m<strong>en</strong>songe. » ( 2 Thessalonici<strong>en</strong>s<br />

2.9-11 ) Parv<strong>en</strong>ue à ce <strong>de</strong>gré, l’impiété produira les<br />

mêmes résultats que dans les premiers siècles.<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> croyances parmi les<br />

protestants est parfois avancée comme une preuve<br />

décisive que jamais ri<strong>en</strong> ne sera t<strong>en</strong>té <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> les<br />

am<strong>en</strong>er toutes à l’unité <strong>de</strong> la foi. Mais, <strong>de</strong>puis<br />

quelques années, il existe dans les églises<br />

protestantes un courant <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus puissant <strong>en</strong><br />

faveur d’une fédération basée sur certains articles<br />

<strong>de</strong> foi. Pour assurer cette union, on évite <strong>de</strong><br />

discuter les sujets sur lesquels tous ne sont pas<br />

d’accord, quelle que soit l’importance que la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu y attache.<br />

Dans un sermon prêché <strong>en</strong> 1846, Charles<br />

824


Beecher disait : « Non seulem<strong>en</strong>t le corps pastoral<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Églises évangéliques protestantes est<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t formé sous la pression écrasante du<br />

respect humain.... On y fléchit le g<strong>en</strong>ou <strong>de</strong>vant la<br />

puissance <strong>de</strong> l’apostasie. N’est-ce pas ainsi que les<br />

choses allai<strong>en</strong>t à Rome? Ne répétons-nous pas son<br />

histoire? Et que verrons-nous bi<strong>en</strong>tôt? Un nouveau<br />

concile général! Un congrès mondial! Une alliance<br />

évangélique et un credo universel! » (Sermon on «<br />

The bible, a Suffici<strong>en</strong>t Creed », délivré at Fort<br />

Wayne, Ind., 22 fév. 1846.) Alors, il ne restera<br />

qu’un pas à faire pour parv<strong>en</strong>ir à l’unité : recourir à<br />

la force.<br />

Dès que les principales églises protestantes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

États-Unis s’uniront sur <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> doctrine qui<br />

leur sont communs et feront pression sur l’État<br />

pour l’am<strong>en</strong>er à imposer leurs décrets et à sout<strong>en</strong>ir<br />

leurs institutions, l’Amérique protestante sera<br />

formée à une image <strong>de</strong> la hiérarchie romaine et la<br />

conséqu<strong>en</strong>ce inévitable <strong>en</strong> sera l’application <strong>de</strong><br />

peines civiles aux délinquants.<br />

<strong>La</strong> bête à <strong>de</strong>ux cornes « fit que tous, petits et<br />

825


grands, riches et pauvres, libres et esclaves,<br />

reçuss<strong>en</strong>t une marque sur leur main droite ou sur<br />

leur front, et que personne ne pût acheter ni v<strong>en</strong>dre,<br />

sans avoir la marque, le nom <strong>de</strong> la bête ou le<br />

nombre <strong>de</strong> son nom ». ( Apocalypse 13.16, 17 ) Or,<br />

voici la proclamation du troisième ange : « Si<br />

quelqu’un adore la bête et son image, et reçoit une<br />

marque sur son front ou sur sa main, il boira, lui<br />

aussi, du vin <strong>de</strong> la fureur <strong>de</strong> Dieu. » <strong>La</strong> « bête »<br />

m<strong>en</strong>tionnée dans ce message, et dont le culte est<br />

imposé par la bête à <strong>de</strong>ux cornes, c’est la première<br />

bête, semblable à un léopard ( Apocalypse 13 ), la<br />

papauté. « Quant à l’image <strong>de</strong> la bête », elle<br />

représ<strong>en</strong>te le protestantisme apostat qui s’unira<br />

avec le pouvoir civil afin d’imposer ses dogmes.<br />

Reste à définir « la marque <strong>de</strong> la bête ». Après<br />

nous avoir mis <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre l’adoration <strong>de</strong> la<br />

bête et <strong>de</strong> son image, la prophétie ajoute : « C’est<br />

ici la persévérance <strong><strong>de</strong>s</strong> saints, qui gard<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et la foi <strong>de</strong> Jésus. » <strong>Le</strong><br />

contraste établi dans ce texte <strong>en</strong>tre ceux qui gard<strong>en</strong>t<br />

les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et ceux qui ador<strong>en</strong>t la<br />

bête et son image et <strong>en</strong> reçoiv<strong>en</strong>t la marque, prouve<br />

826


que l’observation <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, d’une part, et<br />

sa violation, d’autre part, différ<strong>en</strong>cieront les<br />

adorateurs <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la bête.<br />

<strong>La</strong> caractéristique <strong>de</strong> la bête, et par conséqu<strong>en</strong>t<br />

celle <strong>de</strong> son image, c’est la transgression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> prophète Daniel écrit,<br />

au sujet du pouvoir représ<strong>en</strong>té par la petite corne<br />

(la papauté) : « Il espérera changer les temps et la<br />

loi. » Et saint Paul donne au pouvoir qui allait<br />

chercher à s’élever au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Dieu les<br />

qualificatifs d’« impie » et <strong>de</strong> « mystère <strong>de</strong><br />

l’iniquité » ( Daniel 7.25; 2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.7, 8.<br />

Dans ce <strong>de</strong>rnier passage, les mots impie et iniquité<br />

sont traduits <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux termes qui signifi<strong>en</strong>t : «<br />

l’homme sans loi », « l’opposition à la loi ». Voir<br />

les versions <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne et Vevey.) Ces <strong>de</strong>ux<br />

prophéties se complèt<strong>en</strong>t. Ce n’est qu’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant <strong>de</strong><br />

changer la loi divine que la papauté peut s’élever<br />

au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Dieu car ceux qui se soumettrai<strong>en</strong>t<br />

sciemm<strong>en</strong>t à la loi ainsi am<strong>en</strong>dée, r<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

honneurs suprêmes à l’auteur <strong>de</strong> ce changem<strong>en</strong>t.<br />

Cet acte d’obéissance aux lois papales serait une<br />

marque d’allégeance accordée au pape au<br />

827


détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>La</strong> papauté a effectivem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> changer la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu. Dans les catéchismes, le second<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, qui interdit le culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images, a<br />

été supprimé, et le quatrième a été altéré <strong>de</strong> façon à<br />

ordonner, comme jour du repos, l’observation du<br />

premier jour <strong>de</strong> la semaine au lieu du septième. <strong>Le</strong>s<br />

théologi<strong>en</strong>s catholiques déclar<strong>en</strong>t que le second<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t a été omis parce qu’il était inutile,<br />

vu qu’il est r<strong>en</strong>fermé dans le premier, et affirm<strong>en</strong>t<br />

que le texte qu’ils nous donn<strong>en</strong>t est la loi telle que<br />

Dieu voulait qu’elle fût comprise. Cela ne saurait<br />

donc, selon eux, constituer le changem<strong>en</strong>t prédit<br />

par le prophète, qui parle d’une altération<br />

int<strong>en</strong>tionnelle et réelle : « Il espérera changer les<br />

temps et la loi. » Néanmoins, le changem<strong>en</strong>t<br />

apporté au quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t accomplit<br />

exactem<strong>en</strong>t la prophétie, car la seule autorité sur<br />

laquelle on le fait reposer est celle <strong>de</strong> l’Église. En<br />

cela, la puissance papale s’élève ouvertem<strong>en</strong>t au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> Dieu.<br />

Tandis que les adorateurs <strong>de</strong> Dieu se<br />

828


distingueront spécialem<strong>en</strong>t par leur respect pour le<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, signe <strong>de</strong> la puissance<br />

créatrice <strong>de</strong> Dieu, et témoignage r<strong>en</strong>du à son droit<br />

aux hommages <strong>de</strong> l’humanité, les adorateurs <strong>de</strong> la<br />

bête se distingueront par leur t<strong>en</strong>tative d’abolir le<br />

mémorial du Créateur <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> glorifier<br />

l’institution romaine. C’est d’ailleurs <strong>en</strong> faveur du<br />

dimanche que la papauté a comm<strong>en</strong>cé d’affirmer sa<br />

prét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> changer la loi <strong>de</strong> Dieu (voir<br />

App<strong>en</strong>dice a48) et qu’elle a eu pour la première<br />

fois recours à la puissance du bras séculier.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, les Écritures ne désign<strong>en</strong>t que le<br />

septième jour <strong>de</strong> la semaine, et jamais le premier,<br />

comme « jour du Seigneur ». Jésus lui-même a<br />

déclaré : « <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> l’homme est seigneur même<br />

du sabbat. » D’autre part, dans le quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, Dieu affirme que « le septième<br />

jour est le repos <strong>de</strong> l’Éternel », et, par la plume<br />

d’Ésaïe, il l’appelle « mon saint jour » ( Marc 2.28,<br />

version <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne); Ésaïe 58.13 )<br />

L’assertion, si souv<strong>en</strong>t avancée, que c’est<br />

Jésus-Christ qui a changé le sabbat est dém<strong>en</strong>tie<br />

par ses propres paroles. Dans son sermon sur la<br />

829


montagne, il déclare : « Ne croyez pas que je sois<br />

v<strong>en</strong>u pour abolir la loi ou les prophètes; je suis<br />

v<strong>en</strong>u non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je<br />

vous le dis <strong>en</strong> vérité, tant que le ciel et la terre ne<br />

passeront point, il ne disparaîtra pas <strong>de</strong> la loi un<br />

seul iota ou un seul trait <strong>de</strong> lettre, jusqu’à ce que<br />

tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un <strong>de</strong><br />

ces plus petits comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, et qui <strong>en</strong>seignera<br />

aux hommes à faire <strong>de</strong> même, sera appelé le plus<br />

petit dans le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux; mais celui qui les<br />

observera, et qui <strong>en</strong>seignera à les observer, celui-là<br />

sera appelé grand dans le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux. » (<br />

Matthieu 5.17-19 )<br />

<strong>Le</strong>s protestants reconnaiss<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t que<br />

la Bible ne sanctionne pas le changem<strong>en</strong>t du<br />

sabbat. On <strong>en</strong> voit la preuve dans <strong><strong>de</strong>s</strong> publications<br />

autorisées. L’un <strong>de</strong> ces ouvrages constate « le<br />

sil<strong>en</strong>ce absolu du Nouveau Testam<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui<br />

concerne un comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t explicite <strong>en</strong> faveur du<br />

dimanche ou <strong>en</strong> fait <strong>de</strong> règlem<strong>en</strong>ts relatifs à son<br />

observation » . (Georges Elliott, The Abiding<br />

Sabbath, p. 184.)<br />

830


Un autre écrivain affirme : « Jusqu’à la mort du<br />

Sauveur, aucun changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> jour n’avait eu lieu<br />

»; et « ri<strong>en</strong> ne prouve que les apôtres, ai<strong>en</strong>t donné<br />

un comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t explicite <strong>en</strong>joignant l’abandon<br />

du sabbat du septième jour et l’observation du<br />

premier jour <strong>de</strong> la semaine ». (A. E. Waffle, The<br />

Lord’s Day, p. 186-188.)<br />

<strong>Le</strong>s auteurs catholiques admett<strong>en</strong>t d’autre part<br />

que le changem<strong>en</strong>t du jour du repos est le fait <strong>de</strong><br />

leur église, et déclar<strong>en</strong>t que les protestants<br />

s’inclin<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant son autorité <strong>en</strong> observant le<br />

dimanche. Dans le catéchisme <strong>de</strong> l’évêque <strong>de</strong><br />

Montpellier, <strong>en</strong> réponse à la question : « Quel est le<br />

jour qu’il faut observer? » on lit : « Dans<br />

l’anci<strong>en</strong>ne loi, on sanctifiait le samedi. Mais<br />

l’Église, instruite par Jésus-Christ, et conduite par<br />

le Saint-Esprit, a changé ce jour <strong>en</strong> celui du<br />

dimanche, <strong>en</strong> sorte qu’au lieu du <strong>de</strong>rnier jour, on<br />

sanctifie le premier. » (Instructions générales <strong>en</strong><br />

forme <strong>de</strong> Catéchisme, publiées par ordre <strong>de</strong><br />

Messire Charles Joachim Colbert, évêque <strong>de</strong><br />

Montpellier ‘1733’, p.137, 138.)<br />

831


Comme signe <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> l’Église<br />

catholique, ses apologistes cit<strong>en</strong>t « le fait même du<br />

transfert du sabbat au dimanche, fait accepté par les<br />

protestants... qui, <strong>en</strong> observant le dimanche,<br />

reconnaiss<strong>en</strong>t que l’Église a le pouvoir d’ordonner<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fêtes et <strong>de</strong> les imposer sous peine <strong>de</strong> péché ».<br />

(H. Tuberville, An Abridgem<strong>en</strong>t of the Christian<br />

Doctrine, p. 58.) <strong>Le</strong> changem<strong>en</strong>t du quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t n’est-il donc pas nécessairem<strong>en</strong>t le<br />

signe ou la marque <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> l’Église<br />

catholique, <strong>en</strong> d’autres termes, « la marque <strong>de</strong> la<br />

bête »?<br />

Or, l’Église catholique n’a pas abandonné ses<br />

prét<strong>en</strong>tions à la suprématie, que le mon<strong>de</strong> et les<br />

églises protestantes reconnaiss<strong>en</strong>t virtuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

acceptant un jour <strong>de</strong> repos <strong>de</strong> sa création et <strong>en</strong><br />

répudiant le sabbat <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Un évêque<br />

français affirme que « l’observation du dimanche<br />

par les protestants est un hommage r<strong>en</strong>du, malgré<br />

eux, à l’autorité <strong>de</strong> l’Église [catholique] ». (Mgr <strong>de</strong><br />

Ségur, Causeries sur le protestantisme<br />

d’Aujourd’hui, p. 207.) Ils ont beau se réclamer,<br />

pour ce changem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> la tradition et<br />

832


<strong><strong>de</strong>s</strong> Pères, ils le font au mépris du principe même<br />

qui les a séparés <strong>de</strong> Rome, à savoir que « leur seule<br />

et unique règle <strong>de</strong> foi est l’Écriture sainte » . Rome<br />

voit bi<strong>en</strong> qu’ils s’abus<strong>en</strong>t et ferm<strong>en</strong>t<br />

volontairem<strong>en</strong>t les yeux sur <strong><strong>de</strong>s</strong> faits évid<strong>en</strong>ts.<br />

Aussi se réjouit-elle <strong>en</strong> constatant que l’idée d’une<br />

loi du dimanche gagne du terrain, assurée <strong>de</strong> voir,<br />

tôt ou tard, le mon<strong>de</strong> protestant rev<strong>en</strong>ir dans son<br />

giron.<br />

L’observation du dimanche imposée par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises protestantes équivaut à l’obligation d’adorer<br />

la papauté ou « la bête ». En outre, <strong>en</strong> imposant un<br />

acte religieux par l’intermédiaire du pouvoir civil,<br />

les églises formeront une « image à la bête »; il<br />

s’<strong>en</strong>suivra que tout pays protestant qui imposera<br />

l’observation du dimanche r<strong>en</strong>dra par là obligatoire<br />

l’adoration <strong>de</strong> la bête et <strong>de</strong> son image.<br />

Il est vrai que les chréti<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> générations<br />

passées ont observé le dimanche, convaincus que<br />

c’était le jour du repos prescrit par la Bible. Et il y<br />

a actuellem<strong>en</strong>t dans toutes les confessions, sans <strong>en</strong><br />

excepter la communion catholique romaine, <strong>de</strong><br />

833


vrais chréti<strong>en</strong>s qui croi<strong>en</strong>t honnêtem<strong>en</strong>t que le<br />

dimanche est d’institution divine. Dieu agrée leur<br />

sincérité et leur fidélité. Mais quand l’observation<br />

du dimanche sera imposée par la loi, et que le<br />

mon<strong>de</strong> possé<strong>de</strong>ra la lumière sur le vrai jour du<br />

repos, celui qui, alors, r<strong>en</strong>dra hommage à Rome<br />

plutôt qu’à Dieu, adorera la bête <strong>de</strong> préfér<strong>en</strong>ce à<br />

Dieu, adoptera le « signe » <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> la bête<br />

au lieu <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’autorité divine et obéira aux<br />

lois humaines plutôt qu’à la loi <strong>de</strong> Jéhovah, celui-là<br />

recevra la « marque <strong>de</strong> la bête ».<br />

<strong>Le</strong> plus terrible avertissem<strong>en</strong>t jamais adressé à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mortels est celui qui est cont<strong>en</strong>u dans le<br />

message du troisième ange. Ce péché est<br />

particulièrem<strong>en</strong>t odieux puisqu’il attirera sur la tête<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> transgresseurs la colère <strong>de</strong> Dieu sans mélange<br />

<strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. On ne saurait donc laisser le mon<strong>de</strong><br />

dans les ténèbres sur une question <strong>de</strong> cette<br />

importance. <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre ce péché doit<br />

parv<strong>en</strong>ir au mon<strong>de</strong> avant que les jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Dieu fond<strong>en</strong>t sur lui; chacun <strong>de</strong>vra <strong>en</strong> connaître les<br />

motifs et avoir l’occasion d’y échapper. Or, la<br />

prophétie déclare que cette proclamation sera faite<br />

834


par le premier ange « à toute nation, à toute tribu, à<br />

toute langue et à tout peuple ». L’avertissem<strong>en</strong>t du<br />

troisième ange, qui fait partie <strong>de</strong> ce triple message,<br />

ne doit pas avoir une publicité moins large. Il sera,<br />

dit la prophétie, proclamé d’une voix forte par un<br />

ange qui vole au milieu du ciel. Il attirera donc<br />

l’att<strong>en</strong>tion du mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier.<br />

Dans ce conflit, toute la chréti<strong>en</strong>té sera<br />

partagée <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux camps : d’une part, ceux qui<br />

gard<strong>en</strong>t les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et ont la foi<br />

<strong>de</strong> Jésus, et, d’autre part, ceux qui ador<strong>en</strong>t la bête et<br />

son image et <strong>en</strong> reçoiv<strong>en</strong>t la marque. L’Église et<br />

l’État auront beau unir leur puissance pour<br />

contraindre « tous, petits et grands, riches et<br />

pauvres, libres et esclaves », à pr<strong>en</strong>dre « la marque<br />

<strong>de</strong> la bête », ( Apocalypse 13.16, 17 ) le peuple <strong>de</strong><br />

Dieu ne la recevra pas. <strong>Le</strong> prophète <strong>de</strong> Patmos voit<br />

« ceux qui avai<strong>en</strong>t vaincu la bête et son image, et le<br />

nombre <strong>de</strong> son nom, <strong>de</strong>bout sur la mer <strong>de</strong> verre,<br />

ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> harpes <strong>de</strong> Dieu. Et ils chant<strong>en</strong>t le<br />

cantique <strong>de</strong> Moïse, le serviteur <strong>de</strong> Dieu, et le<br />

cantique <strong>de</strong> l’agneau » ( Apocalypse 15.2, 3 ).<br />

835


Chapitre 26<br />

Une réforme indisp<strong>en</strong>sable<br />

Ésaïe prédit <strong>en</strong> ces termes la réforme du jour du<br />

repos qui <strong>de</strong>vait s’accomplir dans les <strong>de</strong>rniers jours<br />

: « Ainsi parle l’Éternel : Observez ce qui est droit,<br />

et pratiquez ce qui est juste; car mon salut ne<br />

tar<strong>de</strong>ra pas à v<strong>en</strong>ir, et ma justice à se manifester.<br />

Heureux l’homme qui fait cela et le fils <strong>de</strong><br />

l’homme qui y <strong>de</strong>meure ferme, gardant le sabbat,<br />

pour ne point le profaner, et veillant sur sa main,<br />

pour ne commettre aucun mal!... <strong>Le</strong>s étrangers qui<br />

s’attacheront à l’Éternel pour le servir, pour aimer<br />

le nom <strong>de</strong> l’Éternel, pour être ses serviteurs, tous<br />

ceux qui gar<strong>de</strong>ront le sabbat, pour ne point le<br />

profaner, et qui persévéreront dans mon alliance, je<br />

les amènerai sur ma montagne sainte, et je les<br />

réjouirai dans ma maison <strong>de</strong> prière. » ( Ésaïe 56.1,<br />

2, 6, 7 )<br />

Comme le montre le contexte, cette prophétie<br />

apparti<strong>en</strong>t à la disp<strong>en</strong>sation chréti<strong>en</strong>ne. « <strong>Le</strong><br />

836


Seigneur, l’Éternel parle, lui qui rassemble les<br />

exilés d’Israël : Je réunirai d’autres peuples à lui,<br />

aux si<strong>en</strong>s déjà rassemblés. » ( Ésaïe 56.8 ) C’est<br />

l’annonce du rassemblem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>tils par<br />

l’Évangile. Et c’est sur ceux d’<strong>en</strong>tre eux qui<br />

observeront le jour <strong>de</strong> repos <strong>de</strong> l’Éternel qu’une<br />

bénédiction est prononcée. Ainsi, l’obligation du<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t va plus loin que<br />

l’époque <strong>de</strong> la crucifixion, <strong>de</strong> l’asc<strong>en</strong>sion et <strong>de</strong> la<br />

résurrection du Christ; elle embrasse le temps où<br />

les serviteurs <strong>de</strong> Dieu annonceront la bonne<br />

nouvelle au mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier.<br />

Par la plume du même prophète, le Seigneur<br />

donne cet ordre : « Lie le témoignage et scelle la<br />

loi parmi mes disciples! » ( Ésaïe 8.16. Trad.<br />

littérale, voir version <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne.) <strong>Le</strong> sceau <strong>de</strong> la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu se trouve dans le quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Seul <strong>en</strong>tre les dix, il r<strong>en</strong>ferme le<br />

nom et les titres du Législateur. Il le proclame<br />

Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux et <strong>de</strong> la terre, et montre ainsi<br />

que Dieu seul a droit à notre soumission et à notre<br />

adoration. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ce précepte, ri<strong>en</strong> dans le<br />

décalogue n’indique <strong>de</strong> quelle autorité la loi<br />

837


émane. Or, la loi divine ayant été privée <strong>de</strong> son<br />

sceau lorsque le sabbat <strong>en</strong> a été éliminé par<br />

l’autorité du pape, les disciples <strong>de</strong> Jésus sont<br />

invités à rétablir ce sceau <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant au jour <strong>de</strong><br />

repos du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t sa place<br />

légitime comme mémorial du Créateur, et signe <strong>de</strong><br />

Son autorité.<br />

« À la loi et au témoignage! » Entre les<br />

doctrines et les théories contradictoires qui<br />

abond<strong>en</strong>t, c’est la loi <strong>de</strong> Dieu seule qui déci<strong>de</strong><br />

infailliblem<strong>en</strong>t. C’est par elle que toutes les<br />

opinions, toutes les doctrines et toutes les théories<br />

doiv<strong>en</strong>t être jugées. « Si l’on ne parle pas ainsi, dit<br />

le prophète, il n’y aura point d’aurore pour le<br />

peuple. » ( Ésaïe 8.20 )<br />

Cet ordre est aussi lancé : « Crie à plein gosier,<br />

ne te reti<strong>en</strong>s pas, élève ta voix comme une<br />

trompette, et annonce à mon peuple ses iniquités, à<br />

la maison <strong>de</strong> Jacob ses péchés! » Ce n’est pas un<br />

mon<strong>de</strong> méchant, c’est celui que Dieu appelle «<br />

mon peuple », qui est repris pour ses<br />

transgressions. <strong>Le</strong> Seigneur dit <strong>en</strong>core : « Tous les<br />

838


jours ils me cherch<strong>en</strong>t, ils veul<strong>en</strong>t connaître mes<br />

voies; comme une nation qui aurait pratiqué la<br />

justice, et n’aurait pas abandonné la loi <strong>de</strong> son<br />

Dieu. » ( Ésaïe 58.1, 2 ) Il s’agit <strong>de</strong> personnes qui<br />

se croi<strong>en</strong>t justes et qui sembl<strong>en</strong>t s’intéresser<br />

vivem<strong>en</strong>t au service <strong>de</strong> Dieu, mais la c<strong>en</strong>sure<br />

sévère et sol<strong>en</strong>nelle <strong>de</strong> celui qui son<strong>de</strong> les coeurs<br />

leur appr<strong>en</strong>d qu’elles foul<strong>en</strong>t aux pieds ses divins<br />

préceptes.<br />

Et le prophète précise comme suit le<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t qui a été abandonné : « <strong>Le</strong>s ti<strong>en</strong>s<br />

rebâtiront sur d’anci<strong>en</strong>nes ruines; tu relèveras <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts antiques; on t’appellera réparateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

brèches, celui qui restaure les chemins, qui r<strong>en</strong>d le<br />

pays habitable. Si tu reti<strong>en</strong>s ton pied p<strong>en</strong>dant le<br />

sabbat, pour ne pas faire ta volonté <strong>en</strong> mon saint<br />

jour, si tu fais du sabbat tes délices, pour sanctifier<br />

l’Éternel <strong>en</strong> le glorifiant, et si tu l’honores <strong>en</strong> ne<br />

suivant point tes voies, <strong>en</strong> ne te livrant pas à tes<br />

p<strong>en</strong>chants et à <strong>de</strong> vains discours, alors tu mettras<br />

ton plaisir <strong>en</strong> l’Éternel. » ( Ésaïe 58.12, 13 ) Cette<br />

prophétie s’applique aussi à notre temps. Une<br />

brèche a été faite à la loi <strong>de</strong> Dieu quand Rome a<br />

839


changé le jour du repos. Mais le temps <strong>de</strong> la<br />

restauration <strong>de</strong> cette institution divine est<br />

maint<strong>en</strong>ant v<strong>en</strong>u. Il faut que la brèche soit réparée<br />

et que les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts antiques soi<strong>en</strong>t relevés.<br />

Sanctifié par l’exemple et la bénédiction du<br />

Créateur, le sabbat, septième jour <strong>de</strong> la semaine, a<br />

été observé, <strong>en</strong> Ed<strong>en</strong>, par Adam et Ève dans leur<br />

état d’innoc<strong>en</strong>ce; puis par Adam déchu, mais<br />

rep<strong>en</strong>tant, lorsqu’il fut chassé du paradis. Il a été<br />

observé par tous les patriarches, <strong>de</strong>puis Abel<br />

jusqu’à Noé, le juste, et le fut au temps d’Abraham<br />

et <strong>de</strong> Jacob. Au cours <strong>de</strong> la captivité <strong>en</strong> Égypte, un<br />

grand nombre <strong>de</strong> membres du peuple élu perdir<strong>en</strong>t<br />

la connaissance <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu au milieu <strong>de</strong><br />

l’idolâtrie générale. Puis, lors <strong>de</strong> la délivrance<br />

d’Israël, pour lui faire connaître sa volonté<br />

immuable et le porter à lui obéir à toujours, Dieu<br />

proclama Sa loi <strong>de</strong>vant la multitu<strong>de</strong> réunie au pied<br />

du Sinaï, au milieu <strong>de</strong> scènes d’une<br />

impressionnante gran<strong>de</strong>ur.<br />

Depuis ce temps-là jusqu’à maint<strong>en</strong>ant, la loi<br />

<strong>de</strong> Dieu et le quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ont été<br />

840


connus, conservés et observés sur la terre. Bi<strong>en</strong> que<br />

l’« homme <strong>de</strong> péché » ait réussi à fouler aux pieds<br />

le jour choisi <strong>de</strong> Dieu, il a toujours été honoré,<br />

même dans les jours les plus sombres, par <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes<br />

fidèles qui vivai<strong>en</strong>t à l’écart du mon<strong>de</strong>. Depuis la<br />

Réforme, chaque génération a connu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observateurs du septième jour. En dépit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moqueries et <strong>de</strong> la persécution, un témoignage<br />

constant a été r<strong>en</strong>du à la perpétuité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong><br />

Dieu et à l’obligation sacrée du jour <strong>de</strong> repos <strong>de</strong> la<br />

création.<br />

Ces vérités, telles qu’elles sont prés<strong>en</strong>tées dans<br />

le quatorzième chapitre <strong>de</strong> l’Apocalypse (v. 6-12)<br />

<strong>en</strong> rapport avec « l’Évangile éternel »,<br />

caractériseront l’Église <strong>de</strong> Jésus-Christ au mom<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> son retour. Voici, <strong>en</strong> effet, le résultat <strong>de</strong> la<br />

proclamation du triple message : « C’est ici la<br />

persévérance <strong>de</strong> ceux qui gard<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et la foi <strong>de</strong> Jésus. » Or,<br />

ce message est le <strong>de</strong>rnier qui sera donné au mon<strong>de</strong><br />

avant le retour du Christ. Aussitôt après la<br />

proclamation <strong>de</strong> ce message, le prophète voit le<br />

Fils <strong>de</strong> l’homme v<strong>en</strong>ir dans la gloire pour recueillir<br />

841


la moisson <strong>de</strong> la terre.<br />

<strong>Le</strong>s fidèles qui accueillai<strong>en</strong>t la lumière sur le<br />

sanctuaire et l’inviolabilité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu fur<strong>en</strong>t<br />

remplis d’admiration et <strong>de</strong> joie <strong>en</strong> voyant la beauté<br />

et l’harmonie <strong>de</strong> ces vérités. Impati<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> faire<br />

part au mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong> <strong>de</strong> leurs précieuses<br />

lumières, ils s’imaginai<strong>en</strong>t qu’ils serai<strong>en</strong>t reçus<br />

avec <strong>en</strong>thousiasme. Mais ces vérités, qui les<br />

euss<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> désaccord avec la société, fur<strong>en</strong>t<br />

mal accueillies par un grand nombre <strong>de</strong> ceux qui se<br />

disai<strong>en</strong>t disciples du Christ. L’obéissance au<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t exigeait un sacrifice que<br />

la majorité n’était pas disposée à cons<strong>en</strong>tir.<br />

En <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant prés<strong>en</strong>ter les droits du septième<br />

jour, plusieurs raisonnai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la façon suivante : «<br />

Nous avons toujours, <strong>de</strong> même que nos pères,<br />

observé le dimanche; un grand nombre d’hommes<br />

excell<strong>en</strong>ts et r<strong>en</strong>ommés pour leur piété l’ont aussi<br />

observé et sont morts <strong>en</strong> paix. S’ils étai<strong>en</strong>t dans la<br />

bonne voie, nous y sommes aussi. L’observation <strong>de</strong><br />

ce nouveau jour <strong>de</strong> repos nous brouillerait avec le<br />

mon<strong>de</strong> et nous priverait <strong>de</strong> toute influ<strong>en</strong>ce sur notre<br />

842


<strong>en</strong>tourage. Que peut faire un petit groupe<br />

d’observateurs du septième jour contre tout un<br />

mon<strong>de</strong> d’observateurs du dimanche? » C’est par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts du même g<strong>en</strong>re que les Juifs<br />

t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> justifier leur rejet <strong>de</strong> Jésus. <strong>Le</strong>urs pères<br />

avai<strong>en</strong>t été bénis <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> offrant leurs<br />

sacrifices; pourquoi leurs <strong>en</strong>fants n’obti<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>tils<br />

pas le salut <strong>de</strong> la même manière? Au temps <strong>de</strong><br />

Luther, <strong>de</strong> même, les papistes disai<strong>en</strong>t que <strong>de</strong> vrais<br />

chréti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t morts dans la foi catholique, et<br />

que, par conséqu<strong>en</strong>t, leur religion était suffisante<br />

pour assurer le salut. Un tel raisonnem<strong>en</strong>t aboutit à<br />

la suppression <strong>de</strong> tout progrès dans la foi et la vie<br />

religieuse.<br />

Plusieurs avançai<strong>en</strong>t que l’observation du<br />

dimanche était une doctrine et un usage séculaires<br />

et universels <strong>de</strong> l’Église. On leur répondait <strong>en</strong><br />

démontrant que le sabbat et son observation sont<br />

plus anci<strong>en</strong>s et plus universels <strong>en</strong>core, puisqu’ils<br />

sont aussi vieux que le mon<strong>de</strong>, et possèd<strong>en</strong>t la<br />

sanction <strong><strong>de</strong>s</strong> anges et du Créateur. C’est, <strong>en</strong> effet,<br />

quand les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la terre fur<strong>en</strong>t posés, alors<br />

que les étoiles du matin <strong>en</strong>tonnai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> chants<br />

843


d’allégresse et que les fils <strong>de</strong> Dieu poussai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

acclamations, que fur<strong>en</strong>t jetées les bases du jour du<br />

repos. ( Job 38.6, 7 et G<strong>en</strong>èse 2.1-3 ) Cette<br />

institution, qui ne se réclame d’aucune tradition,<br />

d’aucune autorité humaine, qui fut établie par<br />

l’anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours et consacrée par Sa Parole<br />

éternelle, a certainem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> droits à notre<br />

vénération.<br />

Lorsque la réforme du jour du repos fut<br />

publiquem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tée, <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs <strong>en</strong> r<strong>en</strong>om<br />

s’efforcèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> calmer les consci<strong>en</strong>ces inquiètes<br />

<strong>en</strong> tordant le s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Et ceux qui ne<br />

sondai<strong>en</strong>t pas le saint Livre pour eux-mêmes<br />

acceptèr<strong>en</strong>t volontiers <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions conformes à<br />

leurs désirs. On t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> réfuter la vérité par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

argum<strong>en</strong>ts? par <strong><strong>de</strong>s</strong> sophismes, par les traditions<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Pères et l’autorité <strong>de</strong> l’Église. Pour sout<strong>en</strong>ir la<br />

validité du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, ses<br />

déf<strong>en</strong>seurs sondèr<strong>en</strong>t leur Bible avec un zèle accru.<br />

Munis <strong>de</strong> cette seule arme, d’humbles hommes<br />

résistèr<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> savants qui constatèr<strong>en</strong>t, surpris et<br />

irrités, l’impuissance <strong>de</strong> leurs éloqu<strong>en</strong>ts sophismes<br />

contre le raisonnem<strong>en</strong>t simple et direct <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s<br />

844


versés dans les Écritures plutôt que dans les<br />

subtilités <strong>de</strong> l’École.<br />

En l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> tout témoignage biblique <strong>en</strong><br />

leur faveur, plusieurs – oubliant que le même<br />

raisonnem<strong>en</strong>t avait été employé contre Jésus et ses<br />

apôtres – répétai<strong>en</strong>t avec une inlassable<br />

persévérance : « Pourquoi nos hommes émin<strong>en</strong>ts<br />

ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t-ils pas cette question du sabbat?<br />

Vous n’êtes qu’une poignée; il est impossible que<br />

vous ayez raison et que tous les savants du mon<strong>de</strong><br />

ai<strong>en</strong>t tort. »<br />

Pour réfuter <strong>de</strong> tels argum<strong>en</strong>ts, il suffisait <strong>de</strong><br />

citer l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures et l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

voies <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong>vers son peuple au travers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles. Dieu opère par ceux qui l’écout<strong>en</strong>t, qui lui<br />

obéiss<strong>en</strong>t et qui sont disposés, s’il le faut, à faire<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités importunes et à dénoncer les<br />

péchés populaires. <strong>La</strong> raison pour laquelle Dieu ne<br />

se sert pas plus souv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> savants et d’hommes<br />

haut placés pour diriger <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

réforme, c’est qu’ils mett<strong>en</strong>t leur confiance dans<br />

leurs credo, leurs théories et leurs systèmes<br />

845


théologiques, et qu'ils n’éprouv<strong>en</strong>t pas le besoin <strong>de</strong><br />

se laisser <strong>en</strong>seigner d’<strong>en</strong> haut. Seuls ceux qui sont<br />

<strong>en</strong> rapport avec la Source <strong>de</strong> la sagesse peuv<strong>en</strong>t<br />

compr<strong>en</strong>dre et expliquer les Écritures. Lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes peu versés dans la sci<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles sont<br />

appelés à annoncer la vérité, ce n’est pas parce<br />

qu’ils sont ignorants, mais parce qu’ils ne sont pas<br />

remplis d’eux-mêmes, et ne refus<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> se<br />

laisser <strong>en</strong>seigner <strong>de</strong> Dieu. Disciples à l’école du<br />

Christ, ils sont grandis par leur humilité et leur<br />

obéissance. En leur confiant la connaissance <strong>de</strong> la<br />

vérité, Dieu leur confère une dignité <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

laquelle pâliss<strong>en</strong>t les honneurs terrestres et la<br />

gran<strong>de</strong>ur humaine.<br />

<strong>La</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes repoussa la vérité<br />

concernant le sanctuaire et la loi <strong>de</strong> Dieu.<br />

Beaucoup d’<strong>en</strong>tre eux abandonnèr<strong>en</strong>t aussi leur foi<br />

au mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste et adoptèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> vues<br />

illogiques et contradictoires touchant les prophéties<br />

et le mouvem<strong>en</strong>t lui-même. D’aucuns tombèr<strong>en</strong>t<br />

dans la manie <strong>de</strong> fixer pour le retour du Christ <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dates successives. <strong>La</strong> lumière qui brillait alors sur<br />

le sujet du sanctuaire leur aurait montré qu’aucune<br />

846


pério<strong>de</strong> prophétique n’atteint le retour du Seigneur,<br />

le temps exact <strong>de</strong> cet événem<strong>en</strong>t n’ayant pas été<br />

prédit. S’étant détournés <strong>de</strong> la lumière, ils<br />

s’évertuèr<strong>en</strong>t, à plusieurs reprises, à <strong>en</strong> fixer la<br />

date, mais ils essuyèr<strong>en</strong>t chaque fois un nouveau<br />

désappointem<strong>en</strong>t.<br />

Aux Thessalonici<strong>en</strong>s, qui avai<strong>en</strong>t reçu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

théories erronées touchant le retour du Seigneur,<br />

l’apôtre Paul conseilla judicieusem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> soumettre<br />

leurs espérances et leurs désirs à la critique <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. En leur citant les prophéties<br />

annonçant les événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>vant précé<strong>de</strong>r le retour<br />

<strong>de</strong> Jésus, il leur montra qu’ils n’avai<strong>en</strong>t aucune<br />

raison <strong>de</strong> l’att<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> leur temps. « Que personne<br />

ne vous séduise d’aucune manière » : tel fut son<br />

avertissem<strong>en</strong>t. En adoptant <strong><strong>de</strong>s</strong> vues non fondées<br />

sur les Écritures, ils courai<strong>en</strong>t le danger <strong>de</strong> faire<br />

fausse route, leurs désillusions les exposerai<strong>en</strong>t à la<br />

risée <strong><strong>de</strong>s</strong> impies, et ils risquai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> se laisser aller<br />

au découragem<strong>en</strong>t au point <strong>de</strong> douter <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

ess<strong>en</strong>tielles à leur salut. Cette exhortation <strong>de</strong><br />

l’apôtre aux Thessalonici<strong>en</strong>s r<strong>en</strong>fermait un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t important pour les <strong>de</strong>rniers jours.<br />

847


Beaucoup d’adv<strong>en</strong>tistes prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t que s’ils ne<br />

faisai<strong>en</strong>t reposer leur foi sur une date précise<br />

marquant le retour du Seigneur, ils ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

pas s’y préparer avec zèle et ferveur. Mais les<br />

dém<strong>en</strong>tis successifs infligés à leurs calculs eur<strong>en</strong>t<br />

pour effet d’ébranler leur foi au point qu’il <strong>de</strong>vint<br />

presque impossible <strong>de</strong> les intéresser aux grands<br />

faits <strong>de</strong> la prophétie.<br />

L’annonce <strong>de</strong> la date précise <strong>de</strong> l’heure du<br />

jugem<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong> la proclamation du premier<br />

message avait été voulue <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> calcul <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong> prophétiques sur lequel ce message était<br />

basé, fixant la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours à<br />

l’automne <strong>de</strong> 1844, était inattaquable. <strong>Le</strong>s<br />

t<strong>en</strong>tatives réitérées faites <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong><br />

nouvelles dates, et les raisonnem<strong>en</strong>ts illogiques sur<br />

lesquels ces théories reposai<strong>en</strong>t, ne faisai<strong>en</strong>t pas<br />

qu’éloigner les esprits <strong>de</strong> la vérité prés<strong>en</strong>te, ils<br />

jetai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre le discrédit sur la proclamation <strong>de</strong><br />

ce message. Plus se multipli<strong>en</strong>t et se généralis<strong>en</strong>t<br />

les t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong> fixer le temps précis du retour du<br />

Christ, mieux cela répond aux <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Satan.<br />

Dès qu’une date est passée, le Malin couvre <strong>de</strong><br />

848


idicule et <strong>de</strong> mépris ses propagateurs, et jette le<br />

discrédit sur le grand mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 1843-1844.<br />

Ceux qui s’obstin<strong>en</strong>t dans cette erreur finiront par<br />

fixer une date trop éloignée, et, bercés dans une<br />

fausse sécurité, ils ne se réveilleront que lorsqu’il<br />

sera trop tard.<br />

L’histoire <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong> Israël est une image<br />

frappante <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes. Dieu avait<br />

conduit ces <strong>de</strong>rniers tout comme il avait conduit<br />

son peuple hors d’Égypte. Dans le grand<br />

désappointem<strong>en</strong>t, leur foi avait été éprouvée<br />

comme l’avait été celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites à la mer<br />

Rouge. S’ils avai<strong>en</strong>t continué <strong>de</strong> mettre leur<br />

confiance <strong>en</strong> Celui qui les avait conduits, ils<br />

aurai<strong>en</strong>t vu le salut <strong>de</strong> Dieu. Si tous ceux qui<br />

travaillèr<strong>en</strong>t d’un commun accord à l’oeuvre <strong>en</strong><br />

1844 avai<strong>en</strong>t reçu le message du troisième ange et<br />

l’avai<strong>en</strong>t proclamé par la vertu du Saint-Esprit, le<br />

Seigneur aurait, par eux, opéré avec puissance. Un<br />

flot <strong>de</strong> lumière se serait répandu sur le mon<strong>de</strong>, les<br />

habitants <strong>de</strong> la terre aurai<strong>en</strong>t reçu l’avertissem<strong>en</strong>t,<br />

l’oeuvre se serait achevée, et il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> années que<br />

le Seigneur serait v<strong>en</strong>u pour introduire les si<strong>en</strong>s<br />

849


dans la gloire.<br />

Dieu ne désirait pas que les Israélites errass<strong>en</strong>t<br />

quarante ans dans le désert; il voulait les conduire<br />

directem<strong>en</strong>t au pays <strong>de</strong> Canaan et les y voir saints<br />

et heureux. Mais « ils ne pur<strong>en</strong>t y <strong>en</strong>trer à cause <strong>de</strong><br />

leur incrédulité. » ( Hébreux 3.19 ) <strong>Le</strong>urs<br />

murmures et leurs apostasies les fir<strong>en</strong>t tomber dans<br />

le désert, et une autre génération fut suscitée. pour<br />

possé<strong>de</strong>r le pays promis. Dieu ne désirait pas non<br />

plus que le retour <strong>de</strong> Jésus tardât si longtemps, et<br />

que ses <strong>en</strong>fants <strong>de</strong>meurass<strong>en</strong>t tant d’années dans un<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> douleur et <strong>de</strong> larmes. Mais leur<br />

incrédulité les a séparés <strong>de</strong> Dieu. Ayant refusé<br />

d’accomplir la tâche qu’il leur avait assignée, ils<br />

ont été remplacés par d’autres. C’est par<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>en</strong>vers le mon<strong>de</strong> que Jésus retar<strong>de</strong> Sa<br />

v<strong>en</strong>ue, afin <strong>de</strong> donner aux pécheurs l’occasion<br />

d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre l’avertissem<strong>en</strong>t, et <strong>de</strong> trouver <strong>en</strong> lui un<br />

abri au jour <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu.<br />

Aujourd’hui, comme dans les siècles<br />

précéd<strong>en</strong>ts, le message dénonçant les péchés et les<br />

erreurs <strong>de</strong> notre époque suscitera <strong>de</strong> l’opposition. «<br />

850


Quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vi<strong>en</strong>t<br />

point à la lumière, <strong>de</strong> peur que ses oeuvres ne<br />

soi<strong>en</strong>t dévoilées. » ( Jean 3.20 ) Devant<br />

l’impossibilité <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>dre leurs positions par les<br />

Écritures, et décidés à s’y maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong><br />

tout, les adversaires attaqu<strong>en</strong>t la réputation et les<br />

mobiles <strong>de</strong> ceux qui plaid<strong>en</strong>t la cause d’une vérité<br />

impopulaire. Cette tactique a servi dans tous les<br />

siècles. Élie fut accusé <strong>de</strong> troubler Israël, Jérémie,<br />

<strong>de</strong> le trahir et Paul, d’avoir souillé le temple. En<br />

tout temps, ceux qui ont voulu sout<strong>en</strong>ir la vérité ont<br />

été dénoncés comme séditieux, hérétiques et<br />

schismatiques. Des foules, trop peu croyantes pour<br />

accepter la « parole certaine » <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes,<br />

recevront avec une crédulité aveugle une<br />

accusation contre ceux qui os<strong>en</strong>t dénoncer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés à la mo<strong>de</strong>. Cet esprit se manifestera <strong>de</strong> plus<br />

<strong>en</strong> plus. <strong>Le</strong>s Écritures annonc<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t que le<br />

jour vi<strong>en</strong>dra où les lois civiles seront si contraires à<br />

la loi <strong>de</strong> Dieu que celui qui voudra obéir aux<br />

préceptes divins <strong>de</strong>vra braver l’opprobre et les<br />

châtim<strong>en</strong>ts réservés aux malfaiteurs.<br />

En face <strong>de</strong> cette situation, que doit faire le<br />

851


messager <strong>de</strong> la vérité? Doit-il la taire, puisqu’elle<br />

ne fait que pousser les g<strong>en</strong>s à l’élu<strong>de</strong>r ou à la nier?<br />

Nullem<strong>en</strong>t. Il n’a pas plus <strong>de</strong> raisons <strong>de</strong> la cacher<br />

que n’<strong>en</strong> ont eu les anci<strong>en</strong>s réformateurs. L'histoire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> saints et <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs a été conservée au profit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> générations futures. Ces vivants exemples <strong>de</strong><br />

sainteté et <strong>de</strong> fermeté inébranlable nous sont<br />

parv<strong>en</strong>us pour <strong>en</strong>courager ceux qui sont maint<strong>en</strong>ant<br />

à la brèche. Ce n’est pas pour eux seulem<strong>en</strong>t qu’ils<br />

ont reçu la grâce et la vérité, mais afin d’<strong>en</strong><br />

illuminer la terre. Si Dieu a confié <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières à<br />

ses serviteurs, c’est pour qu’ils les fass<strong>en</strong>t briller<br />

sur le mon<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong> Seigneur disait autrefois à l’un <strong>de</strong> Ses porteparole<br />

: « <strong>La</strong> maison d’Israël ne voudra pas<br />

t’écouter, parce qu’elle ne veut pas m’écouter. »<br />

Néanmoins, « tu leur diras mes paroles, qu’ils<br />

écout<strong>en</strong>t ou qu’ils n’écout<strong>en</strong>t pas ». ( Ézéchiel 3.7;<br />

2.7 ) Au serviteur <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> notre temps est donné<br />

cet ordre : « Crie à plein gosier, ne te reti<strong>en</strong>s pas,<br />

élève ta voix comme une trompette, et annonce à<br />

mon peuple ses iniquités, à la maison <strong>de</strong> Jacob ses<br />

péchés. »<br />

852


Dans la mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> moy<strong>en</strong>s qui lui ont été<br />

confiés, quiconque a reçu la lumière <strong>de</strong> la vérité est<br />

sous la même responsabilité sol<strong>en</strong>nelle et<br />

redoutable que le prophète d’Israël auquel le<br />

Seigneur disait : « Fils <strong>de</strong> l’homme, je t’ai établi<br />

comme s<strong>en</strong>tinelle sur la maison d’Israël. Tu dois<br />

écouter la parole qui sort <strong>de</strong> ma bouche, et les<br />

avertir <strong>de</strong> ma part. Quand je dis au méchant :<br />

Méchant, tu mourras! si tu ne parles pas pour<br />

détourner le méchant <strong>de</strong> sa voie, ce méchant<br />

mourra dans son iniquité, et je te re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai son<br />

sang. Mais si tu avertis le méchant pour le<br />

détourner <strong>de</strong> sa voie, et qu’il ne s’<strong>en</strong> détourne pas,<br />

il mourra dans son iniquité; et toi tu sauveras ton<br />

âme. » ( Ézéchiel 33.7-9 )<br />

<strong>Le</strong> grand obstacle qui empêche la proclamation<br />

et la réception <strong>de</strong> la vérité, c’est qu’elle suscite<br />

l’opprobre et la persécution. C’est là le seul<br />

argum<strong>en</strong>t contre la vérité que ses champions<br />

n’ai<strong>en</strong>t jamais pu réfuter. Mais ce fait ne rebute pas<br />

le vrai disciple <strong>de</strong> Jésus-Christ. Il n’att<strong>en</strong>d pas que<br />

la vérité <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>ne populaire pour la déf<strong>en</strong>dre.<br />

853


Convaincu <strong>de</strong> son <strong>de</strong>voir, il <strong>en</strong> accepte<br />

délibérém<strong>en</strong>t les inconvéni<strong>en</strong>ts, estimant, après<br />

l’apôtre <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>tils, que « nos légères afflictions du<br />

mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t produis<strong>en</strong>t pour nous, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

toute mesure, un poids éternel <strong>de</strong> gloire » ( 2<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 4.17 ); il considère avec un anci<strong>en</strong><br />

prophète « l’opprobre <strong>de</strong> Christ comme une<br />

richesse plus gran<strong>de</strong> que les trésors <strong>de</strong> l’Égypte » (<br />

Hébreux 11.26 ).<br />

Quelle que soit leur profession <strong>de</strong> foi, ceux qui,<br />

dans les choses religieuses, se laiss<strong>en</strong>t diriger par la<br />

prud<strong>en</strong>ce plutôt que par <strong><strong>de</strong>s</strong> principes, ne sont que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> opportunistes. Il faut faire le bi<strong>en</strong> parce que<br />

c’est le bi<strong>en</strong>, et laisser à Dieu le soin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conséqu<strong>en</strong>ces. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> est re<strong>de</strong>vable <strong>de</strong> toutes<br />

ses gran<strong><strong>de</strong>s</strong> réformes à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> principe, <strong>de</strong><br />

foi et <strong>de</strong> courage; c’est par <strong>de</strong> tels hommes que<br />

celle <strong>de</strong> notre temps doit être m<strong>en</strong>ée à bi<strong>en</strong>.<br />

Voici ce que le Seigneur dit à ses serviteurs : «<br />

Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice,<br />

peuple, qui as ma loi dans ton coeur! Ne craignez<br />

pas l’opprobre <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, et ne tremblez pas<br />

854


<strong>de</strong>vant leurs outrages. Car la teigne les dévorera<br />

comme un vêtem<strong>en</strong>t, et la gerce les rongera comme<br />

<strong>de</strong> la laine; mais ma justice durera éternellem<strong>en</strong>t, et<br />

mon salut s’ét<strong>en</strong>dra d’âge <strong>en</strong> âge. » ( Ésaïe 51.7, 8<br />

)<br />

855


Chapitre 27<br />

Réveils mo<strong>de</strong>rnes<br />

Partout où la Parole <strong>de</strong> Dieu a été fidèlem<strong>en</strong>t<br />

annoncée, les résultats <strong>en</strong> ont attesté la divine<br />

origine. L'Esprit <strong>de</strong> Dieu a accompagné Ses<br />

serviteurs, revêtu leur parole <strong>de</strong> puissance et<br />

réveillé la consci<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs. <strong>La</strong> « lumière<br />

qui, <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant dans le mon<strong>de</strong>, éclaire tout homme<br />

», a illuminé les replis les plus secrets <strong>de</strong> leur âme,<br />

et ce qui était caché dans les ténèbres a été mis <strong>en</strong><br />

pleine lumière. Un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t profond <strong>de</strong> leur<br />

culpabilité s'est emparé <strong>de</strong> leur esprit et <strong>de</strong> leur<br />

coeur. Ils ont été convaincus « <strong>en</strong> ce qui concerne<br />

le péché, la justice et le jugem<strong>en</strong>t » à v<strong>en</strong>ir. Un<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t très vif <strong>de</strong> la justice <strong>de</strong> Jéhovah les a<br />

saisis, et, terrifiés à la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> paraître <strong>de</strong>vant<br />

Celui qui son<strong>de</strong> les coeurs, ils se sont écriés : « Qui<br />

me délivrera? » Aussi, quand la croix du Calvaire,<br />

sacrifice infini cons<strong>en</strong>ti par Dieu lui-même pour<br />

sauver le pécheur, s'est prés<strong>en</strong>tée à leurs regards,<br />

ils ont compris que seuls les mérites <strong>de</strong> Jésus-<br />

856


Christ pouvai<strong>en</strong>t expier leurs transgressions et les<br />

réconcilier avec Dieu. Humbles et croyants, ils ont<br />

accepté « l'agneau <strong>de</strong> Dieu qui ôte les péchés du<br />

mon<strong>de</strong> », et dont le sang leur a obt<strong>en</strong>u la «<br />

rémission ».<br />

Ces convertis-là produisai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> « fruits<br />

dignes <strong>de</strong> la rep<strong>en</strong>tance. Ils croyai<strong>en</strong>t, ils étai<strong>en</strong>t<br />

baptisés, et ils se relevai<strong>en</strong>t pour marcher « <strong>en</strong><br />

nouveauté <strong>de</strong> vie ». Dev<strong>en</strong>us <strong>de</strong> « nouvelles<br />

créatures » <strong>en</strong> Jésus-Christ, ils ne « marchai<strong>en</strong>t »<br />

plus selon les « convoitises d'autrefois », mais<br />

suivai<strong>en</strong>t par la foi l'empreinte <strong><strong>de</strong>s</strong> pas du Fils <strong>de</strong><br />

Dieu, reproduisant Son caractère et se « purifiant<br />

comme lui-même est pur ». Ils aimai<strong>en</strong>t désormais<br />

les choses qu'ils haïssai<strong>en</strong>t autrefois, et haïssai<strong>en</strong>t<br />

les choses qu'ils aimai<strong>en</strong>t. L'orgueilleux, le<br />

présomptueux, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait doux et humble <strong>de</strong> coeur.<br />

L'homme vain et altier se montrait sérieux et<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te. <strong>Le</strong> matérialiste <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ait religieux, le<br />

buveur, sobre et le débauché, chaste. <strong>Le</strong>s vaines<br />

coutumes du mon<strong>de</strong> étai<strong>en</strong>t abandonnées. <strong>Le</strong>s<br />

convertis ne s'adonnai<strong>en</strong>t pas à la parure extérieure,<br />

aux « ornem<strong>en</strong>ts d'or ou aux habits qu'on revêt »,<br />

857


mais à la parure « intérieure et cachée dans le<br />

coeur, à la pureté incorruptible d'un esprit doux et<br />

paisible, qui est d'un grand prix <strong>de</strong>vant Dieu ». (1<br />

Pierre 3.3-4)<br />

Ces réveils étai<strong>en</strong>t caractérisés par d'humbles et<br />

profonds exam<strong>en</strong>s <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce. On y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> appels sol<strong>en</strong>nels adressés aux pécheurs par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes animés d'une compassion profon<strong>de</strong> <strong>en</strong>vers<br />

les êtres pour lesquels Jésus a versé Son sang. Des<br />

hommes et <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes implorai<strong>en</strong>t, par d'ard<strong>en</strong>tes<br />

prières d'intercession, le salut <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs. Ces<br />

réveils <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes qui, loin <strong>de</strong> reculer<br />

<strong>de</strong>vant le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et le sacrifice, se<br />

réjouissai<strong>en</strong>t d'être jugées dignes d'<strong>en</strong>durer<br />

l'opprobre pour l'amour <strong>de</strong> Jésus-Christ. On<br />

constatait une transformation dans la vie <strong>de</strong> ces<br />

nouveaux croyants. <strong>Le</strong>s milieux où ils vivai<strong>en</strong>t<br />

bénéficiai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur influ<strong>en</strong>ce. Ils « rassemblai<strong>en</strong>t<br />

avec Jésus-Christ » et « semai<strong>en</strong>t pour l'Esprit », <strong>en</strong><br />

vue <strong>de</strong> « récolter pour la vie éternelle ».<br />

À eux s'appliquai<strong>en</strong>t ces paroles : « Vous avez<br />

été attristés selon Dieu... Car la tristesse selon Dieu<br />

858


produit une conversion à salut dont on ne se rep<strong>en</strong>t<br />

point; mais la tristesse du mon<strong>de</strong> produit la mort.<br />

Voyez <strong>en</strong> effet cette tristesse même selon Dieu que<br />

vous avez éprouvée, quel empressem<strong>en</strong>t elle a<br />

produit <strong>en</strong> vous! et même quelle apologie, et même<br />

quelle indignation, et même quelle crainte, et<br />

même quel ard<strong>en</strong>t désir, et même quel zèle, et<br />

même quel châtim<strong>en</strong>t! » (2 Corinthi<strong>en</strong>s 7.9-11)<br />

Tel est le résultat <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu.<br />

Là où il n'y a pas <strong>de</strong> réforme, il n'y a pas eu <strong>de</strong><br />

véritable rep<strong>en</strong>tir. Si le pécheur r<strong>en</strong>d le gage,<br />

restitue ce qu'il a dérobé, confesse ses péchés, et<br />

s'il aime le Seigneur et ses semblables, il peut avoir<br />

l'assurance d'être <strong>en</strong> paix avec Dieu. Tels étai<strong>en</strong>t<br />

les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> anci<strong>en</strong>s réveils. En les jugeant par<br />

leurs fruits, on pouvait dire qu'ils étai<strong>en</strong>t bénis <strong>de</strong><br />

Dieu pour le salut <strong><strong>de</strong>s</strong> individus et le relèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'humanité.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, maints réveils mo<strong>de</strong>rnes<br />

prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un contraste frappant avec les<br />

manifestations <strong>de</strong> la grâce divine qui<br />

accompagnai<strong>en</strong>t autrefois les travaux <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs<br />

859


<strong>de</strong> Dieu. Il est vrai qu'ils font s<strong>en</strong>sation. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s se dis<strong>en</strong>t convertis, et les Églises <strong>en</strong>registr<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> nombreuses adhésions. Néanmoins, les faits ne<br />

nous autoris<strong>en</strong>t pas à croire qu'il y ait eu une<br />

augm<strong>en</strong>tation proportionnelle <strong>de</strong> véritable vie<br />

spirituelle. Ce feu <strong>de</strong> paille ne tar<strong>de</strong> pas à s'éteindre<br />

et laisse <strong>de</strong>rrière lui <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres plus épaisses<br />

qu'auparavant.<br />

<strong>Le</strong>s réveils populaires sont trop souv<strong>en</strong>t<br />

produits par <strong><strong>de</strong>s</strong> appels à l'imagination, par<br />

l'excitation <strong><strong>de</strong>s</strong> émotions : ils satisfont le goût du<br />

clinquant et <strong>de</strong> la nouveauté. <strong>Le</strong>s convertis recrutés<br />

<strong>de</strong> cette façon sont peu désireux d'écouter les<br />

Écritures le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophètes les laisse indiffér<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s services<br />

religieux qui n'ont ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> s<strong>en</strong>sationnel ne les<br />

attir<strong>en</strong>t pas. <strong>Le</strong>s messages qui ne font appel qu'à la<br />

raison ne trouv<strong>en</strong>t aucun écho dans leur âme. <strong>Le</strong>s<br />

avertissem<strong>en</strong>ts positifs <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu qui<br />

concern<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t leurs intérêts éternels sont<br />

pour eux lettre morte.<br />

Pour toute âme réellem<strong>en</strong>t convertie, le grand<br />

860


objet <strong>de</strong> la vie, c'est la connaissance <strong>de</strong> Dieu et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses éternelles. Mais où trouve-t-on, <strong>de</strong> nos<br />

jours, dans les églises <strong>en</strong> vogue, cet esprit <strong>de</strong><br />

consécration à Dieu? <strong>Le</strong>s convertis ne se<br />

débarrass<strong>en</strong>t ni <strong>de</strong> leur orgueil ni <strong>de</strong> leur amour du<br />

mon<strong>de</strong>. Ils ne sont pas plus disposés qu'avant leur<br />

conversion à r<strong>en</strong>oncer à eux-mêmes, à se charger<br />

<strong>de</strong> la croix du Sauveur et à suivre l'humble et doux<br />

Jésus. <strong>La</strong> puissance <strong>de</strong> la piété a presque disparu <strong>de</strong><br />

plusieurs églises; les soirées théâtrales les<br />

tombolas, les v<strong>en</strong>tes, la toilette <strong>en</strong> ont banni la<br />

p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s terres, les belles villas, les<br />

projets et les occupations <strong>de</strong> cette vie rempliss<strong>en</strong>t<br />

tellem<strong>en</strong>t les coeurs que l'on accor<strong>de</strong> tout au plus<br />

une p<strong>en</strong>sée fugitive à ce qui concerne nos intérêts<br />

éternels. Un grand nombre <strong>de</strong> ceux qui se<br />

réclam<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la religion <strong>en</strong> ignor<strong>en</strong>t à tel point les<br />

principes qu'elle est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue la risée <strong><strong>de</strong>s</strong> incrédules<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> sceptiques.<br />

Malgré le déclin général <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la piété,<br />

il y a <strong>en</strong>core, dans ces églises, <strong>de</strong> vrais disciples du<br />

Sauveur. Aussi, avant que les jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu<br />

fond<strong>en</strong>t sur la terre, il y aura au sein <strong>de</strong> son peuple<br />

861


un réveil <strong>de</strong> la piété primitive tel qu'on n'<strong>en</strong> a pas<br />

vu <strong>de</strong>puis les jours <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres. Dieu accor<strong>de</strong>ra à<br />

Ses <strong>en</strong>fants l'Esprit et la puissance d'<strong>en</strong> haut. Alors,<br />

<strong>de</strong> nombreuses âmes sortiront <strong><strong>de</strong>s</strong> églises où<br />

l'amour du mon<strong>de</strong> a supplanté l'amour <strong>de</strong> Dieu et<br />

<strong>de</strong> Sa Parole. Beaucoup <strong>de</strong> pasteurs et <strong>de</strong> fidèles<br />

accepteront joyeusem<strong>en</strong>t les vérités que Dieu a fait<br />

proclamer <strong>en</strong> ce temps-ci pour préparer un peuple<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du Christ. Pour <strong>en</strong>rayer<br />

cette oeuvre, l'<strong>en</strong>nemi <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes <strong>en</strong> suscite <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contrefaçons donnant l'impression que la<br />

bénédiction <strong>de</strong> Dieu est répandue sur les églises<br />

qu'il égare. De grands réveils sembleront se<br />

produire, et <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> attribueront au Seigneur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses merveilleuses dues à un tout autre<br />

esprit. Déguisé sous le manteau <strong>de</strong> la religion,<br />

Satan t<strong>en</strong>tera d'ét<strong>en</strong>dre son influ<strong>en</strong>ce sur le mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>.<br />

L'esprit qui caractérisera les grands<br />

mouvem<strong>en</strong>ts religieux <strong>de</strong> l'av<strong>en</strong>ir s'est exercé à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>grés divers dans un grand nombre <strong>de</strong> réveils nés<br />

au cours du siècle <strong>de</strong>rnier. Ils font surtout appel au<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t et on y trouve un mélange <strong>de</strong> vrai et <strong>de</strong><br />

862


faux propre à induire <strong>en</strong> erreur. Mais la séduction<br />

n'est pas inévitable. Il n'est pas difficile, à la<br />

lumière <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> déterminer la<br />

nature <strong>de</strong> ces mouvem<strong>en</strong>ts. On peut être sûr que la<br />

bénédiction <strong>de</strong> Dieu n'est pas là où l'on néglige le<br />

témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures et où l'on se détourne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vérités qui exig<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et la séparation<br />

du mon<strong>de</strong>. Si, <strong>en</strong> outre, on applique cette règle <strong>de</strong><br />

Jésus : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. »<br />

(Matthieu 7.16), on pourra se convaincre que ces<br />

mouvem<strong>en</strong>ts ne procèd<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu.<br />

Dieu s'est révélé aux hommes par les vérités <strong>de</strong><br />

Sa Parole; quiconque les accepte est à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

séductions <strong>de</strong> Satan. C'est le fait <strong>de</strong> les avoir<br />

négligées qui a ouvert la porte à tous les maux dont<br />

souffre le mon<strong>de</strong> religieux. On a, dans une large<br />

mesure, perdu <strong>de</strong> vue la nature et l'importance <strong>de</strong> la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu. Une fausse conception du caractère et<br />

<strong>de</strong> la perpétuelle obligation <strong>de</strong> la loi divine a ouvert<br />

la voie à <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs sur la conversion et la<br />

sanctification, et a eu pour conséqu<strong>en</strong>ce un<br />

abaissem<strong>en</strong>t du niveau <strong>de</strong> la piété dans les églises.<br />

C'est la raison pour laquelle l'Esprit et la puissance<br />

863


<strong>de</strong> Dieu sont abs<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> réveils mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Dans les diverses églises chréti<strong>en</strong>nes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes reconnaiss<strong>en</strong>t ce fait et le déplor<strong>en</strong>t. Un<br />

professeur signale <strong>en</strong> termes excell<strong>en</strong>ts les périls<br />

que court actuellem<strong>en</strong>t la religion : « L'une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

causes <strong>de</strong> notre faiblesse, dit-il, c'est que, du haut<br />

<strong>de</strong> la chaire, on ne met pas assez <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les<br />

droits <strong>de</strong> la loi divine. Autrefois, nos chaires étai<strong>en</strong>t<br />

l'écho <strong>de</strong> la voix <strong>de</strong> la consci<strong>en</strong>ce... Nos<br />

prédicateurs les plus émin<strong>en</strong>ts, suivant l'exemple<br />

du Maître, donnai<strong>en</strong>t à leurs discours une étonnante<br />

majesté <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> relief la loi, ses préceptes et<br />

ses m<strong>en</strong>aces. <strong>Le</strong>urs <strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> maximes étai<strong>en</strong>t<br />

que la loi est une manifestation <strong><strong>de</strong>s</strong> perfections<br />

divines, et que celui qui n'aime pas la loi n'aime<br />

pas non plus l'Évangile; car la loi, aussi bi<strong>en</strong> que<br />

l'Évangile, est un miroir qui réfléchit le vrai<br />

caractère <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> péril où nous sommes <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre un autre : celui <strong>de</strong> ne pas voir la nature<br />

odieuse du péché, son ét<strong>en</strong>due, sa culpabilité. Or,<br />

l'énormité <strong>de</strong> la désobéissance est proportionnée à<br />

l'excell<strong>en</strong>ce du comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t...<br />

864


» Aux dangers m<strong>en</strong>tionnés précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t<br />

s'ajoute celui <strong>de</strong> ravaler la justice <strong>de</strong> Dieu. <strong>La</strong><br />

t<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> la prédication mo<strong>de</strong>rne est <strong>de</strong> filtrer la<br />

justice <strong>de</strong> Dieu au travers <strong>de</strong> sa bi<strong>en</strong>veillance, et<br />

d'abaisser celle-ci au niveau d'un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t au lieu<br />

<strong>de</strong> l'élever à la hauteur d'un principe. <strong>Le</strong> prisme <strong>de</strong><br />

la nouvelle théologie sépare ce que Dieu a réuni.<br />

<strong>La</strong> loi divine est-elle un bi<strong>en</strong> on un mal? Elle est un<br />

bi<strong>en</strong>. Donc, la justice est un bi<strong>en</strong>, puisqu'elle a pour<br />

but la pratique <strong>de</strong> la loi. Aussi, <strong>de</strong> l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

sous-estimer la loi et la justice <strong>de</strong> Dieu, et, par<br />

suite, ce que la désobéissance <strong>de</strong> l'homme a<br />

d'odieux, on glisse facilem<strong>en</strong>t dans le travers <strong>de</strong><br />

déprécier la grâce qui découle <strong>de</strong> l'expiation du<br />

péché. » Ainsi l'Évangile perd sa valeur et son<br />

importance aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, et, pour peu que<br />

l'on fasse un pas <strong>de</strong> plus, on n'hé<strong>site</strong>ra pas à rejeter<br />

pratiquem<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong> Dieu elle-même.<br />

Maints conducteurs religieux affirm<strong>en</strong>t que<br />

Jésus, par Sa mort, a aboli la loi, et que nous ne<br />

sommes, par conséqu<strong>en</strong>t, plus t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> l'observer.<br />

Il <strong>en</strong> est qui la représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t comme un joug irritant<br />

et qui oppos<strong>en</strong>t au prét<strong>en</strong>du esclavage <strong>de</strong> la loi la<br />

865


liberté dont on jouit sous l'Évangile.<br />

Ce n'est pas ainsi que les apôtres et les<br />

prophètes <strong>en</strong>visageai<strong>en</strong>t la sainte loi <strong>de</strong> Dieu.<br />

David déclarait : « Je marcherai au large, car je<br />

recherche tes ordonnances. » (Psaume 119.45)<br />

L'apôtre Jacques, qui écrivait après la mort du<br />

Sauveur, appelle le décalogue « la loi royale », « la<br />

loi parfaite, la loi <strong>de</strong> la liberté » (Jacques 2.8; 1.25)<br />

et le voyant <strong>de</strong> Patmos, un <strong>de</strong>mi-siècle après la<br />

crucifixion, prononce une bénédiction sur « ceux<br />

qui pratiqu<strong>en</strong>t Ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, afin qu'ils<br />

ai<strong>en</strong>t droit à l'arbre <strong>de</strong> la vie et qu'ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t par les<br />

portes dans la ville ». (Apocalypse 22.14, vers. <strong>de</strong><br />

<strong>La</strong>usanne)<br />

C'est sans raison qu'on a prét<strong>en</strong>du que, par Sa<br />

mort, Jésus avait aboli la loi <strong>de</strong> Son Père. S'il avait<br />

été possible d'am<strong>en</strong><strong>de</strong>r ou <strong>de</strong> supprimer la loi, le<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu n'aurait pas eu besoin <strong>de</strong> mourir pour<br />

soustraire l'homme à la pénalité du péché. Loin<br />

d'abolir la loi, la mort <strong>de</strong> Jésus-Christ prouve<br />

qu'elle est immuable. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu est v<strong>en</strong>u<br />

r<strong>en</strong>dre Sa « loi gran<strong>de</strong> et magnifique » (Ésaïe<br />

866


42.21). Il déclarait : « Ne croyez pas que je sois<br />

v<strong>en</strong>u pour abolir la loi. ... Tant que le ciel et la terre<br />

ne passeront point, il ne disparaîtra pas <strong>de</strong> la loi un<br />

seul iota ou un seul trait <strong>de</strong> lettre. » (Matthieu 5.17-<br />

18) Et pour ce qui <strong>Le</strong> concerne personnellem<strong>en</strong>t, Il<br />

s'exprime prophétiquem<strong>en</strong>t ainsi : « Je veux faire ta<br />

volonté, mon Dieu! Et ta loi est au fond <strong>de</strong> mon<br />

coeur. » (Psaume 40.9)<br />

Par sa nature, la loi <strong>de</strong> Dieu est immuable. Elle<br />

est une révélation <strong>de</strong> la volonté et du caractère <strong>de</strong><br />

Son auteur. Dieu étant amour, Sa loi aussi est<br />

amour. Ses <strong>de</strong>ux grands principes sont l'amour <strong>de</strong><br />

Dieu et l'amour du prochain. « L'amour est donc<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la loi. » (Romains 13.10) <strong>Le</strong><br />

caractère <strong>de</strong> Dieu est fait <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> vérité ;<br />

telle est aussi la nature <strong>de</strong> Sa loi. « Ta loi est la<br />

vérité », dit le psalmiste; « tous tes<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts sont justes » (Psaume 119.142,<br />

172). De son côté, l'apôtre Paul déclare : « <strong>La</strong> loi<br />

est sainte, et le comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t est saint, juste et<br />

bon. » (Romains 7.12) Une loi qui est l'expression<br />

<strong>de</strong> la p<strong>en</strong>sée et <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> Dieu doit subsister<br />

aussi longtemps que Son auteur.<br />

867


Réconcilier l'homme avec Dieu et avec les<br />

principes <strong>de</strong> la loi divine, telle est l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />

conversion et <strong>de</strong> la sanctification. L'homme créé à<br />

l'image <strong>de</strong> Dieu était <strong>en</strong> parfaite harmonie avec la<br />

nature et la loi du Créateur. <strong>Le</strong>s principes <strong>de</strong> la<br />

justice étai<strong>en</strong>t écrits dans son coeur. Mais le péché<br />

l'a séparé <strong>de</strong> Dieu. Il ne réfléchit plus l'image<br />

divine. Il est <strong>en</strong> guerre avec les saints principes <strong>de</strong><br />

Sa loi. « L'affection <strong>de</strong> la chair est inimitié contre<br />

Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi <strong>de</strong><br />

Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. » (Romains<br />

8.7) Mais « Dieu a tant aimé le mon<strong>de</strong> qu'il a<br />

donné son Fils unique », afin <strong>de</strong> « réconcilier<br />

l'homme avec lui-même ». Par les mérites <strong>de</strong><br />

JÉsus, l'accord a été rétabli <strong>en</strong>tre le Créateur et sa<br />

créature; celle-ci, r<strong>en</strong>ouvelée par la grâce divine,<br />

mise <strong>en</strong> possession d'une vie nouvelle, est<br />

transformée par une « nouvelle naissance » sans<br />

laquelle, a dit Jésus, nul « ne peut voir le royaume<br />

<strong>de</strong> Dieu ».<br />

<strong>Le</strong> premier pas vers la réconciliation avec Dieu,<br />

c'est la conviction du péché. « <strong>Le</strong> péché est la<br />

868


transgression <strong>de</strong> la loi. » « C'est par la loi que vi<strong>en</strong>t<br />

la connaissance du péché. » (1 Jean 3.4; Romains<br />

3.2) Pour voir sa culpabilité, il faut que le pécheur<br />

se compare avec la gran<strong>de</strong> règle <strong>de</strong> la justice<br />

divine. C'est un miroir fidèle qui donne l'image<br />

d'un caractère parfait, et qui r<strong>en</strong>d le pécheur<br />

capable <strong>de</strong> discerner ses défauts.<br />

Mais si la loi nous révèle nos péchés, elle ne<br />

nous <strong>en</strong> donne pas le remè<strong>de</strong>. Si elle promet la vie<br />

a celui qui obéit, elle prononce la peine <strong>de</strong> mort<br />

contre les transgresseurs. Seul l'Évangile peut<br />

purifier <strong><strong>de</strong>s</strong> souillures du péché. Par la conversion à<br />

Dieu, dont il a transgressé la loi, et par la foi au<br />

sacrifice expiatoire <strong>de</strong> Jésus-Christ, l'homme<br />

obti<strong>en</strong>t la « rémission <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés passés » et<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t participant <strong>de</strong> la nature divine. Il est<br />

désormais <strong>en</strong>fant <strong>de</strong> Dieu, parce qu'il a reçu l'esprit<br />

d'adoption par lequel il crie : « Abba, Père! »<br />

À la question : Est-il désormais libre <strong>de</strong><br />

transgresser la loi? Paul répond : « Anéantissonsnous<br />

donc la loi par la foi? Loin <strong>de</strong> là! Au<br />

contraire, nous confirmons la loi. » « Nous qui<br />

869


sommes morts au péché, comm<strong>en</strong>t vivrions-nous<br />

<strong>en</strong>core dans le péché? » Jean ajoute : « L'amour <strong>de</strong><br />

Dieu consiste à gar<strong>de</strong>r ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts. Et ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts ne sont pas pénibles. » (Romains<br />

3.31; Romains 6.2; 1 Jean 5.3) Par la nouvelle<br />

naissance, le pécheur est mis <strong>en</strong> harmonie avec<br />

Dieu et avec Sa loi. Dès que ce changem<strong>en</strong>t s'est<br />

produit, l'homme est passé <strong>de</strong> la mort à la vie, du<br />

péché à la sainteté, <strong>de</strong> la transgression et <strong>de</strong> la<br />

révolte à l'obéissance et à la fidélité. L'anci<strong>en</strong>ne vie<br />

d'inimitié contre Dieu n'est plus. Il est <strong>en</strong>tré dans<br />

une vie nouvelle <strong>de</strong> réconciliation, <strong>de</strong> foi et<br />

d'amour. Alors, « la justice <strong>de</strong> la loi » est «<br />

accomplie <strong>en</strong> nous, qui marchons, non selon la<br />

chair, mais selon l'esprit ». (Romains 8.4) Et le<br />

croyant s'écrie du fond du coeur : « Combi<strong>en</strong> j'aime<br />

ta loi! Elle est tout le jour l'objet <strong>de</strong> ma méditation.<br />

» (Psaumes 119.97)<br />

« <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> l'Éternel est parfaite, elle restaure<br />

l'âme. » (Psaumes 19.8) Sans la loi, on n'a aucune<br />

idée <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la sainteté <strong>de</strong> Dieu, ni <strong>de</strong> sa<br />

propre culpabilité et <strong>de</strong> sa misère. On n'a aucune<br />

conviction réelle du péché, et on n'éprouve aucun<br />

870


esoin <strong>de</strong> s'am<strong>en</strong><strong>de</strong>r. Ne se s<strong>en</strong>tant pas perdu par<br />

ses transgressions <strong>de</strong> la loi divine, on ne voit pas la<br />

nécessité du sang expiatoire du Sauveur. On<br />

accepte l'espérance du salut sans changem<strong>en</strong>t<br />

radical du coeur et sans réforme <strong>de</strong> la vie. C'est<br />

ainsi que les conversions superficielles se<br />

multipli<strong>en</strong>t et que <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans<br />

l'Église sans être réellem<strong>en</strong>t unies au Sauveur.<br />

Des théories erronées touchant la sanctification<br />

jou<strong>en</strong>t un grand rôle dans les mouvem<strong>en</strong>ts religieux<br />

<strong>de</strong> notre époque. Ces théories, non seulem<strong>en</strong>t<br />

fausses mais dangereuses, trouv<strong>en</strong>t un accueil<br />

empressé, ce qui nous impose le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> faire<br />

compr<strong>en</strong>dre à tous l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures à<br />

ce sujet.<br />

<strong>La</strong> véritable sanctification est une doctrine<br />

biblique. L'apôtre Paul écrit aux Thessalonici<strong>en</strong>s :<br />

« Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification. » Il<br />

ajoutait : « Que le Dieu <strong>de</strong> paix vous sanctifie luimême<br />

tout <strong>en</strong>tiers. » (1 Thessalonici<strong>en</strong>s 4.3; 5.23)<br />

<strong>La</strong> Bible <strong>en</strong>seigne clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quoi consiste la<br />

sanctification, et comm<strong>en</strong>t on y parvi<strong>en</strong>t. Priant <strong>en</strong><br />

871


faveur <strong>de</strong> ses disciples, le Sauveur disait : «<br />

Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité. »<br />

(Jean 17.17) D'autre part, l'apôtre déclarait qu'on<br />

est « sanctifié par l'Esprit-Saint» (Romains 15.16).<br />

Jésus fit à Ses disciples, touchant la mission du<br />

Saint-Esprit, la déclaration suivante : « Quand le<br />

consolateur sera v<strong>en</strong>u, l'Esprit <strong>de</strong> vérité, il vous<br />

conduira dans toute la vérité. » (Jean 16.13) Cela<br />

concordait avec cette affirmation du psalmiste : «<br />

Ta loi est la vérité. » Ce sont donc à la fois l'Esprit<br />

et la Parole <strong>de</strong> Dieu qui nous révèl<strong>en</strong>t les grands<br />

principes <strong>de</strong> justice cont<strong>en</strong>us dans sa loi. Étant<br />

donné que la loi est sainte, juste et bonne, qu'elle<br />

est une expression écrite <strong><strong>de</strong>s</strong> perfections divines,<br />

un caractère formé à l'obéissance à cette loi sera<br />

saint. Or, Jésus-Christ a été un exemple parfait <strong>de</strong><br />

ce caractère. « J'ai gardé les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

mon Père. » dit-il; « Je fais toujours ce qui lui est<br />

agréable. » (Jean 15.10; Jean 8.29) Ses disciples<br />

doiv<strong>en</strong>t donc <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir semblables à Lui, c'est-à-dire,<br />

former, par la grâce <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères<br />

conformes aux principes <strong>de</strong> Sa sainte loi. Telle est<br />

la sanctification selon les Écritures.<br />

872


Elle n'est possible que par la foi <strong>en</strong> Jésus-Christ<br />

et par la puissance <strong>de</strong> l'Esprit habitant dans le<br />

coeur. L'apôtre Paul adresse aux croyants cette<br />

exhortation : « Travaillez à votre salut avec crainte<br />

et tremblem<strong>en</strong>t... car c'est Dieu qui produit <strong>en</strong> vous<br />

le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. »<br />

(Philippi<strong>en</strong>s 2.12-13) <strong>Le</strong> chréti<strong>en</strong> connaît les<br />

sollicitations du péché, mais il lui fait constamm<strong>en</strong>t<br />

la guerre. Et, grâce au secours du Sauveur, la<br />

faiblesse humaine s'unit à la puissance divine et le<br />

croyant s'écrie : « Grâces soi<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dues à Dieu,<br />

qui nous donne la victoire par notre Seigneur<br />

Jésus-Christ! » (1 Corinthi<strong>en</strong>s 15.57)<br />

<strong>Le</strong>s Écritures montr<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t que l'oeuvre<br />

<strong>de</strong> la sanctification est progressive. Cette oeuvre ne<br />

fait que comm<strong>en</strong>cer quand, à sa conversion,<br />

l'homme a trouvé la paix par le sang <strong>de</strong> l'expiation.<br />

Désormais, il ne visera à ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> moins qu'à « la<br />

perfection »; il voudra atteindre la « mesure <strong>de</strong> la<br />

stature parfaite <strong>de</strong> Christ ». L'apôtre Paul disait : «<br />

Je fais une chose : oubliant ce qui est <strong>en</strong> arrière et<br />

me portant vers ce qui est <strong>en</strong> avant, je cours vers le<br />

but, pour remporter le prix <strong>de</strong> la vocation céleste <strong>de</strong><br />

873


Dieu <strong>en</strong> Jésus-Christ. » (Philippi<strong>en</strong>s 3.13-14) Et les<br />

échelons <strong>de</strong> la sanctification sont énumérés comme<br />

suit par l'apôtre Pierre : « Faites tous vos efforts<br />

pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la<br />

sci<strong>en</strong>ce, à la sci<strong>en</strong>ce la tempérance, à la tempérance<br />

la pati<strong>en</strong>ce, à la pati<strong>en</strong>ce la piété, à la piété l'amour<br />

fraternel, à l'amour fraternel la charité... En faisant<br />

cela, vous ne broncherez jamais. » (2 Pierre 1.5-10)<br />

Ceux qui font l'expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la sanctification<br />

selon la Parole <strong>de</strong> Dieu manifest<strong>en</strong>t un esprit<br />

d'humilité. Comme Moïse, ils ont eu une vision<br />

redoutable; ils ont vu la majesté <strong>de</strong> Dieu et ont<br />

découvert leur indignité par contraste avec la<br />

pureté et la perfection <strong>de</strong> l'Être infini.<br />

Par sa longue vie <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t consacrée au<br />

service du Maître, le prophète Daniel est un<br />

exemple <strong>de</strong> vraie sanctification. <strong>Le</strong>s anges<br />

l'appelai<strong>en</strong>t l'« homme bi<strong>en</strong>-aimé » du ciel (Daniel<br />

10.11). Et cep<strong>en</strong>dant, loin <strong>de</strong> se considérer comme<br />

pur et saint, ce vénérable prophète, plaidant <strong>de</strong>vant<br />

Dieu la cause <strong>de</strong> son peuple, s'id<strong>en</strong>tifiait avec Israël<br />

coupable : « Ce n'est pas à cause <strong>de</strong> notre justice<br />

874


que nous te prés<strong>en</strong>tons nos supplications, c'est à<br />

cause <strong>de</strong> tes gran<strong><strong>de</strong>s</strong> compassions... Nous avons<br />

péché, nous avons commis l'iniquité. » (Daniel<br />

9.18, 15) Il ajoutait : « Je confessais mon péché et<br />

le péché <strong>de</strong> mon peuple d'Israël. » Et lorsque, à une<br />

date ultérieure, le Fils <strong>de</strong> Dieu lui apparut pour<br />

l'instruire, Daniel relata sa réaction <strong>en</strong> ces termes :<br />

« Mon visage changea <strong>de</strong> couleur et fut<br />

décomposé, et je perdis toute vigueur. » (Daniel<br />

9.20; 10.8)<br />

Quand Job <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit la voix <strong>de</strong> Dieu du sein <strong>de</strong><br />

la tempête, il s'écria : « Je me condamne et je me<br />

rep<strong>en</strong>s sur la poussière et sur la c<strong>en</strong>dre. » (Job<br />

42.6) Quand Ésaïe eut <strong>en</strong>trevu la gloire <strong>de</strong> Dieu et<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du les chérubins répéter : « Saint, saint, saint<br />

est l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées! » il s'écria « Malheur à<br />

moi! je suis perdu. » (Ésaïe 6.3, 5) Paul, bi<strong>en</strong> qu'il<br />

eût été ravi au troisième ciel où il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un<br />

homme d'exprimer », s'estimait « le moindre <strong>de</strong><br />

tous les saints » (2 Corinthi<strong>en</strong>s 12.3-4; Éphési<strong>en</strong>s<br />

3.8). Jean, le disciple bi<strong>en</strong>-aimé, qui se reposa sur<br />

le sein du Seigneur, et qui contempla Sa gloire,<br />

875


tomba comme mort aux pieds d'un ange. (Voir<br />

Apocalypse 1.17)<br />

Ceux qui march<strong>en</strong>t à l'ombre <strong>de</strong> la croix du<br />

Calvaire ne pourront jamais s'<strong>en</strong>fler d'orgueil, ni<br />

prét<strong>en</strong>dre qu'ils sont exempts <strong>de</strong> péché. Ils sav<strong>en</strong>t<br />

que leurs transgressions ont fait souffrir le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu, qu'elles ont brisé son coeur, et cette p<strong>en</strong>sée<br />

les mainti<strong>en</strong>t dans l'humilité. Ceux qui viv<strong>en</strong>t le<br />

plus près <strong>de</strong> Jésus perçoiv<strong>en</strong>t le plus clairem<strong>en</strong>t la<br />

fragilité et la nature pécheresse <strong>de</strong> notre nature<br />

humaine. <strong>Le</strong>ur seule espérance est dans les mérites<br />

d'un Sauveur crucifié et ressuscité.<br />

<strong>La</strong> sanctification actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vogue dans le<br />

mon<strong>de</strong> religieux est imbue d'un esprit d'infatuation<br />

et d'un oubli <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu qui la r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

étrangère à la religion <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. <strong>Le</strong>s<br />

propagateurs <strong>de</strong> cette sanctification <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t<br />

qu'elle est instantanée, qu'elle amène<br />

immédiatem<strong>en</strong>t, par la foi seule, à la sainteté<br />

parfaite. « Croyez seulem<strong>en</strong>t, dis<strong>en</strong>t-ils, et cette<br />

grâce est à vous. » Ils donn<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu'il n'y a<br />

pas lieu <strong>de</strong> faire d'autres efforts. En même temps,<br />

876


ils ni<strong>en</strong>t l'autorité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, et prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

que nous sommes dégagés <strong>de</strong> l'obligation<br />

d'observer les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts. Comme s'il était<br />

possible d'être saint, <strong>en</strong> plein accord avec la<br />

volonté et le caractère <strong>de</strong> Dieu, sans être soumis<br />

aux principes qui sont l'expression <strong>de</strong> Sa volonté,<br />

et qui révèl<strong>en</strong>t ce qui Lui est agréable!<br />

Ce qui a fait la fortune <strong>de</strong> la doctrine <strong>de</strong> la foi<br />

et <strong>de</strong> la foi seule, c'est le désir d'une religion qui<br />

n'exige ni luttes, ni r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>ts, ni séparation<br />

d'avec le mon<strong>de</strong> et ses frivolités. Mais que dit la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu? Écoutons l'apôtre Jacques : « Mes<br />

frères, que sert-il à quelqu'un <strong>de</strong> dire qu'il a la foi,<br />

s'il n'a pas les oeuvres? <strong>La</strong> foi peut-elle le sauver?...<br />

Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les<br />

oeuvres est inutile? Abraham, notre père, ne fut-il<br />

pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils<br />

Isaac sur l'autel? Tu vois que la foi agissait avec<br />

ses oeuvres, et que par les oeuvres la foi fut r<strong>en</strong>due<br />

parfaite... Vous voyez que l'homme est justifié par<br />

les oeuvres, et non par la foi seulem<strong>en</strong>t. » (Jacques<br />

2.14-24)<br />

877


<strong>Le</strong> témoignage <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu est opposé<br />

à cette doctrine séduisante <strong>de</strong> la foi sans les<br />

oeuvres. Se réclamer <strong><strong>de</strong>s</strong> faveurs du ciel sans se<br />

conformer aux conditions <strong>de</strong> la grâce, ce n'est pas<br />

<strong>de</strong> la foi, c'est <strong>de</strong> la présomption, puisque la foi<br />

auth<strong>en</strong>tique se fon<strong>de</strong> sur les promesses r<strong>en</strong>fermées<br />

dans les Écritures.<br />

Que nul ne s'abuse par la p<strong>en</strong>sée que la<br />

sanctification est compatible avec la violation<br />

volontaire <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres <strong>de</strong> Dieu. Pécher <strong>de</strong> propos<br />

délibéré, c'est réduire au sil<strong>en</strong>ce la voix <strong>de</strong> l'Esprit<br />

et se séparer <strong>de</strong> Dieu. « <strong>Le</strong> péché est la<br />

transgression <strong>de</strong> la loi. » « Quiconque pèche<br />

[transgresse la loi] ne l'a pas vu, et ne l'a pas connu.<br />

» (1 Jean 3.4, 6) L'apôtre Jean qui, dans ses épîtres,<br />

insiste beaucoup sur l'amour, n'hé<strong>site</strong> pas<br />

cep<strong>en</strong>dant à dévoiler sans merci ceux qui se<br />

prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t saints bi<strong>en</strong> qu'ils transgress<strong>en</strong>t la loi <strong>de</strong><br />

Dieu. « Celui qui dit : Je l'ai connu, et qui ne gar<strong>de</strong><br />

pas ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, est un m<strong>en</strong>teur, et la<br />

vérité n'est point <strong>en</strong> lui. Mais celui qui gar<strong>de</strong> sa<br />

parole, l'amour <strong>de</strong> Dieu est véritablem<strong>en</strong>t parfait <strong>en</strong><br />

lui. » (1 Jean 2.4-5) Voilà la pierre <strong>de</strong> touche <strong>de</strong><br />

878


toute profession religieuse. Impossible d'attribuer à<br />

un homme la sainteté sans la mesurer avec la seule<br />

règle <strong>de</strong> sainteté que Dieu ait donnée tant pour le<br />

ciel que pour la terre. Quiconque ne fait aucun cas<br />

<strong>de</strong> la loi morale, se permet <strong>de</strong> ravaler les préceptes<br />

divins, transgresse le moindre <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> Dieu et <strong>en</strong>seigne aux hommes à <strong>en</strong> faire autant,<br />

ne jouit pas <strong>de</strong> l'estime du Seigneur, et ses<br />

prét<strong>en</strong>tions à la sainteté sont sans fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

Celui qui se dit sans péché montre par là même<br />

qu'il est bi<strong>en</strong> éloigné <strong>de</strong> la perfection. C'est parce<br />

qu'il n'a aucune idée <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la sainteté<br />

infinies <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> ce qu'il faut être pour <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir<br />

conforme à son caractère; c'est parce qu'il n'a<br />

aucune idée <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la suprême bonté <strong>de</strong><br />

Jésus, ainsi que <strong>de</strong> la malignité du péché, que<br />

l'homme peut se considérer comme saint. Plus on<br />

est éloigné <strong>de</strong> Jésus, moins on compr<strong>en</strong>d le<br />

caractère et les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> Dieu, et plus on est<br />

juste à ses propres yeux.<br />

<strong>La</strong> sanctification telle qu'elle apparaît dans les<br />

Écritures embrasse l'être tout <strong>en</strong>tier : l'esprit, l'âme<br />

879


et le corps. <strong>La</strong> prière <strong>de</strong> Paul <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Thessalonici<strong>en</strong>s nous le dit : « Que tout votre être,<br />

l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé<br />

irrépréh<strong>en</strong>sible, lors <strong>de</strong> l'avènem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre<br />

Seigneur Jésus-Christ. » (1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.23)<br />

L'apôtre écrivait, d'autre part, aux croyants : « Je<br />

vous exhorte donc, frères, par les compassions <strong>de</strong><br />

Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant,<br />

saint, agréable à Dieu, ce qui sera <strong>de</strong> votre part un<br />

culte raisonnable. » (Romains 12.1) Au temps <strong>de</strong><br />

l'anci<strong>en</strong> Israël, on examinait avec soin toute<br />

offran<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée au sacrifice. Tout animal ayant<br />

quelque tare était écarté, Dieu ayant ordonné <strong>de</strong> ne<br />

Lui prés<strong>en</strong>ter que <strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong> « sans défaut ».<br />

<strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s, eux aussi, sont exhortés à prés<strong>en</strong>ter<br />

leur corps <strong>en</strong> « sacrifice vivant, saint, agréable à<br />

Dieu ». Pour le faire, ils doiv<strong>en</strong>t conserver toutes<br />

leurs facultés dans le meilleur état possible. Tout ce<br />

qui t<strong>en</strong>d à diminuer l'énergie physique ou la<br />

lucidité intellectuelle disqualifie l'homme pour le<br />

service du Créateur. Dieu ne peut se cont<strong>en</strong>ter <strong>de</strong><br />

moins que du meilleur <strong>de</strong> nous-mêmes. Jésus a dit :<br />

« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, <strong>de</strong> tout ton<br />

coeur. » Ceux qui aim<strong>en</strong>t Dieu <strong>de</strong> tout leur coeur<br />

880


voudront Lui donner ce qu'ils ont <strong>de</strong> meilleur, et ils<br />

s'efforceront toujours <strong>de</strong> soumettre toutes leurs<br />

facultés aux lois propres à les r<strong>en</strong>dre plus aptes à le<br />

servir. Ils ne permettront pas que l'appétit ou la<br />

s<strong>en</strong>sualité vi<strong>en</strong>ne souiller l'offran<strong>de</strong> qu'ils<br />

prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à leur Père céleste.<br />

Pierre nous dit : Abst<strong>en</strong>ez-vous « <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme. »<br />

(1 Pierre 2.11) Tout péché t<strong>en</strong>d à <strong>en</strong>gourdir les<br />

énergies, à émousser les perceptions m<strong>en</strong>tales et<br />

spirituelles, comme à affaiblir l'action <strong>de</strong> l'Esprit et<br />

<strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu sur le coeur. Paul écrivait aux<br />

Corinthi<strong>en</strong>s : « Purifions-nous <strong>de</strong> toute souillure <strong>de</strong><br />

la chair et <strong>de</strong> l'esprit, <strong>en</strong> achevant notre<br />

sanctification dans la crainte <strong>de</strong> Dieu. » (2<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 7.1) Et, parmi les fruits <strong>de</strong> l'Esprit : «<br />

l'amour, la joie, la paix, la pati<strong>en</strong>ce, la bonté, la<br />

bénignité, la fidélité et la douceur », il classe aussi<br />

« la tempérance » (Galates 5.22-23).<br />

En dépit <strong>de</strong> ces déclarations inspirées, combi<strong>en</strong><br />

<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s affaibliss<strong>en</strong>t leurs facultés par leur<br />

âpreté au gain ou par le culte qu'ils r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à la<br />

881


mo<strong>de</strong>! Combi<strong>en</strong> aviliss<strong>en</strong>t leur dignité <strong>de</strong> fils <strong>de</strong><br />

Dieu par la gloutonnerie, le vin et les plaisirs<br />

déf<strong>en</strong>dus! L'Église, au lieu <strong>de</strong> réprimer ces<br />

p<strong>en</strong>chants, les <strong>en</strong>courage <strong>en</strong> faisant appel à l'amour<br />

du gain ou du plaisir pour combler <strong><strong>de</strong>s</strong> déficits<br />

budgétaires dus au manque d'amour pour le<br />

Sauveur. Si le Seigneur <strong>en</strong>trait aujourd'hui dans les<br />

églises, et y voyait les festins et le trafic qui s'y<br />

organis<strong>en</strong>t au nom <strong>de</strong> la religion, ne chasserait-il<br />

pas ces profanateurs comme il a banni autrefois les<br />

changeurs du temple?<br />

Jacques déclare que la sagesse d'<strong>en</strong> haut « est<br />

premièrem<strong>en</strong>t pure ». Si cet apôtre avait r<strong>en</strong>contré<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s prononçant le précieux nom <strong>de</strong> Jésus tout<br />

<strong>en</strong> ayant les lèvres souillées par le tabac, leur<br />

haleine et toute leur personne imprégnées et<br />

intoxiquées par une o<strong>de</strong>ur féti<strong>de</strong>, et <strong>en</strong> contraignant<br />

leur <strong>en</strong>tourage à respirer un air empoisonné – s'il<br />

avait connu une coutume aussi opposée à la pureté<br />

évangélique, ne l'aurait-il pas dénoncée comme «<br />

terrestre, charnelle et diabolique »? On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esclaves du tabac prét<strong>en</strong>dre à une <strong>en</strong>tière<br />

sanctification et parler <strong>de</strong> la vie future; or, la Parole<br />

882


<strong>de</strong> Dieu leur dit clairem<strong>en</strong>t que « ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> souillé »<br />

n'<strong>en</strong>trera dans le ciel. (Apocalypse 21.27)<br />

« Ne savez-vous pas que votre corps est le<br />

temple du Saint-Esprit qui est <strong>en</strong> vous, que vous<br />

avez reçu <strong>de</strong> Dieu, et que vous ne vous appart<strong>en</strong>ez<br />

point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à<br />

un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre<br />

corps. » (1 Corinthi<strong>en</strong>s 6.19-20) Celui dont le corps<br />

est le temple du Saint-Esprit ne se laissera pas<br />

asservir par une habitu<strong>de</strong> pernicieuse. Ses facultés<br />

apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à Celui qui l'a racheté au prix <strong>de</strong> Son<br />

sang. Ses bi<strong>en</strong>s apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au Seigneur.<br />

Comm<strong>en</strong>t pourrait-il gaspiller impuném<strong>en</strong>t un<br />

capital qui lui a été prêté? Tandis que les âmes<br />

périss<strong>en</strong>t faute <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> vie, <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong><br />

profession dép<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t chaque année inutilem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sommes énormes. On pille Dieu « dans les dîmes et<br />

les offran<strong><strong>de</strong>s</strong> », tandis que l'on sacrifie à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

passions funestes plus d'arg<strong>en</strong>t qu'on n'<strong>en</strong> donne<br />

pour soulager les pauvres ou répandre l'Évangile.<br />

Si tous ceux qui se dis<strong>en</strong>t disciples <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

étai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t sanctifiés, ils apporterai<strong>en</strong>t au<br />

trésor du Seigneur leurs rev<strong>en</strong>us au lieu <strong>de</strong> les<br />

883


dissiper <strong>en</strong> choses inutiles et même nuisibles. Ils<br />

donnerai<strong>en</strong>t l'exemple <strong>de</strong> la tempérance, du<br />

r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et du sacrifice, et serai<strong>en</strong>t ainsi la<br />

lumière du mon<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> s'est abandonné aux plaisirs <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s foules se laiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traîner par « la convoitise<br />

<strong>de</strong> la chair, la convoitise <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux et l'orgueil <strong>de</strong> la<br />

vie ». Mais les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu ont une vocation<br />

plus sainte. « Sortez du milieu d'eux, et séparezvous,<br />

dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est<br />

impur. » Fondé sur la Parole <strong>de</strong> Dieu, on peut<br />

affirmer que la sanctification qui n'<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre pas la<br />

r<strong>en</strong>onciation complète aux ambitions et aux<br />

satisfactions coupables, n'est pas <strong>de</strong> bon aloi.<br />

À ceux qui se conform<strong>en</strong>t à cet ordre : « Sortez<br />

du milieu d'eux et séparez-vous; ne touchez pas à<br />

ce qui est impur », Dieu fait cette promesse : « Je<br />

vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et<br />

vous serez pour moi <strong><strong>de</strong>s</strong> fils et <strong><strong>de</strong>s</strong> filles, dit le<br />

Seigneur tout-puissant. » (2 Corinthi<strong>en</strong>s 6.17-18)<br />

<strong>Le</strong> <strong>de</strong>voir et le privilège <strong>de</strong> tout chréti<strong>en</strong>, c'est<br />

d'acquérir une connaissance riche et bénie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

884


choses <strong>de</strong> Dieu. « Je suis la lumière du mon<strong>de</strong>, dit<br />

Jésus. Celui qui me suit ne marchera pas dans les<br />

ténèbres, mais il aura la lumière <strong>de</strong> la vie. » (Jean<br />

8.12) « <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>tier <strong><strong>de</strong>s</strong> justes est comme la lumière<br />

respl<strong>en</strong>dissante, dont l'éclat va croissant jusqu'au<br />

milieu du jour. » (Proverbes 4.18) Chaque pas <strong>en</strong><br />

avant dans la foi et l'obéissance met l'âme <strong>en</strong><br />

rapport plus intime avec la lumière du mon<strong>de</strong>, <strong>en</strong><br />

qui « il n'y a pas <strong>de</strong> ténèbres ». L'éclat du Soleil <strong>de</strong><br />

justice brille sur les serviteurs <strong>de</strong> Dieu pour qu'à<br />

leur tour ils <strong>en</strong> réfléchiss<strong>en</strong>t les rayons. De même<br />

que les étoiles nous dis<strong>en</strong>t qu'il y a dans les cieux<br />

une gran<strong>de</strong> lumière dont elles reflèt<strong>en</strong>t la gloire,<br />

ainsi les chréti<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t montrer qu'il y a sur le<br />

trône <strong>de</strong> l'univers un Dieu dont le caractère mérite<br />

d'être loué et imité. <strong>Le</strong>s grâces <strong>de</strong> son Esprit, la<br />

pureté et la sainteté <strong>de</strong> Son caractère doiv<strong>en</strong>t<br />

éclater dans ses témoins.<br />

Dans son épître aux Colossi<strong>en</strong>s, l'apôtre Paul<br />

énumérait les riches bénédictions assurées à<br />

l'<strong>en</strong>fant <strong>de</strong> Dieu. « C'est pour cela que nous aussi,<br />

<strong>de</strong>puis le jour où nous <strong>en</strong> avons été informés, nous<br />

ne cessons <strong>de</strong> prier Dieu pour vous, et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

885


que vous soyez remplis <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong> sa<br />

volonté, <strong>en</strong> toute sagesse et intellig<strong>en</strong>ce spirituelle,<br />

pour marcher d'une manière digne du Seigneur et<br />

lui être <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t agréables, portant <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits <strong>en</strong><br />

toutes sortes <strong>de</strong> bonnes oeuvres et croissant par la<br />

connaissance <strong>de</strong> Dieu, fortifiés à tous égards par sa<br />

puissance glorieuse, <strong>en</strong> sorte que vous soyez<br />

toujours et avec joie persévérants et pati<strong>en</strong>ts. »<br />

(Colossi<strong>en</strong>s 1.9-11)<br />

Il écrivait aux frères d'Éphèse son désir <strong>de</strong> les<br />

voir parv<strong>en</strong>ir à une pleine intellig<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prérogatives chréti<strong>en</strong>nes. Il leur prés<strong>en</strong>tait, dans les<br />

termes les plus larges, la gran<strong>de</strong> puissance et les<br />

connaissances qu'ils pourrai<strong>en</strong>t acquérir comme fils<br />

et filles du Très-Haut. Il ne t<strong>en</strong>ait qu'à eux d'« être<br />

puissamm<strong>en</strong>t fortifiés par son Esprit dans l'homme<br />

intérieur », d'être « <strong>en</strong>racinés et fondés dans<br />

l'amour », <strong>de</strong> « compr<strong>en</strong>dre avec tous les saints<br />

quelle est la largeur, la longueur, la profon<strong>de</strong>ur et<br />

la hauteur, et <strong>de</strong> connaître l'amour <strong>de</strong> Christ, qui<br />

surpasse toute connaissance ». Mais la prière <strong>de</strong><br />

l'apôtre parvint à son apogée, quand il <strong>en</strong> vint à<br />

dire : « ...<strong>en</strong> sorte que vous soyez remplis jusqu'à<br />

886


toute la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu... » (Éphési<strong>en</strong>s 3.16-19)<br />

Nous avons ici la révélation <strong><strong>de</strong>s</strong> hauteurs<br />

auxquelles, dès que nous <strong>en</strong> remplirons les<br />

conditions, nous pourrons atteindre par la foi aux<br />

promesses <strong>de</strong> notre Père céleste. Nous avons accès,<br />

par les mérites du Christ, à la puissance infinie. «<br />

Lui, qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui<br />

l'a livré pour nous tous, comm<strong>en</strong>t ne nous donnerat-il<br />

pas aussi toutes choses avec lui? » (Romains<br />

8.32) C'est sans mesure que le Père a donné au Fils<br />

son Esprit, auquel nous pouvons participer dans sa<br />

plénitu<strong>de</strong>, « Si donc, méchants comme vous l'êtes,<br />

dit Jésus, vous savez donner <strong>de</strong> bonnes choses à<br />

vos <strong>en</strong>fants, à combi<strong>en</strong> plus forte raison le Père<br />

céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui<br />

<strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t! » (Luc 11.13) « Si vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z<br />

quelque chose <strong>en</strong> mon nom, je le ferai. » «<br />

Deman<strong>de</strong>z, et vous recevrez, afin que votre joie<br />

soit parfaite. » (Jean 14.14; 16.24)<br />

Bi<strong>en</strong> que la vie du chréti<strong>en</strong> doive être<br />

caractérisée par l'humilité, il ne faut pas qu'elle soit<br />

triste et décolorée. Chacun a la possibilité <strong>de</strong> vivre<br />

887


<strong>de</strong> façon à être approuvé et béni <strong>de</strong> Dieu. Notre<br />

Père céleste ne désire pas que nous restions sous le<br />

poids <strong>de</strong> la condamnation. <strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> marcher la<br />

tête p<strong>en</strong>chée et <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser constamm<strong>en</strong>t à soi-même<br />

n'est pas une preuve d'humilité. Purifié par Jésus,<br />

on peut se prés<strong>en</strong>ter <strong>de</strong>vant Sa loi sans honte ni<br />

remords. « Il n'y a donc maint<strong>en</strong>ant aucune<br />

condamnation pour ceux qui sont <strong>en</strong> Jésus-Christ,<br />

...qui march<strong>en</strong>t, non selon la chair, mais selon<br />

l'Esprit. » (Romains 8.1-4) Par Jésus-Christ, les fils<br />

d'Adam <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t « fils <strong>de</strong> Dieu ». « Celui qui<br />

sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus<br />

d'un seul. C'est pourquoi il n'a pas honte <strong>de</strong> les<br />

appeler frères. » (Hébreux 2.11) <strong>La</strong> vie chréti<strong>en</strong>ne<br />

<strong>de</strong>vrait être une vie <strong>de</strong> foi, <strong>de</strong> victoire et <strong>de</strong> joie <strong>en</strong><br />

Dieu. « Tout ce qui est né <strong>de</strong> Dieu triomphe du<br />

mon<strong>de</strong>; et la victoire qui triomphe du mon<strong>de</strong>, c'est<br />

notre foi. » (1 Jean 5.4) C'est à juste titre qu'un<br />

serviteur <strong>de</strong> Dieu a pu dire : « <strong>La</strong> joie <strong>de</strong> l'Éternel<br />

sera votre force! » (Néhémie 8.10) Et Paul d'ajouter<br />

: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le<br />

répète, réjouissez-vous. » « Soyez toujours joyeux.<br />

Priez sans cesse. R<strong>en</strong><strong>de</strong>z grâces <strong>en</strong> toutes choses,<br />

car c'est à votre égard la volonté <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> Jésus-<br />

888


Christ. » (Philippi<strong>en</strong>s 4.4; 1 Thessalonici<strong>en</strong>s 5.16-<br />

18)<br />

Tels sont les fruits <strong>de</strong> la conversion et <strong>de</strong> la<br />

sanctification prescrites par la Bible. On les voit si<br />

rarem<strong>en</strong>t parce que, dans le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>, les<br />

grands principes <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu ne sont<br />

pas appréciés. Voilà aussi pourquoi on r<strong>en</strong>contre si<br />

rarem<strong>en</strong>t l'opération profon<strong>de</strong> et durable <strong>de</strong> l'Esprit<br />

<strong>de</strong> Dieu qui caractérisait les réveils d'autrefois.<br />

<strong>La</strong> contemplation du Sauveur nous transforme<br />

à Son image. Mais si les préceptes par lesquels<br />

Dieu nous a révélé Sa sainteté et la perfection <strong>de</strong><br />

Son caractère sont méconnus et sont remplacés par<br />

les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et les théories <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes,<br />

comm<strong>en</strong>t s'étonner qu'il s'<strong>en</strong>suive un déclin <strong>de</strong> la<br />

piété vivante dans l'Église? <strong>Le</strong> Seigneur dit : « Ils<br />

m'ont abandonné, moi qui suis une source d'eau<br />

vive, pour se creuser <strong><strong>de</strong>s</strong> citernes, <strong><strong>de</strong>s</strong> citernes<br />

crevassées qui ne reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas l'eau. » (Jérémie<br />

2.13)<br />

« Heureux l'homme qui ne marche pas selon le<br />

889


conseil <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, ... mais qui trouve son plaisir<br />

dans la loi <strong>de</strong> l'Éternel, et qui la médite jour et nuit!<br />

Il est comme un arbre planté près d'un courant<br />

d'eau, qui donne son fruit <strong>en</strong> sa saison, et dont le<br />

feuillage ne se flétrit point : tout ce qu'il fait lui<br />

réussit. » (Psaumes 1.1-3) Ce n'est que lorsque le<br />

décalogue aura retrouvé la place qui lui apparti<strong>en</strong>t<br />

que l'on assistera, au sein du peuple <strong>de</strong> Dieu, au<br />

réveil <strong>de</strong> la foi et <strong>de</strong> la piété primitives. « Ainsi<br />

parle l'Éternel : Placez-vous sur les chemins,<br />

regar<strong>de</strong>z, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z quels sont les anci<strong>en</strong>s<br />

s<strong>en</strong>tiers, quelle est la bonne voie; marchez-y, et<br />

vous trouverez le repos <strong>de</strong> vos âmes. » (Jérémie<br />

6.16)<br />

890


Chapitre 28<br />

L’instruction du jugem<strong>en</strong>t<br />

« Je regardais, dit le prophète, p<strong>en</strong>dant que l’on<br />

plaçait <strong><strong>de</strong>s</strong> trônes. Et l’anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours s’assit. Son<br />

vêtem<strong>en</strong>t était blanc comme la neige, et les<br />

cheveux <strong>de</strong> sa tête étai<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong> la laine pure;<br />

son trône était comme <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes <strong>de</strong> feu, et les<br />

roues comme un feu ard<strong>en</strong>t. Un fleuve <strong>de</strong> feu<br />

coulait et sortait <strong>de</strong> <strong>de</strong>vant lui. Mille milliers le<br />

servai<strong>en</strong>t, et dix mille millions se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sa<br />

prés<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>s juges s’assir<strong>en</strong>t, et les livres fur<strong>en</strong>t<br />

ouverts. » ( Daniel 7.9, 10. Voir App<strong>en</strong>dice a49,<br />

note sur la Purification du Tabernacle céleste.)<br />

C’est ainsi que fut prés<strong>en</strong>té au prophète le<br />

grandiose et redoutable tribunal <strong>de</strong>vant lequel la<br />

conduite <strong>de</strong> tous les hommes sera passée <strong>en</strong> revue<br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du Juge <strong>de</strong> toute la terre, et où chacun<br />

sera « jugé selon ses oeuvres » . L’anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours,<br />

c’est Dieu le Père. « Avant que les montagnes<br />

fuss<strong>en</strong>t nées, dit le psalmiste, et que tu eusses créé<br />

891


la terre et le mon<strong>de</strong>, d’éternité <strong>en</strong> éternité tu es<br />

