16.06.2013 Views

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

evanche, ce sont les adverbes comme nunc ou adhuc 188 ancrant le propos dans la<br />

situation d’énonciation qui sont intéressants puisqu’ils traduisent ce qu’il aperçoit sur ces<br />

lieux tant prisés.<br />

De plus, un autre besoin transparaît à la lecture de certains récits : il s’agit de la<br />

volonté de d<strong>eme</strong>urer près du tombeau du Christ. Il y a plusieurs raisons à cette décision :<br />

soit le pèlerin souhaite être investi et revêtu de sa vertu (il le considère comme une relique<br />

directe), soit le pèlerin ne veut pas rompre « l’état de grâce » dans lequel il se trouve<br />

(puisqu’il est sur des lieux imprégnés de vertu), ou encore peut-être, parce que le pèlerin<br />

redoute de commettre de nouveaux péchés s’il quittait la Terre Sainte 189 . (Nous<br />

reviendrons sur les problèmes liés au retour dans le chapitre afférent).<br />

Ainsi, la visite des lieux saints peut conduire certains pèlerins à adopter un nouveau style<br />

de vie ou plus radical<strong>eme</strong>nt à souhaiter y d<strong>eme</strong>urer pour l’éternité. C’est notamment ce qui<br />

est raconté du pèlerinage en Palestine de l’abbesse Euphrosine en 1173, laquelle arrive en<br />

fin de vie à Jérusalem : « Sainte Euphrosine désira voir les lieux saints de Jérusalem et<br />

vénérer le Sépulcre vivifiant du Christ, pensant y finir aussi sa vie et priant assidûment<br />

Dieu de l’exaucer » 190 . Plus loin dans le récit, la prière de la pénitente est rapportée au<br />

discours direct. Après avoir r<strong>eme</strong>rcié Dieu pour tous les bienfaits qu’il lui a accordés, elle<br />

ajoute : « […] mais très miséricordieux Seigneur, je te demande encore une grâce :<br />

accorde-moi de mourir dans ces saints lieux ». Peu de temps après, elle est enterrée au<br />

couvent de Saint-Théodose avec d’autres saintes car c’est le lieu de sépulture des femmes.<br />

C’est le même souhait qui est formulé en 1035 par un chevalier de Bourgogne, Liébaut, qui<br />

demande la grâce de mourir subit<strong>eme</strong>nt alors qu’il prie sur le tombeau du Christ 191 . C’est<br />

aussi la requête formulée par un autre pèlerin qui craint de retourner dans le péché s’il<br />

rentre dans sa patrie 192 . Raoul Glaber rapporte l’aventure du Bourguignon : « Un nommé<br />

Liébaut, originaire de la Bourgogne, du diocèse d’Autun, qui voyageait avec les autres,<br />

arriva à Jérusalem. Après avoir contemplé ces lieux sacrés entre tous, il vint à passer par ce<br />

Mont des Oliviers ; les bras en croix, tout en larmes, il se sentit ravi en le Seigneur d’une<br />

joie intérieure indicible : « Seigneur Jésus, je supplie ta toute-puissante bonté de permettre<br />

188<br />

Riccold, op. cit., « nunc est ecclesia », « adhuc vestigio sanguinis Christi », p.46.<br />

189<br />

C’est la préoccupation de la reine Bothilde, femme d’Eric le bon mais aussi celle d’Eskill Sveinson, frère de<br />

l’évêque Viborg.<br />

190<br />

Revue de l’Orient Latin, tome 3, 1895, p. 33-34.<br />

191<br />

Raoul Glaber, Historiae, in R.H.F, p. 51.<br />

192<br />

L’anecdote est rapportée par Césaire de Hesteirbach, op.cit.<br />

84

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!