les ennemis naturels des criquets du sahel - Les criquets ravageurs ...
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• Applications et essais sur terrain<br />
A ce jour, d’énormes progrès ont été réalisés dans la mise au point de mycopestici<strong>des</strong>, compte<br />
tenu <strong>des</strong> contraintes d’utilisation contre le Criquet pèlerin. Des essais avec M. flavoviride sur Schistocerca<br />
gregaria se sont avérés très positifs en laboratoire et en cage sur le terrain. Formulées dans <strong>des</strong> hui<strong>les</strong><br />
végéta<strong>les</strong> ou minéra<strong>les</strong>, <strong>les</strong> conidies lipophi<strong>les</strong> de M. flavoviride sont hautement virulentes à 30 o C avec<br />
seulement 35 % d’humidité relative (BATEMAN et al., 1994). Le champignon agit comme un pesticide de<br />
contact et, lors d’un essai en Mauritanie (octobre 1993), le taux de mortalité <strong>des</strong> <strong>criquets</strong> traités était<br />
supérieur à 90 % après 14 jours (KOOYMAN & GODONOU, en préparation). La mort est précédée<br />
d’une baisse de l’activité alimentaire et d’une ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> capacités déambulatoires. Le champignon<br />
agit donc de manière différée et locale car <strong>les</strong> possibilités de diffusion de la maladie à partir <strong>du</strong> point de<br />
lâcher sont quasiment nul<strong>les</strong>.<br />
<strong>Les</strong> mycopestici<strong>des</strong> qui répondent en grande partie aux exigences d’utilisation en zone désertique<br />
sont aussi valab<strong>les</strong> en zone sahélienne. <strong>Les</strong> taux et <strong>les</strong> délais de mortalité dépendent de l’espèce<br />
acridienne et <strong>du</strong> milieu colonisé. Avec M. flavoviride, plus de 90 % <strong>des</strong> Oedaleus senegalensis élevés en<br />
cage sont éliminés et plus de 80 % <strong>des</strong> Hieroglyphus daganensis sont tués en 14 jours après application<br />
en plein champ. Sur <strong>les</strong> communautés de sauteriaux dans <strong>des</strong> rizières ou <strong>des</strong> champs de sorgho, la moitié<br />
<strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s meurt en 7 jours et 85 % en 14 jours (BATEMAN et al., 1994 ; LOMER, en préparation).<br />
Sur le terrain au Bénin, THOMAS & LOMER (c.p.) ont constaté un effet rési<strong>du</strong>el sur <strong>les</strong><br />
populations sédentaires de sauteriaux. En conditions ari<strong>des</strong>, <strong>les</strong> spores se forment dans le corps <strong>des</strong><br />
<strong>criquets</strong> tués. El<strong>les</strong> sont ensuite libérées quand el<strong>les</strong> percent le cadavre et deviennent alors disponib<strong>les</strong><br />
pour infester d’autres <strong>criquets</strong> ; de ce fait, une contamination peut être détectée 80 jours après l’épandage<br />
<strong>du</strong> biopesticide. Par ailleurs, une contamination pourrait également se pro<strong>du</strong>ire à partir de gouttelettes<br />
déposées sur la végétation, à l’abri <strong>des</strong> rayons solaires.<br />
Beauveria bassiana élimine 98 % <strong>des</strong> larves et <strong>des</strong> imagos d’Oedaleus senegalensis au bout de<br />
7 jours sur <strong>des</strong> parcel<strong>les</strong> expérimenta<strong>les</strong>. Au cours de tests préliminaires effectués en 1993 dans le cadre<br />
<strong>du</strong> projet MSU/MYCOTECH/INIDA, <strong>des</strong> souches de Metharizium anisopliae récoltées à Madagascar se<br />
sont révélées encore plus virulentes que Beauveria bassiana.<br />
À présent, il convient de tester <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its directement dans <strong>les</strong> cultures, <strong>les</strong> pâturages, <strong>les</strong><br />
formations de Schouwia thebaica, c’est-à-dire dans tous <strong>les</strong> types de milieux représentatifs <strong>des</strong> habitats <strong>des</strong><br />
différentes communautés acridiennes pour tenir compte <strong>du</strong> maximum d’interactions entre <strong>les</strong> facteurs<br />
biologiques et écologiques et <strong>des</strong> aléas possib<strong>les</strong> qui existent dans la réalité. II n’en reste pas moins que<br />
<strong>les</strong> meilleurs biopestici<strong>des</strong> ne répondent encore que partiellement aux qualités requises pour être de bons<br />
acridici<strong>des</strong> en raison <strong>du</strong> délai de mortalité qui est au moins d’une semaine. Si l’effet de choc est<br />
recherché, il pourrait être obtenu par un mélange avec un pyréthrindide mais le bénéfice économique<br />
reste à prouver.<br />
• Pro<strong>du</strong>ction Pro<strong>du</strong>ction en en masse masse <strong>des</strong> <strong>des</strong> conidies<br />
conidies<br />
<strong>Les</strong> quantités moyennes efficaces et commercialement rentab<strong>les</strong> de conidies épan<strong>du</strong>es sont de<br />
l’ordre de 2,5 x 10 13 par hectare pour Beauveria bassiana. II est essentiel de pouvoir en pro<strong>du</strong>ire en très<br />
grande quantité, de façon la moins coûteuse possible. Dans le programme IIBC/IITA/DFPV, <strong>des</strong> doses de<br />
5 x 10 12 et 1 x 10 13 conidies/ha de Metarhizium sont utilisées. Cette pro<strong>du</strong>ction peut s’envisager en<br />
Europe ou aux États-Unis avec acheminement ultérieur à la demande ou mieux, dans <strong>les</strong> pays utilisateurs.<br />
En effet, JENKINS & LOMER (1993) ont mis au point une technique simple de multiplication de<br />
M. flavoviride en milieu liquide, suivie <strong>du</strong> développement <strong>des</strong> conidies sur <strong>les</strong> deux faces d’un linge<br />
employé comme support. Pour l’heure, ces résultats expérimentaux ne sont pas encore utilisab<strong>les</strong> pour la<br />
pro<strong>du</strong>ction. En Chine et au Brésil, on récolte déjà <strong>des</strong> conidies en utilisant comme substrat de culture <strong>des</strong><br />
graines de céréa<strong>les</strong> mises dans <strong>des</strong> sacs en plastique ou sur <strong>des</strong> plateaux (MENDONÇA, 1992 in LOMER<br />
& PRIOR). Cette technique pourrait être adaptée au contexte africain. À terme, <strong>des</strong> unités de pro<strong>du</strong>ction<br />
pourraient être bâties au Sahel et permettraient une autonomie <strong>des</strong> pays dans la pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> conidies<br />
non loin <strong>des</strong> lieux de leur épandage. <strong>Les</strong> pays pourraient alors moins dépendre de la fourniture de<br />
pestici<strong>des</strong> provenant de l’étranger.<br />
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