Dieu. » ( Psaumes 90.2 ) Ce Dieu, source <strong>de</strong> toute<br />

vie et origine <strong>de</strong> toute loi, prési<strong>de</strong> au jugem<strong>en</strong>t.<br />

Mille milliers et dix mille millions d’anges y<br />

assist<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> qualité d’assesseurs et <strong>de</strong> témoins.<br />

« Je regardais p<strong>en</strong>dant mes visions nocturnes,<br />

et voici, sur les nuées <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux arriva quelqu’un <strong>de</strong><br />

semblable à un fils <strong>de</strong> l’homme; il s’avança vers<br />

l’anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours, et on le fit approcher <strong>de</strong> lui. On<br />

lui donna la domination, la gloire et le règne; et<br />

tous les peuples, les nations, et les hommes <strong>de</strong><br />

toutes langues le servir<strong>en</strong>t. Sa domination est une<br />

domination éternelle qui ne passera point, et son<br />

règne ne sera jamais détruit. » ( Daniel 7.13,14 )<br />

Cette « arrivée » du Seigneur n’est pas Sa secon<strong>de</strong><br />

v<strong>en</strong>ue sur la terre. Il s’approche <strong>de</strong> l’Anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jours pour recevoir <strong>de</strong> Lui la domination, la gloire<br />

et la royauté dont Il sera investi à la fin <strong>de</strong> Son<br />

oeuvre <strong>de</strong> médiateur, oeuvre qui <strong>de</strong>vait comm<strong>en</strong>cer<br />

<strong>en</strong> 1844, à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts soirs et<br />

matins. Accompagné <strong><strong>de</strong>s</strong> anges célestes, notre<br />

souverain sacrificateur pénètre alors dans le lieu<br />

très saint pour y <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

892


Dieu, la <strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong> Son ministère <strong>en</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> l’homme : l’instruction du jugem<strong>en</strong>t et<br />

l’achèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’expiation pour tous ceux qui <strong>en</strong><br />

seront jugés dignes.<br />

Dans le rituel typique, ceux-là seuls qui<br />

s’étai<strong>en</strong>t confessés, et dont les péchés avai<strong>en</strong>t été<br />

transférés dans le sanctuaire par le sang <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

victimes, bénéficiai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> bi<strong>en</strong>faits du jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

expiations. De même, au grand jour <strong>de</strong> l’expiation<br />

définitive et <strong>de</strong> l’instruction du jugem<strong>en</strong>t, les seuls<br />

cas pris <strong>en</strong> considération sont ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants. <strong>Le</strong><br />

jugem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> réprouvés est un événem<strong>en</strong>t tout à<br />

fait distinct, qui aura lieu par la suite. « <strong>Le</strong><br />

jugem<strong>en</strong>t va comm<strong>en</strong>cer par la maison <strong>de</strong> Dieu. Or,<br />

si c’est par nous qu’il comm<strong>en</strong>ce, quelle sera la fin<br />

<strong>de</strong> ceux qui n’obéiss<strong>en</strong>t pas à l’Évangile <strong>de</strong> Dieu? »<br />

( 1 Pierre 4.17 )<br />

<strong>Le</strong>s registres du ciel sur lesquels les noms et les<br />

actions <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes sont inscrits serviront <strong>de</strong> base<br />

au jugem<strong>en</strong>t. Daniel dit : « <strong>Le</strong>s juges s’assir<strong>en</strong>t, et<br />

les livres fur<strong>en</strong>t ouverts. » <strong>Le</strong> voyant <strong>de</strong> Patmos,<br />

décrivant la même scène, ajoute : « Et un autre<br />

893


livre fut ouvert, celui qui est le livre <strong>de</strong> vie. Et les<br />

morts fur<strong>en</strong>t jugés selon leurs oeuvres, d’après ce<br />

qui était écrit dans ces livres. » ( Apocalpse 20.12 )<br />

<strong>Le</strong> livre <strong>de</strong> vie r<strong>en</strong>ferme les noms <strong>de</strong> tous ceux<br />

qui sont <strong>en</strong>trés au service <strong>de</strong> Dieu. Jésus disait à<br />

Ses disciples : « Réjouissez-vous <strong>de</strong> ce que vos<br />

noms sont écrits dans les cieux.» ( Luc 10.20 ) Paul<br />

parle <strong>de</strong> ses fidèles collaborateurs « dont les noms<br />

sont dans le livre <strong>de</strong> vie ». ( Philippi<strong>en</strong>s 4.3 )<br />

Considérant « une époque <strong>de</strong> détresse, telle qu’il<br />

n’y <strong>en</strong> a point eu <strong>de</strong>puis que les nations exist<strong>en</strong>t<br />

jusqu’à cette époque », le prophète Daniel dit que<br />

le peuple <strong>de</strong> Dieu y échappera, tous « ceux... qui<br />

seront trouvés inscrits dans le livre ». Et le voyant<br />

<strong>de</strong> Patmos déclare que seuls pourront <strong>en</strong>trer dans la<br />

cité <strong>de</strong> Dieu ceux « qui sont écrits dans le livre <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> l’agneau » ( Daniel 12.1; Apocalypse 21.27<br />

).<br />

« Un livre <strong>de</strong> souv<strong>en</strong>ir fut écrit <strong>de</strong>vant lui, dit<br />

Malachie, pour ceux qui craign<strong>en</strong>t l’Éternel et qui<br />

honor<strong>en</strong>t son nom. » ( Malachie 3.16 ) <strong>Le</strong>urs<br />

paroles <strong>de</strong> foi, leurs actes <strong>de</strong> bonté, tout est<br />

894


<strong>en</strong>registré dans le ciel. Néhémie fait allusion à cela<br />

quand il dit : « Souvi<strong>en</strong>s-toi <strong>de</strong> moi, ô mon Dieu,...<br />

et n’oublie pas mes actes <strong>de</strong> piété à l’égard <strong>de</strong> la<br />

maison <strong>de</strong> mon Dieu. » ( Néhémie 13.14 ) Tous les<br />

actes <strong>de</strong> justice sont immortalisés dans le livre <strong>de</strong><br />

Dieu. Toute t<strong>en</strong>tation repoussée, toute mauvaise<br />

action surmontée, toute parole douce et<br />

compatissante s’y trouv<strong>en</strong>t soigneusem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>registrées. On y voit aussi le récit <strong>de</strong> toutes les<br />

souffrances, <strong>de</strong> toutes les peines, <strong>de</strong> tous les<br />

sacrifices <strong>en</strong>durés pour l’amour <strong>de</strong> Jésus. <strong>Le</strong><br />

psalmiste dit : « Tu comptes les pas <strong>de</strong> ma vie<br />

errante; recueille mes larmes dans ton outre : ne<br />

sont-elles pas inscrites dans ton livre? » ( Psaumes<br />

56.9 )<br />

Il y a aussi un registre <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés. « Dieu<br />

amènera toute oeuvre <strong>en</strong> jugem<strong>en</strong>t, au sujet <strong>de</strong> tout<br />

ce qui est caché, soit bi<strong>en</strong>, soit mal. » « Au jour du<br />

jugem<strong>en</strong>t, les hommes r<strong>en</strong>dront compte <strong>de</strong> toute<br />

parole vaine qu’ils auront proférée car par tes<br />

paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras<br />

condamné. » ( Ecclésiaste 12.16; Matthieu 12.36,<br />

37 ) <strong>Le</strong>s int<strong>en</strong>tions secrètes, les mobiles inavoués<br />

895


figur<strong>en</strong>t dans l’infaillible mémorial; car le Seigneur<br />

« mettra <strong>en</strong> lumière ce qui est caché dans les<br />

ténèbres, et manifestera les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs ». «<br />

Voici, cela est inscrit <strong>de</strong>vant moi, dit l’Éternel;...<br />

vos iniquités et les iniquités <strong>de</strong> vos pères. » ( 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 4.5; Ésaïe 65.6, 7, version <strong>de</strong><br />

<strong>La</strong>usanne.)<br />

Toute oeuvre humaine passe <strong>en</strong> revue <strong>de</strong>vant<br />

Dieu pour être classée comme acte <strong>de</strong> fidélité ou<br />

d’infidélité. En face <strong>de</strong> chaque nom, dans les<br />

registres du ciel, sont couchés avec une redoutable<br />

exactitu<strong>de</strong> toute parole mauvaise, tout acte égoïste,<br />

tout <strong>de</strong>voir négligé, tout péché secret, toute<br />

dissimulation. <strong>Le</strong>s avertissem<strong>en</strong>ts du ciel oubliés,<br />

les mom<strong>en</strong>ts perdus, les occasions non utilisées, les<br />

influ<strong>en</strong>ces exercées, bonnes ou mauvaises, avec<br />

leurs résultats les plus éloignés: tout est fidèlem<strong>en</strong>t<br />

inscrit par l’ange <strong>en</strong>registreur. <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu est la<br />

norme par laquelle les caractères et les vies seront<br />

éprouvés au jour du jugem<strong>en</strong>t. « Crains Dieu et<br />

observe ses comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, dit le Sage. C’est là<br />

ce que doit tout homme. Car Dieu amènera toute<br />

oeuvre <strong>en</strong> jugem<strong>en</strong>t, au sujet <strong>de</strong> tout ce qui est<br />

896


caché, soit bi<strong>en</strong>, soit mal. » ( Ecclésiaste 12.15,16 )<br />

« Parlez et agissez comme <strong>de</strong>vant être jugés par<br />

une loi <strong>de</strong> liberté », dit à son tour l’apôtre Jacques (<br />

Jacques 2.12 )<br />

Ceux que les juges déclareront « dignes »<br />

auront part à la résurrection <strong><strong>de</strong>s</strong> justes. Jésus dit <strong>en</strong><br />

effet que « ceux qui seront trouvés dignes d’avoir<br />

part au siècle à v<strong>en</strong>ir et à la résurrection <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

morts,... seront semblables aux anges, et ils seront<br />

fils <strong>de</strong> Dieu, étant fils <strong>de</strong> la résurrection. » ( Luc<br />

20.35, 36 ) Il dit <strong>en</strong>core que « ceux qui auront fait<br />

le bi<strong>en</strong> ressusciteront pour la vie » ( Jean 5.29 ).<br />

<strong>Le</strong>s justes morts ne <strong>de</strong>vant ressusciter qu’après<br />

avoir été jugés dignes <strong>de</strong> la résurrection pour la vie,<br />

il s’<strong>en</strong>suit qu’ils ne comparaîtront pas<br />

personnellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le tribunal qui statuera sur<br />

leur cas.<br />

Jésus sera leur avocat et plai<strong>de</strong>ra leur cause<br />

<strong>de</strong>vant Dieu. « Si quelqu’un a péché, nous avons<br />

un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. » (<br />

1 Jean 2.1 ) Car il n’est pas « <strong>en</strong>tré dans un<br />

sanctuaire fait <strong>de</strong> main d’homme, <strong>en</strong> imitation du<br />

897


véritable, mais il est <strong>en</strong>tré dans le ciel même, afin<br />

<strong>de</strong> comparaître maint<strong>en</strong>ant pour nous <strong>de</strong>vant la face<br />

<strong>de</strong> Dieu ». « C’est aussi pour cela qu’il peut sauver<br />

parfaitem<strong>en</strong>t ceux qui s’approch<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu par lui,<br />

étant toujours vivant pour intercé<strong>de</strong>r <strong>en</strong> leur faveur.<br />

» ( Hébreux 9.24; 7.25 )<br />

<strong>La</strong> vie <strong>de</strong> tous ceux qui ont cru <strong>en</strong> Jésus est<br />

examinée <strong>de</strong>vant Dieu dans l’ordre où ils sont<br />

inscrits. Comm<strong>en</strong>çant par les premiers habitants <strong>de</strong><br />

la terre, notre avocat prés<strong>en</strong>te les cas <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants<br />

<strong>de</strong> chaque génération successive, et termine par<br />

ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants. Chaque nom est m<strong>en</strong>tionné,<br />

chaque cas est pesé avec le plus grand soin. Des<br />

noms sont acceptés, d’autres sont rejetés. Quand un<br />

dossier indique <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés non confessés et non<br />

pardonnés, le nom est radié du livre <strong>de</strong> vie, et<br />

l’inscription <strong><strong>de</strong>s</strong> bonnes actions est effacée du livre<br />

<strong>de</strong> mémoire. <strong>Le</strong> Seigneur disait à Moïse : « C’est<br />

celui qui a péché contre moi que j’effacerai <strong>de</strong> mon<br />

livre. » ( Exo<strong>de</strong> 32.33 ) Et au prophète Ézéchiel : «<br />

Si le juste se détourne <strong>de</strong> sa justice, s’il commet<br />

l’iniquité,... on ne lui ti<strong>en</strong>dra compte d’aucun <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

actes <strong>de</strong> justice qu’il aura accomplis. » ( Ézéchiel<br />

898


18.24, version Synodale.)<br />

Tous ceux qui se sont réellem<strong>en</strong>t rep<strong>en</strong>tis <strong>de</strong><br />

leurs péchés et se sont, par la foi, réclamés du sang<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ comme sacrifice expiatoire ont eu<br />

leur pardon consigné dans les livres. Si leur vie a<br />

répondu aux exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la loi, leurs péchés sont<br />

effacés, et ils sont jugés dignes <strong>de</strong> la vie éternelle.<br />

<strong>Le</strong> Seigneur dit par le prophète Ésaïe : « C’est moi,<br />

moi qui efface tes transgressions pour l’amour <strong>de</strong><br />

moi, et je ne me souvi<strong>en</strong>drai plus <strong>de</strong> tes péchés. » (<br />

Ésaïe 43.25 ) Jésus déclare : « Celui qui vaincra<br />

sera revêtu ainsi <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>ts blancs; je n’effacerai<br />

point son nom du livre <strong>de</strong> vie, et je confesserai son<br />

nom <strong>de</strong>vant mon Père et <strong>de</strong>vant ses anges. » «<br />

Quiconque me confessera <strong>de</strong>vant les hommes, je le<br />

confesserai aussi <strong>de</strong>vant mon Père qui est dans les<br />

cieux; mais quiconque me r<strong>en</strong>iera <strong>de</strong>vant les<br />

hommes, je le r<strong>en</strong>ierai aussi <strong>de</strong>vant mon Père qui<br />

est dans les cieux. » ( Apocalypse 3.5; Matthieu<br />

10.32, 33 )<br />

L’émotion int<strong>en</strong>se avec laquelle les hommes<br />

att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les décisions d’un tribunal terrestre ne<br />

899


peut donner qu’une faible idée <strong>de</strong> l’intérêt avec<br />

lequel est suivi, dans les cours célestes, l’appel <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

noms écrits dans le livre <strong>de</strong> vie sous le regard<br />

scrutateur du Juge <strong>de</strong> toute la terre. On y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d le<br />

divin intercesseur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que tous ceux qui ont<br />

vaincu par la foi <strong>en</strong> Son sang reçoiv<strong>en</strong>t le pardon<br />

<strong>de</strong> leurs transgressions, que la <strong>de</strong>meure édénique<br />

leur soit r<strong>en</strong>due, et qu’ils soi<strong>en</strong>t couronnés <strong>en</strong><br />

qualité <strong>de</strong> cohéritiers <strong>de</strong> « l’anci<strong>en</strong>ne domination »<br />

( Michée 4.8 ). En <strong>en</strong>traînant la famille humaine<br />

dans le mal, Satan avait cru pouvoir déjouer le<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>en</strong> vue duquel Dieu avait, créé l’homme.<br />

Mais le Sauveur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ant que ce plan<br />

soit mis à exécution comme si l’homme n’avait<br />

jamais péché. Il requiert <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> Son peuple<br />

non seulem<strong>en</strong>t un acquittem<strong>en</strong>t total mais aussi une<br />

part à Sa gloire et une place sur Son trône.<br />

P<strong>en</strong>dant que Jésus plai<strong>de</strong> pour les objets <strong>de</strong> Sa<br />

grâce, Satan les accuse <strong>de</strong>vant Dieu comme<br />

transgresseurs. <strong>Le</strong> grand séducteur s’est efforcé <strong>de</strong><br />

leur inoculer le doute et la défiance à l’égard <strong>de</strong><br />

Dieu, <strong>de</strong> les séparer <strong>de</strong> Son amour et <strong>de</strong> les pousser<br />

à transgresser Sa loi. Mais maint<strong>en</strong>ant il souligne,<br />

900


dans le dossier <strong>de</strong> leur vie, leurs défauts, leur<br />

dissemblance d’avec Jésus – ces imperfections qui<br />

ont déshonoré leur Ré<strong>de</strong>mpteur – <strong>en</strong> un mot, tous<br />

les péchés dans lesquels il les a <strong>en</strong>traînés, et, <strong>en</strong><br />

raison <strong>de</strong> ces faits, il les réclame comme ses sujets.<br />

Jésus n’excuse pas leurs péchés; mais, <strong>en</strong> vertu<br />

<strong>de</strong> leur rep<strong>en</strong>tir et <strong>de</strong> leur foi, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> leur<br />

pardon. Il lève <strong>de</strong>vant le Père et Ses saints anges<br />

Ses mains percées et il dit : Je les connais par leur<br />

nom. Je les ai gravés sur les paumes <strong>de</strong> Mes mains.<br />

« <strong>Le</strong>s sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un<br />

esprit brisé : O Dieu! tu ne dédaignes pas un coeur<br />

brisé et contrit. » ( Psaumes 51.19 ) Se tournant<br />

alors vers l’accusateur <strong>de</strong> son peuple, il lui dit : «<br />

Que l’Éternel te réprime, lui qui a choisi<br />

Jérusalem! N’est-ce pas là un tison arraché du feu?<br />

» ( Zacharie 3.2 ) Et, <strong>en</strong>veloppant ses fidèles <strong>de</strong> Sa<br />

justice, le Sauveur prés<strong>en</strong>te à son Père une « Église<br />

glorieuse, sans tache, ni ri<strong>de</strong>, ni ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> semblable,<br />

mais sainte et irrépréh<strong>en</strong>sible » ( Éphési<strong>en</strong>s 5.27 ).<br />

<strong>Le</strong>urs noms sont maint<strong>en</strong>us dans le livre <strong>de</strong> vie, et<br />

le Seigneur déclare : « Ils marcheront avec moi <strong>en</strong><br />

vêtem<strong>en</strong>ts blancs, parce qu’ils <strong>en</strong> sont dignes. » (<br />

901


Apocalypse 3.4 )<br />

Ainsi s’accomplira cette promesse <strong>de</strong> la<br />

nouvelle alliance : « Je pardonnerai leur iniquité, et<br />

je ne me souvi<strong>en</strong>drai plus <strong>de</strong> leur péché. » « En ces<br />

jours, <strong>en</strong> ce temps-là, dit l’Éternel, on cherchera<br />

l’iniquité d’Israël, et elle n’existera plus; le péché<br />

<strong>de</strong> Juda, et il ne se trouvera plus. » ( Jérémie 31.34;<br />

50.20 ) « En ce temps-là, le germe <strong>de</strong> l’Éternel aura<br />

<strong>de</strong> la magnific<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la gloire, et le fruit du<br />

pays aura <strong>de</strong> l’éclat et <strong>de</strong> la beauté pour les<br />

réchappés d’Israël. Et les restes <strong>de</strong> Sion, les restes<br />

<strong>de</strong> Jérusalem, seront appelés saints, quiconque à<br />

Jérusalem sera inscrit parmi les vivants. » ( Ésaïe<br />

4.2, 3 )<br />

L’instruction du jugem<strong>en</strong>t et l’effacem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés auront lieu avant le retour du Seigneur.<br />

Puisque les morts doiv<strong>en</strong>t être jugés d’après ce qui<br />

est écrit dans les livres, leurs péchés ne peuv<strong>en</strong>t pas<br />

être effacés avant que leurs cas ai<strong>en</strong>t été examinés.<br />

L’apôtre Pierre déclare que les péchés <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants<br />

seront effacés avant que « <strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong>de</strong><br />

rafraîchissem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la part du Seigneur, et<br />

902


qu’il <strong>en</strong>voie celui qui vous a été <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné, Jésus-<br />

Christ » ( Actes 3.19, 20 ). L’instruction du<br />

jugem<strong>en</strong>t terminée, le Seigneur vi<strong>en</strong>dra, « et sa<br />

récomp<strong>en</strong>se sera avec lui pour r<strong>en</strong>dre à chacun<br />

selon ses oeuvres ».<br />

Comme, dans les rites symboliques, le<br />

souverain sacrificateur sortait du sanctuaire pour<br />

bénir la congrégation, après avoir fait l’expiation<br />

pour Israël, <strong>de</strong> même, au terme <strong>de</strong> Son sacerdoce,<br />

Jésus « apparaîtra sans péché une secon<strong>de</strong> fois à<br />

ceux qui l’att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pour leur salut » ( Hébreux<br />

9.28 ) et leur donnera la vie éternelle. <strong>Le</strong><br />

sacrificateur, <strong>en</strong> éliminant les péchés du sanctuaire,<br />

les confessait sur la tête du bouc émissaire; Jésus<br />

placera, pareillem<strong>en</strong>t, tous ces péchés sur la tête <strong>de</strong><br />

Satan, qui <strong>en</strong> est l’auteur et l’instigateur. <strong>Le</strong> bouc<br />

émissaire, chargé <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés d’Israël, était <strong>en</strong>voyé<br />

« dans le désert » ( Lévitique 16.22 ); ainsi, Satan,<br />

chargé <strong>de</strong> tous les péchés dans lesquels il a fait<br />

tomber le peuple <strong>de</strong> Dieu, sera condamné à errer<br />

mille ans sur une terre désolée et privée <strong>de</strong> ses<br />

habitants. Il portera <strong>en</strong>fin la peine intégrale du<br />

péché dans le lac <strong>de</strong> feu, où il sera consumé avec<br />

903


les perdus. <strong>Le</strong> grand plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption se<br />

consommera ainsi par l’extirpation définitive du<br />

péché et par la délivrance <strong>de</strong> tous ceux qui ont<br />

accepté <strong>de</strong> se séparer du mal.<br />

L’instruction du jugem<strong>en</strong>t et l’effacem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés ont comm<strong>en</strong>cé exactem<strong>en</strong>t au temps fixé, à<br />

la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux mille trois c<strong>en</strong>ts jours, <strong>en</strong> 1844.<br />

Tous ceux qui se sont une fois réclamés du nom <strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t subir cet exam<strong>en</strong> minutieux. <strong>Le</strong>s<br />

vivants et les morts sont alors « jugés selon leurs<br />

oeuvres, d’après ce qui est écrit dans ces livres ». (<br />

Apocalypse 20.12 )<br />

Au jour <strong>de</strong> Dieu, les péchés dont on ne s’est pas<br />

rep<strong>en</strong>ti et qu’on n’a pas délaissés ne seront ni,<br />

pardonnés ni effacés et s’élèveront <strong>en</strong> témoignage<br />

contre le violateur. Qu’on ait péché à la lumière du<br />

jour ou dans les ténèbres, tout est découvert aux<br />

yeux <strong>de</strong> celui à qui nous <strong>de</strong>vons r<strong>en</strong>dre compte.<br />

<strong>Le</strong>s anges <strong>de</strong> Dieu, témoins <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> nos<br />

fautes, les ont infailliblem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registrées. On peut<br />

les nier, les cacher à son père, à sa mère, à sa<br />

femme, à ses <strong>en</strong>fants et à ses amis; le coupable peut<br />

904


être le seul à connaître ses torts, mais ils sont mis à<br />

nu <strong>de</strong>vant les esprits célestes. <strong>Le</strong>s ténèbres <strong>de</strong> la<br />

plus sombre nuit, le mystère le plus impénétrable,<br />

la duplicité la plus consommée ne réussiss<strong>en</strong>t pas à<br />

dissimuler aux yeux <strong>de</strong> l’Éternel une seule <strong>de</strong> nos<br />

p<strong>en</strong>sées. Dieu ti<strong>en</strong>t un compte exact <strong>de</strong> tous les<br />

actes faux, <strong>de</strong> tous les procédés injustes. Il ne se<br />

laisse pas tromper par <strong><strong>de</strong>s</strong> appar<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> piété. Il<br />

ne commet point d’erreur dans l’appréciation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

caractères. Un homme corrompu peut tromper ses<br />

semblables, mais Dieu déchire tous les voiles et lit<br />

les secrets <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs.<br />

Combi<strong>en</strong> sol<strong>en</strong>nelle est la p<strong>en</strong>sée que, jour<br />

après jour, tout ce que nous p<strong>en</strong>sons, disons ou<br />

faisons est porté sur les registres du ciel! Une<br />

parole prononcée, un acte commis ne peuv<strong>en</strong>t plus<br />

être retirés. <strong>Le</strong>s anges ont <strong>en</strong>registré le bi<strong>en</strong> et le<br />

mal. <strong>Le</strong> plus puissant conquérant <strong>de</strong> la terre ne peut<br />

arracher <strong>de</strong> ces registres la page d’une seule <strong>de</strong> ses<br />

journées. Nos actions, nos paroles, nos int<strong>en</strong>tions<br />

les plus secrètes même contribueront à déterminer<br />

notre <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée heureuse ou malheureuse. On peut<br />

les oublier, mais elles n’<strong>en</strong> déposeront pas moins<br />

905


soit pour notre justification, soit pour notre<br />

condamnation.<br />

<strong>Le</strong> caractère <strong>de</strong> chacun est reproduit sur les<br />

livres du ciel avec la même exactitu<strong>de</strong> que les traits<br />

du visage sur le cliché du photographe. Et pourtant,<br />

combi<strong>en</strong> peu on se soucie <strong>de</strong> ces inscriptions qui<br />

paraîtront sous les yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres célestes! Si le<br />

voile qui sépare le mon<strong>de</strong> visible du mon<strong>de</strong><br />

invisible se levait soudain, nous permettant <strong>de</strong> voir<br />

un ange <strong>en</strong>registrer fidèlem<strong>en</strong>t chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> actions dont nous serons appelés à r<strong>en</strong>dre<br />

compte au jour du jugem<strong>en</strong>t, combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> paroles<br />

serai<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>ues, et combi<strong>en</strong> d’actions ne serai<strong>en</strong>t<br />

jamais commises!<br />

Au jour du jugem<strong>en</strong>t, l’usage que nous aurons<br />

fait <strong>de</strong> toutes nos facultés sera examiné avec le plus<br />

grand soin. Quel emploi faisons-nous du capital<br />

que le ciel nous a prêté? <strong>Le</strong> Seigneur le retrouverat-il<br />

avec les intérêts? Avons-nous cultivé et utilisé à<br />

la gloire <strong>de</strong> Dieu et pour le relèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l’humanité les tal<strong>en</strong>ts manuels, affectifs et<br />

intellectuels qui nous ont été confiés? Comm<strong>en</strong>t<br />

906


avons-nous usé <strong>de</strong> notre temps, <strong>de</strong> notre plume, <strong>de</strong><br />

notre parole, <strong>de</strong> notre arg<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> notre influ<strong>en</strong>ce?<br />

Qu’avons-nous fait pour le Sauveur dans la<br />

personne <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres, <strong><strong>de</strong>s</strong> affligés, <strong><strong>de</strong>s</strong> orphelins et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> veuves? Dieu nous a constitués dépositaires <strong>de</strong><br />

sa sainte Parole : quel usage avons-nous fait <strong>de</strong> la<br />

lumière <strong>de</strong> la vérité <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à r<strong>en</strong>dre les hommes<br />

sages à salut? Une simple profession <strong>de</strong> foi <strong>en</strong><br />

Jésus-Christ est sans valeur; seul l’amour qui se<br />

traduit <strong>en</strong> actes est considéré comme auth<strong>en</strong>tique.<br />

Aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres célestes l’amour seul donne <strong>de</strong><br />

la valeur à nos actions. Tout acte accompli par<br />

amour, si insignifiant qu’il soit aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes, est accepté et récomp<strong>en</strong>sé par Dieu.<br />

Sur les registres du ciel, l’égoïsme secret du<br />

coeur humain est mis <strong>en</strong> pleine lumière. On y<br />

trouve la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs non accomplis tant<br />

<strong>en</strong>vers nos semblables qu’<strong>en</strong>vers le Sauveur. On y<br />

voit combi<strong>en</strong> d’heures, <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sées et <strong>de</strong> forces qui<br />

appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à Dieu ont été données à Satan. C’est<br />

une lam<strong>en</strong>table docum<strong>en</strong>tation que les anges<br />

accumul<strong>en</strong>t. Des êtres intellig<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> soi-disant<br />

disciples du Christ, se laiss<strong>en</strong>t absorber par<br />

907


l’acquisition <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s terrestres ou par le plaisir.<br />

L’arg<strong>en</strong>t, le temps, les forces vont au luxe ou à la<br />

concupisc<strong>en</strong>ce, tandis que <strong>de</strong> rares mom<strong>en</strong>ts sont<br />

consacrés à la prière, à l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, à<br />

l’humiliation et à la confession <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés.<br />

Satan inv<strong>en</strong>te d’innombrables prétextes pour<br />

occuper notre att<strong>en</strong>tion ailleurs qu’aux objets qui<br />

<strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t le plus nous absorber. <strong>Le</strong> grand séducteur<br />

hait les glorieuses vérités qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />

un sacrifice expiatoire et un tout-puissant<br />

Médiateur. Il sait qu’il ne réussira dans ses<br />

<strong>en</strong>treprises qu’<strong>en</strong> détournant les esprits loin <strong>de</strong><br />

Jésus et <strong>de</strong> Sa vérité.<br />

Ceux qui veul<strong>en</strong>t se mettre au bénéfice <strong>de</strong> la<br />

médiation du Sauveur ne doiv<strong>en</strong>t pas se laisser<br />

détourner par quoi que ce soit du <strong>de</strong>voir <strong>de</strong><br />

travailler à leur sanctification dans la crainte <strong>de</strong><br />

Dieu. <strong>Le</strong>s heures précieuses gaspillées dans le<br />

plaisir, le faste et l’amour <strong>de</strong> l’arg<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t être<br />

consacrées à la prière et à une étu<strong>de</strong> assidue <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vrait<br />

compr<strong>en</strong>dre parfaitem<strong>en</strong>t le sujet du sanctuaire et<br />

908


du jugem<strong>en</strong>t. Chacun <strong>de</strong>vrait être au courant <strong>de</strong> la<br />

position et <strong>de</strong> l’oeuvre <strong>de</strong> notre souverain<br />

sacrificateur. Sans cette connaissance, il n’est pas<br />

possible d’exercer la foi indisp<strong>en</strong>sable <strong>en</strong> ce tempsci,<br />

ni d’occuper le poste que Dieu nous assigne.<br />

Chacun a une âme à sauver ou à perdre. <strong>Le</strong> cas <strong>de</strong><br />

chacun est inscrit à la barre du divin tribunal.<br />

Chacun sera appelé à comparaître face à face<br />

<strong>de</strong>vant le Juge éternel. Il importe donc au plus haut<br />

point <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser souv<strong>en</strong>t à cette scène du jugem<strong>en</strong>t,<br />

où les livres sont ouverts, et où, comme Daniel,<br />

chacun « sera <strong>de</strong>bout pour son héritage à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jours » ( Daniel 12.13 )!<br />

Ceux qui ont reçu la lumière doiv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre<br />

témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités que Dieu leur a<br />

confiées. <strong>Le</strong> sanctuaire céleste est le c<strong>en</strong>tre même<br />

<strong>de</strong> l’oeuvre <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Il<br />

intéresse tous les habitants <strong>de</strong> la terre. Il nous<br />

expose le plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption, nous amène à la<br />

fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps et nous révèle l’issue triomphante du<br />

conflit <strong>en</strong>tre la justice et le péché. Il est donc<br />

important que chacun l’étudie à fond et soit <strong>en</strong> état<br />

<strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre raison <strong>de</strong> l’espérance qui est <strong>en</strong> lui.<br />

909


L’intercession du Sauveur <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong><br />

l’homme dans le sanctuaire céleste est tout aussi<br />

importante dans le plan du salut que sa mort sur la<br />

croix. Depuis Sa résurrection, Jésus achève dans le<br />

ciel l’oeuvre comm<strong>en</strong>cée par lui sur la croix. Nous<br />

<strong>de</strong>vons par la foi aller auprès <strong>de</strong> lui au-<strong>de</strong>là du<br />

voile où il a est <strong>en</strong>tré pour nous comme précurseur<br />

» ( Hébreux 6.20 ). Là se reflète la lumière du<br />

Calvaire. Là nous acquérons une plus claire<br />

intellig<strong>en</strong>ce du mystère <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. Nous<br />

compr<strong>en</strong>ons que c’est à un prix infini que le ciel a<br />

opéré le salut <strong>de</strong> l’homme et que le sacrifice<br />

cons<strong>en</strong>ti est à la hauteur <strong><strong>de</strong>s</strong> plus dures exig<strong>en</strong>ces<br />

<strong>de</strong> la loi transgressée. Jésus nous a frayé la voie qui<br />

mène au trône du Père; désormais, grâce à Sa<br />

médiation, tout désir sincère exprimé par ceux qui<br />

vont à lui par la foi peut être prés<strong>en</strong>té <strong>de</strong>vant Dieu.<br />

« Celui qui cache ses transgressions ne<br />

prospère point, mais celui qui les avoue et les<br />

délaisse obti<strong>en</strong>t miséricor<strong>de</strong>. » ( Proverbes 28.13 )<br />

Satan cherche constamm<strong>en</strong>t à dominer sur nous par<br />

nos défauts, sachant bi<strong>en</strong> que si nous les caressons,<br />

910


il finira par réussir. Pour cela, il nous trompe par ce<br />

fatal sophisme : il ne t’est pas possible <strong>de</strong> vaincre<br />

ce p<strong>en</strong>chant. Si ceux qui cach<strong>en</strong>t et excus<strong>en</strong>t leurs<br />

fautes pouvai<strong>en</strong>t voir Satan triompher à leur sujet,<br />

ils se hâterai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> les confesser et <strong>de</strong> les délaisser,<br />

<strong>en</strong> se rappelant que Jésus prés<strong>en</strong>te <strong>de</strong>vant Dieu Ses<br />

mains meurtries et Son côté percé, et dit à tous<br />

ceux qui veul<strong>en</strong>t le suivre : « Ma grâce te suffit. » (<br />

2 Corinthi<strong>en</strong>s 12.9 ) « Pr<strong>en</strong>ez mon joug sur vous et<br />

recevez mes instructions, car je suis doux et<br />

humble <strong>de</strong> coeur; et vous trouverez du repos pour<br />

vos âmes. Car mon joug est doux, et mon far<strong>de</strong>au<br />

léger. » ( Matthieu 11.29, 30 ) Que nul donc ne<br />

considère ses défauts comme incurables. Dieu vous<br />

donnera foi et grâce pour les surmonter.<br />

Nous vivons à l’époque du grand jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

expiations. Dans le culte mosaïque, p<strong>en</strong>dant que le<br />

souverain sacrificateur faisait l’expiation pour<br />

Israël, chacun <strong>de</strong>vait se rep<strong>en</strong>tir <strong>de</strong> ses péchés et<br />

s’humilier <strong>de</strong>vant le Seigneur, sous peine d’être<br />

retranché <strong>de</strong> son peuple. Maint<strong>en</strong>ant, <strong>de</strong> même,<br />

p<strong>en</strong>dant les quelques jours <strong>de</strong> grâce qui rest<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core, tous ceux qui veul<strong>en</strong>t que leur nom soit<br />

911


maint<strong>en</strong>u dans le livre <strong>de</strong> vie doiv<strong>en</strong>t affliger leur<br />

âme <strong>de</strong>vant Dieu, ress<strong>en</strong>tir une véritable douleur <strong>de</strong><br />

leurs péchés et faire preuve d’une sincère<br />

conversion. Un sérieux retour sur soi-même est<br />

nécessaire. Il faut, chez un bon nombre <strong>de</strong> ceux qui<br />

se dis<strong>en</strong>t disciples du Christ, que la légèreté et la<br />

frivolité disparaiss<strong>en</strong>t. Au prix d’une guerre<br />

sérieuse, on parvi<strong>en</strong>dra à vaincre ses t<strong>en</strong>dances<br />

mauvaises et à remporter la victoire, car cette<br />

oeuvre <strong>de</strong> préparation est une affaire individuelle.<br />

Nous ne sommes pas sauvés par groupe. <strong>La</strong> pureté<br />

et la consécration <strong>de</strong> l’un ne saurai<strong>en</strong>t comp<strong>en</strong>ser le<br />

défaut <strong>de</strong> ces qualités chez un autre. Quoique<br />

toutes les nations doiv<strong>en</strong>t passer <strong>en</strong> jugem<strong>en</strong>t, Dieu<br />

examinera le cas <strong>de</strong> chaque individu avec autant <strong>de</strong><br />

soin que si celui-ci était seul sur la terre.<br />

Sol<strong>en</strong>nelles sont les scènes qui marqu<strong>en</strong>t<br />

l’achèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’expiation. Cette oeuvre<br />

comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts d’une valeur infinie. <strong>Le</strong><br />

tribunal suprême siège maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

années. Bi<strong>en</strong>tôt, nul ne sait quand, les dossiers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vivants y seront examinés. Bi<strong>en</strong>tôt, notre vie<br />

passera sous le redoutable regard <strong>de</strong> Dieu. Il<br />

912


convi<strong>en</strong>t donc plus que jamais <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> à<br />

cette exhortation du Sauveur : « Pr<strong>en</strong>ez gar<strong>de</strong>,<br />

veillez et priez; car vous ne savez quand ce temps<br />

vi<strong>en</strong>dra. » ( Marc 13.33 ) « Si tu ne veilles pas, je<br />

vi<strong>en</strong>drai comme un voleur, et tu ne sauras pas à<br />

quelle heure je vi<strong>en</strong>drai sur toi. » ( Apocalypse 3.3<br />

)<br />

Lorsque l’instruction du jugem<strong>en</strong>t sera<br />

terminée, la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> chacun sera décidée soit<br />

pour la vie, soit pour la mort. <strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> grâce<br />

pr<strong>en</strong>dra fin un peu avant l’apparition <strong>de</strong> notre<br />

Seigneur sur les nuées du ciel. Dans une allusion à<br />

ce temps-là, il nous est dit dans l’Apocalypse : «<br />

Que celui qui est injuste soit <strong>en</strong>core injuste, que<br />

celui qui est souillé se souille <strong>en</strong>core; et que le<br />

juste pratique <strong>en</strong>core la justice, et que celui qui est<br />

saint se sanctifie <strong>en</strong>core. Voici, je vi<strong>en</strong>s bi<strong>en</strong>tôt, et<br />

ma rétribution est avec moi, pour r<strong>en</strong>dre à chacun<br />

selon ce qu’est son oeuvre.» ( Apocalypse 22.11,<br />

12 )<br />

Justes et méchants seront <strong>en</strong>core sur la terre<br />

dans leur état mortel. Dans l’ignorance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

913


décisions finales et irrévocables qui auront été<br />

prises dans le sanctuaire céleste, on plantera, on<br />

bâtira, on mangera et on boira. Avant le déluge, dès<br />

que Noé fut <strong>en</strong>tré dans l’arche, Dieu l’y <strong>en</strong>ferma,<br />

excluant toute possibilité pour les impies d’y<br />

pénétrer. Sept jours durant, ne se doutant pas que<br />

leur sort était définitivem<strong>en</strong>t scellé, ils<br />

continuèr<strong>en</strong>t, imperturbables, à s’adonner au plaisir<br />

et à se moquer <strong>de</strong> l’idée d’une catastrophe<br />

immin<strong>en</strong>te. « Il <strong>en</strong> sera <strong>de</strong> même, dit le Sauveur, à<br />

l’avènem<strong>en</strong>t du Fils <strong>de</strong> l'homme. » ( Matthieu<br />

24.39 ) C’est sil<strong>en</strong>cieuse, inatt<strong>en</strong>due et inaperçue,<br />

comme le voleur dans la nuit, que vi<strong>en</strong>dra l’heure<br />

décisive scellant la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> tout homme, l’heure<br />

où l’offre <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> sera retirée aux<br />

coupables.<br />

« Veillez donc. ... Craignez qu’il ne vous<br />

trouve <strong>en</strong>dormis! » ( Marc 13.35, 36 ) Périlleuse est<br />

la condition <strong>de</strong> ceux qui, se lassant <strong>de</strong> veiller, se<br />

tourn<strong>en</strong>t vers le mon<strong>de</strong>. P<strong>en</strong>dant que le négociant<br />

se laisse absorber par le gain, que l’amateur du<br />

plaisir suit ses inclinations, que l’esclave <strong>de</strong> la<br />

mo<strong>de</strong> p<strong>en</strong>se à ses atours, à ce mom<strong>en</strong>t même, le<br />

914


Juge <strong>de</strong> toute la terre prononce peut-être cette<br />

s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce : Tu as été pesé dans la balance, et tu as<br />

été trouvé léger. » ( Daniel 5.27 )<br />

915


Chapitre 29<br />

L’origine du mal<br />

L’origine et la raison d’être du péché sont pour<br />

bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits un sujet <strong>de</strong> vive perplexité. Voyant<br />

le mal et ses terribles conséqu<strong>en</strong>ces, ils se<br />

<strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t tant <strong>de</strong> souffrances et <strong>de</strong><br />

malignité peuv<strong>en</strong>t se concilier avec la souveraineté<br />

d’un être infini <strong>en</strong> puissance, <strong>en</strong> sagesse et <strong>en</strong><br />

amour. Incapables <strong>de</strong> pénétrer ce mystère, ils<br />

cherch<strong>en</strong>t l’explication dans <strong>de</strong> fausses<br />

interprétations et dans <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions humaines qui<br />

leur ferm<strong>en</strong>t les yeux sur <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités ess<strong>en</strong>tielles au<br />

salut et clairem<strong>en</strong>t révélées dans la Bible. D’autres,<br />

<strong>en</strong>clins au doute et à la critique, trouv<strong>en</strong>t dans le<br />

fait que, malgré leurs recherches, ils ne sont pas<br />

parv<strong>en</strong>us à résoudre le problème <strong>de</strong> l’exist<strong>en</strong>ce du<br />

péché, une excuse pour rejeter <strong>en</strong> bloc toute la<br />

Bible, où sont consignés le caractère <strong>de</strong> Dieu, Sa<br />

nature et Ses principes à l’égard du péché.<br />

Il n’est pas possible <strong>de</strong> donner <strong>de</strong> l’apparition<br />

916


du péché une explication qui <strong>en</strong> justifie l’exist<strong>en</strong>ce,<br />

mais on <strong>en</strong> sait assez sur Son origine et ses<br />

conséqu<strong>en</strong>ces ultimes pour pouvoir admirer la<br />

justice et l’amour <strong>de</strong> Dieu dans sa manière d’agir<br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du mal. Dieu n’est pas responsable <strong>de</strong><br />

l’<strong>en</strong>trée du péché dans le mon<strong>de</strong> : ri<strong>en</strong> n’est plus<br />

clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seigné par les Écritures. Aucun refus<br />

arbitraire <strong>de</strong> la grâce divine, aucune erreur dans le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t divin n’a donné lieu à un<br />

mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t et à une révolte. <strong>Le</strong> péché est un<br />

intrus mystérieux et inexplicable; sa prés<strong>en</strong>ce est<br />

injustifiable. L’excuser, c’est le déf<strong>en</strong>dre. S’il<br />

pouvait être excusé, s’il avait une raison d’être, il<br />

cesserait d’être le péché. <strong>La</strong> seule définition qu’on<br />

puisse <strong>en</strong> donner est celle <strong>de</strong> la parole <strong>de</strong> Dieu : «<br />

le péché est la transgression <strong>de</strong> la loi »; c’est la<br />

manifestation d’un principe réfractaire à la gran<strong>de</strong><br />

loi d’amour, base du gouvernem<strong>en</strong>t divin.<br />

Avant l’apparition du mal, la paix et la joie<br />

régnai<strong>en</strong>t dans l’univers. Tout y était conforme à la<br />

volonté du Créateur. L’amour pour Dieu était<br />

suprême et l’amour mutuel impartial. Jésus-Christ,<br />

Verbe et Fils unique <strong>de</strong> Dieu, était un avec le Père<br />

917


éternel; un par sa nature, par son caractère, par ses<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seins. Il était le seul être <strong>de</strong> l’univers admis à<br />

connaître tous les conseils et tous les plans <strong>de</strong><br />

Dieu. C’est par lui que Dieu avait créé les êtres<br />

célestes. « Car <strong>en</strong> lui ont été créées toutes les<br />

choses qui sont dans les cieux..., trônes, dignités,<br />

dominations, autorités. » ( Colossi<strong>en</strong>s 1.16 ) Au<br />

Fils comme au Père, l’univers <strong>en</strong>tier était soumis.<br />

<strong>La</strong> loi <strong>de</strong> l’amour étant à la base du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, le bonheur <strong>de</strong> toutes les<br />

créatures dép<strong>en</strong>dait <strong>de</strong> leur parfait accord avec les<br />

grands principes <strong>de</strong> cette loi. Dieu <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

toutes Ses créatures un service d’amour, un<br />

hommage qui découle d’une appréciation<br />

intellig<strong>en</strong>te <strong>de</strong> Son caractère. Ne pr<strong>en</strong>ant aucun<br />

plaisir à une obéissance forcée, Il accor<strong>de</strong> à chacun<br />

le privilège <strong>de</strong> la liberté morale permettant à tous<br />

<strong>de</strong> Lui r<strong>en</strong>dre un service volontaire.<br />

Mais un être voulut pervertir cette liberté. <strong>Le</strong><br />

péché prit naissance dans le coeur <strong>de</strong> celui qui,<br />

après le Christ avait été le plus hautem<strong>en</strong>t honoré<br />

<strong>de</strong> Dieu, et qui était le plus puissant et le plus<br />

918


glorieux <strong>de</strong> tous les habitants du ciel. Avant sa<br />

chute, Lucifer, le Porte-Lumière, était un «<br />

chérubin protecteur » saint et sans tache. « Ainsi<br />

parle le Seigneur, l’Éternel : Tu mettais le sceau à<br />

la perfection, tu étais plein <strong>de</strong> sagesse, parfait <strong>en</strong><br />

beauté. Tu étais <strong>en</strong> Éd<strong>en</strong>, le jardin <strong>de</strong> Dieu; tu étais<br />

couvert <strong>de</strong> toute espèce <strong>de</strong> pierres précieuses.... Tu<br />

étais un chérubin protecteur, aux ailes déployées; je<br />

t’avais placé et tu étais sur la sainte montagne <strong>de</strong><br />

Dieu; tu marchais au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres<br />

étincelantes. Tu as été intègre dans tes voies <strong>de</strong>puis<br />

le jour où tu fus créé jusqu’à celui où l’iniquité a<br />

été trouvée chez toi. » ( Ézéchiel 28.12-15, 17 )<br />

Lucifer aurait pu conserver la faveur <strong>de</strong> Dieu.<br />

Aimé et honoré <strong><strong>de</strong>s</strong> armées angéliques, il aurait pu<br />

faire servir ses nobles facultés au bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> son<br />

<strong>en</strong>tourage et à la gloire <strong>de</strong> son Créateur. Mais, dit<br />

le prophète, « ton coeur s’est élevé à cause <strong>de</strong> ta<br />

beauté, tu as corrompu ta sagesse par ton éclat. » (<br />

Ézéchiel 28.12-15 ) Peu à peu, Lucifer se laissa<br />

aller au désir <strong>de</strong> s’élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la position<br />

qui lui avait été assignée. « Tu as voulu te<br />

persua<strong>de</strong>r que tu étais un dieu.... Tu disais <strong>en</strong> ton<br />

919


coeur :... J’élèverai mon trône au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles<br />

<strong>de</strong> Dieu; je m’assiérai sur la montagne <strong>de</strong><br />

l’assemblée. ... Je monterai sur le sommet <strong><strong>de</strong>s</strong> nues,<br />

je serai semblable au Très-Haut. ( Ézéchiel 28.6,<br />

version synodale; Ésaïe 14.13, 14 ) Au lieu <strong>de</strong><br />

veiller à exalter Dieu au suprême <strong>de</strong>gré et à lui<br />

assurer la première place dans l’affection <strong>de</strong> ses<br />

créatures, Lucifer chercha à capter à son profit leur<br />

allégeance et leurs hommages. Convoitant<br />

l’honneur que le Père avait conféré à Son Fils, le<br />

prince <strong><strong>de</strong>s</strong> anges aspira à une puissance dont le<br />

Christ seul dét<strong>en</strong>ait la prérogative.<br />

<strong>Le</strong> ciel <strong>en</strong>tier réfléchissait la gloire du Créateur<br />

et proclamait ses louanges. Tant que Dieu avait été<br />

ainsi honoré, on n’avait connu que la paix et la<br />

joie. Mais une note discordante, l’exaltation du<br />

moi, troubla soudain l’harmonie céleste. Ce<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t, si contraire aux <strong><strong>de</strong>s</strong>seins du Créateur,<br />

éveilla <strong>de</strong> sombres press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts chez les êtres<br />

qui r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à Dieu les honneurs suprêmes. Des<br />

conseils célestes adressèr<strong>en</strong>t à Lucifer d’instantes<br />

exhortations. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu lui représ<strong>en</strong>ta la<br />

gran<strong>de</strong>ur, la bonté et la justice du Maître <strong>de</strong><br />

920


l’univers, ainsi que la nature sacrée et<br />

l’immutabilité <strong>de</strong> Sa loi. C’est Dieu lui-même qui<br />

avait établi l’ordre qui régnait dans le ciel. En s’<strong>en</strong><br />

écartant, Lucifer déshonorait son Créateur et attirait<br />

le malheur sur sa tête. Mais cet avertissem<strong>en</strong>t,<br />

donné avec amour et compassion, ne fit qu’éveiller<br />

un esprit <strong>de</strong> résistance. Cédant à sa jalousie <strong>en</strong>vers<br />

le Fils <strong>de</strong> Dieu, Lucifer s’obstina.<br />

L’orgueil que lui inspirait sa haute situation fit<br />

naître <strong>en</strong> lui le désir <strong>de</strong> la suprématie. Oubliant les<br />

grands honneurs dont il était l’objet <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />

son Créateur, fier <strong>de</strong> l’éclat <strong>de</strong> sa gloire, il aspira à<br />

l’égalité avec Dieu. Aimé et vénéré <strong><strong>de</strong>s</strong> armées<br />

célestes, il surpassait tous les anges <strong>en</strong> sagesse et<br />

<strong>en</strong> magnific<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu cep<strong>en</strong>dant était<br />

reconnu comme le Souverain du ciel. Il partageait<br />

la puissance et l’autorité du Père, et participait à<br />

tous Ses conseils. Lucifer, qui n’était pas informé<br />

<strong>de</strong> la même manière <strong>de</strong> tous les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins du Tout-<br />

Puissant, <strong>de</strong>mandait : « Pourquoi le Fils aurait-il la<br />

suprématie? Pourquoi est-il élevé au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

moi? »<br />

921


Abandonnant alors sa place <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce<br />

immédiate <strong>de</strong> Dieu, le fier chérubin alla semer la<br />

discor<strong>de</strong> parmi les anges. Opérant dans le secret, et<br />

tout <strong>en</strong> cachant d’abord ses int<strong>en</strong>tions réelles sous<br />

le masque d’une gran<strong>de</strong> vénération pour Dieu, il<br />

s’efforça <strong>de</strong> soulever le mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t contre les<br />

lois qui gouvernai<strong>en</strong>t les êtres célestes, affirmant<br />

qu’elles imposai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> restrictions inutiles. Il<br />

prét<strong>en</strong>dait que, eu égard à leur sainteté, les anges<br />

ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t connaître d’autre loi que leur bon<br />

plaisir. Pour gagner leur sympathie, il donna à<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que Dieu l’avait traité injustem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

accordant les honneurs suprêmes à son Fils,<br />

affirmant qu’<strong>en</strong> aspirant à une puissance plus<br />

gran<strong>de</strong> et à <strong>de</strong> nouveaux honneurs, il ne recherchait<br />

pas son propre avantage, mais seulem<strong>en</strong>t la liberté<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants du ciel, leur permettant d’atteindre un<br />

<strong>de</strong>gré d’exist<strong>en</strong>ce plus élevé.<br />

Dans sa gran<strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>, Dieu supporta<br />

longtemps Lucifer. Il ne le <strong><strong>de</strong>s</strong>titua pas <strong>de</strong> sa haute<br />

position dès les premières manifestations <strong>de</strong> son<br />

mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, ni même lorsqu’il comm<strong>en</strong>ça à<br />

propager ses idées parmi les anges fidèles. <strong>Le</strong><br />

922


pardon lui fut offert à plusieurs reprises à condition<br />

qu’il se rep<strong>en</strong>te et se soumette. Des démarches que<br />

seuls un amour et une sagesse infinis pouvai<strong>en</strong>t<br />

concevoir fur<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tées pour le convaincre <strong>de</strong> son<br />

erreur. Jamais, auparavant, le mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t<br />

n’avait été ress<strong>en</strong>ti dans le ciel. Lucifer lui-même<br />

ne vit pas tout d’abord son erreur et il ne comprit<br />

pas la vraie nature <strong>de</strong> ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Aussi<br />

lorsqu’on lui prouva que son attitu<strong>de</strong> hostile n’avait<br />

pas <strong>de</strong> raison d’être, convaincu <strong>de</strong> ses torts, il vit<br />

que l’autorité divine était juste et qu’il <strong>de</strong>vait la<br />

reconnaître comme telle <strong>de</strong>vant le ciel tout <strong>en</strong>tier.<br />

S’il l’avait fait, il eût pu être sauvé, et bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

anges avec lui. Il n’avait pas <strong>en</strong>core, à ce mom<strong>en</strong>tlà,<br />

levé ouvertem<strong>en</strong>t l’ét<strong>en</strong>dard <strong>de</strong> la révolte contre<br />

Dieu. Il avait bi<strong>en</strong> abandonné sa position <strong>de</strong><br />

chérubin protecteur, mais s’il était rev<strong>en</strong>u sur ses<br />

pas <strong>en</strong> reconnaissant la sagesse du Créateur, et<br />

s’était cont<strong>en</strong>té <strong>de</strong> la place qui lui avait été assignée<br />

dans le grand plan divin, il aurait été rétabli dans<br />

ses fonctions. Mais l’orgueil l’empêcha <strong>de</strong> se<br />

soumettre. S’obstinant dans sa mauvaise voie, il<br />

soutint qu’il n’avait pas lieu <strong>de</strong> se rep<strong>en</strong>tir, et se<br />

déclara ouvertem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lutte avec son Créateur.<br />

923


À partir <strong>de</strong> ce mom<strong>en</strong>t, il employa toutes les<br />

ressources <strong>de</strong> sa gigantesque intellig<strong>en</strong>ce à capter<br />

la sympathie <strong><strong>de</strong>s</strong> anges qui avai<strong>en</strong>t été sous ses<br />

ordres. Dans l’intérêt <strong>de</strong> sa perfi<strong>de</strong> ambition et <strong>de</strong><br />

sa trahison, il n’hésita pas à fausser le s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

avertissem<strong>en</strong>ts et <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils que Jésus lui avait<br />

donnés. À ceux qui lui étai<strong>en</strong>t le plus attachés par<br />

les li<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l’amitié, il fit croire qu’il était mal jugé,<br />

que sa position n’était pas respectée, et qu’on<br />

voulait porter atteinte à sa liberté. De là, il <strong>en</strong> vint à<br />

attaquer directem<strong>en</strong>t le Fils <strong>de</strong> Dieu, qu’il accusait<br />

du <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> l’humilier <strong>de</strong>vant tous les habitants<br />

du ciel. Puis, pour donner le change aux anges<br />

restés loyaux, il accusait ceux qu’il ne pouvait<br />

tromper et faire passer dans son camp, <strong>de</strong> trahir la<br />

cause du ciel, c’est-à-dire d’agir comme il agissait<br />

lui-même. Pour donner <strong>de</strong> la vraisemblance à<br />

l’accusation d’injustice, qu’il portait contre Dieu, il<br />

faussait les paroles et les actes du Créateur. Son<br />

système consistait à embarrasser les anges par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

argum<strong>en</strong>ts subtils touchant les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Dieu. Ce<br />

qui était simple, il l’<strong>en</strong>veloppait <strong>de</strong> mystère; et, <strong>en</strong><br />

dénaturant artificieusem<strong>en</strong>t les faits, il jetait le<br />

924


doute sur les déclarations les plus formelles <strong>de</strong><br />

Jéhovah. Sa haute position et ses rapports intimes<br />

avec l’administration divine donnai<strong>en</strong>t tant <strong>de</strong><br />

poids à ses paroles, qu’un grand nombre d’anges<br />

embrassèr<strong>en</strong>t le parti <strong>de</strong> la révolte contre l’autorité<br />

du ciel.<br />

Dans sa lutte contre le péché, Dieu ne pouvait<br />

employer d’autres armes que la justice et la vérité,<br />

tandis que Lucifer pouvait faire usage <strong>de</strong> flatterie et<br />

<strong>de</strong> m<strong>en</strong>songe. Falsifiant les paroles <strong>de</strong> Dieu et<br />

calomniant les plans <strong>de</strong> Son gouvernem<strong>en</strong>t, il<br />

prét<strong>en</strong>dit que Dieu n’était pas juste <strong>en</strong> imposant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lois et <strong><strong>de</strong>s</strong> règlem<strong>en</strong>ts aux habitants du ciel; qu’<strong>en</strong><br />

exigeant <strong>de</strong> ses créatures la soumission et<br />

l’obéissance, il n’avait <strong>en</strong> vue que Sa propre<br />

exaltation. Aussi l’habileté, les sophismes et la<br />

calomnie dont il usa lui donnèr<strong>en</strong>t-ils au début un<br />

avantage considérable.<br />

Masquant ses plans sous une appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

loyauté, il soutint qu’il travaillait à la gloire <strong>de</strong><br />

Dieu, à la stabilisation <strong>de</strong> Son gouvernem<strong>en</strong>t et au<br />

bonheur <strong>de</strong> tous les habitants célestes. Tout <strong>en</strong><br />

925


semant l’insoumission parmi les anges qu’il avait<br />

sous ses ordres, il donnait hypocritem<strong>en</strong>t à<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu’il travaillait à éliminer les causes du<br />

mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. En proposant <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications<br />

dans les lois et le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, il<br />

affirmait que, loin d'être <strong>en</strong> révolte, il ne cherchait<br />

qu'à contribuer à la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'harmonie du<br />

ciel et au bonheur <strong>de</strong> l'univers.<br />

Faisant un pas <strong>de</strong> plus, il se mit à r<strong>en</strong>dre Dieu<br />

et son administration responsables du désordre qu'il<br />

avait lui-même créé, tout <strong>en</strong> se faisant fort <strong>de</strong><br />

corriger et d'améliorer les statuts <strong>de</strong> Jéhovah. Il<br />

<strong>de</strong>mandait seulem<strong>en</strong>t qu'on lui permit <strong>de</strong><br />

démontrer, <strong>en</strong> effectuant <strong><strong>de</strong>s</strong> changem<strong>en</strong>ts<br />

indisp<strong>en</strong>sables, le bi<strong>en</strong>-fondé <strong>de</strong> ses prét<strong>en</strong>tions.<br />

Dans sa sagesse, Dieu laissa Lucifer poursuivre<br />

sa campagne jusqu’au mom<strong>en</strong>t où elle éclaterait au<br />

grand jour. Ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins étai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>veloppés <strong>de</strong> mystère qu’il était difficile, tant<br />

qu’il ne s’était pas complètem<strong>en</strong>t dévoilé, <strong>de</strong><br />

démasquer le chérubin protecteur <strong>de</strong>vant les hôtes<br />

célestes qui le chérissai<strong>en</strong>t et sur lesquels il<br />

926


exerçait une profon<strong>de</strong> influ<strong>en</strong>ce. D’ailleurs, le<br />

péché n’avait <strong>en</strong>core jamais pénétré dans l’univers<br />

<strong>de</strong> Dieu, et les êtres saints qui peuplai<strong>en</strong>t le ciel<br />

n’avai<strong>en</strong>t aucune idée <strong>de</strong> sa malignité et <strong>de</strong> ses<br />

conséqu<strong>en</strong>ces.<br />

D’autre part, le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu ne<br />

s’ét<strong>en</strong>dant pas seulem<strong>en</strong>t aux habitants du ciel,<br />

mais à ceux <strong>de</strong> tous les mon<strong><strong>de</strong>s</strong> créés, Satan<br />

(l’adversaire) songea que s’il pouvait <strong>en</strong>traîner les<br />

anges dans sa révolte, il pourrait aussi ajouter les<br />

autres mon<strong><strong>de</strong>s</strong> à son empire. Il fallait donc que<br />

l’univers tout <strong>en</strong>tier comprît le caractère réel <strong>de</strong><br />

l’usurpateur et la vraie nature <strong>de</strong> ses machinations.<br />

Il fallait que, <strong>de</strong>vant les habitants du ciel et <strong>de</strong> tous<br />

les mon<strong><strong>de</strong>s</strong>, fuss<strong>en</strong>t démontrées la justice <strong>de</strong> Dieu<br />

et la perfection <strong>de</strong> Sa loi. Dans l’intérêt <strong>de</strong><br />

l’univers <strong>en</strong>tier à travers les âges éternels, il<br />

importait que chacun pût voir sous leur véritable<br />

jour les accusations <strong>de</strong> Lucifer contre le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t divin. Il fallait, <strong>en</strong> outre, d’une<br />

manière indubitable, que l’immutabilité <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong><br />

Dieu fût établie et que les accusations du grand<br />

révolté fuss<strong>en</strong>t condamnées par ses propres<br />

927


oeuvres.<br />

Il fallait laisser mûrir le mal. Voilà pourquoi,<br />

lorsqu’il fut décidé que Satan ne serait plus toléré<br />

dans le ciel, Dieu ne jugea pas à propos <strong>de</strong> lui ôter<br />

la vie. <strong>Le</strong> Créateur ne peut agréer qu’une adoration<br />

fondée sur un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’amour et une allégeance<br />

dictée par la conviction <strong>de</strong> Sa justice et <strong>de</strong> Sa<br />

bonté. Or, si la peine capitale avait été infligée au<br />

grand coupable, les habitants du ciel et <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />

mon<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>en</strong>core incapables <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre la nature<br />

et les conséqu<strong>en</strong>ces du péché, n’aurai<strong>en</strong>t pas pu,<br />

dans cet acte sommaire, discerner la justice et la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu. Si l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Satan avait<br />

été immédiatem<strong>en</strong>t supprimée, l’univers aurait<br />

servi Dieu par crainte plutôt que par amour. <strong>Le</strong>s<br />

sympathies qui allai<strong>en</strong>t au chef <strong>de</strong> la révolte<br />

n’aurai<strong>en</strong>t pas complètem<strong>en</strong>t disparu, et l’esprit<br />

d’insurrection n’aurait pas été <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

déraciné.<br />

Quand on annonça au chef <strong><strong>de</strong>s</strong> rebelles qu’il<br />

allait être expulsé, avec tous ses partisans, du<br />

séjour <strong>de</strong> la félicité, il afficha hardim<strong>en</strong>t son mépris<br />

928


pour la loi du Créateur, et réitéra son affirmation<br />

que les anges n’avai<strong>en</strong>t pas besoin d’autre loi que<br />

leur volonté, qui les gui<strong>de</strong>rait toujours dans la<br />

bonne voie. Prét<strong>en</strong>dant que les statuts divins<br />

portai<strong>en</strong>t atteinte à leurs libertés, il déclara que son<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sein était d’obt<strong>en</strong>ir l’abolition <strong>de</strong> toute espèce<br />

<strong>de</strong> loi, ajoutant qu’affranchies <strong>de</strong> ce joug, les<br />

intellig<strong>en</strong>ces célestes <strong>en</strong>trerai<strong>en</strong>t dans une exist<strong>en</strong>ce<br />

plus élevée et plus glorieuse.<br />

À l’unanimité, Satan et ses anges accusèr<strong>en</strong>t le<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu d’être l’auteur responsable du<br />

schisme, affirmant que s’ils n’avai<strong>en</strong>t pas été<br />

réprimandés, ils ne se serai<strong>en</strong>t jamais révoltés.<br />

Obstinés et effrontés dans leur révolte, et se disant<br />

cyniquem<strong>en</strong>t les victimes d’un pouvoir oppresseur,<br />

le grand rebelle et ses partisans fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin bannis<br />

du ciel.<br />

L’esprit qui a fait naître la révolte dans la<br />

<strong>de</strong>meure <strong>de</strong> Dieu la fom<strong>en</strong>te <strong>en</strong>core aujourd’hui sur<br />

la terre. Satan poursuit parmi les hommes l’oeuvre<br />

comm<strong>en</strong>cée chez les anges. Il règne maint<strong>en</strong>ant sur<br />

« les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> la rébellion ». Comme lui, ceux-ci<br />

929


s’efforc<strong>en</strong>t <strong>de</strong> supprimer les restrictions imposées<br />

par la loi <strong>de</strong> Dieu, et c’est par la transgression <strong>de</strong><br />

ses préceptes qu’ils promett<strong>en</strong>t aux hommes la<br />

liberté. <strong>La</strong> lutte contre le péché suscite <strong>en</strong>core<br />

aujourd’hui la résistance et la haine. Quand Dieu<br />

parle aux consci<strong>en</strong>ces par <strong><strong>de</strong>s</strong> messages<br />

d’avertissem<strong>en</strong>t, Satan pousse les hommes à se<br />

justifier et à chercher <strong>de</strong> la sympathie. Au lieu<br />

d’abandonner leurs erreurs, ils excit<strong>en</strong>t<br />

l’indignation, contre ceux qui les c<strong>en</strong>sur<strong>en</strong>t,<br />

comme si ces <strong>de</strong>rniers étai<strong>en</strong>t la cause du mal.<br />

Depuis Abel jusqu’à maint<strong>en</strong>ant, cet esprit s’est<br />

toujours manifesté <strong>en</strong>vers ceux qui os<strong>en</strong>t<br />

condamner le péché.<br />

C’est <strong>en</strong> calomniant le caractère <strong>de</strong> Dieu<br />

comme il l’avait fait dans le ciel, et <strong>en</strong> le<br />

représ<strong>en</strong>tant comme sévère et tyrannique, que<br />

Satan a fait tomber l’homme dans le mal. Ayant<br />

réussi, il déclare que ce sont les injustes restrictions<br />

<strong>de</strong> Dieu qui ont am<strong>en</strong>é la chute <strong>de</strong> l’homme,<br />

comme elles ont provoqué sa propre défection.<br />

L’Éternel, <strong>en</strong> revanche, définit Son caractère<br />

comme suit : « Dieu miséricordieux et<br />

930


compatissant, l<strong>en</strong>t à la colère, riche <strong>en</strong> bonté et <strong>en</strong><br />

fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille<br />

générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et<br />

le péché, mais qui ne ti<strong>en</strong>t point le coupable pour<br />

innoc<strong>en</strong>t. » ( Exo<strong>de</strong> 34.6, 7 ) En bannissant Satan<br />

du ciel, Dieu manifestait Sa justice et sout<strong>en</strong>ait<br />

l’honneur <strong>de</strong> Son trône. Mais quand, <strong>en</strong>traîné par la<br />

supercherie du grand apostat, l’homme eut péché,<br />

Dieu donna une preuve <strong>de</strong> son amour <strong>en</strong> livrant son<br />

Fils unique à la mort <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l’espèce<br />

humaine. C’est au Calvaire que le caractère <strong>de</strong><br />

Dieu se révéla. <strong>La</strong> croix prouva à l’univers tout<br />

<strong>en</strong>tier que la rébellion <strong>de</strong> Lucifer n’était nullem<strong>en</strong>t<br />

imputable au gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu.<br />

Dans la lutte <strong>en</strong>tre le Christ et Satan, durant le<br />

ministère du Sauveur, le véritable caractère du<br />

grand séducteur se révéla. Ri<strong>en</strong> ne fut plus propre à<br />

éteindre chez les anges et chez toutes les<br />

intellig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l’univers la <strong>de</strong>rnière étincelle<br />

d’affection pour Lucifer, que sa guerre cruelle<br />

contre le Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong>. L’audace<br />

blasphématoire avec laquelle il osa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

Jésus <strong>de</strong> lui r<strong>en</strong>dre hommage, la hardiesse<br />

931


présomptueuse qui le poussa à le transporter au<br />

haut <strong>de</strong> la montagne et au sommet du temple, la<br />

perfidie dont il fit preuve <strong>en</strong> lui suggérant <strong>de</strong> se<br />

précipiter d’une hauteur vertigineuse, la malignité<br />

inlassable avec laquelle il le harcela <strong>de</strong> lieu <strong>en</strong> lieu<br />

jusqu’à inciter les sacrificateurs et le peuple à<br />

r<strong>en</strong>ier Son amour et à s’écrier : « Crucifie-le!<br />

Crucifie-le! » – tout cela provoqua l’étonnem<strong>en</strong>t et<br />

l’indignation <strong>de</strong> l’univers.<br />

C’est Satan qui poussa le mon<strong>de</strong> à rejeter<br />

Jésus-Christ. Voyant que la miséricor<strong>de</strong>, l’amour,<br />

la compassion et la t<strong>en</strong>dresse du Sauveur<br />

représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t aux yeux du mon<strong>de</strong> le caractère <strong>de</strong><br />

Dieu, Satan fit usage <strong>de</strong> toute sa puissance et <strong>de</strong><br />

toute son astuce pour le supprimer. Il contesta<br />

chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> prét<strong>en</strong>tions du Fils <strong>de</strong> Dieu et employa<br />

comme ag<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes chargés <strong>de</strong> semer sa vie<br />

<strong>de</strong> souffrance et <strong>de</strong> tristesse. <strong>Le</strong>s sophismes et les<br />

m<strong>en</strong>songes par lesquels il s’efforça d’<strong>en</strong>traver<br />

l’oeuvre <strong>de</strong> Jésus, la haine manifestée par ses<br />

sicaires, ses cruelles accusations contre une vie <strong>de</strong><br />

bonté sans exemple : tout cela dénotait une<br />

rancoeur séculaire qui se déchaîna sur le Fils <strong>de</strong><br />

932


Dieu au Calvaire comme un torr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> malignité,<br />

<strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> v<strong>en</strong>geance que le ciel <strong>en</strong>tier<br />

contempla dans un sil<strong>en</strong>ce glacé d’horreur.<br />

Son sacrifice consommé, Jésus monta aux<br />

cieux, mais il n’accepta les hommages <strong><strong>de</strong>s</strong> anges<br />

qu’après avoir prés<strong>en</strong>té au Père cette requête : « Je<br />

veux que là où je suis ceux que tue m’as donnés<br />

soi<strong>en</strong>t aussi avec moi. » ( Jean 17.24 ) En acc<strong>en</strong>ts<br />

d’une puissance et d’un amour inexprimables, le<br />

Père fit <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> son trône cette réponse : « Que<br />

tous les anges <strong>de</strong> Dieu l’ador<strong>en</strong>t! » ( Hébreux 1.6 )<br />

Jésus était sans tache. Son humiliation finie, son<br />

sacrifice consommé, il reçut un nom qui est au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> tout autre nom.<br />

Désormais, la culpabilité <strong>de</strong> Satan était<br />

inexcusable. Il s’était montré tel qu’il est : m<strong>en</strong>teur<br />

et meurtrier. On comprit que l’esprit qu’il<br />

manifestait parmi les hommes qui s’étai<strong>en</strong>t rangés<br />

sous son sceptre, il l’aurait introduit dans le ciel s’il<br />

<strong>en</strong> avait eu la possibilité. Il avait prét<strong>en</strong>du que la<br />

transgression <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu ouvrirait une ère <strong>de</strong><br />

gloire et <strong>de</strong> liberté : on voyait maint<strong>en</strong>ant qu’elle<br />

933


n’avait am<strong>en</strong>é que l’esclavage et la dégradation.<br />

<strong>Le</strong>s accusations m<strong>en</strong>songères <strong>de</strong> Lucifer contre<br />

le caractère et le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu apparur<strong>en</strong>t<br />

sous leur vrai jour. Il avait affirmé qu’<strong>en</strong> exigeant<br />

<strong>de</strong> ses créatures la soumission et l’obéissance, Dieu<br />

<strong>de</strong>mandait d’elles un r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices<br />

auxquels il n’eût pas cons<strong>en</strong>ti lui-même et<br />

recherchait uniquem<strong>en</strong>t Sa gloire personnelle. Or<br />

chacun pouvait maint<strong>en</strong>ant constater que, pour<br />

sauver une race pécheresse, le Maître <strong>de</strong> l’univers<br />

n’avait pas reculé <strong>de</strong>vant le plus grand sacrifice<br />

auquel Son amour eût pu cons<strong>en</strong>tir; « car Dieu était<br />

<strong>en</strong> Christ, réconciliant le mon<strong>de</strong> avec lui-même » (<br />

2 Corinthi<strong>en</strong>s 5.19 ). On vit aussi que Lucifer,<br />

assoiffé <strong>de</strong> gloire et <strong>de</strong> domination, avait ouvert la<br />

porte au péché, tandis que, pour détruire le mal, le<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu s’était humilié <strong>en</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant obéissant<br />

jusqu’à la mort.<br />

Dieu avait témoigné <strong>de</strong> l’horreur pour les<br />

principes <strong>de</strong> la rébellion, et le ciel tout <strong>en</strong>tier voyait<br />

maint<strong>en</strong>ant éclater sa justice, tant dans la<br />

condamnation <strong>de</strong> Satan que dans la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong><br />

934


l’homme. Lucifer avait déclaré que si la loi était<br />

immuable et si chaque transgression <strong>de</strong>vait être<br />

punie, tout transgresseur <strong>de</strong>vait être à jamais exclu<br />

<strong>de</strong> la faveur du Créateur. Il avait affirmé que<br />

l’espèce humaine ne pouvait pas être rachetée et<br />

qu’elle était, par conséqu<strong>en</strong>t, sa légitime proie.<br />

Mais la mort <strong>de</strong> Jésus <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l’homme était<br />

un argum<strong>en</strong>t irrésistible : la pénalité <strong>de</strong> la loi était<br />

tombée sur un Être qui était l’égal <strong>de</strong> Dieu, laissant<br />

l’homme libre d’accepter Sa justice et <strong>de</strong> triompher<br />

<strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> Satan, <strong>de</strong> même que le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>en</strong> avait été vainqueur. Ainsi, tout <strong>en</strong><br />

<strong>de</strong>meurant juste, Dieu avait justifié ceux qui<br />

croi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Jésus.<br />

Mais si le Christ est v<strong>en</strong>u souffrir et mourir, ce<br />

n’est pas seulem<strong>en</strong>t pour assurer le salut <strong>de</strong><br />

l’homme. S’il est v<strong>en</strong>u pour r<strong>en</strong>dre la loi <strong>de</strong> Dieu «<br />

gran<strong>de</strong> et magnifique », ce n’est pas uniquem<strong>en</strong>t<br />

pour les habitants <strong>de</strong> cette terre : son grand<br />

sacrifice démontre à l’univers <strong>en</strong>tier que cette loi<br />

est immuable. Si elle avait pu être abolie, le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu n’aurait pas dû donner sa vie pour <strong>en</strong> expier<br />

la transgression. Sa mort <strong>en</strong> prouve l’immutabilité.<br />

935


L’expiation cons<strong>en</strong>tie par l’amour du Père et du<br />

Fils pour assurer la ré<strong>de</strong>mption <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs<br />

démontre – et pouvait seule démontrer – à l’univers<br />

<strong>en</strong>tier que la justice et la miséricor<strong>de</strong> sont à la base<br />

<strong>de</strong> la loi et du gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu.<br />

Tout <strong>en</strong> proclamant à l’univers l’immutabilité<br />

<strong>de</strong> la loi, la croix du Calvaire affirme que le salaire<br />

du péché, c’est la mort. Ce cri du Sauveur expirant<br />

: « Tout est accompli » a sonné le glas <strong>de</strong> Satan.<br />

L’issue du grand conflit séculaire était désormais<br />

décidée et l’extirpation finale du mal assurée. <strong>Le</strong><br />

Fils <strong>de</strong> Dieu est <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du dans la tombe « afin que,<br />

par la mort, il anéantît celui qui a la puissance <strong>de</strong> la<br />

mort, c’est-à-dire le diable » ( Hébreux 2.14 ).<br />

Au jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>rnier, quand le Juge <strong>de</strong> toute la<br />

terre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra à Satan : « Pourquoi t’es-tu révolté<br />

contre moi et m’as-tu ravi mes sujets? » l’auteur du<br />

mal restera bouche close. Toutes les lèvres seront<br />

fermées et toutes les armées <strong>de</strong> la rébellion<br />

resteront sil<strong>en</strong>cieuses.<br />

L’ambition <strong>de</strong> Lucifer l’avait poussé à dire : «<br />

936


J’élèverai mon trône au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles <strong>de</strong><br />

Dieu... Je serai semblable au Très-Haut. » Dieu a<br />

répondu : « Je te réduis <strong>en</strong> c<strong>en</strong>dre sur la terre... Tu<br />

es réduit au néant, tu ne seras plus à jamais! » (<br />

Ésaïe 14.13, 14; Ézéchiel 28.18, 19 ) Lorsque le<br />

jour vi<strong>en</strong>dra, « ard<strong>en</strong>t comme une fournaise, tous<br />

les hautains et tous les méchants seront comme du<br />

chaume; le jour qui vi<strong>en</strong>t les embrasera, dit<br />

l’Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées, il ne leur laissera ni racine ni<br />

rameau » ( Malachie 4.1 ).<br />

Dieu a fait <strong>de</strong> la révolte <strong>de</strong> Satan une leçon<br />

pour l’univers dans tous les siècles à v<strong>en</strong>ir, un<br />

témoignage perpétuel <strong>de</strong> la nature et <strong><strong>de</strong>s</strong> terribles<br />

conséqu<strong>en</strong>ces du péché. L’application <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes <strong>de</strong> Lucifer et leurs effets sur les anges et<br />

les hommes <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t donner une juste idée <strong>de</strong> ce<br />

qu’il <strong>en</strong> coûte <strong>de</strong> braver l’autorité divine. Cette<br />

expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>vait prouver que le bi<strong>en</strong>-être <strong>de</strong> toutes<br />

les créatures dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong> la perman<strong>en</strong>ce du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t et <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> Dieu. L’histoire <strong>de</strong><br />

cette sombre révolte <strong>de</strong>vait être pour tous les anges<br />

une sauvegar<strong>de</strong> perpétuelle révélant définitivem<strong>en</strong>t<br />

le caractère <strong>de</strong> la désobéissance et <strong>de</strong> sa pénalité.<br />

937


L’univers tout <strong>en</strong>tier aura été témoin <strong>de</strong> la<br />

nature et <strong><strong>de</strong>s</strong> conséqu<strong>en</strong>ces du péché. <strong>La</strong> totale<br />

extirpation du mal qui, accomplie au début, eût été<br />

un sujet d’effroi pour les anges et eût terni<br />

l’honneur <strong>de</strong> Dieu, proclamera hautem<strong>en</strong>t son<br />

amour et établira son honneur <strong>de</strong>vant l’univers<br />

fidèle et joyeusem<strong>en</strong>t soumis à Sa loi. Plus jamais<br />

le mal ne reparaîtra. Dieu a fait cette déclaration : «<br />

<strong>La</strong> détresse ne paraîtra pas <strong>de</strong>ux fois. » ( Nahum<br />

1.9 ) <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu, dénigrée par Satan, qualifiée<br />

<strong>de</strong> joug d’esclavage, sera honorée comme une loi<br />

<strong>de</strong> liberté. Une création éprouvée et restée fidèle ne<br />

cherchera plus à déserter celui dont l’amour<br />

insondable et la sagesse infinie lui auront été si<br />

abondamm<strong>en</strong>t manifestés.<br />

938


Chapitre 30<br />

L’inimitié <strong>en</strong>tre l’homme et<br />

Satan<br />

Je mettrai inimitié <strong>en</strong>tre toi et la femme, <strong>en</strong>tre<br />

ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la<br />

tête, et tu lui blesseras le talon. » ( G<strong>en</strong>èse 3.15 )<br />

<strong>La</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce divine prononcée contre Satan lors <strong>de</strong><br />

la chute d’Adam était une prophétie embrassant<br />

tous les siècles jusqu’à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. Elle faisait<br />

press<strong>en</strong>tir le conflit formidable dans lequel serai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>gagées toutes les races humaines appelées à<br />

vivre sur la terre.<br />

Après avoir péché, Satan ne s’était donné ni<br />

trêve ni repos jusqu’à ce qu’il eût trouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres<br />

disposés à sympathiser avec lui et à suivre son<br />

exemple. De même qu’il avait <strong>en</strong>traîné les anges à<br />

se révolter, ainsi il avait induit Adam à violer la loi<br />

divine. Par ce fait, l’homme, comme le t<strong>en</strong>tateur,<br />

avait apostasié et s’était perverti. En outre, Satan et<br />

Adam, au lieu <strong>de</strong> se trouver <strong>en</strong> mésintellig<strong>en</strong>ce,<br />

939


s’étai<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> harmonie, <strong>de</strong> sorte que, si Dieu<br />

n’était pas interv<strong>en</strong>u, Adam et Lucifer se serai<strong>en</strong>t<br />

ligués pour lutter contre le ciel. Donc, l’inimitié<br />

<strong>en</strong>tre l’homme pécheur et l’auteur du mal n’est pas<br />

un fait d’ordre naturel, comme le démontre<br />

l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te farouche qui dresse contre Dieu les<br />

impies et les armées <strong>de</strong> Satan. En outre, si Satan et<br />

ses anges ne sont qu’un dans leur guerre contre le<br />

Souverain <strong>de</strong> l’univers, ils n’<strong>en</strong> sont pas moins <strong>en</strong><br />

conflit sur tous les autres points. Aussi, quand il<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit que l’inimitié allait s’introduire <strong>en</strong>tre lui et<br />

la femme, comme <strong>en</strong>tre leurs postérités, Lucifer<br />

comprit que son projet <strong>de</strong> dépraver la nature<br />

humaine serait <strong>en</strong>travé et que, par quelque moy<strong>en</strong>,<br />

l’homme serait mis <strong>en</strong> état <strong>de</strong> lui résister.<br />

En effet, ce qui <strong>en</strong>flamme l’inimitié <strong>de</strong> Satan<br />

contre l’espèce humaine, c’est que celle-ci est, par<br />

Jésus-Christ, l’objet <strong>de</strong> l’amour et <strong>de</strong> la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu. Aussi son unique désir est-il<br />

<strong>de</strong> déjouer le plan divin pour la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong><br />

l’homme, et <strong>de</strong> déshonorer Dieu <strong>en</strong> dépravant et <strong>en</strong><br />

souillant Sa créature. Il fera gémir le ciel, puis il<br />

désolera la terre, et alors il s’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dra à Dieu <strong>en</strong><br />

940


déclarant que tout ce mal est le fait <strong>de</strong> la création<br />

<strong>de</strong> l’homme.<br />

C’est la grâce du Sauveur dans le coeur humain<br />

qui donne naissance à l’inimitié contre Satan. Sans<br />

cette puissance régénératrice, l’homme serait le<br />

captif et le jouet <strong>de</strong> Satan. Mais le principe<br />

nouveau implanté dans son coeur suscite la guerre<br />

là où avait régné la paix. <strong>La</strong> grâce qui met l’homme<br />

<strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> résister au tyran, <strong>de</strong> repousser<br />

l’usurpateur et <strong>de</strong> surmonter les passions qui<br />

l’avai<strong>en</strong>t asservi, révèle l’exist<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> son âme<br />

d’un principe <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t divin.<br />

L’antagonisme existant <strong>en</strong>tre l’esprit <strong>de</strong> Jésus<br />

et celui <strong>de</strong> Satan se manifesta <strong>de</strong> façon frappante<br />

dans l’accueil que le mon<strong>de</strong> fit au Sauveur. Ce<br />

n’est point tant parce qu’il avait paru sans pompe,<br />

sans gran<strong>de</strong>ur, sans richesses mondaines que les<br />

Juifs le rejetèr<strong>en</strong>t. Ils vir<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> qu’il possédait<br />

une puissance qui comp<strong>en</strong>sait, et au-<strong>de</strong>là, ces<br />

avantages extérieurs. C’étai<strong>en</strong>t la pureté et la<br />

sainteté du Messie qui lui attirai<strong>en</strong>t la haine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impies. Sa vie <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> pureté<br />

941


immaculée et <strong>de</strong> dévouem<strong>en</strong>t était une c<strong>en</strong>sure<br />

constante à l’adresse d’un peuple orgueilleux et<br />

s<strong>en</strong>suel. Voilà ce qui provoquait l’inimitié contre le<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu et incitait Satan et les mauvais anges,<br />

unis aux méchants, à conjuguer toutes les énergies<br />

<strong>de</strong> l’apostasie contre le champion <strong>de</strong> la vérité.<br />

L’inimitié déchaînée contre le Sauveur se<br />

déversa égalem<strong>en</strong>t sur Ses disciples. Quiconque se<br />

r<strong>en</strong>d compte <strong>de</strong> la nature odieuse du péché et, avec<br />

le secours d’<strong>en</strong> haut, résiste à la t<strong>en</strong>tation, excitera<br />

sûrem<strong>en</strong>t la colère <strong>de</strong> Satan et <strong>de</strong> ses sujets. <strong>La</strong><br />

haine <strong><strong>de</strong>s</strong> purs principes <strong>de</strong> la vérité et la<br />

persécution <strong>de</strong> ceux qui s’<strong>en</strong> font les déf<strong>en</strong>seurs<br />

dureront aussi longtemps que le péché et les<br />

pécheurs. Il n’y a pas <strong>de</strong> concor<strong>de</strong> possible <strong>en</strong>tre<br />

les disciples du Christ et les suppôts <strong>de</strong> Satan. <strong>Le</strong><br />

scandale <strong>de</strong> la croix n’a pas disparu. « Tous ceux<br />

qui veul<strong>en</strong>t vivre pieusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Jésus-Christ seront<br />

persécutés. » ( 2 Timothée 3.12 )<br />

Pour établir son royaume <strong>en</strong> opposition avec le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, pour ébranler et séduire les<br />

serviteurs <strong>de</strong> l’Éternel, Satan tord les Écritures<br />

942


comme il le faisait lorsqu’il t<strong>en</strong>tait Jésus; comme<br />

autrefois les ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>nemi, ont calomnié et<br />

fait périr Jésus, ses suppôts aujourd’hui diffam<strong>en</strong>t<br />

Ses disciples et les persécut<strong>en</strong>t. Ces faits, annoncés<br />

dans la première prophétie : « Je mettrai inimitié<br />

<strong>en</strong>tre toi et la femme, <strong>en</strong>tre ta postérité et sa<br />

postérité », se perpétueront jusqu’à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps.<br />

Pourquoi l’adversaire, qui jette toutes ses forces<br />

et toute sa puissance dans ce formidable combat, ne<br />

r<strong>en</strong>contre-t-il pas une résistance plus énergique?<br />

Pourquoi les soldats du Christ sont-ils à ce point<br />

indiffér<strong>en</strong>ts et somnol<strong>en</strong>ts? C’est parce que leur<br />

communion avec Dieu est trop peu réelle; parce<br />

qu’ils sont lam<strong>en</strong>tablem<strong>en</strong>t dépourvus <strong>de</strong> Son<br />

Esprit.<br />

<strong>Le</strong> péché ne leur est pas odieux comme il l’était<br />

à leur Maître. Ils ne se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas compte <strong>de</strong><br />

l’excessive malignité du mal. Ils sont aveugles<br />

touchant la nature et la puissance du prince <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres; ils ignor<strong>en</strong>t sa malice et son astuce dans<br />

la guerre qu’il dirige contre Jésus-Christ et son<br />

943


Église. Sur ce point, une foule <strong>de</strong> croyants sont<br />

mystifiés. Ils ne se dout<strong>en</strong>t pas que leur pire<br />

<strong>en</strong>nemi est un puissant général qui, à la tête <strong>de</strong><br />

toute l’armée <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais anges sur laquelle il<br />

exerce un asc<strong>en</strong>dant absolu, s’efforce, selon un<br />

plan longuem<strong>en</strong>t mûri et habilem<strong>en</strong>t conçu, par <strong>de</strong><br />

savantes manoeuvres dirigées contre Jésus-Christ,<br />

d’anéantir l’oeuvre du salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes. Or,<br />

beaucoup <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s et même <strong>de</strong> ministres <strong>de</strong><br />

l’Évangile sembl<strong>en</strong>t ignorer jusqu’à l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

Satan. Ils ne le m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t que rarem<strong>en</strong>t du haut<br />

<strong>de</strong> la chaire et ferm<strong>en</strong>t les yeux sur son inlassable<br />

activité, sa ruse et ses succès.<br />

Constamm<strong>en</strong>t sur les traces <strong>de</strong> ceux qui<br />

ignor<strong>en</strong>t ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, ce vigilant <strong>en</strong>nemi s’introduit<br />

partout dans nos maisons, dans les rues <strong>de</strong> nos<br />

villes, dans les églises, dans les assemblées<br />

législatives, dans les tribunaux. Il trouble, trompe<br />

et séduit hommes, femmes et <strong>en</strong>fants qu’il <strong>en</strong>traîne<br />

corps et âme dans la perdition. Il divise les familles<br />

et sème partout la haine, la jalousie, les diss<strong>en</strong>sions<br />

et le meurtre. Et le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong> semble croire<br />

cet état <strong>de</strong> choses voulu <strong>de</strong> Dieu et inéluctable.<br />

944


Un <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux pièges <strong>de</strong> Satan pour<br />

triompher du peuple <strong>de</strong> Dieu consiste à abattre les<br />

barrières qui le sépar<strong>en</strong>t du mon<strong>de</strong>. Dès que<br />

l’anci<strong>en</strong> Israël se permettait avec les paï<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

relations qui lui étai<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>dues, il était <strong>en</strong>traîné<br />

dans le péché. L’Israël mo<strong>de</strong>rne s’égare <strong>de</strong> la<br />

même façon. « <strong>Le</strong> dieu <strong>de</strong> ce siècle a aveuglé leur<br />

intellig<strong>en</strong>ce, afin qu’ils ne voi<strong>en</strong>t pas briller la<br />

spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’Évangile <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> Christ, qui<br />

est l’image <strong>de</strong> Dieu. » ( 2 Corinthi<strong>en</strong>s 4.4 ) Tous<br />

ceux qui ne sont pas résolum<strong>en</strong>t serviteurs <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ sont serviteurs <strong>de</strong> Satan. <strong>Le</strong> coeur<br />

irrégénéré aime le péché et cherche toujours à<br />

l’excuser, tandis que le coeur r<strong>en</strong>ouvelé hait le<br />

péché et lui résiste avec énergie. Quand les<br />

chréti<strong>en</strong>s recherch<strong>en</strong>t la société <strong><strong>de</strong>s</strong> mondains et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> non-croyants, ils s’expos<strong>en</strong>t à la t<strong>en</strong>tation,<br />

Satan, dissimulé, jette un voile sur leurs yeux. Ils<br />

ne voi<strong>en</strong>t pas qu’une telle compagnie puisse leur<br />

nuire, et, à mesure qu’ils se conform<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong> paroles et <strong>en</strong> actions, leur aveuglem<strong>en</strong>t s’accroît.<br />

En adoptant les coutumes du mon<strong>de</strong>, l’Église ne<br />

convertira jamais celui-ci à Jésus-Christ, mais c’est<br />

945


elle qui se convertira au mon<strong>de</strong>. Celui qui se<br />

familiarise avec le péché finit par ne plus <strong>en</strong> voir le<br />

caractère odieux. Celui qui se lie avec les serviteurs<br />

<strong>de</strong> Satan finit par ne plus redouter leur maître. Si<br />

l’épreuve survi<strong>en</strong>t alors qu’il accomplit son <strong>de</strong>voir,<br />

comme ce fut le cas <strong>de</strong> Daniel à la cour <strong>de</strong><br />

Babylone, le chréti<strong>en</strong> peut être assuré <strong>de</strong> la<br />

protection <strong>de</strong> Dieu; mais celui qui s’expose à la<br />

t<strong>en</strong>tation y succombera tôt ou tard.<br />

C’est avec ceux que l’on suspecte le moins<br />

d’être sous son empire que le t<strong>en</strong>tateur opère avec<br />

le plus <strong>de</strong> succès. On comble d’honneurs et on<br />

admire ceux qui possèd<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> tal<strong>en</strong>ts ou <strong>de</strong><br />

l’instruction, comme si ces avantages pouvai<strong>en</strong>t<br />

remplacer la crainte <strong>de</strong> Dieu et donner droit à la<br />

faveur du ciel. <strong>Le</strong>s tal<strong>en</strong>ts et la culture, considérés<br />

<strong>en</strong> eux-mêmes, sont <strong><strong>de</strong>s</strong> dons <strong>de</strong> Dieu; mais quand<br />

on les met <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce avec la piété, quand, au<br />

lieu <strong>de</strong> rapprocher l’âme <strong>de</strong> Dieu, ils l’<strong>en</strong> éloign<strong>en</strong>t,<br />

ils <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une malédiction et un piège.<br />

Plusieurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que tout ce qui peut être qualifié<br />

<strong>de</strong> courtoisie ou <strong>de</strong> raffinem<strong>en</strong>t doit, dans un<br />

certain s<strong>en</strong>s, se rattacher à Jésus. Il ne fut jamais <strong>de</strong><br />

946


plus grave erreur. Il est vrai que ces qualités<br />

<strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t orner le caractère <strong>de</strong> tout chréti<strong>en</strong>, car<br />

elles exercerai<strong>en</strong>t une puissante influ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> la vraie piété; mais si elles ne sont pas<br />

consacrées à Dieu, elles <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une puissance<br />

pour le mal. Maint homme cultivé et <strong>de</strong> manières<br />

agréables, qui ne voudrait pas s’abaisser à ce que<br />

l’on considère communém<strong>en</strong>t comme un acte<br />

immoral, n’est pas autre chose qu’un instrum<strong>en</strong>t<br />

poli <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Satan. <strong>La</strong> nature insidieuse<br />

et séduisante <strong>de</strong> son influ<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> son exemple<br />

fait un <strong>en</strong>nemi bi<strong>en</strong> plus dangereux pour la cause<br />

du Christ que les hommes ignorants et sans culture.<br />

Par <strong><strong>de</strong>s</strong> prières ferv<strong>en</strong>tes et par sa confiance <strong>en</strong><br />

Dieu, Salomon obtint une sagesse qui suscitait<br />

l’étonnem<strong>en</strong>t et l’admiration du mon<strong>de</strong>. Mais dès<br />

qu’il se détourna <strong>de</strong> la Source <strong>de</strong> sa force morale et<br />

qu’il se mit à compter sur lui-même, il succomba à<br />

la t<strong>en</strong>tation. Alors, les facultés merveilleuses<br />

accordées au plus sage <strong><strong>de</strong>s</strong> rois <strong>en</strong> fir<strong>en</strong>t un<br />

instrum<strong>en</strong>t d’autant plus puissant <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong><br />

l’adversaire <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes.<br />

947


Bi<strong>en</strong> que Satan s’efforce constamm<strong>en</strong>t<br />

d’aveugler les chréti<strong>en</strong>s sur ce fait, ils ne doiv<strong>en</strong>t<br />

jamais oublier que « nous n’avons pas à lutter<br />

contre la chair et le sang, mais contre les<br />

dominations, contre les autorités, contre les princes<br />

<strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> ténèbres, contre les esprits<br />

méchants dans les lieux célestes » ( Éphési<strong>en</strong>s 6.12<br />

). Voici un avertissem<strong>en</strong>t inspiré qui nous est<br />

parv<strong>en</strong>u à travers les siècles : « Soyez sobres,<br />

veillez. Votre adversaire, le diable, rô<strong>de</strong> comme un<br />

lion rugissant, cherchant qui il dévorera. » ( 1<br />

Pierre 5.8 ) « Revêtez-vous <strong>de</strong> toutes les armes <strong>de</strong><br />

Dieu, afin <strong>de</strong> pouvoir t<strong>en</strong>ir ferme contre les ruses<br />

du diable. » ( Éphési<strong>en</strong>s 6.11 )<br />

Depuis les jours d’Adam jusqu’à notre époque,<br />

notre <strong>en</strong>nemi a usé <strong>de</strong> sa puissance pour opprimer<br />

et détruire. Il prépare actuellem<strong>en</strong>t sa <strong>de</strong>rnière<br />

campagne contre L’Église. Tous ceux qui<br />

s’efforc<strong>en</strong>t <strong>de</strong> suivre Jésus <strong>de</strong>vront se mesurer avec<br />

cet adversaire implacable. Plus le chréti<strong>en</strong> imite<br />

fidèlem<strong>en</strong>t le divin Modèle, plus il est <strong>en</strong> butte aux<br />

attaques <strong>de</strong> Satan. Tous ceux qui sont activem<strong>en</strong>t<br />

occupés dans la cause <strong>de</strong> Dieu et s’emploi<strong>en</strong>t à<br />

948


démasquer les séductions du Malin et à prés<strong>en</strong>ter<br />

Jésus-Christ au mon<strong>de</strong> pourront dire, après Paul,<br />

qu’ils serv<strong>en</strong>t le Seigneur <strong>en</strong> toute humilité, avec<br />

larmes, et au milieu <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> tribulations.<br />

Assailli par les t<strong>en</strong>tations les plus puissantes et<br />

les plus subtiles, Jésus repoussa Satan à chaque<br />

r<strong>en</strong>contre. Or, ces batailles ont été livré <strong>en</strong> notre<br />

faveur, et ces victoires r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t la nôtre possible. <strong>Le</strong><br />

sauveur communique sa grâce à tous ceux qui<br />

l’invoqu<strong>en</strong>t, et le t<strong>en</strong>tateur ne peut contraindre<br />

personne à pécher. Il ne peut nous vaincre sans<br />

notre cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. Il peut plonger dans la<br />

détresse l’âme qui lui résiste, mais il ne peut<br />

l’obliger à faire sa volonté; il peut l’accabler, mais<br />

non la souiller. <strong>Le</strong> fait que Jésus-Christ a vaincu<br />

doit inciter ses disciples à lutter virilem<strong>en</strong>t et<br />

courageusem<strong>en</strong>t contre le péché et contre Satan.<br />

949


Chapitre 31<br />

<strong>Le</strong>s bons anges et les esprits<br />

malins<br />

<strong>Le</strong>s rapports du mon<strong>de</strong> visible avec le mon<strong>de</strong><br />

invisible, le ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> anges et le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mauvais esprits – problèmes inséparables <strong>de</strong><br />

l'histoire humaine – sont clairem<strong>en</strong>t expliqués dans<br />

les Écritures. L'opinion générale t<strong>en</strong>d à révoquer <strong>en</strong><br />

doute l'exist<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais esprits. Quant aux<br />

anges fidèles, qui « exerc<strong>en</strong>t un ministère <strong>en</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> ceux qui doiv<strong>en</strong>t hériter du salut » ( Hébreux<br />

1.14 ), plusieurs les considèr<strong>en</strong>t comme les esprits<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> morts. Or, non seulem<strong>en</strong>t les Écritures<br />

<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t l'exist<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, bons et mauvais,<br />

mais elles prouv<strong>en</strong>t surabondamm<strong>en</strong>t qu'ils ne sont<br />

pas les esprits désincarnés <strong><strong>de</strong>s</strong> morts.<br />

<strong>Le</strong>s anges existai<strong>en</strong>t avant la création <strong>de</strong><br />

l'homme; <strong>en</strong> effet, lors <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> la terre «<br />

les étoiles du matin éclatai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chants<br />

d'allégresse, et tous les fils <strong>de</strong> Dieu poussai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

950


cris <strong>de</strong> joie » ( Job 38.7 ). Après la chute <strong>de</strong><br />

l'homme, <strong><strong>de</strong>s</strong> anges fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés pour gar<strong>de</strong>r<br />

l'accès <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> vie, alors que la mort n'avait<br />

<strong>en</strong>core frappé aucun homme. D'ailleurs, les anges<br />

sont d'une nature différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes,<br />

puisqu'il est écrit : « Tu l'as fait, pour un peu <strong>de</strong><br />

temps, inférieur aux anges. » ( Hébreux 2.7,<br />

version Synodale.)<br />

<strong>La</strong> Bible nous r<strong>en</strong>seigne sur le nombre, la<br />

puissance et la gloire <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres célestes, sur leurs<br />

rapports avec le gouvernem<strong>en</strong>ts divin, comme aussi<br />

le rôle qu'ils jou<strong>en</strong>t dans le plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. «<br />

L'Éternel a établi son trône dans les cieux, et son<br />

règne domine sur toutes choses. » « J'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dis la<br />

voix <strong>de</strong> beaucoup d’anges autour du trône. » Dans<br />

l'antichambre du Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, se presse une<br />

multitu<strong>de</strong> « d'anges, puissants <strong>en</strong> force », et qui<br />

exécut<strong>en</strong>t « ses ordres, <strong>en</strong> obéissant à la voix <strong>de</strong> sa<br />

parole » ( Psaume 103.19-21; voir Apocalypse 5.11<br />

). <strong>Le</strong> prophète Daniel vit les messagers <strong>de</strong> Dieu au<br />

nombre <strong>de</strong> « dix mille milliers » et <strong>de</strong> « dix mille<br />

millions ». L'apôtre Paul nous parle aussi « <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

myria<strong><strong>de</strong>s</strong> qui form<strong>en</strong>t le choeur <strong><strong>de</strong>s</strong> anges » (<br />

951


Daniel 7.10; Hébreux 12.22 ). Ces messagers<br />

célestes se déplac<strong>en</strong>t si rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t que le prophète<br />

les voit s'élancer « comme la foudre » ( Ézéchiel<br />

1.14 ). L'aspect <strong>de</strong> l'ange qui se prés<strong>en</strong>ta <strong>de</strong>vant la<br />

tombe du Sauveur « était comme l'éclair, et son<br />

vêtem<strong>en</strong>t blanc comme la neige »; cette apparition<br />

fit trembler les gar<strong><strong>de</strong>s</strong> romains, qui « <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t<br />

comme morts » ( Matthieu 28.3, 4 ). Quand<br />

Sanchérib, le hautain monarque assyri<strong>en</strong>, méprisa<br />

et blasphéma Dieu, et qu'il m<strong>en</strong>aça Israël <strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction, « cette nuit-là, l'ange <strong>de</strong> l'Éternel sortit,<br />

et frappa dans le camp <strong><strong>de</strong>s</strong> Assyri<strong>en</strong>s c<strong>en</strong>t quatrevingt-cinq<br />

mille hommes ». Alors fur<strong>en</strong>t<br />

exterminés « dans le camp du roi d'Assyrie tous les<br />

vaillants hommes, les princes et les chefs. Et le roi<br />

confus retourna dans son pays. » ( 2 Rois 19.35; 2<br />

Chroniques 32.21 )<br />

<strong>Le</strong>s anges sont chargés d'accomplir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missions <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong><br />

Dieu. Ils fur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés à Abraham, avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

promesses <strong>de</strong> bénédictions; à Lot, aux portes <strong>de</strong><br />

Sodome, pour soustraire ce juste à la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong><br />

la ville; à Élie, dans le désert, sur le point <strong>de</strong><br />

952


succomber à la fatigue et à la faim; à Élisée, qui vit<br />

<strong>en</strong>tourée <strong>de</strong> chariots et <strong>de</strong> chevaux <strong>de</strong> feu la petite<br />

ville où l'avai<strong>en</strong>t cerné ses <strong>en</strong>nemis; à Daniel, jeté<br />

dans la fosse aux lions pour sa fidélité au vrai<br />

Dieu; à Pierre, condamné à mort dans la prison<br />

d'Héro<strong>de</strong>; à <strong>de</strong>ux apôtres emprisonnés à Philippes;<br />

à Paul et à ses compagnons p<strong>en</strong>dant une tempête<br />

nocturne; au c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ier Corneille, désireux <strong>de</strong><br />

connaître l'Évangile; à Pierre, pour l'<strong>en</strong>voyer porter<br />

le message du salut à cet officier étranger. C'est<br />

ainsi que dans tous les siècles les saints anges ont<br />

exercé un ministère <strong>en</strong> faveur du peuple <strong>de</strong> Dieu.<br />

Chaque disciple <strong>de</strong> Jésus-Christ a son ange<br />

gardi<strong>en</strong>, cette céleste s<strong>en</strong>tinelle, qui protège le juste<br />

contre les assauts du malin. Satan lui-même le<br />

reconnaît <strong>en</strong> ces termes : « Est-ce d'une manière<br />

désintéressée que Job craint Dieu? Ne l'as-tu pas<br />

protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui? » (<br />

Job 1.9, 10 ) <strong>Le</strong> moy<strong>en</strong> dont Dieu se sert pour<br />

protéger les si<strong>en</strong>s est m<strong>en</strong>tionné par le psalmiste : «<br />

L'ange <strong>de</strong> l'Éternel campe autour <strong>de</strong> ceux qui le<br />

craign<strong>en</strong>t, et il les arrache au danger. » ( Psaumes<br />

34.8 ) <strong>Le</strong>s anges désignés pour veiller sur les<br />

953


<strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu ont toujours accès auprès <strong>de</strong> lui. <strong>Le</strong><br />

Seigneur lui-même le déclare <strong>en</strong> ces termes : «<br />

Gar<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> mépriser un seul <strong>de</strong> ces petits; car<br />

je vous dis que leurs anges dans les cieux voi<strong>en</strong>t<br />

continuellem<strong>en</strong>t la face <strong>de</strong> mon Père qui est dans<br />

les cieux. » ( Matthieu 18.10 )<br />

Ainsi, le peuple <strong>de</strong> Dieu, toujours exposé à la<br />

puissance <strong>de</strong> séduction, à l'inlassable malignité du<br />

prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, toujours <strong>en</strong> guerre avec les<br />

puissances du mal, est assuré <strong>de</strong> la protection<br />

constante <strong><strong>de</strong>s</strong> bons anges. Cette assurance n'est pas<br />

superflue. Si Dieu a promis Sa grâce et Sa<br />

protection à Ses <strong>en</strong>fants, c'est parce qu'ils doiv<strong>en</strong>t<br />

faire face aux puissants émissaires du Malin,<br />

ag<strong>en</strong>ts nombreux, déterminés, infatigables, dont<br />

nul ne peut impuném<strong>en</strong>t ignorer l'astuce.<br />

<strong>Le</strong>s esprits malins ont été créés sans péché,<br />

égaux <strong>en</strong> puissance et <strong>en</strong> gloire aux êtres saints qui<br />

sont restés jusqu'à ce jour les messagers <strong>de</strong> Dieu.<br />

Tombés dans le péché, ils se sont ligués pour<br />

déshonorer Dieu et perdre les hommes. Entraînés<br />

par Satan dans sa rébellion, expulsés du ciel avec<br />

954


leur chef, ils ont coopéré avec lui au cours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles dans sa guerre contre l'autorité divine. <strong>Le</strong>s<br />

Écritures nous parl<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur fédération, <strong>de</strong> leur<br />

gouvernem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> leurs divers ordres, ainsi que <strong>de</strong><br />

leur conspiration et <strong>de</strong> leur ruse contre la paix et le<br />

bonheur <strong>de</strong> l'humanité.<br />

<strong>Le</strong>s récits <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong> Testam<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t<br />

occasionnellem<strong>en</strong>t leur exist<strong>en</strong>ce et leurs<br />

agissem<strong>en</strong>ts; mais c'est aux jours du Sauveur qu'ils<br />

manifestèr<strong>en</strong>t leur puissance <strong>de</strong> la façon la plus<br />

frappante. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu étant v<strong>en</strong>u exécuter le<br />

plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption, Satan, qui avait réussi à<br />

établir l'idolâtrie dans toutes les parties <strong>de</strong> la terre<br />

sauf <strong>en</strong> Palestine, prit la détermination d'affirmer<br />

ses droits au gouvernem<strong>en</strong>t du mon<strong>de</strong>. Jésus avait<br />

paru pour répandre la lumière dans le seul pays qui<br />

ne s'était pas <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t soumis au joug du<br />

t<strong>en</strong>tateur. Deux pouvoirs rivaux se disputèr<strong>en</strong>t alors<br />

la suprématie. Plein d'amour, les bras ét<strong>en</strong>dus vers<br />

tous ceux qui L'accueillai<strong>en</strong>t, Jésus leur offrait le<br />

pardon et la paix. <strong>Le</strong>s soldats du prince <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres vir<strong>en</strong>t que leur pouvoir n'était pas illimité<br />

et comprir<strong>en</strong>t que si la mission du Christ<br />

955


éussissait, leur domination ne tar<strong>de</strong>rait pas à<br />

s'effondrer. Aussi, rugissant comme un lion<br />

<strong>en</strong>chaîné, Satan se mit-il à exercer sa puissance <strong>de</strong><br />

la façon la plus provocante sur les corps et sur les<br />

âmes.<br />

<strong>La</strong> réalité <strong><strong>de</strong>s</strong> possessions démoniaques est<br />

nettem<strong>en</strong>t affirmée par le Nouveau Testam<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s<br />

personnes qui <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t affligées ne souffrai<strong>en</strong>t pas<br />

seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> maladies dues à <strong><strong>de</strong>s</strong> causes naturelles.<br />

Jésus reconnut, dans ces cas, la prés<strong>en</strong>ce et l'action<br />

directe <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais esprits.<br />

Un exemple frappant du nombre, <strong>de</strong> la force et<br />

<strong>de</strong> la malignité <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais anges, aussi bi<strong>en</strong> que<br />

<strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> du Sauveur, est<br />

donné dans le récit <strong>de</strong> la guérison <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

démoniaques <strong>de</strong> Gadara. Ces malheureux dém<strong>en</strong>ts,<br />

défiant toute interv<strong>en</strong>tion, se tordai<strong>en</strong>t, écumai<strong>en</strong>t<br />

et hurlai<strong>en</strong>t, remplissant les aires <strong>de</strong> leurs cris, se<br />

meurtrissant et mettant <strong>en</strong> danger la vie <strong>de</strong> tous<br />

ceux qui les approchai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>urs corps <strong>en</strong>sanglanté<br />

et contorsionné, leur regard égaré prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t un<br />

spectacle propre à satisfaire le prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres.<br />

956


L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> démons qui obsédai<strong>en</strong>t ces malheureux<br />

avoua : « Légion est mon nom, car nous sommes<br />

plusieurs. » ( Marc 5.9 ) Dans l'armée romaine, une<br />

légion se composant <strong>de</strong> trois à cinq mille hommes,<br />

cet aveu nous r<strong>en</strong>seigne sur le nombre <strong>de</strong> démons<br />

qui s'étai<strong>en</strong>t logés dans le corps <strong>de</strong> ces possédés.<br />

Sur l'ordre <strong>de</strong> Jésus, les esprits malins lâchèr<strong>en</strong>t<br />

leurs victimes; celles-ci, recouvrant leurs facultés,<br />

s'assir<strong>en</strong>t paisibles et soumises aux pieds <strong>de</strong> Jésus.<br />

