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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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A la recherche de la forme littérale de la représentation des pas du Christ, ils semblent<br />

attachés à mettre leurs pieds dans des traces concrètes, palpables. Leurs témoignages<br />

concordent dans cette quête matérielle. Nous les avons recensés.<br />

Par exemple, les pèlerins cherchent à collecter des traces des membres inférieurs. Ainsi,<br />

Pierre le diacre raconte qu’il a vu l’empreinte de pas que Jésus a laissée pendant sa<br />

rencontre avec Siméon 180 « comme s’il avait mis le pied dans une plaque de cire » à<br />

gauche du tabernacle. Jacques de Vérone note ses regrets à propos d’une empreinte de pas<br />

déformée par la dévotion des fidèles dans le Saint Sépulcre : « C’est bien malheureux car il<br />

aurait été beau de voir la forme des pieds de Notre Seigneur Jésus Christ ». Au Mont des<br />

Oliviers, Thietmar souligne : « Ubi adhuc videntur vestigia Salvatoris » 181 alors que<br />

l’anonyme de 1268 dans l’édition Michelant et Raynaud précise que « la forme de son pié<br />

destre i apert encore en une pierre » 182 .<br />

Comme dans un jeu de piste avec indices à la clé, les récits rapportent une démarche<br />

minutieuse visant à identifier des formes conservées dans la pierre : la forme d’une main,<br />

l’empreinte d’un coude sur la pierre de l’agonie à Gethsémanie comme le rapporte ce<br />

pèlerin 183 : « illuec perent les dix dois de Notre Seigneur en une pierre » ou encore les<br />

marques des coups de fouets apparaissant sur la colonne de la flagellation. Burchard du<br />

Mont Sion pourtant sceptique sur certains points note à propos du Saut du Seigneur : « Et<br />

videntur ibidem liniamenta corporis et vestium lapidi impressa 184 ». A ces marques<br />

ancrées dans la pierre s’ajoute la pigmentation du sang imprégnant la matière de la roche<br />

du Calvaire : « […] color sanguinis Domini nostri Jhesu Christi apparet hodie in ipsa<br />

scissione petre» 185 , ou le marbre du lieu de la décapitation de Saint-Jacques avec « un<br />

marbre que l’on montre encore rouge du sang répandu ». Riccold de Monte Croce excelle<br />

dans ces détails, mais il emploie toutefois des modalisateurs afin de prendre de la distance<br />

avec les propos qu’il rapporte comme dans les formules « […] marmor quod ostendunt<br />

adhuc rubeum sanguine cruentatum 186 » et « Ostendebant autem quedam vestigia pedum<br />

et itineris in saxo que dicebant esse vestigia pedum Christi 187 » où, par le recours à la<br />

si<strong>xi</strong>ème personne, il se désolidarise des paroles véhiculées sans doute par les guides. En<br />

180<br />

La Bible de Jérusalem, op.cit., Mattieu 2, 25-35.<br />

181<br />

Thietmar, op. cit, chapitre IX p.27<br />

182<br />

Anonyme, Les pèlerinaiges por aler en Ihérusalem, texte édité par H.V., Michelant et V., Raynaud, J.-G. Fick<br />

(éd.), Genève, 1882, p. 89-104. (citation p.97, VII).<br />

183<br />

Anonyme, Les pèlerinaiges por aller, op. cit., p.97, VII.<br />

184<br />

Burchard du mont Sion, op.cit., Incipit secunda divisio quarte orientalis, chapitre VI, p. 47.<br />

185<br />

Burchard du mont Sion, op.cit, chapitre VIII, Ierusalem, p.71.<br />

186<br />

Riccold, op. cit, p.42.<br />

187<br />

Riccold, op. cit , p.44.<br />

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