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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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coetanas civitates ferme sit minima, tamen in Sacra Scriptura non est minime recitata.<br />

Paucos iam habet habitatores, quibus nostri- pro dolor !- inimici dominantur, aliquantulos<br />

reditus nostris pro pace servanda soluentes ; muri etenim et munitiones civitatis sunt<br />

destructe. […] » 36 . Nous pouvons remarquer que les verbes dédiés à la présentation des<br />

villes qu’il traverse sont au présent d’énonciation, les phrases sont simples et de<br />

construction attributive, il va ainsi droit au but et constate laconiqu<strong>eme</strong>nt ce qui est. En<br />

revanche il compare ce qu’il perçoit avec ce qui a été écrit sur le lieu en question et il<br />

emploie deux tendances stylistiques : le champ le<strong>xi</strong>cal de la ruine pour bien en souligner<br />

les différences avec des termes tels que « vestigia », « sunt destructe » et les déictiques<br />

ancrant la situation d’énonciation : « iam », « etiam », « hec ». Il prend soin de rappeler<br />

les dénominations bibliques et les longs propos tenus à leur sujet dans le Livre sacré. Mais<br />

c’est pour en appuyer les contrastes.<br />

Burchard du Mont Sion excelle dans ce domaine, A. Graboïs note à son sujet qu’il est à<br />

l’origine du « premier manuel de palestinographie 37 ». Le pèlerin confronte les versions<br />

qui lui sont proposées et insère ses propres commentaires, souligne sa réserve par la<br />

proposition incise « ut dicunt » ou des tournures impersonnelles marquées par la forme<br />

passive : « habetur », « dicitur », « continuatur », « protenditur », « ostenditur ». Par<br />

ailleurs, il insiste sur le caractère personnel de son témoignage, comme à Tyr où il précise :<br />

« ut ego per me mensuravi » 38 et « quod per m<strong>eme</strong>t expertus sum ». Sur le plan synta<strong>xi</strong>que,<br />

nous remarquons l’emploi massif de formes personnelles soulignant sa propre implication.<br />

En outre, dans cette optique de singularité, nous pouvons ajouter qu’il émet d’importantes<br />

réserves sur les propos des témoignages bibliques quand ils ne correspondent pas à son<br />

expérience ; il en va ainsi de l’épisode qu’il vit au Mont Gelboé et ce, malgré la<br />

malédiction de David : « […] nec verum est quod dicunt quidam, quod nec ros nec pluvia<br />

super montem Gelboe, quia, cum in die sancti Martini essem ibi, venit super me pluvia ita,<br />

quod usque ad carnem fui madefactum » 39 . De même, il n’accorde pas d’intérêt aux traces<br />

36 Willebrand d’Oldenbourg, op. cit., liber I, chapitre IV, p. 165.<br />

37 Graboïs, A., « Les pèlerins occidentaux en Terre Sainte au Moyen Age : une minorité étrangère à sa patrie<br />

spirituelle » in Studi Medievali, III, 30, 1989, p. 15-48.<br />

38 Burchard du mont Sion, op. cit., Hinc incipit quarta divisio, chapitre V, p. 43.<br />

Theitmar note sur le même épisode : « Vidi eciam Montes Gelboe, ubi Saul et Jonathas occubuerunt . Unde<br />

David : « Montes gelboe, nec ros, nec pluvia descendant super vos ». Si autem super eos pluvia cadat, nec ne,<br />

veritatem indagare non potui. Audivi, quod ibi sunt aves psytaci, que pluviam sustinere nequeunt ». op. cit.,<br />

Chapitre II, p. 7.<br />

39 Nous développons cet aspect dans la partie consacrée à la Terre Sainte.<br />

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