Mais les démons ayant reçu l'autorisation<br />

d'<strong>en</strong>traîner au lac un troupeau <strong>de</strong> pourceaux, les<br />

g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Gadara <strong>en</strong>visagèr<strong>en</strong>t cette perte comme<br />

n'étant pas contrebalancée par le miracle accompli<br />

et prièr<strong>en</strong>t le divin Guérisseur <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> leur<br />

contrée. C’était là exactem<strong>en</strong>t ce que Satan désirait.<br />

En r<strong>en</strong>dant Jésus responsable du dommage subi, il<br />

exalta leurs craintes égoïstes et les empêcha <strong>de</strong><br />

prêter l’oreille à ses paroles. C'est ainsi que Satan<br />

accuse constamm<strong>en</strong>t les chréti<strong>en</strong>s d'être la cause<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> malheurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> calamités dont lui-même et ses<br />

ag<strong>en</strong>ts sont les vrais responsables.<br />

Mais les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> Jésus ne fur<strong>en</strong>t pas<br />

957


frustrés. Il avait permis aux démons d'anéantir le<br />

troupeau <strong>de</strong> pourceaux pour c<strong>en</strong>surer les Juifs qui,<br />

par amour du gain, élevai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux impurs.<br />

S'il n'avait pas t<strong>en</strong>u les démons <strong>en</strong> échec, ils<br />

aurai<strong>en</strong>t précipité dans le lac non seulem<strong>en</strong>t les<br />

pourceaux, mais aussi leurs gardi<strong>en</strong>s et leurs<br />

propriétaires. Ceux-ci ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t leur salut qu'à la<br />

puissance charitablem<strong>en</strong>t déployée <strong>en</strong> leur faveur.<br />

En outre, le Seigneur permit cet incid<strong>en</strong>t pour<br />

donner à Ses disciples l'occasion <strong>de</strong> voir une<br />

manifestation <strong>de</strong> la cruauté <strong>de</strong> Satan <strong>en</strong>vers les<br />

hommes et les animaux. <strong>Le</strong> Sauveur désirait que<br />

Ses disciples connaiss<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>nemi qu'ils étai<strong>en</strong>t<br />

appelés à affronter et se gard<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses artifices. Il<br />

voulait aussi que les habitants <strong>de</strong> la région voi<strong>en</strong>t<br />

qu'il avait la puissance <strong>de</strong> briser les chaînes <strong>de</strong><br />

Satan et <strong>de</strong> relâcher ses captifs. D'ailleurs, après le<br />

départ <strong>de</strong> Jésus, les hommes si merveilleusem<strong>en</strong>t<br />

délivrés restèr<strong>en</strong>t dans le pays pour proclamer la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur Bi<strong>en</strong>faiteur.<br />

<strong>Le</strong> Nouveau Testam<strong>en</strong>t nous donne d'autres<br />

exemples du même g<strong>en</strong>re. <strong>La</strong> fille d'une femme<br />

syro-phénici<strong>en</strong>ne cruellem<strong>en</strong>t tourm<strong>en</strong>tée par un<br />

958


démon <strong>en</strong> fut délivrée par Jésus, qui le chassa par<br />

Sa parole (voir Marc 7.26-30). <strong>Le</strong> « démoniaque<br />

aveugle et muet » ( Matthieu 12.22 ); le jeune<br />

homme « possédé d'un esprit muet », qui le jetait<br />

par terre » « <strong>en</strong> quelque lieu qui le saisît », et qui<br />

l'avait « jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire<br />

périr » ( Marc 9.17-27 ); le lunatique dont l' « esprit<br />

<strong>de</strong> démon impur » (voir Marc 7.26-30) qui le<br />

possédait troubla la tranquillité <strong>de</strong> la synagogue <strong>de</strong><br />

Capernaüm le jour du Sabbat; tous ceux-là fur<strong>en</strong>t<br />

guéris par un Sauveur compatissant. Dans presque<br />

tous ces cas Jésus s'adressa au démon comme à une<br />

<strong>en</strong>tité intellig<strong>en</strong>te et lui ordonna <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> sa<br />

victime, <strong>de</strong> cesser <strong>de</strong> la tourm<strong>en</strong>ter. En constatant<br />

la gran<strong>de</strong> puissance du Christ, les fidèles <strong>de</strong><br />

Capernaüm se disai<strong>en</strong>t les uns aux autres : « Quelle<br />

est cette parole? Il comman<strong>de</strong> avec autorité et<br />

puissance aux esprits impurs, et ils sort<strong>en</strong>t! » ( Luc<br />

4.34-36 )<br />

<strong>Le</strong>s possédés nous sont souv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tés<br />

comme <strong>en</strong>durant <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances; mais il y<br />

a <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions à cette règle. Pour possé<strong>de</strong>r une<br />

force surnaturelle, certains hommes accueillai<strong>en</strong>t<br />

959


avec empressem<strong>en</strong>t l'influ<strong>en</strong>ce satanique. Ceux-là<br />

n'étai<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> lutte avec les<br />

démons. À cette catégorie appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t ceux qui<br />

possédai<strong>en</strong>t l'esprit <strong>de</strong> divination, tels Simon le<br />

magici<strong>en</strong>, Élymas, et la servante <strong>de</strong> Philippes qui<br />

poursuivait Paul et Silas.<br />

Nul n'est plus <strong>en</strong> danger <strong>de</strong> subir la néfaste<br />

influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais esprits que celui qui, <strong>en</strong><br />

dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> témoignages abondants et directs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures, nie l'exist<strong>en</strong>ce et l'action du diable et <strong>de</strong><br />

ses anges. Tant qu'on ignore leurs supercheries, ils<br />

ont un avantage presque inconcevable; plusieurs<br />

accept<strong>en</strong>t leurs suggestions, tout <strong>en</strong> s'imaginant<br />

suivre les inspirations <strong>de</strong> leur propre sagesse. C'est<br />

la raison pour laquelle, à mesure que nous<br />

approchons <strong>de</strong> la fin, où il doit opérer avec plus <strong>de</strong><br />

puissance que jamais pour séduire et ravager, Satan<br />

s'efforce <strong>de</strong> répandre la croyance qu'il n'est qu'un<br />

mythe. Sa tactique est d'agir dans l'ombre, et <strong>de</strong><br />

laisser ignorer sa personnalité et son activité.<br />

<strong>Le</strong> grand séducteur ne redoute ri<strong>en</strong> tant que <strong>de</strong><br />

voir sa ruse découverte. Pour mieux masquer sa<br />

960


nature réelle et ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, il s'est fait représ<strong>en</strong>ter<br />

sous <strong><strong>de</strong>s</strong> images grossières <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à provoquer<br />

l'hilarité et le mépris. Il lui plaît <strong>de</strong> se voir dépeint<br />

comme un être ridicule ou repoussant, moitié<br />

animal et moitié homme. Il est ravi d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s qui se dis<strong>en</strong>t intellig<strong>en</strong>ts et r<strong>en</strong>seignés<br />

prononcer son nom à la légère ou par moquerie.<br />

Satan se dissimule avec une habilité tellem<strong>en</strong>t<br />

consommés que l'on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r : « Cet être existe-t-il réellem<strong>en</strong>t? » <strong>La</strong><br />

preuve la plus évid<strong>en</strong>te <strong>de</strong> son succès, c'est que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

théories contredisant directem<strong>en</strong>t les déclarations<br />

les plus positives <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures reçoiv<strong>en</strong>t tant <strong>de</strong><br />

créance dans le mon<strong>de</strong> religieux. Et parce que<br />

Satan peut aisém<strong>en</strong>t dominer les g<strong>en</strong>s inconsci<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> son influ<strong>en</strong>ce, la Parole <strong>de</strong> Dieu nous met <strong>en</strong><br />

gar<strong>de</strong> contre les assauts <strong>de</strong> cet adversaire <strong>en</strong> nous<br />

donnant maints exemples <strong>de</strong> son oeuvre néfaste et<br />

<strong>en</strong> nous révélant ses maléfices.<br />

<strong>La</strong> puissance et la malignité <strong>de</strong> Satan et <strong>de</strong> ses<br />

armées nous alarmerai<strong>en</strong>t à juste titre si nous<br />

n'avions pas la certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trouver protection et<br />

961


délivrance auprès <strong>de</strong> notre invincible Ré<strong>de</strong>mpteur.<br />

Nous munissons soigneusem<strong>en</strong>t nos maisons <strong>de</strong><br />

serrures et <strong>de</strong> verrous pour mettre nos bi<strong>en</strong>s et nos<br />

vies à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>treprises <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, mais<br />

nous p<strong>en</strong>sons rarem<strong>en</strong>t aux mauvais anges qui ne<br />

cherch<strong>en</strong>t qu'à nous nuire et contre les attaques<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>quels nous n'avons <strong>en</strong> nous-mêmes aucun<br />

moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se. S'ils <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t la permission,<br />

ils pourrai<strong>en</strong>t détraquer notre esprit, déformer notre<br />

corps, détruire nos bi<strong>en</strong>s et mettre fin à nos jours.<br />

Ils ne se plais<strong>en</strong>t qu'à <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes <strong>de</strong> souffrance et<br />

<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. <strong>La</strong>m<strong>en</strong>table est la condition <strong>de</strong> ceux<br />

qui, résistant aux appels <strong>de</strong> Dieu, cèd<strong>en</strong>t aux<br />

t<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> Satan jusqu'à ce qu'ils soi<strong>en</strong>t livrés<br />

aux mauvais esprits. Mais ceux qui suiv<strong>en</strong>t le<br />

Sauveur sont toujours <strong>en</strong> sécurité sous Sa<br />

sauvegar<strong>de</strong>. Des anges « puissants <strong>en</strong> force » sont<br />

<strong>en</strong>voyés du ciel pour les protéger. Dieu place<br />

autour <strong>de</strong> son peuple une gar<strong>de</strong> que le Malin ne<br />

peut franchir.<br />

962


Chapitre 32<br />

<strong>Le</strong>s pièges <strong>de</strong> Satan<br />

<strong>Le</strong> conflit qui se livre <strong>en</strong>tre Jésus-Christ et<br />

Satan <strong>de</strong>puis bi<strong>en</strong>tôt six mille ans touche à son<br />

terme. Aussi Lucifer redouble-t-il d'énergie dans sa<br />

t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> faire échouer l'oeuvre du Sauveur <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> l'homme. Ret<strong>en</strong>ir les âmes dans les<br />

ténèbres et l'impénit<strong>en</strong>ce jusqu'à ce que le<br />

ministère sacerdotal <strong>de</strong> Jésus pr<strong>en</strong>ne fin et qu'il n'y<br />

ait plus <strong>de</strong> sacrifice pour le péché, tel est son<br />

objectif.<br />

Quand son activité ne r<strong>en</strong>contre point<br />

d'obstacles, quand le mon<strong>de</strong> et l'Église sont<br />

indiffér<strong>en</strong>ts, toute appréh<strong>en</strong>sion le quitte; <strong>en</strong> effet,<br />

il ne court aucun danger <strong>de</strong> perdre ceux qui<br />

n'aspir<strong>en</strong>t qu'à faire sa volonté. Mais dès que la<br />

question <strong><strong>de</strong>s</strong> choses éternelles est posée et que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r : « Que fautil<br />

que je fasse pour être sauvé? » il accourt pour<br />

s'opposer au Seigneur et contrecarrer l'influ<strong>en</strong>ce du<br />

963


Saint-Esprit.<br />

<strong>Le</strong>s Écritures nous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu'un jour, alors<br />

que les anges <strong>de</strong> Dieu étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us se prés<strong>en</strong>ter<br />

<strong>de</strong>vant le Seigneur, Satan « vint aussi au milieu<br />

d'eux » ( Job 1.6 ), non pour se prosterner <strong>de</strong>vant le<br />

Roi du ciel, mais pour intriguer contre les justes.<br />

Dans la même int<strong>en</strong>tion, il se r<strong>en</strong>d là où l'on se<br />

réunit pour adorer Dieu. Quoique invisible, il<br />

s'emploie activem<strong>en</strong>t à imposer ses suggestions aux<br />

adorateurs. En habile général, il dresse ses plans à<br />

l'avance. P<strong>en</strong>dant que le messager <strong>de</strong> Dieu son<strong>de</strong><br />

les Écritures, il pr<strong>en</strong>d note du sujet qui sera traité.<br />

Il use alors <strong>de</strong> toute son habileté et <strong>de</strong> toute sa ruse<br />

pour diriger les circonstances <strong>de</strong> manière que ceux<br />

qu'il séduit sur ce point précis ne reçoiv<strong>en</strong>t pas le<br />

message <strong>de</strong> Dieu. Celui qui <strong>en</strong> a le plus besoin sera<br />

ret<strong>en</strong>u par quelque affaire pressante, ou empêché<br />

d'une autre manière d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les vérités qui<br />

serai<strong>en</strong>t pour lui une « o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> vie donnant la vie<br />

».<br />

D'autre part, voyant les serviteurs <strong>de</strong> Dieu<br />

souffrir <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres spirituelles qui <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t le<br />

964


mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Dieu la grâce et la puissance<br />

nécessaires pour rompre le charme <strong>de</strong><br />

l'indiffér<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> l'insouciance et <strong>de</strong> l'indol<strong>en</strong>ce, il<br />

met <strong>en</strong> jeu ses artifices avec un redoublem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

zèle. Il incite les hommes à émousser leurs s<strong>en</strong>s par<br />

l'appétit ou par quelque autre vice, les r<strong>en</strong>dant ainsi<br />

incapables d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les avertissem<strong>en</strong>ts dont ils<br />

ont le plus pressant besoin.<br />

Satan sait fort bi<strong>en</strong> que tous ceux qu'il peut<br />

am<strong>en</strong>er à négliger la prière et l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Parole<br />

<strong>de</strong> Dieu succomberont à ses assauts. Aussi inv<strong>en</strong>tet-il<br />

toute espèce <strong>de</strong> distractions. Il y a toujours eu<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui, tout <strong>en</strong> professant la piété, se sont fait<br />

une spécialité <strong>de</strong> critiquer le caractère, les<br />

croyances <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes dont ils ne partag<strong>en</strong>t pas<br />

les opinions. Ces accusateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> frères sont les<br />

meilleurs collaborateurs <strong>de</strong> Satan. Ils sont<br />

nombreux et, quand Dieu est à l'oeuvre, ils se<br />

montr<strong>en</strong>t d'autant plus actifs. Ils tord<strong>en</strong>t et<br />

discrédit<strong>en</strong>t les paroles et les actes <strong>de</strong> ceux qui<br />

aim<strong>en</strong>t la vérité et conform<strong>en</strong>t leur vie à ses<br />

exig<strong>en</strong>ces. Ils trait<strong>en</strong>t d'égarés ou <strong>de</strong> séducteurs les<br />

serviteurs <strong>de</strong> Dieu les plus ferv<strong>en</strong>ts et les plus<br />

965


désintéressés. Ils font leur affaire <strong>de</strong> dénigrer les<br />

mobiles <strong>de</strong> toute action noble et sincère, <strong>de</strong><br />

répandre <strong><strong>de</strong>s</strong> insinuations et <strong>de</strong> jeter la suspicion<br />

dans les âmes candi<strong><strong>de</strong>s</strong>. Tout moy<strong>en</strong> leur est bon,<br />

pour faire paraître faux et pernicieux ce qui est bon<br />

et recommandable.<br />

Mais il n'y a pas lieu <strong>de</strong> se mépr<strong>en</strong>dre à leur<br />

sujet : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » (<br />

Matthieu 7.16 ) Il est facile <strong>de</strong> voir qui est leur<br />

père, <strong>de</strong> quel exemple ils s'inspir<strong>en</strong>t, et <strong>de</strong> qui ils<br />

sont les collaborateurs, car leur travail ressemble<br />

parfaitem<strong>en</strong>t à celui <strong>de</strong> Satan, le grand<br />

calomniateur, « l'accusateur <strong>de</strong> nos frères » (<br />

Apocalypse 12.10 ).<br />

Pour égarer les âmes, le séducteur <strong>en</strong> chef ne<br />

manque pas d'ag<strong>en</strong>ts prêts à répandre toutes les<br />

erreurs imaginables. Il <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre diverses hérésies<br />

adaptées au goût et aux aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

dont il désire consommer la ruine. Sa tactique est<br />

<strong>de</strong> faire <strong>en</strong>trer dans l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> inconvertis qui y<br />

sèmeront le doute et l'incrédulité, <strong>en</strong>travant ainsi<br />

ceux qui désir<strong>en</strong>t voir progresser l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu<br />

966


et progresser avec elle. Des personnes qui n'ont pas<br />

une foi réelle <strong>en</strong> Dieu ou <strong>en</strong> sa Parole souscriv<strong>en</strong>t à<br />

quelques principes <strong>de</strong> la vérité, pass<strong>en</strong>t pour<br />

chréti<strong>en</strong>nes et réussiss<strong>en</strong>t à faire pr<strong>en</strong>dre leurs<br />

erreurs pour <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines scripturaires.<br />

L'idée selon laquelle ce que l'on croit a peu<br />

d'importance constitue l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus dangereuses<br />

séductions <strong>de</strong> Satan. Il sait que la vérité sanctifie<br />

celui qui la reçoit avec Amour; c'est pourquoi il<br />

s'efforce constamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la remplacer par <strong>de</strong><br />

fausses théories, par <strong><strong>de</strong>s</strong> fables, par un autre<br />

Évangile. Dès l'origine, les serviteurs <strong>de</strong> Dieu ont<br />

dû lutter contre <strong>de</strong> faux docteurs qui étai<strong>en</strong>t non<br />

seulem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes vicieux, mais <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

propagateurs d'idées fausses et dangereuses. Élie,<br />

Jérémie, Paul se dressèr<strong>en</strong>t avec une fermeté<br />

inflexible contre les docteurs qui détournai<strong>en</strong>t les<br />

hommes <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> libéralisme qui<br />

n'attache aucune importance à la pure doctrine ne<br />

trouvait pas grâce aux yeux <strong>de</strong> ces saints<br />

champions <strong>de</strong> la vérité.<br />

<strong>Le</strong>s interprétations vagues et fantaisistes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

967


Écritures, les nombreuses théories contradictoires<br />

qui ont cours dans le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong> et jett<strong>en</strong>t la<br />

confusion dans les esprits, sont l'oeuvre <strong>de</strong> notre<br />

grand adversaire. <strong>La</strong> discor<strong>de</strong> et les divisions qui<br />

sépar<strong>en</strong>t les églises chréti<strong>en</strong>nes sont dues <strong>en</strong> gran<strong>de</strong><br />

partie à la coutume <strong>de</strong> tordre les Écritures pour y<br />

trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à étayer quelque<br />

théorie favorite. Au lieu d'étudier la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

avec soin et humilité pour y chercher la<br />

connaissance <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> Son auteur,<br />

beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s n'y cherch<strong>en</strong>t que <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

bizarres ou originales. Pour sout<strong>en</strong>ir <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines<br />

erronées ou <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques non chréti<strong>en</strong>nes, ils<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> passages <strong>de</strong> l'Écriture détachés <strong>de</strong> leur<br />

contexte <strong>en</strong> se bornant parfois à <strong>en</strong> citer un <strong>de</strong>miverset,<br />

alors que la suite du texte donnerait une tout<br />

autre idée. Imitant la ruse du serp<strong>en</strong>t, ils se<br />

retranch<strong>en</strong>t <strong>de</strong>rrière <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations décousues qui<br />

sembl<strong>en</strong>t confirmer leurs prét<strong>en</strong>tions charnelles.<br />

Plusieurs tord<strong>en</strong>t ainsi volontairem<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu. D'autres, qui sont doués d'une vive<br />

imagination, s'empar<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> figures et <strong><strong>de</strong>s</strong> images<br />

<strong>de</strong> la Bible et les interprèt<strong>en</strong>t à leur fantaisie sans<br />

se mettre <strong>en</strong> peine du fait que l'Écriture est son<br />

968


propre interprète, quitte à donner leurs rêveries<br />

pour les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Quiconque <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures<br />

sans humilité d'esprit et sans disposition à se laisser<br />

instruire, détournera <strong>de</strong> leur vrai s<strong>en</strong>s les passages<br />

les plus simples et les plus clairs aussi bi<strong>en</strong> que les<br />

plus difficiles. <strong>Le</strong>s docteurs <strong>de</strong> Rome, choisissant<br />

les textes <strong>de</strong> la Bible qui répond<strong>en</strong>t le mieux à leur<br />

but, les interprèt<strong>en</strong>t à leur gré, puis les prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à<br />

leurs ouailles, tout <strong>en</strong> leur interdisant d'étudier les<br />

saints Livres pour eux-mêmes. Il faut livrer au<br />

peuple la Bible tout <strong>en</strong>tière, telle que Dieu l'a<br />

donnée; il serait préférable <strong>de</strong> le laisser sans<br />

instruction religieuse que <strong>de</strong> lui donner un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t falsifié.<br />

<strong>Le</strong>s Écrits sacrés sont <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à être le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

quiconque désire connaître la volonté <strong>de</strong> son<br />

Créateur. C'est Dieu qui a donné à l'homme la «<br />

parole certaine <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes »; les anges et Jésus-<br />

Christ <strong>en</strong> personne sont v<strong>en</strong>us sur la terre pour faire<br />

connaître à Daniel et à Jean « les choses qui<br />

doiv<strong>en</strong>t arriver bi<strong>en</strong>tôt ». <strong>Le</strong>s questions importantes<br />

969


qui concern<strong>en</strong>t notre salut n'ont pas été laissées<br />

dans le vague, ni <strong>en</strong>veloppées <strong>de</strong> mystère. Elles<br />

n'ont pas été révélées <strong>de</strong> façon à intriguer et à<br />

égarer celui qui cherche réellem<strong>en</strong>t la vérité. <strong>Le</strong><br />

Seigneur dit par le prophète Habakuk : « Écris la<br />

prophétie : grave-la sur <strong><strong>de</strong>s</strong> tables, afin qu'on la lise<br />

couramm<strong>en</strong>t. » ( Habakuk 2.2 ) <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

est claire pour tous ceux qui l'étudi<strong>en</strong>t avec un<br />

esprit <strong>de</strong> prière. Toute âme réellem<strong>en</strong>t honnête<br />

parvi<strong>en</strong>dra à la connaissance <strong>de</strong> la vérité. « <strong>La</strong><br />

lumière est semée pour le juste. » ( Psaumes 97.11<br />

) Aucune Église ne peut avancer dans la sainteté<br />

tant que ses membres ne recherch<strong>en</strong>t pas la vérité<br />

comme on cherche un trésor caché.<br />

Au cri <strong>de</strong> « largeur chréti<strong>en</strong>ne » une foule <strong>de</strong><br />

g<strong>en</strong>s aveuglés se jett<strong>en</strong>t dans les pièges d'un<br />

adversaire infatigable. Dans la mesure où celui-ci<br />

réussit à substituer <strong><strong>de</strong>s</strong> spéculations humaines à la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, la loi divine est supplantée, et, tout<br />

<strong>en</strong> se disant libres, les Églises sont esclaves du<br />

péché.<br />

<strong>Le</strong>s recherches sci<strong>en</strong>tifiques ont fait la perte<br />

970


d'un grand nombre <strong>de</strong> personnes. Dieu a permis<br />

que, par les découvertes faites dans les sci<strong>en</strong>ces et<br />

dans les arts, un torr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lumière se répan<strong>de</strong> sur<br />

le mon<strong>de</strong>. Mais si Dieu ne les gui<strong>de</strong> pas dans leurs<br />

recherches, les plus puissants génies eux-mêmes se<br />

perd<strong>en</strong>t <strong>en</strong> voulant chercher les rapports existant<br />

<strong>en</strong>tre la sci<strong>en</strong>ce et la révélation.<br />

<strong>Le</strong>s connaissances humaines, tant dans le<br />

domaine matériel que dans le domaine spirituel,<br />

sont partielles et imparfaites; il s'<strong>en</strong>suit que<br />

plusieurs sont incapables <strong>de</strong> faire concor<strong>de</strong>r leurs<br />

notions sci<strong>en</strong>tifiques avec les Écritures. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s qui ont accepté <strong>de</strong> simples théories, <strong>de</strong> pures<br />

hypothèses, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> faits sci<strong>en</strong>tifiques,<br />

s'imagin<strong>en</strong>t que leur « sci<strong>en</strong>ce faussem<strong>en</strong>t ainsi<br />

nommée » est la pierre <strong>de</strong> touche par laquelle il<br />

faut éprouver la Parole <strong>de</strong> Dieu. Et comme le<br />

Créateur et ses oeuvres dépass<strong>en</strong>t leur intellig<strong>en</strong>ce<br />

et qu'ils ne peuv<strong>en</strong>t les expliquer par les lois <strong>de</strong> la<br />

nature, ils <strong>en</strong> conclu<strong>en</strong>t que l'histoire sacrée n'est<br />

pas digne <strong>de</strong> créance. Ceux qui dout<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

véracité <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> l'Anci<strong>en</strong> et du Nouveau<br />

Testam<strong>en</strong>t font trop souv<strong>en</strong>t un pas <strong>de</strong> plus : ils <strong>en</strong><br />

971


vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à douter <strong>de</strong> l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu et<br />

attribu<strong>en</strong>t à la nature la puissance <strong>de</strong> l'Être<br />

suprême. <strong>Le</strong>ur ancre lâchée, ils vont se briser<br />

contre les récifs <strong>de</strong> l'incrédulité.<br />

C'est ainsi que beaucoup, séduits par le diable,<br />

err<strong>en</strong>t loin <strong>de</strong> la foi. <strong>Le</strong>s hommes ont voulu être<br />

plus sages que le Créateur. <strong>La</strong> philosophie humaine<br />

a t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r et d'expliquer <strong><strong>de</strong>s</strong> mystères qui ne<br />

seront jamais dévoilés au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles éternels.<br />

Si les g<strong>en</strong>s voulai<strong>en</strong>t se borner à étudier et à<br />

compr<strong>en</strong>dre ce que Dieu a révélé touchant Sa<br />

personne et Ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, ils obti<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t une telle<br />

vision <strong>de</strong> la gloire, <strong>de</strong> la majesté et <strong>de</strong> la puissance<br />

<strong>de</strong> Jéhovah, qu'écrasés par leur petitesse, ils se<br />

cont<strong>en</strong>terai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce qui a été révélé pour eux et<br />

pour leurs <strong>en</strong>fants.<br />

Un chef-d'oeuvre <strong>de</strong> Satan <strong>en</strong> fait <strong>de</strong> séduction,<br />

c'est sa façon d'<strong>en</strong>traîner les hommes à la recherche<br />

<strong>de</strong> choses que Dieu ne nous a pas fait connaître, et<br />

qu'il ne veut pas que nous compr<strong>en</strong>ions. C'est ainsi<br />

que Lucifer a perdu sa place dans le ciel.<br />

Comm<strong>en</strong>çant par être mécont<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce que Dieu ne<br />

972


lui révélait pas tous ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, il finit par<br />

négliger <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t ce qui lui était révélé touchant<br />

sa mission et la haute position qui lui était<br />

assignée. Inoculant son dépit aux anges qui étai<strong>en</strong>t<br />

sous ses ordres, il consomma leur perte. Il s'efforce<br />

maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> communiquer le même esprit aux<br />

hommes, et les pousse à méconnaître les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu les plus formels.<br />

Ceux qui ne sont pas disposés à recevoir les<br />

vérités claires et précises <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu sont<br />

constamm<strong>en</strong>t à la recherche <strong>de</strong> fables agréables<br />

capables <strong>de</strong> calmer leur consci<strong>en</strong>ce. Moins ces<br />

doctrines sont spirituelles, moins elles exig<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et d'humilité, plus gran<strong>de</strong> est leur<br />

vogue auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui rapetiss<strong>en</strong>t leurs facultés<br />

intellectuelles pour satisfaire leurs désirs charnels.<br />

Trop sages à leurs propres yeux pour son<strong>de</strong>r les<br />

Écritures avec humilité et prière afin d'obt<strong>en</strong>ir les<br />

lumiéres d'<strong>en</strong> haut, elles n'ont ri<strong>en</strong> pour les protéger<br />

contre l'erreur, et Satan est prêt à satisfaire leurs<br />

aspirations <strong>en</strong> leur offrant ses sophismes au lieu <strong>de</strong><br />

la vérité. C'est ainsi que la papauté a réussi à<br />

dominer les esprits. Et les protestants, <strong>en</strong> rejetant la<br />

973


vérité parce qu'elle r<strong>en</strong>ferme une croix, suiv<strong>en</strong>t la<br />

même route. Quiconque abandonne la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu pour assurer ses aises et éviter <strong>de</strong> faire<br />

autrem<strong>en</strong>t que tout le mon<strong>de</strong>, finira par tomber<br />

dans <strong><strong>de</strong>s</strong> aberrations damnables qu'il pr<strong>en</strong>dra pour<br />

la vraie doctrine. Ceux qui rejett<strong>en</strong>t sciemm<strong>en</strong>t la<br />

vérité accepteront fatalem<strong>en</strong>t les hérésies les plus<br />

saugr<strong>en</strong>ues. Tel qui repousse une duperie avec<br />

horreur <strong>en</strong> accueillera une autre avec<br />

empressem<strong>en</strong>t. Parlant <strong>de</strong> certaines personnes qui<br />

n'ont pas ouvert « leur coeur à l'amour <strong>de</strong> la vérité<br />

qui les aurait sauvées », l'apôtre Paul dit : « Aussi<br />

Dieu leur <strong>en</strong>voie une puissance d'égarem<strong>en</strong>t, pour<br />

qu'[elles] croi<strong>en</strong>t au m<strong>en</strong>songe, afin que tous ceux<br />

qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris<br />

plaisir à l'injustice, soi<strong>en</strong>t condamnés. » ( 2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.11,12 ) En prés<strong>en</strong>ce d'un tel<br />

avertissem<strong>en</strong>t il convi<strong>en</strong>t que nous pr<strong>en</strong>ions gar<strong>de</strong><br />

aux doctrines que nous recevons.<br />

Au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> instrum<strong>en</strong>ts les plus dangereux<br />

du grand séducteur, il faut classer les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts trompeurs et les prodiges<br />

m<strong>en</strong>songers du spiritisme. Déguisé <strong>en</strong> ange <strong>de</strong><br />

974


lumière, il t<strong>en</strong>d ses filets là où l'on s'y att<strong>en</strong>d le<br />

moins. Si on voulait étudier le Livre <strong>de</strong> Dieu avec<br />

<strong>de</strong> ferv<strong>en</strong>tes prières, on ne serait pas dans<br />

l'ignorance <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> fausses doctrines. Mais<br />

dès qu'on rejette la vérité, on <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un terrain<br />

fertile pour les aberrations.<br />

Une autre erreur dangereuse, c'est celle qui nie<br />

la divinité <strong>de</strong> Jésus-Christ, aussi bi<strong>en</strong> que son<br />

exist<strong>en</strong>ce antérieure à son incarnation. Bi<strong>en</strong> qu'elle<br />

contredise les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts les plus positifs du<br />

Sauveur touchant ses relations avec le Père, sa<br />

nature divine et sa pré exist<strong>en</strong>ce, cette théorie est<br />

acceptée par beaucoup <strong>de</strong> personnes qui profess<strong>en</strong>t<br />

croire aux Écritures. On ne peut la sout<strong>en</strong>ir qu'<strong>en</strong> «<br />

tordant les Écritures » <strong>de</strong> la façon la plus<br />

manifeste. Non seulem<strong>en</strong>t cette doctrine ravale la<br />

conception que l'on se fait <strong>de</strong> l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption, mais elle sape par la base la foi <strong>en</strong> la<br />

Bible comme révélation divine. Ce <strong>de</strong>rnier trait la<br />

r<strong>en</strong>d d'autant plus dangereuse qu'elle <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t plus<br />

difficile à réfuter. Il est, <strong>en</strong> effet, inutile <strong>de</strong> discuter<br />

touchant la divinité du Sauveur avec <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s qui<br />

rejett<strong>en</strong>t le témoignage <strong>de</strong> la Bible. Quelque<br />

975


puissants que soi<strong>en</strong>t vos argum<strong>en</strong>ts, ils ne<br />

produiront pas d'impression sur eux. « L'homme<br />

animal ne reçoit pas les choses <strong>de</strong> l'Esprit <strong>de</strong> Dieu,,<br />

car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les<br />

connaître, parce que c'est spirituellem<strong>en</strong>t qu'on <strong>en</strong><br />

juge. » ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 2.14 ) Aucun <strong>de</strong> ceux qui<br />

reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t cette erreur ne peut avoir une juste<br />

conception du caractère ou <strong>de</strong> la mission du Christ,<br />

ni du grand plan <strong>de</strong> Dieu pour la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong><br />

l'homme.<br />

Une autre erreur subtile et nuisible qui se<br />

répand rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, c'est celle d'après laquelle<br />

Satan ne serait pas un être personnel, les Écritures<br />

ne faisant usage <strong>de</strong> ce nom que pour symboliser les<br />

mauvaises p<strong>en</strong>sées et les mauvais désirs <strong>de</strong><br />

l'homme.<br />

L'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, si répandu dans le mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>, selon lequel la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du Seigneur<br />

aurait lieu à la mort <strong>de</strong> chacun est un piège <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné<br />

à faire perdre <strong>de</strong> vue sa v<strong>en</strong>ue sur les nuées du ciel.<br />

Depuis <strong><strong>de</strong>s</strong> années, Satan s'affaire à répéter : «<br />

Voici, il est dans les chambres » ( Matthieu 24.26 ),<br />

976


et nombre d'âmes se sont prises et perdues à ce<br />

traqu<strong>en</strong>ard.<br />

<strong>La</strong> sagesse selon le mon<strong>de</strong> prét<strong>en</strong>d aussi que la<br />

prière n'est pas utile. Des hommes <strong>de</strong> sci<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t qu'il ne saurait y avoir d'exaucem<strong>en</strong>t à<br />

nos prières vu que cela serait une violation <strong><strong>de</strong>s</strong> lois<br />

<strong>de</strong> la nature, un miracle, et que le miracle n'existe<br />

pas. L'univers, dis<strong>en</strong>t-ils, est gouverné par <strong><strong>de</strong>s</strong> lois<br />

immuables, et Dieu lui-même ne fait ri<strong>en</strong> qui leur<br />

soit contraire. Ils affirm<strong>en</strong>t ainsi que Dieu est lié<br />

par ses propres lois, comme si l'action <strong><strong>de</strong>s</strong> lois<br />

divines était incompatible avec la liberté <strong>de</strong> Dieu.<br />

Un tel <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> contradiction avec celui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Est-ce que Jésus et ses apôtres n'ont<br />

pas opéré <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles? <strong>Le</strong> même Sauveur<br />

compatissant n'est-il pas <strong>en</strong>core vivant aujourd'hui,<br />

et tout aussi prêt à exaucer les prières <strong>de</strong> la foi que<br />

lorsqu'il marchait sur la terre, visible aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mortels? <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> naturel coopère avec le mon<strong>de</strong><br />

surnaturel. Il <strong>en</strong>tre dans le plan <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> nous<br />

accor<strong>de</strong>r, <strong>en</strong> retour <strong>de</strong> la prière <strong>de</strong> la foi, ce que<br />

nous n'obti<strong>en</strong>drions pas si nous ne le <strong>de</strong>mandions<br />

pas.<br />

977


<strong>Le</strong>s fausses doctrines et les idées fantaisistes<br />

qui s'introduis<strong>en</strong>t dans les églises <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té<br />

sont légion. Il est impossible d'évaluer les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces néfastes qu'<strong>en</strong>traîne le déplacem<strong>en</strong>t<br />

d'un seul jalon posé par la Parole <strong>de</strong> Dieu. Peu<br />

nombreux sont ceux qui, se hasardant à le faire,<br />

s'<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à ne rejeter qu'un seul point <strong>de</strong> la<br />

vérité. <strong>Le</strong> plus grand nombre continue à écarter,<br />

l'un après l'autre, tous les principes <strong>de</strong> la vérité, et<br />

finit par tomber dans l'incrédulité.<br />

Maintes âmes, qui aurai<strong>en</strong>t pu être croyantes,<br />

ont été poussées dans les rangs du scepticisme par<br />

les erreurs <strong>de</strong> la théologie populaire. Incapables<br />

d'accepter <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines qui outrag<strong>en</strong>t leur notion<br />

<strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la<br />

bi<strong>en</strong>veillance – doctrines qu'on leur donne comme<br />

scripturaires – elles se refus<strong>en</strong>t à recevoir la Bible<br />

comme la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

Or, c'est exactem<strong>en</strong>t là ce que veut Satan. Il ne<br />

désire ri<strong>en</strong> tant que d'ébranler la confiance <strong>en</strong> Dieu<br />

et <strong>en</strong> sa Parole. Chef <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> armée <strong>de</strong> ceux<br />

978


qui dout<strong>en</strong>t, il travaille avec une énergie sauvage à<br />

attirer les âmes dans ses rangs. Aujourd'hui, le<br />

doute est à la mo<strong>de</strong>. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s nourriss<strong>en</strong>t une<br />

certaine défiance à l'égard <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

dont ils s'éloign<strong>en</strong>t parce que, comme Son Auteur,<br />

elle dévoile et condamne le péché. Ceux qui ne<br />

sont pas disposés à lui obéir font tous leurs efforts<br />

pour <strong>en</strong> détruire l'autorité. S'ils la lis<strong>en</strong>t, s'ils<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts prêchés du haut <strong>de</strong> la<br />

chaire, c'est <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> critiquer soit la Bible, soit le<br />

sermon. Nombreux sont ceux qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

incrédules simplem<strong>en</strong>t pour justifier la néglig<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>voirs. D'autres adopt<strong>en</strong>t le scepticisme<br />

soit par orgueil, soit par indol<strong>en</strong>ce. Trop soucieux<br />

<strong>de</strong> leurs aises pour oser se distinguer par<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t d'une action louable exigeant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> efforts et du r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t, ils cherch<strong>en</strong>t à se<br />

faire une réputation <strong>de</strong> haute sagesse <strong>en</strong> critiquant<br />

le saint Livre.<br />

Il y a dans la Bible bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> choses que<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce humaine non éclairée par la sagesse<br />

divine ne peut compr<strong>en</strong>dre, et qui donn<strong>en</strong>t lieu à la<br />

critique. Beaucoup <strong>de</strong> personnes sembl<strong>en</strong>t croire<br />

979


que c'est une vertu <strong>de</strong> se ranger du côté du<br />

scepticisme et <strong>de</strong> l'incrédulité. Sous une appar<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> can<strong>de</strong>ur, ces personnes sont <strong>en</strong> réalité victimes<br />

<strong>de</strong> leur orgueil et du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur supériorité.<br />

Plusieurs trouv<strong>en</strong>t aussi leur plaisir à chercher dans<br />

les Écritures matière à embarrasser les esprits. Ils<br />

critiqu<strong>en</strong>t par simple amour <strong>de</strong> la discussion, ne<br />

voyant pas qu'ils se jett<strong>en</strong>t ainsi dans le filet <strong>de</strong><br />

l'oiseleur. Puis, ayant ouvertem<strong>en</strong>t exprimé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d'incrédulité, il se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelque<br />

sorte obligés <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir leurs positions. C'est<br />

ainsi qu'ils s'uniss<strong>en</strong>t aux impies et finiss<strong>en</strong>t par se<br />

fermer, les portes du paradis. Dieu a donné aux<br />

hommes une base ferme pour y asseoir leur foi. Il a<br />

placé dans les Écritures <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves suffisantes <strong>de</strong><br />

leur divine origine. <strong>Le</strong>s gran<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités relatives à<br />

notre ré<strong>de</strong>mption y sont clairem<strong>en</strong>t exposées. Avec<br />

l'ai<strong>de</strong> du Saint-Esprit, qui est promis à tous ceux<br />

qui le <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t sincèrem<strong>en</strong>t, chacun peut<br />

compr<strong>en</strong>dre ces vérités.<br />

Cela dit, il faut reconnaître que l'esprit borné <strong>de</strong><br />

l'homme n'est pas capable <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre<br />

parfaitem<strong>en</strong>t les plans et les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong>de</strong> l'Infini.<br />

980


Jamais on ne son<strong>de</strong>ra les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> Dieu. Que<br />

nul ne t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> soulever d'une main présomptueuse<br />

le voile <strong>de</strong>rrière lequel il dissimule Sa majesté. « O<br />

profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la richesse, <strong>de</strong> la sagesse et <strong>de</strong> la<br />

sci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu! » s'écrie l'apôtre. « Que ses<br />

jugem<strong>en</strong>ts sont insondables, et ses voies<br />

incompréh<strong>en</strong>sibles! » ( Romain 11.33 ) Ce qu'on<br />

peut compr<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> voies <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> ses<br />

mobiles <strong>en</strong>vers nous, c'est une miséricor<strong>de</strong> et un<br />

amour infinis, unis à Sa toute-puissance. Notre<br />

Père céleste ordonne toutes choses avec sagesse et<br />

justice : aussi nous convi<strong>en</strong>t-il <strong>de</strong> ne témoigner ni<br />

mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t ni méfiance, mais <strong>de</strong> nous incliner<br />

avec une soumission respectueuse. Il nous révélera<br />

<strong>de</strong> Ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins tout ce qui pourra concourir à notre<br />

bi<strong>en</strong>; pour le reste, ayons confiance <strong>en</strong> Sa main<br />

puissante et <strong>en</strong> Son amour.<br />

Quoique Dieu ait donné <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves suffisantes<br />

pour sout<strong>en</strong>ir notre foi, il n'<strong>en</strong>lèvera jamais toutes<br />

les raisons <strong>de</strong> ne pas croire. Ceux qui cherch<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

échappatoires <strong>en</strong> trouveront. Et ceux qui refus<strong>en</strong>t<br />

d'accepter la Parole <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> lui obéir jusqu'à<br />

ce que toutes leurs objections soi<strong>en</strong>t levées et<br />

981


qu'ai<strong>en</strong>t disparu tous les prétextes <strong>de</strong> douter, ne<br />

parvi<strong>en</strong>dront jamais à la lumière.<br />

<strong>La</strong> méfiance <strong>en</strong>vers Dieu est le fruit du coeur<br />

naturel qui a <strong>de</strong> l'inimitié pour Dieu. <strong>La</strong> foi, <strong>en</strong><br />

revanche, est un fruit <strong>de</strong> l'Esprit qui ne prospère<br />

que là où l'Esprit est apprécié. Nul ne peut <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir<br />

fort <strong>en</strong> la foi sans un effort persévérant. De même,<br />

l'incrédulité se fortifie par la culture. Celui qui, au<br />

lieu <strong>de</strong> méditer les preuves que Dieu lui a données<br />

pour fortifier sa foi, se permet <strong>de</strong> contester et<br />

d'ergoter, s'<strong>en</strong>foncera <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus dans le doute.<br />

Or, ceux qui dout<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses <strong>de</strong> Dieu et<br />

se défi<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> assurances <strong>de</strong> Sa grâce le<br />

déshonor<strong>en</strong>t; leur influ<strong>en</strong>ce éloigne les âmes <strong>de</strong><br />

Jésus au lieu <strong>de</strong> les attirer à lui. Arbres stériles, leur<br />

vaste ramure intercepte les rayons solaires et fait<br />

péricliter et périr les plantes sous leur ombre<br />

glaciale. L'oeuvre <strong>de</strong> ces douteurs sera un<br />

témoignage perman<strong>en</strong>t contre eux. <strong>Le</strong>s sem<strong>en</strong>ces<br />

<strong>de</strong> doute et <strong>de</strong> scepticisme qu'ils ont jetées<br />

produiront infailliblem<strong>en</strong>t leur moisson.<br />

982


Ceux qui désir<strong>en</strong>t honnêtem<strong>en</strong>t s'affranchir du<br />

doute n'ont qu'une chose à faire. Au lieu <strong>de</strong><br />

contester et <strong>de</strong> raisonner au sujet <strong>de</strong> ce qu'ils ne<br />

compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas, qu'ils mett<strong>en</strong>t à profit la lumière<br />

qui brille déjà sur leur s<strong>en</strong>tier et celle-ci ira <strong>en</strong><br />

augm<strong>en</strong>tant. Qu'ils s'acquitt<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tous les <strong>de</strong>voirs<br />

qui leur sont évid<strong>en</strong>ts, et ils ne tar<strong>de</strong>ront pas à<br />

compr<strong>en</strong>dre et à accomplir ceux au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong>quels<br />

ils sont actuellem<strong>en</strong>t dans le doute.<br />

Satan peut offrir <strong><strong>de</strong>s</strong> contrefaçons assez<br />

ressemblantes <strong>de</strong> la vérité à ceux qui veul<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />

se laisser séduire et qui désir<strong>en</strong>t éviter le<br />

r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et le sacrifice. Mais il lui est<br />

impossible <strong>de</strong> ret<strong>en</strong>ir sous son empire une seule<br />

âme honnête qui veut à tout prix connaître la vérité.<br />

Jésus-Christ est la vérité et « la véritable lumière<br />

qui, <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant dans le mon<strong>de</strong>, éclaire tout homme »<br />

( Jean 1.9 ). L'Esprit <strong>de</strong> vérité est v<strong>en</strong>u dans le<br />

mon<strong>de</strong> pour gui<strong>de</strong>r les hommes dans toute la vérité.<br />

<strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu dit, <strong>en</strong> effet « Cherchez, et vous<br />

trouverez. » « Si quelqu'un veut faire sa volonté, il<br />

connaîtra si ma doctrine est <strong>de</strong> Dieu. » ( Matthieu<br />

7.7; Jean 7.17 )<br />

983


<strong>Le</strong>s disciples <strong>de</strong> Jésus ne se font qu'une faible<br />

idée <strong><strong>de</strong>s</strong> complots que Satan et ses suppôts<br />

ourdiss<strong>en</strong>t contre eux. Mais celui qui siège dans les<br />

cieux fera tout concourir à l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

ses profonds <strong><strong>de</strong>s</strong>seins. Si le Seigneur permet que<br />

ses <strong>en</strong>fants pass<strong>en</strong>t par la fournaise <strong>de</strong> l'affliction,<br />

cela ne signifie pas qu'il pr<strong>en</strong>d plaisir à leur<br />

détresse et à leur souffrance, mais c'est parce que<br />

ces épreuves sont nécessaires à leur victoire finale.<br />

<strong>Le</strong>s mettre à l'abri <strong>de</strong> toute t<strong>en</strong>tation ne contribue<br />

pas à Sa gloire, puisque le but même <strong>de</strong> leur<br />

épreuve est <strong>de</strong> les r<strong>en</strong>dre capables <strong>de</strong> résister aux<br />

attraits du mal.<br />

Si les croyants compt<strong>en</strong>t sur les promesses <strong>de</strong><br />

Dieu, s'ils confess<strong>en</strong>t et délaiss<strong>en</strong>t leurs péchés, et<br />

offr<strong>en</strong>t à leur Père céleste <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs soumis et<br />

contrits, ni les impies, ni les démons ne pourront<br />

<strong>en</strong>rayer l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu ou voiler Sa prés<strong>en</strong>ce à<br />

Ses serviteurs. Ils triompheront <strong>de</strong> toute t<strong>en</strong>tation et<br />

<strong>de</strong> toute influ<strong>en</strong>ce adverse, ouverte ou secrète; car<br />

« ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais<br />

c'est par mon Esprit » ( Zacharie 4.6 ), dit l'Éternel<br />

984


<strong><strong>de</strong>s</strong> armées, que s'accomplira cette oeuvre.<br />

« <strong>Le</strong>s yeux du Seigneur sont sur les justes et<br />

Ses oreilles sont att<strong>en</strong>tives à leur prière.... Et qui<br />

vous maltraitera, si vous êtes zélés pour le bi<strong>en</strong>? " (<br />

1 Pierre 3.12, 13 ) Quand Balaam, ébloui par la<br />

perspective d'une haute récomp<strong>en</strong>se, eut t<strong>en</strong>té par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>ts et par <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices à l'Éternel<br />

d'appeler le malheur sur Israël, et s'aperçut que<br />

l'Esprit <strong>de</strong> Dieu l'<strong>en</strong> empêchait, ce prophète infidèle<br />

fut contraint <strong>de</strong> s'écrier : « Comm<strong>en</strong>t maudirais-je<br />

celui que Dieu n'a point maudit? Comm<strong>en</strong>t seraisje<br />

irrité quand l'Éternel n'est point irrité?... Que je<br />

meure <strong>de</strong> la mort <strong><strong>de</strong>s</strong> justes, et que ma fin soit<br />

semblable à la leur! » Après un nouveau sacrifice,<br />

le prophète apostat s'écria : « Voici, j'ai reçu l'ordre<br />

<strong>de</strong> bénir; il a béni, je ne le révoquerai point. Il<br />

n'aperçoit point d'iniquité <strong>en</strong> Jacob, il ne voit point<br />

d'injustice <strong>en</strong> Israël; l'Éternel, son Dieu, est avec<br />

lui, il est son roi, l'objet <strong>de</strong> son allégresse...<br />

L'<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t ne peut ri<strong>en</strong> contre Jacob, ni la<br />

divination contre Israël; au temps marqué, il sera<br />

dit à Jacob et à Israël quelle est l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu. »<br />

( Nombres 23.8, 10, 20, 21, 23; 24.9 ) Une<br />

985


troisième fois, Balaam fit ériger <strong><strong>de</strong>s</strong> autels <strong>en</strong> vue<br />

d'obt<strong>en</strong>ir une malédiction. Mais, par les lèvres<br />

rebelles du prophète, l'Esprit <strong>de</strong> Dieu fit proclamer<br />

la prospérité <strong>de</strong> ses élus, et c<strong>en</strong>sura la folie et la<br />

malignité <strong>de</strong> leurs <strong>en</strong>nemis : « Béni soit quiconque<br />

te bénira, et maudit soit quiconque te maudira! » (<br />

Nombre 24.9 )<br />

<strong>Le</strong> peuple d'Israël était alors fidèle à Dieu.<br />

Aussi longtemps qu'il lui resta attaché, il n'y eut ni<br />

sur la terre, ni dans les <strong>en</strong>fers aucune puissance<br />

capable <strong>de</strong> lui résister. Mais la malédiction que<br />

Balaam ne put faire v<strong>en</strong>ir sur le peuple <strong>de</strong> Dieu, il<br />

réussit <strong>en</strong>fin à la lui attirer <strong>en</strong> le faisant tomber<br />

dans le péché.<br />

Satan sait très bi<strong>en</strong> que toute la puissance <strong>de</strong><br />

l'armée <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres ne peut ri<strong>en</strong> contre l'âme la<br />

plus faible qui se cramponne à Jésus-Christ, et que,<br />

s'il l'attaquait ouvertem<strong>en</strong>t, il essuierait une défaite.<br />

Alors, embusqué avec ses suppôts, il s'ingénie à<br />

faire sortir les soldats <strong>de</strong> la croix hors <strong>de</strong> leur<br />

forteresse, prêt à abattre tous ceux qui<br />

s'av<strong>en</strong>tureront sur son terrain. Notre seule sécurité<br />

986


se trouve dans une humble confiance <strong>en</strong> Dieu et<br />

dans une obéissance intégrale à tous Ses<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts.<br />

Sans la prière, nul n'est <strong>en</strong> sûreté un seul jour ni<br />

une seule heure. Supplions tout spécialem<strong>en</strong>t le<br />

Seigneur <strong>de</strong> nous donner l'intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Sa Parole<br />

où sont dévoilés les pièges <strong>de</strong> Satan, ainsi que les<br />

moy<strong>en</strong>s d'y échapper. <strong>Le</strong> diable est expert dans l'art<br />

<strong>de</strong> citer les Écritures et <strong>de</strong> les interpréter à sa façon<br />

pour nous faire trébucher. Étudions-les donc avec<br />

humilité, sans jamais perdre <strong>de</strong> vue notre<br />

dép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> Dieu. Tout <strong>en</strong> nous t<strong>en</strong>ant<br />

constamm<strong>en</strong>t sur nos gar<strong><strong>de</strong>s</strong> contre les artifices du<br />

Malin, répétons avec foi : « Ne nous laisse pas<br />

succomber à la t<strong>en</strong>tation! »<br />

987


Chapitre 33<br />

<strong>La</strong> séduction originelle<br />

L'humanité était <strong>en</strong>core au seuil <strong>de</strong> son histoire<br />

lorsque Satan <strong>en</strong>treprit <strong>de</strong> la séduire. Celui qui<br />

avait provoqué la rébellion dans le ciel désira<br />

ranger sous ses ét<strong>en</strong>dards les habitants <strong>de</strong> la terre et<br />

les associer à sa guerre contre le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Dieu. Au temps <strong>de</strong> leur innoc<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> leur<br />

obéissance à la loi <strong>de</strong> Dieu, Adam et Ève étai<strong>en</strong>t<br />

parfaitem<strong>en</strong>t heureux, et ce fait constituait un<br />

témoignage perman<strong>en</strong>t contre l'affirmation <strong>de</strong><br />

Lucifer selon laquelle les lois <strong>de</strong> Dieu étai<strong>en</strong>t<br />

oppressives et contraires au bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> Ses créatures.<br />

En outre, jaloux <strong>de</strong> voir la magnifique <strong>de</strong>meure<br />

préparée à l'int<strong>en</strong>tion du couple primitif, il se dit :<br />

Si je les sépare <strong>de</strong> Dieu et les subjugue, je pourrai<br />

<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> la terre, et y établir mon<br />

empire <strong>en</strong> opposition à celui du Très-Haut.<br />

En se prés<strong>en</strong>tant sous son vrai jour, le t<strong>en</strong>tateur<br />

eût été aussitôt repoussé, car Adam et Ève avai<strong>en</strong>t<br />

988


été mis <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre ce dangereux adversaire.<br />

Aussi cacha-t-il son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein afin d'atteindre son but<br />

plus sûrem<strong>en</strong>t. Opérant dans l'ombre et pr<strong>en</strong>ant<br />

pour intermédiaire le serp<strong>en</strong>t qui était alors une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

créatures les plus ravissantes, il dit à Ève : « Dieu<br />

a-t-il réellem<strong>en</strong>t dit : Vous ne mangerez pas <strong>de</strong> tous<br />

les arbres du jardin? » ( G<strong>en</strong>èse 3.1 ) Si Ève s'était<br />

abst<strong>en</strong>ue d'<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> pourparlers avec le serp<strong>en</strong>t,<br />

elle eût été <strong>en</strong> sécurité; mais elle <strong>en</strong>gagea la<br />

conversation et tomba dans le piège. C'est là ce qui<br />

perd <strong>en</strong>core un grand nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s qui se<br />

mett<strong>en</strong>t à douter, qui discut<strong>en</strong>t les volontés <strong>de</strong><br />

Dieu, et qui, au lieu d'accepter les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

divins, adopt<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> théories humaines masquant<br />

les pièges <strong>de</strong> Satan.<br />

« <strong>La</strong> femme répondit au serp<strong>en</strong>t : Nous<br />

mangeons du fruit <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres du jardin. Mais quant<br />

au fruit <strong>de</strong> l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu<br />

a dit : vous n'<strong>en</strong> mangerez point, et vous n'y<br />

toucherez point <strong>de</strong> peur que vous ne mouriez. Alors<br />

le serp<strong>en</strong>t dit à la femme : vous ne mourrez point;<br />

mais Dieu sait que, le jour où vous <strong>en</strong> mangerez,<br />

vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

989


dieux, connaissant le bi<strong>en</strong> et le mal. » ( G<strong>en</strong>èse 3.2-<br />

5 ) <strong>Le</strong> séducteur affirma qu'ils serai<strong>en</strong>t comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dieux, doués d'une sagesse supérieure, et<br />

accé<strong>de</strong>rai<strong>en</strong>t à une exist<strong>en</strong>ce plus élevée. Ainsi la<br />

transgression pr<strong>en</strong>ait l'aspect d'une bonne action, et<br />

Satan se faisait passer pour le bi<strong>en</strong>faiteur <strong>de</strong><br />

l'humanité. Ève céda à la t<strong>en</strong>tation, et <strong>en</strong>traîna<br />

Adam dans le péché. Sur la parole du serp<strong>en</strong>t, ils<br />

crur<strong>en</strong>t que Dieu ne ferait pas ce qu'il avait dit et<br />

suspectèr<strong>en</strong>t leur Créateur d'att<strong>en</strong>ter à leur liberté.<br />

Mais, lorsque Adam eut péché, quelle<br />

signification prit pour lui la parole : « <strong>Le</strong> jour où tu<br />

<strong>en</strong> mangeras, tu mourras? » ( G<strong>en</strong>èse 2.17 ) Il ne<br />

tarda pas à voir que le t<strong>en</strong>tateur avait m<strong>en</strong>ti. Dieu<br />

lui dit : « Tu es poussière, et tu retourneras dans la<br />

poussière. » ( G<strong>en</strong>èse 3.19 ) <strong>La</strong> déclaration <strong>de</strong><br />

Satan : « Vos yeux s'ouvriront », était vraie dans un<br />

s<strong>en</strong>s seulem<strong>en</strong>t : après leur désobéissance, les yeux<br />

d'Adam et d'Ève s'ouvrir<strong>en</strong>t sur leur folie. Ils<br />

connur<strong>en</strong>t le mal et goûtèr<strong>en</strong>t les fruits amers <strong>de</strong> la<br />

transgression.<br />

Au milieu du jardin était l'arbre <strong>de</strong> vie qui avait<br />

990


la vertu <strong>de</strong> perpétuer l'exist<strong>en</strong>ce. Si Adam était<br />

resté dans l'obéissance à Dieu, il eût continué<br />

d'avoir libre accès à cet arbre, et eût vécu à<br />

toujours. Mais après son péché, exclu <strong>de</strong> l'accès à<br />

l'arbre <strong>de</strong> vie, il fut sujet à la mort. <strong>La</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce<br />

divine : « Tu es poussière, et tu retourneras dans la<br />

poussière », ne visait à ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> moins qu'à la<br />

complète extinction <strong>de</strong> la vie.<br />

L'immortalité promise à l'homme à condition<br />

qu'il obéisse étant compromise, Adam ne pouvait<br />

transmettre à sa postérité ce qu'il ne possédait plus.<br />

Et si Dieu n'avait, au prix du sacrifice <strong>de</strong> Son Fils,<br />

remis l'immortalité à sa portée, l'humanité se fût<br />

trouvée sans espérance. <strong>La</strong> « mort s'est ét<strong>en</strong>due sur<br />

tous les hommes, parce que tous ont péché », mais<br />

Jésus-Christ « a mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la vie et<br />

l'immortalité par l'Évangile » ( Romains 5.12; 2<br />

Timothée 1.10 ). Nous ne pouvons obt<strong>en</strong>ir cette<br />

<strong>de</strong>rnière que par lui. Jésus dit : « Celui qui croit au<br />

Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils<br />

ne verra point la vie. » ( Jean 3.36 ) Quiconque<br />

veut se conformer aux conditions peut <strong>en</strong>trer <strong>en</strong><br />

possession <strong>de</strong> ce don inestimable. Tous ceux qui<br />

991


par la persévérance à faire le bi<strong>en</strong>, « cherch<strong>en</strong>t<br />

l'honneur, la gloire et l'immortalité » recevront « la<br />

vie éternelle » ( Romains 2.7 ).<br />

C'est le grand séducteur qui a promis à Adam la<br />

vie dans la désobéissance. <strong>La</strong> déclaration du<br />

serp<strong>en</strong>t à Ève : « Vous ne mourrez certainem<strong>en</strong>t<br />

pas », fut le premier sermon sur l'immortalité<br />

naturelle <strong>de</strong> l'âme. Néanmoins, cette déclaration,<br />

qui ne repose que sur l'autorité <strong>de</strong> Satan, est répétée<br />

du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> chaires chréti<strong>en</strong>nes et reçue par la plus<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la famille humaine aussi<br />

avi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t que par nos premiers par<strong>en</strong>ts. <strong>La</strong> parole<br />

divine : « L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra »<br />

( Ézéchiel 18.20 ), est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue : « L'âme qui pèche<br />

ne mourra point : elle vivra éternellem<strong>en</strong>t. » Il y a<br />

lieu d'être confondu <strong>de</strong> l'aberration qui porte les<br />

hommes à croire facilem<strong>en</strong>t aux paroles <strong>de</strong> Satan,<br />

et à douter <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> Dieu.<br />

Si, après sa chute, l'homme avait eu libre accès<br />

à l'arbre <strong>de</strong> vie, il eût vécu à toujours, et le péché<br />

eût été immortalisé. Mais <strong><strong>de</strong>s</strong> chérubins armés<br />

d'une épée flamboyante gardèr<strong>en</strong>t « le chemin <strong>de</strong><br />

992


l'arbre <strong>de</strong> vie » ( G<strong>en</strong>èse 3.24 ). Nul membre <strong>de</strong> la<br />

famille d'Adam n'a pu franchir cette barrière pour<br />

aller cueillir ce fruit. Ainsi, aucun pécheur n'est<br />

immortel.<br />

Après la chute <strong>de</strong> l'homme, Satan ordonna à ses<br />

anges <strong>de</strong> veiller tout spécialem<strong>en</strong>t à répandre la<br />

doctrine <strong>de</strong> l'immortalité naturelle <strong>de</strong> l'âme. Cela<br />

fait, ils <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>er les hommes à la<br />

conclusion que les méchants étai<strong>en</strong>t condamnés à<br />

subir <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances éternelles. Par ses ag<strong>en</strong>ts, le<br />

prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres fait passer Dieu pour un affreux<br />

tyran, qui plonge tous ceux qui lui déplais<strong>en</strong>t dans<br />

les flammes <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer où ils <strong>en</strong>dur<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souffrances indicibles et se tord<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tourm<strong>en</strong>ts sans fin, spectacle que l'Éternel<br />

contemple avec satisfaction!...<br />

C'est ainsi que le grand <strong>en</strong>nemi prête ses<br />

attributs sataniques et sa cruauté au Créateur et<br />

Bi<strong>en</strong>faiteur <strong>de</strong> l'humanité, qui est amour! Jusqu'à<br />

l'apparition du péché, tout ce que Dieu a créé était<br />

pur, saint et beau. Mais Satan, après avoir <strong>en</strong>traîné<br />

l'homme dans le péché, cherche à le détruire; après<br />

993


s'être assuré <strong>de</strong> ses victimes, il exulte <strong>de</strong> les voir<br />

malheureuses. Si cela lui était permis, si Dieu ne<br />

s'interposait, il pr<strong>en</strong>drait la famille, humaine tout<br />

<strong>en</strong>tière dans ses filets, et nul <strong>en</strong>fant d'Adam<br />

n'échapperait.<br />

Comme il a séduit nos premiers par<strong>en</strong>ts, Satan<br />

s'efforce aujourd'hui <strong>de</strong> séduire les humains <strong>en</strong><br />

ébranlant leur confiance <strong>en</strong> Dieu et <strong>en</strong> les poussant<br />

à douter <strong>de</strong> la sagesse <strong>de</strong> Son gouvernem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong><br />

la justice <strong>de</strong> Ses lois. Pour justifier leur malignité et<br />

leur révolte, le grand séducteur et ses émissaires<br />

représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t Dieu comme étant pire qu'eux-mêmes.<br />

En prêtant sa terrible cruauté à notre Père<br />

céleste, l'<strong>en</strong>nemi veut donner l'impression qu'on a<br />

eu tort <strong>de</strong> l'expulser du ciel pour n'avoir pas<br />

cons<strong>en</strong>ti à se soumettre à l'injustice. En faisant<br />

croire aux hommes qu'ils jouiront sous son aimable<br />

sceptre d'une liberté contrastant avec l'esclavage<br />

<strong>en</strong>duré sous les austères décrets <strong>de</strong> Jéhovah, il<br />

réussit à les détourner <strong>de</strong> leur soumission <strong>en</strong>vers<br />

Dieu.<br />

994


Quoi <strong>de</strong> plus propre à révolter nos s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> bonté <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> et <strong>de</strong> justice, que la<br />

doctrine selon laquelle les impénit<strong>en</strong>ts seront<br />

tourm<strong>en</strong>tés, à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés d'une courte<br />

exist<strong>en</strong>ce, dans le feu et dans le soufre d'un <strong>en</strong>fer<br />

qui durera aussi longtemps que Dieu lui-même?<br />

Pourtant ce dogme a été généralem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seigné et<br />

se trouve <strong>en</strong>core dans le credo d'une portion<br />

considérable <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té. Un savant docteur <strong>en</strong><br />

théologie a écrit : « <strong>La</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> tourm<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer<br />

couronnera à jamais la félicité <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. En<br />

voyant <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres <strong>de</strong> la même nature qu'eux, et nés<br />

dans les mêmes circonstances, plongés dans <strong>de</strong><br />

telles souffrances alors qu'eux-mêmes sont les<br />

objets d'un sort si différ<strong>en</strong>t, ils compr<strong>en</strong>dront<br />

mieux le bonheur dont ils jouiss<strong>en</strong>t. » Un autre a<br />

déclaré : « P<strong>en</strong>dant que le décret <strong>de</strong> réprobation<br />

s'exécutera éternellem<strong>en</strong>t sur les objets <strong>de</strong> la colère<br />

<strong>de</strong> Dieu, la fumée <strong>de</strong> leur tourm<strong>en</strong>t montera sans<br />

cesse <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> objets <strong>de</strong> Sa miséricor<strong>de</strong>,<br />

qui, au lieu <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> pitié ces misérables,<br />

diront : Am<strong>en</strong>, alléluia! Loué soit le Seigneur! »<br />

Où <strong>de</strong> tels <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts se lis<strong>en</strong>t-ils dans la<br />

995


Parole <strong>de</strong> Dieu? <strong>Le</strong>s rachetés, une fois dans la<br />

gloire, perdrai<strong>en</strong>t-ils tout s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> compassion<br />

et même d'humanité? Ces vertus y ferai<strong>en</strong>t-elles<br />

place à un froid stoïcisme ou à la cruauté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sauvages? Non! Tel n'est pas l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

Bible. Ceux qui ont écrit ce qu'on vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lire<br />

peuv<strong>en</strong>t être <strong><strong>de</strong>s</strong> savants et même <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

honnêtes, ils n'<strong>en</strong> sont pas moins séduits par les<br />

sophismes <strong>de</strong> Satan qui les pousse à fausser<br />

certaines expressions énergiques <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures,<br />

auxquelles il attribue une amertume et une<br />

malignité qu'il tire <strong>de</strong> son propre fonds, mais non<br />

<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> notre Créateur. « Je suis vivant! dit le<br />

Seigneur, l'Éternel, ce que je désire, ce n'est pas<br />

que le méchant meure, c'est qu'il change <strong>de</strong><br />

conduite et qu'il vive. Rev<strong>en</strong>ez, rev<strong>en</strong>ez <strong>de</strong> votre<br />

mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison<br />

d'Israël? » ( Ézéchiel 33.11 )<br />

Quel avantage Dieu retirerait-il <strong>de</strong> ce que nous<br />

admettions qu'il trouve Ses délices dans les tortures<br />

incessantes <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants; qu'Il jouisse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gémissem<strong>en</strong>ts, <strong><strong>de</strong>s</strong> cris <strong>de</strong> douleur et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

imprécations <strong><strong>de</strong>s</strong> créatures qu'il reti<strong>en</strong>t dans les<br />

996


flammes <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer? Ces cris atroces serai<strong>en</strong>t-ils une<br />

musique pour les oreilles <strong>de</strong> l'Amour infini? On<br />

prét<strong>en</strong>d qu'<strong>en</strong> infligeant aux pécheurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tourm<strong>en</strong>ts éternels, Dieu montre son horreur du<br />

péché qui a troublé la paix et l'ordre <strong>de</strong> l'univers.<br />

Quel affreux blasphème! Comme si l'horreur <strong>de</strong><br />

Dieu pour le péché justifiait la perpétuation du<br />

mal! En effet, exaspérés par le désespoir, les<br />

malheureux réprouvés exhalerai<strong>en</strong>t leur fureur <strong>en</strong><br />

malédictions et <strong>en</strong> outrages qui augm<strong>en</strong>terai<strong>en</strong>t<br />

constamm<strong>en</strong>t leur culpabilité! Non, ce n'est pas<br />

rehausser la gloire <strong>de</strong> Dieu que <strong>de</strong> perpétuer et<br />

d'aggraver le péché p<strong>en</strong>dant les siècles éternels.<br />

Il est impossible à l'esprit humain d'évaluer le<br />

mal accompli par l'hérésie <strong><strong>de</strong>s</strong> tourm<strong>en</strong>ts éternels.<br />

<strong>La</strong> religion <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, toute d'amour, <strong>de</strong> bonté<br />

et <strong>de</strong> compassion, s'y trouve <strong>en</strong>ténébrée <strong>de</strong><br />

superstition et drapée d'épouvante. Quand on<br />

considère sous quel faux jour Satan a prés<strong>en</strong>té le<br />

caractère <strong>de</strong> Dieu, y a-t-il lieu <strong>de</strong> s'étonner que<br />

notre miséricordieux Créateur soit craint, redouté et<br />

même haï? <strong>Le</strong>s idées terrifiantes répandues du haut<br />

<strong>de</strong> la chaire au sujet <strong>de</strong> la divinité ont fait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

997


milliers, que dis-je? <strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong> sceptiques et<br />

d'incrédules.<br />

<strong>Le</strong> dogme <strong><strong>de</strong>s</strong> tourm<strong>en</strong>ts éternels est l'une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fausses doctrines qui constitu<strong>en</strong>t le vin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

abominations <strong>de</strong> Babylone dont celle-ci a abreuvé<br />

toutes les nations ( Apocalypse 14.8; 17.2 ) Que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ministres du Christ ai<strong>en</strong>t pu adopter cette<br />

hérésie et la proclamer dans les temples chréti<strong>en</strong>s<br />

est un véritable mystère. Ils l'ont reçue <strong>de</strong> Rome,<br />

tout comme son faux jour <strong>de</strong> repos. Il est vrai<br />

qu'elle a été <strong>en</strong>seignée par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes émin<strong>en</strong>ts<br />

<strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ce et <strong>en</strong> piété; mais la vérité sur ce sujet ne<br />

leur étant point parv<strong>en</strong>ue comme à nous, ils<br />

n'étai<strong>en</strong>t responsables que <strong>de</strong> la lumière qui brillait<br />

<strong>de</strong> leur temps, tandis que nous <strong>de</strong>vons répondre <strong>de</strong><br />

celle qui éclaire le nôtre. Si nous nous détournons<br />

du témoignage <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu pour suivre <strong>de</strong><br />

fausses doctrines simplem<strong>en</strong>t parce que nos pères<br />

les ont <strong>en</strong>seignées, nous tombons sous la<br />

condamnation <strong>de</strong> Babylone et nous buvons le vin<br />

<strong>de</strong> ses abominations.<br />

De nombreuses personnes que révolte la<br />

998


doctrine <strong><strong>de</strong>s</strong> tourm<strong>en</strong>ts éternels vers<strong>en</strong>t dans<br />

l'erreur opposée. Elles croi<strong>en</strong>t que l'âme est<br />

immortelle mais, comme la Bible <strong>en</strong>seigne que<br />

Dieu est amour et compassion, elles ne peuv<strong>en</strong>t<br />

croire qu'il abandonne ses créatures à un feu<br />

éternel, et elles ne trouv<strong>en</strong>t d'autre alternative que<br />

l'hypothèse agréable du salut final <strong>de</strong> tous les<br />

hommes. Elles considèr<strong>en</strong>t les m<strong>en</strong>aces <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures comme <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à effrayer les g<strong>en</strong>s pour<br />

les pousser à l'obéissance, et prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que Dieu<br />

n'a jamais eu l'int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> leur donner suite. Ainsi,<br />

le pécheur pourrait méconnaître la loi divine et<br />

vivre dans le mal sans s'aliéner la faveur divine.<br />

Cette doctrine, qui abuse <strong>de</strong> la bonté <strong>de</strong> Dieu et<br />

ignore Sa justice, est agréable au coeur charnel et<br />

<strong>en</strong>hardit le méchant dans son iniquité.<br />

Il suffira <strong>de</strong> citer leurs propres déclarations<br />

pour montrer comm<strong>en</strong>t les partisans du salut<br />

universel tord<strong>en</strong>t les Écritures pour sout<strong>en</strong>ir ce<br />

dogme néfaste. À l'occasion <strong><strong>de</strong>s</strong> funérailles d'un<br />

jeune impie mort subitem<strong>en</strong>t d'un accid<strong>en</strong>t, un<br />

pasteur universaliste prit comme texte ce passage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures : « <strong>Le</strong> roi David... était consolé <strong>de</strong> la<br />

999


mort d'Amnon. » ( 2 Samuel 13.39 )<br />

« On me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> fréquemm<strong>en</strong>t, dit l'orateur,<br />

ce qu'il advi<strong>en</strong>dra <strong><strong>de</strong>s</strong> impies qui quitt<strong>en</strong>t ce mon<strong>de</strong><br />

soit <strong>en</strong> état d'ivresse, soit avec les taches écarlates<br />

du crime sur leurs vêtem<strong>en</strong>ts, ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core,<br />

comme ce jeune homme, sans avoir jamais fait<br />

profession <strong>de</strong> piété, et sans aucune vie religieuse.<br />

Adressons-nous aux Écritures : elles résoudront ce<br />

redoutable problème. Amnon était un grand<br />

pécheur; il avait été tué <strong>en</strong> état d'ivresse et<br />

d'impénit<strong>en</strong>ce. David, son-père, étant un prophète<br />

<strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong>vait savoir si Amnon serait heureux ou<br />

malheureux dans l'autre mon<strong>de</strong>. Quelle fut<br />

l'expression <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> son coeur? « <strong>Le</strong> roi<br />

David cessa <strong>de</strong> poursuivre Absalom, car il était<br />

consolé <strong>de</strong> la mort d'Amnon. »<br />

« Quelle conclusion découle <strong>de</strong> ce langage? À<br />

coup sûr que les tourm<strong>en</strong>ts éternels ne faisai<strong>en</strong>t pas<br />

partie <strong><strong>de</strong>s</strong> croyances <strong>de</strong> David. Et nous trouvons ici<br />

un argum<strong>en</strong>t triomphant <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l'hypothèse<br />

plus agréable, plus lumineuse, plus conforme aux<br />

compassions <strong>de</strong> Dieu, du triomphe ultime et<br />

1000


universel <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la paix. Il se consola <strong>de</strong><br />

la mort <strong>de</strong> son fils. Pourquoi? Parce que son regard<br />

prophétique, embrassant un glorieux av<strong>en</strong>ir, lui<br />

montrait ce fils éloigné <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tation, affranchi <strong>de</strong><br />

l'esclavage et purifié <strong><strong>de</strong>s</strong> souillures du péché, admis<br />

<strong>en</strong>fin – après un stage suffisant <strong>de</strong> purification –<br />

dans l'assemblée <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits bi<strong>en</strong>heureux, au séjour<br />

<strong>de</strong> la félicité. L'unique consolation du roi était<br />

qu'après avoir quitté l'état actuel <strong>de</strong> péché et <strong>de</strong><br />

souffrance, son fils chéri se trouvait là où les<br />

effluves les plus puissantes <strong>de</strong> l'Esprit passai<strong>en</strong>t sur<br />

son âme <strong>en</strong>ténébrée; où son esprit s'ouvrait à la<br />

sagesse céleste et aux doux transports <strong>de</strong> l'amour<br />

divin, le préparant ainsi, grâce à une nature<br />

sanctifiée, à jouir du repos et <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong><br />

l'héritage éternel. Nous voulons dire par là que le<br />

salut ne dép<strong>en</strong>d aucunem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce que l'on peut<br />

faire. <strong>en</strong> cette vie, qu'il s'agisse d'un changem<strong>en</strong>t du<br />

coeur, <strong>de</strong> la foi ou d'une profession <strong>de</strong> religion. »<br />

C'est ainsi qu'un soi-disant ministre <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ réitère le m<strong>en</strong>songe du serp<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Ed<strong>en</strong> : «<br />

Vous ne mourrez point... <strong>Le</strong> jour où vous <strong>en</strong><br />

mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez<br />

1001


comme <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux. « Il déclare qu'après la mort le<br />

pire <strong><strong>de</strong>s</strong> pécheurs – le meurtrier, le voleur et<br />

l'adultère – se prépare à <strong>en</strong>trer dans le séjour <strong>de</strong> la<br />

félicité.<br />

D'où ce prédicateur, habile à pervertir les<br />

Écritures, tire-t-il cette conclusion? D'une phrase<br />

exprimant la soumission <strong>de</strong> David aux<br />

disp<strong>en</strong>sations <strong>de</strong> la Provid<strong>en</strong>ce. « <strong>Le</strong> roi David<br />

cessa <strong>de</strong> poursuivre Absalom, car il était consolé <strong>de</strong><br />

la mort d'Amnon. »<br />

L'acuité <strong>de</strong> son chagrin s'étant atténuée avec le<br />

temps, ses p<strong>en</strong>sées s'étai<strong>en</strong>t reportées <strong>de</strong> son fils<br />

mort sur son fils vivant, qui s'était exilé pour éviter<br />

le juste châtim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son crime. Et c'est par ce texte<br />

qu'on prét<strong>en</strong>d prouver que l'ivrogne et incestueux<br />

Amnon fut, aussitôt après sa mort, transporté dans<br />

les <strong>de</strong>meures <strong>de</strong> la félicité pour y être purifié et<br />

r<strong>en</strong>du propre à vivre dans la société <strong><strong>de</strong>s</strong> anges qui<br />

n'ont jamais péché! C'est là, certes, une fable<br />

agréable, propre à rassurer et à satisfaire le coeur<br />

mondain. Mais c'est la doctrine <strong>de</strong> Satan, et il la<br />

fait servir à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins. Faut-il s'étonner qu'avec<br />

1002


<strong>de</strong> tels <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts l'iniquité aille <strong>en</strong><br />

augm<strong>en</strong>tant?<br />

<strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce faux docteur n'est qu'un<br />

spécim<strong>en</strong> du procédé utilisé par beaucoup d'autres.<br />

On sépare une déclaration <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures <strong>de</strong> son<br />

contexte qui montrerait, dans bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, qu'elle a<br />

un s<strong>en</strong>s tout autre que celui qu'on lui prête. Avec ce<br />

passage isolé et falsifié on établit une doctrine qui,<br />

loin d'avoir une base scripturaire, est contredite par<br />

la déclaration positive selon laquelle aucun ivrogne<br />

ne verra le royaume <strong>de</strong> Dieu ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 6.10 ).<br />

C'est ainsi que les sceptiques et les incrédules<br />

tourn<strong>en</strong>t la vérité <strong>en</strong> m<strong>en</strong>songe et que <strong><strong>de</strong>s</strong> foules,<br />

séduites et doucem<strong>en</strong>t bercées, s'<strong>en</strong>dorm<strong>en</strong>t dans<br />

une fausse sécurité.<br />

S'il était vrai qu'à l'heure suprême toutes les<br />

âmes vont directem<strong>en</strong>t au ciel, il y aurait lieu <strong>de</strong><br />

désirer la mort plutôt que la vie. Aussi cette<br />

croyance <strong>en</strong> a-t-elle poussé plusieurs à mettre fin à<br />

leur exist<strong>en</strong>ce. Qu'y a-t-il <strong>de</strong> plus simple, pour un<br />

être plongé dans le désespoir par les difficultés,<br />

l'affliction ou les revers, que <strong>de</strong> rompre le fil ténu<br />

1003


<strong>de</strong> ses jours pour s'élancer dans la félicité du<br />

mon<strong>de</strong> éternel?<br />

Dans Sa Parole, Dieu affirme qu'il punira les<br />

transgresseurs <strong>de</strong> Sa loi. Ceux qui s'imagin<strong>en</strong>t que<br />

Dieu est trop miséricordieux pour exécuter Sa<br />

justice sur les pécheurs n'ont qu'à porter les regards<br />

sur la croix du Calvaire. <strong>La</strong> mort <strong>de</strong> l'immaculé Fils<br />

<strong>de</strong> Dieu affirme que « le salaire du péché, c'est la<br />

mort », et que toute transgression <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu<br />

recevra sa juste rétribution. Voyez l'Être sans péché<br />

écrasé sous la culpabilité du mon<strong>de</strong>; la face <strong>de</strong> Son<br />

Père se voile; Son coeur se brise; Il expire. Ce<br />

grand sacrifice fut cons<strong>en</strong>ti pour racheter l'homme<br />

perdu. En conséqu<strong>en</strong>ce, toute âme qui refuse la<br />

propitiation acquise à un tel prix doit porter la<br />

culpabilité et le châtim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sa transgression.<br />

Considérons maint<strong>en</strong>ant l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures touchant le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> impies et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impénit<strong>en</strong>ts que l'universalisme place au ciel avec<br />

les anges et les bi<strong>en</strong>heureux. « À celui qui a soif je<br />

donnerai <strong>de</strong> la source <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> la vie,<br />

gratuitem<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse 21.6, 7 ) Cette<br />

1004


promesse n'est que pour celui qui a soif. Seuls ceux<br />

qui sont altérés <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> la vie et qui sont<br />

disposés à tout sacrifier pour l'obt<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> seront<br />

pourvus. « Celui qui vaincra héritera ces choses; je<br />

serai son Dieu, et il sera mon fils. » ( Apocalypse<br />

21.6, 7 )<br />

Dieu nous dit par le prophète Ésaïe : « Dites<br />

que le juste prospérera.... Malheur au méchant! il<br />

sera dans l'infortune, car il recueillera le produit <strong>de</strong><br />

ses mains. » ( Ésaïe 3.10, 11 ) « Quoique le<br />

pécheur fasse c<strong>en</strong>t fois le mal et qu'il y persévère<br />

longtemps, je sais aussi que le bonheur est pour<br />

ceux qui craign<strong>en</strong>t Dieu, parce qu'ils ont <strong>de</strong> la<br />

crainte <strong>de</strong>vant lui. Mais le bonheur n'est pas pour le<br />

méchant. » ( Ecclésiaste 8.12, 13 ) Et Paul déclare<br />

que le méchant s'amasse « un trésor <strong>de</strong> colère pour<br />

le jour <strong>de</strong> la colère et <strong>de</strong> la manifestation du juste<br />

jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu, qui r<strong>en</strong>dra à chacun selon ses<br />

oeuvres : ... tribulation et angoisse sur toute âme<br />

d'homme qui fait le mal » ( Romains 2.5, 6, 9 ).<br />

« Aucun impudique, ou impur, ou cupi<strong>de</strong>, c'està-dire,<br />

idolâtre, n'a d'héritage dans le royaume <strong>de</strong><br />

1005


Christ et <strong>de</strong> Dieu. » ( Éphési<strong>en</strong>s 5.5 ) « Recherchez<br />

la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle<br />

personne ne verra le Seigneur. » ( Hébreux 12.14 )<br />

« Heureux ceux qui lav<strong>en</strong>t leurs robes, afin<br />

d'avoir droit à l'arbre <strong>de</strong> vie, et d'<strong>en</strong>trer par les<br />

portes dans la ville! Dehors les chi<strong>en</strong>s, les<br />

<strong>en</strong>chanteurs, les impudiques, les meurtriers, les<br />

idolâtres, et quiconque aime et pratique le<br />

m<strong>en</strong>songe! » ( Apocalypse 22.14, 15 )<br />

Dieu a ainsi décrit Son caractère et Sa manière<br />

d'agir <strong>en</strong>vers le péché : « L'Éternel, l'Éterne1, Dieu<br />

miséricordieux et compatissant, l<strong>en</strong>t à la colère,<br />

riche <strong>en</strong> bonté et <strong>en</strong> fidélité, qui conserve son<br />

amour jusqu'à mille générations, qui pardonne<br />

l'iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne ti<strong>en</strong>t<br />

point le coupable pour innoc<strong>en</strong>t. » ( Exo<strong>de</strong> 34.6, 7 )<br />

« L'Éternel... détruit tous les méchants. » « <strong>Le</strong>s<br />

rebelles sont tous anéantis, la postérité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

méchants est retranchée. » ( Psaumes 145.20; 37.38<br />

) S'il est vrai que la puissance et l'autorité du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t divin s'emploieront à écraser la<br />

révolte, les manifestations <strong>de</strong> la justice rétributive<br />

1006


seront cep<strong>en</strong>dant conformes au caractère du Dieu<br />

miséricordieux, compatissant et l<strong>en</strong>t à la colère.<br />

Dieu ne viol<strong>en</strong>te la volonté ni le jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

personne. Il ne pr<strong>en</strong>d aucun plaisir à une<br />

obéissance basée sur la crainte. Il désire que ses<br />

créatures L'aim<strong>en</strong>t parce qu'il mérite leur amour et<br />

qu'elles Lui obéiss<strong>en</strong>t parce qu'elles ont une juste<br />

appréciation <strong>de</strong> Sa sagesse, <strong>de</strong> Sa justice et <strong>de</strong> Sa<br />

bonté. Aussi toute personne qui a une vraie<br />

conception <strong>de</strong> ces attributs L'aimera et se s<strong>en</strong>tira<br />

attirée vers Lui par l'admiration qu'Il inspire.<br />

<strong>Le</strong>s principes <strong>de</strong> bonté, <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> et<br />

d'amour que Jésus a <strong>en</strong>seignés et manifestés dans<br />

Sa vie éman<strong>en</strong>t du caractère <strong>de</strong> Dieu. Il n'<strong>en</strong>seignait<br />

que ce qu'il avait reçu <strong>de</strong> Son Père. <strong>Le</strong>s principes<br />

du gouvernem<strong>en</strong>t divin concord<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t<br />

avec ce précepte du Sauveur : « Aimez vos<br />

<strong>en</strong>nemis. » Dieu exécute ses jugem<strong>en</strong>ts sur les<br />

méchants tant pour le bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> l'univers que pour le<br />

bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> ceux qui les subiss<strong>en</strong>t. Il les r<strong>en</strong>drait<br />

heureux s'il le pouvait sans déroger aux lois <strong>de</strong> Son<br />

gouvernem<strong>en</strong>t et sans porter atteinte à la justice <strong>de</strong><br />

1007


Son caractère. Il les <strong>en</strong>toure <strong><strong>de</strong>s</strong> gages <strong>de</strong> Sa<br />

bi<strong>en</strong>veillance, il leur accor<strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong><br />

Ses lois et leur réitère les offres <strong>de</strong> Sa bonté; mais<br />

ils font fi <strong>de</strong> Son amour, ils transgress<strong>en</strong>t Sa loi et<br />

repouss<strong>en</strong>t Sa miséricor<strong>de</strong>. Ils sont constamm<strong>en</strong>t<br />

l'objet <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>faits, mais ils déshonor<strong>en</strong>t Celui qui<br />

les leur accor<strong>de</strong>. Ils haïss<strong>en</strong>t Dieu parce qu'ils<br />

sav<strong>en</strong>t qu'Il abhorre leurs péchés. Mais, bi<strong>en</strong> que le<br />

Seigneur tolère longtemps leur perversité, l'heure<br />

décisive sonnera <strong>en</strong>fin où leur <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée sera fixée.<br />

Enchaînera-t-il alors ces rebelles à Ses côtés? <strong>Le</strong>s<br />

contraindra-t-Il à faire Sa volonté?<br />

Ceux qui ont choisi Satan pour chef et qui ont<br />

été dominés par son asc<strong>en</strong>dant ne sont pas qualifiés<br />

pour paraître <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu. L'orgueil, la<br />

ruse, l'immoralité, la cruauté se sont implantés dans<br />

leur caractère. Pourront-ils <strong>en</strong>trer au ciel pour y<br />

cohabiter avec ceux qu'ils ont haïs et méprisés sur<br />

la terre? <strong>La</strong> vérité ne sera jamais appréciée par un<br />

m<strong>en</strong>teur; l'humilité ne fera jamais l'affaire <strong>de</strong><br />

l'orgueilleux et du présomptueux; la pureté ne<br />

plaira pas au lic<strong>en</strong>cieux; un amour désintéressé est<br />

sans attrait pour l'égoïste. Quelles jouissances le<br />

1008


ciel pourrait-il offrir à ceux qui se laiss<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t absorber par <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts terrestres et<br />

personnels?<br />

Si ceux qui ont passé leur vie dans la révolte<br />

contre Dieu pouvai<strong>en</strong>t être soudain transportés là<br />

où, dans une atmosphère <strong>de</strong> sainteté, toutes les<br />

âmes débord<strong>en</strong>t d'amour et où tous les visages<br />

rayonn<strong>en</strong>t <strong>de</strong> joie, s'ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t les accords<br />

sublimes <strong>de</strong> la musique céleste et y contemplai<strong>en</strong>t<br />

les flots <strong>de</strong> lumière qui, émanant <strong>de</strong> la face <strong>de</strong><br />

Dieu, <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t les élus, pourrai<strong>en</strong>t-ils se joindre<br />

aux phalanges célestes et supporter l'éclat <strong>de</strong> la<br />

gloire <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> l'Agneau? Certainem<strong>en</strong>t pas.<br />

Des années <strong>de</strong> grâce leur ont été accordées pour se<br />

préparer à <strong>en</strong>trer dans le séjour <strong>de</strong> la félicité, mais<br />

ils ne se sont jamais appliqués à aimer la pureté et à<br />

parler le langage du ciel. Maint<strong>en</strong>ant, il est trop<br />

tard. Une vie <strong>de</strong> rébellion contre Dieu les a<br />

disqualifiés pour le royaume. <strong>La</strong> pureté, la sainteté<br />

et la paix qui y règn<strong>en</strong>t les mettrai<strong>en</strong>t à la torture; la<br />

gloire <strong>de</strong> Dieu serait pour eux un feu consumant.<br />

Ils ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai<strong>en</strong>t qu'à s'<strong>en</strong>fuir <strong>de</strong> ce saint lieu.<br />

Ils appellerai<strong>en</strong>t sur eux la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction pour<br />

1009


échapper à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Celui qui les a rachetés.<br />

<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong><strong>de</strong>s</strong> injustes résulte <strong>de</strong> leur choix; <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> Dieu, elle est un acte <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong><br />

miséricor<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s feux du <strong>de</strong>rnier jour proclam<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> même<br />

que les eaux du déluge, que le méchant est<br />

incurable. Il n'a aucune <strong>en</strong>vie <strong>de</strong> se soumettre à<br />

Dieu. Il s'est <strong>en</strong>traîné à la révolte, et au terme <strong>de</strong> sa<br />

vie il est trop tard pour changer le courant <strong>de</strong> ses<br />

p<strong>en</strong>sées, pour passer du péché à l'obéissance, <strong>de</strong> la<br />

haine à l'amour.<br />

Dieu a épargné la vie <strong>de</strong> Caïn pour nous donner<br />

un aperçu <strong>de</strong> ce qu'il advi<strong>en</strong>drait si le pécheur<br />

pouvait perpétuer une vie d'iniquités effrénées. Par<br />

l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> l'exemple <strong>de</strong><br />

Caïn, <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dants fur<strong>en</strong>t<br />

détournés du bon chemin, au point que « toutes les<br />

p<strong>en</strong>sées <strong>de</strong> leur coeur se portai<strong>en</strong>t chaque jour<br />

uniquem<strong>en</strong>t vers le mal ». « <strong>La</strong> terre était<br />

corrompue <strong>de</strong>vant Dieu, la terre était pleine <strong>de</strong><br />

viol<strong>en</strong>ce. » ( G<strong>en</strong>èse 6.5, 11 )<br />

1010


C'est par miséricor<strong>de</strong> que Dieu fit périr les<br />

impies aux jours <strong>de</strong> Noé. C'est <strong>en</strong>core par<br />

miséricor<strong>de</strong> qu'il supprima les habitants <strong>de</strong><br />

Sodome. Grâce à la puissance séductrice <strong>de</strong> Satan,<br />

les blasphémateurs s'attir<strong>en</strong>t la sympathie et<br />

l'admiration <strong>de</strong> leurs semblables et les <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t au<br />

mal. C'est ce qui eut lieu aux jours <strong>de</strong> Caïn et <strong>de</strong><br />

Noé ainsi qu'au temps d'Abraham et <strong>de</strong> Lot. Il <strong>en</strong><br />

est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> nos jours. C'est par compassion<br />

pour l'univers que Dieu détruira finalem<strong>en</strong>t les<br />

contempteurs <strong>de</strong> Sa grâce.<br />

« <strong>Le</strong> salaire du péché, c'est la mort; mais le don<br />

gratuit <strong>de</strong> Dieu, c'est la vie éternelle <strong>en</strong> Jésus-<br />

Christ notre Seigneur. » ( Romains 6.23 ) Tandis<br />

que la vie est l'héritage <strong><strong>de</strong>s</strong> justes, la mort est la<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, Moïse dit à Israël : « Je mets<br />

aujourd'hui <strong>de</strong>vant toi la vie et le bi<strong>en</strong>, la mort et le<br />

mal. » ( Deutéronome 30.15 ) <strong>La</strong> mort m<strong>en</strong>tionnée<br />

dans ce passage n'est pas celle qui résulte <strong>de</strong> la<br />

s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce prononcée sur Adam, et que subit toute la<br />

famille humaine. C'est la « secon<strong>de</strong> mort », qui est<br />

mise <strong>en</strong> contraste avec la vie éternelle.<br />

1011


En conséqu<strong>en</strong>ce du péché d'Adam, la mort a<br />

passé sur l'humanité. Tous les hommes <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

dans la tombe. Mais, grâce au plan du salut, tous<br />

seront rappelés à la vie.<br />

« Il y aura une résurrection <strong><strong>de</strong>s</strong> justes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

injustes. » ( Actes 24.15 ) « Comme tous meur<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> Adam, <strong>de</strong> même aussi tous revivront <strong>en</strong> Christ.<br />

» ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 15.22 ) Une distinction est faite<br />

<strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux classes <strong>de</strong> ressuscités. « Tous ceux<br />

qui sont dans les sépulcres <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dront sa voix, et <strong>en</strong><br />

sortiront. Ceux qui auront fait le bi<strong>en</strong> ressusciteront<br />

pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal<br />

ressusciteront pour le jugem<strong>en</strong>t. » ( Jean 5.28, 29 )<br />

Ceux qui seront jugés dignes <strong>de</strong> participer à la<br />

résurrection <strong><strong>de</strong>s</strong> justes sont proclamés « heureux et<br />

saints ». « <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> mort n'a point <strong>de</strong> pouvoir sur<br />

eux. » ( Apocalypse 20.6 ) Ceux qui ne se sont pas<br />

assuré le pardon par la conversion et par la foi<br />

<strong>de</strong>vront subir la peine <strong>de</strong> leurs transgressions : le<br />

salaire du péché. <strong>Le</strong>ur châtim<strong>en</strong>t « selon leurs<br />

oeuvres » variera quant à son int<strong>en</strong>sité et quant à sa<br />

durée; mais pour tous il se terminera égalem<strong>en</strong>t par<br />

la secon<strong>de</strong> mort. Étant donné que Dieu ne saurait,<br />

1012


tout <strong>en</strong> étant miséricordieux et juste, sauver le<br />

pécheur dans ses transgressions, il le prive d'une<br />

exist<strong>en</strong>ce qu'il a compromise et dont il s'est montré<br />

indigne. Un écrivain inspiré a dit :<br />

« Encore un peu <strong>de</strong> temps, et le méchant n'est<br />

plus; tu regar<strong><strong>de</strong>s</strong> le lieu où il était, et il a disparu. »<br />

Et un autre : <strong>Le</strong>s nations « seront comme si elles<br />

n'euss<strong>en</strong>t jamais été ». ( Psaumes 37.10; Abdias 16<br />

). Couvertes d'infamie, elles disparaiss<strong>en</strong>t dans un<br />

oubli éternel.<br />

Ainsi pr<strong>en</strong>dra fin le péché avec toutes les<br />

misères et toutes les ruines dont il est la cause. <strong>Le</strong><br />

psalmiste écrit : « Tu détruis le méchant, tu effaces<br />

leur nom pour toujours et à perpétuité. Plus<br />

d'<strong>en</strong>nemis! <strong><strong>de</strong>s</strong> ruines éternelles! » ( Psaumes 9.5, 6<br />

) Transporté dans les sphères célestes, saint Jean<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d un hymne universel <strong>de</strong> louanges, que ne<br />

trouble aucune note discordante. Toutes les<br />

créatures qui sont dans les cieux et sur la terre<br />

r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t gloire à Dieu ( Apocalypse 5.13 ). On n'y<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra nulle part <strong><strong>de</strong>s</strong> réprouvés blasphémer Dieu<br />

et se tordre au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> tourm<strong>en</strong>ts éternels, mêlant<br />

1013


leurs rugissem<strong>en</strong>ts aux chants <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés.<br />

<strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> l'état consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> morts repose<br />

sur l'erreur fondam<strong>en</strong>tale d'une immortalité<br />

naturelle. Cette doctrine, comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tourm<strong>en</strong>ts éternels, est contraire aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> l'Écriture, à la raison et à tout s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

d'humanité. Selon la croyance populaire, les<br />

rachetés qui sont dans le ciel sav<strong>en</strong>t tout ce qui se<br />

passe sur la terre, et tout spécialem<strong>en</strong>t ce qui se<br />

rapporte aux amis qu'ils y ont laissés. Mais<br />

comm<strong>en</strong>t la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> peines, <strong><strong>de</strong>s</strong> fautes,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances et <strong><strong>de</strong>s</strong> déceptions <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>aimés<br />

pourrait-elle s'accor<strong>de</strong>r avec leur félicité? De<br />

quel bonheur céleste pourrai<strong>en</strong>t jouir <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres qui<br />

planerai<strong>en</strong>t sans cesse autour <strong>de</strong> leurs amis<br />

terrestres? Et n'est-il pas révoltant <strong>de</strong> songer qu'un<br />

impénit<strong>en</strong>t n'a pas plus tôt r<strong>en</strong>du le <strong>de</strong>rnier soupir<br />

que son âme est plongée dans les flammes <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>fer? Quelles tortures ne doiv<strong>en</strong>t pas éprouver<br />

ceux qui ont vu un ami inconverti <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre dans<br />

la tombe, à la p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> le voir <strong>en</strong>trer dans une<br />

éternité <strong>de</strong> souffrances! Beaucoup ont perdu la<br />

raison dans cet affreux cauchemar.<br />

1014


Dans les Écritures, David affirme que les morts<br />

sont inconsci<strong>en</strong>ts. « <strong>Le</strong>ur souffle s'<strong>en</strong> va, ils<br />

r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans la terre, et ce même jour leurs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>seins périss<strong>en</strong>t. » ( Psaumes 146.4 ) Salomon<br />

exprime la même p<strong>en</strong>sée : « <strong>Le</strong>s vivants, <strong>en</strong> effet,<br />

sav<strong>en</strong>t qu'ils mourront; mais les morts ne sav<strong>en</strong>t<br />

ri<strong>en</strong>. » « Et leur amour, et leur haine, et leur <strong>en</strong>vie,<br />

ont déjà péri; et ils n'auront plus jamais aucune part<br />

à tout ce qui se fait sous le soleil. » « Il n'y a ni<br />

oeuvre, ni p<strong>en</strong>sée, ni sci<strong>en</strong>ce, ni sagesse, dans le<br />

séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts, où tu vas. » ( Ecclésiaste 9.5, 6,<br />

10 )<br />

Quand, <strong>en</strong> réponse à la prière du roi Ezéchias,<br />

le Seigneur eut accordé à celui-ci un sursis <strong>de</strong> vie<br />

<strong>de</strong> quinze ans, ce prince, dans sa reconnaissance, fit<br />

monter vers Dieu l'action <strong>de</strong> grâces suivante : « Ce<br />

n'est pas le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts qui Te loue, ce n'est<br />

pas la mort qui Te célèbre; ceux qui sont <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dus<br />

dans la fosse n'espèr<strong>en</strong>t plus <strong>en</strong> Ta fidélité. <strong>Le</strong><br />

vivant, le vivant, c'est celui-là qui Te loue, comme<br />

moi aujourd'hui. » ( Ésaïe 38.18, 19 ) <strong>La</strong> théologie<br />

populaire nous prés<strong>en</strong>te les justes morts comme<br />

1015


étant au ciel, au sein <strong>de</strong> la félicité, louant Dieu <strong>de</strong><br />

leurs bouches immortelles. Mais Ezéchias<br />

n'<strong>en</strong>trevoyait pas d'aussi glorieuses perspectives à<br />

l'idée <strong>de</strong> la mort. Il s'accor<strong>de</strong> avec le psalmiste : «<br />

Celui qui meurt n'a plus ton souv<strong>en</strong>ir; qui te louera<br />

dans le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts? » « Ce ne sont pas les<br />

morts qui célèbr<strong>en</strong>t l'Éternel, ce n'est aucun <strong>de</strong><br />

ceux qui <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t dans le lieu du sil<strong>en</strong>ce. » (<br />

Psaumes 6.6; 115.17 )<br />

<strong>Le</strong> jour <strong>de</strong> la P<strong>en</strong>tecôte, Pierre affirme que le<br />

patriarche David « est mort, qu'il a été <strong>en</strong>seveli, et<br />

que son sépulcre existe <strong>en</strong>core aujourd'hui parmi<br />

nous ». « Car David, ajoute-t-il, n'est point monté<br />

au ciel. » <strong>Le</strong> fait que David restera dans le tombeau<br />

jusqu'à la résurrection prouve que les justes ne<br />

mont<strong>en</strong>t pas au ciel au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur mort. Ce<br />

n'est que par la résurrection, et <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> la<br />

résurrection <strong>de</strong> Jésus-Christ, que David pourra un<br />

jour s'asseoir à la droite <strong>de</strong> Dieu.<br />

Et Paul dit : « Si les morts ne ressuscit<strong>en</strong>t point,<br />

Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ<br />

n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes<br />

1016


<strong>en</strong>core dans vos péchés, et par conséqu<strong>en</strong>t aussi<br />

ceux qui sont morts <strong>en</strong> Christ sont perdus. » ( 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 15.16-18 ) Si, quatre mille ans durant,<br />

les justes étai<strong>en</strong>t montés directem<strong>en</strong>t au ciel <strong>en</strong><br />

mourant, comm<strong>en</strong>t Paul aurait-il pu dire que, s'il<br />

n'y a point <strong>de</strong> résurrection, « ceux qui sont morts<br />

<strong>en</strong> Christ sont perdus? »<br />

<strong>Le</strong> martyr Tyndale s'exprime comme suit au<br />

sujet <strong>de</strong> l'état <strong><strong>de</strong>s</strong> morts : « Je confesse ouvertem<strong>en</strong>t<br />

que je ne suis pas persuadé qu'ils soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

possession <strong>de</strong> la gloire complète dont jouiss<strong>en</strong>t le<br />

Christ et les anges <strong>de</strong> Dieu. Cela n'est pas pour moi<br />

un article <strong>de</strong> foi; car si tel était le cas, la prédication<br />

<strong>de</strong> la résurrection <strong>de</strong> la chair serait une chose vaine.<br />

» (W. Tyndale, Préface to New Testam<strong>en</strong>t.) <strong>La</strong><br />

résurrection ne serait pas nécessaire.<br />

Or, il est indéniable que l'espérance <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>trée<br />

dans la félicité au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la mort a fait tomber<br />

dans un oubli presque complet la doctrine <strong>de</strong> la<br />

résurrection. Adam Clarke constatait comme suit<br />

cette t<strong>en</strong>dance : « <strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s primitifs<br />

attachai<strong>en</strong>t beaucoup plus d'importance à la<br />

1017


ésurrection <strong><strong>de</strong>s</strong> morts que les mo<strong>de</strong>rnes! Pourquoi<br />

cela? <strong>Le</strong>s apôtres l'avançai<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t, et c'est<br />

par elle qu'ils excitai<strong>en</strong>t les disciples du Christ à la<br />

dilig<strong>en</strong>ce, à l'obéissance et à la joie. De nos jours,<br />

leurs successeurs la m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t!... Il n'y<br />

a pas dans l'Évangile <strong>de</strong> doctrine qui soit mieux<br />

mise <strong>en</strong> relief, mais il n'y <strong>en</strong> a point qui soit plus<br />

t<strong>en</strong>ue à l'écart dans la prédication actuelle! »<br />

(Comm<strong>en</strong>tary on the New Testam<strong>en</strong>t, vol. II, 1 cor.<br />

15, par. 3.)<br />

On a persévéré dans cette voie au point<br />

qu'aujourd'hui la glorieuse vérité <strong>de</strong> la résurrection<br />

est presque <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t négligée par le mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>. C'est ainsi qu'un auteur religieux très <strong>en</strong><br />

vue écrit (sur 1 Thesslonici<strong>en</strong>s 4.13-18 ) : « Pour<br />

les fins pratiques <strong>de</strong> la consolation, la doctrine <strong>de</strong><br />

l'heureuse immortalité <strong><strong>de</strong>s</strong> justes ti<strong>en</strong>t lieu pour<br />

nous <strong>de</strong> la doctrine douteuse du retour du Seigneur.<br />

Pour nous, c'est à la mort que Jésus revi<strong>en</strong>t. C'est<br />

elle que nous <strong>de</strong>vons att<strong>en</strong>dre, et c'est sur elle que<br />

nous <strong>de</strong>vons veiller. <strong>Le</strong>s morts sont déjà <strong>en</strong>trés<br />

dans la gloire. Ils n'att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas la trompette du<br />

jugem<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>trer dans la félicité. »<br />

1018


Au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quitter ses disciples, le Sauveur<br />

ne leur déclara pas qu'ils irai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt le<br />

rejoindre. « Je vais vous préparer une place, leur<br />

dit-il. Et, lorsque je m'<strong>en</strong> serai allé, et que je vous<br />

aurai préparé une place, je revi<strong>en</strong>drai, et je vous<br />

pr<strong>en</strong>drai avec moi. « ( Jean 14.2, 3 ) Et Paul ajoute<br />

: « <strong>Le</strong> Seigneur lui-même, à un signal donné, à la<br />

voix d'un archange, et au son <strong>de</strong> la trompette <strong>de</strong><br />

Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dra du ciel, et les morts <strong>en</strong> Christ<br />

ressusciteront premièrem<strong>en</strong>t. Ensuite, nous les<br />

vivants, qui serons restés, nous serons tous<br />

<strong>en</strong>semble <strong>en</strong>levés avec eux sur <strong><strong>de</strong>s</strong> nuées, à la<br />

r<strong>en</strong>contre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous<br />

serons toujours avec le Seigneur. » Il conclut <strong>en</strong><br />

disant : « Consolez-vous donc les uns les autres par<br />

ces paroles. » ( 1 Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16-18 ) Quel<br />

contraste <strong>en</strong>tre ces paroles apostoliques et celles du<br />

pasteur universaliste que nous avons citées! Ce<br />

<strong>de</strong>rnier consolait <strong><strong>de</strong>s</strong> par<strong>en</strong>ts affligés <strong>en</strong> leur disant<br />

que si grand pécheur que l'on ait été sur la terre,<br />

dès qu'on a r<strong>en</strong>du le <strong>de</strong>rnier soupir, on est reçu<br />

dans la compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> anges! Paul, au contraire,<br />

attire l'att<strong>en</strong>tion <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants sur le prochain retour<br />

1019


du Seigneur, alors que les chaînes <strong>de</strong> la tombe<br />

seront rompues, et que « les morts <strong>en</strong> Christ »<br />

ressusciteront pour la vie éternelle.<br />

Avant que quiconque puisse <strong>en</strong>trer dans la<br />

félicité, il faut que le cas <strong>de</strong> chacun ait été examiné,<br />

que le caractère et les actes <strong>de</strong> tous les humains<br />

ai<strong>en</strong>t subi l'inspection divine. Tous seront jugés<br />

d'après ce qui est écrit dans les livres, et recevront<br />

une récomp<strong>en</strong>se correspondant à leurs oeuvres. Ce<br />

jugem<strong>en</strong>t n'a pas lieu à la mort. Notez les paroles<br />

<strong>de</strong> Paul : « Il a fixé un jour où il jugera le mon<strong>de</strong><br />

selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce<br />

dont il a donné à tous une preuve certaine <strong>en</strong> le<br />

ressuscitant <strong><strong>de</strong>s</strong> morts. » ( Actes 17.31 ) L'apôtre<br />

déclare positivem<strong>en</strong>t ici qu'un jour, alors <strong>en</strong>core<br />

futur, a été fixé pour le jugem<strong>en</strong>t du mon<strong>de</strong>.<br />

Ju<strong>de</strong> parle <strong>de</strong> la même époque <strong>en</strong> ces termes : «<br />

Il a réservé pour le jugem<strong>en</strong>t du grand jour,<br />

<strong>en</strong>chaînés éternellem<strong>en</strong>t par les ténèbres, les anges<br />

qui n'ont pas gardé leur dignité, mais qui ont<br />

abandonné leur propre <strong>de</strong>meure. « Il cite plus loin<br />

ces paroles d'Énoch : « Voici, le Seigneur est v<strong>en</strong>u<br />

1020


avec ses saintes myria<strong><strong>de</strong>s</strong>, pour exercer un<br />

jugem<strong>en</strong>t contre tous. » ( Ju<strong>de</strong> 14, 15 ) Jean, <strong>de</strong> son<br />

côté, vit « les morts, les grands et les petits, qui se<br />

t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le trône. Des livres fur<strong>en</strong>t<br />

ouverts.... Et les morts fur<strong>en</strong>t jugés selon leurs<br />

oeuvres, d'après ce qui était écrit dans ces livres. »<br />

( Apocalypse 20.12 )<br />

Mais si les morts jouiss<strong>en</strong>t déjà du bonheur<br />

parfait ou se tord<strong>en</strong>t dans les flammes <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>fer, à<br />

quoi sert le jugem<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>ir? <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu sur ces points importants ne<br />

sont ni obscurs ni contradictoires; n'importe qui<br />

peut les compr<strong>en</strong>dre. Et quel est l'esprit non<br />

prév<strong>en</strong>u qui voit la moindre parcelle <strong>de</strong> justice ou<br />

<strong>de</strong> bon s<strong>en</strong>s dans la théorie populaire? Est-ce que<br />

les justes, une fois leurs cas examinés par le grand<br />

Juge, recevront cet éloge : « C'est bi<strong>en</strong>, bon et<br />

fidèle serviteur...; <strong>en</strong>tre dans la joie <strong>de</strong> ton maître »,<br />

alors qu'ils auront déjà peut-être passé <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles<br />

<strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce? <strong>Le</strong>s méchants sont-ils tirés <strong>de</strong> leur<br />

lieu <strong>de</strong> tourm<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>de</strong> la bouche du<br />

Juge <strong>de</strong> toute la terre cette s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce : « Retirezvous<br />

<strong>de</strong> moi, maudits; allez dans le feu éternel »? (<br />

1021


Matthieu 25.21, 41 ) Sinistre plaisanterie! Honteux<br />

dém<strong>en</strong>ti infligé à la sagesse et à la justice <strong>de</strong> Dieu!<br />

<strong>La</strong> théorie <strong>de</strong> l'immortalité <strong>de</strong> l'âme est un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

emprunts que Rome a faits au paganisme pour<br />

l'incorporer à la foi chréti<strong>en</strong>ne. Luther mettait le<br />

dogme <strong>de</strong> l'immortalité <strong>de</strong> l'âme au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> «<br />

fables monstrueuses qui constitu<strong>en</strong>t la boue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

décrétales romaines ». (E. Pétavel-Olliff, <strong>Le</strong><br />

Problème <strong>de</strong> l'Immortalité, tome II, p. 78.)<br />

Comm<strong>en</strong>tant les paroles <strong>de</strong> l'Ecclésiaste, selon<br />

lesquelles les morts ne sav<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, le réformateur<br />

écrivait : « Nouveau passage établissant que les<br />

morts ne s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>. Il n'y a la ni <strong>de</strong>voir, ni<br />

sci<strong>en</strong>ce, ni connaissance, ni sagesse. Salomon<br />

estime que les morts dorm<strong>en</strong>t, et ne s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s morts ne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t compte ni <strong><strong>de</strong>s</strong> jours, ni <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années; mais à leur réveil, ils croi<strong>en</strong>t avoir dormi à<br />

peine une minute. » (Luther's Werke, St. L., liv. V,<br />

p. 1535.)<br />

On ne voit nulle part dans les saints Livres que<br />

les justes reçoiv<strong>en</strong>t leur récomp<strong>en</strong>se et les<br />

méchants leur châtim<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la mort. On<br />

