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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Notre corpus est constitué de trente récits de pèlerinages à Jérusalem. Certains ont<br />

un narrateur clair<strong>eme</strong>nt identifié, d’autres sont anonymes. Les thèmes abordés dans ces<br />

récits sont très proches. Ce sont souvent des textes traitant des chemins à parcourir pour se<br />

rendre aux lieux saints dans la lignée de la démarche de saint Jérôme. Le frère Rorgo Fretel<br />

de Nazareth est l’un des premiers imitateurs de celui-ci. Cependant, même si les titres<br />

varient entre les termes « itinéraires » ou « guides », ce ne sont pas à propr<strong>eme</strong>nt parler des<br />

livres restituant des indications très précises pour se rendre d’un point A qui représenterait<br />

une ville d’Occident à un point B qui se situerait en Orient. Seules les terres avoisinant<br />

Jérusalem sont prises en considération. Cependant, nous ne pouvons pas employer le terme<br />

« description » car nombre de textes se contentent de formuler une énumération des lieux<br />

ou encore mentionnent des distances entre deux villes ou deux villages. Très peu de récits<br />

fournissent des informations exactes et contemporaines sur les villes, qu’elles soient<br />

simples lieux de passage, étapes ou qu’elles fassent l’objet d’un séjour plus conséquent.<br />

Comme l’a souligné Jean Richard dans son étude sur la typologie des récits de voyage 1 ,<br />

ces récits se distinguent par leur variété et leur diversité, mais l’aspect fédérateur reste le<br />

thème du voyage outre-mer constitué du pèlerinage d’un occidental aux lieux saints du<br />

christianisme. Deux grands axes peuvent se mêler : le récit du pèlerin tourné vers sa<br />

dévotion et le récit du voyageur ouvrant son regard à son environn<strong>eme</strong>nt tant spatial<br />

qu’humain 2 . Le développ<strong>eme</strong>nt de chacun de ces axes varie au fil des siècles.<br />

Par ailleurs, le récit se présente comme un guide, en cela, il est une invitation au voyage<br />

tant spirituel que physique. L’originalité du texte n’est pas recherchée puisque le but de ces<br />

récits pour la plupart est d’édifier les fidèles à distance, à partir d’un témoignage précis ou<br />

d’une compilation 3 . Dans son prologue, Burchard du Mont Sion énonce la raison pour<br />

laquelle il a écrit sa relation de pèlerinage : « Verum videns quosdam affici desiderio ea<br />

saltem aliqualiter imaginari, que non possunt presencialiter intueri, et cupiens eorum<br />

desiderio satisfacere, quantum possum, terram ipsam, quam pedibus meis pluries<br />

pertransivi, quantum potui, consideravi et notavi diligenter, et studiose descripsi, hoc<br />

1 Richard, Jean, Les récits de voyage et de pèlerinage, Turnhout, Brepols, 1981.<br />

2 Graboïs, Aryeh, Le pèlerin occidental en Terre Sainte au Moyen Age, De Boëck université, 1998. Il voit en<br />

ceux-ci, un miroir littéraire expressif de la vogue de l’Orient, il insiste beaucoup sur les remani<strong>eme</strong>nts et les<br />

retranch<strong>eme</strong>nts opérés lors de la transcription du texte longtemps après le voyage. Pour notre part, nous estimons<br />

que ceci tend à inscrire les textes dans un contexte public et un contexte de divertiss<strong>eme</strong>nt, alors que la plupart<br />

des textes avaient davantage une dimension privée et spirituelle.<br />

3 Saint Jérôme traduit vers 390 L’Onomasticon d’Eusèbe de Césarée, sorte d’inventaire des lieux saints. C’est<br />

une référence appréciée des pèlerins qui en agrémentent souvent leur relation de pèlerinage dans le souci d’être<br />

exhaustifs. Pierre le diacre souligne le procédé dans son préambule : « […] utcumque exaratum, et ex omnibus,ut<br />

ita dicam, libris collectum. » tout en ajoutant un peu plus loin : « […] sed eis que jam viva voce, illis<br />

referentibus qui ad Sepulcrum Domini perrexerunt », Liber de locis sanctis, J-C-M Laurent (éd.), 1870, p. 3.<br />

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