xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne
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témoignent de leur profonde dévotion. A travers leur dénomination, ils s’inscrivent dans une démarche spirituelle très sérieuse, perçue dans toute sa dimension de vérité. Leur foi semble sans borne au regard des épreuves traversées, des dangers pourtant bien présents comme le rappelle le pèlerin : « Igitur, post multa periculosa et post multas quassationes, quas in mari sex septimanis sustinveramus 112 ». Les dangers sont bravés afin de se rendre sur le tombeau du Christ. Une fois la terre ferme touchée, ils ne sont pas à l’abri pour autant des tracasseries multiples. Nous verrons plus loin tous les désagréments qu’ils peuvent rencontrer au quotidien. Le détachement volontaire de la société dans laquelle ils vivent et la rupture de toute parenté pour se lier à Dieu se perçoivent aussi à travers la dimension ascétique de leur voyage. Il en va ainsi des exercices spirituels auxquels ils vont se livrer en Terre Sainte et des prières qu’ils feront dans les sanctuaires. A ces qualités morales vont s’ajouter, chez certains, une volonté de restituer dans le détail les lieux saints visités ou encore de rendre le témoignage et la sincérité profonde en laissant percer l’émotion. (Nous analysons ces éléments plus loin dans l’étude). Les qualités morales du pèlerin se doublent d’une dimension physique, bien concrète. B. Aspect extérieur ou l’apparence du pèlerin Une approche concrète du pèlerin peut s’effectuer à travers des traits disctinctifs 113 qui lui permettent d’être reconnaissable aux yeux de tous. Ce sont les insignes qui lui ont été attribués lors d’une cérémonie prévue à cet effet à savoir, un bourdon, une sacoche et une panetière. Le bourdon est un bâton, dédié aux pèlerins 114 , selon les textes référents. Il se doit d’être plus petit que le pèlerin, sert à la marche en permettant un appui mais il pourrait également 112 Willebrand d’Oldenbourg, op. cit., p. 12. 113 Chélini, J., Branthomme, H., Les chemins de Dieu : histoire des pèlerins chrétiens des origines à nos jours, Paris, Hachette, 1982. 114 MM. Chélini et Branthome font plusieurs hypothèses sur l’origine étymologique des termes et leur emploi, p. 187. 57
être utile pour se défendre 115 . Le bourdon éloigne les démons. Au début, l’iconographie le représente plus petit que le pèlerin avec un pommeau, ensuite plus grand et à deux pommeaux 116 . L’escharpe ou sacoche permet d’emporter quelques effets personnels. C’est un accessoire que l’on porte en bandoulière : on l’appelle aussi besace 117 quand il comporte deux poches. L’escarcelle 118 est une grande bourse qui se porte à la ceinture et dont l’emploi se développe au XIII ème siècle. La panetière est un récipient, destiné à contenir, à l’origine, du pain puis tout aliment. Elle est étroite et elle symbolise la confiance qu’a le pèlerin en Dieu plutôt que dans ses propres ressources. Elle est toujours ouverte car le pénitent est prêt à donner comme à recevoir selon le sermon « Veneranda Dies » compris dans le Liber sancti jacobi 119 . Initialement constitué de jonc tressé, elle est le plus souvent en peau de bête dès le XII ème siècle représentant ainsi une mortification de la chair humaine. Plus tard, apparaît la calebasse 120 , en forme de poire ou de cucurbitacée suspendue par une lanière. C’est la boîte à certificats pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. C’est avec ces accessoires que la Chanson d’Antioche présente Pierre l’Ermite : « Il monta sur un asne, prist eskerpe et bordon, Droit al mostier Saint Pierre a faite s’orison (Puis en vait a Barlet avoec ses compaignons) La mer passa a bac a guise de baron » 121 Puis il s’embarqua à Barlette en homme décidé et parvint à Jérusalem pour la célébration de l’Annonciation. Ensuite d’une région à l’autre, d’un siècle à un autre, divers accessoires et vêtements se greffent aux trois premiers comme la calebasse, l’escarcelle, le chapeau, le chaperon ou capuche protégeant à des degrés divers la tête et les épaules, la tunique ou chape, de longueur variable, aux manches plus ou moins longues, ou encore la cotte, portés par 115 Deux étymologies sont envisagées Baculus viendrait du bas latin burdo, bordo signifiant « le mulet » et par extension le bâton nécessaire pour le guider ou encore le mot serait proche de « bourde » au sens de « lance » en ancien français. 116 Se reporter au dossier iconographique pour les attributs du pèlerin. 117 Mot d’origine provençale. 118 Mot d’origine provençale. 119 ème Le guide du pèlerin, codex de Saint-Jacques de Compostelle attribué à Aymeri Picaud, XII siècle,édition bilingue, texte latin établi par Fita Fidel, traduit et présenté par Michel Record, éditions du Sud-Ouest, Toulouse, cop. 2006. 120 Grosse courge séchée et vidée servant de récipient. 121 Chanson d’Antioche, Chant 1, Laisse XV, vers 272-274, édition de Suzanne Duparc Quioc, d’après la version ancienne in Document relatif à l’histoire des croisades, publié par l’académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1976, p. 31. 58
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laquelle ils vivent et la rupture de toute parenté pour se lier à Dieu se perçoivent aussi à<br />
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auxquels ils vont se livrer en Terre Sainte et des prières qu’ils feront dans les sanctuaires.<br />
A ces qualités morales vont s’ajouter, chez certains, une volonté de restituer dans le détail<br />
les lieux saints visités ou encore de rendre le témoignage et la sincérité profonde en<br />
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Les qualités morales du pèlerin se doublent d’une dimension physique, bien concrète.<br />
B. Aspect extérieur ou l’apparence du pèlerin<br />
Une approche concrète du pèlerin peut s’effectuer à travers des traits disctinctifs 113 qui lui<br />
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attribués lors d’une cérémonie prévue à cet effet à savoir, un bourdon, une sacoche et une<br />
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Le bourdon est un bâton, dédié aux pèlerins 114 , selon les textes référents. Il se doit d’être<br />
plus petit que le pèlerin, sert à la marche en permettant un appui mais il pourrait égal<strong>eme</strong>nt<br />
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Willebrand d’Oldenbourg, op. cit., p. 12.<br />
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Chélini, J., Branthomme, H., Les chemins de Dieu : histoire des pèlerins chrétiens des origines à nos jours,<br />
<strong>Paris</strong>, Hachette, 1982.<br />
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MM. Chélini et Branthome font plusieurs hypothèses sur l’origine étymologique des termes et leur emploi,<br />
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