1022


ne trouve dans les patriarches et les prophètes<br />

aucune affirmation <strong>de</strong> ce g<strong>en</strong>re. Jésus-Christ et les<br />

apôtres n'y ont pas fait la moindre allusion.<br />

L'Écriture <strong>en</strong>seigne positivem<strong>en</strong>t que les morts ne<br />

mont<strong>en</strong>t pas directem<strong>en</strong>t au ciel mais qu'ils sont<br />

plongés dans le sommeil jusqu'à la résurrection.<br />

(Voir 1 Thessalonici<strong>en</strong>s 4.14-16; Job 14.10-12 ) Au<br />

mom<strong>en</strong>t même où « le cordon d'arg<strong>en</strong>t se détache<br />

et où le vase d'or se brise » (voir Ecclésiaste 12.7-9<br />

), les p<strong>en</strong>sées <strong>de</strong> l'homme périss<strong>en</strong>t. Ceux qui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t dans la tombe sont sil<strong>en</strong>cieux. Ils ne<br />

sav<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> ce qui se passe sous le soleil ( Job<br />

14.21 ). Heureux repos pour les justes lassés!<br />

<strong>Le</strong> temps, court ou long, n'est désormais qu'un<br />

instant pour eux. Ils dorm<strong>en</strong>t; la trompette <strong>de</strong> Dieu<br />

les appellera à une heureuse immortalité. « <strong>La</strong><br />

trompette sonnera, et les morts ressusciteront<br />

incorruptibles.... Car il faut que ce corps<br />

corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps<br />

mortel revête l'immortalité. Lorsque ce corps<br />

corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et que ce<br />

corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors<br />

s'accomplira la parole qui est écrite : <strong>La</strong> mort a été<br />

1023


<strong>en</strong>gloutie dans la victoire. « ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 15.52-<br />

55 ) Dès qu'ils sortiront <strong>de</strong> leur profond sommeil,<br />

ils repr<strong>en</strong>dront le cours <strong>de</strong> leurs p<strong>en</strong>sées là où ils<br />

l'ont laissé. <strong>Le</strong>ur <strong>de</strong>rnière s<strong>en</strong>sation les plongeait<br />

dans les affres <strong>de</strong> la mort; leur <strong>de</strong>rnière impression<br />

fut <strong>de</strong> tomber sous la puissance <strong>de</strong> la mort. Dès<br />

qu'ils sortiront <strong>de</strong> la tombe, leur première p<strong>en</strong>sée<br />

s'exprimera par ce cri triomphant : « O mort, où est<br />

ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? ( 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 15.52-55 )<br />

1024


Chapitre 34<br />

<strong>Le</strong> spiritisme<br />

L'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures sur le ministère<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> anges – qui est, pour le disciple du Christ, une<br />

vérité <strong><strong>de</strong>s</strong> plus consolantes et <strong><strong>de</strong>s</strong> plus précieuses –<br />

a été obscurci et perverti par les erreurs <strong>de</strong> la<br />

théologie populaire. <strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> l'immortalité<br />

naturelle <strong>de</strong> l'âme, empruntée à la philosophie<br />

paï<strong>en</strong>ne, n'a obt<strong>en</strong>u droit <strong>de</strong> cité dans l'Église<br />

chréti<strong>en</strong>ne qu'à la faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

apostasie qui, sitôt installée, a supplanté la doctrine<br />

scripturaire selon laquelle « les morts ne sav<strong>en</strong>t<br />

ri<strong>en</strong> ». On <strong>en</strong> est ainsi v<strong>en</strong>u à croire que les anges<br />

<strong>de</strong> Dieu, « <strong>en</strong>voyés pour exercer un ministère <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> ceux qui doiv<strong>en</strong>t hériter du salut », sont<br />

les esprits <strong><strong>de</strong>s</strong> morts, bi<strong>en</strong> que, selon la Bible, les<br />

anges ai<strong>en</strong>t existé et joué un rôle dans l'histoire<br />

humaine avant qu'un seul être humain eût passé par<br />

la mort.<br />

<strong>La</strong> doctrine <strong>de</strong> l'état consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> morts, et<br />

1025


surtout la croyance au retour <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits <strong><strong>de</strong>s</strong> morts<br />

pour exercer un ministère <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants,<br />

ont préparé le chemin du spiritisme mo<strong>de</strong>rne. Si les<br />

morts sont admis <strong>en</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu, et s'ils<br />

jouiss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> connaissances infinim<strong>en</strong>t supérieures à<br />

celles qu'ils possédai<strong>en</strong>t auparavant, pourquoi ne<br />

revi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t-ils pas sur la terre pour éclairer et<br />

instruire les vivants? Si, comme l'<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t<br />

certains théologi<strong>en</strong>s, les esprits <strong><strong>de</strong>s</strong> morts plan<strong>en</strong>t<br />

au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> leurs amis vivant sur la terre, pour<br />

quelle raison n'<strong>en</strong>trerai<strong>en</strong>t-ils pas <strong>en</strong> communion<br />

avec eux pour les mettre <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre le mal et<br />

les consoler dans leurs afflictions? Pourquoi ceux<br />

qui croi<strong>en</strong>t à l'état consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> morts<br />

repousserai<strong>en</strong>t-ils les secours spirituels apportés du<br />

ciel par <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres soi-disant glorifiés? Ce moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

communication, considéré comme sacré, donne à<br />

Satan la possibilité <strong>de</strong> travailler à<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins. <strong>Le</strong>s anges<br />

déchus, soumis à ses ordres, se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t comme<br />

les messagers du mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits. Tout <strong>en</strong><br />

prét<strong>en</strong>dant les mettre <strong>en</strong> rapport avec les morts, le<br />

prince du mal exerce sur les vivants sa puissance<br />

<strong>de</strong> fascination.<br />

1026


Il a le pouvoir <strong>de</strong> faire apparaître aux hommes<br />

l'image <strong>de</strong> leurs amis décédés. <strong>La</strong> contrefaçon est<br />

parfaite; les traits bi<strong>en</strong> connus, les paroles, le son<br />

<strong>de</strong> la voix sont reproduits <strong>de</strong> façon<br />

merveilleusem<strong>en</strong>t distincte. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s sont consolés<br />

par l'assurance que leurs bi<strong>en</strong>-aimés jouiss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

félicité céleste, et, sans se douter du danger qu'ils<br />

cour<strong>en</strong>t, ils prêt<strong>en</strong>t l'oreille à « <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits<br />

séducteurs et à <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines <strong>de</strong> démons ».<br />

Quand Satan les a convaincus d'être réellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> communication avec les morts, il fait apparaître<br />

à leurs yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dues dans la<br />

tombe sans y être préparées. Elles se dis<strong>en</strong>t<br />

heureuses dans le ciel, et prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t même y<br />

occuper une position élevée. Et ainsi se répand au<br />

près et au loin l'erreur selon laquelle il n’y aurait<br />

pas <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le juste et le méchant. <strong>Le</strong>s<br />

vi<strong>site</strong>urs du mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits donn<strong>en</strong>t parfois <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

avertissem<strong>en</strong>ts opportuns. Mais dès qu'ils ont<br />

gagné la confiance, ils se hasard<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>seigner <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

doctrines qui sap<strong>en</strong>t la foi aux saintes Écritures.<br />

Tout <strong>en</strong> paraissant s'intéresser profondém<strong>en</strong>t au<br />

1027


i<strong>en</strong> <strong>de</strong> leurs amis sur la terre, ils insinu<strong>en</strong>t les<br />

erreurs les plus dangereuses. <strong>Le</strong> fait qu'ils énonc<strong>en</strong>t<br />

certaines vérités et qu'ils peuv<strong>en</strong>t parfois annoncer<br />

l'av<strong>en</strong>ir, inspire confiance <strong>en</strong> leurs dires, et, ainsi,<br />

leurs faux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sont acceptés aussi<br />

facilem<strong>en</strong>t et crus aussi implicitem<strong>en</strong>t par les<br />

foules que s'il s'agissait <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités les plus sacrées<br />

<strong>de</strong> la Bible. <strong>La</strong> loi <strong>de</strong> Dieu est écartée, l'Esprit <strong>de</strong><br />

grâce est méprisé, le sang <strong>de</strong> l'alliance est t<strong>en</strong>u pour<br />

une chose profane. <strong>Le</strong>s esprits ni<strong>en</strong>t la divinité <strong>de</strong><br />

Jésus-Christ et se mett<strong>en</strong>t eux-mêmes au niveau du<br />

Créateur. C'est ainsi que, sous un déguisem<strong>en</strong>t<br />

nouveau, le grand rebelle dirige contre Dieu la<br />

guerre qu'il a comm<strong>en</strong>cée dans le ciel et qu'il<br />

poursuit sur la terre <strong>de</strong>puis six mille ans.<br />

Plusieurs t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d'expliquer les manifestations<br />

spirites <strong>en</strong> les attribuant toutes à la frau<strong>de</strong> et à la<br />

prestidigitation. S'il est vrai qu'on a souv<strong>en</strong>t donné<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tours <strong>de</strong> passe-passe pour <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<br />

auth<strong>en</strong>tiques, il n'<strong>en</strong> reste pas moins qu'il y a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

manifestations réelles d'une puissance surnaturelle.<br />

<strong>Le</strong>s bruits mystérieux par lesquels le spiritisme<br />

mo<strong>de</strong>rne a comm<strong>en</strong>cé n'étai<strong>en</strong>t pas le fruit <strong>de</strong> la<br />

1028


supercherie mais bi<strong>en</strong> le fait <strong>de</strong> mauvais anges, qui<br />

inaugurai<strong>en</strong>t ainsi une <strong><strong>de</strong>s</strong> séductions les plus<br />

néfastes. L'idée que le spiritisme n'est qu'une<br />

imposture contribuera à tromper une foule <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s.<br />

Dès qu'ils se trouveront <strong>en</strong> face <strong>de</strong> manifestations<br />

qu'ils seront forcés <strong>de</strong> reconnaître comme<br />

surnaturelles, ils seront séduits et <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>dront à les<br />

considérer comme la gran<strong>de</strong> puissance <strong>de</strong> Dieu.<br />

Ces personnes ne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas compte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'Écriture touchant les miracles<br />

opérés par Satan et ses ag<strong>en</strong>ts. C'est par la<br />

puissance <strong>de</strong> Satan que les magici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Pharaon<br />

imitèr<strong>en</strong>t les prodiges <strong>de</strong> Dieu. Paul affirme<br />

qu'avant le retour du Seigneur, il y aura <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

phénomènes analogues dus à la puissance<br />

satanique. <strong>Le</strong> second avènem<strong>en</strong>t du Christ sera<br />

précédé <strong>de</strong> manifestations <strong>de</strong> « la puissance <strong>de</strong><br />

Satan, avec toutes sortes <strong>de</strong> miracles, <strong>de</strong> signes et<br />

<strong>de</strong> prodiges m<strong>en</strong>songers, et avec toutes les<br />

séductions <strong>de</strong> l'iniquité » ( 2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.9,<br />

10 ). Saint Jean décrit ainsi les manifestations<br />

diaboliques <strong>de</strong> cette puissance dans les <strong>de</strong>rniers<br />

jours : « Elle opérait <strong>de</strong> grands prodiges, même<br />

1029


jusqu'à faire <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre du feu du ciel sur la terre, à<br />

la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Et elle séduisait les habitants<br />

<strong>de</strong> la terre par les prodiges qu'il lui était donné<br />

d'opérer. » ( Apocalypse 13.13, 14 ) Ces prophéties<br />

ne parl<strong>en</strong>t pas d'impostures. <strong>Le</strong>s habitants <strong>de</strong> la<br />

terre seront séduits non par <strong>de</strong> prét<strong>en</strong>dus miracles,<br />

mais par <strong>de</strong> réels prodiges.<br />

<strong>Le</strong> prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, qui applique <strong>de</strong>puis si<br />

longtemps toutes les ressources <strong>de</strong> sa vaste<br />

intellig<strong>en</strong>ce à son oeuvre <strong>de</strong> séduction, adapte<br />

habilem<strong>en</strong>t ses t<strong>en</strong>tations aux g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> toute classe<br />

et <strong>de</strong> toute condition. Aux personnes cultivées et<br />

raffinées, il prés<strong>en</strong>te le spiritisme sous un aspect<br />

élevé et intellectuel, et réussit ainsi à <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre<br />

plusieurs dans ses pièges. <strong>La</strong> sagesse que le<br />

spiritisme communique est celle que décrit l'apôtre<br />

Jacques; elle « ne vi<strong>en</strong>t point d'<strong>en</strong> haut; mais elle<br />

est terrestre, charnelle, diabolique » ( Jacques 3.15<br />

). <strong>Le</strong> grand séducteur a toutefois soin <strong>de</strong> se<br />

dissimuler chaque fois que cela répond mieux à ses<br />

int<strong>en</strong>tions. Celui qui pouvait se manifester <strong>de</strong>vant<br />

Jésus, au désert <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tation, dans la gloire d'un<br />

séraphin, se prés<strong>en</strong>te aux hommes sous les formes<br />

1030


les plus attrayantes : voire comme un « ange <strong>de</strong><br />

lumière » ( 2 Corinthi<strong>en</strong>s 11.14 ). Il propose à la<br />

raison <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets élevés; il captive la fantaisie par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> scènes grandioses, il s'empare <strong><strong>de</strong>s</strong> affections<br />

par d'éloqu<strong>en</strong>tes <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong>de</strong> l'amour et <strong>de</strong> la<br />

charité; il t<strong>en</strong>te l'imagination par <strong>de</strong> sublimes<br />

<strong>en</strong>volées et pousse les hommes à tirer un tel orgueil<br />

<strong>de</strong> leur sagesse qu'ils <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à mépriser<br />

l'Éternel dans leur coeur. Cet être puissant, qui<br />

pouvait conduire le Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong> sur une<br />

haute montagne et faire passer <strong>de</strong>vant lui les<br />

royaumes du mon<strong>de</strong> et leur gloire, prés<strong>en</strong>tera aux<br />

hommes <strong><strong>de</strong>s</strong> t<strong>en</strong>tations capables <strong>de</strong> fausser les s<strong>en</strong>s<br />

<strong>de</strong> tous ceux qui ne sont pas protégés par la<br />

puissance divine.<br />

Satan séduit maint<strong>en</strong>ant les hommes comme il<br />

le fit pour Ève : <strong>en</strong> les flattant, <strong>en</strong> les poussant à<br />

rechercher <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances déf<strong>en</strong>dues, <strong>en</strong><br />

excitant <strong>en</strong> eux l'ambition <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong>de</strong>urs. C'est par<br />

ces moy<strong>en</strong>s qu'il am<strong>en</strong>a la chute <strong>de</strong> nos premiers<br />

par<strong>en</strong>ts, et qu'il s'efforce <strong>de</strong> consommer la ruine <strong>de</strong><br />

l'humanité. « Vous serez comme <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, dit-il,<br />

connaissant le bi<strong>en</strong> et le mal. » ( G<strong>en</strong>èse 3.5 ) <strong>Le</strong><br />

1031


spiritisme <strong>en</strong>seigne que l'homme « est un être<br />

progressif; que sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée est <strong>de</strong> se rapprocher<br />

éternellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la divinité ».<br />

« L'intellig<strong>en</strong>ce, nous dit-il, ne connaîtra pas<br />

d'autre juge qu'elle-même... <strong>Le</strong> jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>rnier<br />

sera équitable parce que ce sera le jugem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> soimême...<br />

<strong>Le</strong> trône est au <strong>de</strong>dans <strong>de</strong> vous. » Un<br />

docteur spirite s'exprime ainsi : « Dès que la<br />

consci<strong>en</strong>ce spirituelle s'éveille <strong>en</strong> moi, mes<br />

semblables m'apparaiss<strong>en</strong>t tous comme <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>midieux<br />

non déchus. » Un autre écrit : « Tout être<br />

juste et parfait est Jésus-Christ. »<br />

Ainsi, à la justice et à la perfection du Dieu<br />

infini, véritable objet <strong>de</strong> notre culte; à la justice<br />

parfaite <strong>de</strong> sa loi, norme vraie <strong>de</strong> l'idéal humain,<br />

Satan a substitué la nature pécheresse et faillible <strong>de</strong><br />

l'homme lui-même, comme seul objet <strong>de</strong> culte,<br />

comme seule règle <strong>de</strong> jugem<strong>en</strong>t et seule mesure du<br />

caractère. Ce n'est pas un progrès, mais une<br />

régression.<br />

Une loi <strong>de</strong> notre nature intellectuelle et<br />

1032


spirituelle veut que nous soyons changés par ce que<br />

nous contemplons. L'esprit s'adapte graduellem<strong>en</strong>t<br />

à l'objet qu'il admire. Il finit par ressembler à ce<br />

qu'il aime et révère. Mais l'homme ne s'élève pas<br />

au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> son idéal <strong>de</strong> pureté, <strong>de</strong> bonté et <strong>de</strong><br />

vérité. Si le moi est le seul idéal qu'il se propose,<br />

jamais il ne s'élèvera plus haut. Il <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dra plutôt,<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dra très bas. Seule la grâce <strong>de</strong> Dieu a le<br />

pouvoir d'<strong>en</strong>noblir l'homme. Abandonné à luimême,<br />

il s'avilit inévitablem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> spiritisme se prés<strong>en</strong>te au vicieux, à l'amateur<br />

du plaisir et au s<strong>en</strong>suel sous un déguisem<strong>en</strong>t moins<br />

raffiné qu'à celui qui a <strong>de</strong> la culture et <strong>de</strong> hautes<br />

aspirations. Chacun y trouve ce qui correspond à<br />

ses inclinations. Satan étudie tous les indices <strong>de</strong> la<br />

fragilité humaine; il note tous les péchés, auxquels<br />

on est <strong>en</strong>clin, et il veille à ce que les occasions d'y<br />

tomber ne manqu<strong>en</strong>t pas. Il nous pousse à user<br />

avec excès <strong>de</strong> ce qui est légitime, afin d'affaiblir,<br />

par l'intempérance, nos facultés physiques,<br />

m<strong>en</strong>tales, et morales. Des milliers ont succombé et<br />

succomb<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> passions abrutissantes. Comme<br />

couronnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son oeuvre, l'<strong>en</strong>nemi déclare par<br />

1033


les esprits « que la véritable connaissance élève<br />

l'homme au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> toute loi »; que « tout ce qui<br />

est, est légitime »; que « Dieu ne condamne pas »;<br />

et que « tous les péchés commis sont inoff<strong>en</strong>sifs ».<br />

Dès qu'on <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t à se persua<strong>de</strong>r que le désir est la<br />

loi suprême, que liberté est synonyme <strong>de</strong> lic<strong>en</strong>ce, et<br />

que l'homme ne relève que <strong>de</strong> lui-même, qui<br />

s'étonnera <strong>de</strong> voir s'étaler <strong>de</strong> tous côtés la<br />

corruption et la dépravation? Des foules accept<strong>en</strong>t<br />

avec avidité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts qui leur donn<strong>en</strong>t la<br />

liberté <strong>de</strong> suivre les inclinations <strong>de</strong> leur coeur<br />

charnel. <strong>Le</strong>s rênes <strong>de</strong> l'empire sur soi-même sont<br />

abandonnées à la convoitise; les facultés <strong>de</strong> l'esprit<br />

et <strong>de</strong> l'âme abdiqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant les inclinations<br />

charnelles, et Satan voit avec joie <strong>en</strong>trer dans ses<br />

filets <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> personnes professant être<br />

disciples <strong>de</strong> Jésus.<br />

Mais nul n'a lieu <strong>de</strong> se laisser séduire par les<br />

prét<strong>en</strong>tions m<strong>en</strong>songères du spiritisme. Dieu a<br />

donné au mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières suffisantes pour le<br />

mettre à même d'y échapper. Nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong> le<br />

voir, les théories qui sont à la base du spiritisme<br />

<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> conflit avec les<br />

1034


<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts les plus évid<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. <strong>La</strong><br />

Parole <strong>de</strong> Dieu déclare que les morts ne sav<strong>en</strong>t<br />

ri<strong>en</strong>, que leurs p<strong>en</strong>sées ont péri, qu'ils n'ont plus<br />

aucune part à ce qui se fait sous le soleil, qu'ils<br />

ignor<strong>en</strong>t tant les joies que les afflictions <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres<br />

les plus chers qu'ils ont laissés sur la terre.<br />

De plus, Dieu a expressém<strong>en</strong>t interdit toute<br />

prét<strong>en</strong>due communication avec les esprits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

morts : Chez les anci<strong>en</strong>s Hébreux, <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t, comme les spirites <strong>de</strong> nos jours,<br />

communiquer avec les morts. Mais les « esprits <strong>de</strong><br />

Python », comme ils sont nommés dans la Bible,<br />

sont aussi appelés <strong><strong>de</strong>s</strong> « esprits <strong>de</strong> démons »<br />

(Comp. Nombre 25.1-3; Psaumes 106.28; 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 10.20; Apocalypse 16.14 ). Tout<br />

commerce avec eux est une abomination, et ceux<br />

qui s'y livr<strong>en</strong>t sont passibles <strong>de</strong> la peine <strong>de</strong> mort.<br />

(Voir Lévitique 19.31 et 20.27 ).<br />

<strong>La</strong> « sorcellerie » est maint<strong>en</strong>ant un objet <strong>de</strong><br />

mépris. On considère comme une superstition du<br />

Moy<strong>en</strong> Age la prét<strong>en</strong>tion d'<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> rapport avec<br />

les mauvais esprits. Mais le spiritisme – qui compte<br />

1035


ses a<strong>de</strong>ptes par c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> milliers, que dis-je?<br />

par millions, qui a fait son <strong>en</strong>trée dans les cercles<br />

sci<strong>en</strong>tifiques, qui a <strong>en</strong>vahi les églises et qui jouit <strong>de</strong><br />

l'estime <strong><strong>de</strong>s</strong> corps législatifs et même <strong><strong>de</strong>s</strong> rois –<br />

cette gigantesque séduction n'est que la<br />

réapparition, sous une autre forme, <strong>de</strong> la sorcellerie<br />

autrefois condamnée et interdite.<br />

Si les chréti<strong>en</strong>s ne possédai<strong>en</strong>t pas d'autre<br />

preuve <strong>de</strong> la nature réelle du spiritisme, le seul fait<br />

que les esprits ne font pas <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la<br />

vertu et le péché, <strong>en</strong>tre le plus noble, le plus pur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres du Christ et le plus corrompu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

suppôts <strong>de</strong> Satan <strong>de</strong>vrait seul leur suffire. En<br />

prét<strong>en</strong>dant que les hommes les plus vils occup<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> places d'honneur dans le ciel, Satan dit au<br />

mon<strong>de</strong> : « Peu importe votre g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> vie; peu<br />

importe que vous croyiez ou non <strong>en</strong> Dieu et à sa<br />

Parole; vivez comme bon vous semble : le ciel est<br />

votre patrie. » <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> docteurs<br />

spirites revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> réalité, à dire : « Quiconque<br />

fait le mal est bon aux yeux <strong>de</strong> l'Éternel, et c'est <strong>en</strong><br />

lui qu'il pr<strong>en</strong>d plaisir! ou bi<strong>en</strong> : Où est le Dieu <strong>de</strong> la<br />

justice? » ( Malachie 2.17 ) <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

1036


épond : « Malheur à ceux qui appell<strong>en</strong>t le mal<br />

bi<strong>en</strong>, et le bi<strong>en</strong> mal, qui chang<strong>en</strong>t les ténèbres <strong>en</strong><br />

lumière, et la lumière <strong>en</strong> ténèbres! » ( Ésaïe 5.20 )<br />

Personnifiés par ces esprits <strong>de</strong> m<strong>en</strong>songe, les<br />

apôtres contredis<strong>en</strong>t ce qu'ils ont écrit sous<br />

l'inspiration du Saint-Esprit p<strong>en</strong>dant qu'ils étai<strong>en</strong>t<br />

sur la terre. Ils ni<strong>en</strong>t la divine origine <strong><strong>de</strong>s</strong> saints<br />

Livres et démoliss<strong>en</strong>t ainsi les bases <strong>de</strong> l'espérance<br />

chréti<strong>en</strong>ne. Éteignant la lumière qui illumine le<br />

chemin du ciel, Satan fait croire au mon<strong>de</strong> que les<br />

Écritures ne sont qu'une fable, ou tout au moins un<br />

livre conv<strong>en</strong>ant à l'<strong>en</strong>fance <strong>de</strong> l'humanité, et que<br />

l'on peut considérer comme suranné. Et pour<br />

remplacer la Parole <strong>de</strong> Dieu, il nous donne les<br />

phénomènes spirites. Par ce moy<strong>en</strong>, dont il possè<strong>de</strong><br />

le contrôle exclusif, il peut <strong>en</strong>seigner au mon<strong>de</strong> ce<br />

que bon lui semble. Il rejette à l'arrière-plan le<br />

Livre par lequel lui et ses suppôts seront jugés, et il<br />

fait du Sauveur un homme ordinaire. De même que<br />

les gar<strong><strong>de</strong>s</strong> romains qui avai<strong>en</strong>t veillé sur la tombe<br />

du Sauveur répandir<strong>en</strong>t le rapport m<strong>en</strong>songer<br />

suggéré par les sacrificateurs pour nier la<br />

résurrection, <strong>de</strong> même les a<strong>de</strong>ptes du spiritisme<br />

1037


cherch<strong>en</strong>t à prouver qu'il n'y a ri<strong>en</strong> eu <strong>de</strong><br />

miraculeux dans la vie <strong>de</strong> Jésus. Et, quand ils ont<br />

relégué le Sauveur dans l'ombre, ils avanc<strong>en</strong>t leurs<br />

propres miracles, qu'ils déclar<strong>en</strong>t <strong>de</strong> beaucoup<br />

supérieurs aux si<strong>en</strong>s.<br />

Il est vrai que le spiritisme change actuellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> formule. Voilant ce qu'il a <strong>de</strong> plus choquant, il<br />

pr<strong>en</strong>d un déguisem<strong>en</strong>t chréti<strong>en</strong>. Mais ses<br />

déclarations faites <strong>en</strong> public et dans la presse<br />

<strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> années sont connues, et c'est là qu'il<br />

montre ce qu'il est réellem<strong>en</strong>t. Il ne lui est possible<br />

ni <strong>de</strong> nier ni <strong>de</strong> cacher ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />

Et, sous sa forme actuelle, loin d'être plus<br />

inoff<strong>en</strong>sif, il est plus dangereux parce que plus<br />

subtil. Alors qu'autrefois il rejetait tant Jésus-Christ<br />

que les Écritures, il professe maint<strong>en</strong>ant les<br />

reconnaître l'un et l'autre. Mais l'interprétation –<br />

agréable au coeur irrégénéré – qu'il donne <strong>de</strong> la<br />

Bible annule les vérités les plus sol<strong>en</strong>nelles <strong>de</strong><br />

celle-ci. Il insiste sur l'amour, qu'il cite comme le<br />

principal attribut <strong>de</strong> Dieu, mais dont il fait un<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>talisme efféminé qui distingue à peine le<br />

1038


i<strong>en</strong> du mal. <strong>La</strong> justice <strong>de</strong> Dieu et son horreur du<br />

péché, les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> Sa sainte loi sont passés<br />

sous sil<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong> décalogue est déclaré lettre morte.<br />

Des fables alléchantes et fascinantes pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la<br />

place <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu. Jésus-Christ est tout<br />

aussi bi<strong>en</strong> r<strong>en</strong>ié qu'auparavant, mais Satan aveugle<br />

tellem<strong>en</strong>t les hommes qu'ils ne discern<strong>en</strong>t pas ses<br />

pièges.<br />

Peu <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte <strong>de</strong> la puissance<br />

<strong>de</strong> séduction du spiritisme et du danger que cour<strong>en</strong>t<br />

ceux qui se plac<strong>en</strong>t sous son influ<strong>en</strong>ce, Beaucoup<br />

pactis<strong>en</strong>t avec lui par pure curiosité. Ils n'y croi<strong>en</strong>t<br />

pas réellem<strong>en</strong>t, et reculerai<strong>en</strong>t avec horreur <strong>de</strong>vant<br />

la p<strong>en</strong>sée d'être dominés par <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits. Mais ils<br />

s'av<strong>en</strong>tur<strong>en</strong>t sur le terrain déf<strong>en</strong>du, et le <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur<br />

ne tar<strong>de</strong> pas à exercer contre leur gré son pouvoir<br />

sur eux. Une fois soumis à la direction <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits,<br />

ils sont réellem<strong>en</strong>t captifs et incapables <strong>de</strong> rompre<br />

le charme par leurs propres forces. Seule la<br />

puissance <strong>de</strong> Dieu, interv<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> réponse aux<br />

ferv<strong>en</strong>tes prières <strong>de</strong> la foi, peut délivrer ces âmes.<br />

Tous ceux qui se complais<strong>en</strong>t dans une<br />

1039


habitu<strong>de</strong> coupable ou dans un péché consci<strong>en</strong>t<br />

fray<strong>en</strong>t la voie aux t<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> Satan. Séparés <strong>de</strong><br />

Dieu, privés <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> Ses anges et<br />

désormais sans déf<strong>en</strong>se, ils <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la proie du<br />

Malin. Ceux qui se mett<strong>en</strong>t ainsi sous sa<br />

domination ne se dout<strong>en</strong>t guère qu'il fera d'eux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

instrum<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong> <strong>en</strong>traîner d'autres à la ruine.<br />

<strong>Le</strong> prophète Ésaïe déclare : « Si l'on vous dit :<br />

Consultez ceux qui évoqu<strong>en</strong>t les morts et ceux qui<br />

prédis<strong>en</strong>t l'av<strong>en</strong>ir, qui pouss<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> sifflem<strong>en</strong>ts et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> soupirs, répon<strong>de</strong>z : Un peuple ne consultera-t-il<br />

pas son Dieu? S'adressera-t-il aux morts <strong>en</strong> faveur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vivants? À la loi et au témoignage! Si l'on ne<br />

parle pas ainsi, il n'y aura point d'aurore pour le<br />

peuple. » ( Ésaïe 8.19, 20 ) Si les hommes<br />

recevai<strong>en</strong>t la lumière qui jaillit <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures<br />

touchant la nature <strong>de</strong> l'homme et l'état <strong><strong>de</strong>s</strong> morts,<br />

ils verrai<strong>en</strong>t dans les prét<strong>en</strong>tions et les<br />

manifestations du spiritisme la puissance <strong>de</strong> Satan<br />

agissant par <strong><strong>de</strong>s</strong> signes et <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles m<strong>en</strong>songers.<br />

Mais plutôt que <strong>de</strong> r<strong>en</strong>oncer à une liberté et à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés agréables au coeur naturel, les multitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ferm<strong>en</strong>t les yeux à la lumière, vont <strong>de</strong> l'avant sans<br />

1040


se soucier <strong><strong>de</strong>s</strong> avertissem<strong>en</strong>ts et tomb<strong>en</strong>t dans les<br />

pièges <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi. « Parce qu'ils n'ont pas reçu<br />

l'amour <strong>de</strong> la vérité pour être sauvés,... Dieu leur<br />

<strong>en</strong>voie une puissance d'égarem<strong>en</strong>t, pour qu'ils<br />

croi<strong>en</strong>t au m<strong>en</strong>songe. » ( 2 Thessalonici<strong>en</strong>s 2.11 )<br />

Ceux qui s'élèv<strong>en</strong>t contre le spiritisme ne font<br />

pas la guerre à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes seulem<strong>en</strong>t, mais au<br />

diable et à ses anges. Ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lutte avec « les<br />

dominations, avec les esprits méchants dans les<br />

lieux célestes ». Satan ne cé<strong>de</strong>ra pas un pouce <strong>de</strong><br />

terrain sans y être contraint par la puissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saints anges. <strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu doit pouvoir lui<br />

résister comme l'a fait le Sauveur, par le mot : « Il<br />

est écrit. » Satan cite aujourd'hui les Écritures,<br />

comme il le faisait aux jours du Christ et il <strong>en</strong> tord<br />

le s<strong>en</strong>s pour appuyer ses séductions. Ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ir bon à l'heure du péril doiv<strong>en</strong>t, à titre<br />

personnel, compr<strong>en</strong>dre la Parole inspirée.<br />

Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes seront visitées par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esprits <strong>de</strong> démons personnifiant <strong><strong>de</strong>s</strong> par<strong>en</strong>ts ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

amis défunts, qui leur <strong>en</strong>seigneront les hérésies les<br />

plus dangereuses. Ces intrus feront appel à leurs<br />

1041


plus t<strong>en</strong>dres sympathies, et appuieront leurs dires<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles. Pour être capable <strong>de</strong> les<br />

repousser, il faut connaître la vérité scripturaire qui<br />

nous révèle que les morts ne sav<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> et que les<br />

« rev<strong>en</strong>ants » sont <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits <strong>de</strong> démons.<br />

Nous sommes à la veille <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tation « qui va<br />

v<strong>en</strong>ir sur le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier, pour éprouver les<br />

habitants <strong>de</strong> la terre » ( Apocalypse 3.10 ). Tous<br />

ceux dont la foi ne repose pas fermem<strong>en</strong>t sur la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu seront séduits et succomberont.<br />

Pour dominer les hommes, Satan recourt à « toutes<br />

les séductions <strong>de</strong> l'iniquité », qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront <strong>de</strong><br />

plus <strong>en</strong> plus puissantes. Mais il ne peut atteindre<br />

son but que si les personnes qu'il cherche à séduire<br />

se soumett<strong>en</strong>t volontairem<strong>en</strong>t à ses t<strong>en</strong>tations. Ceux<br />

qui recherch<strong>en</strong>t sincèrem<strong>en</strong>t la vérité et s'efforc<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> purifier leur âme par l'obéissance, se prépar<strong>en</strong>t<br />

pour le conflit et trouv<strong>en</strong>t une sûre déf<strong>en</strong>se dans le<br />

Dieu <strong>de</strong> vérité. « Parce que tu as gardé la Parole <strong>de</strong><br />

la persévérance <strong>en</strong> moi, je te gar<strong>de</strong>rai aussi » (<br />

Apocalypse 3.10 ), dit le Seigneur. Plutôt que <strong>de</strong><br />

laisser succomber sous les coups <strong>de</strong> Satan une<br />

seule âme qui se confie <strong>en</strong> lui, Dieu <strong>en</strong>verrait tous<br />

1042


les anges du Ciel à son secours.<br />

<strong>Le</strong> prophète Ésaïe annonce l'effrayante illusion<br />

dont les pécheurs seront victimes. Se croyant à<br />

l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu, ils diront : « Nous<br />

avons fait une alliance avec la mort, nous avons<br />

fait un pacte avec le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts; quand le<br />

fléau débordé passera, il ne nous atteindra pas, car<br />

nous avons la fausseté pour refuge et le m<strong>en</strong>songe<br />

pour abri. » ( Ésaïe 28.15 ) Tel sera le langage <strong>de</strong><br />

ceux qui, se rassurant dans leur impénit<strong>en</strong>ce<br />

obstinée, affirmeront que le pécheur ne sera pas<br />

puni et que tous les membres <strong>de</strong> la famille<br />

humaine, quel que soit le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> leur perversité,<br />

seront <strong>en</strong>levés dans le ciel où ils <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront<br />

semblables aux anges. Mais ce sera tout<br />

particulièrem<strong>en</strong>t le langage <strong>de</strong> ceux qui rejett<strong>en</strong>t les<br />

vérités, <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à leur servir, <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>se au temps<br />

<strong>de</strong> détresse, leur préférant le refuge m<strong>en</strong>songer du<br />

spiritisme, et font « une alliance avec la mort », «<br />

un pacte avec le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts ».<br />

L'aveuglem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre génération dépasse<br />

toute expression. Des milliers rejett<strong>en</strong>t la Parole <strong>de</strong><br />

1043


Dieu comme indigne <strong>de</strong> créance et se précipit<strong>en</strong>t<br />

avec une confiance aveugle dans les pièges <strong>de</strong><br />

Satan. <strong>Le</strong>s sceptiques et les moqueurs dénonc<strong>en</strong>t le<br />

fanatisme <strong>de</strong> ceux qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t parti pour la foi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophètes et <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres; ils tourn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dérision les<br />

déclarations sol<strong>en</strong>nelles <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures touchant le<br />

Sauveur, le plan du salut et les rétributions futures.<br />

Ils affect<strong>en</strong>t une profon<strong>de</strong> pitié pour les esprits<br />

assez étroits, assez faibles et assez superstitieux<br />

pour reconnaître les droits <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Sa loi. Ils<br />

manifest<strong>en</strong>t autant d'assurance que s'ils avai<strong>en</strong>t<br />

effectivem<strong>en</strong>t « fait une alliance avec la mort » et «<br />

un pacte avec le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts », que s'ils<br />

avai<strong>en</strong>t érigé une barrière infranchissable <strong>en</strong>tre eux<br />

et la v<strong>en</strong>geance divine. Ri<strong>en</strong> ne peut les effrayer.<br />

Ils sont tellem<strong>en</strong>t livrés à Satan, si intimem<strong>en</strong>t unis<br />

à lui et pénétrés <strong>de</strong> son esprit qu'ils ne peuv<strong>en</strong>t ni<br />

ne veul<strong>en</strong>t briser ses chaînes. <strong>Le</strong> t<strong>en</strong>tateur s'est<br />

préparé <strong>de</strong> longue main pour cet assaut final. Il a<br />

jeté les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> son oeuvre dans l'assurance<br />

donnée à Ève : « Vous ne mourrez point.... <strong>Le</strong> jour<br />

où vous <strong>en</strong> mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous<br />

serez comme <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, connaissant le bi<strong>en</strong> et le<br />

mal. » ( G<strong>en</strong>èse 3.4, 5 ) Petit à petit, il a préparé le<br />

1044


terrain pour son chef-d'oeuvre <strong>de</strong> séduction : le<br />

spiritisme. Il n'a pas <strong>en</strong>core pleinem<strong>en</strong>t atteint son<br />

but; mais il l'atteindra à la <strong>de</strong>rnière heure. <strong>Le</strong><br />

prophète dit : « Je vis... trois esprits impurs,<br />

semblables à <strong><strong>de</strong>s</strong> gr<strong>en</strong>ouilles. Car ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Esprits <strong>de</strong> démons, qui font <strong><strong>de</strong>s</strong> prodiges, et qui<br />

vont vers les rois <strong>de</strong> toute la terre, afin <strong>de</strong> les<br />

rassembler pour le combat du grand jour du Dieu<br />

tout-puissant. » ( Apocalypse 16.13, 14 ) À<br />

l'exception <strong>de</strong> ceux qui sont gardés par la foi <strong>en</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier sera <strong>en</strong>veloppé<br />

dans cette redoutable séduction. Et l'humanité<br />

sommeille dans une fatale sécurité d'où elle ne sera<br />

tirée que par les effets <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu.<br />

Qu'a dit le Seigneur? « Je ferai <strong>de</strong> la droiture<br />

une règle, et <strong>de</strong> la justice un niveau; et la grêle<br />

emportera le refuge <strong>de</strong> la fausseté, et les eaux<br />

inon<strong>de</strong>ront l'abri du m<strong>en</strong>songe. Votre alliance avec<br />

la mort sera détruite, votre pacte avec le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

morts ne subsistera pas; quand le fléau débordé<br />

passera, vous serez par lui foulés aux pieds. » (<br />

Ésaïe 28.17, 18 )<br />

1045


Chapitre 35<br />

<strong>Le</strong>s visées <strong>de</strong> la papauté<br />

L'attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants <strong>en</strong>vers l'Église <strong>de</strong><br />

Rome est infinim<strong>en</strong>t plus favorable aujourd'hui<br />

qu'autrefois. Dans les pays où le catholicisme est<br />

<strong>en</strong> minorité, et où il se fait conciliant pour ét<strong>en</strong>dre<br />

son influ<strong>en</strong>ce, l'indiffér<strong>en</strong>ce est <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus<br />

gran<strong>de</strong> à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines qui le sépar<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises réformées. On <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t même à p<strong>en</strong>ser<br />

qu'<strong>en</strong> définitive les diverg<strong>en</strong>ces sur les questions<br />

vitales ne sont pas aussi considérables qu'on l'avait<br />

supposé, et que certaines concessions <strong>de</strong> la part du<br />

protestantisme permettrai<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te avec la<br />

hiérarchie. Il fut un temps où les protestants<br />

attachai<strong>en</strong>t une gran<strong>de</strong> valeur à la liberté <strong>de</strong><br />

consci<strong>en</strong>ce acquise à grand prix. Ils inculquai<strong>en</strong>t à<br />

leurs <strong>en</strong>fants l'idée que la recherche d'un accord<br />

avec Rome équivalait à une infidélité à l'égard <strong>de</strong><br />

Dieu. Combi<strong>en</strong> les choses ont changé!<br />

<strong>Le</strong>s déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> Rome prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que leur<br />

1046


Église a été calomniée, et le mon<strong>de</strong> protestant est<br />

<strong>en</strong>clin à les croire. Plusieurs déclar<strong>en</strong>t qu'il est<br />

injuste <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ir l'Église d’aujourd'hui responsable<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> abominations et <strong><strong>de</strong>s</strong> absurdités qui ont souillé<br />

son règne p<strong>en</strong>dant les siècles d'ignorance et <strong>de</strong><br />

ténèbres. Ils attribu<strong>en</strong>t sa cruauté à la barbarie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps, et affirm<strong>en</strong>t que sous l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la<br />

civilisation mo<strong>de</strong>rne elle a changé <strong>de</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts.<br />

On oublie la prét<strong>en</strong>tion à l'infaillibilité<br />

maint<strong>en</strong>ue par la hiérarchie au cours <strong>de</strong> huit siècles,<br />

prét<strong>en</strong>tion qui, loin d'être abandonnée, a été<br />

proclamée au dix-neuvième siècle avec plus d'éclat<br />

que jamais. Comm<strong>en</strong>t la curie romaine pourrait-elle<br />

r<strong>en</strong>oncer aux principes qui l'ont régie au cours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles passés puisque, à l'<strong>en</strong> croire, l'Église n'a «<br />

jamais erré » et que, selon les Écritures, elle «<br />

n'errera jamais »? (Moshein, Eccl. Hist, liv. III, 2e<br />

p., ch II, par. 9, note 1.)<br />

Jamais l'Église n'abandonnera sa prét<strong>en</strong>tion à<br />

l'infaillibilité. Tout ce qu'elle a fait contre ceux qui<br />

refusai<strong>en</strong>t d'accepter ses dogmes, elle le considère<br />

comme légitime. N'agirait-elle pas <strong>de</strong> même si<br />

1047


l'occasion s'<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tait? Que vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à tomber<br />

les restrictions qui lui sont actuellem<strong>en</strong>t imposées<br />

par les gouvernem<strong>en</strong>ts; que Rome vi<strong>en</strong>ne à<br />

recouvrer son anci<strong>en</strong>ne puissance, et l'on ne tar<strong>de</strong>ra<br />

pas à voir se réveiller son esprit tyrannique et ses<br />

persécutions.<br />

Un auteur connu s'exprime comme suit<br />

touchant l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la hiérarchie papale à l'égard<br />

<strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce et <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers que fait<br />

courir le succès <strong>de</strong> sa politique <strong>en</strong> particulier aux<br />

États-Unis :<br />

« Il ne manque pas <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s <strong>en</strong>clins à attribuer<br />

au fanatisme ou à l'<strong>en</strong>fantillage les craintes<br />

qu'inspir<strong>en</strong>t les progrès frappants du catholicisme<br />

aux États-Unis. Ces personnes ne voi<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> dans<br />

le caractère et l'attitu<strong>de</strong> du romanisme qui soit<br />

contraire à nos libres institutions, et elles<br />

n'aperçoiv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> m<strong>en</strong>açant dans ses<br />

progrès. Comparons donc quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes fondam<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> notre gouvernem<strong>en</strong>t<br />

avec ceux <strong>de</strong> l'Église catholique.<br />

1048


« <strong>La</strong> Constitution <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis garantit la<br />

liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce. Ri<strong>en</strong> n'est plus précieux ni<br />

plus fondam<strong>en</strong>tal. <strong>Le</strong> pape Pie IX, dans son<br />

<strong>en</strong>cyclique du 15 août 1854, dit ceci : « <strong>Le</strong>s<br />

doctrines absur<strong><strong>de</strong>s</strong>, erronées ou extravagantes<br />

favorables à la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce sont une<br />

erreur pestil<strong>en</strong>tielle, une peste <strong><strong>de</strong>s</strong> plus redoutables<br />

pour un État. » <strong>Le</strong> même pape, dans son <strong>en</strong>cyclique<br />

du 8 décembre 1864, « anathématise ceux qui<br />

réclam<strong>en</strong>t la liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> culte »,<br />

ainsi que « ceux qui déni<strong>en</strong>t à l'Église le droit <strong>de</strong> se<br />

servir <strong>de</strong> la force ».<br />

« <strong>Le</strong> ton pacifique <strong>de</strong> Rome aux États-Unis<br />

n'implique pas nécessairem<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

convictions. Elle est tolérante là où elle est<br />

impuissante. L'évêque O'Connor a dit : « <strong>La</strong> liberté<br />

religieuse n'est tolérée que jusqu'au mom<strong>en</strong>t où l'on<br />

pourra faire le contraire sans péril pour le mon<strong>de</strong><br />

catholique. » L'archevêque <strong>de</strong> Saint-Louis dit,<br />

d'autre part : « L'hérésie et l'incrédulité sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

crimes; aussi, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pays chréti<strong>en</strong>s, comme<br />

l'Italie et l'Espagne, par exemple, où chacun est<br />

catholique, et où la religion catholique fait<br />

1049


ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t partie <strong><strong>de</strong>s</strong> lois, elles sont punies à<br />

l'égal <strong><strong>de</strong>s</strong> autres crimes. »<br />

« Tout cardinal, archevêque et évêque <strong>de</strong><br />

l'Église catholique prête au pape un serm<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

fidélité, serm<strong>en</strong>t dans lequel se trouv<strong>en</strong>t les paroles<br />

suivantes : « Je persécuterai et poursuivrai <strong>de</strong><br />

toutes mes forces les hérétiques, les schismatiques,<br />

et tous les rebelles à notre dit seigneur [le pape] ou<br />

à ses successeurs. » (Dr Josiah Strobg, Our<br />

Country, ch. V.)<br />

Il est vrai qu'il y a dans la confession<br />

catholique <strong><strong>de</strong>s</strong> chréti<strong>en</strong>s auth<strong>en</strong>tiques. Des milliers<br />

<strong>de</strong> membres <strong>de</strong> cette église serv<strong>en</strong>t Dieu au plus<br />

près <strong>de</strong> leur consci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> leurs lumières.<br />

Comme on ne leur permet pas <strong>de</strong> lire l'Écriture, ils<br />

ne peuv<strong>en</strong>t connaître la vérité. Ils n'ont jamais vu le<br />

contraste existant <strong>en</strong>tre un culte spontané et<br />

l'accomplissem<strong>en</strong>t d'une série <strong>de</strong> cérémonies. Dieu<br />

<strong>en</strong>toure d'une t<strong>en</strong>dre compassion ces âmes<br />

instruites, malgré elles, dans une foi erronée et<br />

trompeuse. Il veillera à ce que <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons <strong>de</strong><br />

lumière dissip<strong>en</strong>t les ténèbres qui les <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t;<br />

1050


il leur révélera la vérité telle qu'elle est <strong>en</strong> Jésus, et<br />

elles se rangeront un jour <strong>en</strong> grand nombre parmi<br />

son peuple.<br />

Mais le catholicisme, <strong>en</strong> tant que système, n'est<br />

pas plus près <strong>de</strong> l'Évangile maint<strong>en</strong>ant qu'à aucune<br />

autre pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> son histoire. Si les églises<br />

protestantes n'étai<strong>en</strong>t pas plongées dans <strong>de</strong><br />

profon<strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres, elles discernerai<strong>en</strong>t les signes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> temps. L'Église romaine poursuit <strong>de</strong> vastes<br />

projets. Elle use <strong>de</strong> tous les moy<strong>en</strong>s pour élargir le<br />

cercle <strong>de</strong> son influ<strong>en</strong>ce et accroître sa puissance <strong>en</strong><br />

prévision d'un combat acharné pour repr<strong>en</strong>dre le<br />

sceptre du mon<strong>de</strong>, rétablir la persécution et<br />

r<strong>en</strong>verser tout ce que le protestantisme a établi. <strong>Le</strong><br />

catholicisme gagne du terrain <strong>de</strong> tous côtés. Voyez<br />

le nombre croissant <strong>de</strong> ses églises et <strong>de</strong> ses<br />

chapelles dans les pays protestants. Considérez la<br />

popularité dont jouiss<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> Amérique, ses<br />

collèges et ses séminaires que fréqu<strong>en</strong>te une<br />

nombreuse jeunesse protestante. Considérez le<br />

développem<strong>en</strong>t du ritualisme <strong>en</strong> Angleterre et le<br />

grand nombre <strong>de</strong> transfuges qui pass<strong>en</strong>t dans les<br />

rangs du catholicisme. Ces faits <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t inquiéter<br />

1051


tous ceux qui appréci<strong>en</strong>t les purs principes <strong>de</strong><br />

l'Évangile.<br />

<strong>Le</strong>s protestants ont fraternisé avec le papisme;<br />

ils lui ont fait <strong><strong>de</strong>s</strong> concessions dont les catholiques<br />

sont eux-mêmes surpris, et qu'ils ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

pas. Ils ferm<strong>en</strong>t les yeux sur la vraie nature du<br />

romanisme ainsi que sur les dangers qu'<strong>en</strong>traînerait<br />

sa suprématie. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t être réveillés <strong>en</strong><br />

vue d'<strong>en</strong>rayer les progrès <strong>de</strong> ce redoutable <strong>en</strong>nemi<br />

<strong>de</strong> nos libertés civiles et religieuses.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> protestants s'imagin<strong>en</strong>t que la<br />

religion catholique n'est pas attrayante et que son<br />

culte ne se compose que d'une série <strong>de</strong> cérémonies<br />

fastidieuses. C'est une erreur. Bi<strong>en</strong> qu'elle repose<br />

sur une base fausse, ce n'est pas une imposture<br />

grossière. <strong>Le</strong> cérémonial <strong>de</strong> l'église romaine est <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plus impressionnants. Sa pompe et ses rites<br />

sol<strong>en</strong>nels fascin<strong>en</strong>t les s<strong>en</strong>s et impos<strong>en</strong>t le sil<strong>en</strong>ce à<br />

la raison et à la consci<strong>en</strong>ce. Ses églises<br />

magnifiques, ses processions grandioses, ses autels<br />

dorés, ses riches reliquaires, ses oeuvres d'art et ses<br />

sculptures exquises charm<strong>en</strong>t les yeux et raviss<strong>en</strong>t<br />

1052


les amateurs du beau. L'oreille est captivée par une<br />

musique sans égale. <strong>Le</strong>s puissants accords <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

orgues accompagnés <strong>de</strong> choeurs <strong>de</strong> voix d'hommes,<br />

et dont les sonorités sont répercutées par les voûtes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> cathédrales, tout cela berce les âmes<br />

dans l'adoration et le recueillem<strong>en</strong>t. Mais cette<br />

pompe et cette spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur extérieure, qui tromp<strong>en</strong>t<br />

les aspirations <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes meurtries par le péché,<br />

trahiss<strong>en</strong>t une corruption intérieure. <strong>La</strong> religion du<br />

Christ n'a pas besoin <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> scène pour<br />

la recomman<strong>de</strong>r. À la lumière <strong>de</strong> la croix, le vrai<br />

christianisme paraît si pur et si attrayant qu'il n'a<br />

pas besoin d'appâts extérieurs pour <strong>en</strong> rehausser la<br />

valeur. <strong>La</strong> beauté <strong>de</strong> la sainteté, l'esprit doux et<br />

paisible qui a du prix <strong>de</strong>vant Dieu lui suffis<strong>en</strong>t.<br />

L'éclat du style n'est pas nécessairem<strong>en</strong>t<br />

l'indice <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sées pures et nobles. Des hommes<br />

égoïstes et s<strong>en</strong>suels peuv<strong>en</strong>t avoir un goût exquis et<br />

<strong>de</strong> hautes conceptions artistiques. Aussi Satan s'<strong>en</strong><br />

sert-il pour faire oublier aux humains les besoins<br />

<strong>de</strong> leur âme, pour leur faire perdre <strong>de</strong> vue la vie<br />

future, les détourner <strong>de</strong> leur puissant Protecteur et<br />

les <strong>en</strong>gager à ne vivre que pour ce mon<strong>de</strong>.<br />

1053


Une religion tout extérieure est attrayante pour<br />

le coeur naturel. <strong>Le</strong> faste et les cérémonies du culte<br />

catholique ont une puissance <strong>de</strong> séduction et <strong>de</strong><br />

fascination qui pousse une foule <strong>de</strong> personnes<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales à considérer l'Église <strong>de</strong> Rome<br />

comme la porte même du ciel. Seuls ceux qui ont<br />

posé le pied sur le Rocher <strong>de</strong> la vérité et dont le<br />

coeur est régénéré par l'Esprit <strong>de</strong> Dieu sont à l'abri<br />

<strong>de</strong> son influ<strong>en</strong>ce. Des milliers d'âmes, ne<br />

connaissant pas le Sauveur par une expéri<strong>en</strong>ce<br />

vivante, accepteront les formes d'une piété<br />

dépourvue <strong>de</strong> force morale. C'est là, du reste, la<br />

religion qui plaît à la multitu<strong>de</strong>.<br />

<strong>La</strong> prét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> l'Église au droit <strong>de</strong> pardonner<br />

est pour beaucoup d'âmes un <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t au<br />

péché. <strong>La</strong> confession, sans laquelle elle n'accor<strong>de</strong><br />

pas son pardon, t<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t à autoriser le mal.<br />

Celui qui fléchit les g<strong>en</strong>oux <strong>de</strong>vant un homme<br />

pécheur et lui révèle les p<strong>en</strong>sées et les secrètes<br />

fantaisies <strong>de</strong> son coeur dégra<strong>de</strong> sa virilité et avilit<br />

les instincts les plus nobles <strong>de</strong> son âme. En<br />

dévoilant les péchés <strong>de</strong> sa vie à un prêtre, c'est-à-<br />

1054


dire à un mortel sujet à l'erreur – quand il n'est pas<br />

adonné au vin et à l'impureté – l'homme échange sa<br />

noblesse morale, contre une flétrissure. Et comme<br />

le prêtre est pour lui le représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> la divinité,<br />

son idée <strong>de</strong> Dieu est ravalée au niveau <strong>de</strong><br />

l'humanité. Cette confession dégradante d'homme à<br />

homme est la source cachée d'une bonne partie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maux qui afflig<strong>en</strong>t le mon<strong>de</strong> et le mûriss<strong>en</strong>t pour sa<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction finale. Néanmoins, pour celui qui aime<br />

ses vices, il est plus agréable <strong>de</strong> se confesser à un<br />

mortel comme lui que d'ouvrir son coeur à Dieu.<br />

<strong>La</strong> nature humaine préfère subir une pénit<strong>en</strong>ce<br />

plutôt que d'abandonner le péché; il est plus facile<br />

<strong>de</strong> mortifier sa chair par le cilice et les chardons<br />

que <strong>de</strong> crucifier ses passions. <strong>Le</strong> coeur naturel<br />

préférera bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jougs blessants à celui <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ.<br />

Il y a une ressemblance frappante <strong>en</strong>tre l'Église<br />

<strong>de</strong> Rome et le judaïsme <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> Jésus. Bi<strong>en</strong><br />

que foulant secrètem<strong>en</strong>t aux pieds tous les<br />

principes <strong>de</strong> la loi divine, les Juifs <strong>en</strong> observai<strong>en</strong>t<br />

rigoureusem<strong>en</strong>t les préceptes extérieurs qu'ils<br />

surchargeai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> pratiques et <strong>de</strong> traditions d'une<br />

1055


observance pénible et tracassière. De même que les<br />

Juifs se disai<strong>en</strong>t respectueux <strong>de</strong> la loi, <strong>de</strong> même les<br />

romanistes prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l'être <strong>de</strong> la croix. Ils<br />

glorifi<strong>en</strong>t le symbole <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ tout <strong>en</strong> r<strong>en</strong>iant par leur vie celui qui est<br />

représ<strong>en</strong>té par ce symbole.<br />

<strong>Le</strong>s catholiques plac<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> croix sur leurs<br />

églises, sur leurs autels et sur leurs vêtem<strong>en</strong>ts.<br />

Partout la croix du Sauveur est visiblem<strong>en</strong>t honorée<br />

et révérée, tandis que ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sont<br />

<strong>en</strong>sevelis sous une masse <strong>de</strong> traditions puériles, <strong>de</strong><br />

fausses interprétations et <strong>de</strong> rites fastidieux. <strong>Le</strong>s<br />

paroles du Sauveur concernant les Juifs fanatiques<br />

s'appliqu<strong>en</strong>t avec plus <strong>de</strong> force <strong>en</strong>core aux chefs <strong>de</strong><br />

l'Église catholique romaine : « Ils li<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

far<strong>de</strong>aux pesants, et les mett<strong>en</strong>t sur les épaules <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes; mais ils ne veul<strong>en</strong>t pas les remuer du<br />

doigt. » ( Matthieu 23.4 ) <strong>Le</strong>s âmes<br />

consci<strong>en</strong>cieuses trembl<strong>en</strong>t jour et nuit à la p<strong>en</strong>sée<br />

d'avoir off<strong>en</strong>sé Dieu, tandis qu'un bon nombre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dignitaires <strong>de</strong> l'Église viv<strong>en</strong>t dans le luxe et les<br />

plaisirs s<strong>en</strong>suels.<br />

1056


<strong>Le</strong> culte <strong><strong>de</strong>s</strong> images et <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques, l'invocation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> saints et les honneurs r<strong>en</strong>dus au pape sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pièges <strong>de</strong> Satan dirigeant les esprits loin <strong>de</strong> Dieu et<br />

<strong>de</strong> Son Fils. En vue <strong>de</strong> consommer la ruine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

âmes, l'adversaire détourne leur att<strong>en</strong>tion du seul<br />

Être capable d'assurer leur salut et donne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

substituts à Celui qui a dit : « V<strong>en</strong>ez à moi, vous<br />

tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous<br />

donnerai du repos. » ( Matthieu 11.28 )<br />

L'effort constant <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi t<strong>en</strong>d à fausser le<br />

caractère <strong>de</strong> Dieu, la nature du péché et l'<strong>en</strong>jeu<br />

véritable du plan du salut. Par ses sophismes, il<br />

atténue les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la loi divine et <strong>en</strong>courage<br />

le péché. Il donne <strong>de</strong> Dieu une conception qui le<br />

fait craindre et haïr plutôt qu'aimer. Attribuant à<br />

Dieu la cruauté <strong>de</strong> son propre caractère, il<br />

incorpore la haine à <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes religieux et à<br />

diverses formes <strong>de</strong> culte. Des esprits ainsi<br />

aveuglés, Satan fait ses instrum<strong>en</strong>ts dans sa guerre<br />

contre Dieu. Par cette perversion <strong><strong>de</strong>s</strong> attributs <strong>de</strong> la<br />

divinité, les nations paï<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> sont v<strong>en</strong>ues, pour<br />

apaiser la divinité, à pratiquer <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices<br />

humains et d'autres atrocités tout aussi horribles.<br />

1057


L'Église romaine, qui a réuni les cérémonies du<br />

paganisme à celles du christianisme, et qui, comme<br />

le paganisme, a dénaturé le caractère <strong>de</strong> Dieu, a eu<br />

recours à <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques non moins cruelles et<br />

révoltantes. Au temps <strong>de</strong> sa suprématie Rome<br />

recourait à la torture pour contraindre les g<strong>en</strong>s à<br />

souscrire à ses doctrines. Aux réfractaires, elle<br />

réservait le bûcher. Elle organisa <strong><strong>de</strong>s</strong> massacres sur<br />

une échelle dont l'ét<strong>en</strong>due ne sera connue qu'au<br />

jour du jugem<strong>en</strong>t. Sous la direction <strong>de</strong> Satan, leur<br />

maître, les dignitaires <strong>de</strong> l'Église étudiai<strong>en</strong>t les<br />

moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r leurs victimes <strong>en</strong> vie aussi<br />

longtemps que possible tout <strong>en</strong> leur infligeant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souffrances extrêmes. Dans bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, le<br />

procédé était répété jusqu'à la <strong>de</strong>rnière limite <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>durance humaine, au point que, la nature<br />

finissant par cé<strong>de</strong>r, la victime accueillait la mort<br />

comme une douce délivrance.<br />

Tel était le sort <strong>de</strong> quiconque osait, résister à<br />

Rome. Pour ses adhér<strong>en</strong>ts, elle avait la discipline<br />

du fouet, <strong>de</strong> la faim et <strong>de</strong> toutes les austérités<br />

corporelles concevables. Pour s'assurer les faveurs<br />

1058


du ciel, les pénit<strong>en</strong>ts violai<strong>en</strong>t les lois <strong>de</strong> Dieu<br />

régissant la nature. On les <strong>en</strong>gageait à rompre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

li<strong>en</strong>s que Dieu avait formés pour embellir le séjour<br />

<strong>de</strong> l'homme sur la terre. <strong>Le</strong>s cimetières conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong> victimes qui ont passé leur vie <strong>en</strong><br />

vains efforts pour étouffer <strong>en</strong> eux les affections<br />

naturelles et réprimer, comme coupables aux yeux<br />

<strong>de</strong> Dieu, toute p<strong>en</strong>sée et tout s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

sympathie <strong>en</strong>vers leurs semblables.<br />

Celui qui désire pr<strong>en</strong>dre sur le vif la cruauté <strong>de</strong><br />

Satan manifestée <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, non pas chez<br />

ceux qui n'ont jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler <strong>de</strong> Dieu, mais<br />

au c<strong>en</strong>tre même <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, n'a qu'à lire<br />

l'histoire du romanisme. C'est par ce système<br />

colossal <strong>de</strong> séduction que le prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres a<br />

réalisé son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein <strong>de</strong> déshonorer Dieu et <strong>de</strong><br />

plonger les hommes dans le malheur. En voyant<br />

comme il a réussi à se déguiser et à atteindre son<br />

but par les chefs <strong>de</strong> la hiérarchie romaine, on<br />

compr<strong>en</strong>d mieux son antipathie pour les Écritures.<br />

En effet, la Bible révèle à ceux qui la lis<strong>en</strong>t la<br />

miséricor<strong>de</strong> et l'amour <strong>de</strong> Dieu; elle les amène à<br />

compr<strong>en</strong>dre que le Père céleste n'impose à l'homme<br />

1059


aucune <strong>de</strong> ces souffrances, mais qu'il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

seulem<strong>en</strong>t un coeur humilié et contrit, un esprit<br />

humble et obéissant.<br />

<strong>La</strong> vie <strong>de</strong> Jésus ne montre pas que, pour se<br />

préparer à aller au ciel, il soit utile <strong>de</strong> s'<strong>en</strong>fermer<br />

dans un monastère. <strong>Le</strong> Christ n'a jamais <strong>de</strong>mandé à<br />

ses disciples d'étouffer les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d'affection et<br />

<strong>de</strong> sympathie. Son coeur débordait d'amour. Plus<br />

on approche <strong>de</strong> la perfection morale, plus on<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sible, plus on a le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son<br />

péché, plus gran<strong>de</strong> est la sympathie qu'on éprouve<br />

pour les affligés. <strong>Le</strong> pape se dit le vicaire <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ; mais <strong>en</strong> quoi son caractère se rapproche-t-il<br />

<strong>de</strong> celui du Sauveur? <strong>Le</strong> Christ a-t-il jamais fait<br />

emprisonner ou torturer <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s pour ne l'avoir<br />

pas reconnu comme Roi du ciel? A-t-il jamais<br />

condamné à mort ceux qui ne le recevai<strong>en</strong>t pas?<br />

Lorsqu'un jour un village samaritain refusa<br />

l'hospitalité à Jésus, l'apôtre Jean, rempli<br />

d'indignation, s'écria : « Seigneur, veux-tu que<br />

nous commandions que le feu <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong><strong>de</strong> du ciel et<br />

les consume? » Jésus, jetant sur son disciple égaré<br />

un regard <strong>de</strong> compassion, lui répondit : « <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong><br />

1060


l'homme est v<strong>en</strong>u, non pour perdre les âmes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes, mais pour les sauver. » ( Luc 9.54, 56 )<br />

Combi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts sont les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> son soidisant<br />

vicaire!<br />

L'Église romaine se prés<strong>en</strong>te aujourd'hui <strong>de</strong>vant<br />

le mon<strong>de</strong> sous un air <strong>de</strong> candi<strong>de</strong> innoc<strong>en</strong>ce et<br />

couvre d'apologies le récit <strong>de</strong> ses cruautés. Mais<br />

sous sa livrée chréti<strong>en</strong>ne, elle est inchangée. Tous<br />

les principes professés autrefois par la papauté sont<br />

<strong>en</strong>core les si<strong>en</strong>s. Elle conserve <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines<br />

inv<strong>en</strong>tées dans les siècles les plus <strong>en</strong>ténébrés. Que<br />

personne ne s'y trompe. <strong>La</strong> papauté à laquelle le<br />

mon<strong>de</strong> protestant est aujourd'hui si <strong>en</strong>clin à r<strong>en</strong>dre<br />

hommage est <strong>en</strong>core celle qui dominait sur le<br />

mon<strong>de</strong> aux jours <strong>de</strong> la Réformation, alors que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes <strong>de</strong> Dieu dénoncèr<strong>en</strong>t ses iniquités au péril<br />

<strong>de</strong> leur vie. Elle mainti<strong>en</strong>t toujours les prét<strong>en</strong>tions<br />

orgueilleuses qui la poussèr<strong>en</strong>t à s'élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rois et <strong><strong>de</strong>s</strong> princes, comme à se réclamer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prérogatives <strong>de</strong> la divinité. Elle n'est ni moins<br />

cruelle ni moins <strong><strong>de</strong>s</strong>potique qu'aux jours où elle<br />

supprimait la liberté humaine et livrait à la mort les<br />

saints du Très-Haut.<br />

1061


<strong>La</strong> papauté est exactem<strong>en</strong>t ce que la prophétie a<br />

dit d'elle: l'apostasie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours (voir 2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.3, 4 ). Sa tactique consiste à se<br />

prés<strong>en</strong>ter sous le déguisem<strong>en</strong>t qui convi<strong>en</strong>t le<br />

mieux à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins; mais sous les <strong>de</strong>hors variés<br />

du caméléon, elle conserve toujours le v<strong>en</strong>in du<br />

serp<strong>en</strong>t. « On n'est pas t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la foi jurée à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hérétiques ou à <strong><strong>de</strong>s</strong> suspects d'hérésie »<br />

(L<strong>en</strong>fant, History of Council of Constance, vol. I,<br />

p, 516 - éd. <strong>de</strong> 1728), dit-elle. Son histoire<br />

millénaire, est écrite avec le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints :<br />

comm<strong>en</strong>t la reconnaître comme un membre <strong>de</strong> la<br />

famille chréti<strong>en</strong>ne?<br />

Ce n'est pas sans raison que l'on a affirmé dans<br />

les pays protestants que le catholicisme diffère<br />

moins du protestantisme que par le passé. Il y a eu<br />

un changem<strong>en</strong>t, mais ce n'est pas le fait <strong>de</strong> la<br />

papauté. <strong>Le</strong> catholicisme ressemble, <strong>en</strong> effet,<br />

beaucoup au protestantisme actuel; mais c'est parce<br />

que celui-ci s'est écarté <strong>de</strong> ses origines.<br />

Dans la mesure où les églises protestantes ont<br />

1062


echerché la faveur du mon<strong>de</strong>, elles ont été<br />

aveuglées par une fausse charité. Pourquoi, dis<strong>en</strong>telles,<br />

le bi<strong>en</strong> ne sortirait-il pas du mal? Finalem<strong>en</strong>t,<br />

elles <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à att<strong>en</strong>dre du mal <strong>de</strong> tout ce qui<br />

est bi<strong>en</strong>. Au lieu <strong>de</strong> se lever pour la déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> la<br />

vérité « transmise aux saints une fois pour toutes »,<br />

elles s'excus<strong>en</strong>t auprès <strong>de</strong> Rome <strong>de</strong> l'opinion<br />

défavorable qu'elles ont eue d'elle, et lui <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t<br />

pardon <strong>de</strong> leur bigoterie.<br />

Beaucoup, même parmi ceux qui n'ont pas <strong>de</strong><br />

Rome une opinion favorable, redout<strong>en</strong>t peu sa<br />

puissance et son influ<strong>en</strong>ce. Plusieurs affirm<strong>en</strong>t que<br />

les ténèbres intellectuelles et morales du Moy<strong>en</strong><br />

Age favorisai<strong>en</strong>t ses dogmes, ses superstitions et<br />

son oppression, mais que les lumières supérieures<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Temps Mo<strong>de</strong>rnes, telles la diffusion générale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances et la largeur <strong>de</strong> nos vues <strong>en</strong><br />

matière religieuse, banniss<strong>en</strong>t le danger d'un réveil<br />

<strong>de</strong> l'intolérance et <strong>de</strong> la tyrannie. On se rit <strong>de</strong> l'idée<br />

que le retour d'un tel état <strong>de</strong> choses soit possible. Il<br />

est vrai que notre génération est favorisée <strong>de</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lumières intellectuelles, morales et<br />

religieuses. Des pages ouvertes du Livre <strong>de</strong> Dieu,<br />

1063


un flot <strong>de</strong> vérité a jailli sur le mon<strong>de</strong>. Mais il ne<br />

faut pas oublier que plus gran<strong>de</strong> est la lumière, plus<br />

profon<strong><strong>de</strong>s</strong> sont les ténèbres <strong>de</strong> ceux qui la rejett<strong>en</strong>t<br />

ou la pervertiss<strong>en</strong>t.<br />

Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu faite avec prière<br />

montrerait aux protestants la vraie nature <strong>de</strong> la<br />

papauté et les pousserait à l'éviter avec soin; mais<br />

beaucoup sont tellem<strong>en</strong>t sages à leurs propres yeux<br />

qu'ils ne voi<strong>en</strong>t pas la nécessité <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

humblem<strong>en</strong>t à Dieu <strong>de</strong> les conduire dans la vérité.<br />

Bi<strong>en</strong> qu'ils soi<strong>en</strong>t fiers <strong>de</strong> leurs lumières, ils ne<br />

connaiss<strong>en</strong>t ni les Écritures, ni la puissance <strong>de</strong><br />

Dieu. Désireux <strong>de</strong> tranquilliser leur consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

quelque façon, ils cherch<strong>en</strong>t à cet effet les moy<strong>en</strong>s<br />

les moins spirituels et les moins humiliants. Ils<br />

désir<strong>en</strong>t trouver une métho<strong>de</strong> leur donnant la<br />

possibilité d'oublier Dieu tout <strong>en</strong> paraissant<br />

l'honorer. <strong>Le</strong> catholicisme répond exactem<strong>en</strong>t à<br />

leurs besoins. Il est, <strong>en</strong> effet, conforme aux<br />

aspirations <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux classes <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre lesquelles<br />

se répartit à peu près toute l'humanité : ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t se sauver par leurs mérites, et ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t se sauver dans leurs péchés. C'est là le<br />

1064


secret <strong>de</strong> sa puissance.<br />

L'histoire prouve qu'un temps d'ignorance et <strong>de</strong><br />

ténèbres a été favorable à la papauté. L'av<strong>en</strong>ir<br />

montrera qu'un siècle <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lumières<br />

intellectuelles lui est égalem<strong>en</strong>t propice. Dans les<br />

siècles passés, alors que le mon<strong>de</strong> n'avait pas accès<br />

à la Parole <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers tombai<strong>en</strong>t dans les<br />

pièges <strong>de</strong> Rome, faute <strong>de</strong> voir les filets t<strong>en</strong>dus sous<br />

leurs pas. De nos jours, beaucoup <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s, éblouis<br />

par les théories d'une « fausse sci<strong>en</strong>ce », ne<br />

discern<strong>en</strong>t pas le piège et y tomb<strong>en</strong>t aussi aisém<strong>en</strong>t<br />

que s'ils étai<strong>en</strong>t aveugles. Dieu veut que nous<br />

considérions nos facultés intellectuelles comme un<br />

don <strong>de</strong> notre Créateur et que nous les mettions au<br />

service <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la justice. Mais lorsqu'on<br />

se livre à l'orgueil et à l'ambition et que l'on met ses<br />

théories au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu,<br />

l'intellig<strong>en</strong>ce peut faire plus <strong>de</strong> mal <strong>en</strong>core que<br />

l'ignorance. Ainsi, la fausse sci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> nos jours,<br />

qui sape la foi aux Écritures, contribuera tout<br />

autant à préparer le chemin aux succès futurs <strong>de</strong> la<br />

papauté, avec ses cérémonies pompeuses, que les<br />

ténèbres du Moy<strong>en</strong> Age.<br />

1065


Dans le mouvem<strong>en</strong>t qui se <strong><strong>de</strong>s</strong>sine aux États-<br />

Unis pour assurer l'appui <strong>de</strong> l'État aux institutions<br />

et aux usages <strong>de</strong> l'Église, les protestants emboît<strong>en</strong>t<br />

le pas <strong>de</strong>rrière les romanistes. Il y a plus : ils<br />

ouvr<strong>en</strong>t à la papauté la porte qui lui permettra <strong>de</strong><br />

retrouver <strong>en</strong> Amérique la suprématie qu'elle a<br />

perdue <strong>en</strong> Europe. Et ce qui r<strong>en</strong>d ce mouvem<strong>en</strong>t<br />

plus significatif, c'est le fait que son but principal<br />

consiste à imposer l'observation du dimanche,<br />

institution qui émane <strong>de</strong> Rome, et qu'elle considère<br />

comme le signe <strong>de</strong> son autorité. <strong>Le</strong> désir <strong>de</strong> se<br />

conformer aux coutumes du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> vénérer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> traditions humaines au lieu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu pénètre dans les églises<br />

protestantes et les pousse à faire <strong>en</strong> faveur du<br />

dimanche ce que la papauté a fait avant elles. Ce<br />

désir correspond à l'esprit <strong>de</strong> Rome.<br />

Si le lecteur veut se r<strong>en</strong>dre compte <strong><strong>de</strong>s</strong> moy<strong>en</strong>s<br />

qui seront mis <strong>en</strong> oeuvre dans le conflit qui se<br />

prépare, il n'a qu'à lire l'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

employées par Rome à cet effet au cours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles passés. S'il désire savoir comm<strong>en</strong>t papistes<br />

1066


et protestants traiteront ceux qui méconnaîtront<br />

leurs dogmes, qu'il s'instruise sur la manière dont<br />

Rome a traité le sabbat <strong>de</strong> l'Éternel et ses<br />

déf<strong>en</strong>seurs.<br />

Des édits royaux, <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>de</strong> conciles<br />

généraux, <strong><strong>de</strong>s</strong> ordonnances <strong>de</strong> l'Église appuyées<br />

par le pouvoir séculier, tels sont les moy<strong>en</strong>s qui<br />

fur<strong>en</strong>t employés pour donner à une fête paï<strong>en</strong>ne<br />

une place d'honneur dans le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>. <strong>La</strong><br />

première disposition légale <strong>en</strong> faveur du dimanche<br />

fut l'édit <strong>de</strong> Constantin. (En 321 <strong>de</strong> notre ère. Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a50) Aux termes <strong>de</strong> cet édit, les<br />

habitants <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t se reposer « au jour<br />

vénérable du soleil », tandis que les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la<br />

campagne pouvai<strong>en</strong>t vaquer à leurs occupations<br />

ordinaires. Bi<strong>en</strong> que cet édit fût virtuellem<strong>en</strong>t<br />

paï<strong>en</strong>, il fut promulgué par Constantin après son<br />

adhésion au christianisme.<br />

Estimant sans doute que le décret impérial<br />

n'était pas suffisant pour suppléer à l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

tout ordre divin, l'évêque opportuniste <strong>de</strong> Césarée,<br />

grand ami et flatteur <strong>de</strong> l'empereur, prét<strong>en</strong>dit que<br />

1067


Jésus avait transféré le repos du sabbat au<br />

dimanche. Eusèbe reconnaît involontairem<strong>en</strong>t être<br />

incapable <strong>de</strong> produire un seul témoignage<br />

scripturaire <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la nouvelle institution et<br />

signale les auteurs réels du changem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

ajoutant : « Tout ce qui <strong>de</strong>vait se faire le jour du<br />

sabbat, nous l'avons transféré sur le jour du<br />

Seigneur. » (Eusèbe <strong>de</strong> Césarée, Comm<strong>en</strong>taire sur<br />

le Psaume 92 - Patralogie Migne, tome XXIII, col.<br />

1172. Petit Montrouge, Paris 1887.) L'argum<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

faveur du dimanche, quelque faible qu'il fût, servit<br />

néanmoins à <strong>en</strong>hardir les hommes à fouler aux<br />

pieds le sabbat <strong>de</strong> l'Éternel. Tous ceux qui<br />

désirai<strong>en</strong>t pactiser avec le mon<strong>de</strong> acceptèr<strong>en</strong>t la<br />

fête populaire.<br />

L'affermissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la papauté et l'exaltation<br />

du dimanche progress<strong>en</strong>t parallèlem<strong>en</strong>t. P<strong>en</strong>dant<br />

quelque temps, les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la campagne<br />

continuèr<strong>en</strong>t à s'occuper <strong>de</strong> leurs travaux <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> heures du culte, et le septième jour fut <strong>en</strong>core<br />

considéré comme le jour du repos. Mais,<br />

graduellem<strong>en</strong>t, un changem<strong>en</strong>t se produisit. On<br />

déf<strong>en</strong>dit aux magistrats le dimanche, <strong>de</strong> prononcer<br />

1068


aucun jugem<strong>en</strong>t sur <strong><strong>de</strong>s</strong> causes civiles. Bi<strong>en</strong>tôt les<br />

g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> toute catégorie reçur<strong>en</strong>t l'ordre <strong>de</strong><br />

s'abst<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> toute oeuvre servile, sous peine<br />

d'am<strong>en</strong><strong>de</strong> pour les hommes libres, et <strong>de</strong> la<br />

flagellation pour les serviteurs. Plus tard, les<br />

dispositions <strong>de</strong> la loi exigèr<strong>en</strong>t que les riches<br />

coupables abandonnass<strong>en</strong>t la moitié <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s<br />

et que, s'ils s'obstinai<strong>en</strong>t à transgresser le<br />

dimanche, ils fuss<strong>en</strong>t réduits <strong>en</strong> servitu<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> classes inférieures étai<strong>en</strong>t punis d'un exil<br />

perpétuel.<br />

On eut aussi recours aux miracles. On rapporte,<br />

<strong>en</strong>tre autres, qu'un fermier, qui se disposait un<br />

dimanche à aller labourer et qui nettoyait sa<br />

charrue avec un outil <strong>de</strong> fer, vit cet outil s'attacher à<br />

sa main et y rester p<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>ux ans, à sa gran<strong>de</strong><br />

douleur et à sa gran<strong>de</strong> honte. (Francis West,<br />

Historical and Practical Discourse on the Lord's<br />

Day, p. 147.)<br />

Plus tard, le pape ordonna aux curés <strong>de</strong> paroisse<br />

<strong>de</strong> répriman<strong>de</strong>r les transgresseurs du dimanche et<br />

<strong>de</strong> les inviter à aller faire leurs prières à l'église<br />

1069


sous peine <strong><strong>de</strong>s</strong> pires calamités pour eux et leurs<br />

voisins. Un syno<strong>de</strong> ecclésiastique avança<br />

l'argum<strong>en</strong>t, si souv<strong>en</strong>t employé <strong>de</strong>puis, même par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> protestants, d'après lequel <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s travaillant<br />

le dimanche avai<strong>en</strong>t été frappés par la foudre, ce<br />

qui prouvait que ce jour <strong>de</strong>vait être le jour du<br />

repos. « Cela montre avec évid<strong>en</strong>ce, disai<strong>en</strong>t les<br />

prélats, que gran<strong>de</strong> doit être la colère <strong>de</strong> Dieu<br />

contre ceux qui profan<strong>en</strong>t ce jour. » Un appel, fut<br />

<strong>en</strong>suite adressé aux prêtres, aux rois, aux princes et<br />

aux fidèles, les invitant à « faire tous leurs efforts<br />

pour que ce jour fût honoré comme il conv<strong>en</strong>ait et<br />

que pour le bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té, il fût plus<br />

religieusem<strong>en</strong>t observé à l'av<strong>en</strong>ir. » (Thomas<br />

Morer, Discourse in six Dialogues on the Name,<br />

Notion and Observation of the Lord's Day, p. 271 -<br />

éd. <strong>de</strong> 1701.)<br />

<strong>Le</strong>s décrets <strong><strong>de</strong>s</strong> conciles ne suffisant pas, on<br />

sollicita <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités civiles un édit propre à jeter<br />

la terreur dans les coeurs, et à contraindre tout le<br />

mon<strong>de</strong> à susp<strong>en</strong>dre ses occupations le dimanche.<br />

Dans un syno<strong>de</strong> t<strong>en</strong>u à Rome, toutes les<br />

dispositions précéd<strong>en</strong>tes fur<strong>en</strong>t réitérées avec plus<br />

1070


<strong>de</strong> force et <strong>de</strong> sol<strong>en</strong>nité, puis incorporées aux lois<br />

ecclésiastiques, et imposées par l'autorité civile<br />

dans presque toute l'ét<strong>en</strong>due <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té. (Voir<br />

Heylyn, History of the Sabbath, IIe partie, chap. V,<br />

sect. 7.)<br />

Néanmoins, l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> toute autorité<br />

scripturaire <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> ce jour constituait une<br />

lacune embarrassante. <strong>Le</strong>s fidèles contestai<strong>en</strong>t à<br />

leurs conducteurs le droit <strong>de</strong> rejeter, pour honorer<br />

le jour du soleil, cette déclaration positive <strong>de</strong><br />

Jéhovah : « <strong>Le</strong> septième jour est le jour du repos <strong>de</strong><br />

l'Éternel, ton Dieu. » D'autres expédi<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t<br />

nécessaires. Vers la fin du douzième siècle, un zélé<br />

propagateur du dimanche, visitant les églises<br />

d'Angleterre, r<strong>en</strong>contra <strong>de</strong> fidèles témoins <strong>de</strong> la<br />

vérité qui lui résistèr<strong>en</strong>t. Il eut si peu <strong>de</strong> succès<br />

dans la déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> sa thèse qu'il quitta le pays <strong>en</strong><br />

quête <strong>de</strong> meilleurs argum<strong>en</strong>ts. Ayant trouvé ce qu'il<br />

cherchait, il revint à la charge, et fut plus heureux.<br />

Il apportait avec lui un rouleau qu'il prét<strong>en</strong>dait être<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du directem<strong>en</strong>t du ciel, qui cont<strong>en</strong>ait le<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ordonnant l'observation du<br />

dimanche, accompagné <strong>de</strong> m<strong>en</strong>aces terrifiantes à<br />

1071


l'adresse <strong><strong>de</strong>s</strong> récalcitrants. Ce précieux docum<strong>en</strong>t –<br />

aussi faux que l'institution qu'il était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à<br />

établir – était, disait-on, tombé du ciel à Jérusalem,<br />

sur l'autel <strong>de</strong> Saint-Siméon à Golgotha. En réalité,<br />

il prov<strong>en</strong>ait <strong><strong>de</strong>s</strong> officines pontificales, à Rome, où<br />

la frau<strong>de</strong> et les faux ayant pour but la prospérité <strong>de</strong><br />

l'Église ont toujours été considérés comme<br />

légitimes.<br />

<strong>Le</strong>dit rouleau interdisait tout travail <strong>de</strong>puis la<br />

neuvième heure (trois heures <strong>de</strong> l'après-midi), le<br />

samedi, jusqu'au lundi au lever du soleil. Son<br />

autorité était, disait-on, attestée par plusieurs<br />

miracles. On racontait que <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes travaillant<br />

après les heures prescrites avai<strong>en</strong>t été frappées <strong>de</strong><br />

paralysie. Un meunier qui faisait moudre son grain<br />

avait vu sortir, au lieu <strong>de</strong> farine, un torr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sang,<br />

et la roue du moulin s'était arrêtée malgré la<br />

formidable pression <strong>de</strong> l'eau. Une femme qui avait<br />

mis sa pâte au four la ressortit sans qu'elle fût cuite,<br />

bi<strong>en</strong> que le four fût très chaud. Une autre femme,<br />

qui était sur le point d'<strong>en</strong>fourner son pain le samedi<br />

à la neuvième heure et qui avait décidé d'att<strong>en</strong>dre<br />

jusqu'au lundi, le trouva, le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main, cuit à point<br />

1072


par la puissance divine. Un homme qui avait fait<br />

cuire du pain après la neuvième heure le samedi,<br />

eut la surprise, quand il le coupa le matin suivant,<br />

d'<strong>en</strong> voir sortir un flot <strong>de</strong> sang. C'est par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

inv<strong>en</strong>tions et <strong><strong>de</strong>s</strong> absurdités <strong>de</strong> ce g<strong>en</strong>re que les<br />

partisans du dimanche s'évertuai<strong>en</strong>t à lui attribuer<br />

un caractère sacré. (Voir Roger <strong>de</strong> Hoved<strong>en</strong>,<br />

Annals, vol.II, p. 528-530 - éd. Bohn.)<br />

En Écosse et <strong>en</strong> Angleterre, on finit par obt<strong>en</strong>ir<br />

une gran<strong>de</strong> vénération pour le dimanche <strong>en</strong> lui<br />

adjoignant une partie <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> sabbat. Mais la<br />

durée du temps à sanctifier variait. Un édit du roi<br />

d'Écosse déclarait qu'il fallait considérer comme<br />

saint le samedi <strong>de</strong>puis midi, et que, « dès cette<br />

heure jusqu'au lundi matin, personne ne <strong>de</strong>vait<br />

s'occuper d'affaires séculières. » ( Morer,<br />

Dialogues on the Lord's Day, p. 290, 291.)<br />

En dépit <strong>de</strong> tous les efforts faits <strong>en</strong> vue d'établir<br />

la sainteté du dimanche, <strong><strong>de</strong>s</strong> papistes eux-mêmes<br />

reconnaissai<strong>en</strong>t publiquem<strong>en</strong>t la divine autorité du<br />

sabbat et l'origine humaine <strong>de</strong> l'institution qui<br />

l'avait supplanté. Une décision papale du seizième<br />

1073


siècle déclare expressém<strong>en</strong>t : « Tous les chréti<strong>en</strong>s<br />

doiv<strong>en</strong>t se souv<strong>en</strong>ir que le septième jour, consacré<br />

par Dieu, fut reconnu et observé non seulem<strong>en</strong>t par<br />

les Juifs, mais aussi par tous les autres prét<strong>en</strong>dus<br />

adorateurs <strong>de</strong> Dieu. Quant à nous, chréti<strong>en</strong>s, nous<br />

avons changé leur sabbat et lui avons substitué le<br />

jour du Seigneur. » (Id.,p. 281, 282.) Ceux qui<br />

frelatai<strong>en</strong>t ainsi la loi <strong>de</strong> Dieu et se mettai<strong>en</strong>t<br />

délibérém<strong>en</strong>t au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Son Auteur, n'ignorai<strong>en</strong>t<br />

pas la gravité <strong>de</strong> leur acte.<br />

On trouve un exemple frappant <strong>de</strong> la tactique<br />

<strong>de</strong> Rome à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> insoumis dans la longue et<br />

sanglante persécution dirigée contre les Vaudois,<br />

dont quelques-uns étai<strong>en</strong>t observateurs du sabbat.<br />

D'autres <strong>en</strong>durèr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances pour<br />

leur fidélité au quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

L'histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> églises d'Éthiopie est caractéristique.<br />

Au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres du Moy<strong>en</strong> Age, perdus <strong>de</strong> vue<br />

par le mon<strong>de</strong>, ces chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l'Afrique c<strong>en</strong>trale<br />

avai<strong>en</strong>t joui, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong><br />

servir Dieu selon leur foi. Mais Rome finit par les<br />

découvrir, et l'empereur d'Abyssinie, circonv<strong>en</strong>u,<br />

ne tarda pas à reconnaître le pape comme vicaire <strong>de</strong><br />

1074


Jésus-Christ. D'autres concessions suivir<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s chréti<strong>en</strong>s d'Éthiopie fur<strong>en</strong>t contraints, par<br />

un édit, d'abandonner le sabbat sous les peines les<br />

plus sévères. (Voir Church History of Ethiopia, p.<br />

311, 312.) Mais la domination papale <strong>de</strong>vint<br />

bi<strong>en</strong>tôt si insupportable que les Abyssins résolur<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> la secouer. Après une lutte acharnée, les<br />

romanistes fur<strong>en</strong>t bannis <strong>de</strong> l'empire, et l'anci<strong>en</strong>ne<br />

foi fut rétablie. Dès qu'elles eur<strong>en</strong>t retrouvé leur<br />

indép<strong>en</strong>dance, les églises africaines retournèr<strong>en</strong>t à<br />

l'observation du sabbat du quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. (Voir App<strong>en</strong>dice a51) Heureuses<br />

d'avoir recouvré leur liberté, elles n'oublièr<strong>en</strong>t<br />

jamais l'expéri<strong>en</strong>ce qu'elles avai<strong>en</strong>t faite <strong>de</strong> la<br />

frau<strong>de</strong>, du fanatisme et du <strong><strong>de</strong>s</strong>potisme <strong>de</strong> la<br />

puissance romaine. Elles ne <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t pas<br />

mieux, dans leur royaume solitaire, que <strong>de</strong> rester<br />

ignorées du reste <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té.<br />

Ces récits du passé révèl<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t<br />

l'inimitié <strong>de</strong> Rome à l'égard du vrai sabbat et <strong>de</strong> ses<br />

déf<strong>en</strong>seurs, et les moy<strong>en</strong>s qu'elle emploie pour<br />

honorer l'institution qu'elle a créée. <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong><br />

1075


Dieu nous <strong>en</strong>seigne que ces scènes se répéteront<br />

lorsque catholiques romains et protestants<br />

s'allieront pour exalter le dimanche.<br />

<strong>La</strong> prophétie du treizième chapitre <strong>de</strong><br />

l'Apocalypse déclare que l'autorité représ<strong>en</strong>tée par<br />

la bête aux cornes d'agneau obligera « la terre et<br />

ses habitants » à adorer la puissance du pape,<br />

symbolisée ici par la bête « semblable à un léopard<br />

». <strong>La</strong> bête à <strong>de</strong>ux cornes doit aussi ordonner « aux<br />

habitants <strong>de</strong> la terre <strong>de</strong> faire une image à la<br />

[première] bête ». Elle ira même jusqu'à <strong>en</strong>traîner<br />

tous les hommes, « petits et grands, riches et<br />

pauvres, libres et esclaves », à pr<strong>en</strong>dre « la marque<br />

<strong>de</strong> la bête » ( Apocalypse 13.11-16 ). On a vu que<br />

la bête aux cornes d'agneau symbolise les États-<br />

Unis, et que cette prophétie sera accomplie quand<br />

ce pays imposera l'observation du dimanche,<br />

réclamée par Rome comme la marque <strong>de</strong> sa<br />

suprématie. Mais les États-Unis ne seront pas seuls<br />

à r<strong>en</strong>dre cet hommage à la papauté. L'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

cette <strong>de</strong>rnière est loin d'avoir <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t disparu<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pays ou elle exerçait autrefois son autorité. Et<br />

la prophétie annonce la restauration <strong>de</strong> son<br />

1076


pouvoir. « Je vis l'une <strong>de</strong> ses têtes comme blessée à<br />

mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute<br />

la terre était dans l'admiration <strong>de</strong>rrière la bête. » (<br />

Apocalypse 13.3 ) <strong>La</strong> blessure mortelle désigne la<br />

chute du pouvoir papal <strong>en</strong> 1798. Mais, dit le<br />

prophète, « sa blessure mortelle fut guérie. Et toute<br />

la terre était dans l'admiration <strong>de</strong>rrière la bête. »<br />

Paul dit positivem<strong>en</strong>t que l'homme <strong>de</strong> péché<br />

subsistera jusqu'au retour du Seigneur ( 2<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 2.8 ). Il persistera dans son oeuvre<br />

<strong>de</strong> séduction jusqu'à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps. <strong>Le</strong> voyant<br />

ajoute, <strong>en</strong> effet : « Tous les habitants <strong>de</strong> la terre<br />

l'adoreront, ceux dont le nom n'a pas été écrit...<br />

dans le livre <strong>de</strong> vie. ( Apocalypse 13.8 ) Dans<br />

l'Anci<strong>en</strong> comme dans le Nouveau Mon<strong>de</strong>,<br />

l'observation du dimanche, qui repose uniquem<strong>en</strong>t<br />

sur l'autorité <strong>de</strong> l'Église romaine, constituera un<br />

hommage r<strong>en</strong>du au pape.<br />

Depuis plus d'un <strong>de</strong>mi-siècle, ceux qui, aux<br />

États-Unis, s'adonn<strong>en</strong>t à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la prophétie,<br />

prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong> ce témoignage. <strong>Le</strong>s<br />

événem<strong>en</strong>ts qui se déroul<strong>en</strong>t sous nos yeux<br />

accompliss<strong>en</strong>t rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t cette prophétie. Dans les<br />

1077


pays protestants, les conducteurs religieux<br />

affirm<strong>en</strong>t la divine origine du dimanche sans plus<br />

<strong>de</strong> preuves que les chefs <strong>de</strong> la hiérarchie romaine<br />

quand ils imaginai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> prét<strong>en</strong>dus miracles pour<br />

remplacer le comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra<br />

répéter – on comm<strong>en</strong>ce déjà à le faire – que les<br />

jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu frapp<strong>en</strong>t les hommes qui viol<strong>en</strong>t<br />

le dimanche. <strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t qui vise à imposer<br />

l'observation du dimanche par la loi s'ét<strong>en</strong>d<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

L'habileté et la subtilité <strong>de</strong> l'Église <strong>de</strong> Rome<br />

ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du prodige. Elle a le don <strong>de</strong> lire l'av<strong>en</strong>ir.<br />

En voyant les églises protestantes lui r<strong>en</strong>dre<br />

hommage <strong>en</strong> acceptant son jour <strong>de</strong> repos et se<br />

préparer à l'imposer par les moy<strong>en</strong>s dont elle a usé<br />

elle-même il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, elle peut<br />

tranquillem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dre son heure. On verra <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

g<strong>en</strong>s qui rejett<strong>en</strong>t la lumière <strong>de</strong> la vérité s'adresser à<br />

cette puissance soi-disant infaillible pour sout<strong>en</strong>ir<br />

une institution qu'elle a elle-même établie. Il est<br />

facile <strong>de</strong> concevoir l'empressem<strong>en</strong>t avec lequel, à<br />

cet égard, elle donnera son concours aux<br />

protestants. Qui, mieux que les chefs <strong>de</strong> la<br />

1078


hiérarchie, sait comm<strong>en</strong>t traiter ceux qui sont<br />

rebelles aux décrets <strong>de</strong> l'Église?<br />

Avec ses ramifications <strong>en</strong>veloppant toute la<br />

terre, l'Église catholique romaine forme une vaste<br />

organisation <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à servir les intérêts du siège<br />

pontifical qui <strong>en</strong> a la direction suprême. Dans tous<br />

les pays du globe, ses millions <strong>de</strong> communiants<br />

reçoiv<strong>en</strong>t l'ordre <strong>de</strong> se considérer comme <strong>de</strong>vant<br />

obéissance au pape. Quels que soi<strong>en</strong>t leur<br />

nationalité ou le gouvernem<strong>en</strong>t dont ils relèv<strong>en</strong>t,<br />

l'autorité du pape doit, pour eux, primer toutes les<br />

autres. Ils peuv<strong>en</strong>t prêter serm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fidélité à<br />

l'État, mais <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> conflit, leur serm<strong>en</strong>t à l'égard<br />

<strong>de</strong> Rome les disp<strong>en</strong>se <strong>de</strong> tout <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

L'histoire raconte avec quelle persévérance la<br />

papauté a cherché à s'ingérer dans les affaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nations, et comm<strong>en</strong>t, une fois dans la place, elle s'y<br />

est occupée <strong>de</strong> ses intérêts, sans se laisser arrêter<br />

par la ruine <strong><strong>de</strong>s</strong> princes et <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples. En l'an<br />

1204, le pape Innoc<strong>en</strong>t III obtint <strong>de</strong> Pierre II, roi<br />

d'Aragon, le serm<strong>en</strong>t extraordinaire que voici : «<br />

Moi, Pierre, roi d'Aragon, je promets d'être<br />

1079


toujours fidèle et obéissant à mon seigneur, le pape<br />

Innoc<strong>en</strong>t, à ses successeurs catholiques et à l'Église<br />

romaine, ainsi que <strong>de</strong> veiller à ce que mon royaume<br />

lui <strong>de</strong>meure soumis. Je souti<strong>en</strong>drai la foi catholique<br />

et persécuterai la peste <strong>de</strong> l'hérésie. » ( J. Dowling,<br />

History of Romanism, liv. V, chap. VI, sect. 55.)<br />

Cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t est conforme aux prét<strong>en</strong>tions du<br />

pontife romain, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne le<br />

droit <strong>de</strong> « déposer les empereurs » et <strong>de</strong> « délier les<br />

sujets <strong>de</strong> leur serm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fidélité <strong>en</strong>vers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souverains injustes. » (Mosheim, Ecclesiastical<br />

History, liv. III, XIe siécle, 2e par., chap. II, sect. 9,<br />

note 8. Voir aussi App<strong>en</strong>dice a52)<br />

Il est bon <strong>de</strong> se souv<strong>en</strong>ir que Rome se glorifie<br />

<strong>de</strong> ne jamais changer. <strong>Le</strong>s principes <strong>de</strong> Grégoire<br />

VII et d'Innoc<strong>en</strong>t III sont <strong>en</strong>core aujourd'hui ceux<br />

<strong>de</strong> l'Église. Si elle <strong>en</strong> avait le pouvoir, elle les<br />

appliquerait avec autant <strong>de</strong> rigueur que dans les<br />

siècles passés. <strong>Le</strong>s protestants ne se dout<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong><br />

ce qu'ils font quand ils accept<strong>en</strong>t le concours <strong>de</strong><br />

Rome pour assurer l'observation du dimanche.<br />

P<strong>en</strong>dant que ces <strong>de</strong>rniers ne song<strong>en</strong>t qu'à atteindre<br />

leur but, Rome, elle, ne vise à ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> moins qu'à<br />

1080


econquérir sa suprématie perdue. Si les États-Unis<br />

adopt<strong>en</strong>t le principe <strong>en</strong> vertu duquel l'Église peut<br />

disposer du pouvoir <strong>de</strong> l'État, faire inscrire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observances religieuses dans la loi civile, <strong>en</strong> un<br />

mot, donner à l'Église et à l'État le droit <strong>de</strong> dominer<br />

les consci<strong>en</strong>ces, alors le triomphe <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong> ce<br />

pays sera assuré.<br />

<strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu nous met <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> contre<br />

l'immin<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce danger. Si le mon<strong>de</strong> protestant<br />

fait la sour<strong>de</strong> oreille à cet avertissem<strong>en</strong>t, il ne<br />

tar<strong>de</strong>ra pas à savoir quelles sont les visées <strong>de</strong> la<br />

papauté; mais alors il sera trop tard, hélas! pour<br />

échapper au piège. L'Église romaine monte<br />

sil<strong>en</strong>cieusem<strong>en</strong>t vers le pouvoir. Ses doctrines font<br />

leur chemin dans les chambres législatives, dans<br />

les églises et dans les coeurs. Elle érige les<br />

constructions massives et altières <strong>de</strong> ses édifices,<br />

dont les caveaux souterrains verront r<strong>en</strong>aître le<br />

cours <strong>de</strong> ses persécutions. Sournoisem<strong>en</strong>t,<br />

mystérieusem<strong>en</strong>t, elle prépare ses armes pour<br />

frapper quand le mom<strong>en</strong>t sera v<strong>en</strong>u. Tout ce qu'elle<br />

désire, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions favorables, et déjà on<br />

lui <strong>en</strong> offre. Nous verrons et nous s<strong>en</strong>tirons bi<strong>en</strong>tôt<br />

1081


quelles sont les fins <strong>de</strong> la curie romaine. Quiconque<br />

croira et obéira à la Parole <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong>courra <strong>de</strong> ce<br />

chef l'opprobre et la persécution.<br />

1082


Chapitre 36<br />

L’immin<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la lutte<br />

Dès l'origine du conflit dans le ciel, le but<br />

constant <strong>de</strong> Satan a été d'abolir la loi <strong>de</strong> Dieu. C'est<br />

dans cette int<strong>en</strong>tion qu'il a levé l'ét<strong>en</strong>dard <strong>de</strong> la<br />

révolte contre le Créateur et que, chassé du ciel, il a<br />

transporté et continue infatigablem<strong>en</strong>t cette lutte<br />

sur la terre. Séduire les hommes et les pousser à la<br />

transgression <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu, tel est l'objet<br />

invariable <strong>de</strong> son activité. Qu'il atteigne son but <strong>en</strong><br />

faisant rejeter la loi <strong>en</strong>tière, ou <strong>en</strong> <strong>en</strong> faisant<br />

répudier un précepte seulem<strong>en</strong>t, les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

finales sont les mêmes. Celui qui « pèche contre un<br />

seul comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t » témoigne <strong>de</strong> son mépris<br />

pour toute la loi; il « <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t coupable <strong>de</strong> tous » (<br />

Jacques 2.10 ).<br />

Afin <strong>de</strong> jeter l'opprobre sur les divins statuts,<br />

l'<strong>en</strong>nemi a perverti la doctrine <strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong> telle<br />

sorte que <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs se sont introduites dans les<br />

croyances <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> personnes qui profess<strong>en</strong>t<br />

1083


la foi aux saintes Écritures. <strong>Le</strong> grand conflit final<br />

<strong>en</strong>tre la vérité et l'erreur est le <strong>de</strong>rnier épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

guerre séculaire contre la loi <strong>de</strong> Dieu. Cette bataille<br />

s'<strong>en</strong>gage actuellem<strong>en</strong>t. Elle met aux prises les lois<br />

humaines et les préceptes <strong>de</strong> Jéhovah, la religion<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures et celle <strong>de</strong> la fable et <strong>de</strong> la tradition.<br />

<strong>Le</strong>s forces qui s'uniront contre la vérité et la<br />

justice sont maint<strong>en</strong>ant activem<strong>en</strong>t à l'oeuvre. <strong>La</strong><br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, qui nous est parv<strong>en</strong>ue au prix <strong>de</strong><br />

tant <strong>de</strong> souffrances et <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> sang, est loin d'être<br />

appréciée à sa juste valeur. Elle est à la portée <strong>de</strong><br />

tous, mais peu l'accept<strong>en</strong>t comme le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur<br />

vie. L'incrédulité fait <strong><strong>de</strong>s</strong> progrès alarmants non<br />

seulem<strong>en</strong>t dans le mon<strong>de</strong>, mais aussi dans l'Église.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> ses membres <strong>en</strong> sont v<strong>en</strong>us à rejeter<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la foi chréti<strong>en</strong>ne. <strong>Le</strong>s grands<br />

faits <strong>de</strong> la création, tels que les écrivains sacrés les<br />

prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, la chute <strong>de</strong> l'homme, l'expiation, la<br />

perman<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu sont, <strong>en</strong> totalité ou <strong>en</strong><br />

partie, repoussés par une portion considérable du<br />

mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>. Des milliers <strong>de</strong> personnes, qui se<br />

vant<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur sagesse et <strong>de</strong> leur indép<strong>en</strong>dance,<br />

considèr<strong>en</strong>t la confiance implicite aux Livres saints<br />

1084


comme un signe <strong>de</strong> faiblesse. Ergoter sur les<br />

Écritures et <strong>en</strong> effacer les vérités les plus<br />

importantes à force <strong>de</strong> les spiritualiser leur semble<br />

une marque <strong>de</strong> supériorité sci<strong>en</strong>tifique. Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prédicateurs <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t à leurs ouailles, et bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maîtres à leurs élèves, que la loi <strong>de</strong> Dieu a été<br />

modifiée ou abrogée, et que ceux qui croi<strong>en</strong>t qu'elle<br />

est <strong>en</strong>core <strong>en</strong> vigueur et doit être littéralem<strong>en</strong>t<br />

obéie, ne mérit<strong>en</strong>t que le ridicule ou le mépris.<br />

En repoussant la vérité, l'homme r<strong>en</strong>ie son<br />

Auteur. En foulant aux pieds les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> Dieu, il rejette l'autorité du Législateur. Il est<br />

aussi facile <strong>de</strong> transformer <strong>en</strong> idole une doctrine<br />

erronée et une fausse théologie que du bois ou <strong>de</strong> la<br />

pierre. Pour éloigner les hommes <strong>de</strong> Dieu Satan <strong>en</strong><br />

caricature les attributs. Telle idole philosophique<br />

intronisée à la place <strong>de</strong> Jéhovah réunit beaucoup <strong>de</strong><br />

fidèles, tandis que le Dieu vivant, tel qu'il est<br />

révélé dans sa Parole, <strong>en</strong> Jésus-Christ et dans les<br />

oeuvres <strong>de</strong> la création, n'a que peu d'adorateurs.<br />

Des milliers déifi<strong>en</strong>t la nature et r<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t le Maître<br />

<strong>de</strong> la nature. L'idolâtrie règne tout aussi<br />

certainem<strong>en</strong>t dans le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne qu'<strong>en</strong> Israël<br />

1085


aux jours d'Élie, bi<strong>en</strong> que sous une forme<br />

différ<strong>en</strong>te. <strong>Le</strong> dieu <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> sages <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong> bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes, poètes et journalistes; le<br />

dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> cercles mondains, <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> collèges<br />

et d'universités, et même <strong>de</strong> certaines institutions<br />

théologiques, ne vaut guère mieux que Baal, le<br />

dieu-soleil <strong><strong>de</strong>s</strong> Phénici<strong>en</strong>s.<br />

Aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs adoptées par le mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong> ne porte un coup plus direct à l'autorité du<br />

ciel, aucune n'est plus subversive <strong>de</strong> la saine raison,<br />

aucune n'est plus pernicieuse dans ses<br />

conséqu<strong>en</strong>ces que la doctrine mo<strong>de</strong>rne, si<br />

<strong>en</strong>vahissante aujourd'hui, selon laquelle la loi <strong>de</strong><br />

Dieu ne serait plus <strong>en</strong> vigueur. Toute nation a ses<br />

lois exigeant respect et obéissance; aucun<br />

gouvernem<strong>en</strong>t n'est possible sans elles. Et l'on<br />

voudrait que le Créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux et <strong>de</strong> la terre<br />

n'ait pas donné <strong>de</strong> loi à ses créatures? Supposons<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs émin<strong>en</strong>ts se mett<strong>en</strong>t à<br />

<strong>en</strong>seigner que les statuts qui gouvern<strong>en</strong>t leur pays<br />

et protég<strong>en</strong>t les droits <strong><strong>de</strong>s</strong> particuliers ne sont plus<br />

obligatoires, qu'ils m<strong>en</strong>ac<strong>en</strong>t les libertés <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

citoy<strong>en</strong>s, et qu'il faut par conséqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> secouer le<br />

1086


joug. Combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> temps tolérerait-on <strong>de</strong> tels<br />

hommes dans les chaires du pays? Or où est le plus<br />

grand mal? Méconnaître les lois <strong>de</strong> l'État et <strong>de</strong> la<br />

nation, ou r<strong>en</strong>ier les préceptes divins qui sont à la<br />

base <strong>de</strong> tout gouvernem<strong>en</strong>t?<br />

<strong>Le</strong>s nations aurai<strong>en</strong>t beaucoup plus <strong>de</strong> raisons<br />

<strong>de</strong> supprimer toutes leurs lois, et <strong>de</strong> permettre à<br />

chacun d'agir à sa guise, que le Souverain <strong>de</strong><br />

l'univers n'<strong>en</strong> aurait d'abolir la Si<strong>en</strong>ne et <strong>de</strong> laisser<br />

Ses créatures sans règle condamnant le coupable et<br />

justifiant l'innoc<strong>en</strong>t. Veut-on savoir quelles<br />

conséqu<strong>en</strong>ces découlerai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'abolition <strong>de</strong> la loi<br />

<strong>de</strong> Dieu? L'expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> a été faite. Qu'on songe<br />

aux scènes terribles qui ont marqué le triomphe <strong>de</strong><br />

l'athéisme <strong>en</strong> France. On a vu alors qu'on ne<br />

s'affranchit <strong><strong>de</strong>s</strong> restrictions divines que pour subir<br />

la plus cruelle <strong><strong>de</strong>s</strong> tyrannies. Dès que l'on écarte la<br />

règle <strong>de</strong> la justice, on invite le prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres à<br />

établir son empire sur la terre.<br />

Là où les divins préceptes sont rejetés, le péché<br />

cesse <strong>de</strong> paraître haïssable, et la justice <strong>de</strong> sembler<br />

désirable. Ceux qui r<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

1087


Dieu se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t impropres à se gouverner euxmêmes.<br />

<strong>Le</strong>urs pernicieux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts font<br />

pénétrer dans le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants et <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes<br />

g<strong>en</strong>s, peu dociles, <strong>de</strong> nature, un esprit<br />

d'insubordination; l'anarchie et le libertinage<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors pied dans la société. Tout <strong>en</strong> se<br />

moquant <strong>de</strong> la crédulité <strong>de</strong> ceux qui observ<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu, les foules accept<strong>en</strong>t avec<br />

empressem<strong>en</strong>t les séductions <strong>de</strong> Satan. Elles se<br />

laiss<strong>en</strong>t dominer par la chair et se livr<strong>en</strong>t aux<br />

péchés qui ont attiré les jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu sur les<br />

paï<strong>en</strong>s.<br />

Ceux qui mésestim<strong>en</strong>t et raval<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu sèm<strong>en</strong>t et moissonneront<br />

la désobéissance. Que disparaisse <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t la<br />

crainte inspirée par la loi divine, et bi<strong>en</strong>tôt les lois<br />

humaines ne seront plus respectées. Parce que le<br />

décalogue interdit les pratiques déshonnêtes, la<br />

convoitise du bi<strong>en</strong> d'autrui, le m<strong>en</strong>songe et la<br />

frau<strong>de</strong>, on ne craint pas <strong>de</strong> le fouler aux pieds sous<br />

prétexte qu'il <strong>en</strong>trave la prospérité matérielle; mais<br />

les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> sa suppression serai<strong>en</strong>t plus<br />

redoutables qu'on ne le suppose. Si la loi n'était<br />

1088


plus <strong>en</strong> vigueur, pourquoi se gênerait-on <strong>de</strong> la<br />

transgresser? Ri<strong>en</strong> ne serait plus <strong>en</strong> sûreté. On<br />

dépouillerait son prochain, et le plus fort serait le<br />

plus riche. <strong>La</strong> vie elle-même ne serait plus<br />

respectée. <strong>Le</strong>s voeux sacrés du mariage ne<br />

protégerai<strong>en</strong>t plus la famille. Celui qui <strong>en</strong> aurait le<br />

pouvoir <strong>en</strong>lèverait - si tel était son bon plaisir - la<br />

femme <strong>de</strong> son prochain. <strong>Le</strong> cinquième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t subirait le même sort que le<br />

quatrième, et les <strong>en</strong>fants n'hé<strong>site</strong>rai<strong>en</strong>t pas à<br />

att<strong>en</strong>ter aux jours <strong>de</strong> leurs par<strong>en</strong>ts, si ce crime leur<br />

permettait <strong>de</strong> réaliser leurs désirs pervertis. <strong>Le</strong><br />

mon<strong>de</strong> civilisé serait changé <strong>en</strong> une hor<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

voleurs et d'assassins; la paix, le repos et le<br />

bonheur serai<strong>en</strong>t bannis <strong>de</strong> la terre.<br />

Déjà la doctrine <strong>en</strong>seignant que l'homme est<br />

disp<strong>en</strong>sé d'obéir aux comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu a<br />

oblitéré le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'obligation morale et<br />

décl<strong>en</strong>ché sur le mon<strong>de</strong> un déluge d'iniquités.<br />

