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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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condamnation à mort). Ainsi se retrouvent sur les chemins au milieu d’hommes de foi<br />

sincères, les plus grands criminels 86 du moment. L’enquête effectuée à ce sujet 87 révèle<br />

des hommes d’Eglise ayant commis des actes sexuels et parfois même contre-nature,<br />

(d’homicides, d’infanticides ou alors de fratricides), des laïcs ayant commis des péchés<br />

publics considérés comme sans scandale (il peut s’agir d’un inceste, du vol de biens<br />

appartenant à l’Eglise, d’un adultère), des clercs majeurs condamnés pour des péchés<br />

scandaleux. Cela peut aussi concerner une infraction notable aux statuts des corporations,<br />

des blessures graves, des injures un scandale publique voire un meurtre. Dans ce cas,<br />

l’individu condamné a auparavant comparu devant le bailli ou l’échevinage pour prendre<br />

congé. La pratique s’effectue comme une œuvre expiatoire dans le cas de pénitence tarifée<br />

entre les VI ème et XII ème siècles. Puis elle évolue comme un processus spécifique avec effet<br />

absolutoire. Mais, très tôt, les autorités écclésiastiques sont réticentes à ces regroup<strong>eme</strong>nts<br />

de délinquants et préfèrent les savoir enfermés. Cependant, ce n’est qu’au XIV ème siècle<br />

que la flagellation va remplacer ces pèlerinages expiatoires 88 .<br />

Les criminels sont nombreux parmi les hommes de haute naissance. Ils ont commis un<br />

meurtre ou ils n’ont pas respecté la trêve de Dieu. Poussés par la peur de<br />

l’excommunication, ils choisissent souvent d’effectuer un pèlerinage afin de décharger leur<br />

conscience. Il en va ainsi de Robert II duc de Normandie (1028-1035) condamné pour<br />

l’empoisonn<strong>eme</strong>nt de son frère le duc Richard III. D’aucuns disent qu’il aurait effectué le<br />

pèlerinage pieds nus. Il nous semble qu’il faut comprendre par là, nu-pied, c’est à dire en<br />

sandales. Il aurait voyagé ainsi jusqu’à avoir les pieds en sang et aurait ensuite été<br />

transporté sur une litière. C’est aussi le cas de Conrad de Luxembourg en 1060, du comte<br />

Thierry III de Hollande, en 1073, meurtrier de l’archevêque de Trêves, ou encore de<br />

Foulques III Nerra comte d’Anjou (972-1040) et peut-être d’Hugues de Chalon.<br />

Foulque Nerra, est l’exemple le plus frappant de ces pèlerinages donnés en pénitence toute<br />

officieuse. En effet, c’est sous la pression de l’Eglise qu’il se rend par trois fois en<br />

pèlerinage. Le premier a lieu en 1002, à la suite de l’éxécution de sa femme Elisabeth de<br />

86 Berlière, V., « Les pèlerinages judiciaires au Moyen Age », Revue bénédictine, tome 7, 1890, p. 520-525.<br />

87 Vogel, C., « Le pèlerinage pénitentiel », Revue des sciences religieuses, tome 38, 1964, p. 113-153.<br />

88 Lot, F., « Textes diplomatiques sur les pèlerinages », Romania, LXVI, p.19-20. On rapporte le cas de Pagart<br />

d’Hermansart et son certificat d’accompliss<strong>eme</strong>nt d’un pèlerinage pour homicide en 1333.<br />

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