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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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pèlerin en lui prêtant une partie de sa cape. Mais il s’avère que cet homme, en fait le<br />

Diable, la lui dérobe. Il cherche à éprouver le chevalier qui est extrêm<strong>eme</strong>nt généreux vis-<br />

à-vis des pèlerins. Bien des années plus tard, le même voleur vient prévenir le chevalier<br />

alors en pèlerinage, du remariage imminent de sa femme. Il faut préciser qu’elle l’a attendu<br />

quinze années : « Refert Cesarius quod dum quidam peregrinus fuisset receptus a quodam<br />

milite et ipse propter compassionem frigoris illa nocte involvisset eum in capa sua optime,<br />

fugit peregrinus cum ea. Cum autem ille miles ad regiones distantes peregre vellet ire,<br />

accepit annulum aureum et dividens eum in presencia sue uxoris di<strong>xi</strong>t : « Usque ad<br />

quinquennium me expectabis. » Cumque autem ad sanctum Thomam et coram suo sepulcro<br />

oraret, demon qui in specie peregrini receptus ab eo fuerat, apparuit ei cum capa furata<br />

dicens : « Agnoscis me Gerarde ! »<br />

Tunc peregrinus : « Agnosco capam meam sed non cognosco te. »<br />

“Ego, inquit, sum demon qui in specie peregrine furatus fui capam tuam, et preceptum est<br />

mihi ut portem te sic absque lesione et fatigatione. Crassis in domo tua, quia uxor tua vult<br />

nubere alteri, cum per decem annos te expectaverat ultra illos licet par te assignatos. »<br />

Qui in crastinum de India stans in domo sua in Theutonia, in cipho uxoris comedentis cum<br />

sponso novo partem projecit annuli. Que aliam partem illi adjungens, suum esse maritum<br />

cognovit et valedicens sponso suum maritum recepit. » 158<br />

Ce sont des éléments extraordinaires qui sont placés au premier plan. Ils soulignent<br />

combien le pèlerin a un rapport privilégié avec le sacré. Celui-là peut en bénéficier comme<br />

en subir les lourdes conséquences lorsqu’il s’en moque. Ce premier rappel à l’ordre sert<br />

égal<strong>eme</strong>nt de faire-valoir au fond même de l’anecdote car la question du mariage est au<br />

cœur du problème. Le risque de polyandrie est trop fort et va à l’encontre des préceptes de<br />

l’Eglise. C’est la raison pour laquelle on n’hésite pas à faire intervenir le Diable. Le démon<br />

est admiratif du courage et de la foi du chevalier. Aussi ne permet-il pas qu’il soit<br />

abandonné de son épouse et lui apporte-t-il son aide.<br />

En outre, les realia trouvent aussi un écho dans la poésie lyrique avec le poème de<br />

départie. Le trouvère Conon de Béthune, en 1188, évoque les embûches possibles de même<br />

que Châtelain de Coucy à la fin du XII ème siècle. Le poète doit quitter sa femme pour<br />

revêtir la croix, il exprime sa douleur et ses craintes quant aux agiss<strong>eme</strong>nts futurs de son<br />

épouse :<br />

« Touz li clergiez et li home d’aage<br />

qui en aumosne et en bienfais manront<br />

158 Jean Gobi, op.cit. n°850, p. 533.<br />

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