L'anarchie, la dissipation, le dérèglem<strong>en</strong>t déferl<strong>en</strong>t<br />

sur nous comme un raz <strong>de</strong> marée dévastateur. Satan<br />

est à l'oeuvre dans la famille. Sa bannière flotte<br />

jusque sur les foyers soi-disant chréti<strong>en</strong>s. On y<br />

1089


trouve l'<strong>en</strong>vie, la suspicion, l'hypocrisie, les<br />

contestations, les inimitiés, les querelles, la<br />

trahison <strong><strong>de</strong>s</strong> affections, la s<strong>en</strong>sualité. Tout le<br />

système <strong><strong>de</strong>s</strong> principes religieux, qui <strong>de</strong>vrait servir<br />

<strong>de</strong> base et <strong>de</strong> cadre à l'édifice social, ressemble à<br />

une masse chancelante, prête à s'effondrer. <strong>Le</strong>s plus<br />

vils criminels, au fond <strong>de</strong> leur prison, sont souv<strong>en</strong>t<br />

comblés <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ts et d'att<strong>en</strong>tions, comme s'ils<br />

s'étai<strong>en</strong>t distingués par un acte méritoire. <strong>Le</strong>ur<br />

personne et leurs méfaits sont l'objet d'une large<br />

publicité. <strong>La</strong> presse raconte les crimes les plus<br />

révoltants avec une abondance <strong>de</strong> détails <strong>de</strong> nature<br />

à populariser la pratique <strong>de</strong> la frau<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'effraction<br />

et du meurtre. L'<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour le vice,<br />

l'insouciance dans le meurtre, les progrès alarmants<br />

<strong>de</strong> l'intempérance et <strong>de</strong> l'anarchie sous toutes leurs<br />

formes <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t pousser les croyants à se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qui pourrait être fait pour <strong>en</strong>rayer la<br />

marée montante <strong>de</strong> l'iniquité.<br />

<strong>Le</strong>s tribunaux sont corrompus. <strong>Le</strong> mobile <strong>de</strong><br />

bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> magistrats est le lucre ou la luxure. <strong>Le</strong>s<br />

facultés <strong>de</strong> beaucoup d'<strong>en</strong>tre eux sont à tel point<br />

émoussées par l'intempérance que Satan a sur eux<br />

1090


un empire presque absolu. <strong>Le</strong>s juristes sont<br />

pervertis, achetés ou aveuglés. L'ivrognerie, les<br />

orgies, la colère, l'<strong>en</strong>vie, l'improbité sous toutes ses<br />

formes, ne sont pas rares chez ceux qui sont<br />

chargés d'appliquer les lois. « <strong>La</strong> délivrance s'est<br />

retirée, et le salut se ti<strong>en</strong>t éloigné; car la vérité<br />

trébuche sur la place publique, et la droiture ne<br />

peut approcher. » ( Ésaïe 59.14 )<br />

L'iniquité et les ténèbres spirituelles qui<br />

régnai<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong> la suprématie papale étai<strong>en</strong>t les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces inévitables <strong>de</strong> la suppression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures. Mais où trouver la cause <strong>de</strong> l'incrédulité<br />

générale, <strong>de</strong> la réjection <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> la<br />

corruption qui <strong>en</strong> découle sous la lumière<br />

évangélique d'un siècle <strong>de</strong> liberté religieuse?<br />

Maint<strong>en</strong>ant que Satan ne peut plus t<strong>en</strong>ir le mon<strong>de</strong><br />

sous son empire <strong>en</strong> lui retirant la Bible, il recourt à<br />

une autre tactique. Ébranler la foi <strong>en</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu fait tout aussi bi<strong>en</strong> son affaire que <strong>de</strong> la<br />

supprimer. Il réussit aussi bi<strong>en</strong> à faire transgresser<br />

les préceptes du décalogue quand les hommes<br />

croi<strong>en</strong>t qu'ils ne sont plus obligatoires que<br />

lorsqu'ils les ignor<strong>en</strong>t. Aussi, aujourd'hui, comme<br />

1091


par le passé, c'est par l'Église qu'il opère. <strong>Le</strong>s<br />

organisations religieuses actuelles, refusant <strong>de</strong><br />

prêter l'oreille aux vérités impopulaires <strong>de</strong><br />

l'Écriture sainte, ont eu recours, pour les combattre,<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations qui ont jeté au près et au loin<br />

les sem<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l'incrédulité et du scepticisme. En<br />

se cramponnant à l'erreur papale <strong>de</strong> l'immortalité<br />

naturelle <strong>de</strong> l'âme et <strong>de</strong> l'état consci<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> morts,<br />

elles ont rejeté l'unique barrière qui les préservait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> séductions du spiritisme. <strong>La</strong> doctrine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peines éternelles a jeté le discrédit sur les Écritures.<br />

Et lorsque la question du quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t est agitée et révèle l'obligation<br />

d'observer le septième jour, nombre <strong>de</strong> prédicateurs<br />

populaires ne voi<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> mieux, pour se défaire<br />

d'un <strong>de</strong>voir désagréable, que <strong>de</strong> déclarer la loi<br />

abolie. Quand la réforme du jour du repos et le<br />

retour au quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t se<br />

propageront, la réjection <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra quasi<br />

universelle. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong> conducteurs<br />

religieux ont ouvert la porte à l'incrédulité, au<br />

spiritisme et au mépris <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu; c'est sur<br />

eux que repose la responsabilité <strong>de</strong> l'iniquité qui<br />

règne dans la chréti<strong>en</strong>té.<br />

1092


Loin d'<strong>en</strong> conv<strong>en</strong>ir, ces conducteurs prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

que la dégradation morale contemporaine est <strong>en</strong><br />

gran<strong>de</strong> partie attribuable à la profanation du<br />

dimanche, et que l'imposition légale <strong>de</strong> son<br />

observation relèverait notablem<strong>en</strong>t le niveau moral<br />

<strong>de</strong> la société. Cette prét<strong>en</strong>tion est surtout avancée<br />

<strong>en</strong> Amérique, là où la doctrine du vrai jour <strong>de</strong> repos<br />

a été le plus largem<strong>en</strong>t diffusée. Dans ce pays, où<br />

l'oeuvre <strong>de</strong> la tempérance, l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> réformes<br />

morales les plus importantes, s'allie souv<strong>en</strong>t au<br />

mouvem<strong>en</strong>t dominical, les propagateurs <strong>de</strong> ce<br />

projet se flatt<strong>en</strong>t <strong>de</strong> servir les plus graves intérêts<br />

<strong>de</strong> la société et dénonc<strong>en</strong>t ceux qui leur refus<strong>en</strong>t<br />

leur concours comme <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la tempérance et<br />

<strong>de</strong> la réforme. Mais le fait qu'un mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

faveur d'une erreur se trouve lié à une oeuvre<br />

bonne <strong>en</strong> elle-même n'est pas un argum<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

faveur <strong>de</strong> l'erreur. Dissimulé dans un alim<strong>en</strong>t sain,<br />

un poison ne change pas <strong>de</strong> nature. Il n'<strong>en</strong> <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t<br />

au contraire que plus dangereux. <strong>La</strong> tactique <strong>de</strong><br />

Satan consiste précisém<strong>en</strong>t à mélanger à l'erreur<br />

assez <strong>de</strong> vérité pour la r<strong>en</strong>dre plausible. <strong>Le</strong>s<br />

animateurs du mouvem<strong>en</strong>t dominical peuv<strong>en</strong>t se<br />

1093


éclamer <strong>de</strong> réformes nécessaires, basées sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

principes scripturaires; mais tant qu'ils associ<strong>en</strong>t à<br />

leur activité <strong><strong>de</strong>s</strong> élém<strong>en</strong>ts contraires à la loi divine,<br />

les serviteurs <strong>de</strong> Dieu ne peuv<strong>en</strong>t se joindre à eux.<br />

Ri<strong>en</strong> ne peut justifier la substitution <strong>de</strong> préceptes<br />

humains aux comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu.<br />

Deux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs : l'immortalité <strong>de</strong> l'âme et<br />

la sainteté du dimanche vont être les moy<strong>en</strong>s par<br />

lesquels Satan fera tomber le mon<strong>de</strong> dans ses<br />

pièges. Tandis que la première jette les bases du<br />

spiritisme, la secon<strong>de</strong> établit un li<strong>en</strong> <strong>de</strong> sympathie<br />

avec Rome. <strong>Le</strong>s protestants <strong><strong>de</strong>s</strong> États-Unis seront<br />

les premiers à t<strong>en</strong>dre, par-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus le précipice, la<br />

main au spiritisme, puis à la puissance romaine.<br />

Sous l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cette triple union, les États-<br />

Unis, marchant sur les pas <strong>de</strong> Rome, fouleront aux<br />

pieds les droits <strong>de</strong> la consci<strong>en</strong>ce.<br />

En se rapprochant du christianisme populaire,<br />

le spiritisme augm<strong>en</strong>te ses chances <strong>de</strong> captiver les<br />

âmes. Satan lui-même, s'adaptant aux réalités<br />

prés<strong>en</strong>tes, apparaîtra comme un ange <strong>de</strong> lumière.<br />

<strong>Le</strong> spiritisme fera <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles; il guérira <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1094


mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et accomplira <strong><strong>de</strong>s</strong> prodiges incontestables.<br />

<strong>Le</strong>s esprits professeront la foi aux Écritures et se<br />

montreront respectueux <strong>en</strong>vers les Institutions <strong>de</strong><br />

l'Église. En conséqu<strong>en</strong>ce, leur oeuvre sera<br />

reconnue comme une manifestation <strong>de</strong> la puissance<br />

<strong>de</strong> Dieu.<br />

Il est difficile maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> distinguer la<br />

différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les soi-disant chréti<strong>en</strong>s et les<br />

impies. Amateurs <strong>de</strong> plaisirs, les membres <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

églises sont prêts à s'unir au mon<strong>de</strong>. Aussi Satan<br />

est-il déterminé à les <strong>en</strong>glober <strong>en</strong> un seul corps. À<br />

cet effet, il les pousse dans les rangs du spiritisme.<br />

<strong>Le</strong>s fidèles du pape, qui considèr<strong>en</strong>t les miracles<br />

comme un signe caractéristique <strong>de</strong> la véritable<br />

Église, tomberont facilem<strong>en</strong>t dans les filets <strong>de</strong> ce<br />

pouvoir miraculeux, et les protestants, ayant<br />

abandonné le bouclier <strong>de</strong> la vérité, seront<br />

égalem<strong>en</strong>t séduits. Romanistes, protestants et<br />

mondains montreront le même empressem<strong>en</strong>t à<br />

accepter les formes d'une piété factice, et verront<br />

dans cette union un pas décisif vers la conversion<br />

du mon<strong>de</strong> et l'aurore d'un millénium si longtemps<br />

att<strong>en</strong>du.<br />

1095


Par le spiritisme, Satan apparaît comme le<br />

bi<strong>en</strong>faiteur <strong>de</strong> l'humanité : il guérit les mala<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

prét<strong>en</strong>d doter le mon<strong>de</strong> d'un système religieux<br />

supérieur. En même temps, il agit <strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur.<br />

Ses t<strong>en</strong>tations <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> à la ruine<br />

par l'intempérance, détrôn<strong>en</strong>t la raison par la<br />

s<strong>en</strong>sualité, puis par les querelles et le crime. Il fait<br />

ses délices <strong>de</strong> la guerre qui excite les pires<br />

passions, puis il précipite dans l'éternité ses<br />

victimes ivres <strong>de</strong> vices et <strong>de</strong> sang. Il incite les<br />

nations à la guerre afin d'empêcher les hommes <strong>de</strong><br />

se préparer à subsister au jour <strong>de</strong> Dieu.<br />

Pour compléter sa moisson d'âmes non<br />

préparées à mourir, le t<strong>en</strong>tateur se sert aussi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

élém<strong>en</strong>ts. Il a étudié les secrets <strong><strong>de</strong>s</strong> laboratoires <strong>de</strong><br />

la nature et, dans la mesure où Dieu le lui permet, il<br />

use <strong>de</strong> tout son pouvoir pour diriger les élém<strong>en</strong>ts.<br />

Quand Dieu l'autorisa à frapper Job, il fut capable<br />

<strong>de</strong> faire tomber <strong>en</strong> succession rapi<strong>de</strong> sur le<br />

patriarche <strong><strong>de</strong>s</strong> calamités qui emportèr<strong>en</strong>t ses<br />

troupeaux, ses serviteurs, ses maisons et ses<br />

<strong>en</strong>fants. C'est Dieu qui protège les si<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la<br />

1096


puissance du <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur. Mais le mon<strong>de</strong> chréti<strong>en</strong><br />

n'ayant montré que du mépris pour Sa loi, Jéhovah<br />

agira conformém<strong>en</strong>t à Sa Parole : Il privera la terre<br />

<strong>de</strong> ses bénédictions et retirera sa protection à ceux<br />

qui se révolt<strong>en</strong>t contre lui et forc<strong>en</strong>t leurs<br />

semblables à faire <strong>de</strong> même. Satan domine sur tous<br />

ceux que l'Éternel ne gar<strong>de</strong> pas d'une façon<br />

spéciale. Dans l'intérêt <strong>de</strong> sa cause, il <strong>en</strong> fera<br />

prospérer quelques-uns, tandis qu'il attirera le<br />

malheur sur d'autres et leur fera croire que c'est<br />

Dieu qui les afflige.<br />

En outre, tout <strong>en</strong> se faisant passer pour un<br />

grand mé<strong>de</strong>cin capable <strong>de</strong> guérir toutes les<br />

affections, il répandra sur <strong><strong>de</strong>s</strong> villes populeuses la<br />

maladie et les calamités. Il est à l'oeuvre, <strong>en</strong> ce<br />

mom<strong>en</strong>t même, provoquant <strong><strong>de</strong>s</strong> accid<strong>en</strong>ts et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

désastres sur terre et sur mer : inc<strong>en</strong>dies, cyclones,<br />

orages <strong>de</strong> grêle, tempêtes, inondations, trombes,<br />

raz <strong>de</strong> marée, tremblem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> terre. Sa puissance<br />

se manifeste <strong>en</strong> tous lieux et sous mille formes. Il<br />

détruit les moissons dorées et fait apparaître la<br />

famine. Il empoisonne l'atmosphère, et <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> personnes sont victimes d'épidémies. Ces<br />

1097


calamités <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>tes et<br />

désastreuses. L'oeuvre <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction atteindra les<br />

hommes et les bêtes. « <strong>Le</strong> pays est triste, épuisé;...<br />

les chefs du peuple sont sans force. <strong>Le</strong> pays était<br />

profané par ses habitants car ils transgressai<strong>en</strong>t les<br />

lois, violai<strong>en</strong>t les ordonnances, ils rompai<strong>en</strong>t<br />

l'alliance éternelle. » ( Ésaïe 24.4, 5 )<br />

Pour finir, le grand séducteur persua<strong>de</strong>ra les<br />

hommes que les serviteurs <strong>de</strong> Dieu sont la cause <strong>de</strong><br />

tous ces maux. Ceux qui auront provoqué le<br />

déplaisir du ciel attribueront tous leurs malheurs<br />

aux fidèles dont l'obéissance aux comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

divins sera pour eux un continuel reproche. On<br />

prét<strong>en</strong>dra que la violation du dimanche est une<br />

off<strong>en</strong>se faite à Dieu, un péché attirant <strong><strong>de</strong>s</strong> calamités<br />

qui cesseront seulem<strong>en</strong>t quand tout le mon<strong>de</strong> sera<br />

contraint d'observer ce jour. Ceux qui insist<strong>en</strong>t sur<br />

les droits du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et<br />

contest<strong>en</strong>t la sainteté du dimanche seront<br />

considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> agitateurs empêchant le<br />

retour <strong>de</strong> la faveur divine et <strong>de</strong> la prospérité<br />

matérielle. <strong>Le</strong>s accusations portées autrefois, pour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> raisons semblables, contre l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs<br />

1098


<strong>de</strong> Dieu seront répétées : « À peine Achab aperçutil<br />

Élie qu'il lui dit : Est-ce toi qui jettes le trouble<br />

<strong>en</strong> Israël? Élie répondit: Je ne trouble point Israël;<br />

c'est toi, au contraire, et la maison <strong>de</strong> ton père,<br />

puisque vous avez abandonné les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> l'Éternel et que tu es allé après les Baals. » ( 1<br />

Rois 18.17, 18 ) Aussi les populations, excitées par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> imputations calomnieuses, se comporterontelles<br />

à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> Dieu comme<br />

les Israélites <strong>en</strong>vers le prophète Élie.<br />

<strong>La</strong> puissance miraculeuse du spiritisme<br />

exercera son influ<strong>en</strong>ce contre ceux qui obéiss<strong>en</strong>t à<br />

Dieu plutôt qu'aux hommes. Des messages<br />

émanant <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits déclareront que les adversaires<br />

du dimanche sont dans l'erreur, et qu'il faut se<br />

soumettre aux lois du pays comme à celles <strong>de</strong><br />

Dieu. Ils déploreront la décad<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs et<br />

affirmeront, après les conducteurs religieux, que<br />

cette déchéance morale est le fruit <strong>de</strong> la profanation<br />

du dimanche. Gran<strong>de</strong> sera alors l'indignation du<br />

mon<strong>de</strong> contre ceux qui refuseront <strong>de</strong> prêter foi à<br />

leur témoignage.<br />

1099


<strong>La</strong> tactique <strong>de</strong> Satan dans cette phase finale <strong>de</strong><br />

sa lutte contre le peuple <strong>de</strong> Dieu sera celle même<br />

qu'il suivit dans le ciel à l'ouverture du conflit. Tout<br />

<strong>en</strong> professant travailler à la stabilisation du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t divin, il faisait secrètem<strong>en</strong>t tous ses<br />

efforts pour le r<strong>en</strong>verser, et accusait <strong>de</strong> ses faits et<br />

gestes les anges restés fidèles. <strong>La</strong> même perfidie a<br />

caractérisé l'histoire <strong>de</strong> l'Église romaine. Tout <strong>en</strong> se<br />

disant « vicaire du ciel », celle-ci a t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> s'élever<br />

au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> changer Sa loi. Ceux qui<br />

fur<strong>en</strong>t mis à mort à son instigation pour leur fidélité<br />

à l'Évangile étai<strong>en</strong>t dénoncés comme malfaiteurs.<br />

Prét<strong>en</strong>dant qu'ils avai<strong>en</strong>t traité alliance avec le<br />

diable, on les couvrait d'opprobre et on les faisait<br />

paraître aux yeux du mon<strong>de</strong> et même à leurs<br />

propres yeux comme les plus vils <strong><strong>de</strong>s</strong> criminels.<br />

<strong>Le</strong>s mêmes faits se reproduiront. Pour supprimer<br />

ceux qui honor<strong>en</strong>t les préceptes divins, Satan les<br />

fera accuser <strong>de</strong> violer les lois, <strong>de</strong> déshonorer Dieu<br />

et d'attirer ses jugem<strong>en</strong>ts sur le mon<strong>de</strong>.<br />

Jamais le Seigneur ne viol<strong>en</strong>te la volonté ni la<br />

consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l'homme. <strong>Le</strong> Malin, au contraire, a<br />

toujours recours à la force brutale pour vaincre<br />

1100


ceux qu'il ne peut séduire.<br />

Ceux qui honor<strong>en</strong>t le jour <strong>de</strong> repos <strong>de</strong> l'Éternel<br />

seront dénoncés comme <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la loi et <strong>de</strong><br />

l'ordre, contempteurs <strong>de</strong> la morale sociale, fauteurs<br />

d'anarchie et <strong>de</strong> corruption et cause déterminante<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. On qualifiera d'obstination<br />

leurs scrupules <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, et on les accusera <strong>de</strong><br />

défier et <strong>de</strong> mépriser l'État. Des prédicateurs<br />

proclamant l'abolition <strong>de</strong> la loi divine annonceront<br />

du haut <strong>de</strong> la chaire le <strong>de</strong>voir d'obéir aux autorités<br />

civiles parce qu'établies <strong>de</strong> Dieu. Tant dans les<br />

assemblées législatives que dans les tribunaux, on<br />

prêtera aux observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qu'ils n'ont pas et, pour les condamner,<br />

on dénaturera leurs paroles.<br />

<strong>Le</strong>s églises protestantes, ayant fait la sour<strong>de</strong><br />

oreille aux argum<strong>en</strong>ts clairs et précis <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong><br />

la loi <strong>de</strong> Dieu, ti<strong>en</strong>dront à réduire au sil<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes dont elles n'auront pu ébranler les<br />

croyances par la Parole divine. Bi<strong>en</strong> qu'elles<br />

ferm<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant les yeux à la réalité, elles<br />

adopt<strong>en</strong>t une ligne <strong>de</strong> conduite qui les mènera<br />

1101


directem<strong>en</strong>t à la persécution <strong>de</strong> ceux qui refuseront<br />

d'observer comme le reste <strong>de</strong> la chréti<strong>en</strong>té le jour<br />

<strong>de</strong> repos <strong>de</strong> la papauté.<br />

Pour am<strong>en</strong>er les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> toute condition à<br />

honorer le dimanche, les dignitaires <strong>de</strong> l'Église et<br />

<strong>de</strong> l'État mettront <strong>en</strong> oeuvre l'arg<strong>en</strong>t, la persuasion<br />

et la force. On suppléera au défaut d'autorité divine<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> lois oppressives. <strong>La</strong> corruption politique,<br />

qui étouffe l'amour <strong>de</strong> la justice aussi bi<strong>en</strong> que les<br />

droits <strong>de</strong> la vérité, jouera son rôle dans la libre<br />

Amérique elle-même. En vue <strong>de</strong> s'assurer les<br />

suffrages, magistrats et législateurs cé<strong>de</strong>ront à la<br />

clameur populaire <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> lois dominicales.<br />

<strong>La</strong> liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce pour laquelle <strong>de</strong> si grands<br />

sacrifices ont été cons<strong>en</strong>tis sera immolée. Dans le<br />

conflit qui approche rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, on verra se<br />

réaliser ces paroles du prophète : « <strong>Le</strong> dragon fut<br />

irrité contre la femme, et il s'<strong>en</strong> alla faire la guerre<br />

aux restes <strong>de</strong> sa postérité, à ceux qui gard<strong>en</strong>t les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et qui ont le témoignage<br />

<strong>de</strong> Jésus. » ( Apocalypse 12.17 )<br />

1102


Chapitre 37<br />

<strong>Le</strong>s Écritures, notre<br />

sauvegar<strong>de</strong><br />

« À la loi et au témoignage! Si l'on ne parle pas<br />

ainsi, il n'y aura point d'aurore pour le peuple. » (<br />

Ésaïe 8.20) <strong>La</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu est donnée au<br />

croyant comme sauvegar<strong>de</strong> contre les faux<br />

docteurs et les esprits séducteurs. Satan se sert <strong>de</strong><br />

tous les moy<strong>en</strong>s pour empêcher les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> se<br />

familiariser avec les Écritures, dont les déclarations<br />

claires et précises dévoil<strong>en</strong>t ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins. Chaque<br />

réveil du peuple <strong>de</strong> Dieu est marqué par un<br />

redoublem<strong>en</strong>t d'activité <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi. Il<br />

rassemble maint<strong>en</strong>ant ses <strong>de</strong>rnières énergies pour<br />

un assaut final contre le Christ et Ses disciples. <strong>La</strong><br />

gran<strong>de</strong> et suprême séduction est immin<strong>en</strong>te.<br />

L'antichrist va opérer ses plus grands prodiges sous<br />

nos yeux. <strong>La</strong> contrefaçon sera si parfaite qu'il ne<br />

sera possible <strong>de</strong> la démasquer que par les Écritures.<br />

C'est, <strong>en</strong> effet, par ces <strong>de</strong>rnières qu'il faut éprouver<br />

la nature <strong>de</strong> chaque déclaration et <strong>de</strong> chaque<br />

1103


miracle.<br />

Ceux qui s'efforc<strong>en</strong>t d'observer tous les<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vront affronter<br />

l'opposition et la moquerie. Ce n'est que par la<br />

confiance <strong>en</strong> Dieu qu'ils pourront subsister. Il faut,<br />

pour faire face aux épreuves qui les att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t,<br />

qu'ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la volonté <strong>de</strong> Dieu telle qu'elle<br />

est révélée dans sa Parole. Ils ne pourront honorer<br />

l'Éternel que dans la mesure où ils auront une juste<br />

conception <strong>de</strong> Son caractère, <strong>de</strong> Son gouvernem<strong>en</strong>t<br />

et <strong>de</strong> Ses <strong><strong>de</strong>s</strong>seins, et où ils se conformeront à ces<br />

<strong>de</strong>rniers. Seuls ceux qui se seront fortifiés par<br />

l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures pourront subsister au cours du<br />

<strong>de</strong>rnier conflit. Chacun <strong>de</strong>vra résoudre cette<br />

question vitale : Obéirai-je à Dieu ou aux hommes?<br />

L'heure décisive est immin<strong>en</strong>te. Nos pieds<br />

repos<strong>en</strong>t-ils sur le rocher immuable <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures?<br />

Sommes-nous prêts à pr<strong>en</strong>dre la déf<strong>en</strong>se <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong> Jésus?<br />

Peu avant Sa crucifixion, le Sauveur annonça à<br />

Ses disciples qu'Il serait mis à mort et qu'Il<br />

ressusciterait. Des anges étai<strong>en</strong>t prêts à graver Ses<br />

1104


paroles dans le coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants. Mais comme ils<br />

att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t un règne temporel et l'affranchissem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> la puissance romaine, ils ne pouvai<strong>en</strong>t supporter<br />

la p<strong>en</strong>sée que celui <strong>en</strong> qui étai<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>trées<br />

toutes leurs espérances dût subir une mort<br />

ignominieuse. <strong>Le</strong>s paroles dont ils avai<strong>en</strong>t le plus<br />

besoin <strong>de</strong> se souv<strong>en</strong>ir fur<strong>en</strong>t bannies <strong>de</strong> leur esprit,<br />

et l'heure <strong>de</strong> la crise – la mort <strong>de</strong> Jésus – les trouva<br />

aussi peu préparés que si le Maître ne les <strong>en</strong> eût<br />

jamais prév<strong>en</strong>us. Or, l'Écriture nous révèle aussi<br />

clairem<strong>en</strong>t l'av<strong>en</strong>ir que les paroles <strong>de</strong> Jésus<br />

l'avai<strong>en</strong>t fait pour les disciples. <strong>Le</strong>s événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

la fin du temps <strong>de</strong> grâce et la préparation <strong>en</strong> vue du<br />

temps <strong>de</strong> détresse nous sont clairem<strong>en</strong>t annoncés.<br />

Mais une foule <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas mieux<br />

ces choses que si elles n'avai<strong>en</strong>t pas été révélées.<br />

Satan veille à effacer toute impression qui pourrait<br />

r<strong>en</strong>dre les hommes sages à salut, et le temps <strong>de</strong><br />

détresse les trouvera non préparés.<br />

Quand Dieu <strong>en</strong>voie au mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> messages si<br />

importants qu'il les représ<strong>en</strong>te par <strong><strong>de</strong>s</strong> anges volant<br />

au milieu du ciel, il exige que toute personne douée<br />

<strong>de</strong> raison y pr<strong>en</strong>ne gar<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s terribles châtim<strong>en</strong>ts<br />

1105


qui m<strong>en</strong>ac<strong>en</strong>t les adorateurs <strong>de</strong> la bête et <strong>de</strong> son<br />

image (voir Apocalypse 14.9-11 ) <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t nous<br />

pousser à étudier cette prophétie avec le plus grand<br />

soin, afin d'appr<strong>en</strong>dre ce qu'est la marque <strong>de</strong> la bête<br />

et comm<strong>en</strong>t on peut l'éviter. Mais les masses<br />

détourn<strong>en</strong>t l'oreille <strong>de</strong> la vérité et accord<strong>en</strong>t leur<br />

att<strong>en</strong>tion à <strong><strong>de</strong>s</strong> fables. L'apôtre Paul parle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>rniers jours <strong>en</strong> ces termes : « Il vi<strong>en</strong>dra un temps<br />

où les hommes ne supporteront pas la saine<br />

doctrine. » ( 2 Timothée 4.3) Ce temps est v<strong>en</strong>u.<br />

<strong>Le</strong>s foules ne goût<strong>en</strong>t pas les vérités <strong>de</strong> la Bible qui<br />

<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> conflit avec l'amour du mon<strong>de</strong>, et Satan<br />

leur fournit les chimères qui leur plais<strong>en</strong>t.<br />

Dieu aura cep<strong>en</strong>dant sur la terre un peuple qui<br />

s'attachera à Sa Parole et qui <strong>en</strong> fera la pierre <strong>de</strong><br />

touche <strong>de</strong> toute doctrine et le fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toute<br />

réforme. Ni l'opinion <strong><strong>de</strong>s</strong> savants, ni les déductions<br />

<strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce, ni les credo, ni les décisions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conciles et assemblées ecclésiastiques – aussi<br />

discordants que nombreux – ne doiv<strong>en</strong>t être pris <strong>en</strong><br />

considération sur un point <strong>de</strong> foi religieuse. Avant<br />

d'accepter une doctrine quelconque, il faut s'assurer<br />

qu'elle a <strong>en</strong> sa faveur un clair et précis : « Ainsi a<br />

1106


dit l'Éternel. »<br />

Sans se lasser, Satan s'efforce <strong>de</strong> diriger nos<br />

regards vers les hommes plutôt que vers Dieu.<br />

Alors que les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t son<strong>de</strong>r les Écritures<br />

pour y connaître leur <strong>de</strong>voir, il les pousse à choisir<br />

pour gui<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques, <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

professeurs <strong>de</strong> théologie. Puis, s'emparant <strong>de</strong><br />

l'esprit <strong>de</strong> ces conducteurs, il mène les foules à sa<br />

guise.<br />

Quand Jésus-Christ annonçait les paroles <strong>de</strong> la<br />

vie, le peuple l'écoutait avec joie; et plusieurs,<br />

même parmi les sacrificateurs et les magistrats,<br />

crur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui. Mais le grand prêtre et les chefs du<br />

peuple – <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> l'inutilité <strong>de</strong> leurs efforts pour<br />

trouver un sujet d'accusation contre lui, et malgré<br />

l'évid<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> la divine sagesse <strong>de</strong><br />

ses paroles – étai<strong>en</strong>t déterminés à repousser ses<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et à le condamner. Craignant <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir ses disciples, ils rejetai<strong>en</strong>t les preuves les<br />

plus claires <strong>de</strong> Sa messianité. Ces adversaires du<br />

Sauveur étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes que les Israélites<br />

avai<strong>en</strong>t appris à vénérer dès leur <strong>en</strong>fance, et <strong>de</strong>vant<br />

1107


l'autorité <strong><strong>de</strong>s</strong>quels, dans une aveugle obéissance, ils<br />

avai<strong>en</strong>t été accoutumés à se courber. « Comm<strong>en</strong>t se<br />

fait-il, disait-on, que nos chefs, nos scribes et nos<br />

savants ne croi<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> Jésus? S'il était le Christ,<br />

ces hommes pieux ne le recevrai<strong>en</strong>t-ils pas? » C'est<br />

l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ces docteurs qui am<strong>en</strong>a le peuple juif<br />

à rejeter son Ré<strong>de</strong>mpteur.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> ceux qui font une haute<br />

profession <strong>de</strong> piété sont aujourd'hui animés <strong>de</strong><br />

l'esprit <strong>de</strong> ces sacrificateurs et <strong>de</strong> ces chefs.<br />

Refusant <strong>de</strong> prêter l'oreille au témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures relatif aux vérités <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à notre temps,<br />

ils invoqu<strong>en</strong>t leur nombre, leur richesse, leur<br />

popularité, et mépris<strong>en</strong>t le petit groupe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la vérité, pauvres et impopulaires.<br />

Jésus-Christ savait que l'autorité usurpée que<br />

s'attribuai<strong>en</strong>t les scribes et les pharisi<strong>en</strong>s ne<br />

pr<strong>en</strong>drait pas fin à la dispersion <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs. Il avait<br />

une vision prophétique <strong>de</strong> la longue histoire <strong>de</strong><br />

l'exaltation <strong>de</strong> l'autorité humaine et <strong>de</strong> la<br />

domination <strong><strong>de</strong>s</strong> consci<strong>en</strong>ces, qui, <strong>de</strong> tout temps, ont<br />

été le fléau <strong>de</strong> l'Église. L'effrayante dénonciation<br />

1108


qu'Il lança contre les scribes et les pharisi<strong>en</strong>s, aussi<br />

bi<strong>en</strong> que l'avertissem<strong>en</strong>t qu'Il donna au peuple <strong>de</strong><br />

ne pas suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> conducteurs aveugles, nous ont<br />

été conservés comme une mise <strong>en</strong> gar<strong>de</strong> pour les<br />

générations futures.<br />

L'Église romaine réserve au clergé le droit<br />

d'interpréter les Écritures. Sous prétexte que seuls<br />

les ecclésiastiques peuv<strong>en</strong>t les expliquer, on les a<br />

<strong>en</strong>levées au peuple. Bi<strong>en</strong> que la Réforme ait mis le<br />

saint Livre <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> tous, le principe qui a<br />

poussé Rome à <strong>en</strong> priver le peuple empêche <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

multitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, dans les Églises protestantes, d'<strong>en</strong> faire<br />

une étu<strong>de</strong> personnelle. D'ailleurs, les g<strong>en</strong>s sont<br />

prév<strong>en</strong>us qu'ils doiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> accepter les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts tels qu'ils sont interprétés par<br />

l'Église. Aussi, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> personnes n'os<strong>en</strong>t<br />

ri<strong>en</strong> recevoir, fût-ce une doctrine clairem<strong>en</strong>t<br />

révélée dans la Bible, qui soit contraire au credo,<br />

ou à l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t officiel.<br />

En dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> avertissem<strong>en</strong>ts réitérés <strong>de</strong><br />

l'Écriture contre les faux docteurs, un grand<br />

nombre <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s sont ainsi tout prêts à confier au<br />

1109


clergé la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur âme. Aujourd'hui, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers <strong>de</strong> chréti<strong>en</strong>s <strong>de</strong> profession ne peuv<strong>en</strong>t citer<br />

<strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> leurs croyances d'autre autorité que<br />

celle <strong>de</strong> leurs conducteurs religieux. Ne prêtant<br />

pour ainsi dire aucune att<strong>en</strong>tion aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

du Sauveur, ils mett<strong>en</strong>t une confiance implicite <strong>en</strong><br />

leurs pasteurs, comme si ceux-ci étai<strong>en</strong>t<br />

infaillibles. Cep<strong>en</strong>dant, ils n'ont pas la certitu<strong>de</strong>,<br />

tirée <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, que leurs conducteurs<br />

march<strong>en</strong>t dans la lumière! Un défaut <strong>de</strong> courage<br />

moral pour sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tiers battus du mon<strong>de</strong><br />

pousse beaucoup <strong>de</strong> personnes à s'<strong>en</strong> remettre à<br />

l'opinion <strong><strong>de</strong>s</strong> savants. Parce qu'il leur répugne <strong>de</strong><br />

s'éclairer personnellem<strong>en</strong>t, elles se laiss<strong>en</strong>t<br />

définitivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>chaîner dans l'erreur. Elles voi<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong> que la vérité pour notre temps est clairem<strong>en</strong>t<br />

exposée dans les Écritures; elles s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la<br />

puissance du Saint-Esprit qui <strong>en</strong> accompagne la<br />

proclamation; néanmoins, elles se laiss<strong>en</strong>t<br />

détourner <strong>de</strong> la lumière par l'opposition du clergé.<br />

Bi<strong>en</strong> que leur raison et leur consci<strong>en</strong>ce soi<strong>en</strong>t<br />

convaincues, ces âmes aveuglées n'os<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser<br />

autrem<strong>en</strong>t que leur pasteur; leur jugem<strong>en</strong>t<br />

personnel et leurs intérêts éternels sont sacrifiés au<br />

1110


scepticisme, à l'orgueil et aux préjugés d'un autre!<br />

Nombreux sont les moy<strong>en</strong>s dont Satan se sert<br />

pour asservir ses captifs aux influ<strong>en</strong>ces humaines.<br />

Il <strong>en</strong> reti<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> par les li<strong>en</strong>s d'affection<br />

qui les attach<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la Croix. Que cet<br />

attachem<strong>en</strong>t soit filial, paternel, conjugal ou social,<br />

les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> sont les mêmes. N'ayant pas<br />

assez <strong>de</strong> courage ou d'indép<strong>en</strong>dance pour suivre<br />

leur conviction, ces consci<strong>en</strong>ces sont dominées par<br />

les adversaires <strong>de</strong> la vérité.<br />

<strong>La</strong> vérité et la gloire <strong>de</strong> Dieu sont inséparables.<br />

Il est impossible à ceux qui ont accès à la Parole<br />

d'honorer Dieu <strong>en</strong> suivant <strong><strong>de</strong>s</strong> opinions erronées. «<br />

Peu importe la croyance, dit-on souv<strong>en</strong>t, pourvu<br />

que l'on soit honnête. » C'est oublier que la vie est<br />

l'expression <strong>de</strong> ce que l'on croit. Avoir l'occasion<br />

<strong>de</strong> voir et d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la vérité et ne pas <strong>en</strong> profiter,<br />

c'est rejeter la lumière et lui préférer les ténèbres.<br />

« Telle voie paraît droite à un homme, mais son<br />

issue, c'est la voie <strong>de</strong> la mort. » ( Proverbes 16.25 )<br />

Dès qu'on a l'occasion <strong>de</strong> connaître la vérité,<br />

1111


l'ignorance cesse d'être une excuse pour l'erreur ou<br />

pour le péché. Un voyageur qui se trouve <strong>de</strong>vant un<br />

carrefour et qui, sans pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> aux poteaux<br />

indicateurs, choisit la voie qui lui paraît être la<br />

bonne, découvrira bi<strong>en</strong>tôt qu'<strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> son<br />

assurance il s'est trompé <strong>de</strong> chemin.<br />

Dieu nous a donné Sa Parole pour nous<br />

permettre <strong>de</strong> nous r<strong>en</strong>dre compte par nous-mêmes<br />

<strong>de</strong> ce qu'Il att<strong>en</strong>d <strong>de</strong> nous. Un docteur ayant<br />

<strong>de</strong>mandé à Jésus : « Que dois-je faire pour hériter<br />

la vie éternelle? le Sauveur le r<strong>en</strong>voya aux<br />

Écritures : « Qu'est-il écrit dans la loi? Qu'y lis-tu?<br />

» L'ignorance n'excusera ni jeunes ni vieux; elle<br />

n'épargnera le châtim<strong>en</strong>t qui s'attache à la<br />

transgression <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu à aucune personne<br />

ayant <strong>en</strong>tre les mains un exposé fidèle <strong>de</strong> cette loi,<br />

<strong>de</strong> ses principes et <strong>de</strong> ses exig<strong>en</strong>ces. <strong>Le</strong>s bonnes<br />

int<strong>en</strong>tions ne suffis<strong>en</strong>t point : ce n'est pas assez <strong>de</strong><br />

croire bi<strong>en</strong> faire, ou <strong>de</strong> faire ce que le pasteur nous<br />

conseille. Quand le salut <strong>de</strong> notre âme est <strong>en</strong> jeu,<br />

nous <strong>de</strong>vons nous livrer à <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches<br />

personnelles. <strong>La</strong> force <strong>de</strong> nos convictions et notre<br />

certitu<strong>de</strong> que le pasteur est dans la vérité ne<br />

1112


constitu<strong>en</strong>t pas un fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t suffisant pour notre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinée éternelle. Nous avons <strong>en</strong> main une feuille<br />

<strong>de</strong> route signalant tous les poteaux indicateurs <strong>de</strong> la<br />

voie qui mène au ciel; nous sommes donc<br />

inexcusables si nous marchons sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

suppositions.<br />

<strong>Le</strong> premier et le plus important <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> tout<br />

être raisonnable, c'est d'appr<strong>en</strong>dre par les Écritures<br />

ce qu'est la vérité; c'est <strong>de</strong> marcher dans la lumière,<br />

et d'<strong>en</strong>courager ses semblables à faire <strong>de</strong> même.<br />

Nous <strong>de</strong>vons chaque jour étudier la Bible avec<br />

dilig<strong>en</strong>ce, nous arrêtant avec soin sur chaque<br />

p<strong>en</strong>sée et comparant les versets <strong>en</strong>tre eux. Avec<br />

l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, nous acquerrons ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> opinions<br />

personnelles, sans perdre <strong>de</strong> vue que nous <strong>de</strong>vrons<br />

<strong>en</strong> répondre personnellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s vérités le plus clairem<strong>en</strong>t révélées dans les<br />

Écritures ont été mises <strong>en</strong> doute par <strong><strong>de</strong>s</strong> savants<br />

qui, s'attribuant une gran<strong>de</strong> sagesse, <strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t que<br />

les Écritures ont un s<strong>en</strong>s mystique, secret, spirituel,<br />

qui ne paraît pas dans les termes employés. Ces<br />

hommes sont <strong>de</strong> faux docteurs. C'est à eux que<br />

1113


Jésus dit : « Vous ne compr<strong>en</strong>ez ni les Écritures, ni<br />

la puissance <strong>de</strong> Dieu. » ( Marc 12.24 ) Là où il n'y<br />

a ni figures ni symboles, il faut donner aux termes<br />

<strong>de</strong> la Bible leur s<strong>en</strong>s le plus évid<strong>en</strong>t. « Si quelqu'un<br />

veut faire sa volonté [<strong>de</strong> Dieu], il connaîtra si ma<br />

doctrine est <strong>de</strong> Dieu. » ( Jean 7.17 ) Si l'on voulait<br />

attribuer aux paroles <strong>de</strong> l'Écriture leur s<strong>en</strong>s propre,<br />

s'il n'y avait pas <strong>de</strong> faux docteurs pour égarer et<br />

troubler les esprits, il s'accomplirait sur la terre une<br />

oeuvre qui réjouirait les anges et grâce à laquelle<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> brebis qui err<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant dans<br />

les ténèbres serai<strong>en</strong>t introduites dans le céleste<br />

bercail.<br />

Nous <strong>de</strong>vons appliquer toutes nos facultés à<br />

l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Parole, <strong>en</strong> nous efforçant <strong>de</strong> pénétrer,<br />

aussi loin qu'il est possible à <strong><strong>de</strong>s</strong> mortels, dans les<br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> Dieu, sans oublier que la docilité et<br />

la soumission d'un <strong>en</strong>fant sont les véritables<br />

caractéristiques d'un disciple. On ne saurait<br />

résoudre les difficultés scripturaires au moy<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

métho<strong><strong>de</strong>s</strong> utilisées pour résoudre les problèmes<br />

philosophiques. Nous ne <strong>de</strong>vons pas <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre<br />

l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Bible dans l'esprit <strong>de</strong> suffisance avec<br />

1114


lequel tant d'hommes abord<strong>en</strong>t le domaine<br />

sci<strong>en</strong>tifique, mais avec prière, <strong>en</strong> comptant<br />

humblem<strong>en</strong>t sur Dieu, et avec le désir sincère <strong>de</strong><br />

connaître Sa volonté. Autrem<strong>en</strong>t, les mauvais<br />

anges aveugleront notre <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>m<strong>en</strong>t et<br />

<strong>en</strong>durciront nos coeurs au point que la vérité ne<br />

fera sur nous aucune impression.<br />

Bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> parties <strong>de</strong> l'Écriture que <strong><strong>de</strong>s</strong> savants<br />

déclar<strong>en</strong>t mystérieuses, ou considèr<strong>en</strong>t comme sans<br />

importance, débord<strong>en</strong>t <strong>de</strong> consolations et<br />

d'exhortations pour celui qui a été instruit à l'école<br />

du Christ. Une <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons pour lesquelles<br />

beaucoup <strong>de</strong> théologi<strong>en</strong>s compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t si mal la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu, c'est qu'ils ferm<strong>en</strong>t les yeux pour<br />

ne pas voir <strong><strong>de</strong>s</strong> préceptes qu'ils ne veul<strong>en</strong>t pas<br />

pratiquer. <strong>La</strong> connaissance <strong>de</strong> la vérité ne dép<strong>en</strong>d<br />

pas tant <strong>de</strong> l'intellig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> celui qui l'étudie que <strong>de</strong><br />

sa sincérité et <strong>de</strong> sa soif <strong>de</strong> piété et <strong>de</strong> sainteté.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Bible <strong>de</strong>vrait toujours être<br />

accompagnée <strong>de</strong> prières. Seul le Saint-Esprit peut<br />

nous faire s<strong>en</strong>tir l'importance <strong><strong>de</strong>s</strong> choses faciles à<br />

compr<strong>en</strong>dre, ou nous empêcher <strong>de</strong> tordre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1115


vérités difficiles à concevoir. <strong>Le</strong>s bons anges ont<br />

pour <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> préparer nos coeurs à compr<strong>en</strong>dre<br />

l'Écriture <strong>de</strong> façon que nous soyons charmés <strong>de</strong> sa<br />

beauté, avertis par ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et fortifiés<br />

par ses promesses. Nous <strong>de</strong>vons faire nôtre cette<br />

prière du psalmiste : « Ouvre mes yeux, pour que je<br />

contemple les merveilles <strong>de</strong> ta loi. » ( Psaume<br />

119.18 ) <strong>La</strong> t<strong>en</strong>tation semble souv<strong>en</strong>t irrésistible<br />

parce qu'on néglige la prière et l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Bible;<br />

alors, quand survi<strong>en</strong>t la t<strong>en</strong>tation, on ne se souvi<strong>en</strong>t<br />

pas <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses <strong>de</strong> Dieu et on est incapable <strong>de</strong><br />

repousser Satan avec l'épée <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu.<br />

En revanche, les anges <strong>de</strong> Dieu camp<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong><br />

ceux qui cons<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à se laisser <strong>en</strong>seigner les<br />

vérités divines, et leur rappell<strong>en</strong>t les passages<br />

mêmes dont ils ont besoin dans les mom<strong>en</strong>ts<br />

difficiles. « Quand l'<strong>en</strong>nemi vi<strong>en</strong>dra comme un<br />

fleuve, l'esprit <strong>de</strong> l'Éternel le mettra <strong>en</strong> fuite. » (<br />

Ésaïe 59.19 )<br />

Jésus a dit à ses disciples : « <strong>Le</strong> consolateur,<br />

l'Esprit-Saint, que le Père <strong>en</strong>verra <strong>en</strong> mon nom,<br />

vous <strong>en</strong>seignera toutes choses, et vous rappellera<br />

tout ce que je vous ai dit. » ( Jean 14.26 ) Mais<br />

1116


pour que l'Esprit puisse nous les rappeler au<br />

mom<strong>en</strong>t critique, il faut que ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

ai<strong>en</strong>t d'abord pénétré dans nos coeurs. « Je serre ta<br />

parole dans mon coeur, afin <strong>de</strong> ne pas pécher<br />

contre toi » ( Psaumes 119.11 ), écrit le psalmiste.<br />

Quiconque se soucie <strong>de</strong> ses intérêts éternels<br />

doit se gar<strong>de</strong>r du scepticisme. <strong>Le</strong>s fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />

mêmes <strong>de</strong> la vérité seront attaqués. Il est<br />

impossible <strong>de</strong> se placer hors <strong>de</strong> l'atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sarcasmes, <strong><strong>de</strong>s</strong> sophismes et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

insidieux et pestil<strong>en</strong>tiels <strong>de</strong> l'incrédulité mo<strong>de</strong>rne.<br />

Satan adapte ses t<strong>en</strong>tations à toutes les classes<br />

sociales. Il attaque l'illettré avec une raillerie,<br />

tandis qu'il prés<strong>en</strong>te au savant <strong><strong>de</strong>s</strong> objections<br />

sci<strong>en</strong>tifiques ou <strong><strong>de</strong>s</strong> raisonnem<strong>en</strong>ts philosophiques<br />

égalem<strong>en</strong>t propres à <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer <strong>de</strong> la défiance ou du<br />

mépris <strong>en</strong>vers les Écritures. Même <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes g<strong>en</strong>s<br />

sans expéri<strong>en</strong>ce se permett<strong>en</strong>t d'insinuer <strong><strong>de</strong>s</strong> doutes<br />

contre les principes fondam<strong>en</strong>taux du<br />

christianisme. Cette incrédulité juvénile, quelque<br />

superficielle qu'elle soit, ne manque pas <strong>de</strong><br />

produire ses effets. Plusieurs <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi à<br />

railler la foi <strong>de</strong> leurs pères, et à contrister l'Esprit <strong>de</strong><br />

1117


grâce. (Voir Hébreux 10.29 ) Nombre <strong>de</strong> vies, qui<br />

promettai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faire honneur à Dieu et d'être <strong>en</strong><br />

bénédiction au mon<strong>de</strong>, ont été flétries par le souffle<br />

méphitique <strong>de</strong> l'incrédulité. Tous ceux qui se fi<strong>en</strong>t<br />

aux conclusions orgueilleuses <strong>de</strong> la raison<br />

humaine, et qui croi<strong>en</strong>t pouvoir pénétrer les<br />

mystères <strong>de</strong> Dieu et parv<strong>en</strong>ir à la vérité sans le<br />

secours <strong>de</strong> la sagesse d'<strong>en</strong> haut, sont pris dans les<br />

rets <strong>de</strong> Satan.<br />

Nous vivons dans la pério<strong>de</strong> la plus sol<strong>en</strong>nelle<br />

<strong>de</strong> l'histoire du mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> sort <strong>de</strong> tous les mortels<br />

est sur le point d'être fixé. Notre <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée éternelle,<br />

aussi bi<strong>en</strong> que le salut d'autres âmes, dép<strong>en</strong>d du<br />

choix que nous faisons maint<strong>en</strong>ant. <strong>La</strong>issons-nous<br />

diriger par L'Esprit <strong>de</strong> vérité. Tout disciple <strong>de</strong> Jésus<br />

<strong>de</strong>vrait faire monter vers Dieu cette ferv<strong>en</strong>te Prière<br />

: « Seigneur, que veux-tu que je fasse? »<br />

Humilions-nous <strong>de</strong>vant lui par le jeûne et la prière,<br />

et méditons longuem<strong>en</strong>t ce qui concerne Sa Parole,<br />

et tout spécialem<strong>en</strong>t les scènes du jugem<strong>en</strong>t.<br />

Cherchons à acquérir une connaissance profon<strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses <strong>de</strong> Dieu. Nous n'avons pas un instant à<br />

perdre. Des événem<strong>en</strong>ts d'une importance vitale se<br />

1118


déroul<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong> nous. Nous sommes sur le<br />

terrain <strong>en</strong>chanté <strong>de</strong> Satan. S<strong>en</strong>tinelles <strong>de</strong> Dieu, ne<br />

dormez pas; car l'<strong>en</strong>nemi est tout près <strong>de</strong> vous, prêt<br />

– au premier signe <strong>de</strong> relâchem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong><br />

somnol<strong>en</strong>ce – à faire <strong>de</strong> vous sa proie.<br />

Plusieurs se font illusion, quant à leur condition<br />

réelle <strong>de</strong>vant Dieu. Ils se félicit<strong>en</strong>t du mal qu'ils<br />

n'ont pas fait, et ne p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t pas aux actions nobles<br />

et généreuses que Dieu att<strong>en</strong>dait d'eux, et qu'ils<br />

n'ont point accomplies. Il ne suffit pas d'être un<br />

arbre dans le jardin <strong>de</strong> Dieu. Il faut porter du fruit.<br />

<strong>Le</strong> Seigneur nous ti<strong>en</strong>t pour responsables <strong>de</strong> tout le<br />

bi<strong>en</strong> que nous aurions pu faire avec le secours <strong>de</strong><br />

Sa grâce. Dans les livres du ciel, ceux qui ne<br />

répond<strong>en</strong>t pas à Son att<strong>en</strong>te sont notés comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

arbres occupant inutilem<strong>en</strong>t le terrain. Et pourtant,<br />

le cas <strong>de</strong> ces personnes n'est pas <strong>en</strong>core désespéré.<br />

Un Dieu compatissant adresse <strong>en</strong>core ce pressant et<br />

touchant appel à ceux qui ont méconnu la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu et abusé <strong>de</strong> Sa grâce : «<br />

Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'<strong>en</strong>tre les<br />

morts, et Christ t'éclairera. Pr<strong>en</strong>ez donc gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

vous conduire avec circonspection. ... Rachetez le<br />

1119


temps, car les jours sont mauvais. » ( Éphési<strong>en</strong>s<br />

5.14-16 )<br />

C'est au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la crise que seront<br />

manifestés ceux qui ont pris la Parole <strong>de</strong> Dieu pour<br />

règle. En été, la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre un arbre à feuilles<br />

persistantes et un autre n'est pas s<strong>en</strong>sible; mais<br />

quand vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les frimas, l'un reste vert et l'autre<br />

se dépouille <strong>de</strong> son feuillage. Ainsi, les faux<br />

chréti<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant ne pas se distinguer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vrais; mais le temps approche où la différ<strong>en</strong>ce<br />

éclatera. Que l'opposition, le fanatisme et<br />

l'intolérance s'élèv<strong>en</strong>t; que les feux <strong>de</strong> la<br />

persécution se rallum<strong>en</strong>t, aussitôt les mal affermis<br />

et les hypocrites abandonneront la foi, tandis que le<br />

vrai chréti<strong>en</strong> <strong>de</strong>meurera ferme comme un rocher, la<br />

foi plus forte et l'espérance plus radieuse qu'aux<br />

jours <strong>de</strong> la prospérité.<br />

<strong>Le</strong> psalmiste dit : « Tes préceptes sont l'objet<br />

<strong>de</strong> ma méditation.» « Par tes ordonnances je<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>s intellig<strong>en</strong>t, aussi je hais toute voie <strong>de</strong><br />

m<strong>en</strong>songe. » ( Psaume 119.99, 104 )<br />

1120


« Heureux l'homme qui a trouvé la sagesse. » «<br />

Il est comme un arbre planté près <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux, et qui<br />

ét<strong>en</strong>d ses racines vers le courant; il n'aperçoit point<br />

la chaleur quand elle vi<strong>en</strong>t, et son feuillage reste<br />

vert; dans l'année <strong>de</strong> la sécheresse, il n'a point <strong>de</strong><br />

crainte, et il ne cesse <strong>de</strong> porter du fruit. » (<br />

Proverbes 3.13; Jérémie 17.8 )<br />

1121


Chapitre 38<br />

L'avertissem<strong>en</strong>t final<br />

« Après cela, je vis <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre du ciel un autre<br />

ange, qui avait une gran<strong>de</strong> autorité; et la terre fut<br />

éclairé <strong>de</strong> sa gloire. Il cria d'une voix forte, disant :<br />

Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la<br />

gran<strong>de</strong>! Elle est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue une habitation <strong>de</strong> démons,<br />

un repaire <strong>de</strong> tout esprit impur, un repaire <strong>de</strong> tout<br />

oiseau impur et odieux. » « J'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dis du ciel une<br />

autre voix qui disait : Sortez du milieu d'elle, mon<br />

peuple, afin que vous ne participiez point à ses<br />

péchés, et que vous n'ayez point <strong>de</strong> part à ses<br />

fléaux. » ( Apocalypse 18.1, 2, 4 )<br />

Ce passage nous signale un temps où la<br />

proclamation <strong>de</strong> la chute <strong>de</strong> Babylone, décrite par<br />

le second ange (voir Apocalypse 14.8 ) du<br />

quatorzième chapitre <strong>de</strong> l'Apocalypse, sera réitérée<br />

et accompagnée du tableau <strong>de</strong> la corruption qui<br />

s'est introduite dans les diverses organisations qui<br />

constitu<strong>en</strong>t Babylone après la première<br />

1122


proclamation du message dans le courant <strong>de</strong> l'été<br />

1844. Nous avons ici une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription effrayante <strong>de</strong><br />

l'état du mon<strong>de</strong> religieux. À chaque réjection <strong>de</strong> la<br />

vérité, les esprits <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront plus <strong>en</strong>ténébrés et les<br />

coeurs plus obstinés, pour aboutir à une impiété<br />

effrontée. En dépit <strong>de</strong> tous les avertissem<strong>en</strong>ts<br />

divins, on s'obstinera à transgresser l'un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts du décalogue, et on finira par<br />

persécuter ceux qui le ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pour sacré.<br />

Mépriser la Parole et le peuple <strong>de</strong> Dieu équivaut à<br />

rejeter Jésus-Christ. En accueillant les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts spirites, les églises supprimeront<br />

tout frein religieux. Il <strong>en</strong> résultera que la profession<br />

<strong>de</strong> christianisme ne sera plus qu'un manteau<br />

servant à couvrir <strong><strong>de</strong>s</strong> actions ignobles. <strong>La</strong> croyance<br />

aux phénomènes spirites ouvrant la porte aux<br />

esprits séducteurs et aux doctrines <strong>de</strong> démons, les<br />

églises subiront l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais anges.<br />

Au temps <strong>de</strong> l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette<br />

prophétie, il sera dit <strong>de</strong> Babylone : « Ses péchés se<br />

sont accumulés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souv<strong>en</strong>u<br />

<strong>de</strong> ses iniquités. » ( Apocalypse 18.5 ) Elle a<br />

comblé la mesure <strong>de</strong> ses transgressions : sa<br />

1123


<strong><strong>de</strong>s</strong>truction est immin<strong>en</strong>te. Mais Dieu a <strong>en</strong>core un<br />

peuple dans Babylone; avant l'heure du châtim<strong>en</strong>t,<br />

ces fidèles seront appelés à <strong>en</strong> sortir, pour ne point<br />

participer à ses péchés et échapper à ses fléaux. De<br />

là l'avertissem<strong>en</strong>t symbolisé par l'ange qui,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du du ciel, éclaire toute la terre <strong>de</strong> sa gloire<br />

et dénonce avec véhém<strong>en</strong>ce les péchés <strong>de</strong><br />

Babylone, et fait ret<strong>en</strong>tir cet appel : « Sortez du<br />

milieu d'elle, mon peuple. » Ces proclamations<br />

constitu<strong>en</strong>t, avec le message du troisième ange,<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t final donné aux habitants <strong>de</strong> la<br />

terre.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> va au-<strong>de</strong>vant d'une terrible crise. <strong>Le</strong>s<br />

nations <strong>de</strong> la terre, coalisées pour faire la guerre<br />

aux comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu, décréteront « que<br />

tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et<br />

esclaves » ( Apocalypse 13.16 ) sont t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> se<br />

conformer aux usages <strong>de</strong> l'Église <strong>en</strong> observant un<br />

faux jour <strong>de</strong> repos. Quiconque s'y refusera sera<br />

passible <strong>de</strong> peines civiles et finalem<strong>en</strong>t déclaré<br />

digne <strong>de</strong> mort. D'autre part, la loi divine <strong>en</strong>joignant<br />

l'observation du jour <strong>de</strong> repos du Créateur exige<br />

l'obéissance et m<strong>en</strong>ace <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu celui<br />

1124


qui <strong>en</strong> transgresse les préceptes.<br />

<strong>La</strong> question étant ainsi posée, fouler aux pieds<br />

la loi <strong>de</strong> Dieu pour obéir à un décret humain<br />

équivaudra à recevoir la marque <strong>de</strong> la bête; ce sera<br />

accepter le signe <strong>de</strong> soumission à une autorité autre<br />

que celle <strong>de</strong> Dieu. Or, l'avertissem<strong>en</strong>t du ciel<br />

déclare : « Si quelqu'un adore la bête et son image,<br />

et reçoit une marque sur son front ou sur sa main, il<br />

boira, lui aussi, du vin <strong>de</strong> la fureur <strong>de</strong> Dieu, versé<br />

sans mélange dans la coupe <strong>de</strong> sa colère. » (<br />

Apocalypse 14.9, 10 )<br />

Mais nul ne sera l'objet <strong>de</strong> la réprobation divine<br />

avant d'avoir eu l'occasion <strong>de</strong> connaître la vérité et<br />

<strong>de</strong> la rejeter. Une foule <strong>de</strong> g<strong>en</strong>s n'ont pas <strong>en</strong>core<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du les vérités spéciales <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à notre<br />

temps. L'obligation d'observer le quatrième<br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t ne leur a jamais été prés<strong>en</strong>tée sous<br />

son vrai jour. Celui qui lit dans les coeurs et voit<br />

tous les mobiles, ne permettra pas que ceux qui<br />

aim<strong>en</strong>t la vérité ignor<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>jeu et les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces du conflit. <strong>Le</strong> décret ne surpr<strong>en</strong>dra<br />

personne. Chacun recevra suffisamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lumière<br />

1125


pour pouvoir pr<strong>en</strong>dre position <strong>en</strong> connaissance <strong>de</strong><br />

cause.<br />

<strong>La</strong> question du jour <strong>de</strong> repos – le point <strong>de</strong> la<br />

vérité particulièrem<strong>en</strong>t contesté – sera la gran<strong>de</strong><br />

pierre <strong>de</strong> touche <strong>de</strong> la fidélité. Lorsque les hommes<br />

seront soumis à cette épreuve finale, une ligne <strong>de</strong><br />

démarcation claire et précise sera établie <strong>en</strong>tre ceux<br />

qui serv<strong>en</strong>t Dieu et ceux qui ne le serv<strong>en</strong>t pas.<br />

D'une part, l'observation du faux jour <strong>de</strong> repos,<br />

conformém<strong>en</strong>t à une loi <strong>de</strong> l'État opposée au<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, constituera la<br />

soumission à une autorité <strong>en</strong> conflit avec celle <strong>de</strong><br />

Dieu; et, d'autre part, l'observation du vrai jour <strong>de</strong><br />

repos selon la loi <strong>de</strong> Dieu sera une preuve <strong>de</strong><br />

fidélité au Créateur. Tandis que les uns, <strong>en</strong><br />

acceptant le signe <strong>de</strong> leur soumission au pouvoir<br />

terrestre, pr<strong>en</strong>dront la marque <strong>de</strong> la bête, les autres,<br />

<strong>en</strong> choisissant le signe <strong>de</strong> la fidélité à l'autorité<br />

divine, recevront le sceau <strong>de</strong> Dieu.<br />

Jusqu'ici, les propagateurs du message du<br />

troisième ange ont été considérés comme <strong>de</strong><br />

simples alarmistes. On a qualifié <strong>de</strong> vaines et<br />

1126


d'absur<strong><strong>de</strong>s</strong> leurs prédictions annonçant que les<br />

États-Unis glisserai<strong>en</strong>t un jour dans l'intolérance<br />

religieuse, l'État et l'Église unissant leurs efforts<br />

pour persécuter les observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. On a hautem<strong>en</strong>t affirmé<br />

que jamais ce pays ne r<strong>en</strong>iera son passé, et qu'il<br />

restera toujours le champion <strong>de</strong> la liberté<br />

religieuse. Mais au mom<strong>en</strong>t où l'obligation<br />

d'observer le dimanche sera sérieusem<strong>en</strong>t agitée,<br />

lorsqu'on verra s'approcher l'événem<strong>en</strong>t déclaré<br />

chimérique, le message du troisième ange<br />

provoquera un effet qu'il n'aurait pas pu produire<br />

auparavant.<br />

En chaque génération, Dieu a chargé ses<br />

serviteurs <strong>de</strong> c<strong>en</strong>surer le péché, tant dans la société<br />

que dans l'Église. Mais le mon<strong>de</strong> aime à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses agréables et supporte mal la pure et<br />

simple vérité. Au début <strong>de</strong> leur oeuvre, bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformateurs s'étai<strong>en</strong>t promis d'user d'une gran<strong>de</strong><br />

prud<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> dénonçant les péchés <strong>de</strong> l'Église et <strong>de</strong><br />

la nation. Ils espérai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> donnant l'exemple d'une<br />

vie pure et chréti<strong>en</strong>ne, ram<strong>en</strong>er le mon<strong>de</strong> aux<br />

doctrines bibliques. Mais l'Esprit <strong>de</strong> Dieu s'empara<br />

1127


d'eux comme d'Élie lorsqu'il c<strong>en</strong>sura les iniquités<br />

d'un roi impie et d'un peuple apostat. Ils ne pur<strong>en</strong>t<br />

s'empêcher, <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong> leurs scrupules, <strong>de</strong> faire<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les déclarations <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Ils<br />

éprouvai<strong>en</strong>t l'obligation <strong>de</strong> prêcher la vérité avec<br />

zèle, et <strong>de</strong> signaler le péril que courai<strong>en</strong>t les<br />

pécheurs. Ils avai<strong>en</strong>t courageusem<strong>en</strong>t prononcé les<br />

paroles que le Seigneur leur avait dictées, et les<br />

populations avai<strong>en</strong>t été contraintes d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t.<br />

C'est ainsi que le message du troisième ange<br />

sera proclamé. Quand le temps sera v<strong>en</strong>u où celuici<br />

<strong>de</strong>vra ret<strong>en</strong>tir avec plus <strong>de</strong> puissance, le Seigneur<br />

agira par d'humbles instrum<strong>en</strong>ts qui se seront<br />

consacrés à son service. C'est par l'onction du<br />

Saint-Esprit plutôt que par la culture obt<strong>en</strong>ue dans<br />

les écoles qu'ils seront qualifiés <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> leur<br />

mission. Des hommes <strong>de</strong> foi et <strong>de</strong> prière, poussés<br />

par une force irrésistible et animés d'un saint zèle,<br />

iront annoncer les paroles que Dieu leur confiera.<br />

<strong>Le</strong>s péchés <strong>de</strong> Babylone seront dévoilés. <strong>Le</strong>s<br />

terribles conséqu<strong>en</strong>ces résultant <strong>de</strong> lois religieuses<br />

imposées par l'autorité civile, les ravages du<br />

1128


spiritisme, les progrès insidieux, mais rapi<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> la<br />

puissance papale, tout sera démasqué. Ces<br />

avertissem<strong>en</strong>ts sol<strong>en</strong>nels remueront les masses.<br />

Des milliers et <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> personnes, qui<br />

n'auront jamais ri<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du <strong>de</strong> pareil, appr<strong>en</strong>dront,<br />

à leur gran<strong>de</strong> stupéfaction, que Babylone est<br />

l'Église déchue à cause <strong>de</strong> ses erreurs, <strong>de</strong> ses<br />

péchés, et <strong>de</strong> son refus d'accepter <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

<strong>en</strong>voyées du ciel. Lorsque les g<strong>en</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ront<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> éclaircissem<strong>en</strong>ts à leurs conducteurs spirituels,<br />

ceux-ci leur prés<strong>en</strong>teront <strong><strong>de</strong>s</strong> fables, et<br />

prophétiseront <strong><strong>de</strong>s</strong> choses agréables pour calmer<br />

leurs craintes et tranquilliser leurs consci<strong>en</strong>ces<br />

réveillées. Et comme plusieurs se refuseront à<br />

accepter une simple déclaration humaine et<br />

exigeront d'eux un clair et précis : « Ainsi parle<br />

l'Éternel », ces conducteurs religieux, à l'instar <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pharisi<strong>en</strong>s d'autrefois qu'irritait la récusation <strong>de</strong><br />

leur autorité, dénonceront le message<br />

d'avertissem<strong>en</strong>t comme v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Satan, et<br />

pousseront les foules à malm<strong>en</strong>er et à persécuter<br />

ceux qui le proclam<strong>en</strong>t.<br />

<strong>La</strong> controverse gagnera <strong><strong>de</strong>s</strong> régions nouvelles<br />

1129


où l'att<strong>en</strong>tion du mon<strong>de</strong> sera attirée sur la loi <strong>de</strong><br />

Dieu foulée aux pieds. Satan agira <strong>de</strong> telle sorte<br />

que la puissance du message excitera la fureur <strong>de</strong><br />

ceux qui s'y opposeront. <strong>Le</strong>s pasteurs feront <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

efforts presque surhumains pour empêcher la<br />

lumière <strong>de</strong> parv<strong>en</strong>ir jusqu'à leurs troupeaux. Par<br />

tous les moy<strong>en</strong>s dont ils dispos<strong>en</strong>t, ils s'efforceront<br />

d'empêcher la discussion <strong>de</strong> ces questions vitales.<br />

<strong>Le</strong> mouvem<strong>en</strong>t dominical <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant plus hardi,<br />

l'Église fera appel au bras puissant <strong>de</strong> l'autorité<br />

civile, catholiques et protestants agissant <strong>de</strong><br />

concert. Au nom <strong>de</strong> la loi, les observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu seront m<strong>en</strong>acés<br />

d'am<strong>en</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> et d'emprisonnem<strong>en</strong>t. Quelques-uns se<br />

verront offrir <strong><strong>de</strong>s</strong> situations influ<strong>en</strong>tes, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

récomp<strong>en</strong>ses et <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages matériels. Loin <strong>de</strong><br />

r<strong>en</strong>oncer à leur foi, ils répondront invariablem<strong>en</strong>t,<br />

comme Luther : « Montrez-nous par la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu que nous sommes dans l'erreur. » Ceux qui<br />

seront traduits <strong>de</strong>vant les tribunaux plai<strong>de</strong>ront<br />

éloquemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la vérité et gagneront<br />

l'adhésion <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ceux qui les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dront.<br />

<strong>La</strong> lumière parvi<strong>en</strong>dra ainsi à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d'âmes<br />

qui autrem<strong>en</strong>t n'aurai<strong>en</strong>t pas eu l'occasion <strong>de</strong> la<br />

1130


connaître.<br />

L'obéissance fidèle à la Parole <strong>de</strong> Dieu sera<br />

qualifiée <strong>de</strong> rébellion. Aveuglés par Satan, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

par<strong>en</strong>ts se montreront intraitables <strong>en</strong>vers leurs<br />

<strong>en</strong>fants croyants, qu'ils déshériteront et chasseront<br />

<strong>de</strong> leurs foyers. Des maîtres opprimeront leurs<br />

serviteurs fidèles à Dieu. Ces paroles <strong>de</strong> saint Paul<br />

s'accompliront littéralem<strong>en</strong>t : « Tous ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t vivre pieusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Jésus-Christ seront<br />

persécutés. » ( 2 Timothée 3.12 ) <strong>Le</strong>ur refus<br />

d'observer le dimanche les exposera à la prison, à<br />

l'exil et aux mauvais traitem<strong>en</strong>ts. Au point <strong>de</strong> vue<br />

humain, tout cela paraît maint<strong>en</strong>ant impossible;<br />

mais lorsque la puissance du Saint-Esprit se retirera<br />

<strong>de</strong> la terre et que le mon<strong>de</strong> sera <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t sous<br />

l'empire <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi, on verra <strong><strong>de</strong>s</strong> choses étranges.<br />

<strong>Le</strong> coeur humain peut <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir bi<strong>en</strong> cruel lorsque la<br />

crainte et l'amour <strong>de</strong> Dieu ont été bannis.<br />

À l'approche <strong>de</strong> l'orage, un grand nombre <strong>de</strong><br />

personnes ayant professé la foi au message du<br />

troisième ange, mais qui n'auront pas été<br />

sanctifiées par l'obéissance à la vérité, changeront<br />

1131


d'attitu<strong>de</strong> et passeront dans les rangs <strong>de</strong><br />

l'opposition. En s'unissant au mon<strong>de</strong> et <strong>en</strong><br />

participant à son esprit, elles <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>dront à<br />

<strong>en</strong>visager les choses à peu près sous le même<br />

angle; aussi, <strong>de</strong>vant le danger, seront-elles toutes<br />

disposées à choisir le chemin le plus facile. Des<br />

hommes capables et éloqu<strong>en</strong>ts, qui s'étai<strong>en</strong>t réjouis<br />

dans la vérité, se serviront <strong>de</strong> leurs tal<strong>en</strong>ts pour<br />

circonv<strong>en</strong>ir et détourner les âmes, et ils<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront les <strong>en</strong>nemis les plus acharnés <strong>de</strong> leurs<br />

anci<strong>en</strong>s frères. Quand <strong><strong>de</strong>s</strong> observateurs du sabbat<br />

seront traînés <strong>de</strong>vant les tribunaux pour y r<strong>en</strong>dre<br />

raison <strong>de</strong> leur foi, ces apostats, véritables ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Satan, seront les plus empressés à les accuser, à les<br />

calomnier et à leur aliéner les sympathies <strong><strong>de</strong>s</strong> juges<br />

par leurs m<strong>en</strong>songes et leurs insinuations.<br />

Durant cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> persécution, la foi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

serviteurs <strong>de</strong> Dieu sera soumise à une ru<strong>de</strong><br />

épreuve. Ils auront fidèlem<strong>en</strong>t donné<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> s'appuyant uniquem<strong>en</strong>t sur Dieu<br />

et sur Sa Parole. Contraints <strong>de</strong> parler par l'Esprit du<br />

Seigneur, stimulés par un saint zèle et par une<br />

puissante impulsion d'<strong>en</strong> haut, ils auront fait leur<br />

1132


<strong>de</strong>voir sans calculer les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leurs<br />

paroles. Ils n'auront songé ni à leurs intérêts<br />

temporels, ni à leur réputation, ni à leur vie. Et<br />

pourtant, l'orage <strong>de</strong> l'opprobre et <strong>de</strong> l'opposition<br />

v<strong>en</strong>ant à fondre sur eux, quelques-uns seront prêts<br />

à s'écrier, dans leur consternation : « Si nous avions<br />

prévu les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> nos paroles, nous nous<br />

serions tus. » Entourés <strong>de</strong> difficultés, <strong>en</strong> butte aux<br />

plus ru<strong><strong>de</strong>s</strong> assauts du diable, la mission qu'ils ont<br />

<strong>en</strong>treprise m<strong>en</strong>açant <strong>de</strong> les écraser, ils perdront leur<br />

<strong>en</strong>thousiasme. Mais, ne pouvant retourner <strong>en</strong><br />

arrière, ils se jetteront dans les bras du Tout-<br />

Puissant, <strong>en</strong> se souv<strong>en</strong>ant que leurs paroles ne<br />

v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas d'eux, mais que c'est Dieu qui a mis<br />

dans leur coeur cette vérité qu'ils n'ont pu faire<br />

autrem<strong>en</strong>t que <strong>de</strong> proclamer.<br />

Des épreuves semblables ont été le lot <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes <strong>de</strong> Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles passés. Wiclef, Hus,<br />

Luther, Tyndale, Baxter, Wesley <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t que<br />

toute doctrine fût soumise à l'épreuve <strong><strong>de</strong>s</strong> saintes<br />

Écritures, et se déclarai<strong>en</strong>t prêts à r<strong>en</strong>oncer à tout<br />

ce que la Bible condamne. <strong>La</strong> persécution s'abattit<br />

sur eux avec une rage inlassable, mais sans réussir<br />

1133


à leur faire taire la vérité. Chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> l'Église a été marquée par quelque<br />

vérité adaptée aux besoins <strong>de</strong> l'époque. Ces<br />

révélations nouvelles, <strong>en</strong> butte à l'opposition et à la<br />

haine, ont toujours été accueillies par les âmes<br />

pieuses. Quand le Seigneur, <strong>en</strong> une heure <strong>de</strong> crise,<br />

donne une vérité spéciale à son peuple, comm<strong>en</strong>t<br />

refuser <strong>de</strong> la proclamer? Il ordonne maint<strong>en</strong>ant à<br />

ses serviteurs <strong>de</strong> faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre au mon<strong>de</strong> le <strong>de</strong>rnier<br />

appel <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. Ce serait au péril <strong>de</strong> leur âme<br />

que les ambassa<strong>de</strong>urs du Christ gar<strong>de</strong>rai<strong>en</strong>t le<br />

sil<strong>en</strong>ce. Pourvu qu'ils fass<strong>en</strong>t leur <strong>de</strong>voir, ils n'ont<br />

pas à s'inquiéter <strong><strong>de</strong>s</strong> conséqu<strong>en</strong>ces; Dieu s'<strong>en</strong><br />

occupe.<br />

Lorsque l'opposition <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra plus viol<strong>en</strong>te,<br />

les serviteurs <strong>de</strong> Dieu seront très perplexes; ils se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ront s'ils n'ont pas eux-mêmes précipité<br />

cette crise. Mais leur consci<strong>en</strong>ce et la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu leur donneront la certitu<strong>de</strong> qu'ils auront bi<strong>en</strong><br />

agi, et ils seront fortifiés pour supporter l'épreuve.<br />

<strong>Le</strong> conflit aura beau se prolonger et <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir plus<br />

âpre, leur foi et leur courage croîtront avec la<br />

tourm<strong>en</strong>te. <strong>Le</strong>ur déclaration sera : « Nous n'osons<br />

1134


pas sacrifier la Parole <strong>de</strong> Dieu pour obt<strong>en</strong>ir la<br />

faveur du mon<strong>de</strong>. Nous ne pouvons scin<strong>de</strong>r Sa loi<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux parties dont l'une serait ess<strong>en</strong>tielle et<br />

l'autre secondaire. <strong>Le</strong> Dieu que nous servons peut<br />

nous délivrer. <strong>Le</strong> Christ a vaincu les puissances <strong>de</strong><br />

la terre; pourquoi redouterions-nous un mon<strong>de</strong> déjà<br />

vaincu? »<br />

Sous ses formes diverses, la persécution est la<br />

conséqu<strong>en</strong>ce d'un principe qui subsistera tant que<br />

le christianisme sera vivant et aussi longtemps que<br />

Satan. Nul ne peut servir Dieu sans voir l'armée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres se dresser contre lui, sans être assailli par<br />

les mauvais anges, alarmés <strong>de</strong> voir leur proie leur<br />

échapper. De faux croyants s'uniss<strong>en</strong>t aux esprits<br />

malins pour le séparer <strong>de</strong> Dieu par <strong><strong>de</strong>s</strong> offres<br />

séduisantes, et, quand celles-ci échou<strong>en</strong>t, pour<br />

recourir à la contrainte et viol<strong>en</strong>ter sa consci<strong>en</strong>ce.<br />

Mais tant que Jésus-Christ plai<strong>de</strong> dans le<br />

sanctuaire céleste, l'influ<strong>en</strong>ce du Saint-Esprit se fait<br />

s<strong>en</strong>tir tant chez les magistrats que parmi le peuple.<br />

Elle s'exerce dans une certaine mesure par<br />

l'intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> lois du pays. Sans ces lois, la<br />

1135


condition du mon<strong>de</strong> serait bi<strong>en</strong> pire qu'elle n'est. Si<br />

un bon nombre <strong>de</strong> magistrats sont d'actifs ag<strong>en</strong>ts du<br />

t<strong>en</strong>tateur, Dieu a aussi les si<strong>en</strong>s parmi les hommes<br />

d'État. Quand l'<strong>en</strong>nemi pousse ses affiliés à<br />

proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> nature à <strong>en</strong>traver<br />

sérieusem<strong>en</strong>t la cause <strong>de</strong> la vérité, les anges<br />

inspir<strong>en</strong>t à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes influ<strong>en</strong>ts qui craign<strong>en</strong>t<br />

Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts irréfutables contre ces<br />

propositions. Ainsi, quelques hommes seront à<br />

même d'<strong>en</strong>diguer un puissant flot <strong>de</strong> rigueurs et<br />

d'oppression <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la vérité,<br />

flot qui eût empêché le message du troisième ange<br />

d'accomplir sa mission. L'avertissem<strong>en</strong>t final<br />

reti<strong>en</strong>dra l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> ces hommes haut placés.<br />

Quelques-uns l'accepteront et feront partie du<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu au cours du temps <strong>de</strong> détresse.<br />

L'ange qui vi<strong>en</strong>t participer à la proclamation du<br />

troisième message doit « éclairer toute la terre <strong>de</strong><br />

sa gloire ». Cette parole annonce une oeuvre<br />

universelle d'une puissance extraordinaire. <strong>Le</strong><br />

mouvem<strong>en</strong>t adv<strong>en</strong>tiste <strong>de</strong> 1840-1844, parv<strong>en</strong>u à<br />

toutes les stations missionnaires du mon<strong>de</strong>, fut une<br />

glorieuse manifestation <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> Dieu.<br />

1136


On assista alors, dans certains pays, au plus grand<br />

réveil religieux qu'on eût vu <strong>de</strong>puis les jours <strong>de</strong> la<br />

Réforme au XVIe siècle; mais il sera surpassé par<br />

le puissant réveil que suscitera l'avertissem<strong>en</strong>t final<br />

du troisième ange.<br />

Il se produira <strong>en</strong> ce temps-là un mouvem<strong>en</strong>t<br />

analogue à celui <strong>de</strong> la P<strong>en</strong>tecôte figuré par « la<br />

pluie <strong>de</strong> la première saison », répandue lors <strong>de</strong><br />

l'effusion du Saint-Esprit aux débuts <strong>de</strong> la<br />

proclamation <strong>de</strong> l'Évangile. Ce sera la pluie <strong>de</strong><br />

l'arrière-saison » qui vi<strong>en</strong>dra pour faire mûrir la<br />

moisson. « Cherchons à connaître l'Éternel; Sa<br />

v<strong>en</strong>ue est aussi certaine que celle <strong>de</strong> l'aurore. Il<br />

vi<strong>en</strong>dra pour nous comme la pluie, comme la pluie<br />

du printemps qui arrose la terre. » ( Osée 6.3 ) « Et<br />

vous, <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Sion, soyez dans l'allégresse et<br />

réjouissez-vous <strong>en</strong> l'Éternel, votre Dieu, car il vous<br />

donnera la pluie <strong>en</strong> son temps, il vous <strong>en</strong>verra la<br />

pluie <strong>de</strong> la première et <strong>de</strong> l'arrière-saison, comme<br />

autrefois. » ( Joël 2.23 ) « Dans les <strong>de</strong>rniers jours,<br />

dit Dieu, je répandrai <strong>de</strong> Mon Esprit sur toute chair.<br />

» « Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur<br />

sera sauvé. » ( Actes 2.17, 21 )<br />

1137


<strong>La</strong> proclamation <strong>de</strong> l'Évangile ne se terminera<br />

pas avec une puissance inférieure à celle qui a<br />

marqué ses débuts. <strong>Le</strong>s prophéties qui<br />

s'accomplir<strong>en</strong>t par l'apparition <strong>de</strong> la pluie <strong>de</strong> la<br />

première saison doiv<strong>en</strong>t trouver leur contrepartie<br />

dans la pluie <strong>de</strong> l'arrière-saison, à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps.<br />

Ce seront alors les « temps <strong>de</strong> rafraîchissem<strong>en</strong>t »<br />

que l'apôtre Pierre att<strong>en</strong>dait, quand il disait : «<br />

Rep<strong>en</strong>tez-vous donc et convertissez-vous, pour que<br />

vos péchés soi<strong>en</strong>t effacés, afin que <strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong>de</strong><br />

rafraîchissem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la part du Seigneur, et<br />

qu'il <strong>en</strong>voie celui qui vous a été <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné, Jésus-<br />

Christ. » ( Actes 3.19, 20 )<br />

<strong>Le</strong>s serviteurs <strong>de</strong> Dieu, le visage illuminé d'une<br />

sainte consécration, iront <strong>de</strong> lieu <strong>en</strong> lieu proclamer<br />

le message céleste. Des milliers <strong>de</strong> voix le feront<br />

ret<strong>en</strong>tir dans toutes les parties du mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

mala<strong><strong>de</strong>s</strong> seront guéris, <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles et <strong><strong>de</strong>s</strong> prodiges<br />

accompagneront les croyants. Satan, <strong>de</strong> son côté,<br />

opérera <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles trompeurs jusqu'à faire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre le feu du ciel sur la terre à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes. (Voir Apocalypse 13.13 ) Ainsi, les<br />

1138


habitants <strong>de</strong> la terre seront mis <strong>en</strong> <strong>de</strong>meure <strong>de</strong><br />

pr<strong>en</strong>dre position.<br />

Ce n'est pas tant par <strong><strong>de</strong>s</strong> argum<strong>en</strong>ts que par une<br />

profon<strong>de</strong> conviction inspirée par le Saint-Esprit<br />

que sera proclamé l'avertissem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s preuves<br />

auront été produites. <strong>La</strong> sem<strong>en</strong>ce jetée auparavant<br />

portera alors <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits. <strong>Le</strong>s publications répandues<br />

par <strong>de</strong> zélés croyants auront exercé leur influ<strong>en</strong>ce.<br />

Plusieurs <strong>de</strong> ceux qui n'avai<strong>en</strong>t pu compr<strong>en</strong>dre<br />

la vérité, la saisiront pleinem<strong>en</strong>t et s'y<br />

conformeront. Des rayons <strong>de</strong> lumière pénétreront<br />

alors <strong>en</strong> tous lieux, la vérité paraîtra dans toute sa<br />

clarté et les âmes honnêtes briseront les chaînes qui<br />

les asservissai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s relations <strong>de</strong> famille et<br />

d'église ne pourront plus les ret<strong>en</strong>ir. <strong>La</strong> vérité leur<br />

sera plus précieuse que toute autre chose. En dépit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> puissances liguées contre la vérité, nombreux<br />

seront ceux qui se déci<strong>de</strong>ront à suivre le Seigneur.<br />

1139


Chapitre 39<br />

<strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> détresse<br />

« En ce temps-là se lèvera Micaël, le grand<br />

chef, le déf<strong>en</strong>seur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> ton peuple; et ce<br />

sera une époque <strong>de</strong> détresse, telle qu'il n'y <strong>en</strong> a<br />

point eu <strong>de</strong>puis que les nations exist<strong>en</strong>t jusqu'a<br />

cette époque. En ce temps-là, ceux <strong>de</strong> ton peuple<br />

qui seront trouvés inscrits dans le livre seront<br />

sauvés. » ( Daniel 12.1 )<br />

Quand le message du troisième ange aura<br />

achevé son oeuvre, la miséricor<strong>de</strong> divine cessera<br />

d'intercé<strong>de</strong>r <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> coupables habitants <strong>de</strong> la<br />

terre. <strong>La</strong> tâche du peuple <strong>de</strong> Dieu sera terminée. Il<br />

a reçu la pluie <strong>de</strong> l'arrière-saison; les « temps <strong>de</strong><br />

rafraîchissem<strong>en</strong>t [sont v<strong>en</strong>us] <strong>de</strong> la part du<br />

Seigneur »; il est prêt à affronter l'heure <strong>de</strong><br />

l'épreuve qui l'att<strong>en</strong>d. <strong>Le</strong>s anges s'affair<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le<br />

ciel et la terre. Un ange rev<strong>en</strong>u <strong>de</strong> la terre annonce<br />

que sa mission est finie, que le mon<strong>de</strong> a subi sa<br />

<strong>de</strong>rnière épreuve, et que tous ceux qui ont été<br />

1140


fidèles aux préceptes divins ont reçu « le sceau du<br />

Dieu vivant » ( Apocalypse 7.2 ). Jésus qui, dans le<br />

sanctuaire céleste, a mis un terme à son<br />

intercession, lève les mains et s'écrie d'une voix<br />

forte : « C'<strong>en</strong> est fait! » ( Apocalypse 16.18 ) Puis,<br />

tandis que toutes les armées angéliques dépos<strong>en</strong>t<br />

leurs couronnes, il proclame sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t : «<br />

Que celui qui est injuste soit <strong>en</strong>core injuste, que<br />

celui qui est souillé se souille <strong>en</strong>core; et que le<br />

juste pratique <strong>en</strong>core la justice, et que celui qui est<br />

saint se sanctifie <strong>en</strong>core. » ( Apocalypse 22.11 ) <strong>Le</strong><br />

sort <strong>de</strong> tous les hommes a été décidé, soit pour la<br />

vie, soit pour la mort. <strong>Le</strong> Sauveur a fait la<br />

propitiation pour Son peuple, et Il a effacé ses<br />

péchés. <strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong> Ses sujets est complet. « <strong>Le</strong><br />

règne, la domination, et la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> tous les<br />

royaumes qui sont sous les cieux » sont sur le point<br />

d'être confiés aux héritiers du salut; Jésus va régner<br />

comme Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et Seigneur <strong><strong>de</strong>s</strong> seigneurs.<br />

Au mom<strong>en</strong>t où il quittera le sanctuaire, les<br />

habitants <strong>de</strong> la terre seront plongés dans les<br />

ténèbres. À cette heure lugubre, les justes <strong>de</strong>vront<br />

vivre <strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> Dieu sans intercesseur. <strong>Le</strong>s<br />

1141


estrictions qui pesai<strong>en</strong>t sur les pécheurs étant<br />

levées, Satan exercera un empire absolu sur les<br />

impénit<strong>en</strong>ts irréductibles. <strong>La</strong> grâce divine sera<br />

parv<strong>en</strong>ue à son terme. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> aura rejeté la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, méprisé Son amour et foulé<br />

aux pieds Sa loi. <strong>Le</strong>s méchants auront franchi les<br />

limites <strong>de</strong> leur temps <strong>de</strong> probation; l'Esprit <strong>de</strong> Dieu,<br />

auquel ils auront obstiném<strong>en</strong>t résisté, leur sera<br />

<strong>en</strong>fin retiré. N'étant plus protégés par la grâce<br />

divine, ils seront à la merci <strong>de</strong> Satan, qui plongera<br />

alors les habitants <strong>de</strong> la terre dans la gran<strong>de</strong><br />

détresse finale. <strong>Le</strong>s anges <strong>de</strong> Dieu, ayant cessé <strong>de</strong><br />

t<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> échec la viol<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> passions humaines,<br />

tous les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> discor<strong>de</strong> seront déchaînés. <strong>Le</strong><br />

mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier passera par une catastrophe plus<br />

redoutable que celle dans laquelle périt l'anci<strong>en</strong>ne<br />

Jérusalem.<br />

Un seul ange fit autrefois mourir tous les<br />

premiers-nés <strong><strong>de</strong>s</strong> Égypti<strong>en</strong>s et plongea le pays dans<br />

le <strong>de</strong>uil. Quand David pécha contre Dieu <strong>en</strong> faisant<br />

le dénombrem<strong>en</strong>t du peuple, un seul ange suffit<br />

pour produire l'hécatombe qui frappa Israël. <strong>La</strong><br />

puissance <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction exercée jadis sur l'ordre <strong>de</strong><br />

1142


Dieu par <strong>de</strong> saints anges sera, dès qu'il le leur<br />

permettra, abandonnée aux mauvais anges. Il y a<br />

maint<strong>en</strong>ant <strong><strong>de</strong>s</strong> forces toutes prêtes à répandre la<br />

désolation <strong>en</strong> tous lieux, et qui n'att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que la<br />

permission <strong>de</strong> Dieu.<br />

On a souv<strong>en</strong>t accusé ceux qui honor<strong>en</strong>t Dieu<br />

d'attirer <strong><strong>de</strong>s</strong> fléaux sur l'humanité. À ce mom<strong>en</strong>t-là,<br />

ils seront considérés comme étant la cause <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

effrayantes convulsions <strong>de</strong> la nature, aussi bi<strong>en</strong> que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> luttes sanglantes qui désoleront la terre. En<br />

outre, la puissance du <strong>de</strong>rnier avertissem<strong>en</strong>t ayant<br />

<strong>en</strong>flammé la colère <strong>de</strong> ceux qui l'ont rejeté, l'esprit<br />

<strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> persécution, int<strong>en</strong>sifié par Satan, se<br />

déchaînera contre les fidèles.<br />

Quand Dieu se fut retiré du milieu <strong>de</strong> la nation<br />

israélite, ni les sacrificateurs ni le peuple n'<strong>en</strong><br />

eur<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce. Livrés à l'empire absolu <strong>de</strong><br />

Satan, et esclaves <strong><strong>de</strong>s</strong> plus viol<strong>en</strong>tes passions, ils ne<br />

se considérai<strong>en</strong>t pas moins comme les favoris du<br />

ciel. <strong>Le</strong>s cérémonies suivai<strong>en</strong>t leur cours dans le<br />

temple; on offrait <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices sur <strong><strong>de</strong>s</strong> autels<br />

souillés <strong>de</strong> crimes, et on invoquait chaque jour la<br />

1143


énédiction du ciel sur un peuple coupable du sang<br />

du Fils <strong>de</strong> Dieu et assoiffé <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> ses disciples<br />

et apôtres. L'humanité ne se doutera pas davantage<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions irrévocables auront été prises<br />

dans le sanctuaire, que l'Esprit <strong>de</strong> Dieu se sera<br />

définitivem<strong>en</strong>t retiré, et que la <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée du mon<strong>de</strong><br />

aura été scellée pour l'éternité. On continuera <strong>de</strong><br />

pratiquer les formes du culte, et une ar<strong>de</strong>ur<br />

satanique revêtira les appar<strong>en</strong>ces d'un grand zèle<br />

pour le service <strong>de</strong> Dieu.<br />

Alors que le jour du repos sera la principale<br />

question agitée dans la chréti<strong>en</strong>té, et que les<br />

autorités civiles et ecclésiastiques auront uni leurs<br />

forces pour imposer à tous l'observation du<br />

dimanche, le refus obstiné d'une faible minorité <strong>de</strong><br />

croyants <strong>de</strong> se soumettre aux exig<strong>en</strong>ces populaires<br />

fera d'eux les objets d'une exécration universelle.<br />

On déclarera qu'on ne doit pas tolérer les quelques<br />

individus qui résist<strong>en</strong>t à une institution <strong>de</strong> l'Église<br />

et à une loi <strong>de</strong> l'État; qu'il est préférable <strong>de</strong> les<br />

sacrifier plutôt que <strong>de</strong> plonger <strong><strong>de</strong>s</strong> nations <strong>en</strong>tières<br />

dans la confusion et l'anarchie. Il y a dix-huit<br />

siècles, « les chefs du peuple » se servai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce<br />

1144


même argum<strong>en</strong>t contre Jésus. « Il est <strong>de</strong> votre<br />

intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et<br />

que la nation <strong>en</strong>tière ne périsse pas » ( Jean 11.50 ),<br />

disait l'astucieux Caïphe. Cet argum<strong>en</strong>t semblera<br />

concluant. Un décret lancé contre les observateurs<br />

du sabbat du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les<br />

déclarera passibles <strong><strong>de</strong>s</strong> châtim<strong>en</strong>ts les plus sévères<br />

et donnera au public, à partir d'une certaine date,<br />

l'autorisation <strong>de</strong> les mettre à mort. <strong>Le</strong> romanisme<br />

dans l'Anci<strong>en</strong> Mon<strong>de</strong>, et le protestantisme apostat<br />

dans le Nouveau adopteront les mêmes mesures<br />

<strong>en</strong>vers ceux qui honor<strong>en</strong>t les statuts <strong>de</strong> l'Éternel.<br />

<strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu sera alors plongé dans les<br />

scènes d'affliction et d'angoisse que le prophète<br />

qualifie <strong>de</strong> « temps <strong>de</strong> détresse <strong>de</strong> Jacob ». « Ainsi<br />

parle l'Éternel : Nous <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons <strong><strong>de</strong>s</strong> cris d'effroi;<br />

c'est l'épouvante, ce n'est pas la paix... Pourquoi<br />

tous les visages sont-ils <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us pâles? Malheur!<br />

car ce jour est grand; il n'y <strong>en</strong> a point eu <strong>de</strong><br />

semblable. C'est un temps d'angoisse pour Jacob;<br />

mais il <strong>en</strong> sera délivré. » ( Jérémie 30.5-7 )<br />

<strong>La</strong> situation du peuple <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> ce temps <strong>de</strong><br />

1145


détresse est représ<strong>en</strong>tée par la nuit d'agonie passée<br />

par Jacob à crier à Dieu <strong>de</strong> le délivrer <strong>de</strong> la main<br />

d'Ésaü. (Voir G<strong>en</strong>èse 32.24-30 ) Pour avoir<br />

extorqué par ruse la bénédiction que son père<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinait à Ésaü, Jacob avait dû s'<strong>en</strong>fuir pour<br />

échapper aux m<strong>en</strong>aces <strong>de</strong> mort proférées par son<br />

frère. Après <strong><strong>de</strong>s</strong> années d'exil, sur l'ordre <strong>de</strong> Dieu,<br />

il s'était mis <strong>en</strong> route pour r<strong>en</strong>trer au pays<br />

accompagné <strong>de</strong> ses femmes, <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants et <strong>de</strong><br />

ses troupeaux <strong>de</strong> gros et <strong>de</strong> m<strong>en</strong>u bétail. Parv<strong>en</strong>u à<br />

la frontière, il fut frappé <strong>de</strong> terreur par la nouvelle<br />

que son frère, évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t animé d'un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

v<strong>en</strong>geance, v<strong>en</strong>ait à sa r<strong>en</strong>contre à la tête d'une<br />

troupe d'hommes armés. Jacob comprit que, sans<br />

armes et sans déf<strong>en</strong>se, sa caravane était, selon toute<br />

probabilité, condamnée à être massacrée. À ce<br />

motif d'effroi v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t s'ajouter <strong>de</strong> cuisants<br />

remords à la p<strong>en</strong>sée que son péché était cause <strong>de</strong> ce<br />

danger. Son unique espérance résidait dans la<br />

miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, sa seule arme était la prière. Il<br />

ne négligea néanmoins aucune précaution pour<br />

réparer le tort fait à son frère et pour conjurer le<br />

péril qui le m<strong>en</strong>açait. À l'approche du temps <strong>de</strong><br />

détresse, le peuple <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>vra faire égalem<strong>en</strong>t<br />

1146


tout ce qui est <strong>en</strong> son pouvoir pour gagner les<br />

bonnes grâces du public, pour désarmer les<br />

préjugés et détourner le danger qui m<strong>en</strong>acera la<br />

liberté <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce.<br />

Ayant <strong>en</strong>voyé sa famille <strong>de</strong>vant lui afin <strong>de</strong> lui<br />

épargner la vue <strong>de</strong> son angoisse, Jacob s'isola pour<br />

plai<strong>de</strong>r avec Dieu. Il lui confessa ses péchés, et il<br />

reconnut, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> grâces, les faveurs<br />

dont le Seigneur l'avait comblé. En <strong><strong>de</strong>s</strong> termes qui<br />

trahiss<strong>en</strong>t une profon<strong>de</strong> humiliation, il rappela à<br />

Dieu l'alliance conclue avec ses pères et les<br />

promesses qui lui avai<strong>en</strong>t été faites, à Béthel, dans<br />

sa vision nocturne, alors qu'il se r<strong>en</strong>dait au pays <strong>de</strong><br />

l'exil. <strong>La</strong> crise <strong>de</strong> sa vie était v<strong>en</strong>ue; tout ce qu'il<br />

possédait était <strong>en</strong> jeu. Solitaire, Jacob passa la nuit<br />

à prier et à s'humilier. Soudain, une main le saisit<br />

par l'épaule. Se croyant assailli par un <strong>en</strong>nemi qui<br />

<strong>en</strong> voulait à sa vie, il se déf<strong>en</strong>dit avec l'énergie du<br />

désespoir. À l'aube, l'inconnu, usant d'une<br />

puissance surhumaine, appuya sa main sur la<br />

hanche du robuste berger qui, mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t<br />

paralysé, et soudain éclairé, se jeta impuissant et<br />

sanglotant sur le cou <strong>de</strong> son mystérieux<br />

1147


antagoniste. Jacob savait, maint<strong>en</strong>ant, qu'il avait<br />

lutté avec l'ange <strong>de</strong> l'Alliance. Mais, bi<strong>en</strong> que<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>u infirme et <strong>en</strong> proie à une vive douleur, il ne<br />

r<strong>en</strong>onça pas à son <strong><strong>de</strong>s</strong>sein. Assez longtemps les<br />

regrets et les remords l'avai<strong>en</strong>t tourm<strong>en</strong>té; il voulait<br />

avoir l'assurance <strong>de</strong> son pardon. Comme le divin<br />

Vi<strong>site</strong>ur semblait se disposer à le quitter, Jacob se<br />

cramponna à lui et le supplia <strong>de</strong> le bénir. À l'ange<br />

qui lui disait : « <strong>La</strong>isse-moi aller, car l'aurore se<br />

lève », le patriarche répondit : « Je ne te laisserai<br />

point aller, que tu ne m'aies béni! » Parole<br />

admirable <strong>de</strong> confiance, <strong>de</strong> courage et <strong>de</strong><br />

constance! Si elle avait été dictée par l'orgueil ou la<br />

présomption, Jacob aurait été instantaném<strong>en</strong>t<br />

foudroyé; mais son assurance était celle <strong>de</strong><br />

l'homme qui, ayant confessé sa faiblesse et son<br />

indignité, a confiance <strong>en</strong> la miséricor<strong>de</strong> d'un Dieu<br />

fidèle à son alliance.<br />

« Il lutta avec l'ange, et il fut vainqueur. » (<br />

Osée 12.5 ) Grâce à son humiliation, à son rep<strong>en</strong>tir<br />

et au complet abandon <strong>de</strong> soi-même, ce mortel,<br />

faillible et pécheur, remporta la victoire dans sa<br />

lutte avec la Majesté du ciel. De sa main<br />

1148


tremblante, il s'était saisi <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses <strong>de</strong> Dieu, et<br />

celui dont le coeur brûle d'un amour infini n'avait<br />

pu rejeter la supplication du pénit<strong>en</strong>t. Comme<br />

preuve <strong>de</strong> son triomphe, et pour <strong>en</strong>courager<br />

d'autres malheureux à suivre son exemple, le nom<br />

<strong>de</strong> Jacob, qui rappelait son péché, fut remplacé par<br />

un autre, Israël, qui commémorait sa victoire. <strong>Le</strong><br />

fait que Jacob fut le plus fort <strong>en</strong> « luttant avec Dieu<br />

» <strong>de</strong>vint pour lui un gage <strong>de</strong> la promesse qu'il serait<br />

aussi vainqueur <strong>en</strong> luttant avec les hommes. Il ne<br />

craignit donc plus d'affronter la colère <strong>de</strong> son frère<br />

: l'Éternel était son déf<strong>en</strong>seur.<br />

Satan avait accusé Jacob <strong>de</strong>vant les anges <strong>de</strong><br />

Dieu, il prét<strong>en</strong>dait avoir le droit <strong>de</strong> le faire mourir à<br />

cause <strong>de</strong> son péché. Il avait <strong>en</strong>suite poussé Ésaü à<br />

marcher contre lui, et, au cours <strong>de</strong> la longue<br />

bataille nocturne, le t<strong>en</strong>tateur s'était efforcé <strong>de</strong><br />

décourager le patriarche <strong>en</strong> lui rappelant sa<br />

transgression et <strong>de</strong> lui faire abandonner la partie.<br />

Certain que, sans le secours du ciel il était<br />

irrémédiablem<strong>en</strong>t perdu, Jacob faillit tomber dans<br />

le désespoir. Mais, tout <strong>en</strong> regrettant sincèrem<strong>en</strong>t<br />

sa gran<strong>de</strong> faute, il fit appel à la miséricor<strong>de</strong> divine,<br />

1149


efusant <strong>de</strong> se laisser détourner <strong>de</strong> son but. Se<br />

cramponnant à l'ange, il lui prés<strong>en</strong>ta sa requête<br />

avec une int<strong>en</strong>sité et une ferveur telles qu'il<br />

remporta la victoire.<br />

De même qu'il poussa autrefois Ésaü à marcher<br />

contre son frère, ainsi, p<strong>en</strong>dant le temps <strong>de</strong><br />

détresse, Satan incitera les méchants à faire périr le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu, qu'il accusera comme il accusa<br />

Jacob. Il considère tous les hommes comme ses<br />

sujets. Seul le petit groupe d'observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu résiste à son autorité, et,<br />

s'il pouvait les extirper <strong>de</strong> la terre, son triomphe<br />

serait complet. Mais il verra <strong><strong>de</strong>s</strong> anges veiller sur<br />

eux, et il <strong>en</strong> conclura que leurs péchés sont<br />

pardonnés; seulem<strong>en</strong>t il ne saura pas que leur sort a<br />

été décidé dans le sanctuaire céleste. Aussi,<br />

connaissant exactem<strong>en</strong>t les transgressions dans<br />

lesquelles il les a fait tomber, il les prés<strong>en</strong>tera<br />

<strong>de</strong>vant Dieu <strong>en</strong> exagérant démesurém<strong>en</strong>t leurs<br />

fautes et <strong>en</strong> concluant qu'ils mérit<strong>en</strong>t, tout aussi<br />

bi<strong>en</strong> que lui, d'être exclus du ciel. Il affirmera que<br />

Dieu ne peut pas, <strong>en</strong> justice, leur pardonner et le<br />

détruire, lui et ses démons. Il les réclamera donc<br />

1150


comme lui appart<strong>en</strong>ant et exigera qu'ils lui soi<strong>en</strong>t<br />

livrés.<br />

Tandis que Satan accusera les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu,<br />

il lui sera permis <strong>de</strong> les assaillir <strong>de</strong> ses plus fortes<br />

t<strong>en</strong>tations. <strong>Le</strong>ur confiance, leur foi et leur fermeté<br />

seront soumises à ru<strong>de</strong> épreuve. Il s'efforcera <strong>de</strong> les<br />

terrifier <strong>en</strong> leur prés<strong>en</strong>tant leur cas comme<br />

désespéré, et la souillure <strong>de</strong> leur péché comme<br />

ineffaçable. Il espérera ainsi les faire succomber <strong>en</strong><br />

r<strong>en</strong>iant Dieu. Eux, <strong>en</strong> récapitulant leur passé, seront<br />

consci<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> leur faiblesse et <strong>de</strong> leur indignité, ils<br />

ne verront que peu <strong>de</strong> bonnes choses dans tout le<br />

cours <strong>de</strong> leur vie, et leur foi sera ébranlée.<br />

Bi<strong>en</strong> qu'<strong>en</strong>touré d'<strong>en</strong>nemis résolus à l'écraser, le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu ne sera pas inquiet à cause <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

persécutions. Il craindra <strong>de</strong> ne s'être pas rep<strong>en</strong>ti <strong>de</strong><br />

tous ses péchés et <strong>de</strong> s'être privé, <strong>en</strong> raison <strong>de</strong><br />

quelque faute, du bénéfice <strong>de</strong> cette promesse du<br />

Sauveur : « Je te gar<strong>de</strong>rai aussi à l'heure <strong>de</strong> la<br />

t<strong>en</strong>tation qui va v<strong>en</strong>ir sur le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier, pour<br />

éprouver les habitants <strong>de</strong> la terre. » ( Apocalypse<br />

3.10 ) S'il avait l'assurance <strong>de</strong> son pardon, il ne<br />

1151


eculerait ni <strong>de</strong>vant la torture, ni <strong>de</strong>vant la mort;<br />

mais il redoutera <strong>de</strong> perdre la vie par sa propre<br />

faute et <strong>de</strong> jeter l'opprobre sur le nom <strong>de</strong> Dieu.<br />

De tous côtés, les croyants n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t parler<br />

que <strong>de</strong> complots et <strong>de</strong> trahisons et verront<br />

s'organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> machinations meurtrières. Ils<br />

éprouveront alors un désir int<strong>en</strong>se <strong>de</strong> voir la fin du<br />

règne <strong>de</strong> l'apostasie et <strong>de</strong> la méchanceté. Et tandis<br />

qu'ils supplieront Dieu à cet effet, ils se<br />

reprocheront <strong>de</strong> n'avoir pas plus <strong>de</strong> puissance pour<br />

cont<strong>en</strong>ir la marée montante du mal. Ils se diront<br />

que s'ils avai<strong>en</strong>t toujours employé leurs facultés au<br />

service du Christ, s'ils s'étai<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t<br />

fortifiés, Satan aurait moins <strong>de</strong> pouvoir contre eux.<br />

Mais, tout <strong>en</strong> s'affligeant <strong>de</strong>vant Dieu <strong>de</strong> leurs<br />

nombreux péchés, ils se rappelleront leur rep<strong>en</strong>tir<br />

et se réclameront <strong>de</strong> cette promesse du Sauveur : «<br />

Qu'on me pr<strong>en</strong>ne pour refuge, qu'on fasse la paix<br />

avec moi, qu'on fasse la paix avec moi. » ( Ésaïe<br />

27.5 ) <strong>Le</strong>ur foi ne les abandonnera pas parce que<br />

leurs prières ne seront pas aussitôt exaucées.<br />

Malgré une vive souffrance, malgré leur terreur et<br />

1152


leur angoisse, ils ne se relâcheront point dans leurs<br />

intercessions. Ils se cramponneront à la puissance<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> même que Jacob s'attachait à l'ange; et<br />

ils répéteront avec lui : « Je ne te laisserai point<br />

aller que tu ne m'aies béni. »<br />

Si Jacob ne s'était pas rep<strong>en</strong>ti d'avoir<br />

frauduleusem<strong>en</strong>t acquis le droit d'aînesse, Dieu<br />

n'aurait pas exaucé sa prière et ne lui aurait pas<br />

sauvé la vie. Il <strong>en</strong> ira <strong>de</strong> même dans le temps <strong>de</strong><br />

détresse. Alors, si le chréti<strong>en</strong>, déjà torturé par<br />

l'angoisse, voyait se dresser <strong>de</strong>vant lui <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés<br />

non confessés, il succomberait; sa foi sombrerait, et<br />

il n'aurait plus assez <strong>de</strong> confiance pour supplier<br />

Dieu <strong>de</strong> le délivrer. Mais, <strong>en</strong> dépit du vif s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> son indignité, il n'aura pas <strong>de</strong> péchés cachés à<br />

confesser; ses fautes auront déjà passé <strong>en</strong><br />

jugem<strong>en</strong>t, et elles auront été effacées; il ne s'<strong>en</strong><br />

souvi<strong>en</strong>dra plus.<br />

Satan pousse bi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s à croire que Dieu ne<br />

pr<strong>en</strong>dra pas gar<strong>de</strong> à leurs infidélités dans les petites<br />

affaires <strong>de</strong> la vie. Mais, dans sa façon d'agir avec<br />

Jacob, le Seigneur montre qu'il n'approuve ni ne<br />

1153


tolère le mal. Tous ceux qui t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d'excuser ou <strong>de</strong><br />

cacher leurs péchés, ou qui cons<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à les laisser<br />

inscrits, non confessés et non pardonnés, sur les<br />

registres du ciel, seront vaincus par le t<strong>en</strong>tateur.<br />

<strong>Le</strong>ur conduite est d'autant plus odieuse aux yeux <strong>de</strong><br />

Dieu et le triomphe <strong>de</strong> leur grand adversaire<br />

d'autant plus certain, que leur profession est plus<br />

élevée et la position qu'ils occup<strong>en</strong>t plus honorable.<br />

Ceux qui r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t leur préparation <strong>en</strong> vue du jour<br />

