xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne
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espectée : « [ …] de fide fracta peniterent, quia nihil valebat eorum peregrinatio sic facta » 105 . Dans cet exemplum, l’accent n’est pas mis sur la punition mais sur la contrition et sur les obligations morales de chacun. Près d’un siècle plus tard (entre 1327-1330), Jean Gobi 106 son successeur, reprend ces préceptes dans son ouvrage intitulé Scala Coeli. Il retient quant à lui, trois points fondamentaux : la sobriété, la fidélité et l’humilité. Cependant, à travers une énumération en huit termes, il met en avant les attitudes à adopter pour plaire à Dieu et aux Saints : « Hoc placet in celis : via sobria, recta, fidelis, Leta, tacens, humilis, pia, nullo crimine vilis ». 107 Les notions, ainsi évoquées, dressent un portrait moral du pèlerin, et de ses devoirs vis-àvis de la démarche qu’il entreprend. Selon Félix Fabri, ce sont ces mêmes qualités qui sont attendues d’un vrai pèlerin. En effet, le prologue à son premier traité sur le pèlerinage en Terre Sainte expose les motivations et les attentes liées à un pèlerinage vertueux. Pour rendre sa parole plus vivante, il prend appui sur le Cantique des cantiques 108 puis file la métaphore du troupeau et de son berger : «[…] Dis-moi, toi donc que mon cœur aime : Où mèneras-tu paître le troupeau, Où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ? Pour que je n’erre plus en vagabonde, Près des troupeaux de tes compagnons. Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes, Suis les traces du troupeau, Et mène paître tes chevreaux, Près de la demeure des bergers. […] » 105 Stephani de Borbone, op. cit., idem, lignes 184-185, p. 217. 106 Jean Gobi, op. cit. 107 Stephani de Borbone, op. cit., Titulus sextus de peregrinatione, primum capitulum, lignes 13 et 14, p. 211. 108 La Bible de Jérusalem, op. cit., Le cantique des cantiques, I, 7-8. 55
Il part du principe que tout chrétien souhaite se rendre à Jérusalem pour mettre ses pas dans ceux du Christ mais ce qui fait la différence entre le désir de tout fidèle du Christ et le pèlerin « authentique et sincère » 109 ce sont six points importants, absolument nécessaires et liés entre eux. Le futur pèlerin doit avoir la ferme intention de se rendre à Jérusalem au nom de Dieu et pour sa gloire non sans avoir préalablement considéré toutes les difficultés que cette décision va générer. De plus, il a la contrainte de le réaliser dans la toute connaissance de ses péchés, et la plus grande humilité. Par ailleurs, afin que le projet soit pleinement réalisé, il est dans l’obligation d’obtenir la permission et les autorisations nécessaires au départ afin d’exercer son libre arbitre en décidant de partir. Le pèlerinage doit s’effectuer dans la plus grande sincérité et dans la plus grande vertu sans s’écarter de sa motivation première, à l’image des saints. Enfin, une fois à destination, la plus grande dévotion sur les lieux saints et la meilleure attitude possible sont requises pour changer son être au plus profond de soi et se transformer. Sans cette démarche personnelle, tout le travail entrepris précédemment ne sert strictement à rien. Humilité, sincérité, dévotion, foi, fidélité sont les maîtres-mots de l’attitude du pèlerin vertueux. A l’aune de la définition présentée dans ces paragraphes, nous pouvons avancer que la plupart des pèlerins de notre étude semble « authentique et sincère » 110 . En effet, ils manifestent un désir ardent d’entreprendre le passage outre-mer. Ce qui est remarquable, c’est qu’ils s’affichent tous dans leur humilité et se taxent de pécheurs dès les premières lignes de leur témoignage, comme le souligne l’emploi récurrent des termes « indignus » et « peccator » dans tout le corpus d’étude. La sincérité et l’humilité de Wilbrand d’Oldenbourg peuvent se lire dès le prologue : « Quapropter favorabilem attentionem illorum humiliter deposco qui queislibetcunque prepediti negociis terram sanctam et eius loca et civitates non visitarunt, amore tamen et desideratione illius inducti de eis que nondum senserunt nec viderunt, legere delectantur et intelligere » 111 . Ces premiers indices 109 Expression empruntée au professeur Labande. 110 Jean Gobi présente les pèlerins qu’il juge sincères et modèles dans la rubrique « peregrinacio », les autres sont classés en fonction des péchés commis. 111 Willebrand d’Oldenbourg, op. cit ., prologus, p. 162. 56
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Près d’un siècle plus tard (entre 1327-1330), Jean Gobi 106 son successeur, reprend ces<br />
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Les notions, ainsi évoquées, dressent un portrait moral du pèlerin, et de ses devoirs vis-àvis<br />
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Selon Félix Fabri, ce sont ces mêmes qualités qui sont attendues d’un vrai pèlerin. En effet,<br />
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«[…] Dis-moi, toi donc que mon cœur aime :<br />
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Où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ?<br />
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Près des troupeaux de tes compagnons.<br />
Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes,<br />
Suis les traces du troupeau,<br />
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Près de la d<strong>eme</strong>ure des bergers. […] »<br />
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Stephani de Borbone, op. cit., idem, lignes 184-185, p. 217.<br />
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Jean Gobi, op. cit.<br />
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Stephani de Borbone, op. cit., Titulus sextus de peregrinatione, primum capitulum, lignes 13 et 14, p. 211.<br />
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La Bible de Jérusalem, op. cit., Le cantique des cantiques, I, 7-8.<br />
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