<strong>de</strong> Dieu ne pourront l'acquérir ni p<strong>en</strong>dant ni après<br />

le temps <strong>de</strong> détresse. <strong>Le</strong>ur cas est sans issue. <strong>Le</strong>s<br />

soi-disant chréti<strong>en</strong>s qui <strong>de</strong>vront affronter cet<br />

effrayant conflit sans s'y être préparés confesseront<br />

alors leurs péchés avec <strong><strong>de</strong>s</strong> acc<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> désespoir<br />

dont se moqueront les méchants. Comme Ésaü et<br />

Judas, ils se lam<strong>en</strong>teront <strong><strong>de</strong>s</strong> conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leurs<br />

transgressions, mais non <strong>de</strong> leur culpabilité.<br />

Comme ils n'abhorreront pas le péché, ils n'auront<br />

pas <strong>de</strong> réelle rep<strong>en</strong>tance. C'est la crainte du<br />

châtim<strong>en</strong>t qui les poussera à confesser leurs fautes.<br />

Comme autrefois Pharaon, ils retournerai<strong>en</strong>t<br />

volontiers à leur mépris <strong>de</strong> Dieu s'ils se s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t à<br />

l'abri <strong>de</strong> Ses jugem<strong>en</strong>ts.<br />

1154


L'histoire <strong>de</strong> Jacob nous assure que Dieu ne<br />

rejette pas ceux qui ont été séduits, t<strong>en</strong>tés et<br />

<strong>en</strong>traînés dans le péché, mais qui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à Lui<br />

par une conversion véritable. Tandis que Satan<br />

s'efforce <strong>de</strong> consommer leur ruine, Dieu leur<br />

<strong>en</strong>voie Ses anges pour les consoler et les protéger à<br />

l'heure du danger. <strong>Le</strong>s assauts du diable sont<br />

puissants et déterminés, et ses t<strong>en</strong>tations<br />

redoutables, mais les yeux du Seigneur sont sur les<br />

Si<strong>en</strong>s, et Ses oreilles sont att<strong>en</strong>tives à leurs cris.<br />

Bi<strong>en</strong> que la détresse <strong><strong>de</strong>s</strong> croyants soit gran<strong>de</strong> et que<br />

les flammes <strong>de</strong> la fournaise sembl<strong>en</strong>t sur le point<br />

<strong>de</strong> les consumer, le grand Épurateur les <strong>en</strong> fera<br />

sortir comme <strong>de</strong> l'or éprouvé par le feu. L'amour <strong>de</strong><br />

Dieu pour Ses <strong>en</strong>fants, aux jours <strong>de</strong> leur plus ru<strong>de</strong><br />

épreuve, sera aussi puissant et aussi t<strong>en</strong>dre que<br />

dans leurs jours les plus <strong>en</strong>soleillés; mais il faut<br />

qu'ils pass<strong>en</strong>t au creuset, que leur mondanité se<br />

consume, et qu'ils réfléchiss<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t<br />

l'image du Sauveur.<br />

<strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> détresse et d'angoisse qui est<br />

<strong>de</strong>vant nous exige une foi capable <strong>de</strong> supporter la<br />

fatigue, les délais et la faim; une foi qui ne faiblira<br />

1155


pas sous l'épreuve. Une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> grâce nous est<br />

accordée pour nous y préparer. Jacob l'emporta<br />

parce qu'il fut déterminé et persévérant. Sa victoire<br />

est une démonstration <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> la prière<br />

persévérante. Quiconque se saisira comme lui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

promesses <strong>de</strong> Dieu; quiconque aura sa ferveur et sa<br />

persévérance remportera le même succès. Ceux qui<br />

ne sont pas disposés au r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et à la prière<br />

prolongée jusqu'à l'agonie, <strong>en</strong> quête <strong>de</strong> la<br />

bénédiction <strong>de</strong> Dieu, ne l'obti<strong>en</strong>dront pas. Lutter<br />

avec Dieu!... Qu'ils sont peu nombreux ceux dont<br />

le coeur s'est laissé attirer vers le Seigneur avec<br />

toute l'int<strong>en</strong>sité possible! Quand les vagues d'un<br />

désespoir inexprimable déferl<strong>en</strong>t sur l'âme du<br />

suppliant, combi<strong>en</strong> peu se cramponn<strong>en</strong>t aux<br />

promesses <strong>de</strong> Dieu!<br />

Ceux qui n'exerc<strong>en</strong>t que peu <strong>de</strong> foi maint<strong>en</strong>ant<br />

cour<strong>en</strong>t le grand danger <strong>de</strong> succomber à la<br />

puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> séductions sataniques. Et si même ils<br />

support<strong>en</strong>t l'épreuve, leur angoisse sera d'autant<br />

plus profon<strong>de</strong> au jour <strong>de</strong> la crise qu'ils auront été<br />

moins habitués à mettre leur confiance <strong>en</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s leçons <strong>de</strong> foi qu'ils auront négligées dans les<br />

1156


temps ordinaires, ils <strong>de</strong>vront les appr<strong>en</strong>dre sous la<br />

ru<strong>de</strong> pression du découragem<strong>en</strong>t.<br />

Nous <strong>de</strong>vons dès maint<strong>en</strong>ant mettre les<br />

promesses <strong>de</strong> Dieu à l'épreuve. <strong>Le</strong>s anges<br />

<strong>en</strong>registr<strong>en</strong>t toute prière ferv<strong>en</strong>te et sincère. Il vaut<br />

mieux r<strong>en</strong>oncer à ses aises plutôt qu'à la<br />

communion avec Dieu. <strong>Le</strong> dénuem<strong>en</strong>t le plus<br />

complet, les plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> privations, avec son<br />

approbation, sont préférables aux richesses, aux<br />

honneurs, au confort et à l'amitié, sans elle.<br />

Pr<strong>en</strong>ons le temps <strong>de</strong> prier. Si nous nous laissons<br />

absorber par nos intérêts matériels au point <strong>de</strong><br />

négliger la prière, il peut se faire que le Seigneur<br />

estime nécessaire <strong>de</strong> nous débarrasser <strong>de</strong> nos<br />

idoles, qu'il s'agisse d'arg<strong>en</strong>t <strong>de</strong> maisons ou <strong>de</strong><br />

terres fertiles.<br />

<strong>La</strong> jeunesse ne se laisserait pas séduire par le<br />

péché si elle refusait <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>dre là où elle ne peut<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Dieu <strong>de</strong> l'accompagner <strong>de</strong> sa<br />

bénédiction. Si les messagers qui port<strong>en</strong>t au mon<strong>de</strong><br />

un <strong>de</strong>rnier et sol<strong>en</strong>nel avertissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t<br />

l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, non avec indol<strong>en</strong>ce ou indiffér<strong>en</strong>ce,<br />

1157


mais avec la même ferveur et la même foi que<br />

Jacob, ils pourrai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t répéter : « J'ai vu<br />

Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. » (<br />

G<strong>en</strong>èse 32.30 ) Ils serai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> princes aux yeux du<br />

Seigneur, parce qu'ils aurai<strong>en</strong>t vaincu dans leur<br />

lutte avec Dieu et avec les hommes.<br />

L'« époque <strong>de</strong> détresse telle qu'il n'y <strong>en</strong> a point<br />

eu » est immin<strong>en</strong>te. Il nous faudra alors une vie<br />

chréti<strong>en</strong>ne que nous ne possédons pas maint<strong>en</strong>ant,<br />

et à laquelle l'indol<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> plusieurs les empêchera<br />

<strong>de</strong> parv<strong>en</strong>ir. Il arrive souv<strong>en</strong>t que les difficultés<br />

soi<strong>en</strong>t plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> loin que <strong>de</strong> près; mais ce ne<br />

sera pas le cas <strong>de</strong> la crise qui est <strong>de</strong>vant nous. <strong>Le</strong>s<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>criptions les plus palpitantes sont au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong><br />

la réalité. À ce mom<strong>en</strong>t-là, toute âme <strong>de</strong>vra<br />

subsister seule <strong>de</strong>vant Dieu. Même si « Noé,<br />

Daniel et Job » se trouvai<strong>en</strong>t dans le pays, « je suis<br />

vivant! dit le Seigneur, l'Éternel, ils ne sauverai<strong>en</strong>t<br />

ni fils ni filles; mais ils sauverai<strong>en</strong>t leur âme par<br />

leur justice. » ( Ézéchiel 14.20 )<br />

C'est maint<strong>en</strong>ant, p<strong>en</strong>dant que notre Souverain<br />

Sacrificateur fait <strong>en</strong>core propitiation pour nous, que<br />

1158


nous <strong>de</strong>vons nous efforcer <strong>de</strong> réaliser la perfection<br />

qui est <strong>en</strong> Jésus-Christ. Satan trouve toujours dans<br />

le coeur irrégénéré quelque <strong>en</strong>droit où il peut se<br />

loger. Un désir coupable caressé donne <strong>de</strong> la<br />

puissance à ses t<strong>en</strong>tations. Jésus n'y céda jamais,<br />

pas même <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sée. Il pouvait dire : « <strong>Le</strong> prince<br />

du mon<strong>de</strong> vi<strong>en</strong>t. Il n'a ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> moi. » ( Jean 14.30 )<br />

Jésus gardait les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Son Père; il<br />

n'y avait ri<strong>en</strong> à repr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> Lui. Telle doit être la<br />

condition <strong>de</strong> ceux qui sont appelés à subsister au<br />

temps <strong>de</strong> détresse.<br />

C'est dans cette vie, par la foi au sang<br />

expiatoire du Sauveur, que nous <strong>de</strong>vons nous<br />

séparer du péché. <strong>Le</strong> Christ nous invite à nous unir<br />

à Lui, à joindre notre faiblesse à Sa force, notre<br />

ignorance à Sa sagesse, notre indignité à Ses<br />

mérites. <strong>La</strong> vie chréti<strong>en</strong>ne est l'école où nous<br />

<strong>de</strong>vons appr<strong>en</strong>dre à connaître Sa douceur et Son<br />

humilité. Aussi le Seigneur place-t-il constamm<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>vant nous, non pas <strong><strong>de</strong>s</strong> choses agréables et<br />

faciles que nous choisirions naturellem<strong>en</strong>t, mais<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> occasions d'appr<strong>en</strong>dre quel est le but véritable<br />

<strong>de</strong> la vie. À nous <strong>de</strong> coopérer avec Lui pour que<br />

1159


notre caractère se conforme au divin modèle. Ce<br />

n'est qu'au péril <strong>de</strong> sa vie que l'on néglige ou<br />

diffère cette expéri<strong>en</strong>ce.<br />

Au cours d'une vision, saint Jean <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit une<br />

voix qui disait : « Malheur à la terre et à la mer! car<br />

le diable est <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>du vers vous, animé d'une<br />

gran<strong>de</strong> colère, sachant qu'il a peu <strong>de</strong> temps. » (<br />

Apocalypse 12.12 ) <strong>Le</strong>s scènes qui provoqu<strong>en</strong>t<br />

cette exclamation <strong>de</strong> la voix céleste sont<br />

effrayantes. À mesure que son temps se raccourcit,<br />

Satan redouble <strong>de</strong> colère, et c'est p<strong>en</strong>dant le temps<br />

<strong>de</strong> détresse que son oeuvre <strong>de</strong> séduction et <strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction parvi<strong>en</strong>dra à son point culminant.<br />

Des phénomènes d'ordre surnaturel apparaîtront<br />

bi<strong>en</strong>tôt dans le ciel, qui prouveront la puissance<br />

miraculeuse <strong><strong>de</strong>s</strong> démons. <strong>Le</strong>s esprits malins se<br />

r<strong>en</strong>dront auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> rois et auprès <strong>de</strong> tous les<br />

habitants <strong>de</strong> la terre pour les séduire et les <strong>en</strong>gager<br />

à unir leurs forces à celles <strong>de</strong> Satan dans sa lutte<br />

suprême contre le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dieu. C'est<br />

ainsi que peuples et souverains seront <strong>en</strong>sorcelés.<br />

Des personnages s'élèveront, qui se donneront pour<br />

1160


le Christ et se réclameront <strong><strong>de</strong>s</strong> titres et du culte qui<br />

revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au Ré<strong>de</strong>mpteur du mon<strong>de</strong>. Ils opéreront<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> guérisons et prét<strong>en</strong>dront être porteurs <strong>de</strong><br />

révélations célestes.<br />

Pour couronner le grand drame <strong>de</strong> la séduction,<br />

Satan lui-même simulera l'avènem<strong>en</strong>t du Seigneur<br />

que l'Église att<strong>en</strong>d <strong>de</strong>puis si longtemps comme la<br />

consommation <strong>de</strong> ses espérances. En diverses<br />

parties du mon<strong>de</strong>, on verra paraître un personnage<br />

majestueux, auréolé d'une gloire éclatante qui<br />

rappellera la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription du Fils <strong>de</strong> Dieu donnée<br />

dans l'Apocalypse. (Voir Apocalypse 1.13-15 ) Son<br />

éclat dépassera tout ce que les yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> mortels<br />

auront jamais contemplé. Ce cri <strong>de</strong> triomphe<br />

déchirera les airs : « <strong>Le</strong> Christ est v<strong>en</strong>u! <strong>Le</strong> Christ<br />

est v<strong>en</strong>u! » <strong>Le</strong>s foules se prosterneront <strong>de</strong>vant lui<br />

pour l'adorer, tandis qu'il lèvera les mains pour les<br />

bénir, exactem<strong>en</strong>t comme Jésus lorsqu'il bénissait<br />

ses disciples aux jours <strong>de</strong> Sa chair. Sa voix sera<br />

douce, cont<strong>en</strong>ue et fort mélodieuse. Affable et<br />

compatissant, il répétera quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong> vérités<br />

célestes et consolantes prononcées par le Seigneur.<br />

Il guérira les mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, puis, <strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> son<br />

1161


autorité, ce faux Christ affirmera avoir transféré le<br />

sabbat au dimanche et ordonnera à chacun <strong>de</strong><br />

sanctifier le jour qu'il a béni. Il déclarera que ceux<br />

qui s'obstineront à observer le septième jour r<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t<br />

le Christ, puisqu'ils refuseront <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre gar<strong>de</strong> aux<br />

anges qu'il a <strong>en</strong>voyés pour apporter la vérité au<br />

mon<strong>de</strong>. Cette suprême séduction sera presque<br />

irrésistible. Comme les Samaritains éblouis par<br />

Simon le Magici<strong>en</strong>, les foules, du plus grand au<br />

plus petit, s'écrieront : « Celui-ci est la puissance<br />

<strong>de</strong> Dieu, celle qui s'appelle la gran<strong>de</strong>. » ( Actes<br />

8.10 )<br />

Mais le peuple <strong>de</strong> Dieu ne se laissera pas<br />

mystifier. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ce faux Christ ne<br />

concor<strong>de</strong>ront pas avec ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Il bénira<br />

les adorateurs <strong>de</strong> la bête et <strong>de</strong> son image, ceux-là<br />

même auxquels l'Éternel sera sur le point <strong>de</strong> faire<br />

boire le vin sans mélange <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> Sa colère.<br />

Du reste, Satan ne pourra pas imiter tout l'éclat<br />

du retour du Seigneur. Jésus a prémuni ses<br />

disciples contre toute duperie sur ce point <strong>en</strong><br />

décrivant clairem<strong>en</strong>t le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> Sa v<strong>en</strong>ue : « Il<br />

1162


s'élèvera, dit-il, <strong>de</strong> faux Christs et <strong>de</strong> faux<br />

prophètes; ils feront <strong>de</strong> grands prodiges et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

miracles, au point <strong>de</strong> séduire, s'il était possible,<br />

même les élus.... Si donc on vous dit : Voici, il est<br />

dans le désert, n'y allez pas; voici, il est dans les<br />

chambres, ne le croyez pas. Car, comme l'éclair<br />

part <strong>de</strong> l'ori<strong>en</strong>t et se montre jusqu'<strong>en</strong> occid<strong>en</strong>t, ainsi<br />

sera l'avènem<strong>en</strong>t du Fils <strong>de</strong> l'homme. » ( Matthieu<br />

24.24–27; voir 25.31; Apocalypse 1.7; 1<br />

Thessalonici<strong>en</strong>s 4.16, 17 ) Il n'est pas possible <strong>de</strong><br />

simuler cette v<strong>en</strong>ue qui sera visible pour le mon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong>tier.<br />

Seuls échapperont à la redoutable séduction qui<br />

subjuguera le mon<strong>de</strong> ceux qui étudi<strong>en</strong>t<br />

diligemm<strong>en</strong>t les Écritures et qui ont l'amour <strong>de</strong> la<br />

vérité. C'est grâce au témoignage <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong><br />

Dieu qu'ils découvriront le séducteur sous son<br />

déguisem<strong>en</strong>t. L'heure <strong>de</strong> l'épreuve sonnera pour<br />

tous et le crible <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tation fera connaître les<br />

vrais chréti<strong>en</strong>s. <strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu est-il assez<br />

<strong>en</strong>raciné dans la vérité pour pouvoir résister au<br />

témoignage même <strong>de</strong> ses s<strong>en</strong>s? Saura-t-il, au cours<br />

<strong>de</strong> cette crise, s'attacher aux Écritures et aux<br />

1163


Écritures seules? Satan fera tout pour empêcher les<br />

fidèles <strong>de</strong> se préparer à rester fermes. Il disposera<br />

les circonstances <strong>de</strong> façon à leur barrer la route, à<br />

les absorber par <strong><strong>de</strong>s</strong> trésors terrestres, à les charger<br />

d'occupations et à appesantir leurs coeurs par les<br />

soucis <strong>de</strong> la vie, afin que, tel un voleur, le jour <strong>de</strong><br />

l'épreuve les pr<strong>en</strong>ne à l'improviste.<br />

Lorsque les différ<strong>en</strong>ts gouvernem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la<br />

chréti<strong>en</strong>té auront promulgué contre les<br />

observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts un décret les<br />

mettant hors la loi et les livrant aux mains <strong>de</strong> leurs<br />

<strong>en</strong>nemis, les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu abandonneront les<br />

villes et les villages et se retireront par groupes<br />

dans les lieux les plus désolés et les plus solitaires.<br />

Comme les chréti<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> vallées vaudoises,<br />

beaucoup d'<strong>en</strong>tre eux trouveront un refuge dans les<br />

montagnes, où ils établiront leurs sanctuaires et<br />

r<strong>en</strong>dront grâces à Dieu pour « les rochers fortifiés.<br />

» ( Ésaïe 33.16 ) Mais un grand nombre d'<strong>en</strong>tre<br />

eux, <strong>de</strong> toutes nations, riches et pauvres, petits et<br />

grands, noirs et blancs, seront réduits au plus<br />

injuste et au plus cruel esclavage. <strong>Le</strong>s bi<strong>en</strong>-aimés<br />

<strong>de</strong> Dieu, chargés <strong>de</strong> chaînes, condamnés à mort,<br />

1164


passeront <strong>de</strong> longues journées <strong>de</strong>rrière <strong><strong>de</strong>s</strong> barreaux<br />

<strong>de</strong> prisons; quelques-uns seront même<br />

apparemm<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à mourir d'inanition <strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cachots infects où leurs soupirs ne seront recueillis<br />

par aucune oreille humaine, et où nul n'ira leur<br />

porter secours.<br />

<strong>Le</strong> Seigneur oubliera-t-il Son peuple à cette<br />

heure suprême? Oublia-t-il le fidèle Noé, lorsque<br />

ses jugem<strong>en</strong>ts fondir<strong>en</strong>t sur le mon<strong>de</strong> antédiluvi<strong>en</strong>?<br />

Oublia-t-il Lot, lorsque le feu du ciel dévora les<br />

villes <strong>de</strong> la plaine? Oublia-t-il Joseph <strong>en</strong> Égypte, au<br />

milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> idolâtres? Oublia-t-il Élie, m<strong>en</strong>acé par<br />

Jézabel du sort qu'il avait fait subir aux prophètes<br />

<strong>de</strong> Baal? Oublia-t-il Jérémie dans le puits fangeux<br />

qui lui servait <strong>de</strong> prison? Oublia-t-il les trois jeunes<br />

Hébreux dans la fournaise ard<strong>en</strong>te, ou Daniel dans<br />

la fosse aux lions?<br />

« Sion disait: L'Éternel m'abandonne, le<br />

Seigneur m'oublie! Une femme oublie-t-elle<br />

l'<strong>en</strong>fant qu'elle allaite? N'a-t-elle pas pitié du fruit<br />

<strong>de</strong> ses <strong>en</strong>trailles? Quand elle l'oublierait, moi je ne<br />

t'oublierai point. Voici, je t'ai gravée sur mes<br />

1165


mains. » ( Ésaïe 49.14-16 ) L'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées a<br />

dit : « Celui qui vous touche, touche la prunelle <strong>de</strong><br />

mon oeil. » ( Zacharie 2.8 )<br />

On pourra incarcérer les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu, mais<br />

les murs <strong>de</strong> leurs prisons ne seront pas assez épais<br />

pour interrompre la communion <strong>de</strong> leur âme avec<br />

leur Sauveur. Celui qui voit toutes leurs faiblesses<br />

et qui connaît toutes leurs épreuves est supérieur<br />

aux puissants <strong>de</strong> la terre. Ces prisons <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dront<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> palais. Des anges y apporteront la lumière et la<br />

paix du ciel. <strong>Le</strong>s sombres murs <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

occupées par <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes ferv<strong>en</strong>tes seront illuminés<br />

<strong>de</strong> la lumière d'<strong>en</strong> haut, comme le fur<strong>en</strong>t ceux <strong>de</strong> la<br />

prison <strong>de</strong> Philippes, où Paul et Silas priai<strong>en</strong>t et<br />

chantai<strong>en</strong>t les louanges <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong>s jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu fondront sur ceux qui<br />

veul<strong>en</strong>t opprimer et anéantir son peuple. Si sa<br />

longue pati<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>hardit les méchants et les<br />

<strong>en</strong>courage dans la transgression, leur châtim<strong>en</strong>t,<br />

pour être différé, n'<strong>en</strong> est ni moins certain, ni moins<br />

terrible. « L'Éternel se lèvera comme à la montagne<br />

<strong>de</strong> Pératsim, il s'irritera comme dans la vallée <strong>de</strong><br />

1166


Gabaon, pour faire son oeuvre, son oeuvre étrange,<br />

pour exécuter son travail, son travail inouï. » (<br />

Ésaïe 28.21 ) Punir, pour notre miséricordieux Père<br />

céleste, est une tâche étrange, inaccoutumée. « Je<br />

suis vivant! dit le Seigneur, l'Éternel, ce que je<br />

désire, ce n'est pas que le méchant meure. » (<br />

Ézéchiel 33.11 ) <strong>Le</strong> Seigneur est « miséricordieux<br />

et compatissant, l<strong>en</strong>t à la colère, riche <strong>en</strong> bonté et<br />

<strong>en</strong> fidélité... [Il] pardonne l'iniquité, la rébellion et<br />

le péché. » Et néanmoins, il « ne ti<strong>en</strong>t point le<br />

coupable pour innoc<strong>en</strong>t ».<br />

« L'Éternel est l<strong>en</strong>t à la colère, il est grand par<br />

sa force; il ne laisse pas impuni. » ( Exo<strong>de</strong> 34.6, 7;<br />

Nahum 1.3 ) C’est par <strong><strong>de</strong>s</strong> châtim<strong>en</strong>ts terribles qu'il<br />

déf<strong>en</strong>dra les droits <strong>de</strong> Sa loi outragée. On peut<br />

juger <strong>de</strong> la sévérité du châtim<strong>en</strong>t qui att<strong>en</strong>d le<br />

transgresseur par la répugnance que le Seigneur<br />

éprouve à faire justice. Telle nation, qu'Il a<br />

longtemps supportée et qui ne sera frappée qu'après<br />

avoir comblé la mesure <strong>de</strong> ses iniquités, boira <strong>en</strong>fin<br />

la coupe <strong>de</strong> Sa colère sans mélange <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>.<br />

Dès que Jésus n'intercé<strong>de</strong>ra plus dans le<br />

1167


sanctuaire, le vin <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu, dont sont<br />

m<strong>en</strong>acés les adorateurs <strong>de</strong> la bête et <strong>de</strong> son image<br />

et ceux qui reçoiv<strong>en</strong>t sa marque (voir Apocalypse<br />

14.9, 10 ) leur sera versé. <strong>Le</strong>s plaies dont souffrit<br />

l'Égypte quand Dieu était sur le point d'<strong>en</strong> faire<br />

sortir Son peuple étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> même nature que<br />

celles; plus terribles et plus universelles, qui<br />

fondront sur le mon<strong>de</strong> avant la délivrance finale du<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> voyant <strong>de</strong> Patmos <strong>en</strong> parle <strong>en</strong><br />

ces termes : « Un ulcère malin et douloureux<br />

frappa les hommes qui avai<strong>en</strong>t la marque <strong>de</strong> la<br />

bête, et qui adorai<strong>en</strong>t son image. »<br />

« Et [la mer] <strong>de</strong>vint du sang, comme celui d'un<br />

mort; et tout être vivant mourut, tout ce qui était<br />

dans la mer. » « <strong>Le</strong>s fleuves et les sources <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

eaux... <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t du sang. » Quelque terribles que<br />

soi<strong>en</strong>t ces fléaux, ils sont justifiés. L'ange <strong>de</strong> Dieu<br />

fait cette proclamation : « Tu es juste,... tu es saint,<br />

parce que tu as exercé ce jugem<strong>en</strong>t. Car ils ont<br />

versé le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints et <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes, et tu leur<br />

as donné du sang à boire : ils <strong>en</strong> sont dignes. » (<br />

Apocalypse 16.2-6, 8, 9 ) « En condamnant à mort<br />

le peuple <strong>de</strong> Dieu, ils se sont r<strong>en</strong>dus coupables <strong>de</strong><br />

1168


son sang aussi réellem<strong>en</strong>t que s'ils l'avai<strong>en</strong>t versé.<br />

C'est ainsi que Jésus déclare aux Juifs <strong>de</strong> son temps<br />

qu'ils sont coupables du sang <strong>de</strong> tous les justes mis<br />

à mort <strong>de</strong>puis celui d'Abel jusqu'alors, puisqu'ils<br />

étai<strong>en</strong>t animés du même esprit, et qu'ils se<br />

préparai<strong>en</strong>t à imiter les meurtriers <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes.<br />

Dans la plaie suivante, le pouvoir est donné au<br />

soleil « <strong>de</strong> brûler les hommes par le feu; et les<br />

hommes fur<strong>en</strong>t brûlés par une gran<strong>de</strong> chaleur » (<br />

Apocalypse 16.2-6, 8, 9 ). <strong>Le</strong>s prophètes décriv<strong>en</strong>t<br />

ainsi la condition <strong>de</strong> la terre <strong>en</strong> ce temps redoutable<br />

: « <strong>La</strong> terre est attristée;... parce que la moisson <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

champs est perdue... Tous les arbres <strong><strong>de</strong>s</strong> champs<br />

sont flétris... la joie a cessé parmi les fils <strong>de</strong><br />

l'homme! » « <strong>Le</strong>s sem<strong>en</strong>ces ont séché sous les<br />

mottes, les gr<strong>en</strong>iers sont vi<strong><strong>de</strong>s</strong>, les magasins sont<br />

<strong>en</strong> ruines... Comme les bêtes gémiss<strong>en</strong>t! <strong>Le</strong>s<br />

troupeaux <strong>de</strong> boeufs sont consternés, parce qu'ils<br />

sont sans pâturage... <strong>Le</strong>s torr<strong>en</strong>ts sont à sec, et le<br />

feu a dévoré les plaines du désert. » « <strong>Le</strong>s chants<br />

du palais seront <strong><strong>de</strong>s</strong> gémissem<strong>en</strong>ts, dit le Seigneur,<br />

l'Éternel; on jettera partout <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce une<br />

multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cadavres. » ( Joël 1.10-12, 17-20;<br />

1169


Amos 8.3 )<br />

Ces plaies ne seront pas universelles, autrem<strong>en</strong>t<br />

les habitants <strong>de</strong> la terre périrai<strong>en</strong>t tous. Elles<br />

compteront toutefois parmi les plus terribles qui<br />

ai<strong>en</strong>t frappé les mortels. Tous les fléaux dont les<br />

hommes ont souffert avant la fin du temps <strong>de</strong> grâce<br />

ont été mélangés <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> sang <strong>de</strong> Jésus<br />

offert <strong>en</strong> leur faveur a toujours préservé les<br />

méchants du juste salaire <strong>de</strong> leur iniquité; mais<br />

sous les plaies finales, la colère <strong>de</strong> Dieu sera versée<br />

sans pitié.<br />

En ce jour-là, <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> chercheront l'abri<br />

<strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong> divine qu'elles ont si longtemps<br />

méprisée. « <strong>Le</strong>s jours vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, dit le Seigneur,<br />

l'Éternel, ou j'<strong>en</strong>verrai la famine dans le pays, non<br />

pas la disette du pain, et la soif <strong>de</strong> l'eau, mais la<br />

faim et la soif d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les paroles <strong>de</strong> l'Éternel. Ils<br />

seront alors errants d'une mer à l'autre, du<br />

sept<strong>en</strong>trion à l'ori<strong>en</strong>t, ils iront çà et là pour chercher<br />

la parole <strong>de</strong> l'Éternel, et ils ne la trouveront pas. » (<br />

Amos 8.11-12 )<br />

1170


<strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu ne sera pas à l'abri <strong>de</strong> la<br />

souffrance; mais bi<strong>en</strong> que persécuté et angoissé,<br />

dénué <strong>de</strong> tout et privé d'alim<strong>en</strong>ts, il ne sera pas<br />

abandonné. <strong>Le</strong> Dieu qui, a pris soin d'Élie ne<br />

négligera pas un seul <strong>de</strong> Ses <strong>en</strong>fants. Celui qui<br />

compte les cheveux <strong>de</strong> leur tête pr<strong>en</strong>dra soin d'eux,<br />

et au temps <strong>de</strong> la famine ils seront rassasiés. Tandis<br />

que les méchants seront victimes <strong>de</strong> la faim et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

épidémies, les anges protégeront les justes et<br />

pourvoiront à leurs besoins. À celui qui marche<br />

dans la justice, « du pain [lui] sera donné, <strong>de</strong> l'eau<br />

[lui] sera assurée ». « <strong>Le</strong>s malheureux et les<br />

indig<strong>en</strong>ts cherch<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'eau, et il n'y <strong>en</strong> a point;<br />

leur langue est <strong><strong>de</strong>s</strong>séchée par la soif. Moi, l'Éternel,<br />

je les exaucerai; moi, le Dieu d'Israël, je ne les<br />

abandonnerai pas. » ( Ésaïe 33.16; 41.17 )<br />

« <strong>Le</strong> figuier ne fleurira pas, la vigne ne<br />

produira ri<strong>en</strong>, le fruit <strong>de</strong> l'olivier manquera, les<br />

champs ne donneront pas <strong>de</strong> nourriture; les brebis<br />

disparaîtront du pâturage, et il n'y aura plus <strong>de</strong><br />

boeufs dans les étables. Toutefois, je veux me<br />

réjouir <strong>en</strong> l'Éternel, je veux me réjouir dans le Dieu<br />

<strong>de</strong> mon salut. » ( Habakuk 3.17, 18 )<br />

1171


« L'Éternel est celui qui te gar<strong>de</strong>, l'Éternel est<br />

ton ombre à ta main droite. P<strong>en</strong>dant le jour le soleil<br />

ne te frappera point, ni la lune p<strong>en</strong>dant la nuit.<br />

L'Éternel te gar<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> tout mal, il gar<strong>de</strong>ra ton âme.<br />

» ( Psaumes 121.5-7 ) « C'est lui qui te délivre du<br />

filet <strong>de</strong> l'oiseleur, <strong>de</strong> la peste et <strong>de</strong> ses ravages. Il te<br />

couvrira <strong>de</strong> ses plumes, et tu trouveras un refuge<br />

sous ses ailes; sa fidélité est un bouclier et une<br />

cuirasse. Tu ne craindras ni les terreurs <strong>de</strong> la nuit,<br />

ni la flèche qui vole <strong>de</strong> jour, ni la peste qui marche<br />

dans les ténèbres, ni la contagion qui frappe <strong>en</strong><br />

plein midi. Que mille tomb<strong>en</strong>t à ton côté, et dix<br />

mille à ta droite, tu ne seras pas atteint; <strong>de</strong> tes yeux<br />

seulem<strong>en</strong>t tu regar<strong>de</strong>ras, et tu verras la rétribution<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> méchants. Car tu es mon refuge, ô Éternel! Tu<br />

fais du Très-Haut ta retraite. Aucun malheur ne<br />

t'arrivera, aucun fléau n'approchera <strong>de</strong> ta t<strong>en</strong>te. Car<br />

il ordonnera à ses anges <strong>de</strong> te gar<strong>de</strong>r dans toutes tes<br />

voies. » ( Psaumes 91.3-11 )<br />

Cep<strong>en</strong>dant, à vues humaines, le peuple <strong>de</strong> Dieu<br />

est alors sur le point, comme les martyrs, <strong>de</strong> sceller<br />

son témoignage <strong>de</strong> son sang. Il comm<strong>en</strong>cera à<br />

1172


craindre que Dieu ne l'abandonne à la fureur <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>nemis. Ce sera un temps <strong>de</strong> détresse et<br />

d'angoisse. Jour et nuit, il criera à Dieu et<br />

implorera la délivrance. <strong>Le</strong>s méchants<br />

triompheront et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ront <strong>en</strong> se moquant : Où<br />

est maint<strong>en</strong>ant votre foi? Si vous êtes réellem<strong>en</strong>t le<br />

peuple <strong>de</strong> Dieu, pourquoi ne vous délivre-t-il pas<br />

<strong>de</strong> nos mains? Mais les saints se souvi<strong>en</strong>dront <strong>de</strong><br />

Jésus mourant sur le Calvaire, alors que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sacrificateurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux disai<strong>en</strong>t<br />

dédaigneusem<strong>en</strong>t : « Il a sauvé les autres, et il ne<br />

peut se sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> la croix, et nous croirons <strong>en</strong> lui. » (<br />

Matthieu 27.42 ) Tous les saints, comme Jacob,<br />

lutteront alors avec Dieu. <strong>La</strong> pâleur <strong>de</strong> leurs traits<br />

révélera leur combat intérieur. Néanmoins, ils ne<br />

susp<strong>en</strong>dront pas leurs ferv<strong>en</strong>tes intercessions.<br />

Si les croyants étai<strong>en</strong>t doués d'une vision<br />

surnaturelle, ils pourrai<strong>en</strong>t voir <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes d'anges<br />

<strong>en</strong> faction autour <strong>de</strong> ceux qui ont gardé la Parole <strong>de</strong><br />

la persévérance <strong>de</strong> Jésus-Christ. C'est avec la plus<br />

vive sympathie que ces anges verront leur détresse<br />

et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dront leurs prières. Ils att<strong>en</strong>dront l'ordre <strong>de</strong><br />

1173


leur Chef pour les arracher au danger.<br />

Mais l'heure n'aura pas <strong>en</strong>core sonné. Il faut<br />

que le peuple <strong>de</strong> Dieu boive la coupe du Seigneur<br />

et soit baptisé <strong>de</strong> Son baptême. Ce retar<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t si<br />

pénible pour lui sera <strong>en</strong> réalité le meilleur<br />

exaucem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses prières. En s'efforçant d'att<strong>en</strong>dre<br />

avec confiance l'interv<strong>en</strong>tion du Seigneur, il<br />

s'exercera à la foi, à l'espérance et à la persévérance<br />

qu'il aura trop peu pratiquées au cours <strong>de</strong> sa vie<br />

religieuse. Et pourtant, pour l'amour <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, ce<br />

temps <strong>de</strong> détresse sera abrégé. « Et Dieu ne fera-t-il<br />

pas justice à ses élus, qui cri<strong>en</strong>t à lui jour et nuit, et<br />

tar<strong>de</strong>ra-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera<br />

promptem<strong>en</strong>t justice. » ( Luc 18.7, 8 ) <strong>La</strong> fin<br />

vi<strong>en</strong>dra plus vite qu'on ne se l'imagine. <strong>Le</strong> from<strong>en</strong>t<br />

sera rassemblé et lié <strong>en</strong> gerbes pour les gr<strong>en</strong>iers <strong>de</strong><br />

Dieu tandis que l'ivraie sera vouée aux feux <strong>de</strong> la<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction.<br />

<strong>Le</strong>s célestes s<strong>en</strong>tinelles, fidèles à leur consigne,<br />

continueront <strong>de</strong> veiller. Un décret général aura fixé<br />

le temps à partir duquel on pourra mettre à mort les<br />

observateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts, mais leurs<br />

1174


<strong>en</strong>nemis, <strong>en</strong> quelques <strong>en</strong>droits, <strong>de</strong>vançant l'heure,<br />

se disposeront à les tuer. Mais aucun d'eux ne<br />

pourra franchir le cercle redoutable <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tinelles<br />

placées autour <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles. Quelques-uns <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rniers seront assaillis au mom<strong>en</strong>t où ils<br />

abandonneront les villes et les villages, mais les<br />

épées dirigées contre eux se briseront et tomberont<br />

à terre, aussi impuissantes que <strong><strong>de</strong>s</strong> fétus <strong>de</strong> paille.<br />

D'autres seront déf<strong>en</strong>dus par <strong><strong>de</strong>s</strong> anges ayant revêtu<br />

l'aspect <strong>de</strong> guerriers.<br />

Dans tous les siècles, Dieu a <strong>en</strong>voyé ses anges<br />

au secours <strong>de</strong> ses serviteurs. Ces êtres célestes ont<br />

joué un rôle actif dans les affaires humaines. Ils ont<br />

paru <strong>en</strong> vêtem<strong>en</strong>ts éblouissants comme l'éclair; on<br />

les a vus sous une appar<strong>en</strong>ce humaine, <strong>en</strong> costume<br />

<strong>de</strong> voyageurs. Ils se sont montrés à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong><br />

Dieu. Apparemm<strong>en</strong>t las, ils se sont reposés à<br />

l'heure <strong>de</strong> midi à l'ombre <strong><strong>de</strong>s</strong> chênes, et ont accepté<br />

l'hospitalité. Ils ont rempli les fonctions <strong>de</strong> gui<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

auprès <strong>de</strong> voyageurs égarés. De leurs propres<br />

mains, ils ont allumé le feu <strong>de</strong> l'autel. Ils ont ouvert<br />

les portes <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons pour libérer <strong><strong>de</strong>s</strong> serviteurs <strong>de</strong><br />

Dieu. Revêtus d'une gloire céleste, ils ont roulé la<br />

1175


pierre qui fermait l'<strong>en</strong>trée du sépulcre du Seigneur.<br />

Sous une forme humaine, <strong><strong>de</strong>s</strong> anges ont<br />

souv<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>té les assemblées <strong><strong>de</strong>s</strong> justes, ainsi<br />

que celles <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants – comme à Sodome – pour<br />

pr<strong>en</strong>dre note <strong>de</strong> leurs actions, ou constater s'ils<br />

avai<strong>en</strong>t franchi les limites <strong>de</strong> la pati<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu.<br />

Dans Sa miséricor<strong>de</strong>, par égard pour quelques<br />

justes, le Seigneur reti<strong>en</strong>t les calamités et prolonge<br />

la tranquillité <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. <strong>Le</strong>s pécheurs ne se<br />

dout<strong>en</strong>t guère que c'est aux quelques fidèles qu'ils<br />

se plais<strong>en</strong>t à opprimer et à bafouer qu'ils doiv<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

voir se prolonger leur vie.<br />

À l'insu <strong><strong>de</strong>s</strong> grands <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> anges ont<br />

souv<strong>en</strong>t pris la parole dans leurs assemblées. Des<br />

yeux humains les ont contemplés; <strong><strong>de</strong>s</strong> oreilles<br />

humaines ont écouté leurs appels; <strong><strong>de</strong>s</strong> lèvres<br />

mortelles se sont opposées à leurs suggestions et<br />

ont persiflé leurs conseils; <strong><strong>de</strong>s</strong> mains sacrilèges les<br />

ont maltraités. Dans les assemblées nationales<br />

comme <strong>de</strong>vant les tribunaux, ces êtres ont fait<br />

preuve d'une gran<strong>de</strong> connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires; ils<br />

ont plaidé avec plus <strong>de</strong> succès la cause <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1176


opprimés que leurs déf<strong>en</strong>seurs les plus éloqu<strong>en</strong>ts.<br />

Ils ont déjoué <strong><strong>de</strong>s</strong> complots et arrêté <strong><strong>de</strong>s</strong> maux qui<br />

euss<strong>en</strong>t gravem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>travé l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu et<br />

occasionné <strong>de</strong> vives souffrances à son peuple. À<br />

l'heure du péril et <strong>de</strong> la détresse, « l'ange <strong>de</strong><br />

l'Éternel campe autour <strong>de</strong> ceux qui le craign<strong>en</strong>t, et<br />

il les arrache au danger » ( Psaumes 34.8 ).<br />

Impati<strong>en</strong>ts, les saints att<strong>en</strong>dront le signe <strong>de</strong> la<br />

v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> leur Roi. Quand on <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra aux<br />

s<strong>en</strong>tinelles : « S<strong>en</strong>tinelle, que dis-tu <strong>de</strong> la nuit? »<br />

leur réponse invariable sera : « <strong>Le</strong> matin vi<strong>en</strong>t, et la<br />

nuit aussi. » ( Ésaïe 21.11, 12 ) <strong>La</strong> lumière<br />

comm<strong>en</strong>cera à poindre sur les hauteurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

montagnes. Bi<strong>en</strong>tôt se révélera la gloire du Soleil<br />

<strong>de</strong> justice. L'aube et le crépuscule sont immin<strong>en</strong>ts<br />

tous <strong>de</strong>ux : ce sera le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t d'un jour<br />

sans fin pour les justes, et d'une nuit éternelle pour<br />

les méchants.<br />

P<strong>en</strong>dant que les soldats du Christ feront monter<br />

leurs supplications <strong>de</strong>vant Dieu, le voile qui les<br />

sépare <strong>de</strong> l'invisible semblera se lever. <strong>Le</strong> ciel<br />

s'illuminera <strong><strong>de</strong>s</strong> lueurs du jour éternel, et ces<br />

1177


paroles vi<strong>en</strong>dront frapper leurs oreilles comme la<br />

mélodie d'un cantique angélique : « T<strong>en</strong>ez bon!<br />

Voici le secours! » En puissant conquérant, Jésus-<br />

Christ apportera à ses combattants lassés une<br />

couronne immortelle <strong>de</strong> gloire. De la porte du ciel<br />

<strong>en</strong>trouverte, il leur dira: « Je suis avec vous; ne<br />

craignez point. Je connais toutes vos souffrances.<br />

J'ai porté vos douleurs. Vos <strong>en</strong>nemis sont vaincus.<br />

J'ai combattu pour vous. En mon nom, vous êtes<br />

plus que vainqueurs. »<br />

<strong>Le</strong> Sauveur nous <strong>en</strong>verra le secours au mom<strong>en</strong>t<br />

même où nous <strong>en</strong> aurons besoin. <strong>Le</strong> chemin du ciel<br />

est consacré par l'empreinte <strong>de</strong> Ses pas. Chaque<br />

épine qui blesse nos pieds a <strong>en</strong>sanglanté les si<strong>en</strong>s.<br />

Il a lui-même porté toutes les croix dont nous<br />

sommes appelés à nous charger. Il a permis la lutte<br />

pour nous préparer à la paix. <strong>Le</strong> temps <strong>de</strong> détresse<br />

sera un terrible creuset pour le peuple <strong>de</strong> Dieu :<br />

mais s'il regar<strong>de</strong> <strong>en</strong> haut avec foi, il se verra<br />

<strong>en</strong>veloppé <strong>de</strong> l'arc-<strong>en</strong>-ciel <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses divines.<br />

« <strong>Le</strong>s rachetés <strong>de</strong> l'Éternel retourneront, ils<br />

iront à Sion avec chants <strong>de</strong> triomphe, et une joie<br />

1178


éternelle couronnera leur tête; l'allégresse et la joie<br />

s'approcheront, la douleur et les gémissem<strong>en</strong>ts<br />

s'<strong>en</strong>fuiront. C'est moi, c'est moi qui vous console.<br />

Qui es-tu, pour avoir peur <strong>de</strong> l'homme mortel, et du<br />

fils <strong>de</strong> l'homme, pareil à l'herbe? Et tu oublierais<br />

l'Éternel, qui t'a fait!... et tu tremblerais<br />

incessamm<strong>en</strong>t tout le jour <strong>de</strong>vant la colère <strong>de</strong><br />

l'oppresseur, parce qu'il cherche à détruire! Où<br />

donc est la colère <strong>de</strong> l'oppresseur?<br />

Bi<strong>en</strong>tôt celui qui est courbé sous les fers sera<br />

délivré; il ne mourra pas dans la fosse, et son pain<br />

ne lui manquera pas. Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui<br />

soulève la mer et fais mugir ses flots. L'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

armées est son nom. Je mets mes paroles dans ta<br />

bouche, et je te couvre <strong>de</strong> l'ombre <strong>de</strong> ma main. » (<br />

Ésaïe 51.11-16 )<br />

« C'est pourquoi, écoute ceci, malheureuse,<br />

ivre, mais non <strong>de</strong> vin! Ainsi parle ton Seigneur,<br />

l'Éternel, ton Dieu, qui déf<strong>en</strong>d son peuple : Voici,<br />

je pr<strong>en</strong>ds <strong>de</strong> ta main la coupe d'étourdissem<strong>en</strong>t, la<br />

coupe <strong>de</strong> ma colère; tu ne la boiras plus! Je la<br />

mettrai dans la main <strong>de</strong> tes oppresseurs, qui te<br />

1179


disai<strong>en</strong>t : Courbe-toi, et nous passerons! Tu faisais<br />

alors <strong>de</strong> ton dos comme une terre, comme une rue<br />

pour les passants. » ( Ésaïe 51.21-23 )<br />

Regardant à travers les siècles, Dieu a<br />

contemplé la crise que son peuple <strong>de</strong>vra affronter<br />

quand les puissances <strong>de</strong> la terre se ligueront contre<br />

lui. Captif m<strong>en</strong>é <strong>en</strong> exil, il aura <strong>de</strong>vant lui soit la<br />

perspective d'être exécuté, soit celle <strong>de</strong> périr<br />

d'inanition. Mais celui qui a ouvert la mer Rouge<br />

manifestera sa gran<strong>de</strong> puissance pour mettre un<br />

terme à sa captivité. « Ils m'apparti<strong>en</strong>dront, dit<br />

l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées, au jour que je prépare; j'aurai<br />

compassion d'eux comme un homme a compassion<br />

<strong>de</strong> son fils qui le sert. » ( Malachie 3.17 )<br />

Si le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles serviteurs <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />

était répandu à ce mom<strong>en</strong>t-là, il ne serait pas,<br />

comme celui <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs, une sem<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong>s. L'humanité <strong>en</strong>durcie ayant repoussé les<br />

appels <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong>, et ceux-ci ne se faisant<br />

plus <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, leur fidélité ne servirait pas à faire<br />

<strong>de</strong> nouvelles conquêtes. Si les justes <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>core être tués par leurs <strong>en</strong>nemis, le<br />

1180


prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres triompherait. « Il me protégera<br />

dans son tabernacle au jour du malheur, dit le<br />

psalmiste, il me cachera sous l'abri <strong>de</strong> sa t<strong>en</strong>te. » (<br />

Psaumes 27.5 ) <strong>Le</strong> Sauveur ajoute : « Va, mon<br />

peuple, <strong>en</strong>tre dans ta chambre, et ferme la porte<br />

<strong>de</strong>rrière toi; cache-toi pour quelques instants,<br />

jusqu'à ce que la colère soit passée. Car voici,<br />

l'Éternel sort <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure, pour punir les crimes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> la terre. » ( Ésaïe 26.20, 21 )<br />

Glorieuse sera la délivrance <strong>de</strong> ceux qui auront<br />

patiemm<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du Sa v<strong>en</strong>ue, et dont le nom est<br />

écrit dans le livre <strong>de</strong> vie!<br />

1181


Chapitre 40<br />

<strong>La</strong> délivrance<br />

À l'heure où le peuple <strong>de</strong> Dieu sera privé <strong>de</strong> la<br />

protection <strong><strong>de</strong>s</strong> lois humaines, et où approchera le<br />

mom<strong>en</strong>t fixé par le décret, il se produira<br />

simultaném<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>ts pays un mouvem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> l'extirpation <strong>de</strong> la secte détestée. Une<br />

nuit sera choisie pour porter un coup décisif qui<br />

réduira au sil<strong>en</strong>ce les voix dissid<strong>en</strong>tes et<br />

réprobatrices.<br />

<strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu – <strong>en</strong> partie <strong>en</strong>fermé <strong>de</strong>rrière<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> barreaux <strong>de</strong> prisons, et <strong>en</strong> partie errant dans les<br />

forêts et les montagnes – supplie <strong>en</strong>core Dieu <strong>de</strong> lui<br />

accor<strong>de</strong>r Sa protection, alors que, <strong>de</strong> toutes parts,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes armés, poussés par <strong><strong>de</strong>s</strong> légions <strong>de</strong><br />

mauvais anges, sont prêts pour leur oeuvre <strong>de</strong> mort.<br />

C'est à l'heure la plus critique que le Dieu d'Israël<br />

intervi<strong>en</strong>dra pour délivrer Ses élus. <strong>Le</strong> Seigneur<br />

leur dit par un prophète : « Vous chanterez comme<br />

la nuit où l'on célèbre la fête. Vous aurez le coeur<br />

1182


joyeux comme celui qui marche au son <strong>de</strong> la flûte,<br />

pour aller à la montagne <strong>de</strong> l'Éternel, vers le rocher<br />

d'Israël. Et l'Éternel fera ret<strong>en</strong>tir sa voix<br />

majestueuse, il montrera son bras prêt à frapper,<br />

dans l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa colère, au milieu <strong>de</strong> la flamme<br />

d'un feu dévorant, <strong>de</strong> l'inondation, <strong>de</strong> la tempête, et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pierres <strong>de</strong> grêle. » ( Ésaïe 30.29, 30 )<br />

Faisant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong><strong>de</strong>s</strong> cris <strong>de</strong> triomphe, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

railleries et <strong><strong>de</strong>s</strong> imprécations, <strong><strong>de</strong>s</strong> foules impies<br />

s'apprêt<strong>en</strong>t à se jeter sur leur proie. À ce mom<strong>en</strong>t<br />

même, <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres profon<strong><strong>de</strong>s</strong>, plus d<strong>en</strong>ses que<br />

celles <strong>de</strong> la nuit, s'abatt<strong>en</strong>t soudain sur la terre. Puis<br />

un arc-<strong>en</strong>-ciel réfléchissant la gloire du trône <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>en</strong>cercle le firmam<strong>en</strong>t, et semble <strong>en</strong>tourer<br />

séparém<strong>en</strong>t les groupes <strong>de</strong> fidèles <strong>en</strong> prière.<br />

Brusquem<strong>en</strong>t arrêtées dans leur marche, les ban<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

irritées, saisies d'effroi et réduites au sil<strong>en</strong>ce,<br />

oubli<strong>en</strong>t les objets <strong>de</strong> leur fureur. Pleines <strong>de</strong><br />

sombres press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, elles contempl<strong>en</strong>t le gage<br />

<strong>de</strong> l'alliance divine, et ne <strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t plus qu'à être<br />

mises à l'abri <strong>de</strong> l'éclat qui les aveugle.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une voix claire<br />

1183


et mélodieuse qui leur dit : « Regar<strong>de</strong>z <strong>en</strong> haut! »<br />

<strong>Le</strong>vant les yeux, ils voi<strong>en</strong>t le signe <strong>de</strong> la promesse.<br />

<strong>Le</strong>s noirs nuages qui couvr<strong>en</strong>t leurs têtes s'écart<strong>en</strong>t,<br />

et, comme Éti<strong>en</strong>ne, ils contempl<strong>en</strong>t le Fils <strong>de</strong><br />

l'homme assis sur Son trône, <strong>en</strong>touré <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong><br />

Dieu et portant sur Son corps les marques <strong>de</strong> Son<br />

humiliation. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d tomber <strong>de</strong> Ses lèvres cette<br />

requête qu'il adresse au Père <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> saints<br />

anges : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu<br />

m'as donnés soi<strong>en</strong>t aussi avec moi. » ( Jean 17.24 )<br />

De nouveau, une voix musicale et triomphante se<br />

fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre : « <strong>Le</strong>s voici! les voici! dit-elle.<br />

Saints, innoc<strong>en</strong>ts, immaculés, ils ont gardé la<br />

parole <strong>de</strong> ma persévérance; ils marcheront parmi<br />

les anges. » Des lèvres pâles et tremblantes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

témoins <strong>de</strong> Jésus, restés inébranlables, s'échapp<strong>en</strong>t<br />

alors <strong><strong>de</strong>s</strong> acclamations <strong>de</strong> victoire.<br />

C'est au coup <strong>de</strong> minuit que Dieu manifeste Sa<br />

puissance pour délivrer Son peuple. <strong>Le</strong> soleil paraît<br />

dans tout son éclat. Des signes et <strong><strong>de</strong>s</strong> prodiges se<br />

suiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> succession rapi<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s méchants<br />

observ<strong>en</strong>t cette scène avec terreur, tandis que les<br />

justes admir<strong>en</strong>t les gages <strong>de</strong> leur délivrance. Tout<br />

1184


dans la nature semble avoir abandonné sa marche<br />

ordinaire. <strong>Le</strong>s cours d'eau cess<strong>en</strong>t <strong>de</strong> couler. De<br />

lourds et sombres nuages se lèv<strong>en</strong>t et<br />

s'<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t. Au milieu d'un ciel irrité, on<br />

distingue un espace clair, d'une gloire<br />

in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptible; la voix <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> sort semblable au<br />

bruit <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> eaux, et proclame : « C'<strong>en</strong> est<br />

fait! » ( Apocalypse 16.17 )<br />

Cette voix ébranle les cieux et la terre. Il se<br />

produit « un grand tremblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> terre, tel qu'il<br />

n'y [a] jamais eu <strong>de</strong>puis que l'homme est sur la<br />

terre un aussi grand tremblem<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse<br />

16.18 ) <strong>Le</strong> firmam<strong>en</strong>t semble s'ouvrir et se<br />

refermer. <strong>La</strong> gloire du trône <strong>de</strong> Dieu paraît. <strong>Le</strong>s<br />

montagnes oscill<strong>en</strong>t comme <strong><strong>de</strong>s</strong> roseaux agités par<br />

le v<strong>en</strong>t, et <strong><strong>de</strong>s</strong> masses <strong>de</strong> rochers déchiquetés vol<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> toutes parts. De sourds gron<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts annonc<strong>en</strong>t<br />

l'approche d'une tempête. <strong>La</strong> mer se déchaîne avec<br />

furie. On croirait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la voix <strong>de</strong> démons<br />

accomplissant une oeuvre <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. <strong>La</strong> terre<br />

<strong>en</strong>tière se soulève et s'affaisse comme les vagues<br />

<strong>de</strong> la mer. <strong>Le</strong> sol se crevasse. <strong>Le</strong>s assises du mon<strong>de</strong><br />

sembl<strong>en</strong>t s'effondrer. Des chaînes <strong>de</strong> montagnes,<br />

1185


<strong><strong>de</strong>s</strong> îles habitées disparaiss<strong>en</strong>t. Des ports <strong>de</strong> mer,<br />

véritables Sodome d'iniquités, sont <strong>en</strong>gloutis par<br />

les vagues irritées. Dieu « s'est souv<strong>en</strong>u <strong>de</strong><br />

Babylone la gran<strong>de</strong>, pour lui donner la coupe du<br />

vin <strong>de</strong> son ard<strong>en</strong>te colère ». Des grêlons « pesant<br />

un tal<strong>en</strong>t » ( Apocalypse 16.19, 21 ) sèm<strong>en</strong>t la<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction. <strong>Le</strong>s plus fières cités <strong>de</strong> la terre sont<br />

r<strong>en</strong>versées. <strong>Le</strong>s superbes palais où les grands ont<br />

accumulé leurs richesses et les objets <strong>de</strong> leur<br />

orgueil s'écroul<strong>en</strong>t sous leurs yeux. <strong>Le</strong>s murs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prisons s'effondr<strong>en</strong>t, r<strong>en</strong>dant la liberté à leurs<br />

innoc<strong>en</strong>ts dét<strong>en</strong>us.<br />

Des sépulcres s'ouvr<strong>en</strong>t, « plusieurs <strong>de</strong> ceux qui<br />

dorm<strong>en</strong>t dans la poussière <strong>de</strong> la terre se réveill<strong>en</strong>t,<br />

les uns pour la vie éternelle, et les autres pour<br />

l'opprobre, pour la honte éternelle ». ( Daniel 12.2 )<br />

Tous ceux qui sont morts dans la foi au message du<br />

troisième ange sort<strong>en</strong>t glorifiés <strong>de</strong> leurs tombeaux<br />

pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre proclamer l'alliance <strong>de</strong> paix conclue<br />

avec les fidèles observateurs <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu.<br />

D'autre part, « ceux qui l'ont percé » ( Apocalypse<br />

1.7 ), qui se sont moqués du Sauveur agonisant,<br />

ainsi que les <strong>en</strong>nemis les plus acharnés <strong>de</strong> la vérité<br />

1186


et <strong>de</strong> Son peuple, ressuscit<strong>en</strong>t aussi pour<br />

contempler Sa gloire et les honneurs conférés aux<br />

fidèles.<br />

<strong>Le</strong> ciel est toujours couvert d'épais nuages que<br />

le soleil perce çà et là, tel l'oeil v<strong>en</strong>geur <strong>de</strong><br />

Jéhovah. Des éclairs <strong>en</strong>velopp<strong>en</strong>t la terre d'une<br />

nappe <strong>de</strong> feu. Dominant le fracas terrifiant du<br />

tonnerre, <strong><strong>de</strong>s</strong> voix mystérieuses et lugubres<br />

proclam<strong>en</strong>t le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants. Tous ne les<br />

compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas; mais les faux docteurs les<br />

perçoiv<strong>en</strong>t distinctem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s hommes qui, peu <strong>de</strong><br />

temps auparavant, exultai<strong>en</strong>t, remplis d'insol<strong>en</strong>ce à<br />

l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu, frissonn<strong>en</strong>t<br />

d'épouvante au point que leurs cris <strong>de</strong> détresse<br />

domin<strong>en</strong>t le gron<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> élém<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s démons<br />

confess<strong>en</strong>t la divinité <strong>de</strong> Jésus et trembl<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant<br />

le déploiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Sa puissance, tandis que les<br />

hommes, <strong>en</strong> proie à une folle terreur, implor<strong>en</strong>t<br />

miséricor<strong>de</strong> et se roul<strong>en</strong>t dans la poussière.<br />

Considérant le jour <strong>de</strong> Dieu dans leurs saintes<br />

visions, les anci<strong>en</strong>s prophètes avai<strong>en</strong>t dit : «<br />

Gémissez, car le jour <strong>de</strong> l'Éternel est proche : il<br />

1187


vi<strong>en</strong>t comme un ravage du Tout-Puissant.» ( Ésaïe<br />

13.6 ) « Entre dans les rochers, et cache-toi dans la<br />

poussière, pour éviter la terreur <strong>de</strong> l'Éternel et<br />

l'éclat <strong>de</strong> sa majesté. L'homme au regard hautain<br />

sera abaissé, et l'orgueilleux sera humilié : l'Éternel<br />

seul sera élevé ce jour-là. Car il y a un jour pour<br />

l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées contre tout homme orgueilleux<br />

et hautain, contre quiconque s'élève, afin qu'il soit<br />

abaissé. » « En ce jour, les hommes jetteront leurs<br />

idoles d'arg<strong>en</strong>t et leurs idoles d'or, qu'ils s'étai<strong>en</strong>t<br />

faites pour les adorer, aux rats et aux chauvessouris;<br />

et ils <strong>en</strong>treront dans les f<strong>en</strong>tes <strong><strong>de</strong>s</strong> rochers et<br />

dans les creux <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres, pour éviter la terreur <strong>de</strong><br />

l'Éternel et l'éclat <strong>de</strong> sa majesté, quand il se lèvera<br />

pour effrayer la terre. » ( Ésaïe 2.10-12, 20, 21 )<br />

Une éclaircie dans les nuages permet <strong>de</strong> voir<br />

une étoile dont l'éclat est quadruplé <strong>en</strong> raison <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ténèbres qui l'<strong>en</strong>cadr<strong>en</strong>t. Aux fidèles, elle parle <strong>de</strong><br />

foi et <strong>de</strong> joie, mais <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> colère aux<br />

transgresseurs <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> Dieu. Ceux qui ont tout<br />

sacrifié pour leur Sauveur sont maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />

sécurité, « cachés sous l'abri <strong>de</strong> sa t<strong>en</strong>te ». Devant<br />

les contempteurs <strong>de</strong> la vérité, ils ont témoigné leur<br />

1188


fidélité à celui qui est mort pour eux. En prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> la mort, ils ont persévéré dans leur intégrité.<br />

Aussi un changem<strong>en</strong>t merveilleux s'est opéré <strong>en</strong><br />

eux. Soudainem<strong>en</strong>t délivrés <strong>de</strong> la sombre et dure<br />

tyrannie d'hommes changés <strong>en</strong> démons, leurs<br />

visages, auparavant pâles et hagards, sont<br />

maint<strong>en</strong>ant épanouis d'admiration, <strong>de</strong> confiance et<br />

d'amour. Ils <strong>en</strong>tonn<strong>en</strong>t ce chant <strong>de</strong> triomphe : «<br />

Dieu est pour nous un refuge et un appui, un<br />

secours qui ne manque jamais dans la détresse.<br />

C'est pourquoi nous sommes sans crainte quand la<br />

terre est bouleversée, et que les montagnes<br />

chancell<strong>en</strong>t au coeur <strong><strong>de</strong>s</strong> mers, quand les flots <strong>de</strong> la<br />

mer mugiss<strong>en</strong>t, écum<strong>en</strong>t, se soulèv<strong>en</strong>t jusqu'à faire<br />

trembler les montagnes. » ( Psaumes 46.2-4 )<br />

P<strong>en</strong>dant que ces acc<strong>en</strong>ts d'une sainte confiance<br />

mont<strong>en</strong>t vers Dieu, les nuages se retir<strong>en</strong>t, et dans<br />

l'échancrure <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux masses noires et m<strong>en</strong>açantes<br />

apparaît la gloire in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptible du ciel étoilé. <strong>Le</strong>s<br />

spl<strong>en</strong><strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la céleste cité jailliss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses portes<br />

<strong>en</strong>trouvertes. On voit alors dans le ciel une main<br />

t<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>ux tables <strong>de</strong> pierre superposées. <strong>Le</strong><br />

prophète l'avait dit: « <strong>Le</strong>s cieux publieront sa<br />

1189


justice, car c'est Dieu qui est juge. » ( Psaumes<br />

50.6 ) Cette sainte loi, manifestation <strong>de</strong> la justice<br />

<strong>de</strong> Dieu, proclamée au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnerres et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

flammes du Sinaï comme le seul gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie,<br />

est maint<strong>en</strong>ant révélée aux hommes comme<br />

l'unique règle du jugem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s tables <strong>de</strong> pierre<br />

s'écart<strong>en</strong>t; on y reconnaît les préceptes du<br />

décalogue tracés comme par une plume <strong>de</strong> feu; les<br />

dix paroles <strong>de</strong> Dieu, concises, compréh<strong>en</strong>sibles,<br />

souveraines, se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aux yeux <strong>de</strong> tous les<br />

habitants <strong>de</strong> la terre. <strong>Le</strong>s caractères <strong>en</strong> sont si clairs<br />

que chacun peut les lire. <strong>Le</strong>s mémoires se<br />

réveill<strong>en</strong>t, et les souv<strong>en</strong>irs afflu<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s ténèbres <strong>de</strong><br />

la superstition et <strong>de</strong> l'hérésie sont dissipées <strong>de</strong> tous<br />

les esprits.<br />

Il est impossible <strong>de</strong> dépeindre l'angoisse et le<br />

désespoir <strong>de</strong> ceux qui ont foulé aux pieds les<br />

exig<strong>en</strong>ces divines. <strong>Le</strong> Seigneur leur avait donné Sa<br />

loi. Ils aurai<strong>en</strong>t pu la méditer et y découvrir leurs<br />

défauts p<strong>en</strong>dant qu'il était <strong>en</strong>core temps <strong>de</strong> se<br />

convertir et <strong>de</strong> se réformer. Mais pour conserver la<br />

faveur du mon<strong>de</strong>, ils ont méconnu ces saints<br />

préceptes et ont <strong>en</strong>seigné aux autres à faire <strong>de</strong><br />

1190


même. Ils ont voulu contraindre le peuple <strong>de</strong> Dieu<br />

à profaner son saint jour. Ils sont maint<strong>en</strong>ant<br />

condamnés par la loi qu'ils ont méprisée. Avec une<br />

clarté aveuglante, ils voi<strong>en</strong>t qu'ils sont sans excuse.<br />

Ils ont eux-mêmes choisi l'objet <strong>de</strong> leur culte, et ils<br />

constat<strong>en</strong>t la différ<strong>en</strong>ce qu'il y a « <strong>en</strong>tre le juste et<br />

le méchant, <strong>en</strong>tre celui qui sert Dieu et celui qui ne<br />

le sert pas. » ( Malachie 3.18 )<br />

<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>nemis <strong>de</strong> la loi divine, <strong>de</strong>puis les<br />

ministres jusqu'aux plus obscurs mécréants, ont<br />

une nouvelle conception <strong>de</strong> la vérité et du <strong>de</strong>voir.<br />

Ils reconnaiss<strong>en</strong>t, mais trop tard, que le septième<br />

jour du quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t est le sceau du<br />

Dieu vivant. Trop tard, ils discern<strong>en</strong>t la vraie<br />

nature <strong>de</strong> leur faux jour férié et le fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

sable sur lequel ils ont édifié. Ils doiv<strong>en</strong>t admettre<br />

qu'ils ont fait la guerre à Dieu. Conducteurs<br />

religieux, ils ont m<strong>en</strong>é les âmes à la perdition tout<br />

<strong>en</strong> prét<strong>en</strong>dant les conduire à la porte du paradis.<br />

C'est seulem<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant, au grand jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rétributions, qu'ils voi<strong>en</strong>t combi<strong>en</strong> est gran<strong>de</strong> la<br />

responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes occupant <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions<br />

sacrées, et combi<strong>en</strong> redoutables sont les<br />

1191


conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leur infidélité. L'éternité révélera<br />

tout ce que représ<strong>en</strong>te la perte d'une seule âme.<br />

Terrible sera le sort <strong>de</strong> ceux auxquels Dieu dira : «<br />

Retirez-vous <strong>de</strong> moi, méchants serviteurs! »<br />

On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d alors la voix <strong>de</strong> Dieu annoncer du<br />

haut du ciel le jour et l'heure <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Jésus<br />

et proclamer à son peuple l'alliance éternelle.<br />

Comme les éclats du plus puissant tonnerre, Ses<br />

paroles font le tour <strong>de</strong> la terre. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu<br />

les écout<strong>en</strong>t, les regards fixés <strong>en</strong> haut et le visage<br />

illuminé <strong>de</strong> Sa gloire, comme l'était celui <strong>de</strong> Moïse<br />

à sa <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>te du Sinaï. <strong>Le</strong>s méchants ne peuv<strong>en</strong>t<br />

supporter leur vue. Et quand la bénédiction est<br />

prononcée sur ceux qui ont honoré Dieu <strong>en</strong><br />

sanctifiant Son saint jour, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d un imm<strong>en</strong>se<br />

cri <strong>de</strong> victoire.<br />

Bi<strong>en</strong>tôt apparaît vers l'ori<strong>en</strong>t une petite nuée<br />

noire, gran<strong>de</strong> comme la moitié d'une main<br />

d'homme. Elle <strong>en</strong>toure le Sauveur et semble, à<br />

distance, <strong>en</strong>veloppée <strong>de</strong> ténèbres. <strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong><br />

Dieu la reconnaît comme le signe du Fils <strong>de</strong><br />

l'homme. Dans un sil<strong>en</strong>ce sol<strong>en</strong>nel, il la contemple<br />

1192


à mesure qu'elle s'approche <strong>de</strong> la terre et <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

plus <strong>en</strong> plus lumineuse. Elle a bi<strong>en</strong>tôt l'appar<strong>en</strong>ce<br />

d'une gran<strong>de</strong> nuée blanche <strong>en</strong>tourée <strong>de</strong> l'arc-<strong>en</strong>-ciel<br />

<strong>de</strong> l'alliance <strong>de</strong> Dieu, dont la base est semblable à<br />

un brasier. Jésus s'avance à cheval dans l'attitu<strong>de</strong><br />

martiale d'un conquérant. Il n'est plus « l'homme <strong>de</strong><br />

douleur » buvant jusqu'à la lie la coupe amère <strong>de</strong><br />

l'opprobre et <strong>de</strong> l'ignominie. Vainqueur dans le ciel<br />

et sur la terre, il vi<strong>en</strong>t pour juger les vivants et les<br />

morts. « Fidèle et Véritable », « il juge et combat<br />

avec justice ». « <strong>Le</strong>s armées qui sont dans le Ciel le<br />

suiv<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse 19.11, 14 ) <strong>La</strong> foule<br />

innombrable <strong><strong>de</strong>s</strong> saints anges l'accompagne et fait<br />

ret<strong>en</strong>tir ses célestes mélodies. Tout le firmam<strong>en</strong>t<br />

semble vibrer « <strong><strong>de</strong>s</strong> myria<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> myria<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers <strong>de</strong> milliers » <strong>de</strong> ces êtres glorieux. <strong>La</strong><br />

plume est impuissante à décrire cette scène, et<br />

l'esprit humain n'<strong>en</strong> saurait concevoir l'éclat. « Sa<br />

majesté couvre les cieux, et sa gloire remplit la<br />

terre. C'est comme l'éclat <strong>de</strong> la lumière. » (<br />

Habakuk 3.3, 4 ) À mesure que s'approche cette<br />

nuée vivante, chacun contemple le Prince <strong>de</strong> la vie.<br />

Nulle couronne d'épines ne déchire aujourd'hui ce<br />

front sacré, ceint d'un éblouissant diadème. <strong>La</strong><br />

1193


gloire <strong>de</strong> son visage fait pâlir l'éclat du soleil <strong>de</strong><br />

midi. « Il y a sur son vêtem<strong>en</strong>t et sur sa cuisse un<br />

nom écrit : ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES<br />

SEIGNEURS. » ( Apocalypse 19.16 )<br />

En Sa prés<strong>en</strong>ce, « tous les visages sont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us<br />

pâles », et les contempteurs <strong>de</strong> la miséricor<strong>de</strong><br />

divine tomb<strong>en</strong>t dans les terreurs d'un désespoir<br />

éternel. « <strong>Le</strong>s coeurs sont abattus, les g<strong>en</strong>oux<br />

chancell<strong>en</strong>t », « tous les visages pâliss<strong>en</strong>t » (<br />

Nahum 2.11; voir Jérémie 30.6 ), et les justes<br />

s'écri<strong>en</strong>t d'une voix plaintive : « Qui pourra<br />

subsister? » <strong>Le</strong> chant <strong><strong>de</strong>s</strong> anges se tait, et le sil<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t oppressif, mais Jésus répond : « Ma grâce<br />

vous suffit. » Alors les traits <strong><strong>de</strong>s</strong> justes s'illumin<strong>en</strong>t,<br />

la joie inon<strong>de</strong> tous les coeurs, et les anges<br />

<strong>en</strong>tonn<strong>en</strong>t à nouveau leur cantique, tout <strong>en</strong> se<br />

rapprochant <strong>de</strong> la terre.<br />

Enveloppé <strong>de</strong> flammes <strong>de</strong> feu, le Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d sur la nuée. « <strong>Le</strong> ciel se retire comme un<br />

livre qu'on roule », la terre tremble <strong>de</strong>vant lui, et «<br />

toutes les montagnes et les îles sont remuées <strong>de</strong><br />

leurs places ». « Il vi<strong>en</strong>t, notre Dieu, il ne reste pas<br />

1194


<strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce; <strong>de</strong>vant lui est un feu dévorant, autour <strong>de</strong><br />

lui une viol<strong>en</strong>te tempête. Il crie vers les cieux <strong>en</strong><br />

haut, et vers la terre, pour juger son peuple. » (<br />

Apocalypse 6.14; Psaumes 50.3, 4 )<br />

« <strong>Le</strong>s rois <strong>de</strong> la terre, les grands, les chefs<br />

militaires, les riches, les puissants, tous les esclaves<br />

et les hommes libres, se cachèr<strong>en</strong>t dans les<br />

cavernes et dans les rochers <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes. Et ils<br />

disai<strong>en</strong>t aux montagnes et aux rochers : Tombez<br />

sur nous, et cachez-nous <strong>de</strong>vant la face <strong>de</strong> celui qui<br />

est assis sur le trône, et <strong>de</strong>vant la colère <strong>de</strong><br />

l'agneau; car le grand jour <strong>de</strong> sa colère est v<strong>en</strong>u, et<br />

qui peut subsister? » ( Apocalypse 6.15-17 )<br />

<strong>Le</strong>s railleries ont pris fin. <strong>Le</strong>s lèvres<br />

m<strong>en</strong>songères sont réduites au sil<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong> cliquetis<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> armes et le tumulte <strong>de</strong> la bataille (voir Ésaïe 9.4<br />

) ont cessé. On n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que <strong><strong>de</strong>s</strong> prières, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sanglots et <strong><strong>de</strong>s</strong> lam<strong>en</strong>tations. « <strong>Le</strong> grand jour <strong>de</strong> sa<br />

colère est v<strong>en</strong>u, et qui peut subsister? » hurl<strong>en</strong>t les<br />

lèvres qui ricanai<strong>en</strong>t tout à l'heure. <strong>Le</strong>s méchants<br />

<strong>de</strong>mand<strong>en</strong>t à être <strong>en</strong>sevelis sous les rochers et les<br />

montagnes, plutôt que d'affronter le regard <strong>de</strong> Celui<br />

1195


qu'ils ont méprisé.<br />

Cette voix, qui parvi<strong>en</strong>t aux oreilles <strong><strong>de</strong>s</strong> morts,<br />

ils la connaiss<strong>en</strong>t. Que <strong>de</strong> fois Ses acc<strong>en</strong>ts doux et<br />

t<strong>en</strong>dres ne les ont-ils pas conviés à la conversion?<br />

Que <strong>de</strong> fois ne s'est-elle pas fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans les<br />

exhortations affectueuses d'un ami, d'un frère, d'un<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur! Aux contempteurs <strong>de</strong> Sa grâce,<br />

aucune voix ne saurait être aussi sévère, aussi<br />

terrible que celle qui disait, <strong>en</strong> suppliant : «<br />

Rev<strong>en</strong>ez, rev<strong>en</strong>ez <strong>de</strong> votre mauvaise voie; et<br />

pourquoi mourriez-vous? » ( Ézéchiel 33.20 ) Oh!<br />

Si seulem<strong>en</strong>t cette voix était celle d'un étranger!<br />

Aujourd'hui elle leur dit : « Puisque j'appelle et que<br />

vous résistez, puisque j'ét<strong>en</strong>ds ma main et que<br />

personne n'y pr<strong>en</strong>d gar<strong>de</strong>, puisque vous rejetez tous<br />

mes conseils, et que vous n'aimez pas mes<br />

répriman<strong><strong>de</strong>s</strong>,... quand la terreur vous saisira comme<br />

une tempête,... je ne répondrai pas.» ( Proverbes<br />

1.24-28 ) Cette voix rappelle <strong><strong>de</strong>s</strong> souv<strong>en</strong>irs que l'on<br />

voudrait pouvoir effacer, <strong><strong>de</strong>s</strong> avertissem<strong>en</strong>ts<br />

méconnus, <strong><strong>de</strong>s</strong> invitations refusées, <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions<br />

négligées.<br />

1196


Là sont ceux qui ont bafoué le Sauveur au jour<br />

<strong>de</strong> Son humiliation. C'est avec une puissance<br />

irrésistible que se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à leur mémoire ces<br />

paroles <strong>de</strong> Jésus lorsque, adjuré par le souverain<br />

sacrificateur, il répondit sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t : « Vous<br />

verrez désormais le Fils <strong>de</strong> l'homme assis à la<br />

droite <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> Dieu, et v<strong>en</strong>ant sur les<br />

nuées du ciel. » ( Matthieu 26.64 ) Ils le<br />

contempl<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant dans Sa gloire, et il faut<br />

qu'ils le voi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core assis à la droite <strong>de</strong> la<br />

puissance <strong>de</strong> Dieu.<br />

Ceux qui ont ridiculisé l'affirmation qu'il était<br />

le Fils <strong>de</strong> Dieu sont maint<strong>en</strong>ant bouche close. Là se<br />

trouve le hautain Héro<strong>de</strong> qui se moquait <strong>de</strong> Sa<br />

royauté et qui ordonnait à ses soldats ricaneurs <strong>de</strong><br />

le couronner. Là se trouv<strong>en</strong>t les hommes dont les<br />

mains sacrilèges, après l'avoir ironiquem<strong>en</strong>t revêtu<br />

d'un manteau <strong>de</strong> pourpre, ont ceint Son front sacré<br />

d'une couronne d'épines et placé dans Sa main<br />

docile un sceptre dérisoire, puis se sont prosternés<br />

<strong>de</strong>vant Lui, la raillerie et le blasphème sur les<br />

lèvres. <strong>Le</strong>s hommes qui ont frappé au visage le<br />

Prince <strong>de</strong> la vie et L'ont couvert <strong>de</strong> leurs crachats<br />

1197


se détourn<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Son regard perçant, et<br />

cherch<strong>en</strong>t à fuir la gloire indicible <strong>de</strong> Sa prés<strong>en</strong>ce.<br />

Ceux qui <strong>en</strong>foncèr<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> clous à travers Ses mains<br />

et Ses pieds, le soldat qui perça Son côté <strong>de</strong> sa<br />

lance, contempl<strong>en</strong>t ces cicatrices avec terreur et<br />

remords.<br />

<strong>Le</strong>s événem<strong>en</strong>ts du Calvaire revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec<br />

une douloureuse clarté à la mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sacrificateurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux du peuple.<br />

Frémissants d'horreur, ils se rappell<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t,<br />

sous l'inspiration <strong>de</strong> Satan, ils disai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> branlant<br />

la tête : « Il a sauvé les autres, et il ne peut se<br />

sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong><strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la croix, et nous croirons <strong>en</strong> lui. Il s'est confié <strong>en</strong><br />

Dieu; que Dieu le délivre maint<strong>en</strong>ant, s'il l'aime. » (<br />

Matthieu 27.42, 43 )<br />

Ils se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la parabole <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vignerons qui refusèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre au propriétaire<br />

le fruit <strong>de</strong> la vigne, maltraitèr<strong>en</strong>t ses serviteurs et<br />

tuèr<strong>en</strong>t son fils. Ils se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout aussi<br />

distinctem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur propre verdict : « <strong>Le</strong> maître<br />

<strong>de</strong> la vigne... fera périr misérablem<strong>en</strong>t ces<br />

1198


misérables. » ( Matthieu 21.41 ) Dans le péché et le<br />

châtim<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> vignerons infidèles, les sacrificateurs<br />

et les anci<strong>en</strong>s voi<strong>en</strong>t leur propre conduite et leur<br />

juste sort. Aussi, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d-on s'élever, plus imm<strong>en</strong>se<br />

et plus perçante que le cri <strong>de</strong> « Crucifie! Crucifie! »<br />

poussé dans les rues <strong>de</strong> Jérusalem, cette clameur<br />

d'agonie : « C'est le Fils <strong>de</strong> Dieu! C'est le vrai<br />

Messie! » Et l'on veut fuir la prés<strong>en</strong>ce du Roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois. Et l'on s'élance, pour y chercher un vain<br />

refuge, vers les cavernes, vers les crevasses <strong>de</strong> la<br />

terre bouleversée.<br />

Dans l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> tous ceux qui rejett<strong>en</strong>t la<br />

vérité, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> mom<strong>en</strong>ts où la consci<strong>en</strong>ce se<br />

réveille, où la mémoire rappelle le souv<strong>en</strong>ir<br />

douloureux d'une vie d'hypocrisie, où l'âme est<br />

harcelée <strong>de</strong> vains regrets. Mais que sont ces heures<br />

comparées aux remords du jour où « la détresse et<br />

l'angoisse fondront sur vous », et où « le malheur<br />

vous <strong>en</strong>veloppera comme un tourbillon »? (<br />

Proverbes 1.27 ) Ceux qui aurai<strong>en</strong>t voulu les<br />

détruire contempl<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant la gloire <strong>de</strong> Jésus<br />

et <strong>de</strong> ses disciples. Du fond <strong>de</strong> leur angoisse, ils<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t la voix <strong><strong>de</strong>s</strong> saints s'écriant joyeusem<strong>en</strong>t :<br />

1199


« Voici, c'est notre Dieu, <strong>en</strong> qui nous avons<br />

confiance, et c'est lui qui nous sauve.» ( Ésaïe 25.9<br />

)<br />

P<strong>en</strong>dant que la terre chancelle, que l'éclair<br />

déchire la nue et que rugit le tonnerre, la voix du<br />

Fils <strong>de</strong> Dieu appelle les saints hors <strong>de</strong> leurs<br />

tombeaux. Jetant Ses regards sur ces tombes, Il<br />

lève les mains vers le ciel et S'écrie : « Debout,<br />

<strong>de</strong>bout, <strong>de</strong>bout vous qui dormez dans la poussière!<br />

» Dans toutes les parties <strong>de</strong> la terre, « les morts<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dront la voix du Fils <strong>de</strong> l'homme, et ceux qui<br />

l'auront <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due vivront ». <strong>La</strong> terre <strong>en</strong>tière tremble<br />

sous les pas d'une imm<strong>en</strong>se multitu<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong><br />

toute nation, <strong>de</strong> toute tribu, <strong>de</strong> toute langue et <strong>de</strong><br />

tout peuple. Revêtus d'une gloire immortelle, ils<br />

sort<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la prison <strong>de</strong> la mort, <strong>en</strong> s'écriant : « O<br />

mort, où est ta victoire? O mort, où est ton<br />

aiguillon? » ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 15.55 ) Puis les justes<br />

vivants et les saints ressuscités s'uniss<strong>en</strong>t dans une<br />

joyeuse et puissante acclamation.<br />

En sortant <strong>de</strong> la tombe, ils ont la taille qu'ils<br />

avai<strong>en</strong>t lorsqu'ils y sont <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dus. Adam, qui est<br />

1200


<strong>de</strong> leur nombre, est d'un port majestueux, mais<br />

d'une stature un peu moins élevée que le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu. Il offre un contraste frappant avec les<br />

hommes <strong><strong>de</strong>s</strong> générations suivantes, ce qui permet<br />

<strong>de</strong> constater la profon<strong>de</strong> dégénéresc<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la race<br />

humaine. Mais tous se relèv<strong>en</strong>t avec la fraîcheur et<br />

la vigueur d'une éternelle jeunesse.<br />

Au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t, l'homme avait été créé à<br />

l'image <strong>de</strong> Dieu, non seulem<strong>en</strong>t au moral, mais<br />

aussi au physique, et cette ressemblance, le péché<br />

l'a presque <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t oblitérée. Mais Jésus-Christ<br />

est v<strong>en</strong>u dans le mon<strong>de</strong> pour restaurer ce qui avait<br />

été perdu. À Son retour, Il transformera le corps <strong>de</strong><br />

notre humiliation <strong>en</strong> le r<strong>en</strong>dant semblable au Si<strong>en</strong>.<br />

Notre corps mortel, corruptible, <strong>en</strong>laidi et souillé<br />

par le péché, retrouvera sa perfection et sa beauté.<br />

Toutes tares et toutes difformités seront laissées<br />

dans la tombe. Admis à manger <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> vie<br />

dans l'Éd<strong>en</strong> retrouvé, les rachetés croîtront « à la<br />

mesure <strong>de</strong> la stature » <strong>de</strong> notre race <strong>en</strong> sa gloire<br />

première. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>rniers vestiges <strong>de</strong> la malédiction<br />

effacés, les fidèles du Seigneur apparaîtront dans la<br />

beauté <strong>de</strong> l'Éternel, notre Dieu, réfléchissant dans<br />

1201


leur esprit, dans leur âme et dans leur corps l'image<br />

parfaite <strong>de</strong> leur Sauveur. O ré<strong>de</strong>mption<br />

merveilleuse, si longtemps att<strong>en</strong>due, contemplée<br />

avec impati<strong>en</strong>ce, mais jamais parfaitem<strong>en</strong>t<br />

comprise!<br />

<strong>Le</strong>s justes vivants sont changés « <strong>en</strong> un instant,<br />

<strong>en</strong> un clin d'oeil ». À la voix <strong>de</strong> Dieu, ils sont<br />

glorifiés, immortalisés, et, avec les saints<br />

ressuscités, <strong>en</strong>levés dans les airs, à la r<strong>en</strong>contre du<br />

Seigneur. <strong>Le</strong>s anges rassembl<strong>en</strong>t les élus <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre<br />

v<strong>en</strong>ts, d'une extrémité <strong>de</strong> la terre à l'autre. <strong>Le</strong>s<br />

petits <strong>en</strong>fants sont portés par les anges dans les bras<br />

<strong>de</strong> leurs mères. Des amis que la mort a longtemps<br />

séparés sont réunis pour ne plus jamais se quitter,<br />

et c'est avec <strong><strong>de</strong>s</strong> chants d'allégresse qu'ils mont<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>semble vers la cité <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong>Le</strong> chariot constitué par la nuée – muni <strong>de</strong><br />

chaque côté d'ailes et <strong>de</strong> roues vivantes – remonte<br />

vers le ciel. À mesure qu'il s'élève, les roues et les<br />

ailes répèt<strong>en</strong>t : « Saint! saint! » <strong>Le</strong> cortège d'anges<br />

s'écrie : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le<br />

Tout-Puissant », et p<strong>en</strong>dant que le chariot s'avance<br />

1202


dans la direction <strong>de</strong> la nouvelle Jérusalem, les<br />

rachetés clam<strong>en</strong>t : « Alléluia! »<br />

Avant d'<strong>en</strong>trer dans la cité <strong>de</strong> Dieu, le Seigneur<br />

distribue à ses disciples les emblèmes <strong>de</strong> la<br />

victoire, et les investit <strong><strong>de</strong>s</strong> insignes <strong>de</strong> la royauté.<br />

<strong>La</strong> brillante phalange se forme <strong>en</strong> carré autour <strong>de</strong><br />

son Roi, qui les <strong>en</strong>veloppe tous d'un indicible<br />

regard d'amour, et dont la stature majestueuse<br />

s'élève bi<strong>en</strong> au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> anges et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saints. L'innombrable armée <strong><strong>de</strong>s</strong> Saints, les yeux<br />

fixés sur lui, contemple la gloire <strong>de</strong> celui dont le «<br />

visage était défiguré, tant son aspect différait <strong>de</strong><br />

celui <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> l'homme ». ( Ésaïe 52.14 ) De Sa<br />

main droite, Jésus place la couronne <strong>de</strong> gloire sur<br />

la tête <strong><strong>de</strong>s</strong> vainqueurs. Chacun reçoit une couronne<br />

portant son « nom nouveau » ( Apocalypse 2.17 )<br />

et l'inscription : Sainteté à l'Éternel.» Chacun reçoit<br />

aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> palmes <strong>de</strong> victoire et une harpe<br />

étincelante. Puis <strong><strong>de</strong>s</strong> anges supérieurs donn<strong>en</strong>t le<br />

ton, et tous les saints font vibrer avec art les cor<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> leur harpes dont ils tir<strong>en</strong>t une musique d'une<br />

ineffable beauté. Un ravissem<strong>en</strong>t ineffable fait<br />

battre les coeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés qui adress<strong>en</strong>t au<br />

1203


sauveur cette louange pleine <strong>de</strong> reconnaissance : «<br />

A celui qui nous aime, qui nous a délivrés <strong>de</strong> nos<br />

péchés par son sang, et qui a fait <strong>de</strong> nous un<br />

royaume, <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrificateurs pour Dieu son Père, à<br />

lui soit la gloire et la puissance, aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles! Am<strong>en</strong>! » ( Apocalypse 1.5, 6 )<br />

<strong>La</strong> foule <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés est arrivée <strong>en</strong> face <strong>de</strong> la<br />

sainte Cité. Jésus <strong>en</strong> ouvre à <strong>de</strong>ux battants les<br />

portes <strong>de</strong> perles. <strong>Le</strong>s nations qui ont gardé la<br />

vérités y pénètr<strong>en</strong>t et y contempl<strong>en</strong>t le Paradis <strong>de</strong><br />

Dieu, la <strong>de</strong>meure d'Adam <strong>en</strong> son innoc<strong>en</strong>ce. Alors<br />

la voix la plus mélodieuse et la plus suave qui ait<br />

jamais frappé <strong><strong>de</strong>s</strong> oreilles humaines leur dit : « Vos<br />

luttes sont finies. V<strong>en</strong>ez, vous qui êtes bénis <strong>de</strong><br />

mon Père; pr<strong>en</strong>ez possession du royaume qui vous<br />

a été préparé dès la fondation du mon<strong>de</strong>. »<br />

Elle est maint<strong>en</strong>ant exaucée cette prière du<br />

Sauveur <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> Ses disciples : « je veux que<br />

là où je suis ceux que tu m’as donnés soi<strong>en</strong>t aussi<br />

avec moi. » « Irrépréh<strong>en</strong>sibles et dans l'allégresse »<br />

( Ju<strong>de</strong> 24 ), les rachetés <strong>de</strong> Jésus-Christ sont<br />

prés<strong>en</strong>tés au Père par son fils <strong>en</strong> ces mots : « Me<br />

1204


voici, moi et les <strong>en</strong>fants que tu m'as donnés.... J'ai<br />

gardé ceux que tu m'as donnés. » Qui dira le<br />

ravissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette heure ou le Père, contemplant<br />

les rachetés, retrouvera <strong>en</strong> eux Son image, car le<br />

péché et la souillure auront disparu, et où<br />

l'humanité aura retrouvé son harmonie avec la<br />

divinité!<br />

<strong>La</strong> voix empreinte d'un amour ineffable, Jésus<br />

invite alors Ses fidèles à participer à « la joie <strong>de</strong><br />

leur Maître ». Son bonheur consiste à voir dans son<br />

royaume <strong>de</strong> gloire les âmes sauvés par Son<br />

humiliations et Ses souffrances. Celui <strong><strong>de</strong>s</strong> élus sera<br />

<strong>de</strong> voir parmi les bi<strong>en</strong>heureux <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres sauvés par<br />

leur prières, leur travaux et leur dévouem<strong>en</strong>t.<br />

Tandis qu'ils sont réunis autour du grand trône<br />

blanc, une joie inexprimable inon<strong>de</strong> leur coeur à la<br />

vue <strong>de</strong> ces âmes et <strong>de</strong> celle gagnées par elles,<br />

rassemblées toutes dans le repos céleste, jetant<br />

leurs couronnes aux pieds <strong>de</strong> Jésus, et admises à le<br />

louer p<strong>en</strong>dant les siècles éternels.<br />

Au mom<strong>en</strong>t où les rachetés sont accueillis dans<br />

la cité <strong>de</strong> Dieu, une acclamation d'<strong>en</strong>thousiasme et<br />

1205


d'adoration déchire les airs. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux Adam sont<br />

sur le point <strong>de</strong> se r<strong>en</strong>contrer. <strong>Le</strong> fils <strong>de</strong> Dieu ouvre<br />

ses bras au père <strong>de</strong> notre race, à l'être qu'il a créé,<br />

mais qui a péché contre son créateur, et par la faute<br />

duquel le Sauveur porte <strong>en</strong> son corps les stigmates<br />

<strong>de</strong> la crucifixion. En voyant ces cruelles cicatrices,<br />

Adam ne se jette pas dans les bras du sauveur; il se<br />

prosterne humblem<strong>en</strong>t à ses pieds <strong>en</strong> s'écriant : «<br />

Digne est l'agneau qui a été immolé! »<br />

T<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t, le Seigneur le relève, et l'invite à<br />

revoir l'Éd<strong>en</strong> dont il a été si longtemps exilé.<br />

Après qu'Adam eut été expulsé d'Éd<strong>en</strong>, sa vie<br />

sur la terre fut abreuvée <strong>de</strong> tristesse. Chaque feuille<br />

fanée, chaque victime <strong><strong>de</strong>s</strong> sacrifices, chaque<br />

altération <strong>de</strong> la nature naguère si belle, chaque<br />

imperfection morale lui rappelait son péché. Il<br />

avait éprouvé <strong>de</strong> cuisants remords à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

progrès et <strong><strong>de</strong>s</strong> débor<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'iniquité. Ses<br />

avertissem<strong>en</strong>ts s'étai<strong>en</strong>t heurtés à <strong><strong>de</strong>s</strong> accusations et<br />

à d'amers reproches. Humblem<strong>en</strong>t, patiemm<strong>en</strong>t,<br />

durant près d'un millénaire, il avait supporté la<br />

conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> sa transgression. Sincèrem<strong>en</strong>t<br />

rep<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> son péché, il s'était confié dans les<br />

1206


mérites du sauveur promis, et s'était <strong>en</strong>dormi avec<br />

l'espérance <strong>de</strong> la résurrection. Grâce au fils <strong>de</strong><br />

Dieu, qui a racheté l'homme <strong>de</strong> sa chute, et grâce à<br />

son oeuvre <strong>de</strong> propitiation, Adam peut maint<strong>en</strong>ant<br />

réintégrer son premier domaine.<br />

Ému et rayonnant <strong>de</strong> joie, il reconnaît les arbres<br />

qui faisai<strong>en</strong>t autrefois ses délices, et dont il avait<br />

cueilli les fruits aux jours <strong>de</strong> son innoc<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> sa<br />

félicité. Il voit les ceps qu'il a lui-même taillés et<br />

les fleurs qu'il aimait autrefois cultiver. <strong>La</strong> réalité<br />

<strong>de</strong> la scène le saisit; il retrouve l'Éd<strong>en</strong> restauré plus<br />

beau <strong>en</strong>core qu'au jour où il <strong>en</strong> a été banni. <strong>Le</strong><br />

Sauveur le conduit vers l'arbre <strong>de</strong> vie, cueille <strong>de</strong><br />

son fruit glorieux, et l'invite à manger. Regardant<br />

autour <strong>de</strong> lui, Adam voit réunie dans le Paradis <strong>de</strong><br />

Dieu la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>fants rachetés. Il dépose<br />

alors sa couronne éclatante aux pieds <strong>de</strong> son<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur, puis il se jette dans Ses bras.<br />

Saisissant <strong>en</strong>suite sa harpe d'or, il fait résonner les<br />

voûtes du ciel <strong>de</strong> ce chant : « Digne, digne, digne<br />

est l'agneau qui a été immolé, et qui est rev<strong>en</strong>u à la<br />

vie! » <strong>La</strong> multitu<strong>de</strong> se joint à son cantique, et tous,<br />

jetant leurs couronnes aux pieds du Ré<strong>de</strong>mpteur, se<br />

1207


prostern<strong>en</strong>t pour l'adorer.<br />

<strong>Le</strong>s anges qui ont pleuré à la chute d'Adam<br />

assist<strong>en</strong>t à cette scène. Pleins <strong>de</strong> joie lorsque, au<br />

jour <strong>de</strong> sa résurrection, Jésus était monté au ciel<br />

après avoir ouvert la porte <strong>de</strong> la tombe à tous les<br />

croyants, ils voi<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant l'oeuvre <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption consommée, et s'uniss<strong>en</strong>t au cantique<br />

<strong>de</strong> louange.<br />

Sur la mer <strong>de</strong> cristal qui est <strong>de</strong>vant le trône – et<br />

que les reflets <strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> Dieu font ressembler<br />

à du verre mêlé <strong>de</strong> feu – sont réunis ceux qui ont «<br />

vaincu la bête, et son image, et le nombre <strong>de</strong> son<br />

nom ». ( Apocalypse 15.2 ) <strong>Le</strong>s c<strong>en</strong>t quarantequatre<br />

mille qui ont été rachetés parmi les hommes<br />

se ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur la montagne <strong>de</strong> Sion avec l'agneau,<br />

« ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> harpes <strong>de</strong> Dieu », et l'on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d « du<br />

ciel une voix comme un bruit <strong>de</strong> grosses eaux,<br />

comme le bruit d'un grand tonnerre; et la voix que<br />

l'on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait » « était comme celle <strong>de</strong> joueurs <strong>de</strong><br />

harpes jouant <strong>de</strong> leurs harpes » ( Apocalypse 14.1-<br />

56; 15.3 ) Ils chant<strong>en</strong>t un cantique nouveau <strong>de</strong>vant<br />

le trône, cantique que personne ne peut appr<strong>en</strong>dre,<br />

1208


sinon les c<strong>en</strong>t quarante-quatre mille. C'est le<br />

cantique <strong>de</strong> Moïse et <strong>de</strong> l'agneau. Ce chant <strong>de</strong><br />

délivrance, seuls les c<strong>en</strong>t quarante-quatre mille<br />

peuv<strong>en</strong>t l'appr<strong>en</strong>dre, car c'est l'hymne <strong>de</strong> leur<br />

histoire, histoire vécue par eux seuls. « Ils suiv<strong>en</strong>t<br />

l'agneau partout où il va. » Enlevés <strong>de</strong> la terre,<br />

d'<strong>en</strong>tre les vivants, ils sont considérés « comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prémices pour Dieu et pour l'agneau ». « Ce sont<br />

ceux qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> tribulation. » (<br />

Apocalypse 7.14, 15 ) Ils ont traversé un temps <strong>de</strong><br />

détresse tel qu'il n'y <strong>en</strong> a jamais eu <strong>de</strong>puis que les<br />

nations exist<strong>en</strong>t; ils ont <strong>en</strong>duré les angoisses <strong>de</strong> la<br />

détresse <strong>de</strong> Jacob; ils ont subsisté sans intercesseur<br />

au milieu du déchaînem<strong>en</strong>t final <strong><strong>de</strong>s</strong> jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

Dieu. Mais ils ont été délivrés, car « ils ont lavé<br />

leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang <strong>de</strong><br />

l'agneau ». « Dans leur bouche il ne s'est point<br />

trouvé <strong>de</strong> m<strong>en</strong>songe, car ils sont irrépréh<strong>en</strong>sibles »<br />

<strong>de</strong>vant Dieu. « C'est pour cela qu'ils sont <strong>de</strong>vant le<br />

trône <strong>de</strong> Dieu, et le serv<strong>en</strong>t jour et nuit dans son<br />

temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa<br />

t<strong>en</strong>te sur eux.» ( Apocalypse 7.14, 15 ) Ils ont vu la<br />

terre désolée par la famine, par la peste et par les<br />

ar<strong>de</strong>urs d'un soleil dévorant; ils ont eux-mêmes<br />

1209


<strong>en</strong>duré la faim et la soif. Mais « ils n'auront plus<br />

faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les<br />

frappera point, ni aucune chaleur. Car l'agneau qui<br />

est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux<br />

sources <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux <strong>de</strong> la vie, et Dieu essuiera toute<br />

larme <strong>de</strong> leurs yeux. » ( Apocalypse 7.16,17 )<br />

Dans tous les siècles, les élus <strong>de</strong> Dieu ont été<br />

formés et disciplinés à l'école <strong>de</strong> l'épreuve. Ils ont<br />

foulé sur la terre <strong><strong>de</strong>s</strong> s<strong>en</strong>tiers étroits; ils ont été<br />

purifiés dans la fournaise <strong>de</strong> l'affliction. Pour<br />

l'amour <strong>de</strong> Jésus, ils ont <strong>en</strong>duré l'opposition, la<br />

haine et la calomnie. Ils l'ont suivi dans les plus<br />

ru<strong><strong>de</strong>s</strong> conflits : ils ont supporté le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t et<br />

d'amers désappointem<strong>en</strong>ts. Une douloureuse<br />

expéri<strong>en</strong>ce leur a fait compr<strong>en</strong>dre ce que le péché a<br />

d'odieux, <strong>de</strong> puissant, <strong>de</strong> néfaste; aussi le<br />

considèr<strong>en</strong>t-ils avec horreur. <strong>La</strong> compréh<strong>en</strong>sion du<br />

sacrifice infini cons<strong>en</strong>ti <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> les <strong>en</strong> guérir leur<br />

donne le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur petitesse, et remplit<br />

leurs coeurs d'une reconnaissance que ne saurai<strong>en</strong>t<br />

compr<strong>en</strong>dre ceux qui ne sont jamais tombés. Ils<br />

aim<strong>en</strong>t beaucoup, parce qu'il leur a été beaucoup<br />

pardonné. Participants <strong><strong>de</strong>s</strong> souffrances du Christ,<br />

1210


ils sont qualifiés pour participer à sa gloire.<br />

<strong>Le</strong>s héritiers <strong>de</strong> Dieu vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> mansar<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> taudis, <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons, <strong><strong>de</strong>s</strong> échafauds, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

montagnes, <strong><strong>de</strong>s</strong> déserts, <strong><strong>de</strong>s</strong> antres <strong>de</strong> la terre et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la mer. Sur la terre, ils étai<strong>en</strong>t «<br />

dénués <strong>de</strong> tout, persécutés, maltraités ». Des<br />

millions d'<strong>en</strong>tre eux sont <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dus dans la tombe<br />

portant les stigmates <strong>de</strong> l'infamie pour avoir<br />

fermem<strong>en</strong>t refusé <strong>de</strong> se soumettre aux exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong><br />

Satan. <strong>Le</strong>s tribunaux humains les ont condamnés<br />

comme <strong>de</strong> vils criminels. Maint<strong>en</strong>ant, « c'est Dieu<br />

qui est juge » ( Psaumes 50.6 ), et les décisions <strong>de</strong><br />

la terre sont révisées. « Il fait disparaître <strong>de</strong> toute la<br />

terre l'opprobre <strong>de</strong> son peuple. » ( Ésaïe 25.8 ) «<br />

On les appellera peuple saint, rachetés <strong>de</strong> l'Éternel.<br />

» Dieu a décidé <strong>de</strong> « leur donner un diadème au<br />

lieu <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>dre, une huile <strong>de</strong> joie au lieu du <strong>de</strong>uil,<br />

un vêtem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> louange au lieu d'un esprit abattu »<br />

( Ésaïe 62.12; 61.3 ). Ils ne sont plus faibles,<br />

affligés, dispersés et opprimés. Désormais, ils<br />

seront toujours avec le Seigneur. Ils <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t le<br />

trône plus richem<strong>en</strong>t vêtus que les hommes les plus<br />

honorés <strong>de</strong> la terre. Ils port<strong>en</strong>t sur leurs couronnes<br />

1211


<strong><strong>de</strong>s</strong> diadèmes plus précieux que ceux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souverains. <strong>Le</strong>s jours <strong>de</strong> souffrance et <strong>de</strong> larmes<br />

sont à jamais passés. <strong>Le</strong> Roi <strong>de</strong> gloire a effacé les<br />

pleurs <strong>de</strong> tous les visages; toute cause <strong>de</strong> douleur a<br />

désormais disparu. Ils font <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong> agitant<br />

leurs palmes, un chant <strong>de</strong> louange clair, doux,<br />

mélodieux. Toutes les voix se joign<strong>en</strong>t à eux, et<br />

bi<strong>en</strong>tôt éclat<strong>en</strong>t sous les voûtes du ciel les notes<br />

puissantes <strong>de</strong> ce cantique : « <strong>Le</strong> salut est à notre<br />

Dieu qui est assis sur le trône, et à l'agneau. » Et<br />

tous les habitants du ciel répond<strong>en</strong>t : « Am<strong>en</strong>! <strong>La</strong><br />

louange, la gloire, la sagesse, l'action <strong>de</strong> grâces,<br />

l'honneur, la puissance et la force soi<strong>en</strong>t à notre<br />

Dieu aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles! » ( Apocalypse 7.10,<br />

12 )<br />

En cette vie, on ne peut qu'effleurer faiblem<strong>en</strong>t<br />

le thème merveilleux <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. Notre<br />

intellig<strong>en</strong>ce bornée peut s'évertuer à son<strong>de</strong>r avec<br />

une profon<strong>de</strong> att<strong>en</strong>tion l'ignominie et la gloire, la<br />

vie et la mort, la justice et la miséricor<strong>de</strong> qui se<br />

donn<strong>en</strong>t r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous à la croix; mais l'effort le plus<br />

prodigieux <strong>de</strong> notre esprit n'<strong>en</strong> saisira jamais la<br />

profon<strong>de</strong> signification. Il ne compr<strong>en</strong>d que bi<strong>en</strong><br />

1212


imparfaitem<strong>en</strong>t la longueur et la largeur, la<br />

profon<strong>de</strong>ur et la hauteur <strong>de</strong> l'amour ré<strong>de</strong>mpteur.<br />

Même quand ils verront comme ils sont vus, quand<br />

ils connaîtront comme ils sont connus, les élus ne<br />

compr<strong>en</strong>dront pas <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t le plan <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption. Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles éternels, la vérité<br />

ne cessera <strong>de</strong> se dévoiler <strong>de</strong>vant leur esprit étonné<br />

et ravi. Bi<strong>en</strong> que les chagrins, les souffrances et les<br />

t<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> la terre soi<strong>en</strong>t à leur terme, et que la<br />

cause <strong>en</strong> ait disparu, le peuple <strong>de</strong> Dieu aura<br />

toujours un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t vif et raisonné du prix <strong>de</strong> son<br />

salut.<br />

<strong>La</strong> croix <strong>de</strong> Jésus-Christ sera la sci<strong>en</strong>ce et le<br />

chant <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés p<strong>en</strong>dant les siècles éternels. En<br />

Jésus-Christ glorifié, ils contempleront Jésus-Christ<br />

crucifié. Jamais ils n'oublieront que Celui dont la<br />

puissance a créé et souti<strong>en</strong>t les mon<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

innombrables <strong>de</strong> l'imm<strong>en</strong>sité, que le Bi<strong>en</strong>-aimé <strong>de</strong><br />

Dieu, que la Majesté du ciel, que celui que les<br />

séraphins et les chérubins ador<strong>en</strong>t avec délices<br />

S'est humilié pour relever l'homme déchu; qu'il a<br />

porté la culpabilité et l'opprobre du péché sur la<br />

croix du Calvaire, qu'il a vu se voiler la face <strong>de</strong> Son<br />

1213


Père; qu'il a s<strong>en</strong>ti Son coeur se briser sous le<br />

malheur d'un mon<strong>de</strong> perdu. <strong>La</strong> p<strong>en</strong>sée que le<br />

Créateur <strong>de</strong> tous les mon<strong><strong>de</strong>s</strong>, l'Arbitre <strong>de</strong> toutes les<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinées ait cons<strong>en</strong>ti à déposer Sa gloire et à<br />

S'anéantir pour l'amour <strong>de</strong> l'homme, restera<br />

éternellem<strong>en</strong>t un sujet <strong>de</strong> stupeur pour l'univers.<br />

Chaque fois que les rachetés contempleront la<br />

gloire du Père sur le visage <strong>de</strong> leur Ré<strong>de</strong>mpteur,<br />

qu'ils p<strong>en</strong>seront que Son trône subsistera d'éternité<br />

<strong>en</strong> éternité et que Son règne n'aura pas <strong>de</strong> fin, leur<br />

ravissem<strong>en</strong>t s'exprimera par le chant : « Digne est<br />

l'agneau qui a été immolé, et qui nous a rachetés<br />

par son précieux sang! »<br />

<strong>Le</strong> mystère <strong>de</strong> la croix explique tous les autres.<br />

À la lumière du Calvaire, les attributs <strong>de</strong> Dieu qui<br />

nous avai<strong>en</strong>t remplis <strong>de</strong> crainte nous apparaîtront<br />

dans leur beauté. En Dieu, la miséricor<strong>de</strong>, la<br />

t<strong>en</strong>dresse et l'amour paternel s'uniss<strong>en</strong>t à la<br />

sainteté, à la justice et à la puissance. Tout <strong>en</strong><br />

contemplant la majesté <strong>de</strong> Son trône, on voit mieux<br />

que jamais l'amour qui constitue Son caractère, et<br />

l'on compr<strong>en</strong>d la valeur <strong>de</strong> ce titre affectueux : «<br />

Notre Père. »<br />

1214


On verra que celui qui est infini <strong>en</strong> sagesse ne<br />

pouvait nous sauver qu'<strong>en</strong> sacrifiant Son Fils. Son<br />

dédommagem<strong>en</strong>t pour ce sacrifice sera la joie <strong>de</strong><br />

peupler la terre d'êtres rachetés, saints, heureux,<br />

immortels. <strong>Le</strong> conflit <strong>en</strong>tre le Sauveur et la<br />

puissance <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres aboutira au bonheur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

élus et à la gloire <strong>de</strong> Dieu p<strong>en</strong>dant l'éternité. <strong>La</strong><br />

valeur <strong>de</strong> l'âme humaine est si gran<strong>de</strong> que le Père<br />

sera satisfait du prix cons<strong>en</strong>ti. Quant au Fils <strong>de</strong><br />

Dieu, les fruits <strong>de</strong> Son grand sacrifice seront si<br />

beaux qu'il sera, lui aussi, satisfait.<br />

1215


Chapitre 41<br />

<strong>La</strong> terre désolée<br />

« Ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel, et<br />

Dieu s'est souv<strong>en</strong>u <strong>de</strong> ses iniquités. » « Dans la<br />

coupe où elle a versé, versez-lui au double. Autant<br />

elle s'est glorifiée et plongée dans le luxe, autant<br />

donnez-lui <strong>de</strong> tourm<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil. Parce qu'elle dit<br />

<strong>en</strong> son coeur : Je suis assise <strong>en</strong> reine, je ne suis<br />

point veuve, et je ne verrai point <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil! à cause<br />

<strong>de</strong> cela, <strong>en</strong> un même jour, ses fléaux arriveront, la<br />

mort, le <strong>de</strong>uil et la famine, et elle sera consumée<br />

par le feu. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui<br />

l'a jugée. Et tous les rois <strong>de</strong> la terre, qui se sont<br />

livrés avec elle à l'impudicité et au luxe, pleureront<br />

et se lam<strong>en</strong>teront à cause d'elle... Ils diront :<br />

Malheur! malheur! <strong>La</strong> gran<strong>de</strong> ville, Babylone, la<br />

ville puissante! En une seule heure est v<strong>en</strong>u ton<br />

jugem<strong>en</strong>t. » ( Apocalypse 18.5-10 )<br />

« <strong>Le</strong>s marchands <strong>de</strong> la terre », qui se « sont<br />

<strong>en</strong>richis par la puissance <strong>de</strong> son luxe », « se<br />

1216


ti<strong>en</strong>dront éloignés, dans la crainte <strong>de</strong> son tourm<strong>en</strong>t;<br />

ils pleureront et seront dans le <strong>de</strong>uil, et diront :<br />

Malheur! malheur! <strong>La</strong> gran<strong>de</strong> ville, qui était vêtue<br />

<strong>de</strong> fin lin, <strong>de</strong> pourpre et d'écarlate, et parée d'or, <strong>de</strong><br />

pierres précieuses et <strong>de</strong> perles! En une seule heure<br />

tant <strong>de</strong> richesses ont été détruites! » ( Apocalypse<br />

18.3, 15, 16 )<br />

Tels sont les jugem<strong>en</strong>ts qui fond<strong>en</strong>t sur<br />

Babylone au jour <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu. Elle a<br />

comblé la mesure <strong>de</strong> ses iniquités; son temps est<br />

v<strong>en</strong>u; elle est mûre pour la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction.<br />

Lorsque la voix du Seigneur proclame la<br />

délivrance <strong>de</strong> son peuple, il se produit un terrible<br />

réveil chez ceux qui ont tout perdu dans le combat<br />

<strong>de</strong> la vie. P<strong>en</strong>dant le temps <strong>de</strong> grâce, ils se<br />

laissai<strong>en</strong>t aveugler par les sophismes <strong>de</strong> Satan et<br />

justifiai<strong>en</strong>t leur vie <strong>de</strong> péché. <strong>Le</strong>s riches se<br />

r<strong>en</strong>gorgeai<strong>en</strong>t dans le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur supériorité<br />

sur les moins favorisés. Mais ils avai<strong>en</strong>t acquis<br />

leurs richesses au mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> lois divines; ils<br />

n'avai<strong>en</strong>t pas donné à mangez à ceux qui avai<strong>en</strong>t<br />

faim; ils n'avai<strong>en</strong>t pas vêtu ceux qui étai<strong>en</strong>t nus; ils<br />

1217


n'avai<strong>en</strong>t pas agi avec équité, et avai<strong>en</strong>t ignoré la<br />

miséricor<strong>de</strong>. Ils avai<strong>en</strong>t recherché leur propre<br />

avancem<strong>en</strong>t et les hommages <strong>de</strong> leurs semblables.<br />

Dépouillés <strong>de</strong> tout ce qui faisait leur gran<strong>de</strong>ur,<br />

ils se trouv<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant sans déf<strong>en</strong>se. Ils<br />

considèr<strong>en</strong>t avec terreur les idoles qu'ils ont<br />

préférées à leur Créateur. Ils ont v<strong>en</strong>du leur âme <strong>en</strong><br />

échange <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses et <strong><strong>de</strong>s</strong> jouissances terrestres,<br />

et n'ont ri<strong>en</strong> fait pour <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir riches <strong>en</strong> Dieu. En<br />

conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur vie manquée, leurs trésors<br />

sont vermoulus, leurs plaisirs changés <strong>en</strong> amertume<br />

et les gains <strong>de</strong> toute une vie anéantis <strong>en</strong> un instant.<br />

Ils déplor<strong>en</strong>t la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> leurs luxueux palais,<br />

la perte <strong>de</strong> leur arg<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> leur or. Mais ils cess<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong>tôt <strong>de</strong> se désoler <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> leurs bi<strong>en</strong>s,<br />

frappés <strong>de</strong> mutisme par la crainte <strong>de</strong> périr avec<br />

leurs idoles.<br />

Si les méchants éprouv<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> regrets, ce n'est<br />

pas d'avoir négligé leurs <strong>de</strong>voirs <strong>en</strong>vers Dieu et<br />

leurs semblables, c'est parce que l'Éternel a vaincu.<br />

Ils ne se rep<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> leur méchanceté. Ce qui<br />

les accable, ce sont les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leurs<br />

1218


actions. S'ils avai<strong>en</strong>t quelque chance <strong>de</strong> succès, ils<br />

ne négligerai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> pour s'assurer la victoire.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> voit ceux qu'il a tournés <strong>en</strong> dérision<br />

et dont il désirait la mort passer in<strong>de</strong>mnes au<br />

travers <strong>de</strong> la peste, <strong><strong>de</strong>s</strong> tempêtes et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tremblem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> terre. Celui qui est un feu<br />

dévorant pour les transgresseurs <strong>de</strong> Sa loi est un<br />

abri pour Son peuple.<br />

<strong>Le</strong> pasteur qui a sacrifié la vérité à la faveur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes voit maint<strong>en</strong>ant la nature et l'influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

ses <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Il constate que l'oeil <strong>de</strong><br />

l'Omnisci<strong>en</strong>t le suivait <strong>en</strong> chaire, dans la rue, dans<br />

ses rapports multiples avec ses semblables. Chaque<br />

émotion <strong>de</strong> son âme, chaque ligne écrite <strong>de</strong> sa<br />

main, chaque parole proférée, toute action, <strong>en</strong> un<br />

mot, <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à pousser les hommes à trouver leur<br />

sécurité dans le m<strong>en</strong>songe a porté ses fruits; et les<br />

pauvres âmes perdues qu'il voit autour <strong>de</strong> lui sont<br />

la moisson <strong>de</strong> ses semailles.<br />

« Ils pans<strong>en</strong>t à la légère la plaie <strong>de</strong> la fille <strong>de</strong><br />

mon peuple : Paix, paix! dis<strong>en</strong>t-ils. Et il n'y a point<br />

1219


<strong>de</strong> paix », dit le Seigneur, « parce que vous affligez<br />

le coeur du juste par <strong><strong>de</strong>s</strong> m<strong>en</strong>songes, quand moimême<br />

je ne l'ai point attristé, et parce que vous<br />

fortifiez les mains du méchant pour l'empêcher <strong>de</strong><br />

quitter sa mauvaise voie et pour le faire vivre ». (<br />

Jérémie 8.11; Ézéchiel 13.22 )<br />

« Malheur aux pasteurs qui détruis<strong>en</strong>t et<br />

dispers<strong>en</strong>t le troupeau <strong>de</strong> mon pâturage!... Voici, je<br />

vous châtierai à cause <strong>de</strong> la méchanceté <strong>de</strong> vos<br />

actions. » « Gémissez, pasteurs, et criez! Roulezvous<br />

dans la c<strong>en</strong>dre, conducteurs <strong>de</strong> troupeaux! Car<br />

les jours sont v<strong>en</strong>us où vous allez être égorgés...<br />

Plus <strong>de</strong> refuge pour les pasteurs! plus <strong>de</strong> salut pour<br />

les conducteurs <strong>de</strong> troupeaux! » ( Jérémie 23.1, 2;<br />

25.34,35 )<br />

Pasteurs et fidèles voi<strong>en</strong>t que leurs rapports<br />

avec Dieu n'ont pas été corrects. Ils voi<strong>en</strong>t qu'ils se<br />

sont révoltés contre l'Auteur <strong>de</strong> toute loi juste et<br />

bonne. <strong>La</strong> méconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> préceptes divins a<br />

donné lieu à <strong><strong>de</strong>s</strong> maux sans nombre : à la discor<strong>de</strong>,<br />

à la haine, à l'iniquité, au point que la terre est<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue un champ <strong>de</strong> bataille et une s<strong>en</strong>tine <strong>de</strong><br />

1220


corruption. Tel est le tableau qui se prés<strong>en</strong>te alors<br />

aux yeux <strong>de</strong> ceux qui ont rejeté la vérité et aimé<br />

l'erreur. Des paroles ne saurai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre l'int<strong>en</strong>sité<br />

avec laquelle les infidèles et les rebelles pleur<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant ce qu'ils ont perdu à tout jamais : la vie<br />

éternelle. Des hommes que le mon<strong>de</strong> a adorés pour<br />

leurs tal<strong>en</strong>ts et leur éloqu<strong>en</strong>ce voi<strong>en</strong>t ces choses<br />

sous leur vrai jour. Ils s'<strong>en</strong> r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t si bi<strong>en</strong> compte<br />

que, tombant aux pieds <strong>de</strong> ceux dont ils ont<br />

méprisé et ridiculisé la fidélité, ils confess<strong>en</strong>t que<br />

Dieu les a aimés.<br />

<strong>Le</strong>s foules, s'apercevant qu'elles ont été<br />

leurrées, s'accus<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> s'être<br />

<strong>en</strong>traînées à la perdition; mais tous s'accord<strong>en</strong>t<br />

pour rejeter sur les pasteurs la plus grosse part du<br />

mal. Ministres infidèles, ils ont annoncé <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

agréables; ils ont incité leurs auditeurs à annuler la<br />

loi <strong>de</strong> Dieu et à persécuter ceux qui voulai<strong>en</strong>t lui<br />

obéir. Dans leur désespoir, ces docteurs confess<strong>en</strong>t<br />

ouvertem<strong>en</strong>t leur imposture. <strong>Le</strong>s foules, furieuses,<br />

s'écri<strong>en</strong>t : « Nous sommes perdus, et c'est vous qui<br />

<strong>en</strong> êtes la cause. » Ceux qui les admirai<strong>en</strong>t<br />

profèr<strong>en</strong>t contre eux les plus terribles malédictions.<br />

1221


<strong>Le</strong>s mains mêmes qui les couronnai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lauriers<br />

sont les premières à se lever contre eux. <strong>Le</strong>s épées<br />

qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t verser le sang du peuple <strong>de</strong> Dieu se<br />

dirig<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant contre ses <strong>en</strong>nemis. Partout, on<br />

ne voit que batailles et carnage.<br />

« <strong>Le</strong> bruit parvi<strong>en</strong>t jusqu'à l'extrémité <strong>de</strong> la<br />

terre; car l'Éternel est <strong>en</strong> dispute avec les nations, il<br />

<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> jugem<strong>en</strong>t contre toute chair; il livre les<br />

méchants au glaive. » ( Jérémie 25.31 ) Il y a six<br />

mille ans que le grand conflit se poursuit; le Fils <strong>de</strong><br />

Dieu et ses célestes messagers, luttant contre la<br />

puissance du Malin, se sont efforcés d'avertir,<br />

d'éclairer et <strong>de</strong> sauver les <strong>en</strong>fants <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes.<br />

Maint<strong>en</strong>ant, tous ont pris position. <strong>Le</strong>s méchants se<br />

sont id<strong>en</strong>tifiés avec Satan. dans sa guerre contre le<br />

Seigneur. <strong>Le</strong> temps est v<strong>en</strong>u pour Dieu <strong>de</strong><br />

rev<strong>en</strong>diquer l'autorité <strong>de</strong> Sa loi violée. Ce n'est plus<br />

contre le diable seulem<strong>en</strong>t que la guerre est dirigée,<br />

mais aussi contre l'homme. « L'Éternel est <strong>en</strong><br />

dispute avec les nations;... il livre les méchants au<br />

glaive. »<br />

« <strong>Le</strong>s hommes qui soupir<strong>en</strong>t et qui gémiss<strong>en</strong>t à<br />

1222


cause <strong>de</strong> toutes les abominations » commises sont<br />

marqués. Maint<strong>en</strong>ant s'avance l'ange <strong>de</strong> la mort<br />

représ<strong>en</strong>té dans Ézéchiel par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes armés<br />

d'instrum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction, auxquels il est dit : «<br />

Passez... dans la ville, et frappez; que votre oeil soit<br />

sans pitié, et n'ayez point <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>! Tuez,<br />

détruisez les vieillards, les jeunes hommes, les<br />

vierges, les <strong>en</strong>fants et les femmes; mais<br />

n'approchez pas <strong>de</strong> quiconque aura sur lui la<br />

marque; et comm<strong>en</strong>cez par mon sanctuaire.» (<br />

Ézéchiel 9.4, 6 ) <strong>Le</strong> prophète ajoute : « Ils<br />

comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t par les anci<strong>en</strong>s qui étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant la<br />

maison. » ( Ézéchiel 9.6 ) <strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction<br />

comm<strong>en</strong>ce par ceux qui se sont donnés pour<br />

conducteurs religieux. <strong>Le</strong>s fausses s<strong>en</strong>tinelles<br />

tomb<strong>en</strong>t les premières. On n'a compassion <strong>de</strong><br />

personne; nul n'est épargné. Hommes, femmes,<br />

jeunes filles et <strong>en</strong>fants périss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble.<br />

« L'Éternel sort <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure pour punir les<br />

crimes <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> la terre; et la terre mettra le<br />

sang à nu, elle ne couvrira plus les meurtres. » (<br />

Ésaïe 26.21 ) « Voici la plaie dont l'Éternel<br />

frappera tous les peuples qui auront combattu<br />

1223


contre Jérusalem : leur chair tombera <strong>en</strong> pourriture<br />

tandis qu'ils seront sur leurs pieds, leurs yeux<br />

tomberont <strong>en</strong> pourriture dans leurs orbites, et leur<br />

langue tombera <strong>en</strong> pourriture dans leur bouche. En<br />

ce jour-là, l'Éternel produira un grand trouble<br />

parmi eux; l'un saisira la main <strong>de</strong> l'autre, et ils<br />

lèveront la main les uns sur les autres. » ( Zacharie<br />

14.12, 13 ) C'est au choc brutal <strong>de</strong> leurs passions<br />

farouches, comme aussi sous les coups non mitigés<br />

<strong>de</strong> la colère <strong>de</strong> Dieu, que tomb<strong>en</strong>t les méchants<br />

habitants <strong>de</strong> la terre : prêtres, magistrats, g<strong>en</strong>s du<br />

peuple, riches et pauvres, grands et petits. « Ceux<br />

que tuera l'Éternel <strong>en</strong> ce jour seront ét<strong>en</strong>dus d'un<br />

bout à l'autre <strong>de</strong> la terre; ils ne seront ni pleurés, ni<br />

recueillis, ni <strong>en</strong>terrés. » ( Jérémie 25.33 )<br />

Au retour du Seigneur, les méchants sont<br />

extirpés <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la face <strong>de</strong> toute la terre; ils sont<br />

« détruits par le souffle <strong>de</strong> sa bouche, et anéantis<br />

par l'éclat <strong>de</strong> son avènem<strong>en</strong>t ». ( 2 Thessalonici<strong>en</strong>s<br />

2.8 ) Jésus emmène son peuple dans la cité <strong>de</strong><br />

Dieu, et la terre est privée <strong>de</strong> ses habitants. « Voici<br />

l'Éternel dévaste la terre et la r<strong>en</strong>d déserte; il <strong>en</strong><br />

bouleverse la face et <strong>en</strong> disperse les habitants. » «<br />

1224


<strong>La</strong> terre est dévastée, livrée au pillage; car l'Éternel<br />

l'a décrété. » « Ils transgressai<strong>en</strong>t les lois, violai<strong>en</strong>t<br />

les ordonnances, ils rompai<strong>en</strong>t l'alliance éternelle.<br />

C'est pourquoi la malédiction dévore la terre, et ses<br />

habitants port<strong>en</strong>t la peine <strong>de</strong> leurs crimes. C'est<br />

pourquoi les habitants <strong>de</strong> la terre sont consumés. »<br />

( Ésaïe 24.1, 3, 5, 6, trad. littérale.)<br />

<strong>La</strong> terre <strong>en</strong>tière est bouleversée. <strong>Le</strong>s ruines <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

villes et <strong><strong>de</strong>s</strong> villages r<strong>en</strong>versés par le tremblem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> terre, les arbres déracinés, les rochers projetés<br />

par la mer ou arrachés <strong>de</strong> la terre sont dispersés à la<br />

surface <strong>de</strong> celle-ci tandis que <strong>de</strong> vastes gouffres<br />

indiqu<strong>en</strong>t l'anci<strong>en</strong> emplacem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes.<br />

Et maint<strong>en</strong>ant a lieu un événem<strong>en</strong>t préfiguré au<br />

cours du <strong>de</strong>rnier et sol<strong>en</strong>nel service du jour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

expiations. Lorsque le service dans le lieu très saint<br />

était achevé, et que les péchés d'Israël étai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>levés du sanctuaire <strong>en</strong> vertu du sang <strong>de</strong> la<br />

victime, on prés<strong>en</strong>tait vivant, <strong>de</strong>vant l'Éternel, le<br />

bouc émissaire. En prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la congrégation, le<br />

sacrificateur « confessait sur lui toutes les iniquités<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>fants d'Israël et toutes leurs transgressions »;<br />

1225


il les plaçait ainsi « sur la tête du bouc ». (<br />

Lévitique 16.21 ) Lorsque l'oeuvre du sanctuaire<br />

céleste sera achevée <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

anges célestes et <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés, les<br />

péchés du peuple <strong>de</strong> Dieu seront, semblablem<strong>en</strong>t,<br />

placés sur Satan. Il sera déclaré responsable <strong>de</strong> tout<br />

le mal qu'il leur a fait commettre. Et comme le<br />

bouc émissaire était <strong>en</strong>voyé dans un lieu inhabité,<br />

<strong>de</strong> même Satan sera relégué sur notre terre désolée,<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue une lugubre solitu<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong> voyant <strong>de</strong> Patmos prédit l'exil <strong>de</strong> Satan et<br />

l'état chaotique auquel la terre sera réduite; il<br />

annonce que cette désolation durera mille ans.<br />

Après avoir décrit le retour du Seigneur et la<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, le prophète ajoute : « Je<br />

vis <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dre du ciel un ange, qui avait la clef <strong>de</strong><br />

l'abîme et une gran<strong>de</strong> chaîne dans sa main. Il saisit<br />

le dragon, le serp<strong>en</strong>t anci<strong>en</strong>, qui est le diable et<br />

Satan, et il le lia pour mille ans. Il le jeta dans<br />

l'abîme, ferma et scella l'<strong>en</strong>trée au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> lui,<br />

afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que<br />

les mille ans fuss<strong>en</strong>t accomplis. Après cela, il faut<br />

qu'il soit délié pour un peu <strong>de</strong> temps. » (<br />

1226


Apocalypse 20.1-3 )<br />

<strong>Le</strong> mot « abîme » désigne la terre dans son état<br />

chaotique et ténébreux. Cela ressort d'autres<br />

passages <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. On lit que la terre « au<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t », avant son organisation, « était<br />

informe et vi<strong>de</strong>, et qu'il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres à la<br />

surface <strong>de</strong> l'abîme ». ( G<strong>en</strong>èse 1.2 ) Or la prophétie<br />

nous appr<strong>en</strong>d qu'elle sera ram<strong>en</strong>ée, tout au moins<br />

partiellem<strong>en</strong>t, à cet état. Considérant <strong>de</strong> loin le<br />

grand jour <strong>de</strong> Dieu, le prophète Jérémie écrit : « Je<br />

regar<strong>de</strong> la terre, et voici, elle est informe et vi<strong>de</strong>;<br />

les cieux, et leur lumière a disparu. Je regar<strong>de</strong> les<br />

montagnes, et voici, elles sont ébranlées; et toutes<br />

les collines chancell<strong>en</strong>t. Je regar<strong>de</strong>, et voici, il n'y a<br />

point d'homme; et tous les oiseaux <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux ont<br />

pris la fuite. Je regar<strong>de</strong>, et voici, le Carmel est un<br />

désert; et toutes ses villes sont détruites, <strong>de</strong>vant<br />

l'Éternel, <strong>de</strong>vant son ard<strong>en</strong>te colère. Car ainsi parle<br />

l'Éternel : Toute la terre sera dévastée; mais je ne<br />

ferai pas une <strong>en</strong>tière <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. » ( Jérémie 4.23-<br />

27, trad. littérale.)<br />

C'est là que Satan rési<strong>de</strong>ra p<strong>en</strong>dant mille ans<br />

1227


avec ses anges. Confiné à cette terre, il n'aura pas<br />

accès à d'autres mon<strong><strong>de</strong>s</strong> pour t<strong>en</strong>ter et harceler <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

êtres qui ne sont pas tombés. C'est dans ce s<strong>en</strong>s<br />

qu'il est <strong>en</strong>chaîné : il n'a personne sur qui il puisse<br />

exercer sa puissance. Il est totalem<strong>en</strong>t incapable <strong>de</strong><br />

poursuivre l'oeuvre <strong>de</strong> séduction qui a fait ses<br />

délices durant tant <strong>de</strong> siècles.<br />

Contemplant prophétiquem<strong>en</strong>t le jour <strong>de</strong> la<br />

défaite <strong>de</strong> Satan, le prophète Ésaïe s'écrie : « Te<br />

voilà tombé du ciel, astre brillant, fils <strong>de</strong> l'aurore!<br />

Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur <strong><strong>de</strong>s</strong> nations!<br />

Tu disais <strong>en</strong> ton coeur : Je monterai au ciel,<br />

j'élèverai mon trône au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles <strong>de</strong><br />

Dieu;... je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as<br />

été précipité dans le séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> morts, dans les<br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la fosse! Ceux qui te voi<strong>en</strong>t fix<strong>en</strong>t<br />

sur toi leurs regards, ils te considèr<strong>en</strong>t<br />

att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t : Est-ce là cet homme qui faisait<br />

trembler la terre, qui ébranlait les royaumes, qui<br />

réduisait le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong> désert, qui ravageait les<br />

villes, et ne relâchait point ses prisonniers? » (<br />

Ésaïe 14.12-27 )<br />

1228


P<strong>en</strong>dant six mille ans, Satan a fait trembler la<br />

terre. Il a réduit le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong> un désert et <strong>en</strong> a<br />

détruit les villes, ne relâchant jamais ses<br />

prisonniers. P<strong>en</strong>dant six mille ans, sa prison a reçu<br />

les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Dieu, et il les reti<strong>en</strong>drait captifs à<br />

jamais si Jésus-Christ n'avait pas rompu leurs<br />

chaînes et ne leur avait r<strong>en</strong>du la liberté.<br />

<strong>Le</strong>s méchants eux-mêmes sont maint<strong>en</strong>ant à<br />

l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> l'adversaire. Seul avec ses<br />

mauvais anges, Satan peut constater les effets <strong>de</strong> la<br />

malédiction du péché. « Tous les rois <strong><strong>de</strong>s</strong> nations,<br />

oui, tous, repos<strong>en</strong>t avec honneur, chacun dans son<br />

tombeau. Mais toi, tu as été jeté loin <strong>de</strong> ton<br />

sépulcre, comme un rameau qu'on dédaigne... Tu<br />

n'es pas réuni à eux dans le sépulcre, car tu as<br />

détruit ton pays, tu as fait périr ton peuple! » (<br />

Ésaïe 14.18-20 )<br />

P<strong>en</strong>dant mille ans, parcourant la terre <strong>en</strong> tous<br />

s<strong>en</strong>s, Satan pourra y constater les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong><br />

sa révolte contre la loi <strong>de</strong> Dieu. Durant ce temps, sa<br />

souffrance est cuisante. Depuis la chute, son<br />

activité dévorante ne lui a jamais laissé le loisir <strong>de</strong><br />

1229


la réflexion. Maint<strong>en</strong>ant, privé <strong>de</strong> sa puissance, il<br />

peut <strong>en</strong>visager le rôle qu'il a joué <strong>de</strong>puis le début<br />

<strong>de</strong> sa rébellion contre le gouvernem<strong>en</strong>t du ciel, et<br />

att<strong>en</strong>dre avec effroi le jour où il <strong>de</strong>vra souffrir pour<br />

tout le mal dont il est l'auteur.<br />

<strong>La</strong> captivité <strong>de</strong> Satan sera pour le peuple <strong>de</strong><br />

Dieu un sujet <strong>de</strong> joie et d'allégresse. <strong>Le</strong> prophète<br />

écrit : « Quand l'Éternel t'aura donné du repos,<br />

après tes fatigues et tes agitations, et après la dure<br />

servitu<strong>de</strong> qui te fut imposée, alors tu prononceras<br />

ce chant sur le roi <strong>de</strong> Babylone [qui représ<strong>en</strong>te ici<br />

Satan], et tu diras : Eh quoi! le tyran n'est plus!<br />

L'oppression a cessé! L'Éternel a brisé le bâton <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

méchants, la verge <strong><strong>de</strong>s</strong> dominateurs. Celui qui dans<br />

sa fureur frappait les peuples, par <strong><strong>de</strong>s</strong> coups sans<br />

relâche, celui qui dans sa colère subjuguait les<br />

nations, est poursuivi sans ménagem<strong>en</strong>t. » ( Ésaïe<br />

14.3-6 )<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> mille ans qui s'écoul<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la<br />

première et la secon<strong>de</strong> résurrection, a lieu le<br />

jugem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants. L'apôtre Paul parle <strong>de</strong> ce<br />

jugem<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong>vant suivre le retour du<br />

1230


Seigneur. « C'est pourquoi ne jugez <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> avant le<br />

temps, jusqu'à ce que vi<strong>en</strong>ne le Seigneur, qui<br />

mettra <strong>en</strong> lumière ce qui est caché dans les<br />

ténèbres, et qui manifestera les <strong><strong>de</strong>s</strong>seins <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

coeurs.» ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 4.5 ) Daniel déclare que<br />

c'est au mom<strong>en</strong>t où l'Anci<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> jours vi<strong>en</strong>t qu'il «<br />

donne droit aux saints du Très-Haut », ( Daniel<br />

7.22 ) alors que les justes règn<strong>en</strong>t comme rois et<br />

sacrificateurs <strong>de</strong> Dieu. « Et je vis <strong><strong>de</strong>s</strong> trônes; et à<br />

ceux qui s'y assir<strong>en</strong>t fut donné le pouvoir <strong>de</strong> juger...<br />

Ils seront sacrificateurs <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> Christ, et ils<br />

régneront avec lui p<strong>en</strong>dant mille ans. » C'est alors<br />

que, selon la déclaration <strong>de</strong> Paul, « les saints<br />

jugeront le mon<strong>de</strong> ». ( Apocalypse 20.4, 6; 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 6.2 ) Conjointem<strong>en</strong>t avec Jésus-Christ,<br />

ils jug<strong>en</strong>t les méchants <strong>en</strong> comparant leur vie avec<br />

les préceptes du saint Livre, et se prononc<strong>en</strong>t sur le<br />

cas <strong>de</strong> chacun. Quand la mesure <strong>de</strong> châtim<strong>en</strong>t<br />

réservée à chaque impénit<strong>en</strong>t est évaluée, elle est<br />

inscrite <strong>en</strong> face <strong>de</strong> son nom, sur le livre <strong>de</strong> la mort.<br />

Satan et ses mauvais anges sont égalem<strong>en</strong>t<br />

jugés par Jésus-Christ et par Son peuple. Paul écrit<br />

: « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges?<br />

1231


» ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 6.3 ) Et Ju<strong>de</strong> nous appr<strong>en</strong>d que<br />

Dieu « a réservé pour le jugem<strong>en</strong>t du grand jour,<br />

<strong>en</strong>chaînés éternellem<strong>en</strong>t par les ténèbres, les anges<br />

qui n'ont pas gardé leur dignité, mais qui ont<br />

abandonné leur propre <strong>de</strong>meure ». ( Ju<strong>de</strong> 6 )<br />

À la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> mille ans aura lieu la secon<strong>de</strong><br />

résurrection, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, qui comparaîtront<br />

<strong>de</strong>vant Dieu pour l'exécution du « jugem<strong>en</strong>t écrit ».<br />

Après avoir décrit la résurrection <strong><strong>de</strong>s</strong> justes, le<br />

voyant dit : « <strong>Le</strong>s autres morts ne revinr<strong>en</strong>t point à<br />

la vie jusqu'à ce que les mille ans fuss<strong>en</strong>t<br />

accomplis. » ( Apocalypse 20.5 ) Et Ésaïe parle<br />

ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> injustes : « Ils seront assemblés captifs<br />

dans une prison, ils seront <strong>en</strong>fermés dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cachots, et, après un grand nombre <strong>de</strong> jours, ils<br />

seront châtiés. » ( Ésaïe 24.22 )<br />

1232


Chapitre 42<br />

<strong>La</strong> fin <strong>de</strong> la tragédie<br />

Au terme <strong><strong>de</strong>s</strong> mille ans le Fils <strong>de</strong> Dieu<br />

re<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d sur la terre, accompagné <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés et d'un cortège d'êtres angéliques. Du<br />

haut <strong>de</strong> la nue, <strong>en</strong> Sa majesté terrifiante, Il ordonne<br />

aux impénit<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> se relever <strong>de</strong> la tombe pour<br />

recevoir leur rétribution. Ils sort<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la terre<br />

nombreux comme le sable <strong>de</strong> la mer. Quel<br />

contraste avec les bi<strong>en</strong>heureux <strong>de</strong> la première<br />

résurrection! <strong>Le</strong>s justes étai<strong>en</strong>t revêtus d'une beauté<br />

et d'une jeunesse éternelles : les injustes port<strong>en</strong>t les<br />

stigmates <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> la mort.<br />

Tous les yeux tournés vers la gloire qui<br />

<strong>en</strong>veloppe le Fils <strong>de</strong> Dieu, d'une seule voix, la<br />

multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> perdus s'écrie : « Béni soit celui qui<br />

vi<strong>en</strong>t au nom du Seigneur! » Ce n'est point un<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'amour pour Jésus qui leur inspire ce<br />

cri. C'est la puissance <strong>de</strong> la vérité qui l'arrache <strong>de</strong><br />

leurs lèvres. Ils sont sortis <strong>de</strong> la tombe tels qu'ils y<br />

1233


étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dus : animés d'un esprit <strong>de</strong> haine et<br />

<strong>de</strong> révolte contre Dieu. Aussi n'est-il pas question<br />

d'une nouvelle épreuve pour racheter leur passé.<br />

L'expéri<strong>en</strong>ce serait inutile. Toute une vie <strong>de</strong> péché<br />

n'a pas att<strong>en</strong>dri leurs coeurs. Si une secon<strong>de</strong><br />

occasion leur était accordée, ils s'<strong>en</strong> servirai<strong>en</strong>t,<br />

comme <strong>de</strong> la première, pour élu<strong>de</strong>r les exig<strong>en</strong>ces<br />

<strong>de</strong> Dieu et lui faire la guerre.<br />

Jésus-Christ s'arrête sur la montagne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Oliviers d'où il est monté au ciel après sa<br />

résurrection, et où les anges ont réitéré la promesse<br />

<strong>de</strong> son retour. « L'Éternel, mon Dieu, vi<strong>en</strong>dra, dit le<br />

prophète, et tous ses saints avec lui. » « Ses pieds<br />

se poseront <strong>en</strong> ce jour sur la montagne <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers,<br />

qui est vis-à-vis <strong>de</strong> Jérusalem, du côté <strong>de</strong> l'ori<strong>en</strong>t; la<br />

montagne <strong><strong>de</strong>s</strong> Oliviers se f<strong>en</strong>dra par le milieu... et<br />

il se formera une très gran<strong>de</strong> vallée. » « L'Éternel<br />

sera roi <strong>de</strong> toute la terre; <strong>en</strong> ce jour-là, l'Éternel sera<br />

le seul Éternel, et son nom sera le seul nom. » (<br />

Zacharie 14.5, 4, 9 ) Alors la nouvelle Jérusalem,<br />

éclatante <strong>de</strong> spl<strong>en</strong><strong>de</strong>ur, <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d du ciel et s'installe<br />

<strong>en</strong> un lieu purifié et préparé pour la recevoir. Puis<br />

le Ré<strong>de</strong>mpteur, accompagné <strong>de</strong> Son peuple et <strong>de</strong><br />

1234


Ses anges, fait son <strong>en</strong>trée dans la sainte cité.<br />

Et maint<strong>en</strong>ant Satan va se préparer a une lutte<br />

suprême <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> s'emparer <strong>de</strong> l'empire du<br />

mon<strong>de</strong>. P<strong>en</strong>dant qu'il était privé <strong>de</strong> sa puissance et<br />

dans l'incapacité <strong>de</strong> nuire, le Prince <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres<br />

était sombre et abattu. Mais à la vue <strong><strong>de</strong>s</strong> injustes<br />

ressuscités, lorsqu'il se voit <strong>en</strong>touré <strong>de</strong> leur<br />

multitu<strong>de</strong> innombrable, il r<strong>en</strong>aît à l'espérance, et,<br />

déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas abandonner la partie. Il réunira<br />

sous ses ét<strong>en</strong>dards toute l'armée <strong><strong>de</strong>s</strong> réprouvés, et,<br />

avec leur concours, il t<strong>en</strong>tera <strong>de</strong> réaliser son<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sein. <strong>Le</strong>s impénit<strong>en</strong>ts sont ses captifs. En<br />

rejetant le Sauveur, ils se sont placés sous son<br />

sceptre et sont prêts à recevoir ses suggestions et à<br />

suivre ses ordres. Et pourtant, fidèle à sa tactique,<br />

le chef <strong><strong>de</strong>s</strong> rebelles ne révèle pas ce qu'il est. Il se<br />

donne pour le prince légitime <strong>de</strong> la terre, et prét<strong>en</strong>d<br />

avoir été injustem<strong>en</strong>t frustré <strong>de</strong> ses droits. Se<br />

prés<strong>en</strong>tant <strong>en</strong> libérateur <strong>de</strong>vant ses sujets égarés, il<br />

leur assure que sa puissance les a tirés <strong>de</strong> la tombe,<br />

et leur annonce qu'il est sur le point <strong>de</strong> les arracher<br />

à la plus cruelle <strong><strong>de</strong>s</strong> tyrannies. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu<br />

s'étant effacé, Lucifer se met à opérer <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles<br />

1235


pour appuyer ses dires. Il r<strong>en</strong>d le faible fort; il<br />

inspire à chacun son ambition et son énergie, et<br />

propose à ses sujets <strong>de</strong> les conduire à l'assaut <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>nemi et <strong>de</strong> s'emparer <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong> Dieu. Fou<br />

d'orgueil et <strong>de</strong> rage, il donne consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leur<br />

grand nombre aux millions <strong>de</strong> ressuscités, et leur<br />

déclare qu'à leur tête il se fait fort <strong>de</strong> s'emparer <strong>de</strong><br />

la ville et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> son trône et<br />

<strong>de</strong> son royaume.<br />

Il y a dans cette foule <strong><strong>de</strong>s</strong> antédiluvi<strong>en</strong>s qui ont<br />

joui d'une longévité extraordinaire. Ces hommes,<br />

d'une stature élevée et d'une rare intellig<strong>en</strong>ce,<br />

s'étai<strong>en</strong>t soumis à l'empire <strong><strong>de</strong>s</strong> anges déchus et<br />

avai<strong>en</strong>t consacré leurs tal<strong>en</strong>ts et leur sci<strong>en</strong>ce à<br />

établir leur propre gloire. Il <strong>en</strong> est dont le génie<br />

artistique avait fait d'eux les idoles <strong>de</strong> leurs<br />

contemporains, mais dont la cruauté et les<br />

inv<strong>en</strong>tions pernicieuses avai<strong>en</strong>t souillé la terre,<br />

oblitéré l'image <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> l'homme et provoqué<br />

leur extirpation par le déluge. Là se trouv<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rois et <strong><strong>de</strong>s</strong> généraux qui ont vaincus <strong><strong>de</strong>s</strong> nations, <strong>de</strong><br />

vaillants capitaines qui n'ont jamais perdu une<br />

bataille, <strong><strong>de</strong>s</strong> guerriers fiers et ambitieux dont<br />

1236


l'approche faisait trembler les royaumes. <strong>La</strong> mort<br />

ne les a pas changés. En sortant <strong>de</strong> la tombe, ils<br />

repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le cours <strong>de</strong> leurs p<strong>en</strong>sées là où ils les<br />

avai<strong>en</strong>t abandonnées, et rest<strong>en</strong>t altérés <strong>de</strong> la même<br />

soif <strong>de</strong> vaincre leurs <strong>en</strong>nemis.<br />

Après avoir t<strong>en</strong>u conseil avec ses anges, Satan<br />

délibère avec ces rois et ces puissants conquérants.<br />

Évaluant <strong>en</strong>semble leur force numérique, ils<br />

estim<strong>en</strong>t que l'armée <strong>en</strong>fermée dans l'<strong>en</strong>ceinte <strong>de</strong> la<br />

ville d'or est peu considérable comparée à la leur,<br />

et que la victoire est possible. En conséqu<strong>en</strong>ce, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plans sont arrêtés pour s'emparer <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses et<br />

<strong>de</strong> la gloire <strong>de</strong> la nouvelle Jérusalem, et l'on se<br />

dispose immédiatem<strong>en</strong>t à les mettre à exécution.<br />

D'habiles armuriers fabriqu<strong>en</strong>t les instrum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

guerre. Des chefs militaires, célèbres par leurs<br />

exploits, organis<strong>en</strong>t ces foules <strong>de</strong> soldats <strong>en</strong><br />

divisions et <strong>en</strong> corps d'armées.<br />

Enfin, le signal <strong>de</strong> l'attaque est donné, et l'on<br />

voit s'ébranler une armée innombrable, armée telle<br />

que jamais conquérant n'<strong>en</strong> a rêvé <strong>de</strong> pareille, et<br />

qui dépasse <strong>en</strong> combattants les forces réunies <strong>de</strong><br />

1237


toutes les guerres <strong>de</strong> l'histoire. En vue <strong>de</strong> la lutte<br />

finale, les anges déchus ont égalem<strong>en</strong>t rassemblé<br />

leurs légions. Satan, le plus puissant <strong><strong>de</strong>s</strong> guerriers,<br />

ouvre la marche. Des rois et <strong>de</strong> grands capitaines<br />

form<strong>en</strong>t son état-major. <strong>La</strong> multitu<strong>de</strong> suit,<br />

organisée <strong>en</strong> phalanges incomm<strong>en</strong>surables dont<br />

chacune obéit à un chef. Ces masses compactes<br />

s'avanc<strong>en</strong>t avec une précision militaire sur la<br />

surface raboteuse et accid<strong>en</strong>tée <strong>de</strong> la terre et<br />

investiss<strong>en</strong>t la nouvelle Jérusalem qu'elles se<br />

prépar<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre d'assaut.<br />

Sur l'ordre <strong>de</strong> Jésus, les portes <strong>de</strong> la Cité d'or se<br />

ferm<strong>en</strong>t et le Fils <strong>de</strong> Dieu apparaît <strong>de</strong> nouveau à la<br />

vue <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis. Bi<strong>en</strong> au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la ville, sur<br />

une plate-forme d'or étincelant, est dressé un trône<br />

très élevé. <strong>Le</strong> Fils <strong>de</strong> Dieu y est assis, <strong>en</strong>touré <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sujets <strong>de</strong> son royaume. Aucune langue ne peut<br />

r<strong>en</strong>dre, aucune plume ne peut décrire la<br />

magnific<strong>en</strong>ce du Sauveur <strong>en</strong>veloppé <strong>de</strong> la gloire du<br />

Père éternel. Cette gloire emplit la cité <strong>de</strong> Dieu,<br />

rayonne au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ses murs et inon<strong>de</strong> la terre<br />

<strong>en</strong>tière.<br />

1238


Tout près du trône se trouv<strong>en</strong>t placés ceux qui,<br />

d'abord zélés pour la cause <strong>de</strong> Satan, puis,<br />

véritables brandons arrachés du feu, ont servi leur<br />

Dieu avec une gran<strong>de</strong> ferveur. Après eux se<br />

ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ceux qui manifestèr<strong>en</strong>t un caractère<br />

chréti<strong>en</strong> au milieu <strong>de</strong> l'imposture et <strong>de</strong> l'incrédulité,<br />

ceux qui ont honoré la loi <strong>de</strong> Dieu quand le mon<strong>de</strong><br />

chréti<strong>en</strong> la déclarait abolie; puis les millions <strong>de</strong><br />

fidèles qui, dans tous les siècles, ont été immolés<br />

pour leur foi. Enfin vi<strong>en</strong>t une « gran<strong>de</strong> foule, que<br />

personne ne peut compter, <strong>de</strong> toute nation, <strong>de</strong> toute<br />

tribu, <strong>de</strong> tout peuple, et <strong>de</strong> toute langue. Ils se<br />

t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le trône et <strong>de</strong>vant l'agneau, revêtus<br />

<strong>de</strong> robes blanches, et <strong><strong>de</strong>s</strong> palmes dans leurs mains.<br />

» ( Apocalypse 7.9 ) Pour eux tous, le combat est<br />

terminé : ils ont remporté la victoire; ils ont achevé<br />

la course, ils ont atteint le but. <strong>Le</strong>s palmes qu'ils<br />

port<strong>en</strong>t sont l'emblème <strong>de</strong> leur triomphe, et leurs<br />

robes blanches symbolis<strong>en</strong>t la justice immaculée<br />

du Christ qui est maint<strong>en</strong>ant la leur.<br />

Un chant <strong>de</strong> louanges auquel se joign<strong>en</strong>t les<br />

séraphins et les anges, et qui se répercute à l'infini<br />

sous les voûtes du ciel, est alors <strong>en</strong>tonné par les<br />

1239


achetés : « <strong>Le</strong> salut est à notre Dieu, qui est assis<br />

sur le trône et à l'agneau! » ( Apocalypse 7.9 )<br />

Devant le spectacle <strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> la<br />

malignité <strong>de</strong> Lucifer, les rachetés compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

mieux que jamais que seul le Sauveur a pu leur<br />

donner la victoire. Dans cette glorieuse multitu<strong>de</strong>,<br />

personne ne s'attribue le salut; personne ne prét<strong>en</strong>d<br />

avoir vaincu par sa force ou sa vertu. <strong>Le</strong>s élus ne<br />

m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t pas ce qu'ils ont fait ou <strong>en</strong>duré. <strong>La</strong><br />

p<strong>en</strong>sée et la note dominante <strong>de</strong> chaque hymne, c'est<br />

que « le salut est à notre Dieu... et à l'agneau ».<br />

Et l'on assiste au couronnem<strong>en</strong>t définitif du Fils<br />

<strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> la terre et du<br />

ciel. Investi <strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> la majesté<br />

suprêmes, le Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> rois prononce la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce qui<br />

atteint les adversaires <strong>de</strong> son gouvernem<strong>en</strong>t et<br />

exécute ses jugem<strong>en</strong>ts contre ceux qui ont<br />

transgressé Sa loi et opprimé Son peuple. « Je vis,<br />

dit le prophète <strong>de</strong> Dieu, un grand trône blanc, et<br />

celui qui était assis <strong><strong>de</strong>s</strong>sus. <strong>La</strong> terre et le ciel<br />

s'<strong>en</strong>fuir<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant sa face, et il ne fut plus trouvé <strong>de</strong><br />

place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les<br />

petits, qui se t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant le trône. Des livres<br />

1240


fur<strong>en</strong>t ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui<br />

est le livre <strong>de</strong> vie. Et les morts fur<strong>en</strong>t jugés selon<br />

leurs oeuvres, d'après ce qui était écrit dans ces<br />

livres. » ( Apocalypse 20.11, 12 )<br />

Dès que les livres sont ouverts, et que les<br />

regards <strong>de</strong> Jésus se port<strong>en</strong>t sur les injustes, ceux-ci<br />

sont consci<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> tous les péchés qu'ils ont<br />

commis. Ils voi<strong>en</strong>t exactem<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>droit où leurs<br />

pieds se sont écartés du s<strong>en</strong>tier <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la<br />

sainteté; ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t jusqu'à quel point<br />

l'orgueil et la révolte les ont portés à violer la loi <strong>de</strong><br />

Dieu. <strong>Le</strong>s t<strong>en</strong>tations caressées, les bénédictions<br />

détournées <strong>de</strong> leur but, les messagers <strong>de</strong> Dieu<br />

méprisés, les avertissem<strong>en</strong>ts rejetés, les vagues <strong>de</strong><br />

miséricor<strong>de</strong> refoulées <strong>de</strong> leurs coeurs obstinés et<br />

impénit<strong>en</strong>ts – tout cela leur apparaîtra comme écrit<br />

<strong>en</strong> lettres <strong>de</strong> feu.<br />

Au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du trône, sous l'emblème <strong>de</strong> la croix,<br />

on voit passer dans une série <strong>de</strong> tableaux<br />

panoramiques les scènes <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tation et <strong>de</strong> la<br />

chute d'Adam, et toutes les phases successives du<br />

grand plan <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption. L'humble naissance<br />

1241


du Sauveur; Son <strong>en</strong>fance et Son adolesc<strong>en</strong>ce toutes<br />

<strong>de</strong> can<strong>de</strong>ur et d'obéissance; Son baptême dans le<br />

Jourdain; Son jeûne et Sa t<strong>en</strong>tation dans le désert;<br />

Son ministère public révélant aux hommes les<br />

bi<strong>en</strong>faits du ciel; Ses journées remplies d'actes <strong>de</strong><br />

bonté et <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>; Ses nuits <strong>de</strong> prière et <strong>de</strong><br />

veille solitaires dans la montagne; les complots,<br />

fruits <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>vie et <strong>de</strong> la haine, qui récomp<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t<br />

Ses bi<strong>en</strong>faits; l'angoissante et mystérieuse agonie<br />

<strong>de</strong> Gethsémané où Il porta le poids écrasant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péchés du mon<strong>de</strong>; les heures nocturnes au milieu<br />

d'une foule meurtrière, et les sinistres événem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> cette nuit d'horreur : la désertion <strong>de</strong> Ses<br />

disciples bi<strong>en</strong>-aimés; la viol<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la soldatesque<br />

le long <strong><strong>de</strong>s</strong> rues <strong>de</strong> Jérusalem; les clameurs <strong>de</strong> la<br />

foule; les comparutions chez Anne, au palais <strong>de</strong><br />

Caïphe, au tribunal <strong>de</strong> Pilate, et <strong>de</strong>vant le lâche et<br />

cruel Héro<strong>de</strong>; les sarcasmes, les injures, la<br />

flagellation, la condamnation à mort : tout cela<br />

défile avec une réalité saisissante.<br />

Puis sous les yeux <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong> frémissante<br />

pass<strong>en</strong>t les scènes finales <strong><strong>de</strong>s</strong> annales humaines.<br />

On voit le doux Martyr fouler le s<strong>en</strong>tier qui mène<br />

1242


au Calvaire; le Roi du ciel est cloué sur un bois<br />

d'infamie; <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres hautains et une vile populace<br />

insult<strong>en</strong>t à Son agonie. Au mom<strong>en</strong>t où le<br />

Ré<strong>de</strong>mpteur expire, <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres surnaturelles<br />

<strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t la scène; la terre frissonne, les rochers<br />

se déchir<strong>en</strong>t. Dans ce redoutable scénario, tout est<br />

d'une poignante exactitu<strong>de</strong>. Satan, ses anges et ses<br />

sujets – qui reconnaiss<strong>en</strong>t leur oeuvre – ne peuv<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> détourner les regards. Chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs <strong>de</strong> ce<br />

drame se reconnaît dans le rôle qu'il y a joué.<br />

Héro<strong>de</strong>, qui massacra les innoc<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Bethléhem<br />

<strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> faire mourir le Roi d'Israël; l'infâme<br />

Hérodias, qui chargea sa consci<strong>en</strong>ce du sang <strong>de</strong><br />

Jean-Baptiste; Pilate, faible et opportuniste; les<br />

soldats ricaneurs; les sacrificateurs, les chefs et la<br />

foule <strong>en</strong> dém<strong>en</strong>ce, qui criai<strong>en</strong>t: « Que son sang soit<br />

sur nous et sur nos <strong>en</strong>fants! » – tous voi<strong>en</strong>t<br />

l'énormité <strong>de</strong> leur faute. Ils t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vain <strong>de</strong> se<br />

dérober à la vue <strong>de</strong> Celui dont l'éclat surpasse la<br />

lumière du soleil, tandis que les rachetés jett<strong>en</strong>t<br />

leurs couronnes aux pieds <strong>de</strong> Jésus, <strong>en</strong> s'écriant : «<br />

Il est mort pour moi! »<br />

Dans la foule <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés, parmi les apôtres du<br />

1243


Christ, on remarque l'héroïque Paul, l'ard<strong>en</strong>t Simon<br />

Pierre, Jean le disciple aimant et bi<strong>en</strong>-aimé, leurs<br />

fidèles convertis, et avec eux l'imm<strong>en</strong>se cortège <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

martyrs. Mais, <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles, <strong>en</strong><br />

compagnie d'êtres vils et abominables, on voit ceux<br />

qui les ont persécutés, emprisonnés et mis à mort.<br />

Néron, ce monstre <strong>de</strong> vice et <strong>de</strong> cruauté, contemple<br />

la joie et la gloire <strong>de</strong> ceux qu'il torturait autrefois et<br />

dans les souffrances <strong><strong>de</strong>s</strong>quels il trouvait un<br />

satanique plaisir. Sa mère, qui est là aussi, peut<br />

voir que les défauts transmis à son fils, et les<br />

passions <strong>en</strong>couragées et développées chez lui par<br />

son influ<strong>en</strong>ce et son exemple, ont eu pour résultat<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> crimes qui ont fait frémir le mon<strong>de</strong>.<br />

Là sont <strong><strong>de</strong>s</strong> prélats et <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres <strong>de</strong> Rome qui<br />

se disai<strong>en</strong>t ambassa<strong>de</strong>urs du Christ, et recourai<strong>en</strong>t<br />

au chevalet, à la prison et aux bûchers pour asservir<br />

les consci<strong>en</strong>ces <strong><strong>de</strong>s</strong> vrais disciples du Sauveur. Là<br />

se trouv<strong>en</strong>t les orgueilleux pontifes qui se sont<br />

élevés au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Dieu et ont prét<strong>en</strong>du avoir le<br />

droit <strong>de</strong> changer Sa loi. De soi-disant Pères <strong>de</strong><br />

l'Église – qui doiv<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant r<strong>en</strong>dre à Dieu un<br />

compte dont ils voudrai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> être disp<strong>en</strong>sés –<br />

1244


constat<strong>en</strong>t, mais trop tard, que le Tout-Puissant est<br />

jaloux <strong>de</strong> Sa loi, et qu'il ne ti<strong>en</strong>dra pas le coupable<br />

pour innoc<strong>en</strong>t. Ils voi<strong>en</strong>t que Jésus-Christ id<strong>en</strong>tifie<br />

Ses intérêts avec ceux <strong>de</strong> Ses <strong>en</strong>fants opprimés, et<br />

ils s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la force <strong>de</strong> ces paroles : « Toutes les fois<br />

que vous avez fait ces choses à l'un <strong>de</strong> ces plus<br />

petits <strong>de</strong> mes frères, c'est à moi que vous les avez<br />

faites. » ( Matthieu 25.40 )<br />

Tous les impénit<strong>en</strong>ts sont à la barre du tribunal<br />

divin sous l'inculpation <strong>de</strong> crime <strong>de</strong> haute trahison<br />

contre le gouvernem<strong>en</strong>t du ciel. Personne n'est là<br />

pour plai<strong>de</strong>r <strong>en</strong> leur faveur; ils sont sans excuse et<br />

la peine <strong>de</strong> la mort éternelle est prononcée contre<br />

eux.<br />

Il est désormais évid<strong>en</strong>t que le salaire du péché<br />

n'est ni une noble indép<strong>en</strong>dance ni la vie éternelle,<br />

mais l'esclavage, la ruine et la mort. <strong>Le</strong>s méchants<br />

voi<strong>en</strong>t ce qu'ils ont perdu par leur vie<br />

d'insoumission. Ils ont méprisé le poids éternel<br />

d'une gloire infinim<strong>en</strong>t excell<strong>en</strong>te qui leur était<br />

offerte. Combi<strong>en</strong> elle leur paraît désirable<br />

aujourd'hui! « Tout cela, s'écrie l'âme perdue,<br />

1245


j'aurais pu le possé<strong>de</strong>r, mais j'ai jugé bon d'y<br />

r<strong>en</strong>oncer. Étrange aberration! J'ai échangé la paix,<br />

le bonheur et la gloire contre la douleur, l'infamie<br />

et le désespoir. » Tous voi<strong>en</strong>t que leur exclusion du<br />

ciel est juste. Ils ont dit eux-mêmes par leur<br />

manière <strong>de</strong> vivre : « Nous ne voulons pas que ce<br />

Jésus règne sur nous. »<br />

Comme fascinés, les perdus ont suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux<br />

le couronnem<strong>en</strong>t du Fils <strong>de</strong> Dieu. Ils voi<strong>en</strong>t dans<br />

Ses mains les tables <strong>de</strong> la loi divine, les statuts<br />

qu'ils ont méprisés et transgressés. Ils assist<strong>en</strong>t aux<br />

transports <strong>de</strong> ravissem<strong>en</strong>t et d'adoration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rachetés. Ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leur cantique dont les on<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mélodieuses, montant <strong>de</strong> la sainte Cité, pass<strong>en</strong>t sur<br />

la mer humaine qui l'<strong>en</strong>toure. Alors, tous <strong>en</strong>semble,<br />

ils s'écri<strong>en</strong>t d'une même voix : « Tes oeuvres sont<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> et admirables, Seigneur Dieu toutpuissant!<br />

Tes voies sont justes et véritables, roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nations! ( Apocalypse 15.3 ) Et tombant sur leurs<br />

faces, ils ador<strong>en</strong>t le Prince <strong>de</strong> la vie.<br />

Satan semble paralysé. En contemplant la<br />

gloire et la majesté du Fils <strong>de</strong> Dieu, l'anci<strong>en</strong> «<br />

1246


chérubin oint pour protéger » se souvi<strong>en</strong>t d'où il est<br />

tombé. Quelle chute pour ce séraphin, pour ce « fils<br />

<strong>de</strong> l'aurore »! Il se voit banni pour toujours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conseils dont il était autrefois un membre honoré.<br />

Debout auprès du Père, qui voile <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t sa<br />

gloire, il a vu un ange glorieux et <strong>de</strong> haute stature<br />

placer la couronne sur la tête <strong>de</strong> Jésus, haute<br />

fonction qui, il le sait, aurait pu être la si<strong>en</strong>ne!<br />

Il se souvi<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> jours <strong>de</strong> son innoc<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong><br />

sa pureté; il revit la paix et la joie qu'il a éprouvées<br />

jusqu'au mom<strong>en</strong>t où il s'est permis <strong>de</strong> murmurer<br />

contre Dieu et <strong>de</strong> jalouser son Fils. Ses accusations,<br />

sa rébellion, ses ruses m<strong>en</strong>songères pour s'assurer<br />

la sympathie et l'appui <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, son obstination à<br />

refuser le pardon quand Dieu le lui offrait : tout<br />

cela passe rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant ses yeux. Il récapitule<br />

son oeuvre parmi les hommes et ses conséqu<strong>en</strong>ces :<br />

inimitié <strong>en</strong>tre les hommes, haines, guerres et<br />

carnages, naissance et chute <strong><strong>de</strong>s</strong> empires, longue<br />

succession <strong>de</strong> tumultes, <strong>de</strong> conflits et <strong>de</strong><br />

révolutions. Il se souvi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son opposition<br />

acharnée à l'oeuvre du Sauveur et <strong>de</strong> ses efforts<br />

pour plonger l'homme dans une dégradation<br />

1247


toujours plus profon<strong>de</strong>. Il voit l'impuissance <strong>de</strong> ses<br />

infernales machinations contre ceux qui ont placé<br />

leur confiance <strong>en</strong> Jésus. <strong>Le</strong> royaume qu'il a fondé,<br />

fruit <strong>de</strong> ses labeurs, n'a été qu'une suite d'échecs et<br />

<strong>de</strong> ruines. Et s'il a fait croire aux foules qui<br />

l'<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t que la cité <strong>de</strong> Dieu serait une proie<br />

facile, il sait que cela est faux. Au cours <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> tragédie, il a dû maintes fois s'avouer<br />

vaincu. Il ne connaît que trop la puissance et la<br />

majesté <strong>de</strong> l'Éternel.<br />

<strong>Le</strong> grand rebelle s'est toujours justifié <strong>en</strong><br />

prét<strong>en</strong>dant que le gouvernem<strong>en</strong>t divin était seul<br />

responsable <strong>de</strong> sa rébellion. C'est à cela qu'il a<br />

employé toutes les ressources <strong>de</strong> sa puissante<br />

intellig<strong>en</strong>ce. Il y a travaillé délibérém<strong>en</strong>t et<br />

systématiquem<strong>en</strong>t, et, à <strong>en</strong> juger par les multitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

qu'il a am<strong>en</strong>ées à admettre sa version du grand<br />

conflit, son succès a été extraordinaire. Depuis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers d'années, ce chef <strong><strong>de</strong>s</strong> révoltés donne à ses<br />

sujets l'erreur pour la vérité. Mais le temps est<br />

<strong>en</strong>fin v<strong>en</strong>u où cette guerre doit cesser, et où<br />

l'histoire et le caractère <strong>de</strong> Satan doiv<strong>en</strong>t être<br />

dévoilés. Sa <strong>de</strong>rnière t<strong>en</strong>tative pour détrôner Jésus-<br />

1248


Christ, détruire Son peuple et s'emparer <strong>de</strong> la cité<br />

<strong>de</strong> Dieu a <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t démasqué le grand<br />

séducteur. Ses suppôts assist<strong>en</strong>t à sa défaite. <strong>Le</strong>s<br />

disciples <strong>de</strong> Jésus, <strong>en</strong> revanche, contempl<strong>en</strong>t toute<br />

l'horreur <strong>de</strong> son complot contre le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Dieu. Il est l'objet <strong>de</strong> l'exécration universelle.<br />

D'ailleurs, Lucifer voit que sa rébellion<br />

volontaire le disqualifie pour le ciel. Il a employé<br />

ses facultés à faire la guerre à Dieu. <strong>La</strong> pureté, la<br />

paix, la concor<strong>de</strong> du ciel serai<strong>en</strong>t pour lui une<br />

suprême torture. Ses accusations contre la<br />

miséricor<strong>de</strong> et la justice <strong>de</strong> Dieu sont maint<strong>en</strong>ant,<br />

<strong>en</strong> effet, réduites à néant. L'opprobre qu'il a t<strong>en</strong>té<br />

<strong>de</strong> jeter sur Jéhovah retombe <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t sur sa<br />

tête. Aussi s'incline-t-il profondém<strong>en</strong>t et reconnaîtil<br />

la justice <strong>de</strong> la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce qui le frappe.<br />

« Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait<br />

ton nom? Car seul tu es saint. Et toutes les nations<br />

vi<strong>en</strong>dront, et se prosterneront <strong>de</strong>vant toi, parce que<br />

tes jugem<strong>en</strong>ts ont été manifestés. » ( Apocalypse<br />

15.4 ) Tous les problèmes sur la vérité et l'erreur<br />

soulevés au cours <strong>de</strong> la tragédie <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles sont<br />

1249


maint<strong>en</strong>ant tranchés. <strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong> la révolte<br />

contre les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu ont été<br />

manifestés aux yeux <strong>de</strong> toutes les intellig<strong>en</strong>ces<br />

créées. <strong>Le</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces du gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Satan, par opposition à celui <strong>de</strong> Dieu, sont visibles<br />

aux yeux <strong>de</strong> l'univers. Satan est condamné par ses<br />

propres oeuvres. <strong>La</strong> sagesse, la justice et la bonté<br />

<strong>de</strong> Dieu sont pleinem<strong>en</strong>t établies. Il est clair que,<br />

dans ce grand conflit, Dieu n'a jamais eu <strong>en</strong> vue<br />

que le salut éternel <strong>de</strong> son peuple et le bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> tous<br />

les mon<strong><strong>de</strong>s</strong> qu'il a créés. Durant l'éternité, l'histoire<br />

du péché témoignera que le bonheur <strong><strong>de</strong>s</strong> créatures<br />

<strong>de</strong> Dieu est inséparable <strong>de</strong> l'obéissance à Sa loi.<br />

Aussi, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> tous les faits <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

tragédie, l'univers <strong>en</strong>tier – tant les rebelles que les<br />

saints – s'écrie <strong>en</strong> choeur : « Tes voies sont justes<br />

et véritables, roi <strong><strong>de</strong>s</strong> nations! » « Toutes tes<br />

oeuvres te loueront, ô Éternel! et tes fidèles te<br />

béniront. » ( Psaumes 145.10 )<br />

<strong>Le</strong> grand sacrifice cons<strong>en</strong>ti par le Père et le Fils<br />

<strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> l'homme a paru <strong>de</strong>vant tous les yeux<br />

avec une clarté indiscutable. L'heure est v<strong>en</strong>ue où<br />

Jésus-Christ va occuper la position qui lui revi<strong>en</strong>t,<br />

1250


et où il va être « élevé au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> toute<br />

principauté, <strong>de</strong> toute puissance et <strong>de</strong> tout nom qui<br />

peut se nommer ». C'est à cause <strong>de</strong> la joie qui lui<br />

était proposée – celle d'am<strong>en</strong>er beaucoup <strong>de</strong> fils à<br />

la gloire – qu'il a <strong>en</strong>duré la croix et méprisé<br />

l'ignominie ». <strong>La</strong> douleur et l'opprobre ont été<br />

inconcevables, mais la joie et la gloire le sont<br />

davantage <strong>en</strong>core. Contemplant les rachetés<br />

régénérés à Sa propre image, Jésus reconnaît <strong>en</strong><br />

chacun d'eux l'empreinte <strong>de</strong> la divinité et sur<br />

chaque visage les traits <strong>de</strong> Sa propre beauté. Il voit<br />

<strong>en</strong> eux les fruits du « travail <strong>de</strong> son âme, et il est<br />

satisfait ». Alors, d'une voix qui est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due <strong>de</strong><br />

toute la multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> justes et <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants, il<br />

s'écrie : « Voici les rachetés <strong>de</strong> mon sang! Pour eux<br />

j'ai souffert, et pour eux j'ai donné ma vie. Je veux<br />

qu'ils <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ma prés<strong>en</strong>ce durant l'éternité. »<br />

De la bouche <strong>de</strong> ceux qui, <strong>de</strong>vant le trône, sont<br />

vêtus <strong>de</strong> robes blanches, s'élève ce chant <strong>de</strong><br />

louange : « L'agneau qui a été immolé est digne <strong>de</strong><br />

recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la<br />

force, l'honneur, la gloire, et la louange! » (<br />

Apocalypse 5.12 )<br />

1251


Satan a été contraint <strong>de</strong> reconnaître la justice <strong>de</strong><br />

Dieu et la suprématie <strong>de</strong> Son Fils; mais son<br />

caractère n'est point changé. À nouveau, un esprit<br />

<strong>de</strong> rébellion éclate <strong>en</strong> lui <strong>en</strong> un torr<strong>en</strong>t impétueux.<br />

Dans sa frénésie, il refuse <strong>de</strong> reconnaître sa défaite,<br />

et le mom<strong>en</strong>t lui paraît v<strong>en</strong>u <strong>de</strong> faire une t<strong>en</strong>tative<br />

suprême contre le Roi <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux. Se précipitant au<br />

milieu <strong>de</strong> ses sujets, il s'efforce <strong>de</strong> leur inspirer sa<br />

fureur, et <strong>de</strong> les pousser à <strong>en</strong>gager aussitôt la<br />

bataille. Mais parmi les millions d'êtres qu'il a<br />

<strong>en</strong>traînés dans sa révolte, aucun ne veut plus<br />

maint<strong>en</strong>ant reconnaître sa suprématie. Son règne<br />

est terminé. Tout <strong>en</strong> nourrissant contre Dieu la<br />

même haine que lui, les méchants voi<strong>en</strong>t que leur<br />

cause est désespérée, et qu'ils ne peuv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong><br />

contre Jéhovah. <strong>Le</strong>ur rage se tourne alors contre<br />

Satan et contre ceux qui l'ont aidé à les tromper.<br />

« Parce que tu pr<strong>en</strong>ds ta volonté pour la volonté<br />

<strong>de</strong> Dieu, dit le Seigneur, voici, je ferai v<strong>en</strong>ir contre<br />

toi <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers, les plus viol<strong>en</strong>ts d'<strong>en</strong>tre les<br />

peuples; ils tireront l'épée contre ton éclatante<br />

sagesse, et ils souilleront ta beauté. Ils te<br />

précipiteront dans la fosse. » « Je te fais disparaître,<br />

1252


chérubin protecteur, du milieu, <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres<br />

étincelantes... Je te jette par terre, je te livre <strong>en</strong><br />

spectacle aux rois... Je fais sortir du milieu <strong>de</strong> toi<br />

un feu qui te dévore, je te réduis <strong>en</strong> c<strong>en</strong>dre sur la<br />

terre, aux yeux <strong>de</strong> tous ceux qui te regard<strong>en</strong>t... Tu<br />

es réduit au néant, tu ne seras plus à jamais! » (<br />

Ézéchiel 28.6-8, 16-19 )<br />

Toute chaussure qu'on porte dans la mêlée, tout<br />

vêtem<strong>en</strong>t guerrier roulé dans le sang, seront livrés<br />

aux flammes, pour être dévorés par le feu. » « <strong>La</strong><br />

colère <strong>de</strong> l'Éternel va fondre sur toutes les nations,<br />

et sa fureur sur toute leur armée; il les voue à<br />

l'extermination, il les livre au carnage. » « Il fait<br />

pleuvoir sur les méchants <strong><strong>de</strong>s</strong> charbons, du feu et<br />

du soufre; un v<strong>en</strong>t brûlant, c'est le calice qu'ils ont<br />

<strong>en</strong> partage. » ( Ésaïe 9.4; 34.2; Psaumes 11.6 ) Des<br />

flammes <strong>de</strong> feu <strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du ciel. <strong>La</strong> terre<br />

s'<strong>en</strong>trouvre; les armes qu'elle recèle dans son sein<br />

jailliss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes les crevasses. <strong>Le</strong>s rochers<br />

mêmes pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t feu. <strong>Le</strong> jour est v<strong>en</strong>u, « ard<strong>en</strong>t<br />

comme une fournaise », où « les élém<strong>en</strong>ts<br />

embrasés se dissoudront, et où la terre avec les<br />

oeuvres qu'elle r<strong>en</strong>ferme sera consumée ». (<br />

1253


Malachie 4.1; 2 Pierre 3.10 ) Sa surface ressemble<br />

à une masse <strong>de</strong> métal <strong>en</strong> fusion, à un imm<strong>en</strong>se feu.<br />

Il est v<strong>en</strong>u le temps du « jugem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la ruine<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes impies ». « C'est un jour <strong>de</strong> v<strong>en</strong>geance<br />

pour l'Éternel, une année <strong>de</strong> représailles pour la<br />

cause <strong>de</strong> Sion. » ( Ésaïe 34.8; voir Proverbes 11.31<br />

)<br />

<strong>Le</strong>s méchants reçoiv<strong>en</strong>t leur rétribution sur la<br />

terre ( Ésaïe 34.8; voir Proverbes 11.31. ) Ils «<br />

seront un chaume, et ce jour qui vi<strong>en</strong>t les<br />

<strong>en</strong>flammera, dit l'Éternel <strong><strong>de</strong>s</strong> armées ». ( Malachie<br />

4.1, vers. <strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne.) <strong>Le</strong>s uns périss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un<br />

instant, tandis que d'autres souffr<strong>en</strong>t durant<br />

plusieurs jours. Chacun reçoit « selon ses oeuvres<br />

». <strong>Le</strong>s péchés <strong><strong>de</strong>s</strong> justes ayant été transférés sur<br />

Satan, celui-ci est appelé à souffrir non seulem<strong>en</strong>t<br />

pour sa propre rébellion, mais aussi pour tous les<br />

péchés qu'il a fait commettre au peuple <strong>de</strong> Dieu.<br />

Son châtim<strong>en</strong>t sera infinim<strong>en</strong>t plus sévère que celui<br />

<strong>de</strong> ses victimes. Après que tous ceux qui se sont<br />

perdus par sa faute auront péri, il continuera <strong>en</strong>core<br />

à vivre et à souffrir. Mais les flammes<br />

purificatrices finiront par avoir raison <strong>de</strong> tous les<br />

1254


méchants, « racine et rameaux ». Satan est la<br />

racine, ses suppôts sont les rameaux. <strong>Le</strong>s sanctions<br />

<strong>de</strong> la loi ont été exécutées; les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la<br />

justice sont satisfaites; le ciel et la terre, qui <strong>en</strong> sont<br />

témoins, proclam<strong>en</strong>t la justice <strong>de</strong> Jéhovah.<br />

L'oeuvre <strong>de</strong> ruine inaugurée par Satan a pris fin<br />

à jamais. Durant six mille ans, il a fait sa volonté. Il<br />

a rempli la terre <strong>de</strong> douleurs, et a fait couler <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

torr<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> larmes. Sous son règne, toute la création<br />

n'a fait que soupirer et gémir. Maint<strong>en</strong>ant, les<br />

créatures <strong>de</strong> Dieu sont à jamais délivrées <strong>de</strong> sa<br />

prés<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> ses t<strong>en</strong>tations. « Toute la terre jouit<br />

du repos et <strong>de</strong> la paix; on éclate <strong>en</strong> chants<br />

d'allégresse. » ( Ésaïe 14.7 ) Une acclamation <strong>de</strong><br />

triomphe et <strong>de</strong> joie monte vers Dieu <strong>de</strong> tout<br />

l'univers fidèle. « Et j'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dis comme une voix<br />

d'une foule nombreuse, comme un bruit <strong>de</strong> grosses<br />

eaux, et comme un bruit <strong>de</strong> forts tonnerres, disant :<br />

Alléluia! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant<br />

est <strong>en</strong>tré dans son règne. » ( Apocalypse 19.6 )<br />

P<strong>en</strong>dant que la terre est changée <strong>en</strong> un vaste<br />

brasier, les justes sont <strong>en</strong> sécurité dans la ville<br />

1255


sainte. <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> mort ne peut ri<strong>en</strong> sur ceux qui<br />

ont eu part à la première résurrection. (Voir<br />

Apocalypse 20.6) Dieu, qui est un feu consumant<br />

pour les méchants, est pour son peuple « un soleil<br />

et un bouclier ». ( Psaumes 84.12 )<br />

« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle<br />

terre; car le premier ciel et la première terre avai<strong>en</strong>t<br />

disparu. » ( Apocalypse 21.1 ) <strong>Le</strong>s flammes qui ont<br />

consumé les méchants ont purifié la terre. Toute<br />

trace <strong>de</strong> malédiction s'est évanouie. Aucun <strong>en</strong>fer<br />

éternellem<strong>en</strong>t embrasé ne rappellera aux élus les<br />

terribles conséqu<strong>en</strong>ces du péché.<br />

Il <strong>en</strong> restera toutefois un souv<strong>en</strong>ir : les traces<br />

cruelles <strong>de</strong> Sa crucifixion resteront à jamais<br />

visibles à la tête, au côté, aux mains et aux pieds <strong>de</strong><br />

notre Ré<strong>de</strong>mpteur. En le contemplant dans Sa<br />

gloire, le prophète s'écrie : « C'est comme l'éclat <strong>de</strong><br />

la lumière; <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons part<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sa main; là rési<strong>de</strong><br />

sa force. » ( Habakuk 3.4 ) Cette main, ce côté<br />

percé d'où a jailli le flot cramoisi qui a réconcilié<br />

l'homme avec Dieu, ces blessures où « rési<strong>de</strong> sa<br />

force », voilà Sa gloire. « Puissant pour sauver »<br />

1256


par le sacrifice ré<strong>de</strong>mpteur, Il a aussi la force<br />

d'exercer la justice contre les contempteurs <strong>de</strong> Sa<br />

miséricor<strong>de</strong>. Mais Ses plus hauts titres <strong>de</strong> gloire<br />

seront les marques <strong>de</strong> Son humiliation. P<strong>en</strong>dant les<br />

siècles éternels, les cicatrices du Calvaire<br />

raconteront Sa louange et proclameront Sa<br />

puissance.<br />

« Et toi, tour du troupeau, colline <strong>de</strong> la fille <strong>de</strong><br />

Sion, à toi vi<strong>en</strong>dra, à toi arrivera l'anci<strong>en</strong>ne<br />

domination. » ( Michée 4.8; Éphési<strong>en</strong>s 1.14 ) <strong>Le</strong><br />

mom<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>du impatiemm<strong>en</strong>t par les hommes <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>de</strong>puis le jour où les chérubins ont interdit<br />

l'accès du paradis est <strong>en</strong>fin v<strong>en</strong>u; c'est le temps « <strong>de</strong><br />

la ré<strong>de</strong>mption <strong>de</strong> ceux que Dieu s'est acquis ». <strong>La</strong><br />

terre, originellem<strong>en</strong>t remise à l'homme comme son<br />

royaume, livrée par lui <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> Satan, et<br />

si longtemps dét<strong>en</strong>ue par cet <strong>en</strong>nemi redoutable, a<br />

été reconquise grâce au vaste plan <strong>de</strong> la<br />

ré<strong>de</strong>mption. Tout ce qui avait été confisqué par le<br />

péché est récupéré. « Car ainsi parle l'Éternel, le<br />

créateur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux, le seul Dieu, qui a formé la<br />

terre, qui l'a faite et qui l'a affermie, qui l'a créée<br />

pour qu'elle ne fût pas déserte, qui l'a formée pour<br />

1257


qu'elle fût habitée. » ( Ésaïe 45.18 ) <strong>Le</strong> plan<br />

originel <strong>de</strong> Dieu lorsqu'il créa la terre est réalisé :<br />

celle-ci est désormais la <strong>de</strong>meure éternelle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rachetés. « <strong>Le</strong>s justes possé<strong>de</strong>ront la terre, et y<br />

<strong>de</strong>meureront à toujours. » ( Psaumes 37.29, vers.<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong>usanne.)<br />

<strong>La</strong> crainte <strong>de</strong> trop matérialiser l'héritage éternel<br />

a poussé plusieurs personnes à spiritualiser, à<br />

r<strong>en</strong>dre inconsistantes les promesses qui nous le<br />

décriv<strong>en</strong>t comme notre <strong>de</strong>meure future. Jésus<br />

assura à Ses disciples qu'Il allait leur préparer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

places dans la maison du Père. Or, ceux qui<br />

accept<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

ne sont pas laissés <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dans l'ignorance<br />

touchant ces <strong>de</strong>meures. Néanmoins, les choses que<br />

Dieu a préparées pour ceux qui l'aim<strong>en</strong>t « sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a<br />

point <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dues ». ( 1 Corinthi<strong>en</strong>s 2.9 ) <strong>La</strong> langue<br />

humaine est impuissante pour décrire la<br />

récomp<strong>en</strong>se <strong><strong>de</strong>s</strong> justes. Seuls pourront s'<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre<br />

compte ceux qui la verront. Notre esprit borné est<br />

incapable <strong>de</strong> concevoir la gloire du paradis <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

1258


Dans les Écritures, l'héritage <strong><strong>de</strong>s</strong> élus est appelé<br />

une patrie. (Voir Hébreux 11.14-16 ) <strong>Le</strong> divin<br />

Berger y conduit son troupeau aux sources <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

eaux vives. L'arbre <strong>de</strong> vie y donne son fruit chaque<br />

mois, et les feuilles <strong>de</strong> cet arbre sont utilisées par<br />

les nations. Des ruisseaux intarissables d'une eau<br />

claire comme le cristal sont bordés d'arbres<br />

verdoyants qui jett<strong>en</strong>t leur ombre sur les s<strong>en</strong>tiers<br />

préparés pour les rachetés <strong>de</strong> l'Éternel. D'imm<strong>en</strong>ses<br />

plaines ondulées <strong>en</strong> collines gracieuses altern<strong>en</strong>t<br />

avec les cimes altières <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes <strong>de</strong> Dieu.<br />

C'est sur ces plaines paisibles et le long <strong>de</strong> ces<br />

cours d'eau vive que le peuple <strong>de</strong> Dieu, longtemps<br />

étranger et voyageur, trouvera <strong>en</strong>fin un foyer.<br />

« Mon peuple <strong>de</strong>meurera dans le séjour <strong>de</strong> la<br />

paix, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> habitations sûres, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> asiles<br />

tranquilles. » « On n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra plus parler <strong>de</strong><br />

viol<strong>en</strong>ce dans ton pays, ni <strong>de</strong> ravage et <strong>de</strong> ruine<br />

dans ton territoire; tu donneras à tes murs le nom<br />

<strong>de</strong> salut, et à tes portes celui <strong>de</strong> gloire. » « [<strong>Le</strong>s<br />

élus] bâtiront <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons et les habiteront; ils<br />

planteront <strong><strong>de</strong>s</strong> vignes et <strong>en</strong> mangeront le fruit. Ils<br />

1259


ne bâtiront pas <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons pour qu'un autre les<br />

habite, ils ne planteront pas <strong><strong>de</strong>s</strong> vignes pour qu'un<br />

autre <strong>en</strong> mange le fruit... Mes élus jouiront <strong>de</strong><br />

l'oeuvre <strong>de</strong> leurs mains. » ( Ésaïe 32.18; 60.18;<br />

65.21, 22 )<br />

C'est alors que « le désert et le pays ari<strong>de</strong> se<br />

réjouiront », que « la plaine ari<strong>de</strong> sera dans<br />

l'allégresse, et fleurira comme le lis ». « Au lieu <strong>de</strong><br />

l'épine s'élèvera le cyprès, au lieu <strong>de</strong> la ronce<br />

croîtra le myrte. » ( Ésaïe 35.1; 55.13 ) « <strong>Le</strong> loup<br />

habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera<br />

avec le chevreau;... et un petit <strong>en</strong>fant les conduira.<br />

» « Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma<br />

montagne sainte », dit l'Éternel. ( Ésaïe 11.6, 9 )<br />

<strong>La</strong> souffrance ne pourra pas exister dans<br />

l'atmosphère du ciel. On n'y verra ni larmes, ni<br />

convois funèbres. « Il n'y aura plus ni <strong>de</strong>uil, ni cri,<br />

ni douleur, car les premières choses ont disparu. » (<br />

Apocalypse 21.4 ) « Aucun habitant ne dit : Je suis<br />

mala<strong>de</strong>! » ( Ésaïe 33.24 )<br />

« Couronne éclatante dans la main <strong>de</strong> l'Éternel,<br />

1260


turban royal dans la main <strong>de</strong> ton Dieu » ( Ésaïe<br />

62.3 ), la nouvelle Jérusalem sera la métropole <strong>de</strong><br />

la terre glorifiée. « Son éclat sera semblable à celui<br />

d'une pierre très précieuse, d'une pierre <strong>de</strong> jaspe<br />

transpar<strong>en</strong>te comme du cristal. » « <strong>Le</strong>s nations<br />

marcheront à sa lumière, et les rois <strong>de</strong> la terre y<br />

apporteront leur gloire. » ( Apocalypse 21.11, 24 )<br />

« Je ferai <strong>de</strong> Jérusalem mon allégresse, et <strong>de</strong> mon<br />

peuple ma joie. » ( Ésaïe 65.19 ) « Voici le<br />

tabernacle <strong>de</strong> Dieu avec les hommes! Il habitera<br />

avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même<br />

sera avec eux.» ( Apocalypse 21.3 )<br />

Dans la ville <strong>de</strong> Dieu « il n'y aura plus <strong>de</strong> nuit<br />

». Nul n'aura besoin <strong>de</strong> repos. On ne se lassera pas<br />

<strong>de</strong> faire la volonté <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> louer son nom.<br />

Nous éprouverons toujours la fraîcheur d'un éternel<br />

matin. « Ils n'auront besoin ni <strong>de</strong> lampe ni <strong>de</strong><br />

lumière, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. »<br />

( Apocalypse 22.5 ) <strong>Le</strong> soleil sera éclipsé par une<br />

clarté qui n'éblouira pas le regard, mais qui<br />

pourtant surpassera infinim<strong>en</strong>t l'éclat <strong>de</strong> midi.<br />

(Voir Ésaïe 30.26 ) <strong>La</strong> gloire <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong><br />

l'Agneau inon<strong>de</strong>ra la sainte cité d'on<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1261


incan<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>tes. <strong>Le</strong>s rachetés circuleront dans la<br />

glorieuse phosphoresc<strong>en</strong>ce d'un jour perpétuel.<br />

L'apôtre Jean ne vit « point <strong>de</strong> temple dans la<br />

ville; car le Seigneur Dieu tout-puissant est son<br />

temple, ainsi que l'agneau ». ( Apocalypse 21.22 )<br />

<strong>Le</strong> peuple <strong>de</strong> Dieu sera admis dans la communion<br />

du Père et du Fils. « Aujourd'hui nous voyons au<br />

moy<strong>en</strong> d'un miroir, d'une manière obscure. » ( 1<br />

Corinthi<strong>en</strong>s 13.12 ) Dans la nature, dans ses voies<br />

<strong>en</strong>vers les hommes, Dieu nous apparaît comme<br />

dans un miroir. Alors, nous le verrons face à face,<br />

sans voile. Nous serons <strong>en</strong> Sa prés<strong>en</strong>ce et<br />

contemplerons Sa gloire.<br />

<strong>Le</strong>s rachetés « connaîtront comme ils ont été<br />

connus ». L'amour et la sympathie que le Seigneur<br />

a implantés dans nos coeurs trouveront leur emploi<br />

le plus légitime et le plus doux. Une pure<br />

communion avec <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres saints; une vie sociale<br />

harmonieuse avec les anges et les bi<strong>en</strong>heureux <strong>de</strong><br />

tous les siècles, qui ont lavé et blanchi leurs robes<br />

dans le sang <strong>de</strong> l'agneau; <strong><strong>de</strong>s</strong> li<strong>en</strong>s sacrés unissant «<br />

la famille » qui est « dans les cieux » à celle qui est<br />

1262


« sur la terre » – voilà ce qui constituera la félicité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés.<br />

Dans la nouvelle terre, <strong><strong>de</strong>s</strong> intellig<strong>en</strong>ces<br />

immortelles contempleront avec ravissem<strong>en</strong>t les<br />

merveilles <strong>de</strong> la puissance créatrice et les mystères<br />

<strong>de</strong> l'amour ré<strong>de</strong>mpteur. Plus d'<strong>en</strong>nemi rusé et cruel<br />

pour nous <strong>en</strong>traîner loin <strong>de</strong> Dieu. Toutes nos<br />

facultés pourront se développer, tous nos tal<strong>en</strong>ts<br />

s'épanouir. L'acquisition <strong>de</strong> connaissances<br />

nouvelles ne fatiguera pas notre esprit, ne lassera<br />

point notre énergie. <strong>Le</strong>s plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>treprises<br />

seront m<strong>en</strong>ées à bi<strong>en</strong>; les plus hautes aspirations<br />

seront satisfaites, les plus sublimes ambitions,<br />

réalisées. Et, néanmoins, il y aura toujours <strong>de</strong><br />

nouvelles hauteurs à gravir, <strong>de</strong> nouvelles<br />

merveilles à admirer, <strong>de</strong> nouvelles vérités à<br />

approfondir, mettant à réquisition toutes les<br />

facultés <strong>de</strong> l'esprit, <strong>de</strong> l'âme et du corps.<br />

<strong>Le</strong>s trésors inépuisables <strong>de</strong> l'univers seront<br />

proposés à l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> rachetés <strong>de</strong> Dieu. Des<br />

délices inexprimables att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> la<br />

nouvelle terre auprès d'êtres qui n'ont jamais péché,<br />

1263


et dont ils partageront la joie et la sagesse. Dégagés<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>traves <strong>de</strong> la mortalité, ils seront emportés <strong>en</strong><br />

un vol inlassable vers les mon<strong><strong>de</strong>s</strong> lointains qui ont<br />

frémi au spectacle <strong><strong>de</strong>s</strong> misères humaines et <strong>en</strong>tonné<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chants <strong>de</strong> joie chaque fois qu'ils appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t le<br />

salut d'un pécheur. <strong>Le</strong>s élus participeront avec eux<br />

aux trésors <strong>de</strong> sci<strong>en</strong>ce et d'intellig<strong>en</strong>ce accumulés<br />

au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles par la contemplation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

oeuvres <strong>de</strong> Dieu. Ils verront sans voiles les gloires<br />

<strong>de</strong> l'espace infini constellé <strong>de</strong> soleils et <strong>de</strong> systèmes<br />

planétaires, parcourant avec ordre leurs orbites<br />

autour du trône <strong>de</strong> la divinité. Tous les objets <strong>de</strong> la<br />

création, du plus petit au plus grand, porteront la<br />

signature du Créateur et manifesteront les richesses<br />

<strong>de</strong> Sa puissance.<br />

À mesure qu'ils se dérouleront, les siècles<br />

éternels apporteront avec eux <strong><strong>de</strong>s</strong> révélations<br />

toujours plus glorieuses <strong>de</strong> Dieu et <strong>de</strong> son Fils. <strong>Le</strong><br />

progrès dans l'amour, la révér<strong>en</strong>ce et le bonheur<br />

marchera <strong>de</strong> pair avec celui <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances.<br />

Plus les hommes appr<strong>en</strong>dront à connaître Dieu,<br />

plus aussi grandira leur admiration <strong>de</strong> Son<br />

caractère. Et au fur et à mesure que Jésus dévoilera<br />

1264


aux élus les mystères <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption et les<br />

résultats du grand conflit avec Satan, leurs coeurs<br />

tressailliront d'amour et <strong>de</strong> joie, et le choeur <strong>de</strong><br />

louanges exécuté par mille millions <strong>de</strong> rachetés<br />

s'<strong>en</strong>flera, puissant et sublime.<br />

« Toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur<br />

la terre, sous la terre, sur la mer, et tout ce qui s'y<br />

trouve, je les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dis qui disai<strong>en</strong>t : À celui qui est<br />

assis sur le trône, et à l'agneau, soi<strong>en</strong>t la louange,<br />

l'honneur, la gloire et la force, aux siècles <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles! » ( Apocalypse 5.13 )<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> tragédie est terminée. <strong>Le</strong> péché et les<br />

pécheurs ne sont plus : l'univers est purifié. Dans<br />

l'imm<strong>en</strong>se création, tous les coeurs éprouv<strong>en</strong>t la<br />

même allégresse. Des on<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> lumière et<br />

<strong>de</strong> joie, jaillissant du trône du Créateur, <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t<br />

les <strong>de</strong>rniers recoins <strong>de</strong> l'espace infini. De l'atome le<br />

plus imperceptible aux mon<strong><strong>de</strong>s</strong> les plus vastes, tant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> êtres animés que <strong><strong>de</strong>s</strong> objets inanimés, s'élève,<br />

par la voie <strong>de</strong> leur beauté incomparable et <strong>de</strong> leur<br />

joie sans mélange, un cantique d'allégresse<br />

proclamant que DIEU EST AMOUR.<br />

1265


App<strong>en</strong>dice<br />

(a1) LES TITRES DE L'ÉVEQUE DE ROME.<br />

– « <strong>Le</strong> pape est désigné par un assez grand nombre<br />

<strong>de</strong> dénominations. Autrefois, lorsqu'on s'adressait à<br />

lui, on l'appelait : Beatitudo Vestra, Magnitudo<br />

Vestra, Excell<strong>en</strong>tia Vestra, Majestas Vestra. Parmi<br />

les titres les plus usités, on compte : Pontifex<br />

Maximus, Surnus Pontifex qui fur<strong>en</strong>t donnés jadis<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques et à <strong><strong>de</strong>s</strong> archevêques, Sanctitas et<br />

Sanctissime Pater (Sa Sainteté, Très Saint Père).<br />

Quant au titre <strong>de</strong> Vicaire <strong>de</strong> Jésus-Christ, il fut<br />

donné à l'évêque <strong>de</strong> Rome, puis à <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques et à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rois, et ne fut appliqué exclusivem<strong>en</strong>t au pape<br />

que vers le XIIIe siècle. Enfin la célèbre formule :<br />

le Serviteur <strong><strong>de</strong>s</strong> Serviteurs <strong>de</strong> Dieu (Servus<br />

servorum Dei) se r<strong>en</strong>contre pour la première fois<br />

dans une lettre <strong>de</strong> saint Augustin. Grégoire Ier<br />

l'adopta parmi ses titres; toutefois elle ne <strong>de</strong>vint<br />

d'une application générale qu'à partir d'innoc<strong>en</strong>t III,<br />

et, vers le milieu du XVe siècle, elle fut<br />

exclusivem<strong>en</strong>t réservée pour les bulles. » (P.<br />

<strong>La</strong>rousse, Dictionnaire Universel, art. « Papauté »,<br />

1266


vol. XII, p. 137.)<br />

« Depuis Innoc<strong>en</strong>t III les papes, non cont<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> se faire appeler successeurs ou vicaires <strong>de</strong> saint<br />

Pierre, ou comme Grégoire VII <strong>de</strong> s'id<strong>en</strong>tifier avec<br />

cet apôtre, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le titre <strong>de</strong> 'vicaires <strong>de</strong> Christ'<br />

ou 'vicaires <strong>de</strong> Dieu'. 'Ce que fait le pape dans<br />

l'Église, dit Innoc<strong>en</strong>t, ce n'est pas un homme qui le<br />

fait, mais Dieu lui-même par son vicaire' et cela,<br />

dis<strong>en</strong>t ses comm<strong>en</strong>tateurs, <strong>en</strong> vertu d'un coeleste<br />

arbitrium par lequel il peut changer la nature <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses, intervertir le droit, sans avoir à alléguer<br />

d'autre raison que sa volonté. 'Personne, dit le<br />

moine Augustin Triumphus, ne peut <strong>en</strong> appeler du<br />

pape à Dieu, att<strong>en</strong>du que sa s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce est celle <strong>de</strong><br />

Dieu même (unum consisttirium et ipsius papae et<br />

ipsius Dei). Aussi bi<strong>en</strong> que le Christ, il est l'époux<br />

<strong>de</strong> l'Église; il juge tout le mon<strong>de</strong> et ne peut être<br />

jugé par personne.' Enfin le canoniste Zizelin ne<br />

craint pas <strong>de</strong> l'appeler Dominum Deum nostrum<br />

papam, et le poète normand Geoffroy <strong>de</strong> Visinaut<br />

<strong>de</strong> déclarer que Dieu, <strong>en</strong> créant le mon<strong>de</strong>, <strong>en</strong> a<br />

divisé le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux parts, le ciel pour<br />

lui, la terre pour Innoc<strong>en</strong>t III. » (Histoire du<br />

1267


Christianisme <strong>de</strong>puis son origine jusqu'à nos jours,<br />

par Eti<strong>en</strong>ne Chastel, tome III, p. 188, 189, Paris,<br />

Fischbacher, 1385.)<br />

(a2) LE CULTE DES IMAGES. – « <strong>Le</strong> culte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> premières communautés Chréti<strong>en</strong>nes, dérivant<br />

immédiatem<strong>en</strong>t quant à ses formes <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

synagogues, était naturellem<strong>en</strong>t sans images. <strong>Le</strong>s<br />

chréti<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers siècles raillai<strong>en</strong>t volontiers<br />

les paï<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la vénération superstitieuse qu'ils<br />

manifestai<strong>en</strong>t pour les représ<strong>en</strong>tations visibles <strong>de</strong><br />

leurs dieux. C'est un <strong><strong>de</strong>s</strong> thèmes favoris <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

apologistes. <strong>Le</strong>s déf<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la vieille religion <strong>en</strong><br />

appelai<strong>en</strong>t exactem<strong>en</strong>t à la même distinction que<br />

les catholiques d'aujourd'hui <strong>en</strong>tre l'image ellemême<br />

et celui dont elle évoquait la p<strong>en</strong>sée sans<br />

parv<strong>en</strong>ir, plus qu'eux, à détruire l'objection tirée <strong>de</strong><br />

la pratique (<strong>La</strong>ctance, Instit. div., II, 2)...<br />

» Cep<strong>en</strong>dant, à partir du cinquième siècle et <strong>de</strong><br />

l'<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> masse <strong><strong>de</strong>s</strong> paï<strong>en</strong>s dans l'Église, cette<br />

première sévérité se relâcha graduellem<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong>tôt<br />

les saintes images fur<strong>en</strong>t l'objet d'une vénération<br />

qui dégénéra vite <strong>en</strong> idolâtrie. Quelques évêques<br />

1268


s'efforcèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> réprimer cet abus...<br />

» Mais le siège romain fut toujours <strong>en</strong>clin à<br />

favoriser plutôt ce g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> dévotion qu'à le<br />

restreindre, bi<strong>en</strong> que Grégoire le Grand maintînt<br />

<strong>en</strong>core avec fermeté l'interdiction <strong>de</strong> toute<br />

adoration proprem<strong>en</strong>t dite <strong><strong>de</strong>s</strong> images faites par les<br />

hommes. Cela ne put empêcher la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se<br />

laisser <strong>en</strong>traîner sur cette p<strong>en</strong>te glissante... L'Ori<strong>en</strong>t<br />

fut le théâtre <strong>de</strong> la première t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> réforme...<br />

Ceux qui voulur<strong>en</strong>t la réaliser cherchèr<strong>en</strong>t à laver<br />

l'Église chréti<strong>en</strong>ne du reproche peut-être le plus<br />

appar<strong>en</strong>t que lui faisai<strong>en</strong>t les musulmans <strong>en</strong><br />

l'accusant d'idolâtrie...<br />

» En 754 Constantin Copronyme [empereur<br />

d'Ori<strong>en</strong>t] convoqua un concile oecuménique à<br />

Constantinople. Aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> patriarches n'y assista,<br />

mais 338 évêques réunis dans cette ville<br />

déclarèr<strong>en</strong>t que Satan seul avait pu réintroduire le<br />

culte <strong><strong>de</strong>s</strong> (images et <strong><strong>de</strong>s</strong>) créatures... <strong>Le</strong> culte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

images était contraire, ajoutai<strong>en</strong>t-ils, à la sainte<br />

Écriture (Jean 4.24; 1.18; 20.29; Deutéronome 5.8,<br />

9; Romains 1.23; 2 Corinthi<strong>en</strong>s 5.17; Romains<br />

1269


10.17) et condamné par les Pères. <strong>Le</strong>s partisans <strong>de</strong><br />

l'opinion opposé fur<strong>en</strong>t anathématisés, et tout le<br />

clergé dut souscrire le décret... LE PAPE<br />

ÉTIENNE III REPOUSSA LE DÉCRET DE 754,<br />

et, <strong>en</strong> 769, son successeur ÉTIENNE IV FIT<br />

CONDAMNER LES ADVERSAIRES DES<br />

IMAGES PAR UN CONCILE DE LATRAN.... En<br />

787 (DEUXIEME CONCILE DE NICÉE), LE<br />

DÉCRET DE 754 FUT CONMAMNÉ, et il fut<br />

décrété que l'on <strong>de</strong>vait aux images la salutation et<br />

la vénération honorifiques <strong>en</strong> les distinguant <strong>de</strong><br />

l'adoration formelle, qui ne conv<strong>en</strong>ait qu'à Dieu. <strong>La</strong><br />

querelle <strong>de</strong> l'Ori<strong>en</strong>t eut son contrecoup <strong>en</strong><br />

Occid<strong>en</strong>t... <strong>Le</strong> concile <strong>de</strong> Francfort (794), malgré la<br />

prés<strong>en</strong>ce du légat, repoussa à l'unanimité les<br />

décrets élaborés à Nicée et anathématisa quiconque<br />

r<strong>en</strong>drait aux images servitium aut adorationem<br />

[service ou adoration]. Tant que Charlemagne<br />

vécut, l'opposition à tout culte r<strong>en</strong>du aux images se<br />

maintint dans l'empire franc et dans l'île <strong>de</strong><br />

Bretagne, sans que la cour <strong>de</strong> Rome osât protester<br />

autrem<strong>en</strong>t que par <strong><strong>de</strong>s</strong> remontrances assez molles...<br />

» Mais ces efforts individuels ou locaux ne<br />

1270


pur<strong>en</strong>t empêcher l'invasion graduelle du culte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

images, toujours <strong>en</strong>couragé à Rome. Peu à peu se<br />

consolidèr<strong>en</strong>t les superstitions grossières dont il est<br />

la source fatale. » (F. Licht<strong>en</strong>berger, Encyclopédie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces religieuses, Paris, Fischbacher, 1879,<br />

tome VI, p. 486-490, art. Images [Querelle <strong><strong>de</strong>s</strong>],<br />

par A. Réville.)<br />

Voir Baronius, Annales Ecclésiastiques, vol.<br />

IX, p. 391-407 (édit. d'Anvers, 1612); abbé Fleury,<br />

Histoire Ecclésiastique, vol. IX, Bruxelles, 1721;<br />

C.-J. Hefele, Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Conciles, 7 vol. 1855-<br />

1874, 2e édition, 1873 ss.)<br />

(a3) ÉDIT DE CONSTANTIN SUR LE<br />

DIMANCHE. – Voici la t<strong>en</strong>eur <strong>de</strong> cette loi<br />

promulguée <strong>en</strong> date du 7 mars 321 : « Que tous les<br />

juges, les citadins et les artisans se repos<strong>en</strong>t au jour<br />

vénérable du soleil. Mais que ceux qui habit<strong>en</strong>t la<br />

campagne s'adonn<strong>en</strong>t paisiblem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> toute<br />

liberté à la culture <strong>de</strong> leurs champs, att<strong>en</strong>du que<br />

souv<strong>en</strong>t aucun autre jour n'est aussi propice pour<br />

faire les semailles ou planter les vignes; il ne faut<br />

donc pas laisser passer le temps favorable, et<br />

1271


frustrer ainsi, les int<strong>en</strong>tions bi<strong>en</strong>veillantes du ciel. »<br />

(Co<strong>de</strong> Justini<strong>en</strong>, L. III, titre 12, loi 3. Citée <strong>en</strong> latin<br />

dans le Jour du Seigneur, par Louis Thomas, doct.<br />

<strong>en</strong> théol., vol. II, App<strong>en</strong>d. III, p. 21. G<strong>en</strong>ève et<br />

Paris, 1893.)<br />

Voir Encyclopédie <strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces religieuses,<br />

tome III, p. 751, art. " Dimanche "; Abbé Bergier,<br />

Dictionnaire <strong>de</strong> théologie, tome II, p. 566, art. "<br />

Dimanche "; Mosheim, Histoire ecclésiastique, IVe<br />

siècle, par. II, sect 5.<br />

(a4) DATES PROPHÉTIQUES. - Voir la page<br />

355 et plus loin la note relative à cette page.<br />

(a5) LES FAUSSES DÉCRÉTALES. – Au<br />

nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> principales falsifications historiques<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à établir la puissance papale, il faut<br />

nommer la Donation <strong>de</strong> Constantin et les<br />

Décrétales pseudo-isidori<strong>en</strong>nes. Dans un ouvrage<br />

intitulé : <strong>Le</strong> Pouvoir du pape sur les souverains du<br />

Moy<strong>en</strong> Age (Paris, 1839), l'auteur, M.***<br />

(Gosselin), directeur du Séminaire <strong>de</strong> St. Sulpice,<br />

dit <strong>de</strong> la première : « ... On a supposé que le<br />

1272


pouvoir temporel du pape sur plusieurs états <strong>de</strong><br />

l'Europe était fondé sur la Donation <strong>de</strong> Constantin,<br />

c'est-à-dire sur un acte sol<strong>en</strong>nel par lequel ce prince<br />

avait donné pour toujours au Saint-Siège, la ville<br />

<strong>de</strong> Rome, avec l'Italie et toutes les provinces <strong>de</strong><br />

l'empire <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t. Nous croyons inutile <strong>de</strong> nous<br />

arrêter ici à l'exam<strong>en</strong> <strong>de</strong> cette prét<strong>en</strong>due donation,<br />

généralem<strong>en</strong>t regardée comme apocryphe par les<br />

critiques mo<strong>de</strong>rnes, <strong>de</strong>puis la R<strong>en</strong>aissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lettres. »<br />

En ce qui concerne les secon<strong><strong>de</strong>s</strong>, l'abbé Fleury,<br />

dans son Histoire ecclésiastique (tome IX, liv. 45,<br />

par. 22, p. 445, 446, Bruxelles 1721), dit ce qui suit<br />

:<br />

« <strong>La</strong> collection où elles se trouv<strong>en</strong>t porte le<br />

nom d'Isidore Mercator, qui paraît avoir été<br />

espagnol... Il ne dit point où il les a trouvées. Elles<br />

étai<strong>en</strong>t inconnues à D<strong>en</strong>ys-le-Petit qui recueillit<br />

<strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>ts ans auparavant les Décrétales <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

papes... D'ailleurs elles port<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères<br />

visibles <strong>de</strong> fausseté. Toutes sont d'un même style<br />

qui convi<strong>en</strong>t beaucoup mieux au VIIIe siècle<br />

1273


qu'aux trois premiers : longues et remplies <strong>de</strong> lieux<br />

communs et, comme on l'a découvert <strong>en</strong> les<br />

examinant curieusem<strong>en</strong>t, remplies <strong>de</strong> divers<br />

passages <strong>de</strong> saint Léon, <strong>de</strong> saint Grégoire et<br />

d'autres auteurs postérieurs aux papes dont elles<br />

port<strong>en</strong>t le nom. <strong>Le</strong>urs dates sont presque toutes<br />

fausses... Cep<strong>en</strong>dant son artifice, tout grossier qu'il<br />

était, <strong>en</strong> imposa à toute l'Église latine. Ses fausses<br />

Décrétales ont passé pour vraies p<strong>en</strong>dant huit c<strong>en</strong>ts<br />

ans; et à peine ont-elles été abandonnées dans le<br />

<strong>de</strong>rnier siècle. Il est vrai qu'il n'y a plus aujourd'hui<br />

d'homme médiocrem<strong>en</strong>t instruit <strong>en</strong> ces matières,<br />

qui n'<strong>en</strong> reconnaisse la fausseté. »<br />

Voir Mosheim, Histoire ecclésiastique, liv. III,<br />

siècle 9, 2e partie, chap. 2, section 81.<br />

« <strong>La</strong> fausseté <strong><strong>de</strong>s</strong> Décrétales attribuées aux<br />

premiers papes », dit Du Pin, docteur <strong>de</strong> Sorbonne<br />

(Nouv. Bibl., <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs ecclés., p. 215, Utrecht,<br />

1731) « est prés<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t si connue qu'il ne serait<br />

pas nécessaire d'<strong>en</strong> ri<strong>en</strong> dire ». (Cité par Gauss<strong>en</strong>,<br />

<strong>Le</strong> Canon <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures, vol. II, p. 169.)<br />

1274


Parlant « <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> pièces apocryphes ou<br />

falsifiées » le Dictionnaire <strong>de</strong> Théologie catholique<br />

dit : « Si au XIXe siècle <strong>en</strong>core, le faussaire trouva<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> déf<strong>en</strong>seurs dans Dumont et l'abbé Darras,<br />

l'unanimité <strong><strong>de</strong>s</strong> savants, sans aucune distinction <strong>de</strong><br />

patrie ou <strong>de</strong> religion, proteste contre le malheureux<br />

succès <strong>de</strong> cette déplorable fourberie. » (Art. « <strong>Le</strong>s<br />

fausses Décrétales », colonnes 214 et 221.<br />

<strong>Le</strong>touzey et Ané, édit., Paris.)<br />

(a6) LES DICTATUS DU PAPE GRÉGOIRE<br />

VII. – « Ainsi ri<strong>en</strong> ne manquait à la suprématie<br />

spirituelle <strong><strong>de</strong>s</strong> pontifes romains <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t.<br />

Pouvoir administratif universel par le moy<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

légats, pouvoirs constitutif, judiciaire, législatif<br />

suprêmes, tous leur étai<strong>en</strong>t dévolus. Nous les<br />

trouvons déjà, sinon proclamés ex professo dans ce<br />

qu'on appelle les Dictatus Gregorii VII, dont<br />

l'auth<strong>en</strong>ticité est contestée, du moins<br />

occasionnellem<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>diqués dans les lettres <strong>de</strong><br />

Grégoire VII et dans les différ<strong>en</strong>ts actes <strong>de</strong> son<br />

pontificat. » (Éti<strong>en</strong>ne Chastel, Histoire du<br />

Christianisme, tome III, p. 188.)<br />

1275


(a7) LE PURGATOIRE. – Voir le Dictionnaire<br />

théologique <strong>de</strong> l'abbé Vigouroux, art. Purgatoire, et<br />

le même article dans le Dictionnaire <strong>de</strong> théologie<br />

<strong>de</strong> l'abbé Bergier, Toulouse, 1823. Il n'était pas<br />

rare, autrefois, <strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans une église<br />

catholique, d'y voir susp<strong>en</strong>du, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus d'un tronc<br />

« <strong>en</strong> faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes du Purgatoire », un tableau<br />

terrifiant <strong><strong>de</strong>s</strong> malheureux qui s'y tord<strong>en</strong>t dans les<br />

flammes.<br />

(a8) INDULGENCES. – Voir l'avant-<strong>de</strong>rnière<br />

note du chapitre 7.<br />

(a9) LA MESSE. – Sur la doctrine <strong>de</strong> la messe,<br />

voir l'ouvrage du cardinal Wiseman : The Real<br />

Pres<strong>en</strong>ce of the Body and Blood of Our Lord Jesus<br />

Christ in the Blessed Eucharist; Catholic<br />

Encyclopaedia, art. l Eucharist, par J. Pohle, S. T.<br />

D., Breslau; Canons and Decrees of the Council of<br />

Tr<strong>en</strong>t, sess. 13, chap. 1-8 (London ed. tr. by T. A.<br />

Burkley, p. 70-79); K. R. Hag<strong>en</strong>-bath,<br />

Comp<strong>en</strong>dium of the History of Doctrines, vol. 1, p.<br />

214-223, 393-398, et vol. II, p. 88-114; Institution<br />

<strong>de</strong> la Religion chréti<strong>en</strong>ne, par Jean Calvin (nouv.<br />

1276


Éd., G<strong>en</strong>ève, 1888), liv. IV, chap. 18, par. 8; Abbé<br />

Bergier, Dict. <strong>de</strong> Théol., vol. III, p. 247-283; Dict.<br />

théologique <strong>de</strong> Vigouroux, art. « Eucharistie ».<br />

À l'époque <strong>de</strong> la Réformation, le docteur <strong>de</strong><br />

Sorbonne Guy Furbity, appelé à G<strong>en</strong>ève, <strong>en</strong> 1533,<br />

pour y combattre l'Évangile, déclarait : « Un prêtre<br />

qui consacre les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Cène est au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> la Vierge, car elle n'a donné la vie à Jésus-Christ<br />

qu'une fois, tandis que le prêtre le crée tous les<br />

jours, aussi souv<strong>en</strong>t qu'il le veut... Ah! le prêtre!...<br />

il ne faudrait pas seulem<strong>en</strong>t le saluer, il faudrait<br />

s'ag<strong>en</strong>ouiller, se prosterner <strong>de</strong>vant lui. »<br />

On retrouve fréquemm<strong>en</strong>t ces mêmes<br />

affirmations dans <strong><strong>de</strong>s</strong> journaux ou <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong><br />

piété catholiques. Au mois <strong>de</strong> décembre 1912, on<br />

lisait, par exemple, dans le Messager du Très-Saint<br />

Sacrem<strong>en</strong>t (<strong>de</strong> Montréal, Canada) sous le titre <strong>de</strong> «<br />

le Prêtre » un morceau d'où nous détachons ces<br />

<strong>de</strong>ux vers :<br />

Des hommes revêtus <strong>de</strong> grâce surhumaine.<br />

1277


Parl<strong>en</strong>t, et Dieu soudain se fait obéissant.<br />

(a10) VERSIONS VAUDOISES DES<br />

ÉCRITURES. – Voir E. Petavel, <strong>La</strong> Bible <strong>en</strong><br />

France, ch. 2, pr. 3, 4, 8-10, 13, 21, éd. <strong>de</strong> Paris<br />

1864); D. Lortsch, Histoire <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong> France,<br />

Paris, 1910, p. 8, 19, 101, 106; Encyclopédie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Sci<strong>en</strong>ces religieuses, art. « Vaudois », vol. XII, p.<br />

1054.<br />

(a11) BULLES CONTRE LES VAUDOIS. –<br />

Une portion considérable du texte <strong>de</strong> la Bulle<br />

papale promulguée par Innoc<strong>en</strong>t III, <strong>en</strong> 1487,<br />

contre les Vaudois (bulle dont l'original se trouve à<br />

la bibliothèque <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Cambridge) est<br />

traduite dans History of Romanism, <strong>de</strong> Dowling,<br />

liv. VI, ch. 5, sec. 62 (éd. 1871). Voir Jean Léger,<br />

Histoire générale <strong><strong>de</strong>s</strong> Églises vaudoises, et Chastel,<br />

Histoire du Christianisme, vol. III, p. 476-479.<br />

(a12) INDULGENCES. – Voir l'avant-<strong>de</strong>rnière<br />

note du chapitre 7.<br />

(a13) WICLEF. – <strong>Le</strong> texte original <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles<br />

1278


papales publiées contre Wiclef, avec traduction<br />

anglaise, se trouve dans J. Foxe, Acts and<br />

Monum<strong>en</strong>ts, vol. III, p. 4-13 (Pratt-Towns<strong>en</strong>d, ed.<br />

London, 1870). Voir aussi J. <strong>Le</strong>wis, Life of Wiclef,<br />

p. 49-51, 305-314 (ed. 1820); <strong>Le</strong>chler, John<br />

Wycliffe and his English Precursors, ch. 5, sec. 2<br />

(p. 162-164, London ed., 1884, tr. by Lorimer); A.<br />

Nean<strong>de</strong>r, G<strong>en</strong>eral History of the Christian Church,<br />

period 6, sec. 2, part I, par. 8.<br />

(a14) L'INFAILLIBILITÉ PAPALE. – Voir<br />

Catholic Encyclopedia, art. « Infaillibility » par J.<br />

Turner, S. T. D.; P. <strong>La</strong>rousse, Dictionnaire<br />

universel du XIX siècle, vol. art. « Infaillibilité »;<br />

Encycl. <strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces rel., vol. VI, art. «<br />

Infaillibilité » par A. Réville.<br />

(a15) INDULGENCES. – Voir l'avant-<strong>de</strong>rnière<br />

note du chapitre 7.<br />

(a16) LE CONCILE DE CONSTANCE. – Voir<br />

Mosheim, Histoire ecclésiastique, liv. III, XVe<br />

siècle, 2e partie, ch. 2, sec. 3; L'<strong>en</strong>fant, Hist. du<br />

Concile <strong>de</strong> Constance (1714-1727); Encycl. <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1279


Sci<strong>en</strong>ces rel., art. " Constance "; Abbe Fleury, Hist.<br />

Ecclés., Bruxelles, 1726, vol. XXI; Nean<strong>de</strong>r,<br />

History of the Christian religion and Church,<br />

period 6, sec. I (1854 ed., tr. by Torrey, vol. V, p.<br />

94-101).<br />

(a17) Dans ce chapitre et ceux qui suiv<strong>en</strong>t sur<br />

l'histoire <strong>de</strong> la Réforme, les citations non<br />

accompagnées <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ces sont empruntées au<br />

bel ouvrage <strong>de</strong> Merle d'Aubigné sur la Réformation<br />

au XVIe siècle. Fischbacher, Paris. Ne pas<br />

confondre avec l'ouvrage du même auteur sur la<br />

Réformation au temps <strong>de</strong> Calvin.<br />

(a18) INDULGENCES. – « Ce moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> tirer<br />

<strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ça à être mis <strong>en</strong> usage vers l'an<br />

1100 par le pape Urbain II », dit Sarpi dans son<br />

Histoire du Concile <strong>de</strong> Tr<strong>en</strong>te (vol. I, liv. I, p. 13-<br />

18, Oxford, 1771). Voir le vol. II, p. 745 et 766 sur<br />

les débats et décrets du Concile <strong>de</strong> Tr<strong>en</strong>te à cet<br />

égard; Bergier, Dict. <strong>de</strong> Théologie, art. «<br />

Indulg<strong>en</strong>ces », par W. H. K<strong>en</strong>t, O. S. C., <strong>de</strong><br />

Bayswater, Londres; Léopold <strong>de</strong> Ranke, Histoire<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne au temps <strong>de</strong> la Réforme (1839).<br />

1280


<strong>Le</strong> texte <strong>de</strong> l'absolution donnée par Tetzel aux<br />

acheteurs d'indulg<strong>en</strong>ces est publié dans l'article : «<br />

Indulg<strong>en</strong>ces », au Dictionnaire universel du XIXe<br />

siècle <strong>de</strong> P. <strong>La</strong>rousse (vol. IX), où on lit :<br />

« Quand il [Tetzel] parlait <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong><br />

l'indulg<strong>en</strong>ce aux défunts, il proclamait comme une<br />

vérité incontestée que l'état <strong>de</strong> grâce n'était pas<br />

requis. Cette assertion sans nuances l'am<strong>en</strong>a à<br />

s'exprimer comme si la contribution pécuniaire<br />

était tout et avait une efficacité infaillible. »<br />

Sobald das Geld im Kast<strong>en</strong> klinkt!<br />

Die Seele aus <strong>de</strong>m Fegfeuer springt!<br />

À peine dans le tronc est tombée une obole<br />

Du purgatoire une âme au paradis s'<strong>en</strong>vole.<br />

(Traduction <strong>de</strong> M. Christiani)<br />

« Tel aurait été, au dire <strong>de</strong> Luther, l'adage<br />

1281


favori <strong>de</strong> Tetzel, et l'attribution parait justifiée pour<br />

le s<strong>en</strong>s, sinon pour les termes eux-mêmes. »<br />

(a19) L'ORDRE DES JÉSUITES. – Voir ce<br />

mot dans le Dictionnaire universel <strong>de</strong> P. <strong>La</strong>rousse,<br />

vol. IX, Paris, 1873. L'article (<strong>de</strong> Ch. Sauvestre)<br />

résume l'histoire <strong>de</strong> l'ordre, cite les ouvrages<br />

d'auteurs jésuites sur la morale <strong>de</strong> l'ordre<br />

(probabilisme) et les « Instructions secrètes <strong>de</strong> la<br />

Société <strong>de</strong> Jésus ».<br />

Nous donnons ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous une partie <strong>de</strong> l'article<br />

consacré à cet ordre dans le Dictionnaire d'Histoire<br />

ecclésiastique <strong>de</strong> J. A. Bost (Fischbacher, Paris, et<br />

Beroud, G<strong>en</strong>ève, 1884) :<br />

« JÉSUITES, ordre fondé <strong>en</strong> 1534 par Ignace<br />

<strong>de</strong> Loyola, et approuvé <strong>en</strong> 1540 par Paul III. Il<br />

porte aussi le nom <strong>de</strong> Compagnie ou Société <strong>de</strong><br />

Jésus. S'il eut dès l'abord plusieurs objets <strong>en</strong> vue,<br />

les circonstances l'am<strong>en</strong>èr<strong>en</strong>t presque aussitôt après<br />

sa fondation à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> lice avec la Réforme, et il<br />

se jeta dans la mêlée avec une hardiesse qui ne<br />

reculait <strong>de</strong>vant ri<strong>en</strong> et avec un succès qui dépassa<br />

1282


même ses espérances... <strong>Le</strong>s statuts sont calculés<br />

pour faire <strong>de</strong> chacun l'instrum<strong>en</strong>t absolum<strong>en</strong>t passif<br />

<strong>de</strong> ses supérieurs... <strong>La</strong> théorie <strong>de</strong> l'obéissance<br />

passive, empêchant le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

consci<strong>en</strong>ce individuelle, a été, avec le pélagianisme<br />

qui est à la base <strong>de</strong> tout le système, la gran<strong>de</strong><br />

inspiratrice <strong>de</strong> la morale jésuitique... [dont les<br />

préceptes] les uns sévères, à l'usage <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la religion au sérieux, les autres, d'une<br />

indulg<strong>en</strong>ce effrayante pour tous les vices, pour tous<br />

les crimes commis ou à commettre... <strong>La</strong> morale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jésuites se caractérise <strong>en</strong>core par la direction <strong>de</strong><br />

l'int<strong>en</strong>tion : on peut voler, calomnier, tuer, pourvu<br />

qu'<strong>en</strong> le faisant on éloigne l'int<strong>en</strong>tion coupable, et<br />

qu'on s'<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>ne à l'int<strong>en</strong>tion permise, par exemple<br />

au désir d'être riche pour pouvoir faire du bi<strong>en</strong>, au<br />

désir <strong>de</strong> sauver son honneur et peut-être sa vie.<br />

Enfin les réservations m<strong>en</strong>tales, autre système<br />

ingénieux inv<strong>en</strong>té par les jésuites, consist<strong>en</strong>t dans<br />

le droit d'affirmer une chose fausse, même par<br />

serm<strong>en</strong>t, pourvu que dans son for intérieur on <strong>en</strong><br />

p<strong>en</strong>se une autre qui infirme ou modifie celle que<br />

l'on paraît affirmer. <strong>Le</strong>s Provinciales <strong>de</strong> Pascal<br />

flagellèr<strong>en</strong>t ces turpitu<strong><strong>de</strong>s</strong> et portèr<strong>en</strong>t aux jésuites<br />

1283


un coup fatal et décisif, dont ils ne se sont jamais<br />

relevés moralem<strong>en</strong>t. De leur côté, les capucins et<br />

les franciscains, jaloux <strong>de</strong> leurs succès dans les<br />

missions lointaines, dénoncèr<strong>en</strong>t leur métho<strong>de</strong><br />

d'accommodation et <strong>de</strong> supercherie dont ils usai<strong>en</strong>t<br />

pour faciliter la conversion <strong><strong>de</strong>s</strong> paï<strong>en</strong>s au<br />

christianisme. Mais ce qui acheva <strong>de</strong> les perdre, ce<br />

fut leur conduite politique...<br />

» <strong>La</strong> guerre <strong>de</strong> Tr<strong>en</strong>te ans leur livra la Bohême<br />

et la Silésie. Bi<strong>en</strong>tôt ils gagnèr<strong>en</strong>t la Belgique et la<br />

Pologne, et, y écrasèr<strong>en</strong>t le protestantisme par la<br />

viol<strong>en</strong>ce. <strong>La</strong> Suè<strong>de</strong> seule leur ferma résolum<strong>en</strong>t ses<br />

portes <strong>en</strong> 1593. Élisabeth les avait bannis<br />

d'Angleterre, ainsi que tous les ordres religieux <strong>en</strong><br />

1585...<br />

» Nous n'avons ri<strong>en</strong> dit <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t au<br />

point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs; la question est trop<br />

délicate; on sait seulem<strong>en</strong>t que plusieurs <strong>de</strong> leurs<br />

manuels ont du être supprimés par les<br />

gouvernem<strong>en</strong>ts, et que celui du P. Gury <strong>en</strong><br />

particulier r<strong>en</strong>ferme <strong><strong>de</strong>s</strong> questions et <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses<br />

qui ne peuv<strong>en</strong>t pas être reproduites, même <strong>en</strong> latin.<br />

1284


<strong>Le</strong>s jésuites ont produit, outre leurs célèbres<br />

casuistes, Mariana, Sanchez, Escobar, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missionnaires zélés, comme Xavier; <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pédagogues habiles; <strong><strong>de</strong>s</strong> savants, comme Bolland,<br />

Sirmond, Porée; <strong><strong>de</strong>s</strong> prédicateurs éloqu<strong>en</strong>ts,<br />

comme Bourdaloue. Mais, chose curieuse, ils n'ont<br />

jamais réussi dans leurs <strong>en</strong>treprises politiques, et<br />

c'est lorsque leur influ<strong>en</strong>ce semblait le mieux assise<br />

que leurs projets échouai<strong>en</strong>t contre le réveil <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souverains ou contre le bon s<strong>en</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples...<br />

» En vain les gouvernem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>mandèr<strong>en</strong>t au<br />

général, le P. Ricci, quelques changem<strong>en</strong>ts dans les<br />

constitutions <strong>de</strong> l'ordre; Ricci répondit fièrem<strong>en</strong>t :<br />

Sint ut sunt, aut non sint (qu'ils soi<strong>en</strong>t ce qu'ils sont<br />

ou qu'ils ne soi<strong>en</strong>t pas). Clém<strong>en</strong>t XIII essaya <strong>de</strong> les<br />

déf<strong>en</strong>dre dans sa bulle Apostolicum, <strong>en</strong> 1765; mais<br />

après sa mort, le 19 août 1773, Clém<strong>en</strong>t XIV publia<br />

sa bulle Dominus ac Re<strong>de</strong>mptor Noster, qui<br />

supprimait les jésuites et fermait leurs collèges.<br />

Tous les États catholiques s'empressèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

publier cette bulle. »<br />

Cette défaite, qui v<strong>en</strong>ait après douze siècles<br />

1285


d'une prospérité extraordinaire pour la papauté, est<br />

appelée dans la prophétie sacrée ( Apocalypse 13.3<br />

) une « blessure mortelle » qui <strong>de</strong>vait être « guérie<br />

». Elle avait duré c<strong>en</strong>t treize ans.<br />

Par un bref pontifical daté du 13 juillet 1886,<br />

Léon XIII rétablissait les jésuites dans tous leurs<br />

privilèges. Depuis sa restauration, l'ordre n'a cessé<br />

<strong>de</strong> grandir tant dans les pays protestants que dans<br />

les pays catholiques où il suit et prépare la fortune<br />

et les progrès <strong>de</strong> l'Église catholique. D'abord, <strong>en</strong><br />

Allemagne, où la m<strong>en</strong>ace du socialisme a obligé le<br />

chancelier <strong>de</strong> fer à se rapprocher du parti<br />

catholique et <strong>de</strong> la papauté <strong>en</strong> abrogeant ses<br />

fameuses « lois <strong>de</strong> mai » issues du Kulturkampf<br />

(1873), et <strong>en</strong> rappelant par conséqu<strong>en</strong>t les ordres<br />

monastiques. <strong>Le</strong>s jésuites ne <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t pas tar<strong>de</strong>r à<br />

voir se rouvrir <strong><strong>de</strong>s</strong> portes que, du reste, ils n'avai<strong>en</strong>t<br />

jamais franchies. – En Angleterre, l'influ<strong>en</strong>ce du<br />

jésuitisme est visible dans le mouvem<strong>en</strong>t ritualiste<br />

et dans <strong>de</strong> nombreuses conversions au sein <strong>de</strong><br />

l'aristocratie. – Aux États-Unis, où l'immigration a<br />

donné à l'élém<strong>en</strong>t catholique une puissance<br />

numérique très gran<strong>de</strong>, l'influ<strong>en</strong>ce <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres et<br />

1286


notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la « Société <strong>de</strong> Jésus » a atteint un<br />

<strong>de</strong>gré inatt<strong>en</strong>du qui t<strong>en</strong>d à modifier les principes<br />

politiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> République. – Où l'ordre<br />

jouit actuellem<strong>en</strong>t du plus grand crédit et <strong>de</strong> la plus<br />

gran<strong>de</strong> puissance, c'est <strong>en</strong> Belgique. – En France,<br />

malgré toutes les fluctuations <strong>de</strong> la politique, les<br />

jésuites ont pris <strong><strong>de</strong>s</strong> revanches éclatantes <strong>en</strong> 1873,<br />

1877 et <strong>de</strong>puis. – <strong>La</strong> Suisse ne fait pas exception à<br />

la règle.<br />

Voir Encycl. <strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces rel., art. « Jésuites ».<br />

Quesnel, Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> religieux <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong><br />

Jésus, 3 vol. Utrecht, 1741; R<strong>en</strong>é <strong>de</strong> la Chalotais,<br />

Compte r<strong>en</strong>du <strong><strong>de</strong>s</strong> Constitutions <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites, Paris<br />

1762. Michelet et Quinet, Des Jésuites, Paris, 1843.<br />

Crétineau-Joly, Histoire religieuse, politique et<br />

littéraire <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong> Jésus, 5 vol., Paris,<br />

1844-1845; A. <strong>de</strong> Saint-Priest, Histoire <strong>de</strong> la chute<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites au XVIIIe siècle, Paris, 1846. Guettee,<br />

Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites, 1858-59; Wolf, Histoire<br />

générale <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites, 4 vol., <strong>Le</strong>ipzig, 1863;<br />

Nippold, L'Ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites <strong>de</strong>puis sa<br />

restauration jusqu'à l'époque actuelle, Hei<strong>de</strong>lberg,<br />

1869.<br />

1287


(a20) L'INQUISITION. – Voir sur ce trop<br />

fameux tribunal : Catholic Encyclopaedia, art. «<br />

Inquisition », par J. Blötzer, Munich; H. C. <strong>Le</strong>a,<br />

Histoire <strong>de</strong> l'Inquisition au Moy<strong>en</strong> Age, trad.<br />

Salomon Reinach, Paris, 1900-1902; Llor<strong>en</strong>te,<br />

Histoire critique <strong>de</strong> l'Inquisition d'Espagne, 4 vol.,<br />

Paris, 1817; Hefele, <strong>Le</strong> Cardinal Xim<strong>en</strong>ès,<br />

Tubingue, 1844; Encycl. <strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces rel., art. «<br />

Inquisition », vol. VI, p. 733-752; E. Vacandard,<br />

L'Inquisition, étu<strong>de</strong> historique et critique sur le<br />

pouvoir coercitif <strong>de</strong> l'Eglise, Paris, Bloud, 1912.<br />

(a21) CONSÉQUENCES LOGIQUES DE LA<br />

PERSÉCUTION EN FRANCE OU CAUSES DE<br />

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. – Plusieurs<br />

histori<strong>en</strong>s jouissant d'une juste considération font<br />

remonter les causes <strong>de</strong> la Révolution française à la<br />

proscription <strong>de</strong> la Réforme et du peuple <strong>de</strong> la<br />

Réforme – c'est-à-dire <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu – par<br />

l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la nation. Voir Lorimer (The<br />

Protestant Church in France); Buckle (History of<br />

the Civilisation in England), H. von Sybet (History<br />

of the Fr<strong>en</strong>ch Revolution).<br />

1288


Dans la littérature française, il faut citer un<br />

remarquable morceau <strong>de</strong> « philosophie <strong>de</strong> l'histoire<br />

» par Edgar Quinet, morceau où la douleur tourne à<br />

l'ironie, et que cet histori<strong>en</strong> intitule lui-même : Des<br />

Dragonna<strong><strong>de</strong>s</strong> à la Terreur. Nous le reproduisons inext<strong>en</strong>so<br />

:<br />

« Dans la vie privée, il n'est pas juste que les<br />

fils expi<strong>en</strong>t la faute <strong><strong>de</strong>s</strong> pères. C'est une idée<br />

admise par notre temps. Mais dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peuples, cette philosophie échoue; et il est certain<br />

que les générations sont châtiées <strong><strong>de</strong>s</strong> fautes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

générations précéd<strong>en</strong>tes. Voilà le seul moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />

donner une explication du règne <strong>de</strong> la Terreur.<br />

» Comme Louis XVI a été frappé à cause <strong>de</strong><br />

l'iniquité <strong><strong>de</strong>s</strong> rois qui l'avai<strong>en</strong>t précédé, <strong>de</strong> même<br />

les Français <strong>de</strong> tous les rangs ont été punis <strong>en</strong> 1793<br />

et 1794, par la Terreur, <strong>de</strong> la servilité <strong>de</strong> leurs<br />

ancêtres. <strong>Le</strong> glaive a frappé sur tous les rangs,<br />

parce que la servitu<strong>de</strong> avait été l'oeuvre <strong>de</strong> tous.<br />

L'histoire <strong>de</strong> France se dénoue avec fureur dans ces<br />

années d'épouvante; la colère d'<strong>en</strong> haut tranche le<br />

1289


noeud gordi<strong>en</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> dix <strong>de</strong>rniers siècles. De toutes<br />

les révolutions, la Révolution française a été la plus<br />

sanglante, parce que l'histoire <strong>de</strong> France est celle<br />

qui avait laissé s'accumuler le plus d'iniquités. <strong>La</strong><br />

fureur a dû être plus gran<strong>de</strong> là où la pati<strong>en</strong>ce avait<br />

été la plus longue.<br />

» Ce fut un avantage [!] incomm<strong>en</strong>surable pour<br />

les terroristes d'avoir pour précéd<strong>en</strong>ts et pour<br />

modèles les déclarations ordonnées <strong>de</strong> Louvois<br />

dans la Révocation. Sans doute, le même esprit, qui<br />

veut que tout serve d'exemple dans notre histoire, a<br />

préparé <strong>de</strong> loin ces admirables précéd<strong>en</strong>ts, afin que<br />

le chemin fût tracé à la postérité. Car les terroristes,<br />

grâce à ce plan magnifique et tout divin [!],<br />

privilège unique <strong>de</strong> notre race, ont pu marcher avec<br />

sûreté dans cette voie <strong>de</strong> sang. Chaque étape était<br />

marquée d'avance. Merlin <strong>de</strong> Douai s'appuie sur<br />

Louvois, Fouquier sur Bâville. L'ange pieux [!] <strong>de</strong><br />

l'extermination, sans nul doute, avait pris soin pour<br />

nous <strong>de</strong> frayer cette route. <strong>Le</strong>s noya<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la Loire<br />

ont <strong>en</strong> leurs modèles : au XVIIème siècle, un<br />

Planque proposait que l'on noyât <strong>en</strong> mer les<br />

protestants. Avertissem<strong>en</strong>t à Carrier. Villars<br />

1290


m<strong>en</strong>ace <strong>de</strong> passer <strong><strong>de</strong>s</strong> populations <strong>en</strong>tières au fil <strong>de</strong><br />

l'épée; c'est déjà le langage <strong>de</strong> Collot-d'Herbois.<br />

Montrevel inv<strong>en</strong>te la loi <strong><strong>de</strong>s</strong> otages; le Directoire<br />

n'aura qu'à la faire revivre.<br />

» Mais, avouons-le, la Terreur <strong>de</strong> 1793 ne sut<br />

pas égaler <strong>en</strong> tout la Terreur <strong>de</strong> 1687. En cela il y<br />

eut décad<strong>en</strong>ce. On ne revit pas la même pati<strong>en</strong>ce<br />

dans les bourreaux, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> supplices si longs, ni <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

morts que Bâville faisait savourer, sous ses yeux,<br />

p<strong>en</strong>dant <strong><strong>de</strong>s</strong> journées <strong>en</strong>tières. 93 n'employa pas la<br />

torture; il ne brûla ni n'écartela ses victimes; il ne<br />

rompait pas les os <strong><strong>de</strong>s</strong> condamnés avant <strong>de</strong> les jeter<br />

grouillants dans le bûcher.<br />

» Véritablem<strong>en</strong>t, il n'est guère possible à un<br />

Français <strong>de</strong> lire les horreurs <strong>de</strong> la Révocation <strong>de</strong><br />

l'Édit <strong>de</strong> Nantes; elles ont eu pour nous <strong>de</strong> trop<br />

fatales conséqu<strong>en</strong>ces qui saign<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core. Elles ont<br />

fait <strong>en</strong>trer dans nos coeurs le mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

morales quand elles sont aux prises avec la<br />

soldatesque. Il <strong>en</strong> est resté une admiration<br />

indélébile pour l'oeuvre du sabre, un ricanem<strong>en</strong>t<br />

interminable <strong>de</strong>vant la consci<strong>en</strong>ce qui ose résister.<br />

1291


» Dragonner les esprits, sabrer les croyances,<br />

écharper les idées, opposer l'esprit troupier à<br />

l'<strong>en</strong>thousiasme naïf, ri<strong>en</strong> ne semble plus simple.<br />

Ces corbeilles remplies <strong>de</strong> têtes et <strong>en</strong>voyées au<br />

gouverneur, ces novateurs convaincus et<br />

brusquem<strong>en</strong>t réduits au sil<strong>en</strong>ce à coups <strong>de</strong> pistolet,<br />

ces intrépi<strong><strong>de</strong>s</strong> [!] et incomparables charges <strong>de</strong><br />

dragons contre <strong>de</strong> petites filles <strong>de</strong> sept ans, ces<br />

héroïques [!] soldats plus furieux que <strong><strong>de</strong>s</strong> "ours",<br />

qui se couvr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gloire <strong>en</strong> fusillant à bout portant,<br />

massacrant les <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> extase, toutes ces voix <strong>de</strong><br />

suppliciés qui se tais<strong>en</strong>t lâchem<strong>en</strong>t [!] sous le bruit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> tambours, ces troupeaux d'âmes livrées aux<br />

moqueries <strong><strong>de</strong>s</strong> régim<strong>en</strong>ts, que tout cela est<br />

magnifique et bi<strong>en</strong> fait pour établir dans les coeurs<br />

la pure religion du sabre! Car <strong>en</strong>fin, on ne niera pas<br />

que le sabre a fort bi<strong>en</strong> converti <strong>en</strong> Poitou et <strong>en</strong><br />

Saintonge. [!]<br />

» Comm<strong>en</strong>t ces cinq c<strong>en</strong>t mille hommes d'élite<br />

ont-ils pu être arrachés à la France, sans que les<br />

pierres ai<strong>en</strong>t crié? Comm<strong>en</strong>t un pareil sil<strong>en</strong>ce, puis<br />

presque aussitôt un pareil oubli? Et ce n'était pas la<br />

1292


passion, le fanatisme qui r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t la France si<br />

aisém<strong>en</strong>t complice <strong>de</strong> ces persécutions. Ce fut<br />

obéissance au maître.<br />

» Quand le XVIIIe siècle se leva, les supplices<br />

ne se lassèr<strong>en</strong>t pas. <strong>Le</strong>s gibets marquèr<strong>en</strong>t les jours.<br />

<strong>Le</strong>s héros <strong><strong>de</strong>s</strong> Cév<strong>en</strong>nes, tortures, rompus vifs, puis<br />

écartelés, puis brûlés au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> ricanem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

la foule et laissés <strong>en</strong> pâture aux corbeaux,<br />

rempliss<strong>en</strong>t d'abord la scène. Ils montr<strong>en</strong>t ce qu'on<br />

pouvait <strong>en</strong>core trouver <strong>de</strong> barbarie sous l'élégance<br />

et la frivolité <strong>de</strong> ce temps. <strong>Le</strong>s meurtres paraiss<strong>en</strong>t<br />

plus odieux parce qu'ils sont ordonnés sans foi et<br />

par routine. <strong>Le</strong>s juges continu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> condamner, les<br />

bourreaux <strong>de</strong> tuer, par servilité, par complaisance.<br />

» Au milieu <strong>de</strong> tant d'horreur, la France n'avait<br />

témoigné ni regret ni pitié. Quelques années<br />

s'étai<strong>en</strong>t passées; elle avait tout oublié. Ces plaintes<br />

déchirantes <strong><strong>de</strong>s</strong> exilés, ces <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> garanties,<br />

cette dignité <strong>de</strong> l'individu, cette résistance à<br />

l'oppression, ce sérieux du coeur, ne parur<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong>tôt aux Français qu'un style <strong>de</strong> "réfugiés". Cela<br />

aida sans doute les proscrits à affermir leurs coeurs<br />

1293


sans regar<strong>de</strong>r <strong>en</strong> arrière.<br />

» <strong>Le</strong>s persécutions que les catholiques ont fait<br />

subir aux protestants ont corrompu les premiers. <strong>La</strong><br />

comparaison perpétuelle, que les int<strong>en</strong>dants étai<strong>en</strong>t<br />

chargés <strong>de</strong> faire <strong>en</strong>tre la conviction religieuse et les<br />

intérêts, était avilissante pour tous.<br />

» Déjà l'exemple <strong>de</strong> la noblesse, par ses<br />

abjurations intéressées, avait <strong>en</strong>seigné bi<strong>en</strong> haut<br />

qu'il n'y a qu'une chose sérieuse dans la vie : les<br />

bi<strong>en</strong>s et la fortune. [!] C'était le mot <strong>de</strong> Bâville.<br />

» Il y eut quelque chose <strong>de</strong> plus odieux que les<br />

supplices. Je veux dire les mépris, les brutalités, les<br />

outrages <strong>en</strong>vers les convictions. On donnait huit<br />

jours à une population pour se convertir après cela<br />

le sabre. <strong>La</strong> légèreté, comme tyran, aidait à la<br />

cruauté. On riait <strong>de</strong> ces âmes quand on les avait<br />

flétries. <strong>Le</strong> duc <strong>de</strong> Noailles écrit à Louvois : "<strong>Le</strong><br />

nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> religionnaires dans cette province est<br />

<strong>de</strong> 240 000. Je crois qu'à la fin du mois, tout sera<br />

expédié." Jamais pareil cynisme dans la<br />

persécution. On ne recevait les hommes à merci<br />

1294


qu'après les avoir dégradés. L'athéisme <strong>de</strong>vait sortir<br />

<strong>de</strong> là; Bayle eut le mérite <strong>de</strong> l'annoncer le premier.<br />

» Louis XIV, Louvois, Tellier [jésuite,<br />

confesseur du roi] extirpèr<strong>en</strong>t Dieu. <strong>Le</strong>s<br />

missionnaires bottés déchristianisèr<strong>en</strong>t les<br />

catholiques.<br />

» Cette histoire dégouttante <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong><br />

meurtre, pleine <strong>de</strong> gibets, <strong>de</strong> roues et <strong>de</strong> galères,<br />

produisit le mépris <strong>de</strong> toute religion, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vainqueurs comme <strong><strong>de</strong>s</strong> vaincus; le carnage<br />

continua par habitu<strong>de</strong> quand le fanatisme fut<br />

rassasié. <strong>La</strong> rég<strong>en</strong>ce vint; elle fit une nation athée.<br />

Mais le XVIIIe siècle continua <strong>de</strong> massacrer, <strong>de</strong><br />

p<strong>en</strong>dre, d'étrangler, par amusem<strong>en</strong>t...<br />

» Ainsi la Terreur a été le legs fatal <strong>de</strong> l'histoire<br />

<strong>de</strong> France.<br />

» Note <strong>de</strong> l'auteur. – J'ai déjà marqué cette<br />

tradition dans <strong>Le</strong> Christianisme et <strong>La</strong> Révolution<br />

française, 1845, et dans la Philosophie <strong>de</strong> l'Histoire<br />

<strong>de</strong> France, 1854. » (<strong>La</strong> Révolution, tome II.)<br />

1295


C'est nous qui soulignons dans les trois <strong>de</strong>rniers<br />

paragraphes.<br />

Pour bi<strong>en</strong> apprécier la justesse <strong>de</strong> ce legs fatal,<br />

il faut savoir ce que fur<strong>en</strong>t les dragonna<strong><strong>de</strong>s</strong>, ce que<br />

fut la Révocation <strong>de</strong> l'Édit <strong>de</strong> Nantes. Aussi<br />

croyons-nous utile <strong>de</strong> signaler au lecteur le tableau<br />

d'<strong>en</strong>semble clair, précis, poignant dans sa<br />

simplicité, qu'<strong>en</strong> donne l'Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Protestants <strong>de</strong><br />

France, par Charles Bost, pasteur au Havre (éd. <strong>de</strong><br />

la Cause, Neuilly-sur-Seine, 1925, p. 79-126).<br />

Quelques mois avant <strong>de</strong> mourir, <strong>en</strong> 1715, Louis<br />

XIV déclara officiellem<strong>en</strong>t que tous les anci<strong>en</strong>s<br />

protestants du royaume étai<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>sés avoir abjuré.<br />

Et cep<strong>en</strong>dant, après tous ses « revers, voyant la<br />

monarchie dépérir <strong>en</strong> ses mains décrépites, et<br />

sortant <strong>en</strong>fin <strong>de</strong> son long aveuglem<strong>en</strong>t, il rappela à<br />

ses conseillers, laïques et ecclésiastiques, qu'il<br />

n'avait ri<strong>en</strong> fait ni décidé, <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> religion,<br />

que d'après leurs avis, et que ce serait à eux, à <strong>Le</strong><br />

Tellier [son confesseur jésuite] et aux cardinaux, à<br />

répondre <strong>de</strong>vant Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs qu'il avait pu<br />

1296


commettre. » (Chastel, Histoire du Christianisme,<br />

tome IV, page 203.)<br />

(a22) DATES PROPHÉTIQUES. – Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a37.<br />

(a23) LA GUERRE À LA BIBLE AU<br />

MOYEN ÂGE. – « <strong>Le</strong> décret <strong>de</strong> Toulouse, 1229, ...<br />

établissait le tribunal affreux <strong>de</strong> l'inquisition contre<br />

tous les lecteurs <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong> langue vulgaire.<br />

C'était un décret <strong>de</strong> feu, <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong> dévastation.<br />

Dans ses chapitres III, IV, V et VI, il ordonnait<br />

qu'on détruisit <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t jusqu'aux maisons, aux<br />

plus humbles cachettes et même aux retraites<br />

souterraines <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes convaincus <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r<br />

les Écritures, qu'on les poursuivit jusque dans leurs<br />

forêts et les antres <strong>de</strong> la terre, qu'on punit même<br />

sévèrem<strong>en</strong>t jusqu'à leurs receleurs. » En<br />

conséqu<strong>en</strong>ce, l'Écriture « fut prohibée partout; elle<br />

disparut <strong>en</strong> quelque sorte <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la terre, elle<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>c<strong>en</strong>dit au sépulcre. ... Ces décrets <strong>de</strong> mort<br />

promulgués d'abord au concile <strong>de</strong> Toulouse<br />

[fur<strong>en</strong>t] suivis durant 500 années d'innombrables<br />

supplices où le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> saints coula comme <strong>de</strong><br />

1297


l'eau. » (L. Gauss<strong>en</strong>, <strong>Le</strong> Canon <strong><strong>de</strong>s</strong> Saintes<br />

Écritures, tome II, ch. VII, sec. 5, thèse 561, et ch.<br />

XIII, sec. 2, these 641, par. 2) Voir E. Petavel, <strong>La</strong><br />

Bible <strong>en</strong> France, ch. II, par. 3, 8-10, 13, 21 (édition<br />

<strong>de</strong> Paris, 1864); D. Lortsch, Histoire <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong><br />

France, ch. II et III, p. 12-44. Paris et G<strong>en</strong>ève,<br />

1910.<br />

(a24) UN PEUPLE ATHÉE ET LICENCIEUX<br />

EN 1793. – Paroles <strong>de</strong> sir Walter Scott, dans sa «<br />

Vie <strong>de</strong> Napoléon Bonaparte ». <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> citation<br />

est tirée <strong>de</strong> Blackwood's Magazine, numéro <strong>de</strong><br />

novembre 1870. <strong>La</strong> troisième, au bas <strong>de</strong> la même<br />

page est <strong>en</strong>core <strong>de</strong> Walter Scott, Ouv. cité. Comme<br />

on l'a vu à la note pour la page 286, cette vague<br />

d'incrédulité et d'immoralité qui submergeait tout<br />

un peuple avait <strong><strong>de</strong>s</strong> causes lointaines et bi<strong>en</strong><br />

précises. Voici <strong>en</strong>core quelques témoignages à<br />

l'appui <strong>de</strong> cette thèse :<br />

« <strong>La</strong> France, écrit Paul Seippel, se saigna du<br />

meilleur <strong>de</strong> son sang et l'infusa aux nations<br />

voisines pour leur plus grand bi<strong>en</strong>. Par les lois <strong>de</strong><br />

l'hérédité, cet affaiblissem<strong>en</strong>t se fera s<strong>en</strong>tir sur tout<br />

1298


le cours <strong>de</strong> son histoire. » (<strong>Le</strong>s Deux Frances)<br />

« Depuis plus d'un siècle, a dit M. Brunetière,<br />

[les protestants] représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t la substance morale<br />

<strong>de</strong> la France. ... N'avoir pas s<strong>en</strong>ti ce qu'il y avait <strong>de</strong><br />

force et <strong>de</strong> vertu morale dans le protestantisme,<br />

avoir sacrifié au règne <strong>de</strong> l'unité extérieure et<br />

appar<strong>en</strong>te la plus substantielle <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités, n'avoir<br />

pas compris que tout ce qu'on <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ait contre le<br />

protestantisme, on l'accomplissait au profit du<br />

déisme et du libertinage, voilà ce qu'on ne saurait<br />

trop reprocher à la mémoire <strong>de</strong> Louis XIV [ou<br />

plutôt à celle du clergé influ<strong>en</strong>cé par la cour <strong>de</strong><br />

Rome]. (Cité par Bonnet-Maury, I<strong>de</strong>m.)<br />

« Époque <strong>de</strong> démoralisation profon<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

scandaleuse incrédulité, dit Vulliet. L'exemple était<br />

parti <strong>de</strong> France, et nulle part le désordre moral ne<br />

se montra aussi grand. Mais la contagion se<br />

répandit cep<strong>en</strong>dant dans tout l'Occid<strong>en</strong>t, préparant<br />

les terribles calamités qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t affliger l'Europe<br />

vers la fin du XVIIIe siècle. »<br />

« À la vue <strong>de</strong> pareils scandales, donnés par<br />

1299


l'élite <strong>de</strong> la société française, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il<br />

aurait été possible que <strong>de</strong> tels faits ne r<strong>en</strong>diss<strong>en</strong>t<br />

pas incrédule Ia génération qui <strong>en</strong> était témoin.<br />

Comm<strong>en</strong>t les esprits généreux ne se serai<strong>en</strong>t-ils pas<br />

détournés avec dégoût d'une Église qui, tout <strong>en</strong> se<br />

respectant si peu elle-même, maint<strong>en</strong>ait à toute<br />

outrance contre les malheureux protestants les édits<br />

persécuteurs <strong>de</strong> Louis XIV, les traquait comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bêtes fauves dans les déserts où ils allai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre à<br />

Dieu leur culte, brûlait ou rouait leurs ministres,<br />

<strong>en</strong>tassait leurs adhér<strong>en</strong>ts les plus zélés sur les<br />

galères du roi, <strong>en</strong>fouissait dans les cachots<br />

d'Aigues-Mortes <strong>de</strong> pauvres femmes prises <strong>en</strong><br />

flagrant délit <strong>de</strong> prière dans quelque maison isolée<br />

ou au fond <strong><strong>de</strong>s</strong> bois? » (Histoire mo<strong>de</strong>rne, Prélu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> la Révolution, 3e éd., p. 351, 352, 353. G.<br />

Bri<strong>de</strong>l, <strong>La</strong>usanne)<br />

« Ri<strong>en</strong> n'est triste comme l'histoire religieuse<br />

du dix-huitième siècle. <strong>La</strong> piété languit; la sci<strong>en</strong>ce<br />

est nulle, du moins du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> déf<strong>en</strong>seurs du<br />

christianisme. En Angleterre et <strong>en</strong> Allemagne, un<br />

v<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong>séchant souffle sur les coeurs et les esprits.<br />

1300


» Et cep<strong>en</strong>dant, les attaques <strong>de</strong> la philosophie<br />

sont plus pressantes et toujours mieux écoutées. Il<br />

faut bi<strong>en</strong> y répondre. <strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t, les répliques<br />

ne s'élèv<strong>en</strong>t pas au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus d'un indigeste fatras; si<br />

l'on excepte Duguet et l'abbé Gu<strong>en</strong>ée, les<br />

champions <strong>de</strong> la foi ne sur<strong>en</strong>t montrer ni vigueur<br />

d'argum<strong>en</strong>tation, ni sci<strong>en</strong>ce soli<strong>de</strong>. Il aurait fallu<br />

d'ailleurs qu'ils puss<strong>en</strong>t dégager la vérité <strong>de</strong><br />

l'Évangile <strong>de</strong> tout ce qui la surchargeait et la<br />

r<strong>en</strong>dait haïssable, dans une Église privilégiée,<br />

opul<strong>en</strong>te et oppressive. ...<br />

» [<strong>Le</strong> clergé <strong>de</strong>] Paris se signale par <strong>de</strong><br />

déplorables scandales. Trop souv<strong>en</strong>t il sert une<br />

messe à laquelle il ne croit plus; il porte à l'autel les<br />

parfums du boudoir. <strong>La</strong> race <strong><strong>de</strong>s</strong> abbés galants et<br />

libres-p<strong>en</strong>seurs est nombreuse. (L'Église et la<br />

Révolution française, par E. <strong>de</strong> Press<strong>en</strong>sé, Paris,<br />

1864, p. 13, 14, 15)<br />

« <strong>La</strong> débauche avait jusqu'alors gardé certains<br />

voiles; [sous la Rég<strong>en</strong>ce] le cynisme <strong><strong>de</strong>s</strong> moeurs,<br />

comme celui <strong>de</strong> la p<strong>en</strong>sée, s'affiche tout haut. ...<br />

Jamais il ne s'était vu telle légèreté <strong>de</strong> conduite ni<br />

1301


telle lic<strong>en</strong>ce d'esprit. » (Duruy, Histoire <strong>de</strong> France,<br />

21e édition, tome II, p. 358)<br />

(a25) CRUAUTÉS COMMISES AU SIÈCLE<br />

POLl DE LOUIS XIV. – Wylie, Hist. of<br />

Protestantism, liv. XXII, ch. 7.<br />

Dans un discours prononcé à Paris, le 23<br />

octobre 1885, le pasteur Eugène Bersier fait<br />

allusion au « drame atroce qui se reproduit sur tous<br />

les points <strong>de</strong> la France, dans ce siècle qui s'émeut<br />

aux vers mélodieux <strong>de</strong> Racine, qui savoure les<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la morale la plus délicate, et qui<br />

vante la clém<strong>en</strong>ce et la douceur <strong>de</strong> Louis. »<br />

(Quelques pages <strong>de</strong> l'Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Hugu<strong>en</strong>ots, par<br />

Eug<strong>en</strong>e Bersier, Paris, Fischbacher, 1891, p. 120)<br />

(a26) GLORIFICATION DU MASSACRE DE<br />

LA SAINT-BARTHÉLÉMY. – Cité <strong>de</strong> H<strong>en</strong>ry<br />

White, The Massacre of St Bartholomew.<br />

Faits incontestables. « <strong>La</strong> municipalité <strong>de</strong> Paris<br />

donna <strong><strong>de</strong>s</strong> gratifications aux archers qui avai<strong>en</strong>t<br />

aidé au massacre, ... aux fossoyeurs, pour avoir<br />

1302


<strong>en</strong>terré <strong>de</strong>puis huit jours onze c<strong>en</strong>ts corps ou<br />

<strong>en</strong>viron; <strong>en</strong>fin elle fit frapper <strong><strong>de</strong>s</strong> médailles pour<br />

mémoire du jour <strong>de</strong> Saint-Barthélemy. (Dict. adm.<br />

et histor., par F. et L. <strong>La</strong>zare, 1855. Cite par Duruy,<br />

Hist. <strong>de</strong> France, tome II, p. 36, note. Paris, 1876)<br />

Voir une importante bibliographie sur le sujet dans<br />

l'Encyclopédie <strong><strong>de</strong>s</strong> Sci<strong>en</strong>ces religieuses, par<br />

Licht<strong>en</strong>berger.<br />

« <strong>La</strong> nouvelle <strong>de</strong> la tuerie <strong>de</strong> Paris fut<br />

immédiatem<strong>en</strong>t portée à Rome, où le cardinal <strong>de</strong><br />

Lorraine déclara qu'il l'avait conseillée <strong>de</strong>puis<br />

plusieurs mois. <strong>Le</strong> pape, qui crut à une conspiration<br />

hugu<strong>en</strong>ote, ordonna <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> grâces. Il fit<br />

exécuter un tableau <strong>de</strong> la scène et frapper une<br />

médaille commémorative. R<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> France, le<br />

cardinal <strong>de</strong> Lorraine, au nom du clergé du<br />

royaume, félicita publiquem<strong>en</strong>t le roi <strong>de</strong> son acte; il<br />

lui remit, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'Église, à titre <strong>de</strong><br />

remerciem<strong>en</strong>ts, un don d'arg<strong>en</strong>t considérable, avec,<br />

<strong>en</strong> plus, 800 000 livres pour H<strong>en</strong>ri d'Anjou. » (Ch.<br />

Bost, Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Protestants <strong>de</strong> France, p. 66)<br />

(a27) ÉCRASEZ L'INFÂME. – Confondant –<br />

1303


comme aujourd'hui <strong>en</strong>core – le pur Évangile avec<br />

la superstition et le <strong><strong>de</strong>s</strong>potisme clérical, les<br />

incrédules <strong>de</strong> la fin du XVIIIe siècle attaquèr<strong>en</strong>t la<br />

religion chréti<strong>en</strong>ne avec une viol<strong>en</strong>ce inouïe.<br />

« Voltaire, <strong>en</strong> parlant <strong>de</strong> Jésus-Christ et <strong>de</strong> sa<br />

religion, disait habituellem<strong>en</strong>t à ses amis : "Écrasez<br />

l'infâme", et, écrivant à d'Alembert pour l'animer<br />

contre le christianisme, il lui mandait (lettre du 18<br />

mai 1762) : "Il faut qu'il y ait c<strong>en</strong>t mains invisibles<br />

qui perc<strong>en</strong>t le monstre, et qu'il tombe <strong>en</strong>fin sous<br />

mille coups redoublés." » (Crimes <strong>de</strong> la Révolution<br />

française, par un curé, Paris, 1820, p. 109)<br />

« P<strong>en</strong>dant plus <strong>de</strong> vingt ans, dit l'abbé Pagès,<br />

on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d Voltaire crier sans répit à ses disciples<br />

"Écrasons l'infâme" , c'est-à-dire le christianisme,<br />

qu'il nomme aussi l'erreur, le préjugé, le fanatisme,<br />

la superstition, le colosse, le monstre, etc.<br />

« Ah! frère, écrivait-il au marquis d'Arg<strong>en</strong>s, si<br />

vous voulez "écraser l'erreur, frère, vous êtes bi<strong>en</strong><br />

tiè<strong>de</strong>!" »<br />

1304


« À d'Alembert, le 8 avril 1761 : "Que nul, ...<br />

n'oublie le premier <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs, qui est d'anéantir<br />

l'infâme; confon<strong>de</strong>z l'infâme le plus que vous<br />

pourrez." »<br />

« À Damilaville, le mois suivant : "Courez tous<br />

sur l'infâme habilem<strong>en</strong>t. Ce qui m'intéresse, c'est le<br />

progrès <strong>de</strong> la philosophie et l'avilissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'infâme." »<br />

« À Helvétius, le 1er mai 1763 : "Vous pouvez<br />

plus que toujours écraser l'erreur." »<br />

« À d'Alembert, le 28 septembre 1763 : "J'ai<br />

toujours peur que vous ne soyez pas assez zélé.<br />

Vous <strong>en</strong>fouissez vos tal<strong>en</strong>ts, vous vous cont<strong>en</strong>tez<br />

<strong>de</strong> mépriser un monstre qu'il faut abhorrer et<br />

détruire. Que vous coûterait-il <strong>de</strong> l'écraser <strong>en</strong><br />

quatre pages, ayant la mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie <strong>de</strong> lui laisser<br />

ignorer qu'il meurt <strong>de</strong> votre main?" » (L'Héroïsme<br />

du Clergé p<strong>en</strong>dant la Révolution française, par<br />

l'abbé Pagès, p. 4, 5, 6)<br />

« Ils formai<strong>en</strong>t une ligue (ce qui est pat<strong>en</strong>t),<br />

1305


leur correspondance <strong>en</strong> fournit d'irrécusables<br />

preuves. <strong>Le</strong> christianisme y est désigné du nom<br />

d'infâme ou <strong>de</strong> superstition christicole; les apôtres<br />

y sont appelés douze faquins (1). On y conseille <strong>de</strong><br />

mépriser les plus savants p<strong>en</strong>seurs "autant que s'ils<br />

étai<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> saints Pères" (2). Il y est parlé <strong>de</strong><br />

l'extravagance et <strong>de</strong> la fourberie <strong>de</strong> saint Paul (3).<br />

On y voit un M. Desmarets qui s'<strong>en</strong> va faire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observations d'histoire naturelle pour "donner le<br />

dém<strong>en</strong>ti à Moïse" (4). <strong>Le</strong>ur plan était si connu, que<br />

le lieut<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> police, M. Hérault, disait à Voltaire<br />

: "Vous avez beau faire, Monsieur, quoi que vous<br />

écriviez, vous ne vi<strong>en</strong>drez pas à bout <strong>de</strong> détruire la<br />

religion chréti<strong>en</strong>ne." Et celui-ci n'hésitait pas à lui<br />

répondre : "C'est ce que nous verrons (5)." "O mes<br />

philosophes! s'écriait le chef <strong>de</strong> la conjuration, il<br />

faudrait marcher serrés comme la phalange<br />

macédoni<strong>en</strong>ne ...; vous <strong>en</strong>fouissez vos tal<strong>en</strong>ts, vous<br />

vous cont<strong>en</strong>tez <strong>de</strong> mépriser un monstre qu'il faut<br />

abhorrer et détruire ...; travaillez donc à la vigne,<br />

écrasez l'infâme (6)." »<br />

Sources données par Roselly <strong>de</strong> Lorgues (<strong>Le</strong><br />

Christ <strong>de</strong>vant le siècle); (1) Voltaire, lettre à<br />

1306


d'Alembert, 24 juin 1760. (2) Voltaire, lettre à<br />

Damilaville, 1765. (3) Voltaire, lettre à d'Alembert,<br />

13 janvier 1769. (4) D'Alembert, lettre à Voltaire,<br />

30 juin 1764. (5) Barruel, Mémoires pour servir à<br />

l'histoire du Jacobinisme. (6) Voltaire, lettres à<br />

d'Alembert, 20 avril 1761, 28 septembre 1763, 13<br />

février 1764. (L.-F. Hivert, éditeurs, Paris, 1842.)<br />

(a28) APOSTASIE DE L'ÉVÊQUE GOBEL. –<br />

Scott, ouvrage cité plus haut. L'abjuration <strong>de</strong><br />

l'évêque Gobel, <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques Lin<strong>de</strong>t, <strong>La</strong>lan<strong>de</strong> et<br />

autres fut accompagnée ou suivie <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />

pasteurs protestants et <strong>de</strong> rabbins. <strong>Le</strong>s rétractations<br />

fur<strong>en</strong>t suivies d'offran<strong><strong>de</strong>s</strong> patriotiques tirées <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

trésors <strong><strong>de</strong>s</strong> églises et Synagogues : chapes, vases<br />

précieux, ornem<strong>en</strong>ts sacerdotaux, coupes d'arg<strong>en</strong>t,<br />

etc.<br />

(a29) L'ATHÉÏSME DE LA CONVENTION. –<br />

Scott, ouvrage cité.<br />

Pour r<strong>en</strong>dre d'une façon vivante et concise<br />

l'attitu<strong>de</strong> et les int<strong>en</strong>tions <strong><strong>de</strong>s</strong> Conv<strong>en</strong>tionnels <strong>en</strong> ce<br />

qui concernait la religion, Taine les fait parler <strong>en</strong><br />

1307


ces termes :<br />

« Nous avons déjà honni <strong>de</strong> France les<br />

ecclésiastiques inserm<strong>en</strong>tés, <strong>en</strong>viron quarante mille<br />

prêtres, et nous déportons tous ceux qui n'ont pas<br />

franchi la frontière dans le délai fixé; nous ne<br />

souffrons sur le sol français que les sexagénaires et<br />

les infirmes, et <strong>en</strong>core à l'état <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>us et <strong>de</strong><br />

reclus; peine <strong>de</strong> mort contre eux, s'ils ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

pas s'<strong>en</strong>tasser dans la prison <strong>de</strong> leur chef-lieu; peine<br />

<strong>de</strong> mort contre les bannis qui r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t; peine <strong>de</strong><br />

mort contre les receleurs <strong>de</strong> prêtres. Par suite, faute<br />

<strong>de</strong> clergé orthodoxe, il n'y aura plus <strong>de</strong> culte<br />

orthodoxe. <strong>La</strong> plus dangereuse <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

manufactures <strong>de</strong> superstition [catholicisme et<br />

protestantisme] est fermée. ... Privé <strong>de</strong> conducteurs<br />

par ces désertions volontaires ou forcées, le<br />

troupeau catholique se laissera aisém<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>er<br />

hors <strong>de</strong> la bergerie, et, pour lui ôter la t<strong>en</strong>tation d'y<br />

r<strong>en</strong>trer, nous démolirons le vieil <strong>en</strong>clos.<br />

» Dans les communes où nous sommes maîtres,<br />

nous nous ferons <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, par les jacobins du<br />

lieu, L'ABOLITION DU CULTE, et nous<br />

1308


l'abolirons d'autorité dans les autres communes par<br />

nos représ<strong>en</strong>tants <strong>en</strong> mission. Nous fermerons les<br />

églises, nous abattrons les clochers, nous fondrons<br />

les cloches, nous <strong>en</strong>verrons les vases sacrés à la<br />

Monnaie, nous briserons les saints, nous<br />

profanerons les reliques, nous interdirons<br />

l'<strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t religieux, nous imposerons<br />

l'<strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t civil, nous prescrirons le repos décadi<br />

et le travail du dimanche.<br />

» POINT D'EXCEPTION : puisque TOUTE<br />

RELIGION POSITIVE est une maîtresse d'erreurs,<br />

NOUS PROSCRIRONS TOUS LES CULTES;<br />

nous exigerons <strong><strong>de</strong>s</strong> ministres PROTESTANTS une<br />

abjuration publique; nous déf<strong>en</strong>drons aux JUIFS <strong>de</strong><br />

pratiquer leurs cérémonies; NOUS FERONS "UN<br />

AUTODAFÉ DE TOUS LES LIVRES ET<br />

SIGNES DU CULTE DE MOÏSE". Mais, parmi<br />

les diverses machines <strong>de</strong> jonglerie, c'est la<br />

catholique qui est la pire, la plus hostile à la nature<br />

par le célibat <strong>de</strong> ses prêtres, la plus contraire à la<br />

raison par l'obscurité <strong>de</strong> ses dogmes, la plus<br />

opposée à l'institution démocratique, ... puisque son<br />

chef est hors <strong>de</strong> France. ...<br />

1309


» RIEN NE NOUS TIENT PLUS À COEUR<br />

QUE CETTE GUERRE AU CATHOLICISME;<br />

aucun article <strong>de</strong> notre programme ne sera exécuté<br />

avec autant d'insistance et <strong>de</strong> persévérance, c'est<br />

qu'il s'agit <strong>de</strong> LA VÉRITÉ : NOUS EN SOMMRS<br />

LES DÉPOSITAIRES, les champions, les<br />

ministres, et jamais serviteurs <strong>de</strong> la vérité n'auront<br />

appliqué la force avec tant <strong>de</strong> détail et <strong>de</strong> suite à<br />

l'extirpation <strong>de</strong> l'erreur. ...<br />

» À la vérité, nous avons à gar<strong>de</strong>r les<br />

appar<strong>en</strong>ces, et, <strong>en</strong> parole, nous décréterons la<br />

liberté <strong><strong>de</strong>s</strong> cultes. Mais, <strong>en</strong> fait et <strong>en</strong> pratique, nous<br />

détruirons l'officine et nous empêcherons le débit<br />

<strong>de</strong> la drogue; IL N'Y AURA PLUS DE CULTE<br />

CATHOLIQUE EN FRANCE, pas un baptême,<br />

pas une confession, pas un mariage, pas une<br />

extrême-onction, pas une messe; nul ne fera ou<br />

n'écoutera un sermon, personne n'administrera ou<br />

ne recevra un sacrem<strong>en</strong>t sauf <strong>en</strong> cachette et avec<br />

l'échafaud et la prison pour perspective. » (<strong>Le</strong>s<br />

Origines <strong>de</strong> la France contemporaine, par H. Taine,<br />

vol. VII, Paris, Hachette, 1904, 24e éd.)<br />

1310


« C'est <strong>en</strong> vain que pour ranimer la ferveur on<br />

remplaça à Paris et dans les départem<strong>en</strong>ts les<br />

actrices par les prostituées. L'<strong>en</strong>nui et le dégoût<br />

frappèr<strong>en</strong>t le nouveau culte <strong><strong>de</strong>s</strong> ses débuts. On<br />

essaya <strong>de</strong> l'égayer par la débauche. L'église <strong>de</strong><br />

Saint-Eustache fut transformée <strong>en</strong> un vaste cabaret.<br />

D'anci<strong>en</strong>s prêtres dansai<strong>en</strong>t la carmagnole avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

courtisanes autour <strong>de</strong> grands feux où brûlai<strong>en</strong>t<br />

missels et livres saints, chapes et reliques. Ce délire<br />

fut propagé comme une sorte <strong>de</strong> danse macabre sur<br />

tous les points du pays. À Lyon, un âne fut<br />

prom<strong>en</strong>é processionnellem<strong>en</strong>t, revêtu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ornem<strong>en</strong>ts sacerdotaux. » (L'Église et la<br />

Révolution française, par E. <strong>de</strong> Press<strong>en</strong>sé, Paris,<br />

1864, p. 280)<br />

LA BIBLE LIVRÉE AUX FLAMMES. – Dans<br />

le numéro du 14 novembre 1793 <strong>de</strong> la Gazette<br />

nationale et Moniteur universel, on lit :<br />

« <strong>Le</strong> club du Musée annonce [à la Conv<strong>en</strong>tion]<br />

que les citoy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> cette section ont fait justice <strong>de</strong><br />

tous les livres <strong>de</strong> la superstition et du m<strong>en</strong>songe.<br />

1311


Bréviaires, livres <strong>de</strong> prières, ANCIENS ET<br />

NOUVEAUX TESTAMENTS ont expié, dans un<br />

grand feu, les folies qu'ils ont fait commettre au<br />

g<strong>en</strong>re humain. »<br />

Un peu plus loin, le même journal raconte qu'à<br />

Lyon, après avoir fait boire du vin à un âne <strong>en</strong><br />

parodie <strong>de</strong> la sainte Cène, on lui fit traîner UNE<br />

BIBLE par les rues.<br />

« N'a-t-on pas vu pousser l'impiété jusqu'à<br />

contraindre qu'on livrât LES LIVRES SAINTS et<br />

liturgiques pour être brûlés publiquem<strong>en</strong>t? (Crimes<br />

<strong>de</strong> la Révolution française, par un curé, Paris,<br />

1820, p. 106)<br />

Voilà comm<strong>en</strong>t la « Bête qui monte <strong>de</strong> l'abîme<br />

», <strong>de</strong>vait faire « la guerre aux <strong>de</strong>ux témoins, et les<br />

vaincre, et les tuer »; et comm<strong>en</strong>t leurs corps morts<br />

<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t « <strong>de</strong>meurer ét<strong>en</strong>dus dans la place <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> cité ». (Apocalypse 11.7,8)<br />

LA MORT DES DEUX TÉMOINS, D'APRÈS<br />

JURIEU. – Dans son livre : L'Accomplissem<strong>en</strong>t<br />

1312


<strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties, publié à Rotterdam <strong>en</strong> 1686, (vol.<br />

II, p. 175), Pierre Jurieu comm<strong>en</strong>te <strong>en</strong> ces termes le<br />

verset 8 d'Apocalypse ch. 11 :<br />

« Il est à observer qu'il n'y a pas dans le texte<br />

sur les places, au pluriel, comme dans notre version<br />

française; il y a sur la place, au singulier. Et je ne<br />

saurais m'empêcher <strong>de</strong> croire que ceci a un<br />

particulier égard À LA FRANCE, qui est<br />

assurém<strong>en</strong>t aujourd'hui la plus émin<strong>en</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

provinces <strong>de</strong> l'Empire du Papisme. Son roi<br />

s'appelle le Fils aîné <strong>de</strong> l'Église, le Roy très<br />

chréti<strong>en</strong>, c'est-à-dire très papiste, d'après la langue<br />

<strong>de</strong> Rome. Ce sont les rois <strong>de</strong> France qui ont fait<br />

grands les papes par leurs libéralités. C'est l'État <strong>de</strong><br />

l'Europe aujourd'hui le plus florissant. C'est, <strong>en</strong> un<br />

mot, la place <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> cité. Et je crois que c'est<br />

PARTICULIÈREMENT EN FRANCE que les<br />

témoins doiv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>meurer morts; c'est-à-dire que<br />

LA PROFESSION DE LA VÉRITABLE<br />

RELIGION DOIT ÊTRE ENTIÈREMENT<br />

ABOLIE... LA VÉRITÉ SERA MISE À MORT,<br />

mais elle ne sera pas <strong>en</strong>sevelie. <strong>La</strong> sépulture est un<br />

<strong>de</strong>gré au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la mort, elle est toujours conjointe<br />

1313


avec la corruption et la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction totale. »<br />

L'auteur <strong>de</strong> cette étonnante interprétation faite<br />

c<strong>en</strong>t sept ans avant l'événem<strong>en</strong>t, naquit près <strong>de</strong><br />

Blois, <strong>en</strong> 1637, et mourut <strong>en</strong> 1713, à Rotterdam, où<br />

il était pasteur <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés français. Appelé, <strong>de</strong> son<br />

vivant, « l'illustre Junieu », il combattit avec<br />

véhém<strong>en</strong>ce le régime persécuteur qui régnait <strong>en</strong><br />

France, et soutint une longue et âpre controverse<br />

avec Bossuet, Maimbourg, Arnauld, Bayle et<br />

autres.<br />

C'est nous qui avons mis les majuscules dans le<br />

texte qui précè<strong>de</strong>.<br />

Trois ans et <strong>de</strong>mi. (Voir page 308.) – <strong>La</strong><br />

prophétie annonçait qu'au bout <strong>de</strong> trois ans et <strong>de</strong>mi<br />

– représ<strong>en</strong>tés par la pério<strong>de</strong> prophétique et<br />

symbolique <strong>de</strong> trois jours et <strong>de</strong>mi – on verrait un<br />

revirem<strong>en</strong>t complet se produire. Cet événem<strong>en</strong>t se<br />

r<strong>en</strong>contre à la date fixée par la prophétie, sur les<br />

pages <strong>de</strong> la Gazette nationale et Moniteur<br />

universel. <strong>La</strong> proscription sol<strong>en</strong>nelle <strong>de</strong> tous les<br />

cultes avait été r<strong>en</strong>due le 30 Brumaire, soit le 20<br />

1314


novembre 1793. <strong>Le</strong> décret officiel <strong>de</strong> réhabilitation<br />

fut r<strong>en</strong>du par le Corps législatif ou Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Cinq-C<strong>en</strong>ts le 17 juin 1797, soit au bout <strong>de</strong> trois<br />

ans, six mois et vingt-huit jours!<br />

(a30) RESPONSABILITÉ RESPECTIVE DU<br />

TRÔNE ET DE L'ÉGLISE. – Dans le saisissant<br />

tableau <strong>de</strong> Quinet, que nous reproduisons à la note<br />

correspondant à la page 286 (Conséqu<strong>en</strong>ces<br />

logiques <strong>de</strong> la persécution <strong>en</strong> France), cet histori<strong>en</strong><br />

semble faire retomber sur la monarchie, sur le<br />

gouvernem<strong>en</strong>t civil, la responsabilité principale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>dites persécutions. <strong>La</strong> vérité exige d'<strong>en</strong> attribuer<br />

la part principale au clergé <strong>de</strong> l'Église, guidé par la<br />

Curie romaine. <strong>La</strong> persécution fait partie <strong>de</strong> son<br />

dogme « infaillible ». Mgr Beaudrillart, évêque<br />

d'Himeria et plus tard cardinal, <strong>en</strong> fait l'aveu avec<br />

une franchise étonnante lorsqu'il écrit :<br />

« En face <strong>de</strong> l'hérésie, l'Église ne se borne pas à<br />

persua<strong>de</strong>r; les argum<strong>en</strong>ts d'ordre intellectuel et<br />

moral lui paraiss<strong>en</strong>t insuffisants; elle a recours à la<br />

force, aux châtim<strong>en</strong>ts, aux supplices; elle crée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tribunaux comme celui <strong>de</strong> l'Inquisition; elle<br />

1315


invoque les lois <strong>de</strong> l'État; an besoin, elle déchaîne<br />

la croisa<strong>de</strong>, la guerre sainte, la guerre <strong>de</strong> religion;<br />

et toute son "horreur du sang" ne va dans la<br />

pratique qu'à le faire verser par le bras séculier,<br />

quand il s'y prête, ce qui est presque plus odieux,<br />

parce qu'<strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce moins franc, que <strong>de</strong> le verser<br />

soi-même. C'est ce qu'elle a fait notamm<strong>en</strong>t au<br />

XVIe siècle à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants. Elle ne s'est<br />

pas bornée à se régénérer moralem<strong>en</strong>t, à prêcher<br />

d'exemple, à convertir les peuples par d'éloqu<strong>en</strong>ts<br />

et saints missionnaires; elle a allumé <strong>en</strong> Italie, aux<br />

Pays-Bas et surtout <strong>en</strong> Espagne, les bûchers <strong>de</strong><br />

l'Inquisition; <strong>en</strong> France, sous François 1er et H<strong>en</strong>ri<br />

II, <strong>en</strong> Angleterre sons Marie Tudor, elle a torturé<br />

les hérétiques; <strong>en</strong> France et <strong>en</strong> Allemagne, p<strong>en</strong>dant<br />

la secon<strong>de</strong> moitié du XVIe et p<strong>en</strong>dant la première<br />

moitié du XVIIe siècle, si elle n'a pas comm<strong>en</strong>cé,<br />

du moins elle a <strong>en</strong>couragé et efficacem<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>u<br />

les guerres religieuses. » (P. 222, 223) (Alfred<br />

Beaudrillart, professeur à l'Institut catholique <strong>de</strong><br />

Paris, L'Église catholique, <strong>La</strong> R<strong>en</strong>aissance, <strong>Le</strong><br />

Protestantisme, confér<strong>en</strong>ces données à l'Institut<br />

catholique, janvier à mars 1904. Avec une lettrepréface<br />

<strong>de</strong> S. E. le cardinal Perraud, <strong>de</strong> l'Académie<br />

1316


française. Paris, Bloud et Cie, 1904)<br />

(a31) LA MISÈRE EN FRANCE APRES LA<br />

RÉVOCATION ET LES DRAGONNADES. – «<br />

L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands serviteurs <strong>de</strong> la France,<br />

Vauban, dans un mémoire confid<strong>en</strong>tiel adressé à<br />

Louvois avait, dès 1688, déploré la désertion <strong>de</strong><br />

150 000 hommes, la sortie <strong>de</strong> 60 millions, la ruine<br />

du commerce, les flottes <strong>en</strong>nemies grossies <strong>de</strong> 9<br />

000 matelots, les meilleurs du royaume, les armées<br />

étrangères <strong>de</strong> 600 officiers et <strong>de</strong> 12 000 soldats<br />

aguerris. Ce n'était là qu'une partie <strong>de</strong> la vérité, et,<br />

dans les années qui suivir<strong>en</strong>t, l'émigration continua,<br />

bravant une répression toujours plus cruelle...<br />

» On se rappelle les bénédictions divines que<br />

l'épiscopat français avait annoncées à Louis XIV;<br />

<strong>en</strong> face <strong>de</strong> ces prophéties il faut placer un<br />

docum<strong>en</strong>t accablant, ce sont les Mémoires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Int<strong>en</strong>dants du Roi exposant la situation du royaume<br />

vers 1700; cette <strong>en</strong>quête avait été provoquée par le<br />

duc <strong>de</strong> Beauvilliers, gouverneur du fils du<br />

Dauphin. Dans ces in-folios manuscrits dont<br />

Boulainvilliers publia quelques années plus tard un<br />

1317


ésumé <strong>en</strong> trois volumes sous ce titre : État <strong>de</strong> la<br />

France, on peut voir ce qu'avait produit<br />

l'absolutisme politique et religieux; notez que tout<br />

y est singulièrem<strong>en</strong>t atténué, car c'était chose fort<br />

périlleuse que <strong>de</strong> déplaire au Roi.<br />

» D'après ces rapports, la population du<br />

royaume, <strong>de</strong> 22 millions était tombée à 19; les<br />

ponts, les chaussées se dégradai<strong>en</strong>t partout; les<br />

routes étai<strong>en</strong>t peu sûres, les famines périodiques; la<br />

marine marchan<strong>de</strong> était ruinée <strong>en</strong> Normandie et <strong>en</strong><br />

Saintonge; <strong>en</strong> certaines provinces, les propriétaires<br />

ne touchai<strong>en</strong>t que la dixième partie <strong><strong>de</strong>s</strong> fermages<br />

qui leur étai<strong>en</strong>t dus; dans la généralité <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>,<br />

sur 750 000 habitants, 500 000 couchai<strong>en</strong>t<br />

littéralem<strong>en</strong>t sur la paille. En Touraine, le tiers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

laboureurs était parti; Tours avait 80 000 habitants,<br />

il n'<strong>en</strong> a plus que 33 000; Troyes <strong>en</strong> avait 60 000, il<br />

n'<strong>en</strong> a gardé que 20 000; même décad<strong>en</strong>ce à<br />

Nantes, à Ca<strong>en</strong>, à la Rochelle; le Périgord a perdu<br />

le tiers <strong>de</strong> sa population; l'Anjou, le quart, le<br />

Dauphiné, le huitième.<br />

» En appr<strong>en</strong>ant ces choses, le Roi fut consterné;<br />

1318


Fénelon qui les connaissait, voyait la monarchie<br />

incliner vers l'abîme; le Conseil du Roi <strong>de</strong>manda<br />

que l'on consultât les évêques sur la question <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

protestants; le cardinal <strong>de</strong> Noailles, archevêque <strong>de</strong><br />

Paris, inclinait vers la tolérance et rappelait<br />

l'exemple <strong>de</strong> l'Église <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers siècles; <strong>en</strong><br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> lui l'épiscopat tout <strong>en</strong>tier se prononça<br />

dans un s<strong>en</strong>s contraire, et, tout <strong>en</strong> avouant que les<br />

conversions obt<strong>en</strong>ues par la force étai<strong>en</strong>t peu <strong>de</strong><br />

chose, il <strong>de</strong>manda que l'on continuât l'emploi <strong>de</strong> la<br />

contrainte <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> sauver les générations à v<strong>en</strong>ir.<br />

(Quelques Pages <strong>de</strong> l'Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Hugu<strong>en</strong>ots, par<br />

Eugène Bersier, Paris, Fischbacher, 1891, p. 134,<br />

183)<br />

« <strong>La</strong> guerre, la mortalité, les logem<strong>en</strong>ts et<br />

passages continuels <strong><strong>de</strong>s</strong> g<strong>en</strong>s <strong>de</strong> guerre, la milice,<br />

les gros droits, la retraite <strong><strong>de</strong>s</strong> hugu<strong>en</strong>ots ont ruiné<br />

ce pays... Ces mots désolants, dit Duruy,<br />

revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à chaque page <strong><strong>de</strong>s</strong> mémoires que le roi<br />

<strong>de</strong>mandait aux int<strong>en</strong>dants à l'int<strong>en</strong>tion du duc <strong>de</strong><br />

Bourgogne, son petit-fils, sur la situation <strong>de</strong> leurs<br />

provinces...<br />

1319


» <strong>Le</strong>s ponts, les chemins sont dans un état<br />

déplorable et le commerce anéanti... Dans la<br />

généralité <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>, sur 700 000 habitants, 650<br />

000 ont pour lit une botte <strong>de</strong> paille. <strong>Le</strong> paysan,<br />

dans certaines provinces, revi<strong>en</strong>t à l'état <strong>de</strong><br />

sauvagerie vivant le plus souv<strong>en</strong>t d'herbes et <strong>de</strong><br />

racines, comme les bêtes; et farouche comme elles,<br />

il fuit quand on l'approche. "Il n'y a point <strong>de</strong> nation<br />

plus sauvage que ces peuples", dit <strong>de</strong> ses<br />

administrés l'int<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> Bourges; "on <strong>en</strong> trouve<br />

quelquefois <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes à la campagne, assis <strong>en</strong><br />

rond au milieu d'un champ et toujours loin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chemins; si l'on approche, cette ban<strong>de</strong> se dissipe<br />

aussitôt." » (Duruy, Histoire <strong>de</strong> France, tome II,<br />

21e éd., p. 311)<br />

« Sous la Rég<strong>en</strong>ce, dit le même auteur, la<br />

noblesse [était] accablée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes... les paysans <strong>en</strong><br />

certaines provinces, manquant <strong>de</strong> tout, même <strong>de</strong><br />

paille pour se coucher; ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> frontières passant<br />

à l'étranger; beaucoup <strong>de</strong> parties du territoire<br />

incultes et désertes. » (I<strong>de</strong>m, p. 349)<br />

Taine cite <strong>de</strong> nombreux témoignages qui<br />

1320


confirm<strong>en</strong>t et acc<strong>en</strong>tu<strong>en</strong>t ce tableau. (Ouv. cité,<br />

tome II, p. 200, 24e édition, Hachette, 1920)<br />

« Quel fut le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> exilés, victimes <strong>de</strong><br />

l'Édit <strong>de</strong> Révocation? » <strong>de</strong>man<strong>de</strong> D. Bonnefon<br />

(dans son Histoire <strong>de</strong> l'Église). Il répond : « On ne<br />

l'a pas <strong>en</strong>core précisé et peut-être ne le saura-t-on<br />

jamais. L'émigration <strong>en</strong>leva à la France <strong>en</strong>viron<br />

500 000 protestants, 1 580 pasteurs, 2 300 ouvriers,<br />

1 500 g<strong>en</strong>tilshommes. L'État et le clergé<br />

s'emparèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dix-sept mille propriétés<br />

confisquées à leurs légitimes possesseurs, chassés<br />

du pays <strong>de</strong> leurs pères. <strong>Le</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> cette<br />

émigration fur<strong>en</strong>t déplorables pour la France. <strong>La</strong><br />

prospérité intérieure fut tout à coup susp<strong>en</strong>due, car<br />

les protestants avai<strong>en</strong>t à peu près le monopole du<br />

commerce et <strong>de</strong> l'industrie. Par contre, ils<br />

<strong>en</strong>richir<strong>en</strong>t les contrées qui leur donnèr<strong>en</strong>t asile, et<br />

<strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t les promoteurs <strong>de</strong> leur prospérité. »<br />

(Paris, Bonhours et Cie, p. 373)<br />

Parlant du règne <strong>de</strong> Louis XIV, Calonne<br />

l'appelle : « Ce règne éclatant, où l'État<br />

s'appauvrissait par <strong><strong>de</strong>s</strong> victoires, tandis que le<br />

1321


oyaume se dépeuplait par l'intolérance. (I<strong>de</strong>m)<br />

« Dans un mémoire portant ce titre, Pour le<br />

rappel <strong><strong>de</strong>s</strong> Hugu<strong>en</strong>ots, prés<strong>en</strong>té à Louvois, au mois<br />

d'octobre 1669 [Vauban] constata que le projet <strong>de</strong><br />

réunir tous les réformés à l'Église catholique,<br />

apostolique et romaine avait échoué et que l'Édit<br />

révocatoire, loin <strong>de</strong> produire les effets att<strong>en</strong>dus,<br />

avait causé [<strong><strong>de</strong>s</strong> maux innombrables]. » (G.<br />

Bonnet-Maury, Histoire <strong>de</strong> la Liberté <strong>de</strong><br />

Consci<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> France, p. 58)<br />

(a32) SOUFFRANCES DU CLERGÉ ET DES<br />

CATHOLIQUES SOUS LA CONVENTION. –<br />

Voir l'Histoire religieuse <strong>de</strong> <strong>La</strong> Révolution<br />

française <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> la Gorce, <strong>de</strong> l'Académie<br />

française, <strong>en</strong> cinq volumes (Plon-Nourrit, Paris).<br />

Aux volumes II et III, l'auteur décrit les exo<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

les emprisonnem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> curés et d'évêques, cite les<br />

églises supprimées, démolies, désaffectées. À<br />

Bor<strong>de</strong>aux, les catholiques, injuriés, traqués,<br />

assaillis, expulsés, célèbr<strong>en</strong>t leur culte<br />

clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tinem<strong>en</strong>t et la nuit. L'expulsion antireligieuse<br />

est accompagnée <strong>de</strong> déportation, <strong>de</strong><br />

1322


massacres et <strong>de</strong> noya<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> prêtres.<br />

On calcule qu'au sortir <strong>de</strong> la Terreur la liste<br />

totale <strong><strong>de</strong>s</strong> fugitifs et <strong><strong>de</strong>s</strong> bannis cont<strong>en</strong>ait plus <strong>de</strong><br />

c<strong>en</strong>t cinquante mille noms. Il y <strong>en</strong> aurait eu<br />

davantage, si la frontière n'avait pas été gardée par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> patrouilles, si, pour la franchir, il n'avait pas<br />

fallu risquer sa vie, déguisé, errant la nuit, <strong>en</strong> plein<br />

hiver, à travers les coups <strong>de</strong> fusil, décidé à se<br />

sauver coûte que coûte, pour aller, <strong>en</strong> Suisse, <strong>en</strong><br />

Italie, <strong>en</strong> Allemagne et jusqu'<strong>en</strong> Hongrie, chercher<br />

la sécurité et le droit <strong>de</strong> prier Dieu à leur façon. –<br />

Si quelqu'un <strong><strong>de</strong>s</strong> exilés ou déportés se hasar<strong>de</strong> à<br />

r<strong>en</strong>trer, on le traque comme une bête fauve : sitôt<br />

pris, sitôt guillotiné. (Quinet, Ouvrage cité, p. 116)<br />

(a33) ATROCITÉS COMMISES SOUS LA<br />

TERREUR. – « Quelque temps avant Thermidor,<br />

dit le représ<strong>en</strong>tant Beaulieu, le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> dét<strong>en</strong>us<br />

s'élevait à près <strong>de</strong> quatre c<strong>en</strong>t mille; c'est ce qui<br />

résulte <strong><strong>de</strong>s</strong> listes et <strong><strong>de</strong>s</strong> registres qui étai<strong>en</strong>t alors au<br />

Comité <strong>de</strong> Sûreté générale. Edgar Quinet dépeint la<br />

barbarie avec laquelle étai<strong>en</strong>t traités ces<br />

malheureux prisonniers, qui expiai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelque<br />

1323


sorte, et sans le savoir, les cruautés que leurs pères<br />

avai<strong>en</strong>t infligées, <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant, an peuple <strong>de</strong><br />

Dieu. (Ouvrage cité, p. 122-124)<br />

« ... <strong>Le</strong> meurtre après jugem<strong>en</strong>t ou sans<br />

jugem<strong>en</strong>t – 178 tribunaux, dont 40 sont ambulants,<br />

prononc<strong>en</strong>t, dans toutes les parties du territoire, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

condamnations à mort, qui sont exécutées sur place<br />

et à l'instant. Du 10 avril 1793 an 9 Thermidor An<br />

II, celui <strong>de</strong> Paris fait guillotiner 2625 personnes, et<br />

les juges <strong>de</strong> province travaill<strong>en</strong>t aussi bi<strong>en</strong> que les<br />

juges <strong>de</strong> Paris. ... <strong>Le</strong> relevé <strong>de</strong> ces meurtres n'est<br />

pas complet, mais on <strong>en</strong> a compté dix-sept mille,<br />

"la plupart accomplis sans formalité, ni preuve". »<br />

(Quinet, I<strong>de</strong>m, p. 126)<br />

(a34) LA RÉHABILITATION ET LA<br />

DIFFUSION DES ÉCRITURES. – En novembre<br />

1818, se constituait, avec l'autorisation du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t, la Société biblique protestante <strong>de</strong><br />

Paris, le marquis <strong>de</strong> Jaucourt étant nommé<br />

présid<strong>en</strong>t, et le duc Decaze, premier ministre, ayant<br />

souscrit pour mille francs. – En 1846, le ministre<br />

<strong>de</strong> la guerre fit transporter gratuitem<strong>en</strong>t les Bibles<br />

1324


et les Nouveaux Testam<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>voyés aux troupes<br />

d'Algérie. – En 1833, se fondait, égalem<strong>en</strong>t à Paris,<br />

la Société biblique française et étrangère, dont le<br />

travail <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te-<strong>de</strong>ux ans accusa la distribution <strong>de</strong><br />

750 000 volumes et une dép<strong>en</strong>se totale <strong>de</strong> 2 400<br />

000 francs. En 1864, elle fusionnait avec la Société<br />

biblique <strong>de</strong> France, fondée la même année.<br />

Dès 1820, la Société biblique, britannique et<br />

étrangère – qui collaborait <strong>de</strong>puis 1804 à la<br />

diffusion <strong>de</strong> la Bible <strong>en</strong> France – ouvrait à Paris<br />

une Ag<strong>en</strong>ce française, dont l'activité ne tarda pas à<br />

éclipser celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Sociétés parallèles, grâce à<br />

l'emploi d'un nombre grandissant <strong>de</strong> colporteurs; <strong>en</strong><br />

tr<strong>en</strong>te années – <strong>de</strong> 1833 à 1866 – le chiffre total <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

colporteurs <strong>en</strong>gagés fut <strong>de</strong> 1800. En 1909, ladite<br />

société avait répandu <strong>en</strong> France, <strong>de</strong>puis 1804, 13<br />

143 031 volumes, dont 5 844 643 par le colportage.<br />

En fait <strong>de</strong> distributions gratuites, la même Société a<br />

<strong>en</strong>voyé 71 612 Nouveaux Testam<strong>en</strong>ts aux soldats<br />

français p<strong>en</strong>dant la guerre <strong>de</strong> Crimée, et un million<br />

<strong>de</strong> volumes aux soldats français et allemands<br />

p<strong>en</strong>dant la guerre <strong>de</strong> 1870. Elle a distribué 400 000<br />

Évangiles à l'Exposition universelle <strong>de</strong> Paris, <strong>en</strong><br />

1325


1900, 35 000 aux victimes <strong><strong>de</strong>s</strong> inondations <strong>de</strong><br />

1910, etc. – Faits intéressants à noter <strong>en</strong> 1831, le<br />

ministre <strong>de</strong> l'Instruction publique lui avait<br />

commandé 20 000 Nouveaux Testam<strong>en</strong>ts pour être<br />

employés dans les écoles comme livres <strong>de</strong> classe,<br />

et les avait payés 10 000 francs. L'année suivante,<br />

les membres du Conseil royal avai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandé,<br />

aux mêmes conditions, 20 000 Nouveaux<br />

Testam<strong>en</strong>ts, et un membre <strong>de</strong> ce conseil, inspecteur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles primaires, <strong>en</strong> avait <strong>de</strong>mandé 20 000<br />

autres pour être distribués dans les écoles <strong>de</strong> seize<br />

départem<strong>en</strong>ts.<br />

En 1804, selon M. William Canton, <strong>de</strong> la<br />

Société biblique, britannique et étrangère, tous les<br />

exemplaires <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures <strong>en</strong> exist<strong>en</strong>ce dans le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier, <strong>en</strong> y faisant <strong>en</strong>trer les manuscrits <strong>en</strong><br />

toutes langues, ne s'élevai<strong>en</strong>t pas au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

quatre millions. <strong>Le</strong>s différ<strong>en</strong>tes langues<br />

représ<strong>en</strong>tées dans ces exemplaires, <strong>en</strong> comptant les<br />

langues mortes, telles que le moeuso-gothique<br />

d'Ulfilas et l'anglo-saxon <strong>de</strong> Bè<strong>de</strong>, étai<strong>en</strong>t au<br />

nombre <strong>de</strong> cinquante <strong>en</strong>viron. C<strong>en</strong>t ans plus tard, à<br />

la fin <strong>de</strong> son premier c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, la Société biblique<br />

1326


itannique et étrangère pouvait rapporter une<br />

distribution totale, pour cette seule Société, <strong>de</strong> 186<br />

680 101 exemplaires <strong>de</strong> Bibles, Testam<strong>en</strong>ts ou<br />

portions <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Ce total s'élevait, <strong>en</strong> 1910, à<br />

plus <strong>de</strong> 220 000 000 d'exemplaires, répartis <strong>en</strong><br />

quelque quatre c<strong>en</strong>ts langues différ<strong>en</strong>tes.<br />

Il faut ajouter à ce total les millions<br />

d'exemplaires <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures ou portions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures répandus <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes langues par<br />

d'autres Sociétés bibliques ou maisons <strong>de</strong><br />

commerce. <strong>La</strong> Société biblique américaine – fille<br />

aînée <strong>de</strong> la Société mère, celle <strong>de</strong> Londres –<br />

rapportait, an cours <strong><strong>de</strong>s</strong> 90 premières années <strong>de</strong> son<br />

activité, une distribution totale <strong>de</strong> 87 296 182<br />

exemplaires. Selon une évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

modérées, quelque six millions d'exemplaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures sont imprimés annuellem<strong>en</strong>t par diverses<br />

maisons <strong>de</strong> commerce, ce qui, ajouté à la<br />

production totale <strong><strong>de</strong>s</strong> Sociétés bibliques, donne le<br />

chiffre <strong>de</strong> vingt-neuf millions d'exemplaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures mis annuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> circulation.<br />

Actuellem<strong>en</strong>t, la Bible est traduite <strong>en</strong> <strong>en</strong>tier <strong>en</strong><br />

1327


240 langues, et <strong>en</strong> partie <strong>en</strong> 1 190. Il est <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dialectes dont elle est la seule littérature. Deux<br />

nouvelles versions paraiss<strong>en</strong>t chaque mois. – <strong>Le</strong>s<br />

ouvrages les plus traduits, après l'Écriture sainte,<br />

sont les écrits d'Homère, <strong>en</strong> 30 langues, ceux <strong>de</strong><br />

Shakespeare, <strong>en</strong> 35 langues, et le Voyage du<br />

Pèlerin, <strong>de</strong> Bunyan, <strong>en</strong> 80 langues.<br />

(a35) MISSIONS ÉTRANGÈRES. – <strong>Le</strong>s<br />

<strong>de</strong>rnières années du dix-huitième siècle ont ouvert<br />

une ère brillante d'activité missionnaire, qui ne le<br />

cè<strong>de</strong> qu'à celle du premier siècle du christianisme.<br />

En 1792, se fondait la Société baptiste, avec Carey<br />

comme l'un <strong>de</strong> ses premiers missionnaires. En<br />

1795, s'organisait la Société missionnaire <strong>de</strong><br />

Londres; <strong>en</strong> 1799, la future Church Missionary<br />

Society, puis, peu après, la Société missionnaire<br />

wesley<strong>en</strong>ne. En 1812, les chréti<strong>en</strong>s d'Amérique,<br />

pris d'un zèle analogue, fondai<strong>en</strong>t le Comité<br />

américain <strong><strong>de</strong>s</strong> Missions étrangères, et, <strong>en</strong> 1814,<br />

l'Union missionnaire baptiste. Adoniram Judson,<br />

l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers missionnaires qui quittèr<strong>en</strong>t les<br />

rives <strong>de</strong> l'Amérique, mettait la voile pour Calcutta<br />

<strong>en</strong> 1812. En 1837, s'organisait le Comité<br />

1328


presbytéri<strong>en</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s sociétés <strong>de</strong> missions protestantes sont au<br />

nombre <strong>de</strong> 300. <strong>Le</strong>s unes dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> certaines Églises (anglicane, épiscopale,<br />

baptiste, méthodiste, luthéri<strong>en</strong>ne, presbytéri<strong>en</strong>ne,<br />

adv<strong>en</strong>tiste du septième jour, etc.). <strong>Le</strong>s autres sont<br />

sout<strong>en</strong>ues par les amis <strong><strong>de</strong>s</strong> missions <strong>de</strong> toutes les<br />

Églises et n'ont aucune couleur ecclésiastique. –<br />

Une société <strong>de</strong> missions particulièrem<strong>en</strong>t<br />

intéressante, qui date <strong>de</strong> 1732, est la Mission<br />

morave, dont le siège est à Hernhut, <strong>en</strong> Saxe, et qui<br />

a été appelée la diaconesse <strong><strong>de</strong>s</strong> races agonisantes :<br />

Esquimaux, Peaux-Rouges, Papous, etc. – <strong>La</strong><br />

Société <strong><strong>de</strong>s</strong> Missions <strong>de</strong> Bâle, fondée <strong>en</strong> 1815, la<br />

Société <strong><strong>de</strong>s</strong> Missions <strong>de</strong> Berlin, les Sociétés<br />

scandinave, finlandaise et belge mériterai<strong>en</strong>t une<br />

m<strong>en</strong>tion spéciale. – Avant la guerre <strong>de</strong> 1914-18, 25<br />

sociétés alleman<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong> 2 200<br />

missionnaires.<br />

<strong>Le</strong> protestantisme français possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong><br />

société <strong>de</strong> missions fondée à Paris <strong>en</strong> 1822 : la<br />

Société <strong><strong>de</strong>s</strong> Missions évangéliques chez les peuples<br />

1329


non chréti<strong>en</strong>s. Cette société a donné à l'Afrique<br />

trois hommes émin<strong>en</strong>ts : Eug<strong>en</strong>e Casalis (1812-<br />

1891), Adolphe Mabille (1836-1894), François<br />

Coillard (1834-1904). Elle opère dans dix champs<br />

<strong>de</strong> travail : Dakar, Conakry, Togo, Cameroun,<br />

Zambèze, <strong>Le</strong>ssouto, Gabon, Madagascar, Tahiti et<br />

Nouvelle-Calédonie. <strong>La</strong> Mission roman<strong>de</strong>, dont le<br />

siège est à <strong>La</strong>usanne, a <strong><strong>de</strong>s</strong> stations dans l'Ouganda<br />

et au Transvaal. – <strong>Le</strong>s missions <strong>en</strong> pays paï<strong>en</strong>s<br />

dirigées et sout<strong>en</strong>ues par les adv<strong>en</strong>tistes du<br />

septième jour dat<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 1894 seulem<strong>en</strong>t.<br />

Néanmoins, elles opèr<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 928<br />

langues. Elles ont <strong>en</strong>voyé, <strong>de</strong>puis 1901, plus <strong>de</strong> 9<br />

767 missionnaires.<br />

Dans un article publié par la Missionary<br />

Review of the World <strong>de</strong> janvier 1910, le Dr A. T.<br />

Pierson écrivait : « Il y a un <strong>de</strong>mi-siècle, la Chine,<br />

la Mandchourie, le Japon et la Corée, la Turquie et<br />

l'Arabie, et même le vaste contin<strong>en</strong>t africain<br />

dormai<strong>en</strong>t, nations ermites, <strong>en</strong>fermées dans les<br />

cellules d'une longue réclusion. L'Asie c<strong>en</strong>trale<br />

comme l'Afrique c<strong>en</strong>trale étai<strong>en</strong>t relativem<strong>en</strong>t<br />

inexplorées. En plusieurs pays, l'empire <strong>de</strong> Satan<br />

1330


était incontesté, et n'était l'objet d'aucune attaque...<br />

L'Italie et l'Espagne incarcérai<strong>en</strong>t quiconque était<br />

assez osé pour v<strong>en</strong>dre une Bible ou prêcher<br />

l'Évangile... Dans une gran<strong>de</strong> partie <strong><strong>de</strong>s</strong> champs<br />

paï<strong>en</strong>s, les portes étai<strong>en</strong>t fermées et verrouillées par<br />

l'exclusion et par le système <strong><strong>de</strong>s</strong> castes. <strong>Le</strong>s<br />

changem<strong>en</strong>ts qui se produis<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

tous côtés sont tellem<strong>en</strong>t remarquables, sont si<br />

radicaux que, pour celui qui émergerait soudain du<br />

milieu du siècle <strong>de</strong>rnier, le mon<strong>de</strong> serait<br />

méconnaissable. Celui qui ti<strong>en</strong>t les clefs <strong>de</strong> toutes<br />

les portes les a ouvertes et a disposé tous les pays à<br />

recevoir les messagers <strong>de</strong> la Croix. Même dans la<br />

Ville éternelle, où, il y a un <strong>de</strong>mi-siècle, le<br />

voyageur étranger <strong>de</strong>vait – avant d'<strong>en</strong>trer – laisser<br />

sa Bible <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles, les Écritures sont<br />

librem<strong>en</strong>t répandues, et on trouve nombre <strong>de</strong><br />

chapelles protestantes. »<br />

Des statistiques réc<strong>en</strong>tes concernant les<br />

Missions protestantes nous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que le<br />

nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> missionnaires europé<strong>en</strong>s et américains<br />

est <strong>de</strong> 69 730 dont 19 985 femmes. Quant au<br />

personnel indigène <strong><strong>de</strong>s</strong> Missions (pasteurs,<br />

1331


évangélistes, catéchistes, instituteurs et<br />

institutrices) il compr<strong>en</strong>d 512 696 personnes, dont<br />

77 112 femmes. <strong>Le</strong>s Missions protestantes ont<br />

fondé <strong>de</strong> nombreux hôpitaux, disp<strong>en</strong>saires, écoles<br />

primaires, secondaires et universités d<strong>en</strong>t elles<br />

assur<strong>en</strong>t le service. <strong>Le</strong>s Missions adv<strong>en</strong>tistes ont,<br />

pour leur part, 326 hôpitaux et disp<strong>en</strong>saires. <strong>Le</strong>urs<br />

écoles sont au nombre <strong>de</strong> 4 520 dont 10<br />

léproseries.<br />

(a36) DATES PROPHÉTIQUES. – Voir<br />

App<strong>en</strong>dice a37.<br />

(a37) DATES PROPHÉTIQUES. – <strong>Le</strong>s faits<br />

historiques et chronologiques se rapportant aux<br />

prophéties <strong><strong>de</strong>s</strong> chapitres 8 et 9 <strong>de</strong> Daniel, y compris<br />

les preuves soli<strong><strong>de</strong>s</strong> fixant l'année 457 avant J.-C.<br />

comme la date véritable marquant le point <strong>de</strong><br />

départ <strong>de</strong> ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong>, ont été clairem<strong>en</strong>t exposés<br />

par nombre d'interprètes. Signalons, parmi les<br />

théologi<strong>en</strong>s catholiques, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'abbé<br />

Mémain : <strong>Le</strong>s 70 Semaines <strong>de</strong> la Prophétie <strong>de</strong><br />

Daniel (Haton, 35, rue Bonaparte, Paris, 1904).<br />

Voir particulièrem<strong>en</strong>t les pages 31-48. Et parmi les<br />

1332


théologi<strong>en</strong>s protestants : J.-A. Boat, qui écrit ce qui<br />

suit : « Esdras fut mis par Artaxerxès-Longuemain<br />

à la tête <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> colonie qui revint <strong>en</strong> Judée<br />

<strong>en</strong> 457. C'est à cette même année qu'on rattache<br />

d'ordinaire aussi le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> 70<br />

semaines <strong>de</strong> Dan. 9.24. » (Hist. <strong><strong>de</strong>s</strong> Macchabées, p.<br />

7, 17; – l'In<strong>de</strong>x <strong>de</strong> la Bible Segond, p. 87.) Louis<br />

Burnier, qui dit : « <strong>La</strong> date <strong>de</strong> la commission<br />

donnée à Esdras par Artaxerxès est une date<br />

importante, puisqu'il faut partir <strong>de</strong> là et non<br />

d'ailleurs... pour calculer les 70 semaines <strong>de</strong><br />

Daniel. » (Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> élém<strong>en</strong>taires, II, 457, 458; –<br />

l'Encyclopédie <strong><strong>de</strong>s</strong> sci<strong>en</strong>ces religieuses, vol. I, 621;<br />

Isaac Newton; l'astronome suisse De Cheseaux.) –<br />

Parmi les Anglais, il faut citer tout spécialem<strong>en</strong>t<br />

l'ouvrage du célèbre astronome Sir Isaac Newton,<br />

Observations upon the prophecies of Daniel and<br />

the Apocalypse of St. John, ch. X, London ed.,<br />

1733, p. 128-143. Pour la date <strong>de</strong> la crucifixion,<br />

voir Win. Hales, Analysis of Chronology, vol. I, p.<br />

94-101 ; vol. III, p. 164-258, 2d London ed., 1830.<br />

(a38) CHUTE DE L'EMPIRE OTTOMAN. –<br />

Pour plus <strong>de</strong> détails sur la chute prédite <strong>de</strong> l'Empire<br />

1333


ottoman au cours du mois d'août 1840, voir J.<br />

Litch, The Probability of the second Coming of<br />

Christ about A. D. 1843 (publié <strong>en</strong> jam 1838); J.<br />

Litch, An Adress to the Clergy (publié au<br />

printemps <strong>de</strong> 1840); une secon<strong>de</strong> édition, avec<br />

nouveaux faits historiques établissant la justesse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> précéd<strong>en</strong>ts calculs <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> prophétique,<br />

fut publiée <strong>en</strong> 1841; The Adv<strong>en</strong>t Shield and<br />

Review, vol. I, 1844, no 1, article 2, p. 56, 57, 59-<br />

61; J. N. Loughborough, The Great Adv<strong>en</strong>t<br />

Movem<strong>en</strong>t, p. 129-132, éd. <strong>de</strong> 1905; J. Litch,<br />

article dans les Signs of the Times and Expositor of<br />

Prophecy, du 1er février 1841.<br />

(a39) LES ÉCRITURES ENLEVÉES AU<br />

PEUPLE. – Sur l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Église romaine<br />

relativem<strong>en</strong>t à la mise <strong>en</strong> circulation <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures<br />

parmi le peuple <strong>en</strong> langue vulgaire, voir Catholic<br />

Encyclopaedia, art. « Bible »; <strong>La</strong> Foi <strong>de</strong> nos Pères,<br />

par le cardinal James Gibbons, trad. <strong>de</strong> l'abbé<br />

Saurel sur la 28e éd. anglaise, ch. 8, Resaux-Bray,<br />

Paris, 1886; F. Bung<strong>en</strong>er, Histoire du Concile <strong>de</strong><br />

Tr<strong>en</strong>te, vol. I, p. 151-163, Joël Cherbuhiez, Paris et<br />

G<strong>en</strong>ève, 1847.<br />

1334


(a40) DEUX ASSAUTS DU<br />

RATIONALISME, AU COMMENCEMENT DU<br />

XIXe ET DU XXe SIÈCLE. – Au cours du XVIIIe<br />

siècle et jusqu'au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du XIXe, le<br />

protestantisme, dans toute l'Europe, avait été<br />

<strong>en</strong>vahi par une vague <strong>de</strong> scepticisme. Dans les<br />

chaires, comme dans les auditoires <strong>de</strong> théologie, le<br />

vrai Évangile était remplacé par les vieilles<br />

hérésies <strong><strong>de</strong>s</strong>séchantes autrefois professées par<br />

Arias, Socin et Pélage. Sans une série <strong>de</strong> puissants<br />

réveils c'<strong>en</strong> était fait du protestantisme. Ces réveils,<br />

provoqués par le souffle d'<strong>en</strong> haut, groupèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

nombreux croyants, <strong>en</strong> Amérique et <strong>en</strong> Angleterre,<br />

autour d'hommes tels que Wesley et les Whitefield,<br />

<strong>en</strong> Allemagne, autour <strong><strong>de</strong>s</strong> Arndt, <strong><strong>de</strong>s</strong> Sp<strong>en</strong>er, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Zinz<strong>en</strong>dorf, <strong><strong>de</strong>s</strong> B<strong>en</strong>gel.<br />

Dans les pays <strong>de</strong> langue française, le réveil fut<br />

prés<strong>en</strong>té par une pléia<strong>de</strong> d'hommes <strong>de</strong> tal<strong>en</strong>ts<br />

divers, mais tous pareillem<strong>en</strong>t touchés <strong>de</strong> la grâce,<br />

consacrés au salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, et soumis à l'Écriture<br />

comme étant l'infaillible Parole <strong>de</strong> Dieu. Parmi les<br />

plus distingués, nommons César Malan, H.-L.<br />

1335


Empaytaz, H. Pyt, Félix Neff, F. Gonthier, Ami<br />

Bost, Louis Gauss<strong>en</strong>, J.-H. Merle d'Aubigné, A.<br />

Rochat, S. Gobat, L. Burnier, puis, plus tard,<br />

Alexandre Vinet et Adolphe Monod, Émile Guers,<br />

le comte A. <strong>de</strong> Gasparin. Au début, Dieu s'était<br />

servi <strong>de</strong> quatre étrangers pour allumer, à G<strong>en</strong>ève et<br />

ailleurs, la flamme <strong>de</strong> la foi aux Écritures : Mme <strong>de</strong><br />

Krud<strong>en</strong>er, Zinz<strong>en</strong>dorf, Wilcox et Haldane. Une<br />

école <strong>de</strong> théologie, dite <strong>de</strong> l'Oratoire et <strong>de</strong>ux ou<br />

trois églises indép<strong>en</strong>dantes <strong>de</strong> l'État s'organisèr<strong>en</strong>t<br />

dans la ville <strong>de</strong> Calvin. Ces troupeaux constituèr<strong>en</strong>t<br />

le noyau d'un mouvem<strong>en</strong>t puissant qui répandit ses<br />

effets bi<strong>en</strong>faisants dans toutes les directions.<br />

L'esprit missionnaire, inséparable <strong>de</strong> tout vrai<br />

réveil, ne tarda pas à pr<strong>en</strong>dre son essor, et se donna<br />

pour organe principal la Société évangélique, d<strong>en</strong>t<br />

les nombreux colporteurs et missionnaires allèr<strong>en</strong>t<br />

fon<strong>de</strong>r et édifier <strong><strong>de</strong>s</strong> stations, <strong><strong>de</strong>s</strong> églises et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

missions sur divers points <strong>de</strong> France, <strong>en</strong> Belgique<br />

et au Canada.<br />

Mais un nouvel assaut <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>nemi guettait les<br />

Églises nationales, ainsi que les Églises séparées<br />

issues <strong>de</strong> la prédication du pur Évangile. Ce péril<br />

1336


eût été efficacem<strong>en</strong>t conjuré avec les armes que<br />

Dieu offrait <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t aux Églises <strong>de</strong> nouvelles<br />

lumières, <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à fortifier la doctrine<br />

évangélique <strong>en</strong> la ram<strong>en</strong>ant plus complètem<strong>en</strong>t à la<br />

Bible. Citons le baptême biblique <strong><strong>de</strong>s</strong> seuls<br />

croyants, et par immersion; le sommeil <strong><strong>de</strong>s</strong> morts;<br />

la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction finale <strong><strong>de</strong>s</strong> impénit<strong>en</strong>ts, la prochaine<br />

v<strong>en</strong>ue du Seigneur, et <strong>en</strong>fin le mainti<strong>en</strong> du<br />

Décalogue intégral par le retour au jour <strong>de</strong> repos du<br />

quatrième comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. L'achèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<br />

Réforme comme le réclamait avec insistance A. <strong>de</strong><br />

Gasparin eût sauvé le protestantisme du danger<br />

mortel du mo<strong>de</strong>rnisme. En poussant les principes<br />

du seizième siècle et du Réveil jusqu'à leurs<br />

<strong>de</strong>rnières conséqu<strong>en</strong>ces, tout était sauvé. <strong>Le</strong> prés<strong>en</strong>t<br />

livre <strong>en</strong> fait foi. En revanche, une inconséqu<strong>en</strong>ce,<br />

une seule – et il y <strong>en</strong> avait une bonne <strong>de</strong>midouzaine<br />

– pouvait tout perdre!<br />

En effet, à la faveur <strong>de</strong> ces inconséqu<strong>en</strong>ces, et<br />

grâce aux discussions stériles et au désarroi<br />

doctrinal qui <strong>en</strong> résultai<strong>en</strong>t, un nouveau<br />

rationalisme déguisé : la « Haute Critique » soidisant<br />

littéraire et sci<strong>en</strong>tifique <strong><strong>de</strong>s</strong> textes originaux,<br />

1337


sapait insidieusem<strong>en</strong>t et battait <strong>en</strong> brèche la foi <strong>de</strong><br />

la nouvelle génération. Cela remonte à quarante ou<br />

soixante ans. Aujourd'hui, sauf quelques îlots<br />

clairsemés, tout est emporté par la marée. Un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

exemples les plus significatifs et les plus attristants<br />

est peut-être la fermeture réc<strong>en</strong>te <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong><br />

théologie <strong>de</strong> l'Oratoire, où l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l'autorité et <strong>de</strong> l'infaillibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures –<br />

véritable raison d'être <strong>de</strong> l'établissem<strong>en</strong>t – avait<br />

cessé d'être donné <strong>de</strong>puis un certain nombre<br />

d'années.<br />

(a41) LES OUVRAGES DE GAUSSEN SUR<br />

LA PROPHÉTIE. – Son principal ouvrage sur la<br />

prophétie, intitulé : Daniel le prophète exposé dans<br />

une suite <strong>de</strong> leçons pour une école du dimanche (3<br />

vol. in-8ème, G<strong>en</strong>ève et Paris, 1839, 1848, 1849),<br />

est un relevé sténographique revu par l'auteur. Il est<br />

malheureusem<strong>en</strong>t épuisé. Un autre ouvrage<br />

prophétique du même auteur est le discours<br />

prononcé pour la r<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong> théologie, <strong>en</strong><br />

1843. C'est un exposé magistral <strong>de</strong> la onzième<br />

corne <strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> Daniel. Ce discours,<br />

réimprimé, a pour titre : L'Antichrist et<br />

1338


l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures. Brochure in-12 <strong>de</strong><br />

32 pages.<br />

(a42) ROBES D'ASCENSION. – Fable forgée<br />

<strong>de</strong> toutes pièces par les adversaires <strong><strong>de</strong>s</strong> adv<strong>en</strong>tistes<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> jeter l'opprobre sur leur cause. Selon<br />

cette inv<strong>en</strong>tion, les adv<strong>en</strong>tistes aurai<strong>en</strong>t préparé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

robes spéciales pour aller à la r<strong>en</strong>contre du<br />

Seigneur. Elle a été si activem<strong>en</strong>t répandue que<br />

plusieurs y ont cru; mais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>en</strong>quêtes répétées <strong>en</strong><br />

ont établi la fausseté. Une forte récomp<strong>en</strong>se a<br />

même été offerte durant plusieurs années à celui<br />

qui pourrait donner une preuve à l'appui <strong>de</strong> cette<br />

affirmation; mais la récomp<strong>en</strong>se att<strong>en</strong>d <strong>en</strong>core son<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinataire. Aucun <strong>de</strong> ceux qui att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t le<br />

retour du Seigneur n'était assez ignorant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Écritures pour croire que <strong><strong>de</strong>s</strong> robes <strong>de</strong> leur<br />

fabrication fuss<strong>en</strong>t nécessaires pour cette occasion.<br />

<strong>La</strong> seule robe dont les saints auront besoin pour<br />

aller au-<strong>de</strong>vant du Seigneur, ce sera le « vêtem<strong>en</strong>t<br />

blanc, <strong>de</strong> la justice <strong>de</strong> Jésus-Christ. Voir<br />

Apocalypse 19.8.<br />

(a43) CHRONOLOGIE PROPHETIQUE. – <strong>Le</strong><br />

1339


Dr Georges Bush, professeur d'hébreu et <strong>de</strong><br />

langues ori<strong>en</strong>tales à l'Université <strong>de</strong> New York,<br />

dans une lettre adressée à M. Miller, et publiée<br />

dans l'Adv<strong>en</strong>t Herald and Signs of the Times<br />

Reporter, Boston, les 6 et 13 mars 1844, faisait les<br />

déclarations importantes qui suiv<strong>en</strong>t touchant ses<br />

calculs <strong><strong>de</strong>s</strong> temps prophétiques. M. Bush écrit :<br />

« On ne saurait douter, selon moi, que vous et<br />

vos amis n'ayez mis beaucoup <strong>de</strong> soin dans l'étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la chronologie Prophétique, et que vous ne vous<br />

soyez épargnés aucune peine pour déterminer avec<br />

précision le point <strong>de</strong> départ et la fin <strong>de</strong> ses gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pério<strong><strong>de</strong>s</strong>. Si ces prophéties ont été insérées dans les<br />

saints livres par le Saint-Esprit, c'est sans doute<br />

dans l'int<strong>en</strong>tion qu'elles soi<strong>en</strong>t étudiées, et,<br />

probablem<strong>en</strong>t aussi, pour qu'elles finiss<strong>en</strong>t par être<br />

parfaitem<strong>en</strong>t comprises; nul ne peut être accusé <strong>de</strong><br />

légèreté ou <strong>de</strong> présomption pour avoir<br />

respectueusem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> le faire... En donnant à<br />

un jour la valeur prophétique d'une année, je crois<br />

que vous êtes d'accord avec la plus saine exégèse;<br />

<strong>en</strong> tout cas, vous êtes sout<strong>en</strong>us par <strong>de</strong> grands noms<br />

tels que Me<strong>de</strong>, Sir Isaac Newton, Kirby, Scott,<br />

1340


Keith et une foule d'autres, qui sont arrivés, <strong>en</strong><br />

somme, et <strong>de</strong>puis longtemps, aux mêmes<br />

conclusions que vous sur ce sujet. Tous s'accord<strong>en</strong>t<br />

à reconnaître que les principales pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Daniel<br />

et <strong>de</strong> saint Jean se termin<strong>en</strong>t à peu près <strong>en</strong> notre<br />

temps; il serait donc peu logique <strong>de</strong> vous taxer<br />

d'hérésie pour avoir exposé les mêmes vues que ces<br />

émin<strong>en</strong>ts théologi<strong>en</strong>s... Vos conclusions, dans ce<br />

domaine, ne me sembl<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> nature à mettre <strong>en</strong><br />

danger ni les intérêts <strong>de</strong> la vérité ni la vie<br />

chréti<strong>en</strong>ne... À mon avis, votre erreur est ailleurs<br />

que dans vos computations chronologiques... Vous<br />

vous êtes <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t mépris sur la nature <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

événem<strong>en</strong>ts qui doiv<strong>en</strong>t se produire à l'expiration<br />

<strong>de</strong> ces pério<strong><strong>de</strong>s</strong>. C'est là le tort principal <strong>de</strong> votre<br />

interprétation. »<br />

(a44) LE PUSEVISME. – Mouvem<strong>en</strong>t qui<br />

pousse une partie <strong>de</strong> l'Église anglicane dans la<br />

direction du catholicisme. Il eut pour principal<br />

initiateur, <strong>en</strong> 1830, à Oxford (d'où le nom <strong>de</strong> «<br />

mouvem<strong>en</strong>t d'Oxford »), Edouard Pusey. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier insistait sur la succession apostolique,<br />

acceptait la doctrine <strong>de</strong> la justification par les<br />

1341


oeuvres, attribuait une vertu divine aux sacrem<strong>en</strong>ts,<br />

admettait le purgatoire, les pénit<strong>en</strong>ces<br />

ecclésiastiques, la messe et les fêtes <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. – Il<br />

y a actuellem<strong>en</strong>t un millier d'églises dites<br />

protestantes, <strong>en</strong> Angleterre, qui célèbr<strong>en</strong>t la messe.<br />

(a45) DATES PROPHETIQUES. – Voir la<br />

note pour la page 355.<br />

(a46) LA PURIFICATION DU<br />

TABERNACLE CÉLESTE. – Sous ce titre, on lit<br />

aux pages 495-497 du Mystère <strong>de</strong> la Passion et<br />

Théorie <strong>de</strong> la Ré<strong>de</strong>mption, par F. <strong>de</strong> Rougemont<br />

(Neuchâtel, 1876)<br />

« L'oeuvre du salut opérée sur la croix ne se<br />

termine pas brusquem<strong>en</strong>t au tombeau vi<strong>de</strong> du<br />

Sauveur. Elle se poursuit dans les cieux; car Jésus-<br />

Christ a "trouvé une ré<strong>de</strong>mption éternelle"<br />

(Hébreux 9.12), et il exerce auprès <strong>de</strong> Dieu "la<br />

sacrificature qui ne peut passer, étant toujours<br />

vivant pour intercé<strong>de</strong>r" (Hébreux 8.24, 25), <strong>en</strong><br />

notre faveur et pour "propitier" nos péchés<br />

(Hébreux 2.17). Hilaskestaï n'est point expier. Nos<br />

1342


péchés ont été expiés une fois pour toutes sur la<br />

croix. Dans les cieux, par sa perpétuelle<br />

intercession, Jésus-Christ nous mainti<strong>en</strong>t propice<br />

Dieu qu'irriterai<strong>en</strong>t sans lui nos péchés continuels.<br />

» ICI S'OFFRE À NOUS TOUT UN CYCLE<br />

DE VÉRITÉS RÉVÉLÉES QUI N'A POINT PRIS<br />

SA PLACE DANS LA CONSCIENCE ET LA<br />

THÉOLOGIE DE L'ÉGLISE...<br />

» L'Épître aux Hébreux nous le dit <strong>en</strong> termes si<br />

clairs qu'ils ont ébloui et aveuglé l'Église. De<br />

même que sous l'anci<strong>en</strong>ne Loi le Lieu très saint luimême<br />

et le temple étai<strong>en</strong>t souillés par les<br />

émanations empestées d'Israël et "<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t être<br />

purifiés chaque année à la gran<strong>de</strong> fête <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

expiations par le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> victimes", il était <strong>de</strong><br />

même nécessaire que le tabernacle céleste, "plus<br />

grand et plus parfait que l'autre", au mom<strong>en</strong>t où il<br />

allait s'ouvrir à la race déchue d'Adam, fût purifié...<br />

par Jésus-Christ. »<br />

(a47) UN TRIPLE MESSAGE. – <strong>La</strong> t<strong>en</strong>eur du<br />

message du premier ange nous est donnée dans<br />

1343


Apocalypse 14.6, 7. <strong>Le</strong> prophète ajoute : « Et un<br />

autre, un second ange le suivit, <strong>en</strong> disant : Elle est<br />

tombée, elle est tombée, Babylone la gran<strong>de</strong>... Et<br />

un autre, un troisième ange les suivit. » <strong>Le</strong> terme<br />

r<strong>en</strong>du dans ce passage par « suivit » signifie,<br />

employé <strong>de</strong> la même manière, « aller avec ». <strong>Le</strong><br />

lexique <strong>de</strong> Lid<strong>de</strong>ll and Scott r<strong>en</strong>d ainsi ce terme : «<br />

Suivre quelqu'un, aller <strong>de</strong>rrière lui ou avec lui. »<br />

Celui <strong>de</strong> Robinson dit : « Suivre, aller avec,<br />

accompagner quelqu'un. » C'est le même terme qui<br />

est employé dans Marc 5.24 : « Jésus alla avec lui,<br />

et une gran<strong>de</strong> foule le suivait et le pressait <strong>de</strong> tous<br />

côtés. » Il est appliqué aux 144 000, quand il est dit<br />

: « Ceux-là suiv<strong>en</strong>t l'agneau partout où il va. »<br />

(Apocalypse 14.4) Il est évid<strong>en</strong>t que, dans ces <strong>de</strong>ux<br />

passages, la p<strong>en</strong>sée est : aller <strong>en</strong>semble, agir <strong>de</strong><br />

concert. Dans 1 Cor. 10.4, où il est écrit que les<br />

<strong>en</strong>fants d'Israël « buvai<strong>en</strong>t à un rocher spirituel qui<br />

les suivait », le mot « suivait » est traduit du même<br />

vocable original. Il faut <strong>en</strong> conclure que l'idée<br />

exprimée dans Apocalypse 14.8 et 9 n'est pas<br />

seulem<strong>en</strong>t que les second et troisième messages se<br />

suiv<strong>en</strong>t, chronologiquem<strong>en</strong>t parlant, mais qu'ils se<br />

rejoign<strong>en</strong>t et opèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. <strong>Le</strong>s trois messages<br />

1344


ne sont <strong>en</strong> réalité qu'un triple message. Ils sont trois<br />

dans l'ordre <strong>de</strong> leur naissance. Mais dès qu'ils sont<br />

nés, ils march<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble et <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

inséparables.<br />

(a48) SUPRÉMATIE DES ÉVÊQUES DE<br />

ROME. – Quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong> principales<br />

circonstances qui portèr<strong>en</strong>t l'évêque <strong>de</strong> Rome à la<br />

suprématie sont esquissées dans l'Histoire<br />

ecclésiastique <strong>de</strong> Mosheim, second siècle, livre II,<br />

chap. IV, section 9-11. Voir aussi Gieseler, 1ère<br />

pério<strong>de</strong>, 3ème div., ch. IV, sec. 66, par. 3; et J. N.<br />

Andrews, History of the Sabbath, p. 276-279, 3rd<br />

ed., revised.<br />

(a49) PURIFICATION DU TABERNACLE<br />

CÉLESTE. – Voir note pour la page 455.<br />

(a50) ÉDIT DE CONSTANTIN. – Voir note<br />

pour la page 52.<br />

(a51) L'ÉGLISE D'ABYSSINIE. – Sur<br />

l'observation <strong>de</strong> l'anci<strong>en</strong> sabbat <strong>en</strong> Abyssinie, voir<br />

le Doy<strong>en</strong> A. P. Stanley, <strong>Le</strong>ctures on the History of<br />

1345


the Eastern Church, lecture I, par. 15 (N. Y. ed.<br />

1862, p. 96, 97); Michael Ged<strong><strong>de</strong>s</strong>, Church History<br />

of Ethiopia, p. 87, 88, 311, 312; Gibbon,<br />

Décad<strong>en</strong>ce et Chute <strong>de</strong> l'Empire romain, Paris,<br />

Desrez, 1840, tome II, ch. 47, page 304, col. I;<br />

Samuel Gobat, Journal of three Year's Resid<strong>en</strong>ce in<br />

Abyssinia, p. 55-58, 83, 93, 97, 98 (N. Y. ed.,<br />

1850) ; A. H. <strong>Le</strong>wis, A Critical History of the<br />

Sabbath and the Sunday in the Christian Church, p.<br />

208-215 (2d ed. rev.).<br />

(a52) PRÉROGATIVES PAPALES. – Voir la<br />

note pour la page 58.<br />

1346

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!